« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver.
Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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 Clochette et les Poissons Pourris ❖ DAVY

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Khloe T. Bell**
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Khloe T. Bell**

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Clochette et les Poissons Pourris ❖ DAVY _



________________________________________ 2015-07-11, 14:36


« Monsieur Poulpe, on se détend. Clochette et les Poissons Pourris ❖ DAVY 2852471132 »

Yo-oh, quand sonne l'heure, hissons nos couleurs...

Cette chanson était pire qu'un tube de l'été. Elle me trottait dans la tête sans discontinuer. Apparemment, l'équipage de Davy Jones n'avait que ça dans son répertoire. En plus, ils ne savaient pas chanter. Ils avaient tous la voix rocailleuse et usée. C'était juste une torture à écouter. Hélas, au fond de l'océan, il est difficile de s'éloigner pour ne plus rien entendre.

J'avais essayé, pourtant, au début. Pendant la première heure de "route", j'avais observé les fonds marins d'un air ébahi. Je lançais des regards émerveillés aux poissons argentés qui se déplaçaient en bancs, aux méduses qui ondulaient, à la baleine qui passa près du Hollandais Volant en le faisant vibrer de son chant. C'était bien trop magnifique pour y mettre des mots ou des paroles.

J'étais redevenue muette devant tant de beauté. Les rayons du soleil jouaient dans le courant marin, sublimant les tréfonds de l'océan d'un éclat irréel. Je découvrais ce monde aquatique, bouche bée, presque émue par tant de secrets dévoilés.

A un moment, je lâchai le cordage pour m'élever et suivre quelques poissons joueurs, mais à mesure que je m'éloignai du navire en mouvement, je sentis l'air de raréfier dans mes poumons. La pression de l'eau m'oppressa soudain, même si je n'étais toujours pas mouillée. Je compris alors que je ne pouvais pas m'échapper. Davy Jones m'avait emmenée dans une prison entourée d'eau, une prison qu'il maintenait en son pouvoir.

Vivement, dans un battement d'ailes frénétique, j'étais redescendue jusqu'au pont du navire, mes ballerines s'engluant sur le sol sale. Certains membres de l'équipage, au physique plus avenant les uns que les autres, m'avaient lancé des sourires mauvais. Je m'étais sentie isolée, perdue. Malgré tout, j'avais redressé la tête et offert un regard hautain. Je ne devais pas leur montrer ma peur. Puis je m'étais installée sur l'une des cordes menant au mât, une de mes jambes se balançant dans le vide.

Je songeai à Lily et au Lumignon qui me manquaient terriblement. J'espérais qu'ils prendraient soin l'un de l'autre. Puis j'eus une pensée pour Peter. Aussitôt, mes sourcils se froncèrent. Qui était-il vraiment ? Pour la première fois, je me rendis compte que son sort m'était égal. Il avait trop joué, trop menti. Il m'avait dé bannie pour ensuite punir Killian. Il voulait de moi mais il ne pouvait vivre sans Wendy et Lily. Il me perdait plus sûrement que le Hollandais Volant. Au fond de l'océan, entourée d'ennemis, je me sentais moins effrayée qu'en sa compagnie. Peut-être qu'il n'aurait pas dû redevenir enfant, pour ensuite grandir. Peut-être qu'aucun capitaine ne devrait devenir Pan. Autrefois, avant que l'ombre ne le prenne, il était différent. C'était ce Peter-là qui me manquait vraiment, mais il ne reviendrait jamais.

Je baissai les yeux sur le pont et fixai Davy Jones qui tenait la barre, le regard assuré et déjà lointain. Je tentai de voir l'homme derrière les tentacules -j'avais été surprise lorsqu'il avait pris son apparence aquatique, il était encore plus moche comme ça mais quelque part, il me semblait moins impressionnant. J'avais toujours aimé les animaux. Un jour, il deviendrait Pan. Il en était ainsi depuis des temps immémoriaux. Je me demandai ce qu'il en pensait.

Quelques minutes s'écoulèrent encore et il disparut dans sa cabine. Je renversai la tête pour observer les mouvements de l'onde vers la surface inaccessible. Où allions-nous ? Etait-ce encore loin ? Je commençais à m'ennuyer.

Plusieurs voix s'élevèrent jusqu'à moi avec une lenteur abominable. Je roulai des yeux, assise en équilibre sur la corde : l'équipage venait de se remettre à chanter d'un ton monocorde. Chacun vaquait à ses occupations tout en fredonnant.

N'en pouvant plus, j'enfonçai mes doigts dans mes oreilles en grimaçant. Mais comme cela ne suffit pas, je serrai les poings, et fondis en piqué jusqu'au pont, laissant un petit nuage de poussière dorée dans mon sillage. J'atterris subitement face à l'équipage affairé, qui ne se soucia pas de moi, comme à son habitude. Je plaçai les mains sur mes hanches et tapotait du pied en faisant tressauter le pompon sur ma chaussure.

"Les enfants, on va agrandir votre répertoire musical !"
fis-je en tapant dans mes mains. "Vraiment, c'est atroce, il faut que je vous aide ! Vous faites même fuir les poissons, regardez !"

Je désignai un groupe de poissons clowns qui, en effet, venaient de s'éloigner vivement avec affolement. L'équipage les regarda d'un air indécis avant de tourner la tête vers moi d'un même élan. Après une hésitation, ils abandonnèrent leurs corvées pour se rapprocher. Je déglutis avec peine, car ils étaient tous très impressionnants avec leurs yeux à moitié grignotés par le sel marin, et les huîtres accrochées à leurs visages. Mais ce fut d'une voix autoritaire que je poursuivis :

"Rassemblez-vous ! Mettez-vous en ligne, en rang d'oignons. Vous savez pas ce que c'est des oignons ?"

Je les dévisageai alors qu'ils piétinaient tous sans ordre précis. Je plaquai une main contre mon visage. Puis je m'envolai pour les placer un à un en arc de cercle, pour qu'ensuite je m'arrête, bien droite, face à eux. Je les observai attentivement, tentant d'apercevoir une lueur d'intelligence dans leurs yeux vides. Ce n'était pas gagné.

"Bon !" fis-je avec un enthousiasme forcé. "Je vais commencer à chanter et vous me suivez quand vous le sentez, d'accord ?"

J'avais choisi une chanson simple à retenir, avec une mélodie facile. On passerait à un niveau plus élevé plus tard. Je m'éclaircis la voix et commençai :

"It's a world of laughter, a world of tears
It's a world of hopes and a world of fears
There's so much that we share that it's time we're aware
It's a small world after all!"


C'était l'une des premières musiques que j'avais entendues dans le monde réel, lorsque j'étais arrivée à Disneyworld. Ca avait un petit côté affectif.

Je chantais un moment toute seule quand soudain, le grand type avec l'allure d'un requin marteau me suivit d'une grosse voix :

"It's a small world after all
It's a small world after all"


Un sourire éclaira mon visage quand tous les autres se mirent à chanter à tue-tête. Ils émettaient le même son qu'un piano mal accordé, mais au moins, je sentais l'entrain, presque la gaieté. C'était le plus important.

"There is just one moon and one golden sun
And a smile means friendship to everyone
Though the mountains divide
And the oceans are wide
It's a small world after all"


Ce qu'ils préféraient, c'était le refrain. Ils se donnaient à fond à ce moment-là. J'y mettais tout mon coeur aussi, ma voix fluette s'élevant plus haut que la leur, caverneuse. Pendant qu'il chantaient, je m'écriai subitement :

"Allez, après on enchaîne avec Rihanna ! Vous êtes chauds, là !"

Ils reprirent de plus belle "It's a small world after all", leurs grands yeux vides ouverts vers de nouveaux horizons musicaux. Mon sourire montait jusqu'aux oreilles, mon regard pétillait. Les poissons autour de nous formaient des cercles et ondulaient, tout contents.

Soudain, un bruit de pas parvint jusqu'à moi. Un bruit lent, profond, qui sembla ébranler tout le bateau. L'équipage se tut aussitôt tandis que je vis l'ombre de Davy Jones s'abattre sur moi. Je me raidis et mon sourire disparut. J'expirai faiblement avant de pivoter sur mes talons et lever les yeux sur le capitaine qui m'observait d'un oeil incendiaire par dessous son tricorne. Les petites tentacules de sa barbe (O_o) s'agitaient frénétiquement comme si elles cherchaient à m'étrangler. La pince qui remplaçait sa main gauche claquait de temps à autre dans le vide.

Je tentai le sourire timide et demandai d'une voix fébrile :

"Vous vous... hem... joignez à nous ? On allait passer à Only Girl."

Pour tenter de le dérider et de lui faire une sorte de bande annonce, je fredonnai en bougeant la tête de gauche à droite tout en claquant des doigts en rythme :

"Want you to make me feel
Like I'm the only girl in the world
Like I'm the only one that you'll ever love
Like I'm the only one who knows your heart
Only girl in the world
Like I'm the only one that's in command
'Cause I'm the only one who understands
How to make you feel like a man!"

"Yeaaaah !" fit le type avec la tête requin marteau derrière moi.

Surprise, je me tournai vers lui et levai le pouce en l'air. Il venait d'enchaîner avec un sacré sens du rythme.

"Eeeh ! T'as tout compris !"

Puis je regardai de nouveau Davy Jones.

"On ne faisait rien de mal. On a interrompu votre sieste ?"

Ce n'était pas ironique, je me posais sincèrement la question. Certaines personnes âgées ont besoin de beaucoup de sommeil. Je l'ai appris en vivant dans le monde réel. Mais je craignais qu'il interprète mal mes paroles.
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Alors, qu'est-ce que vous avez touché
cette fois pour qu'on en arrive là ?


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Clochette et les Poissons Pourris ❖ DAVY _



________________________________________ 2015-07-16, 19:07




Y'a encore un long chemin à faire...


Il y avait un bruit vraiment désagréable dans l’air.

Le genre de fourmillement qui vous donnent envie de vous gratter sous l’irritation et que vous ne parvenez pas à arrêter même avec toute la bonne volonté du monde. Pire que des craies blanches sur un tableau noir, voire des ongles raclant la surface à vous en hérisser les poils sous la crispation. Un vrai ramassis cacophonique qui tira la Capitaine de sa concentration pour le faire froncer les sourcils sous les écailles qui recouvraient désormais son apparence. Ses tentacules s’agitèrent nerveusement au rythme des bottes frappant la coque du navire. Un coup d’œil vers l’orgue, mais les bruits ne semblaient pas provenir de ce magnifique instrument. Un regard par les grandes fenêtres encadrant son dos, mais il n’y avait que le bleuté abyssin des profondeurs pour répondre à son questionnement silencieux. Il vit passer prestement un requin, ou deux, avant de remarquer le défilement anormal de poissons plus ou moins colorés. Depuis quand est-ce que ces créatures stupides vivants dans les hauteurs daignaient s’approcher du Hollandais Volant ?

C’était intolérable. Il y avait vraiment quelque chose qui clochait.

Il sorti du grand siège où il s’installait pour travailler et attrapa la poignée de la porte pour sortir sur le pont principal. Et ce qu’il vit le déconcerta, pour le plus ou le moins surprenant au monde. Et, avec tout ce qu’il avait traversé pendant les trois cent dernières années, il en fallait BEAUCOUP pour surprendre le capitaine. Non pas qu’il soit facilement impressionnable, mais il restait un tantinet trop maître de ses émotions pour se laisser aller à des dérives inutiles. Faire des manières et des manigances était un passe-temps agréable pour faire croire à vos interlocuteurs que vous êtes un peu plus dérangé que l’ordinaire. Mais il ne fallait pas confondre surprise et atterrement. Là, Jones était littéralement atterré par ce qu’il découvrait sous son regard. Il frémit même en sentant l’agacement peu à peu le gagner. D’abord minime. Puis de plus en plus important.

Il descendit posément les marches de bois, comme si la pesanteur de l’eau ne l’influençait pas le moins du monde sous l’eau. Quelques petites bulles s’échappaient de la gauche de son visage, signes de sa nervosité. Certains hommes déglutirent à l’apparition de ses dernières – ou bien était-ce simplement à l’approche de leur Capitaine ? – mais la plupart se turent très rapidement en le voyant arriver. En silence, hormis le trainement de ses bottes, il vint se positionner derrière la greluche qui lui servait de passagère semi-clandestine ; elle avait acceptée de revenir avec lui, mais était-ce une raison pour la traiter comme une petite princesse écervelée ? « Vous vous... hem... joignez à nous ? On allait passer à Only Girl. » Non. Pas de princesse à bord. Et encore moins de ce genre-là.

Est-ce qu’elle faisait exprès d’être aussi stupide, ou bien avait-elle oubliée de brancher le reste de son cerveau ? Bon. Jones poussa un soupir intérieur en se rappelant que les fées ne pouvaient subir qu’une seule émotion à la fois. Mais il ignorait jusqu’alors que la bêtise en était une. Il faudrait qu’il revint très sincèrement ses écrits à propos de ses petites créatures à ailes, en précisant que plus elles grandissaient et parlaient, moins elle gagnait en efficacité. Mais le temps n’était pas à juger des capacités de la blondinette, puisque cette dernière venait de ressortir une cacophonie morbide en espérant sans doute l’amadouer. Si encore elle avait eu la paire de seins pour aller avec, peut-être qu’il aurait consentis à écouter ses arguments. Mais elle n’avait ni l’un, ni l’autre. Définitivement rien.

Et il dut faire un effort monumental pour ne pas la saisir à la gorge immédiatement afin de séparer la tête du reste du corps.
La tentation était grande, pourtant.

« On ne faisait rien de mal. On a interrompu votre sieste ? » Le seul avantage qu’elle avait était peut être cette effronterie dont elle faisait si innocemment preuve malgré la situation. Un côté espiègle et joueur, entre l’enfantillage et l’entêtement malsain, qui donnait parfois à sourire lorsqu’il ne s’agissait pas de gamineries pouvant endommager le bon déroulement des opérations. Car si Clochette ignorait royalement ce que pouvaient être les suites à venir, le capitaine savait lui très bien ce qui allait leur arriver. Et il en frétillait d’impatience – passez m’en l’expression – rien qu’à l’idée. Depuis le temps qu’il avait décidé de tenter cela, il ne pensait même pas qu’elle pourrait venir d’elle-même se jeter dans la gorge du loup. S’il n’avait pas une dizaine de tentacules qui lui pendaient sous le menton, probablement l’aurait-il embrassé. Guilleret. Satisfait. Hautement satisfait.

Il toisa de son regard acier les yeux clairs qui papillonnaient des cils à son attention. Puis son regard bascula sur les différents hommes de l’équipage, en particulier sur celui ressemblant à un requin marteau qu’il gratifia d’un air encore plus sombre. Laissant le silence revenir, il poussa un soupir. Rester calme. Net. Concis. Surtout, calme. Et concis.

« Mr Turner. » Interpella-t-il. « Jetez-moi Mr Warlow au trou pour insubordination. »

Il posa une main sur l’épaule de la fée pour la retenir, au cas où elle voudrait intervenir. Et sa poigne ne laissait pas la moindre place à toute rébellion ou tentative d’évasion. Il vit Bill faire signe à deux autres matelots, qui saisirent le requin-marteau par les bras pour l’embarquer sans douceur en direction des cales. Pas un mot. Pas un bruit. Pas un seul signe de mutinerie. Davy Jones menait ces hommes par l’esprit et les âmes comme s’ils n’étaient que des petits pions bien sages et ordonnés. Hors de question qu’une blonde d’un mètre cinquante se mette à bazarder toute son organisation si bien huilée. Sinon, il faudrait encore qu’il se débarrasse des âmes pour en trouver des nouvelles… Et Dieu seul savait à quel point s’était agaçant de trouver des hommes dignes de ses rangs de nos jours. Faire tomber quelques têtes permettait de garder un cap certain dans la piraterie morbide. Son petit plaisir.

« Reprenez le travail. Accélérez la cadence. » Il ne supportait pas le retard. « Nous sommes encore à plusieurs miles de notre destination, et je ne voudrais pas rater notre rendez-vous avec l’au-delà. »

Un sourire étira ses lèvres à cette pensée. L’au-delà était son monde depuis bien longtemps désormais.

« Quand à vous, miss Clochette… » Commença-t-il en laissant sa pince venir frôler le contour de son visage. « … Si je vous reprends à semer un tel débordement sur mon bâtiment, je vous coupe cette délicieuse langue qui pourrait servir à bien d’autres choses. »

Un bruit de claquement sinistre résonna, alors que sa main quittait son épaule pour remonter vers son visage. Net. Fin. Délicat. Pétillant de vie et de jeunesse. Un air mutin sous son nez en trompette. Une chevelure dorée pour compléter sa tenue vert pomme criarde. Vulgaire.

« Retenez que je n’ai pas besoin que vous soyez entière pour l’endroit où nous nous rendons. Soyez donc sage et polie, Mademoiselle. Et cessez de chanter, c’est insupportable. »

Il ne se radoucissait pas, mais au moins il consentit à la lâcher. Enfin, ce fut surtout parce qu’un des pirates se mit à crier un « Capitaine ! Capitaine ! La bougie ! Elle a changée ! Elle a changée, Capitaine ! » Et qu’il devait donc s’occuper d’affaires plus urgentes que l’existence de cette fée. Ou presque. Lâchant son bras, il s’inclina cependant en lui indiquant la route des escaliers où s’engager. Après elle, il grimpa les marches pour rejoindre le pont supérieur et se dirigea vers l’arrière du bâtiment. A l’abri des regards curieux ou indiscrets du reste de l’équipage, mais gardant précieusement la jeune femme à portée de main.

Là, derrière le gouvernail, se trouvait un homme recouvert de corail au point de s’être lié au plancher sur plus d’un mètre autour de lui. Il agitait des yeux alertes en les entendant approcher. « Capitaine ! Regardez !! » Sa bouche se dessinait sous les mordillements d’un poisson clown qui s’occupait à le nettoyer de ses aspérités, grimaçant en désignant du bout de la langue la bougie qui se trouvait posée juste devant lui. Quel meilleur observateur que celui qui n’a rien de mieux à faire de son existence ?

Et Jones regarda.

La bougie, une petite bougie ronde et doucereuse, avait changée. Elle qui, depuis le départ, affichait une flamme incandescente et rougeoyante à souhaits venait d’entamer une lente mais ravissante transformation. Sa flamme vacillait, commençant à changer de couleur pour virer dans le vert. Puis, au fil des secondes, elle laissa apparaître des touches de bleu. Le bleu. La couleur qu’attendait impatiemment le capitaine. Celui-ci adressa un sourire entendu à Clochette, alors qu’il passait un bras autour de ses épaules en lui désignant l’étrange magie qui s’opérait sous leurs yeux.

« Vois-tu ? Ça, c’est ce que je cherche. » Commenta-t-il, avec un élan d’enthousiasme empreint d’une mesquinerie à peine dissimulée. Un capitaine satisfait n’était jamais bon signe pour ses pirates. « Exactement ce que je recherche ! Et grâce à toi, petite fée, je vais y parvenir. Ouh, si tu savais à quel point tu es importante ! »

Il lui pinça le nez entre ses doigts d’un ton joueur, avant de déposer un baiser sur sa joue et de se redresser. Réajustant son tricorne – par celui volé par ce sacripant de gosse mal léché, un autre en attendant de le récupérer – sur son crâne avant de se tourner vers le gouvernail. L’homme installé là s’écarta respectueusement à son approche, lui laissant reprendre la place qui était la sienne. Le capitaine sentit le bois crépiter sous ses doigts, appréciant pendant quelques instants la délicieuse sensation de faire de bonne affaire bonne fortune. Voilà bien longtemps qu’il ne sentait pas l’adrénaline glisser dans ses veines avec autant de plaisir.

« Jetez les drisses et ouvrez le genmaker, rentrez les voiles de bord et ne laissez pas les écoutes trainer partout ! C’est un bâtiment de pirate respectable ici, pas un vulgaire bordel de Tortuga. Mr Turner, faites armer les canons. Nous allons nous approcher d’un endroit bien plus dangereux encore, mieux vaudrait qu’ils soient prêt à faire feu si je vous en donne l’ordre. »

Bill acquiesça en se mettant illico à retransmettre les ordres de son supérieur, alors que tout ce petit monde se mettait à fourmiller comme dans une véritable ruche en reprenant leur tristement célèbre « Yo-oh, quand sonne l'heure, hissons nos couleurs... » S’il était de bonne humeur, le capitaine se serait presque mit à chanter. Mais il ne s’abaisserait pas à cela. Se contentant de donner un grand coup de roue alors que le Hollandais Volant frôlait une paroi rocheuse, se glissant entre deux murs pour s’enfoncer toujours plus loin dans les abysses. Et le noir. Terrible noir.

« Accrochez-vous, miss. Ça risque de secouer. »

Et, effectivement, ça secouait.


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________________________________________ 2015-07-19, 14:18


« Dans les profondeurs de l'océan ! Clochette et les Poissons Pourris ❖ DAVY 3864256854 »

Il venait de s'en prendre au gentil requin marteau qui n'avait fait que de s'exprimer. Chanter la vie, c'était une bonne chose ! Je ne pus m'empêcher de dévisager Davy Jones alors que M. Turner emmenait mon protégé hors de ma vue. Sa main comprimait mon épaule. Je me mordis les lèvres, à la fois enragée et mortifiée. Il donna les ordres et je me contentais d'écouter, avec une drôle de résonance dans les oreilles. Depuis le début du voyage, je venais seulement de comprendre que je n'étais pas une invitée sur le navire. Je n'étais pas sotte, je savais que c'était très dangereux et que Davy Jones n'allait pas se laisser attendrir. Cependant, je ne m'attendais pas à ce qu'il oublie notre accord.

Je ne suis pas une prisonnière, je suis venue de mon plein gré en échange de votre libération, vous vous souvenez ?

J'aurais pu lui rappeler cela, mais je craignais bien trop sa réaction. Je frémis quand sa pince frôla mon visage. Sa main quitta mon épaule pour me toucher la joue. Mes lèvres tremblèrent faiblement mais je les mordis de nouveau pour qu'il ne le voit pas. J'étais à sa merci. Il m'avait perdue sous la mer. Si ça se trouve, je ne reverrai jamais la surface. Je ne pourrais pas revoir Lily, ni la tripoteuse d'ailes, et encore moins... Peter.

"Je suis toujours polie."
répliquai-je farouchement, car malgré ma peur, il commençait à me courir sérieusement sur le haricot.

Un pirate cria quelque chose qui attira son attention, et il me libéra de son emprise. Je pris sa révérence pour une moquerie. La tête haute, je montai les escaliers qu'il me désignait et me retrouvai à contempler un homme recouvert de corail. D'ailleurs, je n'aurais jamais vu qu'il s'agissait d'un homme s'il ne s'était brusquement mis à parler. Je sursautai et plaquai une main contre ma bouche, partagée entre l'envie de trouver le poisson clown charmant ou de vomir en le voyant passer dans les trous de la bouche du pauvre type.

Davy était absorbé dans la contemplation d'une bougie. Ah oui, effectivement, c'est très intéressant... Je croisai les bras et observai les deux pirates gagatiser sur la flamme qui prenait une teinte bleutée. Je haussai un sourcil. Si on attend encore, elle va faire des étincelles ?

"Ca veut dire que le repas est prêt ?"
hasardai-je, à peine sarcastique.

Davy me jeta un regard avant de passer un bras autour de mes épaules. Je fronçai le nez. Vous avez déjà senti les effluves de transpiration d'un pirate tentaculaire ? C'est comme se retrouver chez le poissonnier un jour de grosse chaleur... Épouvantable.

Brusquement, il me pinça le nez et déposa un baiser sur ma joue. Je me hérissai, sentant la bave sécher presque instantanément sur ma peau. Je décroisai les bras aussitôt pour plaquer mes doigts contre ma joue et frotter avec force, avant de décocher un regard furibond à Davy Jones. Il était tout bonnement odieux !

D'un côté, je savais que la bave d'escargot avait des vertus régénératrices. Peut-être que celle d'un poulpe humain avait également des vertus curatives ? Mmh... je n'en étais pas certaine. Je sentais ma peau se durcir tandis que je la massais.

L'oeil noir, je suivis Davy Jones qui se plaça devant le gouvernail et se lança dans un charabia digne du roi des pirates. L'équipage s'activa et entonna de nouveau le sombre "Yo-oh, quand sonne l'heure..."

"Ah non !" me plaignis-je en plaquant mes mains contre mes oreilles. "On avait dit plus de chanson ! Pourquoi vous les laissez chanter ce truc atroce et pas du Rihanna ? Ca n'a aucun sens !"

Davy m'ignora totalement, le regard rivé sur le lointain, un vague sourire aux lèvres. Je laissai échapper un cri en me sentant légèrement basculer en avant tandis que le Hollandais Volant s'enfonçait dans les abysses. Bientôt, il fit totalement noir. Le silence demeurait en ce monde oublié.

Je frissonnai, les bras tendus devant moi pour tenter de repérer quelque chose. Heureusement, la flamme de l'étrange bougie dispensait un peu de clarté. Je m'en approchai un peu, observant les légères fluctuations de la flamme dans l'absence de vent, et le changement de teinte à peine perceptible, sauf si on regardait bien. Pour l'instant, elle était d'un bleu intense, bleu lapis lazuli. J'en étais presque hypnotisée.

Puis, je m'en détachai en remarquant le pauvre pirate dévoré par le corail, qui faisait partie intégrante du navire. Je m'approchai de lui et me penchai, les mains posées sur mes cuisses, le fixant d'un air soucieux.

"Ca va ? Vous avez besoin de quelque chose ? A boire, à manger ?"

"La bougie ! La bougie, capitaine !"
balbutia-t-il de sa voix rocailleuse.

Je fis une petite moue et m'approchai davantage, avant de secouer une main devant ses yeux vitreux.

"Eh oh ! Y a quelqu'un là-dedans ? Je m'appelle Clochette, et vous ?"

"La bougie !"

"Enchantée." fis-je avec un sourire. "Drôle de nom, c'est un surnom, peut-être ?"

"La bougie..."

"Vous avez dû avoir une enfance difficile."

Je me redressai alors qu'il répétait une dernière fois les mêmes mots. Je n'aimais pas trop les gens qui manquaient de conversation, mais ce pauvre bougre n'avait pas l'air méchant. C'était triste de se dire qu'il ne pouvait plus bouger. Etait-ce le destin qui attendait chaque membre de l'équipage du Hollandais Volant ? Etaient-ils tous voués à faire part intégrante du navire ? Je jetai un regard à Davy Jones qui me tournait le dos, occupé à manoeuvrer le gouvernail. Y avait-il un autre choix ou était-ce une sentence diabolique du capitaine ? Je ne voulais pas savoir. Ca me faisait froid dans le dos.

Soudain, la Bougie devint plus agité alors que la flamme prenait une teinte bleu ciel et grossissait. Je roulai des yeux et me cramponnai à une corde d'une voile alors que le bateau faisait une embardée pour s'immobiliser.

"C'est quoi cette bougie ? Elle a quoi de spécial à part sa couleur ?"

Sans masquer son agacement, Monsieur Poulpe m'expliqua que cet objet menait à un endroit qu'on ne peut trouver que si on sait déjà où il se trouve.

"Donc... vous avez beau faire comme si, vous n'êtes pas au courant de tout sous l'océan."
fis-je d'un ton mutin. "Certaines choses vous échappent, et vous..."

Il me coupa la parole en précisant que la bougie permettait d'ouvrir une porte. Je fronçai les sourcils. Une porte sous la mer ? C'était un peu trop invraisemblable, même pour une fée. Je me tus, réfléchissant à tout ceci, alors que l'équipage ne s'activait plus du tout à l'ordre du capitaine. Tous regardaient défiler une paroi rocheuse que le Hollandais Volant longeait dans un bruit profond et lugubre. Cette paroi semblait étinceler de milliers de petits diamants qui se reflétaient sans aucun besoin de source de lumière. Vraiment étrange.

"Wouaaah... Ca ressemble à la fête du printemps chez les fées !"
laissai-je échapper, émerveillée. "Sauf que ça se déroule en plein air, pas dans les fonds marins et que c'est un chouilla plus chaleureux..."

Fascinée, je tendis la main pour toucher la roche rugueuse. De petits poissons lumineux surgirent de nulle part, s'enroulèrent un court instant autour de mon poignet avant de nager vivement plus loin. Malgré tout, l'endroit semblait hanté par quelque présence silencieuse. Nul bruit, nul murmure. Le Hollandais Volant ne craquait même plus sous quelques aléas du courant marin.

Quelque chose m'oppressait. Je levai les yeux vers le mât qui dessinait des contours fantomatiques dans l'obscurité dévorante, avant de les baisser vers la paroi rocheuse parsemée de diamants lumineux.

"On... on est arrivé ?" demandai-je d'une toute petite voix.

Je me rapprochai instinctivement de monsieur Bougie qui fixait cette dernière d'un oeil à la fois avide et éteint. S'il avait eu une main, je l'aurais prise et serrée très fort.

Je me dandinai d'un pied sur l'autre, mes ailes ouvertes battant de temps à autre, comme aux aguets. J'étais prête à m'envoler, même si je n'avais nulle part où me sauver. Mes ballerines ne touchaient presque plus le sol.

Et soudain, je l'entendis. Ce murmure sirupeux et sournois qui s'insinua dans mes oreilles et parcourut mes veines, plus mielleux qu'un poison :

"Je ne crois pas aux fées..."

Le chuchotement était presque triomphant. Il savourait ses paroles.

Je sentis une grande faiblesse m'envahir. Mes ailes battirent mollement dans l'air avant de disparaître. Un léger filet de poussière dorée s'en échappa et tomba sur le nez de monsieur Bougie qui éternua. Chancelante, je m'appuyai contre un cordage mais levai les yeux pour chercher l'auteur de ces mots. Je devais me battre. Ce n'étaient que des paroles, je pouvais être plus forte que ça.
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Alors, qu'est-ce que vous avez touché
cette fois pour qu'on en arrive là ?


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| Conte : Neverland.
| Dans le monde des contes, je suis : : Le Capitaine du Hollandais Volant.

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________________________________________ 2015-07-21, 20:05




Y'a encore un long chemin à faire...


Plus le Hollandais Volant s’engouffrait dans les tréfonds de l’océan, plus Jones sentait la fée perdre en assurance et en confiance en elle. En démontrait sa petite voix se faisant tout de même plus fluette à mesure que l’obscurité se dessinait devant eux et engouffrait le bâtiment et son équipage. Il ne releva même pas sa remarque sur sa méconnaissance, sachant très exactement où ils étaient et comment se rendre dans l’endroit de ses méfaits. Il était même au courant de ce qui s’y tramait actuellement ; ce n’était donc pas pour rien qu’il avait choisi ce jour précis pour s’en prendre à Peter Pan et sa clique afin de kidnapper Clochette. Mais il se faisait avare en paroles à mesure qu’ils en approchaient et que la bougie prenait une teinte des plus vive et parlante.

Contrairement à ce que pensait la fée, cette bougie était un objet magique relativement puissant qu’il était même venu chercher directement à Storybrooke ; et pour que Jones se déplace de lui-même c’est que le jeu… en valait vraiment la chandelle – passez m’en l’expression. Il était donc tout à fait certain de son pouvoir et de son authenticité, surtout quand on savait qu’il l’avait récupérée au sein même de la boutique d’antiquités du Ténébreux. Un bien étrange marchandage dont il était venu réclamer le dû, que son interlocuteur ait trépassé ou non ; un pirate honore toujours sa part du contrat. Il lui suffisait donc d’attendre d’être au bon endroit et au bon moment.

A peine émerveillé par la paroi bioluminescente, il se contenta d’immobilier le Hollandais à proximité. Presque à portée de bras en fait. Et, appuyé sur le gouvernail, il attendit simplement. Laissant un silence lourd, pesant et inquiétant s’installer alors que même l’équipage semblait retenir son souffle. Sur le qui-vive. Ils n’étaient jamais venus ici, ne sachant pas ce qu’ils allaient devoir affronter pour satisfaire la lubie de leur capitaine… Les tempêtes semblaient bien joyeuse et agréables pour le coup.

Jones n’eut pas besoin de dire quoi que ce soit. « Je ne crois pas aux fées... » Résonna la voix de Bill le Bottier dans son dos, alors qu’il s’avançait assez rapidement de la fée malgré son allure gauche. Ses mains grisâtres se saisirent de ses bras pour l’immobiliser avant qu’elle ne s’enfuit, la bloquant les deux pieds sur le sol en bois. « Je ne crois pas aux fées. » Répéta-t-il, avec un peu plus de conviction en se rendant compte que la formule fonctionnait sur l’être pur et lumineux qui lui faisait face. Son regard la fixait, mélange de conviction mais aussi d’effroi glacé, alors que sa bouche s’ouvrait encore sur la sentence fatale. « Je ne crois pas aux fées ! »

Et la dites fée commençait à ne vraiment plus ressembler à rien de tel. Les ombres dansantes sur la paroi trahissaient son état de panique, ombres que Jones observait avec attention alors que les cristaux lumineux commençaient eux-aussi à s’éteindre. Progressivement. Et plus Clochette perdait de sa force, plus ses derniers les plongeaient dans l’obscurité. Jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une dizaine à un endroit bien précis. Le capitaine abandonna son poste aux commandes pour glisser vers le pont, fixant avec plus d’attention la forme se dessinant sur la roche.

Encore un peu… « Je ne crois pas aux fées. » Entama l’équipage à l’unisson pour terminer le travail. Il leva les yeux vers le pont supérieur. La lumière faible que tenait Bill dans sa main s’éteignit brutalement et la porte dissimulée s’ouvrit dans un éclat aveuglant.

Clochette venait de mourir.
C’était tout ce qui lui fallait pour parvenir à ses fins.

Un murmure gigantesque parcouru son équipage devant leur découverte, alors que Jones faisait signe au Bottier de rester à bord. Il grimpa à l’intérieur de la porte, pénétrant dans une cavité très haute de plafond où se trouvait un squelette, vestige des grandes années des monstres marins, il épousseta son long manteau avant de s’élancer en avant. Des hommes commencèrent à le suivre sans faire trop de bruit – au possible – et s’engagea alors une lente procession pour se rendre dans la gueule de la bête morte depuis des siècles.

Une fois à portée, il passa son visage tentaculaire à l’intérieur. Personne, comme prévu. Alors il descendit dans l’ancienne gorge de la bête, marchant sans ménagement sur créatures immondes et couinantes qui tremblaient encore sous ses bottes. Ça allait tâcher tout son bâtiment, ça… Cette satanée sorcière lui payerait les frais de récurage, fois de Jones ! En tout cas, il ne mit pas longtemps avant d’arriver au cœur de l’antre, se retrouvant face à une sphère flottante et inerte. Sans s’y intéresser, il bifurqua à droite et parcouru un long couloir. Très long. Ses hommes le suivaient toujours, même lorsqu’il franchit une porte épaisse sans le moindre effort et la déverrouilla de l’intérieur. Là se trouvait l’objet de sa quête ; Ne pas l’y voir aurait d’ailleurs été étonnant, puisqu’il l’y avait lui-même placé. Un objet puissant. Intéressant. Et idéal en plus d'être unique. Un sacré cadeau précieusement gardé à l'abri de l'extérieur.

Jones en sourit de satisfaction. Carnassier. Destructeur.

« Récupérez-le et faites attention. Si vous le brisez, je n’hésiterais pas à me débarrasser de vous, tas de rats décrépis. »

Tonna sa voix. Et ses hommes se mirent en mouvement pour lui obéir.

* * *

La surface.

L’air chaud de Neverland avait quelque chose d’étouffant. De désagréable et de particulièrement détestable. En même temps, le capitaine détestait tout ce qui se rapportait à cet univers, même s’il devait l’arpenter de plus en plus régulièrement. Pourtant aujourd’hui, il y avait quelque chose de très différent dans l’air. Comme un vent de nouveauté et de changement, qui n’annonçait pas forcément quelque chose de bon. Enfin, cela dépendant pour qui et de quel point de vue. Pour Jones, la partie était remise mais sûrement pas laissée de côté. Il y avait encore tout un tas de choses à faire, à commencer par un petit détail. Mais un détail qui avait toute son importance.

« Je crois aux fées. »

Il avait déposé la créature au creux de draps plutôt propres – il n’y dormait quasiment jamais donc, ce n’était pas comme s’ils étaient pollués – et attendait avec un mélange d’appréhension la suite des évènements. Non pas qu’il souhaite réellement faire ce qu’il était en train de faire, c’était d’avantage un choix stratégique que réellement une passion sentimentale, mais il n’était pas bête au point de prendre le risque. Une fée restait une fée. Une fée créait de la poussière de fée. Il avait donc tout intérêt à s’assurer que celle-ci reste en vie. Au moins un peu.

Il avait donc ordonné au Bottier de la tuer près de la porte. Puis d’immédiatement inverser le sort mais de s’arrêter là. Cela aurait été dommage qu’elle découvre ce qu’ils avaient ramenés des profondeurs. Cette fille était un peu trop bavarde à l’heure actuelle pour lui permettre un tel droit de regard, et Jones tenait à ses petits secrets. On ne survit pas en se dévoilant au monde entier, et encore moins aux langues trop pendues des femmes. Alors des fées, passez-lui les détails ! Pipelettes et bien trop franches pour pouvoir mentir… Une vraie honte pour la piraterie ! L’honnêteté, et puis quoi encore. On était des forbans ou on ne l’était pas, que diable.

« Je crois aux fées. »

L’ennui, c’est qu’il fallait réellement y croire. Bon, en soit, le capitaine y croyait. La preuve, la créature rabougrie brillait très faiblement au creux de ses mains. Il passa son index sur ce qui devait être son bras, alors qu’il répétait encore la phrase en ne la quittant pas des yeux. Allons bon, valait-elle vraiment le coup d’être sauvée, si elle ne se remettait même pas d’une petite mort ? Il en avait vu défiler, des mourants et des trépassés, et certains auraient sans doute mérités de rester en vie encore un peu ! Ceux-là formaient d’ailleurs une grande partie de son équipage… Bon la fée ne risquait pas d’en faire vraiment partie, mais bon, c’était toujours très utile d’en avoir une à portée.

Quand elle se mit suffisamment à briller, il se redressa un peu pour s’asseoir à côté. Ses ailes finirent par lentement réapparaître après qu’il ait ouvert une petite capsule reliée par une corde autour de son cou, déposant sur elle une poudre bleutée appartenant à la Fée Bleue. Un petit coup de pouce nécessaire visiblement, elle ne s’en serait pas remise toute seule. Mais qui eut l’effet escompté : au fil de très longues minutes, Clochette finit par longuement reprendre une forme à peu près humaine – autant que possible pour une fée – et s’étira même au point d’en prendre la taille. Il haussa un sourcil en la voyant étendue sur ses genoux, se demandant très sérieusement si c’était VRAIMENT une bonne idée de l’avoir réveillée.

Poussant un soupir, il gratta sa barbe naissante avant de se pencher vers elle pour s’assurer qu’elle respirait bel et bien. Oui, bon, la mort et tout ce petit bazar risquaient de lui avoir grillés les derniers neurones qu’il lui restait, mais au moins elle était en vie. Quelle expérience, il n’avait jamais rien fait d’aussi charitable depuis… Depuis plus de trois cent ans. Il en avait des frissons d’excitation ! Il la repoussa alors pour qu’elle s’allonge, pendant que lui se relevait. Il se dirigea vers son bureau et s’y installa, prenant une plume et de l’ancre pour rédiger quelques mots rapides dans un lourd carnet fermé d’une lanière de cuir.

Le Hollandais Volant mouillait pour quelques heures près de Neverland : le temps à ses hommes de charrier les âmes des enfants dont l’Ombre n’avait plus besoin afin de les guider vers l’au-delà. Cela lui laissait un moment pour décider de ce qu’il allait véritablement faire de la fée.



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Hey ! I just met you and this is crazy !


| Conte : Peter Pan
| Dans le monde des contes, je suis : : Clochette

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________________________________________ 2015-07-26, 23:15


« I was nothing because of you. »

Le néant. Les profondeurs du presque rien.

Pour une fée censée rester à sa place, j'ai vu des tas de choses, mais je crois que c''est la première fois que je vis l'expérience du vide. Pourtant, je sais voler, mais c'est comme si mes ailes n'ont aucune force en cet endroit. Rien du tout. Dans un état second, je m'aperçois que je n'ai plus de forme physique. Je ne suis plus qu'une pensée, une vague pensée qui s'effiloche. Je ne ressens plus rien. Je sais que bientôt, je ne serai plus là. Je ne vois rien, je n'entends rien. Bientôt, je m'éteindrai pour de bon.

Je flotte pendant un temps impossible à définir tandis que je me désagrège lentement. J'essaie de façonner une pensée cohérente mais c'est de plus en plus difficile.

Et soudain, la lumière. Je ne suis pas aveuglée car je n'ai plus d'yeux pour regarder et pourtant, je la vois. Elle me guide, elle m'entoure. Brusquement, je me sens aimée.

Peu à peu, j'entends des paroles. Je ne les comprends mais, mais je sais qu'elles me sont destinées.

Je suis la voix. Je ne sais comment puisque je n'ai plus d'ailes pour me faire voler, ni de jambes pour me porter. Je sais juste que j'arrive à la rejoindre.

Je bascule vertigineusement et subitement...

Je respire.
***

Je battis des cils, avec la sensation d'avoir la tête compressée dans quelque chose. L'air qui entrait dans mes poumons me faisait mal. Je grimaçai et remuai faiblement. Je sentis la douceur d'une étoffe contre mon corps endolori.

Ces paroles qui m'avaient ramenées, c'était "Je crois aux fées". Ca faisait tellement de bien de l'entendre. Je soulevai davantage les paupières et...

J'ouvris la bouche en grand lorsque je vis le visage de Davy Jones penché au-dessus de moi. Il était encore plus moche lorsqu'il avait forme humaine ! J'aurais voulu crier mais ne parvins qu'à laisser échapper un son étranglé tout en me reculant d'un bond. Ma tête heurta violemment quelque chose et je grognai. J'analysai rapidement l'endroit de mon regard encore un peu flou : un lit, un décor glauque qui sentait fortement le poisson... Oh. Le Hollandais Volant, le retour.

Davy Jones, qui était toujours un peu trop près, s'écarta brusquement pour aller s'asseoir à un bureau afin d'écrire tranquillement. Je clignai des yeux, douchée par sa subite indifférence. Mon cerveau tournait à vide, comme s'il était en rodage. Les mains crispées sur le drap défraîchi, je balbutiai :

"Vous m'avez sauvée..."

Puis, le reste me revint en mémoire. Je me souvins très clairement de monsieur Bill qui avait cherché à me tuer. Cependant, il avait forcément agi sous les ordres de son capitaine. Je plantai un regard incendiaire entre les omoplates de ce pirate perfide.

"Peter va vous faire la peau ! Il va vous démolir !"
m'écriai-je d'une voix que la colère rendait plus aiguë que d'ordinaire.

Constatant qu'il n'avait pas bougé, ni même daigné m'accorder un regard, je repoussai le drap et me levai d'un bond avant de voler jusqu'à lui pour l'attraper par le col de sa chemise. Grâce à la poussée de mes ailes, je parvins le faire se retourner, mais pas à le plaquer contre le mur. Je laissai échapper un cri de rage tout en maintenant fermement par la gorge. Il parut surpris par mon audace, mais impossible de traduire ce qui passait dans son regard.

"Vous n'avez pas idée de ce qu'il va vous faire !" lui assurai-je, mes yeux lançant des éclairs furieux. "Vous avez presque tué sa fée préférée, espèce de... de bulot avarié !"

Je savais que Peter me défendrait. Même si nous avions eu des différents, tout avait été pardonné. Il me protègerait coûte que coûte.

Mon regard fut attiré vers le hublot par lequel je voyais les contours d'une île. Nous étions de retour à Neverland, vraiment ? Le timing était vraiment parfait ! Et justement, l'Ombre flottait au loin, par-dessus un bouquet d'arbres. J'avais l'impression qu'elle fixait le bateau d'un mauvais oeil.

Sans attendre, je me précipitai sur le pont et m'envolai jusqu'au mât pour lui faire de grands signes.

"YOUHOUH PETER ! PAR ICI !"

J'aurais pu tenter de m'échapper du navire par la voie des airs, mais je voulais que Davy paye pour sa cruauté. Je souhaitais qu'il souffre, qu'on lui rende au centuple ce qu'on m'avait infligée.

Je plissai des yeux en voyant une drôle de manifestation sur la plage. Une dizaine d'enfants perdus encapuchonnés et armés jusqu'aux dents se tenait en ligne vers l'océan, façon peloton d'exécution. Ils fixaient le Hollandais Volant d'un oeil menaçant.

Je me mordis les lèvres et redescendis sur le pont. Ils étaient franchement impressionnants, mais d'un côté, Davy avait amplement mérité son châtiment. Peter était-il déjà au courant pour dépêcher ses "soldats" jusqu'à nous ?

Davy se tenait à côté de moi, je lui décochai un regard supérieur. Tu vas voir, méchant Poulpe ! Peter va t'exploser la tête, tu ne vas même pas comprendre ! Je sursautai en remarquant un enfant perdu sur le pont, qui descendit les marches lentement pour se placer devant nous. Il s'était déplacé drôlement vite ! Il portait la même cape élimée que les autres, mais avait enlevé sa capuche. Je remarquai ses grandes oreilles et son nez en trompette. Je ne le connaissais pas. Etrange. Quoi qu'il en soit, je n'en oubliais pas pour autant le reste. Je croisai les bras et lui lançai :

"Ah, tu tombes bien, toi ! Préviens Peter de venir immédiatement !"

L'enfant perdu nous avait tranquillement rejoint sur le pont. Il s'arrêta devant nous et mis ses mains sur les hanches, comme pour singer Pan. Je fronçai les sourcils, le trouvant un peu trop audacieux comme gamin. Il m'ignora totalement pour s'adresser à Davy Jones :

"J'ai un deal à vous proposer. Le roi des pirates va mourir incessamment. Il faut un nouveau roi. J'ai votre nouveau roi."

"Depuis quand un simple enfant perdu passe un accord avec Davy Jones ?" le coupai-je, à la fois étonnée et irritée par son manque d'attention à mon égard.

Le regard qu'il posa sur moi était encore plus glacé que trois mois d'interminable hiver.

"Depuis quand une fée se permet de parler sans qu'on lui donne la parole ?"

J'entrouvris la bouche, soufflée par son culot, avant de répliquer tout en me ruant sur lui :

"Alors là mon grand tu vas te calmer tout de suite, parce que je suis vraiment pas d'humeur à ce qu'on..."

Tandis que je m'approchai d'un air menaçant en battant furieusement des ailes, le garçon se recula en s'envolant. Perplexe, je m'immobilisai, le suivant des yeux. Les enfants perdus n'avaient pas de poussière de fée. Peter ne la distribuait pas à tout va comme des bonbons. Il devait s'agir d'un garçon très important, quelque chose comme son bras droit. Pourtant, son visage ne m'évoquait absolument rien. Quelque chose clochait.

Je le fixai sans ciller alors qu'il redescendait vers moi, me lorgnant d'un air à la fois méfiant et hésitant. Lui inspirais-je de la peur ? Moi ? Il fallait que je modère ma colère. Je ne savais pas que je pouvais être aussi impressionnante. Ce n'était qu'un enfant, après tout.

"Qui es-tu ? Tu dois être quelqu'un d'important pour avoir de la poussière de fée sur toi."
fis-je d'un ton sec qui ordonnait une réponse.

Brusquement, son air anxieux fut remplacé par une étincelle de malice. Il leva légèrement la tête, comme s'il voyait quelque chose derrière moi. Troublée, je pivotai sur mes ballerines et sursautai en voyant l'Ombre se tenir là, à seulement quelques centimètres. Jamais encore je ne l'avais vue d'aussi près. Elle n'était qu'une forme vaporeuse mais elle provoquait d'étranges sensations en moi. Une impression de malaise, de chaleur malsaine. Je passai une main sur mon front et sautillai de côté pour m'écarter d'elle.

"Tu crois ?" dit le garçon perdu avec un petit sourire sournois. "Tu crois que je suis important, petite fée ?"

Je jetai un nouveau coup d'oeil en direction de l'Ombre qui me fixait de ses yeux vides. Le désarroi me nouait l'estomac. Je me tordis les mains, mes ailes battant mollement dans l'air. Quelque chose n'était pas normal. Cette Ombre agissait bien trop bizarrement. Où était Peter ? Pourquoi n'était-il pas venu ? Avait-il décidé que tout compte fait, je ne valais pas la peine qu'il se déplace ?

J'aurais aimé ne plus rien ressentir, comme avant. Mon coeur venait d'exploser dans ma poitrine et faisait un bruit de verre brisé qui résonnait à mes oreilles comme autant de clochettes lointaines. Il fallait que je recolle les morceaux, mais je ne pouvais le faire avant de savoir, avant de comprendre.

"Où est Peter ?" demandai-je farouchement. "J'exige une réponse ! Tu es à ses ordres, non ?"

L'enfant perdu m'ignora ouvertement, une fois de plus, pour se tourner vers Davy. Meurtrie, indignée, je serrai des poings le long de mon corps et tapai du pied pour montrer mon mécontentement. Peu à peu, mon visage prit une teinte rougeâtre tandis que la colère enflait en moi.
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Tu vois ce moment entre le sommeil et le réveil, ce moment où on se souvient d’avoir rêvé ?

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C’est là que je t’aimerai toujours, c’est là que je t’attendrai.

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________________________________________ 2015-08-24, 11:54

    "J'ai un deal à vous proposer. Le roi des pirates va mourir incessamment. Il faut un nouveau roi. J'ai votre nouveau roi."

    Je n'étais pas venu tout seul aux abords de l'île. J'avais amené avec moi une dizaine d'enfants perdus qui se tenaient sur le rivage, en ligne droite et armés. Je ne voulais pas impressionner Davy Jones, car je savais qu'après tout ce temps plus rien devait réellement lui faire peur. Mais je voulais lui montrer que oui, les enfants perdus étaient de mon côtés. Pour insister sur le fait que je n'avais moi non plus pas peur de lui, je m'étais rendu seul sur le Hollandais Volant. Face à moi, Davy, mais également Clochette.

    La jeune femme avait tournée la tête dans ma direction et j'avais descendu les marches une à une pour les rejoindre. J'avais retiré ma capuche pour que l'on pouvait voir mon visage. La fée avait croisée les bras et c'était adressée à moi comme si j'étais l'un des bras droits de Peter Pan. Je m'étais contenté de placer mes mains sur mes hanches pour lui faire comprendre que je n'avais rien à faire de ce qu'elle me disait. Puis, j'avais tourné la tête vers Davy Jones lui proposant un deal qu'il ne pourrait pas refuser.

    "Depuis quand une fée se permet de parler sans qu'on lui donne la parole ?"

    Si il y avait bien une chose que je ne supportais pas c'était qu'on me coupe la parole. Quand cela arrivait à l'un de mes marins, je le faisais passer par dessus bord. Il n'était pas question que je laisserai une simple fée se permettre cela. Elle avait répliquée immédiatement, se sentant irritée par ce que je venais de lui dire. Quand elle s'était précipitée vers moi, je m'étais envolé pour pas me faire attraper. Je ne voulais pas m'amuser au jeu du chat et de la souris avec elle, mais je voulais lui faire comprendre que si elle voulait m'avoir, elle allait devoir se montrer bien plus rusée que moi et monter bien plus haut.

    Une fois qu'elle s'était calmée, j'étais redescendus et elle avait commencée à me poser une foule de réponse. Comment qu'il arrivait à la supporter ? Je n'aurai pas tenu très longtemps avec elle dans mes pattes. D'un côté, je commençais à mieux comprendre pourquoi il l'avait bannie de Neverland et bannie de son coeur. Je m'étais dirigé vers Davy Jones, car après tout il était le seul qui m'intéressait sur ce bateau.

    "J'ai envoyé un message à Killian Jones pour lui demander de se rendre au repère du Roi des Pirates. Il ira, il se proposera en tant que Roi et il échouera."

    Je savais que parler de Killian captiverait l'attention de Davy. Il ne l'aimait pas, même si c'était son fils et il ne le laissera jamais obtenir la place de Roi des Pirates. D'un côté, il la voudra sans doute pour lui, mais ça ce n'était pas possible. Pas tant que je serai là.

    "Je veux un Roi qui nous convienne. Un Roi qu'on pourra facilement manipuler. Vous allez y envoyer un représentant avec moi qui votera en votre nom. Quelqu'un qui sera capable de dire à voix haute ce que je lui aurai confié à l'oreille."

    Autant être clair. Je ne voulais pas un traitre, mais son plus fidèle marin, celui à qui il confierait sa vie s'il en avait encore une à offrir.

    "En échange je vous donne la fée bleue."

    Je sentais que la fée derrière moi était sur le point de s'énerver. Une fois de plus j'avais dû m'envoler quand elle avait foncée vers moi tête baissée, se rattrapant dans les bras de Davy. Que c'était touchant. J'étais redescendu et quand elle avait tournée la tête dans ma direction, je lui avais pris la main et j'avais passé un bracelet autour de son poignet. Elle devait savoir de quoi il était question. Aussi tôt ses ailes s'étaient grandes ouvertes et elle avait pris de l'altitude. Elle ne contrôlait pas son vol, elle ne contrôlait pas ce qui lui arrivait, car pour elle beaucoup de choses étaient en train de changer. J'avais observé Davy pour voir sa réaction.

    "Je possède Neverland. J'ai tué l'héritier de Pan, Rufio. J'ai tué la Fée Bleue et l'ensemble des fées. Celle qui se trouve sur votre navire est la dernière. Et j'ai aussi un allié de taille."

    J'avais jeté un coup d'oeil à tribord. Debout au loin, flottant dans les airs, se tenait l'ombre. J'avais reporté toute mon attention sur Davy, tout en posant ma main droite sur ma dague, celle que j'avais récupérée quelques jours auparavant.

    "Nous avons tout à y gagner à oeuvrer ensemble."

    Il ne pouvait pas refuser un tel échange et je ne comptais pas lui laisser le choix. J'allais revenir, sans doute le lendemain pour récupérer son bras droit. Il allait accepter, c'était évident. N'importe quel pirate choisirait l'appât du gain et la récompense était grande. Je m'étais éloigné de Davy, montant sur la planche qui servait à jeter les marins par dessus bord, mais qui pour l'occasion avait été installée pour aider à faire remonter les âmes que ses hommes étaient en train de récupérer. Une fois dessus je m'étais tourné vers le pirate.

    "Mon nom est Barbe Noire. Oui... Barbe Noire. Et cette île est à moi. Vous avez la fée bleue et ensemble on aura le Roi des Pirates. Je ne demande qu'une chose, je veux un objet qu'il possède, tout le reste, tous ses trésors et sa tête seront à vous. Quand à Pan..."

    J'avais laissé échapper un petit sourire. Je savais que Pan ne s'opposerait pas à cette union.

    "Pan est mort..."

    Ca devait sonner comme un glas. Pan était mort, Davy allait devenir le nouveau Pan. Il le savait, il redoutait cet instant et pourtant il était encore là, se tenant devant moi. Pourquoi n'était il pas devenu Pan ? C'était une autre histoire. Ce qui comptait réellement pour le moment, c'était qu'il soit de mon côté et qu'il me suive aveuglément. Et puis après tout... comme on disait toujours... Si Pan est mort,

    "...vive Peter Pan !"

    Je m'étais envolé très haut dans le ciel avant de plonger en direction de l'île. Neverland était à moi, le Roi des Pirates sera à nous. Neverland sera bientôt à l'image de ce que j'aurais décidé.


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