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 Le Cottage des Coeurs Perdus [FE LILY]

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Aryana Cloud-Sandman
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“ Vous ne pourrez jamais comprendre.
Tout ce que je fais, je le fais pour Elliot. ”

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________________________________________ 2017-01-15, 23:06



Qui sourit n'est pas toujours heureux.
Il y a des larmes dans le coeur
qui n'atteignent pas les yeux.


Lorsque j'avais proposé à Lily de passer un weekend dans mon cottage, en Angleterre, je ne m'attendais pas à ce qu'elle emporte trois gâteaux à la cacahuète avec elle. J'avais souri devant cette originalité et l'avais téléportée juste devant ma maison de campagne. L'air était vif et glacé. Le Royaume Uni n'était pas connu pour avoir une météo clémente, mais j'aimais cette atmosphère à la fois humide, pluvieuse et venteuse. Cela me rappelait les siècles passés dans ce pays. J'avais vécu tant de choses dans mon charmant cottage... Pourtant, je l'avais comme oublié ces dernières années. L'éducation d'Elliot m'avait empêchée de retourner en Angleterre. Nous y étions allés une seule fois, lors des grandes vacances scolaires. Depuis un moment, le besoin se faisait sentir d'y retourner, un peu comme de retrouver de vieux souvenirs, de dépoussiérer les lointaines pensées.

"Alors, qu'en penses-tu ? Ca n'en a pas l'air, mais il est très confortable." assurai-je à ma belle-fille.

Sa silhouette de pierre grise se dressait contre la verdure. Il n'y avait qu'elle à des kilomètres à la ronde, et c'était très bien ainsi. L'air embaumait le chèvrefeuille, l'herbe mouillée et la pluie. Je humai ce doux parfum à pleins poumons.

Délicatement, je me saisis des trois gâteaux à la cacahuète empilés les uns sur les autres, les gardai en équilibre sur une main, alors que je plaçai mon autre bras autour de celui de Lily, afin de l'inciter à avancer sur le chemin de pierres menant à la demeure perdue dans la campagne.

"Tu avais tellement peur de ne rien avoir à manger ?"
fis-je avec un petit rire, en soupesant les pâtisseries. "Rassure-toi, il y a tout ce qu'il faut à l'intérieur. J'ai veillé à ce que tu ne manques de rien."

Je lui décochai un clin d'oeil complice et l'entraînai jusqu'au cottage solitaire. Une fois devant la porte, je me retrouvai bien embarrassée par les gâteaux dans une main. Je m'écartai donc de Lily pour abaisser la poignée et pousser la porte qui grinça légèrement. Un grand nettoyage avait eu lieu dans la demeure ; en un claquement de doigts, les draps qui recouvraient les meubles avaient disparu, la poussière avait débarrassé le plancher. Le bois avait été ciré, le marbre nettoyé. Tout resplendissait d'un charme champêtre et ancien.

Je fermai la porte derrière nous et posai les gâteaux sur le petit meuble à l'entrée. Puis je me tournai vers Lily avec un sourire radieux.

"Ta chambre est à l'étage. C'est la seconde porte sur la droite. A l'intérieur, tu trouveras de quoi te changer pour ce soir, car nous allons à un bal, toutes les deux."

Mon sourire s'agrandit en voyant son expression étonnée.

"Je suppose que tu veux prendre tes aises avant de partir. De toutes façons, le bal ne débute qu'à dix-neuf heures. Une voiture à cheval viendra nous chercher. C'est un bal spécial qui n'est organisé qu'une fois l'an par le comté du coin. Un retour dans les années 1810. J'espère que tu sais valser ! Si ce n'est pas le cas, je me ferais un plaisir de t'apprendre."

Je lui pris la main et la serrai avec chaleur, sans cesser de la regarder. J'étais si heureuse de partager ces moments avec elle. J'espérais qu'elle s'en rendait compte. C'était comme ouvrir une page du passé en compagnie de quelqu'un qui représentait le futur.

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________________________________________ 2017-01-20, 18:22



« Danse, danse, danse, baby !

On a le groove maman d'Elliot et moi ! »




    « Tu es chez Robyn ? Dans sa boutique ? » dis-je en plissant les yeux face à Nora, qui m’adressai une mine... que je ne pourrais pas décrire.

    J'avais regardé ailleurs l'espace d'un instant, et surtout en direction d'un présentoir où se trouvait ce qui semblait être un gâteau à la cacahuète. Puis, mon regard se posa une nouvelle fois, les yeux à demi plissés, sur Nora.

    « Et elle revient bientôt ? »

    « Bientôt. » me répondit la jeune femme avant de regarder à son tour ailleurs, comme si elle tentait d'éviter mon regard.

    C'était quelque chose de très suspect. J'aurai bien vérifié à l'arrière de la boutique qu'il n'y avait pas le corps de Robyn qui reposait quelque part. Qui me disait que Nora n'était pas venue ici, avait étouffée Robyn et l'avait planquée dans l'arrière boutique, dans le seul but de se tenir derrière le comptoir afin de vendre des pâtisseries ? J'imagine peut-être un peu trop de choses. Il fallait que j'arrête d'écouter Elliot quand il me racontait les synopsis de ses jeux vidéo. Du coup, j'avais simplement souris à Nora.

    « Bien ! Alors, je vais prendre un. Non, pas un. Deux. Non. En fait, je ne sais pas combien de temps Aryana veut qu'on parte en voyage, du coup je vais en prendre trois. Mieux vaut être prudente, n'est ce pas ? »

    J'attendais son approbation, mais au lieu de cela, elle me fixait sans rien dire. C'était pas gagné. Pourquoi elle ne bougeait pas d'ailleurs ? Elle semblait attendre quelque chose. Je la regardai, elle me regardait et finalement, je lui fis un petit sourire hésitant.

    « Y'a quelque chose qui ne va pas ? »

    « Quel gâteau ? » me demanda t'elle.

    De quoi elle voulait parler ? Il me fallu une bonne minute pour saisir qu'en réalité elle voulait sans doute dire que je lui avais dit le nombre de gâteau, mais pas quel gâteau c'était. Pourtant, ça paraissait évident.

    « Des gâteaux à la cacahuète, pardis. » lui dis-je.

    Elle me fit un petit sourire, avant de se diriger vers l'arrière boutique et de revenir avec un petit paquet contenant mes trois gâteaux. Ca allait être succulent. Mais pourquoi n'avait-elle pas pris celui d'exposer ? Est ce que c'était le dernier ? Robyn avait prévu le coup et elle en avait fait quatre ? Du coup, je pourrais le prendre avant que quelqu'un d'autre le prenne. Je me léchais déjà les babines à l'idée d'avoir non pas un, ni deux, ni trois, mais quatre gâteaux à la cacahuète.

    « Il te fallait autre chose ? » me coupa Nora en me faisant sortir de mes rêveries.

    « Euh, non non. C'est tout. Juste trois gâteaux. » lui répondis-je en lui montrant le paquet qu'elle m'avait tendu quelques instants auparavant. « Je te dois combien ? »

    « C'est gratuit pour toi. »

    Alors là... Je ne m'y attendais pas du tout. Je la regardais d'un air surpris, sans savoir réellement quoi faire. Qu'est ce que je devais lui répondre ?

    « C'est gentil, mais... je ne peux pas accepter. T'imagines si Robyn apprend que tu m'offres des gâteaux ? Je vais te les payer. C'était vraiment très gentil, mais... »

    « C'est Robyn. » précisa t'elle, sans que j'en comprenne le sens. « Elle m'a dit que tu ne devais pas payer, quel que soit le gâteau que tu viendrai chercher. Et elle m'a fait mettre une dizaine de gâteaux à la cacahuète de côté, vue qu'elle ne savait pas quand elle reviendrait. »

    « Héhé ! » laissais-je échapper avec un grand sourire.

    Elle avait fort pensé à moi. J'étais tout sourire, et sans doute un peu trop rouge. J'avais fait un petit coucou de la main à Nora, en la remerciant, avant de quitter la boutique afin de rejoindre Aphrodite. Cette journée commençait bien.

    « C'est trop beau !! » m'étonnais-je en arrivant devant la maison d'Aphrodite.

    Elle nous avait téléporté jusqu'ici et le décors était somptueux. Il n'y avait personne à perte de vue. J'adorais déjà cet endroit, même si ça manquait peut-être de... hum... animaux ? Un éléphant tiendrait trop là dans le jardin. Ca serait chouette.

    « Ce sont des gâteaux de chez Robyn que j'ai eu gratuit. C'est Nora qui gère la boutique de Robyn. C'est surprenant, non ? Je ne savais pas qu'elle laissait sa boutique ouverte quand elle n'était pas là. A moins que ce soit que là, puisqu'il y a Nora. Ca veut dire qu'elle doit lui faire grandement confiance. Elle a l'air bien Nora. C'est une gentille fille, même si ses lèvres sont parfois un peu trop encombrantes. »

    Par là je voulais dire qu'elles se posaient parfois dans des endroits qui ne devraient être qu'à moi.

    « On va se rendre à un bal ? » demandais-je à Aphrodite.

    Elle avait évoquée un bal, mais aussi ma propre chambre et une robe. Mais on était où là ? Au Paradis ? Si c'était ainsi, je ne voulais pas du tout le quitter. Je resterai ici tout le monde si je le pouvais. En réponse au fait qu'elle m'avait prise la main, j'avais passé mon autre bras autour d'elle afin de la serrer bien fort. Ce qui était génial avec la maman d'Elliot, c'était qu'on était petites toutes les deux. Un peu comme avec Ellie. Ellie était d'ailleurs même plus petite que moi. C'était vraiment agréable de ne pas être toujours entouré que par des géants. Et dire que dans le monde des contes, c'était moi la plus grande, même au niveau des oreilles.

    « Ca va être trop bien ! Et je veux bien apprendre à danser la valse. J'en ai jamais fait. Elliot n'écoute pas ce genre de musique. Et je ne suis pas sûr que ce soit le genre de Ellie. Elle est plus dans le classique, mais le classique qui fait tam tam et qui endort. »

    Je m'étais détaché de la jeune femme, avant de lui adresser un petit sourire. Ce qui comptait pour moi à l'heure actuelle, c'était d'être en tête à tête avec elle. Ca allait être super. Et je m'étais rendu jusqu'à ma chambre, avant de descendre une heure après dans une magnifique robe. J'espérais ne pas avoir mis trop de temps.

    « Je suis comment ? »
    demandais-je à la déesse en me tournant, faisant virevolter ma robe.


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Oui, il a un côté charmant...
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________________________________________ 2017-01-25, 22:43



Qui sourit n'est pas toujours heureux.
Il y a des larmes dans le coeur
qui n'atteignent pas les yeux.


Une heure plus tard...

La fête battait son plein. L'orchestre jouait joyeusement ; les musiciens étaient talentueux et provenaient de l'opéra de Bath. L'ambiance était à la frivolité et à l'amusement. Pour un peu, j'aurais presque retrouvé l'atmosphère raffinée et bon enfant de l'époque de la Régence Anglaise. Les messieurs adoptaient la politesse d'autrefois et invitaient galamment à danser.

Le quadrille venait de s'achever et toute essoufflée, un grand sourire aux lèvres, je rejoignis Lily qui se tenait près du buffet froid chargé de mignardises et de petits fours. Elle était débordante de grâce et de volupté dans sa robe couleur crème cintrée juste au-dessous de la poitrine, à la mode Premier Empire. D'élégantes boucles d'oreilles brillaient dans la lumière et j'avais coiffé ses cheveux en un chignon délicat, dans lequel j'avais passé un bandeau en argent. Elle aurait pu vivre à cette époque sans que cela ne soit choquant. Tout lui allait à merveille.

Je sautillai vers elle et ramenai une mèche échappée de mon chignon derrière mon oreille. Puis je baissai les yeux sur le petit livre qu'elle avait en main.

"Ton carnet de bal est bien rempli, j'espère ?" lui demandai-je.

Je remarquai qu'elle avait dessiné un éléphant aux grandes oreilles dessus. J'eus un petit rire et la pris par le bras pour l'entraîner vers la piste de danse.

"J'ai entendu dire que le prochain quart d'heure était consacré aux valses."
lui murmurai-je à l'oreille. "Ca sera beaucoup plus facile à apprendre que le quadrille. Et justement, j'ai le partenaire idéal pour t'y aider."

Avec un sourire mutin, je la lâchai pour la pousser gentiment vers un monsieur de belle stature. L'on devinait qu'il portait très bien le costume même s'il nous tournait le dos, pour l'instant. Il était occupé à discuter avec un petit homme, sans doute un nain. Oubliant l'étiquette, je lui tapotai l'épaule et il pivota vers moi. Aussitôt, ses yeux couleur azur papillonnèrent. Puis, son regard tomba sur Lily et il fut totalement stupéfait.


"Monsieur Butler, quel hasard de vous retrouver ici !" dis-je, feintant l'étonnement. "C'est bien vous, n'est-ce pas ?"

En réalité, je l'avais remarqué depuis une bonne heure déjà, car il faisait partie du cercle des musiciens. Il avait joué un saisissant morceau au violoncelle. J'étais certaine que Lily ne l'avait pas remarqué, car personne ne prête jamais attention aux musiciens, on est tellement habitué à écouter la musique sur des disques ou par clé usb.

Passé l'instant d'hébétude, Bodhi Blu Butler esquissa un grand sourire.

"Lily ! Et..."

Je haussai un sourcil dans sa direction, car il avait laissé sa phrase en suspens en m'observant. Ne se souvenait-il plus de mon nom ? Avait-il OUBLIE la déesse de l'amour ? Certes, nous n'avions pas gardé les cochons ensemble, mais tout de même ! J'étais Aphrodite, enfin ! Il masqua son embarras en me tendant la main, avant de rire un peu et de s'incliner devant nous. Eh oui, la bienséance était différente autrefois. Pas de poignée de main entre un homme et une femme. Un baiser sur le dessus, à la rigueur. Oui... Non ? Apparemment, non. J'esquissai une moue déçue. Moi qui pensais retrouver un admirateur...

"Je suis si... étonné de vous voir ici !"
fit-il, sincère. "C'est incroyable ! Quel était le pourcentage de chance que l'on se retrouve dans ce bal, tous les trois ?"

Je lui aurais bien demandé ce qu'il fabriquait dans ce coin reculé de l'Angleterre pittoresque, mais rien que le fait d'y penser, je masquai un bâillement d'ennui. Non vraiment, j'étais irritée par le fait qu'il m'ait oubliée. On ne m'oubliait pas. Jamais.

"Comment va Elliot ? Et Storybrooke ? Oh, ça a dû tellement changer depuis...!"

"Vous pourriez apprendre à valser à Lily ?" le coupai-je en battant des cils de façon hautaine. "Nous avons besoin d'un monsieur compétent. Vous savez chanter et jouer d'instruments divers... Vous savez donc danser, je suppose ?"

"Evidemment !" fit-il avec un sourire si charmant qu'un instant, je faillis lui pardonner son impair.

Puis il se tourna vers Lily et lui tendit galamment le bras, alors que les premiers accords de violon se faisaient entendre. La valse avait débuté et je n'avais pas de cavalier. Non vraiment, cette soirée prenait une tournure très déplaisante, subitement...

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________________________________________ 2017-01-27, 09:50



« Danse, danse, danse, baby !

On a le groove maman d'Elliot et moi ! »




    Par la barbe de maman ours ! J'avais sans doute volé cette expression à Merida. En tout cas, elle était appropriée, car devant nous se tenait Bodhi Blu Butler, l'ancien maire de Storybrooke. Je me souvenais d'une aventure dans le futur avec mon Elliot, où on l'avait trouvé dans la mairie de Storybrooke. En plein coeur d'une ville à moitié détruite et abandonnée. Vu qu'il n'était plus maire, cela signifiait que ce futur n'arriverait pas ? J'en étais soulagée, mais en même temps, j'appréciai beaucoup la présence de ce volatile à la mairie. La ville était bien plus plaisante à son époque.

    « Monsieur Butler ! » m'exclamai-je. « Elliot va très bien ! Et Storybrooke aussi ! Et ça a pas mal changé depuis votre absence. Où étiez-vous ? Ici ? On pouvait aussi organiser des bals à Storybrooke si c'était ce qui vous manquez. »

    Sans qu'il ait pu le temps de répondre à mes questions, la maman d'Elliot s'était empressée de lui demander s'il pouvait m'apprendre à valser. Ce serait une superbe bonne idée ! Il devait être un très bon danseur, vu qu'il était déjà musicien. Je me rappelais de sa façon de jouer qui était juste sublime. D'ailleurs en y repensant, il irait parfaitement bien avec ma petite Apple. Pourquoi ne rentrerait-il pas en ville afin de faire sa connaissance ?

    « Monsieur. » dis-je en prenant le bras du jeune homme d'un air très flattée.

    Il s'était mis en position de valse et je tentais de me rappeler comment Sissi dansait. C'était ma seule source d'inspiration, car je ne connaissais pas d'autres films où des messieurs et des mesdames entamaient une valse.

    « Vous n'avez jamais voulu rentrer en ville ? Ca doit vous manquer, n'est ce pas ? Il y a plein de charmantes jeunes femmes qui savent danser la valse là-bas et qui savent également chanter. J'en connais une d'ailleurs. Très charmante, douce, agréable, gentille et très très bien élevée. C'est la fille d'Aphrodite en plus. Mais elle n'est pas petite. Elle n'est pas pour autant très grande, mais on l'est toutes un tout petit peu, n'est ce pas ? »

    Je le sentais un peu moins sûr de lui. Savait-il vraiment danser ? Il m'entraînait avec lui et je lui avais uniquement marché une ou deux fois sur les pattes.

    « Hé ! Oh ! » s'écria quelqu'un derrière notre dos, ce qui nous fit stopper notre valse. « Ca fait trois minutes que je t'appelle ! »

    Le petit homme était venu se placer juste entre nous.

    « Je valse ! » répondit Bodhi comme si ça semblait évident.

    C'était sans doute pour ne pas l'empêcher de valser, que le petit homme avait pris la main de Bodhi dans la sienne et avait passé une autre de ses mains dans le dos du volatile, avant de faire quelque pas de valse avec lui tout en parlant.

    « C'est Norbert ! Il a un soucis avec sa valise. Si il ne peut pas l'ouvrir, y'aura pas de timbales pour la fin. T'imagines ? Un valse sans timbales ? »

    « Oh oui... évidemment... » répondit-il ironique avant de s'arrêter de valser. « Eddie. Tu te rappelles de Lily, n'est ce pas ? »

    « Ouais, évidemment ! »

    Il ne me regarda même pas dans les yeux, se contentant de me prendre la main et de sortir un stylo de la poche de sa chemise. Puis, il gribouilla quelque chose sur la paume de la main que je lui avais tendu.

    « Noooon Eddie ! Ce n'est pas une fan ! »

    « Personne est parfait. » répondit-il avant de lever les yeux dans ma direction. « Ah oué, elle a du chien ! »

    C'était un compliment ? Je voyais Bodhi passer une main sur son visage, sans doute pour oublier ce qu'il venait de dire.

    « Bonjour, monsieur Eddie. »

    « Oué, c'est ça. Et tu viens d'où Princesse ? »

    « De chez nous. »
    répondis-je sans comprendre, avant qu'Eddie se mette à me caresser la main qu'il avait gribouillé.

    « Chez nous, c'est là haut dans les étoiles ? Là où le ciel est éclairé par toutes ces merveilles semblables à celles qui brillent dans vos yeux ? »

    J'avais laissé échapper un petit sourire, flattée, tandis que Bodhi s'était approché.

    « Eddie, c'est Lily ! »

    « Oh oui, bien sûr. Lily. Moi c'est Eddie. Quel jolie nom. Il rime avec mélodie, ou symphonie. Tant de beaux mots qui jalousent votre beauté. »

    Une nouvelle fois, j'avais souris, tandis que Bodhi avait pris la main d'Eddie afin de le faire reculer. Pourquoi ? Il allait arrêter de me complimenter.

    « Eddie, c'est Lily. Lily ! Tu t'en souviens non ? »

    « Et merde ! Pas elle ! »

    « Quoi ? »

    « Non, pas vous, elle ! »
    dit-il en désignant Aphrodite en loin et en mettant Bodhi devant lui pour pas qu'elle le voit. « C'est l'autre folle de Storybrooke ! Je te jure que si ces imbéciles de là-bas se pointent ici, qui que ce soit, moi je me barre et t'entendras vraiment plus parler de moi cette fois-ci ! »

    Là s'en était trop. J'avais croisé les bras sur ma magnifique robe en fixant le dit animal, qui tentait de se cacher tant bien que mal derrière l'ancien maire.

    « Je viens aussi de là-bas. Lily. Lily Olyphant. Je suis l'épouse d'Elliot. »

    « Elliot ? Il va bien ? » demanda-t-il en passant sa tête à travers le bras de Bodhi.

    Alors ça c'était le comble. Il se souvenait d'Elliot, mais pas de moi. J'allais le bouder et même pas me donner la peine de lui répondre.


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Bodhi Blu Butler
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Bodhi Blu Butler

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| Conte : Rio
| Dans le monde des contes, je suis : : Blu, l'oiseau rare

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________________________________________ 2017-01-28, 22:38

Retrouver deux citoyennes de Storybrooke était comme une bulle d'euphorie dans mon existence survoltée. J'avais l'habitude de vivre à cent à l'heure, d'enchaîner les contrats, les voyages et les concerts. Mon unique lien résiduel avec Storybrooke était Eddie, qui me suivait partout comme un... toutou. Le pire, c'est qu'il ne m'en aurait pas voulu si j'avais prononcé cette phrase à voix haute. Mon meilleur ami était fidèle, loyal, et possédait un second degré remarquable. Je ne sais pas ce que je serais devenu sans lui. Nous étions un peu comme Laurel et Hardy, Tom et Jerry ou les Frero Delavega... Inséparables. Même si ces derniers s'étaient séparés. Hum... j'aurais pu trouver un meilleur exemple.

Quoi qu'il en soit, j'avais fait valser Lily, m'appliquant à me comporter comme les gentlemen d'autrefois en gardant un espace conséquent entre nous. J'aurais menti si j'avais prétendu qu'elle était douée. Je me retins de grimacer plusieurs fois quand ses pieds écrasèrent les miens. Je gardai un sourire tout du long, préférant me concentrer sur la joie qu'elle m'insufflait par sa simple présence. Elle m'avait posé une foule de questions auxquelles je n'étais pas pressé de répondre. Pourquoi gâter un si bon moment ? Surtout qu'Eddie s'en chargea très bien en débarquant pendant notre danse. Il me vola d'ailleurs à ma cavalière en m'attrapant pour me faire valser. Il conduisait même à ma place. A demi-exaspéré et amusé, je me laissai faire. Je l'interrompis au bout de quelques secondes pour lui signaler Lily, qu'il prit pour une fan. Il lui fit un autographe sur la main et lui sortit le grand jeu. Il n'avait pas l'air de comprendre d'où elle venait. En revanche, lorsqu'il aperçut Aryana, je crus bien qu'il allait sortir les crocs.

"Excusez-le, il est un peu à cran. On a enchaîné les concerts dernièrement et il a les nerfs fragiles."
expliquai-je à Lily avec un sourire contrit.

Eddie, qui me labourait les reins pour se cacher derrière moi, passa brusquement la tête à travers mon bras et se la dévissa afin de me lancer un regard oblique.

"Eh ! C'est pas parce que je mesure un mètre trente-cinq que je suis en sucre ! Je suis un mec, un vrai !"

"Oui, je sais, tu me l'as déjà prouvé." soupirai-je.

Je croisai ensuite le regard de Lily, voulus ajouter quelque chose, mais Eddie fut plus prompt à réagir :

"Tu veux voir les photos ?"

Pourquoi demandait-il ça à Lily ? Les photos de quoi ?

"Eddie ? Tu ne voudrais pas aller vérifier que le piano est bien accordé ?"
fis-je en me tournant souplement vers lui.

Il haussa un sourcil suspicieux, avant d'observer Lily, puis de revenir à moi.

"Ah ouais d'accord..." fit-il d'un ton canaille.

Je fronçai les sourcils, indécis, alors qu'il haussait les siens de plus belle avec un sourire en coin. Puis, il me fit signe de me pencher. Une fois que je fus à sa hauteur, il ajouta sans baisser d'un ton -ce qui ne rendait plus la conversation privée :

"Vas-y mon pote. Elle est bien roulée. Je te la laisse."

Okay... il avait tout compris de travers. Il me fit un clin d'oeil avant de me donner un petit coup de poing complice dans l'épaule. Après quoi, il sortit un cigare de son veston et l'alluma.

"Je me rends dans le salon fumoir." lança-t-il d'un ton guindé en adoptant une démarche chaloupée. "Et tant pis pour la valise de Norbert. Si y a pas de cymbales, y a pas de cymbales."

Sur cette phrase très philosophique, il s'en alla, après avoir grogné méchamment dans la direction de la blonde qui accompagnait Lily. Je savais que je la connaissais mais je ne parvenais pas à me souvenir de son nom. Cette dernière émit une exclamation indignée et s'éloigna à son tour tout en serrant les poings, la tête haute.

J'écarquillai les yeux et pivotai vers Lily. La magie de la valse n'opérait plus. Il était inutile de continuer de danser.

"Voulez-vous... faire quelques pas en ma compagnie ?"
proposai-je gentiment.

Puis, me souvenant de la situation embarrassante dans laquelle m'avait fourré Eddie, j'ajoutai précipitamment :

"En toute amitié, bien entendu. Je... il n'y a aucune drague."

Voilà qui n'avait plus rien à voir avec le langage soutenu du XIXème siècle, mais je voulais absolument que les choses soient claires entre nous. Pour rien au monde je n'aurais souhaité de malentendu.

Sans attendre, je lui indiquai le large balcon qui donnait vue sur un jardin entretenu selon le style Régence Anglaise. Il était éclairé par quelques lanternes et flambeaux piqués dans le sol. Tout baignait dans le clair obscur, sous un ciel étoilé.

Je restai quelques secondes silencieux, m'accoudant à la rambarde en marbre, les yeux rivés vers la nuit, avant de tourner la tête vers la jeune femme pour l'observer d'un air soucieux.

"J'ai quitté Storybrooke pour plusieurs raisons... La plus importante concernait Eddie : il a sombré dans une inquiétante dépression quelques mois avant notre départ. Il était même à deux doigts de la crise de schizophrénie. Plutôt que de le faire hospitaliser, j'ai décidé de lui faire changer d'air. Nous avons entrepris un tour du monde ensemble, nous avons continué de nous produire sur scène... Il a retrouvé une certaine stabilité. Quelque chose clochait avec lui à Storybrooke, comme si la ville cherchait à absorber sa personnalité..."

Tout en achevant mes paroles, j'ouvris et fermai ma main plusieurs fois dans le vide, comme si je comprimais quelque chose. Puis je remuai les doigts et les enfouis dans ma poche, alors qu'ils tremblaient un peu.

"C'est mon ami le plus cher. Je ne pouvais pas le laisser sombrer. On est prêt à tout pour les gens qu'on aime, n'est-ce pas ?"

Je lui adressai un sourire et me redressai pour lui faire face. Elle était vraiment ravissante, exactement comme dans mon souvenir.

"Mais ne parlons plus de tout ça. Racontez-moi plutôt ce qui est arrivé à Storybrooke depuis mon départ ! Je veux tout savoir ! Vous êtes mariée, alors ?"

Je sortis ma main de ma poche pour me saisir de la sienne et observer la bague argentée qui, à son doigt, scintillait à la lumière des flambeaux.

"Eh bien eh bien eh bien !" commentai-je. "Elliot ne s'est pas moqué de vous !"

A cet instant, mon téléphone vibra dans la poche de mon veston et je sursautai, libérant la main de Lily du même coup. Je ne sais comment, il s'échappa de la poche et se retrouva au sol, entre nous, avec l'écran qui indiquait un texto d'Eddie :

Si t'as besoin de capote, j'ai ma boite porte-bonheur qui date de 1992, l'année du concert hommage pour Freddie Mercury. Que du lourd.

Je me mordis les lèvres, consterné. Un second texto fit vibrer le portable :

Love. Kiss. Sex.

Puis un troisième :

Moi aussi je l'ai fait dans les buissons une fois, c'était top ! Mais j'étais encore un chien à cette époque...

Trop, c'était trop. Je me penchai vers le téléphone pour le ramasser, et le soupesant, je déclarai à Lily d'un ton embarrassé :

"J'hésite entre le balancer dans le parc ou à carrément le brûler. Pas Eddie, le téléphone." précisai-je avec un petit rire. "Okay, c'était pas drôle..."

Songeant que j'avais tout mon carnet d'adresses pour les prochains concerts dans ce mobile, je me résolus à le ranger dans la poche intérieure de mon veston. Après quoi je fis une moue, essayant de relancer la conversation.

"J'ai beaucoup voyagé ! Je suis allé à Londres, Paris, Lisbonne, Copenhague... et j'ai même reçu une proposition pour me produire à Tokyo ! On hésite encore, parce que les billets d'avion coûtent cher et qu'ils sont à nos frais... Dure, la vie d'artiste !"

Je ne donnais pas l'impression de trop me vanter, là ?

"Oublions tout ça. Parlez-moi de vous." dis-je pour la seconde fois. "Comment une citoyenne de Storybrooke se retrouve-t-elle dans un bal Austenien en plein coeur de l'Angleterre ?"

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________________________________________ 2017-01-28, 22:44



Le Bal des Casse-Pieds.

Le temps que je montre mon mécontentement, Lily avait disparu. Heureusement, grâce à mon radar sensoriel surnaturel, je savais où elle se trouvait. Toujours au bal, sur le balcon. Elle ne craignait absolument rien. Cet idiot de Butler lui tenait compagnie.

Quant à moi, j'avais trouvé du réconfort auprès d'un verre de Chardonnay. Il était beaucoup plus agréable que la présence de n'importe quel homme. J'aurais aimé pouvoir être ivre. Je n'avais pas oublié cette sensation grisante, cette folie douce qui m'avait envahie quand je m'étais abandonnée dans les bras de l'alcool, lorsque j'avais été mortelle. Hélas, dans le monde où j'avais été prisonnière, il n'existait pas de vin aussi savoureux. La bière dominait là-bas. Cela n'avait rien de glamour. Quoi qu'il en soit, j'aurais eu besoin de mettre mon esprit en pause pour troubler cette profonde lassitude qui m'envahissait. Au lieu de cela, j'étais condamnée à vider verre après verre sans ne ressentir aucun effet.

"Cesse de me fixer ainsi, sale cabot !" lançai-je au petit homme qui m'observait d'un air méchant, à l'autre bout du comptoir.

Il grogna légèrement tout en tirant toujours sur son cigare et je répliquai en le fusillant du regard. Eddie Naughtydog, l'acolyte de Bodhi Blu Butler. La mascotte des Blu Brothers. Est-ce le groupe existait encore ? Je préférais me trancher les veines plutôt que de poser la question.

"Tu veux un sucre ?" fis-je de nouveau, provocante.

Un instant, une lueur gourmande naquit dans ses yeux et je roulai des miens.

"T'en as ?"
fit-il tout en gardant le cigare coincé entre ses lèvres.

Il me faisait penser à un gangster des années cinquante.

"Non. Mais je peux en faire apparaître."
dis-je, agacée par le tutoiement.

"Ah non !" grogna-t-il en se reculant d'un bond. "Pas de magie ! Ca a pratiquement bousillé mon pote ! Foutue magie !"

Et il... cracha sur le sol. Je battis des cils, complètement écoeurée et pivotai de nouveau vers le comptoir. Eddie se hissa sur une chaise pour se mettre à ma hauteur. Et tira une bouffée de son cigare pour expirer la fumée sur mon visage. Je ne cillai même pas.

"Je ne fais pas de magie. Ma spécialité est nettement plus... divine." maugréai-je en portant le verre de Chardonnay à mes lèvres.

"Même combat. Bodhi n'est pas copain non plus avec les trucs divins. J'ai pas spécialement digéré la mission Entre deux Feux et lui non plus."

Il tapota des doigts sur le comptoir d'une façon agaçante avant d'enchaîner :

"Sans moi, il serait enfermé dans un asile à l'heure qu'il est ! Cette fichue ville l'a complètement détraqué ! Il a pas l'air comme ça, mais c'est un piaf qui n'a pas grand-chose dans le crâne ! Il est trop gentil, c'est la bonne poire. Et ça fait quoi une poire quand ça encaisse trop de choses ?"

Il se tut, attendant une réponse. J'entrouvris la bouche, dubitative.

"Euh... ça s'écrase ?" suggérai-je.

"Ca pourrit !" s'écria-t-il en tapant sur le comptoir, si fort que plusieurs personnes se retournèrent vers nous. "Jamais j'aurais permis ça. Mon pote, c'est... sacré. Il a disjoncté. Il devenait carrément grave. Il avait des idées super bizarres. Il était devenu à moitié schizo. Et l'autre moitié du temps, il bougeait plus, il était... comment on dit déjà ? Déprimé. Mais genre stade terminal. Je sentais qu'il allait y laisser des plumes. Alors je l'ai convaincu de partir. Quitter Storybrooke. Cette ville de dégénérés !"

Il faillit cracher de nouveau mais je posai une main sur son avant-bras. Il interpréta cela comme une invitation à rester, posant un regard caressant sur moi. Je me retins de pousser un couinement de désespoir.

"Vous êtes un très grand homme." dis-je en cherchant Lily des yeux. Elle n'était toujours pas revenue du balcon ?

"On me le dit souvent." fit-il sans aucune modestie. "En fait, je t'ai mal jugée. Ca te dit de boire un verre ?"

Il roucoulait presque. C'était abominable. En plus, il dispensait une curieuse odeur de chien mouillé.

"J'en ai déjà un."

"Mais il est vide."

Zut.
Il commanda aussitôt une autre boisson et s'abîma ensuite dans la rédaction de sms, chose totalement incongrue dans un tel bal.

"Les appareils électroniques sont interdits. C'est précisé à l'entrée."
dis-je d'un ton acide.

"Les règles sont faites pour être enfreintes, chérie."

Le pire dans tout ça, c'est que je me sentais tellement seule que je n'avais pas la motivation nécessaire pour le planter là. Je poussai un profond soupir et me massai entre les deux yeux.

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Citation d'illustration : Jane Austen

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________________________________________ 2017-02-07, 13:22



« Danse, danse, danse, baby !

On a le groove maman d'Elliot et moi ! »




    Je m'étais laissée guider par le jeune homme en direction du balcon. Ce dernier offrait une vue magnifique sur un immense jardin éclairé par quelques lanternes et flambeaux piqués dans le sol. Tout baignait dans le clair obscur, sous un ciel étoilé. J'avais les yeux qui pétillaient et ce n'était pas à cause du champagne, mais bien de toutes ces merveilles qui s'offraient à moi. J'avais une chance incroyable d'être entourée de gens prodigieux, tel que la déesse de l'Amour. Grâce à elle, grâce à Elliot, Ellie et aux autres divins, je pouvais voyager, découvrir de nouvelles contrées et faire bien plus de choses que j'aurai faite si j'étais restée moi-même.

    J'avais laissé à Bodhi le soin de parler le premier, sans l'interrompre. Je voulais tout savoir sur ce qu'il avait fait, sur les raisons qui l'avaient poussé à quitter Storybrooke afin de partir à la découverte du monde. Il n'avait pas eu ma chance de pouvoir découvrir ces merveilles grâce aux gens qui m'entouraient. Lui, il avait pris son courage à deux mains et il l'avait fait de son propre chef. Ca augmentait considérablement l'estime que j'avais pour lui. Qui plus est, il l'avait fait pour son ami. Je ne voulais pas lui demander davantage de choses sur ce mal qui rongeait Eddie, mais peut-être que la maman d'Elliot pourrait trouver une solution à son problème.

    En parlant de Eddie, le téléphone de Bodhi avait émis un bip et sans le faire exprès, il l'avait laissé échapper de ses mains. Du coup, même si je n'étais pas curieuse de nature - ou que très peu - j'avais pu voir ce qui était noté dessus et je n'avait pas pu m'empêcher de rire.

    « Je pense que le balancer est une bonne chose. » dis-je en souriant à Bodhi.

    Je ne savais pas si je parlais du téléphone ou de Eddie. Mais de toute façon, le jeune homme en avait conclu qu'il ne balancerait ni son ami, ni son téléphone. C'était une sage décision.

    « Londres, j'y suis allée une fois. C'était merveilleux, même si je n'y étais pas lors de la meilleure des occasions possibles. » avais-je dit en regardant ailleurs avec un air embêtée. « C'était pour une affaire de demi dieux. Il y avait Aphrodite avec d'ailleurs. Mais bon, c'est grâce à ça que je suis devenue bonne amie avec Diane. Elle est trop choupie Diane. Vous vous souvenez d'elle, n'est ce pas ? »


    Sans attendre sa réponse, j’avais enchainé. Lisbonne c'était une ville que je ne connaissais pas. Quand à Copenhague, j'avais aucune idée d'où sa se situer. C'était en Europe ? En tout cas Paris, je connaissais aussi, car François avait laissé beaucoup de souvenirs de cette ville dans ma tête. D'ailleurs, j'avais fait part de mon savoir au jeune ancien maire.

    « Paris c'est la ville de l'Amour avec un grand A et du bon vin. Il y a de très nombreux endroits où on peut en consommer et de toute sorte en plus. Et c'est aussi là bas qu'il y a le beaujolais ! C'est une fois par an qu'on fête ce jour, car il est important pour tous ! »
    m'exclamai-je avant de me rendre compte que je parlais comme une alcoolo, amatrice de vin, alors que je n'aimais pas du tout en boire.

    J'avais posé une main sur le bras de Bodhi et j'avais pris un air paniquée.

    « N'allez pas croire que je bois du vin tout le temps. J'en bois jamais ! C'est juste que dans ma tête il y a un rangement spécifique pour les grands crus. C'est Dyonisos qui y a mis ça à l'époque où on partageait le même corps. »

    J'étais sûre de ne pas avoir l'air bizarre. En tout cas, j'avais souris à Bodhi en voulant lui montrer par là que je n'étais pas dangereuse.

    « On est ici parce que la maman d'Elliot voulait qu'on passe une journée ensemble. Mais je ne savais pas qu'on vous verrait. Ce qui ne signifie pas que je ne suis pas heureuse de vous avoir revu. Bien au contraire ! C'était une excellente chose ! D'ailleurs, vous devriez passer nous voir aussi. Ca ferait sans doute du bien à Eddie de revoir les amis qu'il s'était fait. Et on pourrait l'aider pour son problème. »

    Je devenais peut-être un peu trop familière et pressante sur ce problème. J'avais retiré ma main de sur le bras de Bodhi, avant de soupirer.

    « Je suis désolé, je m'emporte facilement. Mais... on est là pour vous. Enfin, on peut s'entre aider, donc si vous avez besoin... faut pas hésiter. »

    Je m'étais approchée de Bodhi afin de lui faire une bise sur la joue. C'était en tout bien tout honneur, juste pour lui montrer qu'on était son ami. Puis, j'avais retrouvé ma position normale et je m'étais appuyée contre la rambarde.

    « Il souffre de quoi au juste ? »
    demandai-je.

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________________________________________ 2017-02-22, 22:15



Wind of change...

J'avais prétexté le besoin de me repoudrer le nez pour prendre congé du toutou à la langue bien pendue. Sans doute qu'il m'attendait encore au bar, à l'heure qu'il était. Il n'avait qu'à conter fleurette à une autre demoiselle. Je n'étais pas désespérée au point de trouver sa compagnie sympathique.

J'avais voulu rejoindre Lily et Bodhi et avais donc surpris leur conversation sur le balcon. J'étais volontairement restée en retrait, cachée derrière les lourds rideaux de velours pourpre. La discussion n'avait rien de particulier ; en revanche, un battement de coeur m'alarmait au plus haut point. Etre la déesse de l'amour était à la fois un don et une malédiction, car si j'étais incapable de savoir quand j'aimais véritablement quelqu'un, je savais par contre quand une personne éprouvait de l'inclination pour une autre. C'était particulièrement clair pour Bodhi Blu Butler. Cet oiseau de mauvais augure convoîtait ma belle-fille. Cette constatation m'arracha un sourire narquois. Le pauvre, il n'avait aucune chance.

« Il souffre de quoi au juste ? »

Un petit silence accueillit la question de Lily. Le jeune homme choisissait visiblement ses mots. Je fronçai les sourcils. Pour quelle raison ? En tous les cas, à présent, je comprenais pourquoi Eddie avait un comportement aussi singulier : il était fou.

"Il s'agit d'un mal très particulier."
déclara-t-il finalement, soucieux. "Il s'invente des choses, il se crée des moments qui n'existent pas. Il idéalise la réalité. Mais parfois, son imagination lui joue des tours et le fait basculer dans l'horreur. Alors, il a des hallucinations terribles qui lui provoquent des crises violentes."

Je poussai quelque peu le rideau. Bodhi évitait le regard de la jeune femme.

"J'aimerais beaucoup retourner à Storybrooke, vous savez. Mais... je ne pense pas que ce serait une bonne idée tant que la santé d'Eddie n'est pas stabilisée."
poursuivit-il d'un ton tendu.

Ses doigts se promenèrent sur la rambarde pour se poser sur la main de Lily. Je choisis ce moment pour repousser tout à fait le rideau et m'avancer vers eux d'un pas gracieux mais parfaitement calculé.

"Lily, te voilà !" m'écriai-je avec un sourire. "Le bal perd toute sa saveur sans toi !"

Je me stoppai juste à côté d'eux mais mon sourire disparut à mesure que je captais une émotion nouvelle. Elle flottait tout autour de nous. Je m'aperçus avec effarement que cet amour grandissant n'émanait pas de Bodhi mais de... Lily ! Je pivotai vers elle, la bouche entrouverte.

"Nous rentrons." dis-je, catégorique.

Je repoussai la main de Bodhi qui enserrait celle de la jeune femme, le saluai brièvement et téléportai Lily ailleurs, directement dans le salon de mon cottage.

"Tout compte fait, cette soirée n'était pas agréable du tout."
dis-je en gardant la tête baissée.

Je m'efforçai de ne pas regarder Lily sinon elle risquait de voir les braises dans mes yeux. J'étais à la fois bouleversée et révoltée contre elle. Comment pouvait-elle éprouver de l'affection pour ce fade Bodhi Butler ? Je lui en voulais. J'enlevai mes boucles d'oreille d'un geste rageur et les jetai négligemment sur un petit meuble bas. Finalement, n'en pouvant plus, je me tournai vers elle.

"Est-ce que... est-ce que tu n'aimes plus Elliot ?"
lui demandai-je sans détour.

Je la fixai sans ciller, essayant de ne pas la juger malgré toute la peine qu'elle m'inspirait.

"Je sais ce que j'ai perçu sur le balcon." insistai-je. "S'il y a bien une chose qui ne me trahit jamais, c'est celle-ci. Je sais quand quelqu'un ressent du désir ou de l'amour pour une autre personne."

Je plaçai les mains sur mes hanches en attendant sa réponse, l'appréhendant presque. Allais-je devoir encaisser ce coup supplémentaire ? Je savais déjà que tout était fini. L'amour était définitivement mort...

"Je ne te jugerai pas. Je veux juste... comprendre."

Je passai une main sur mes yeux avant d'expirer profondément. C'était tellement dur d'envisager que... c'était la fin de tout.

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________________________________________ 2017-03-05, 21:04


Tu es mon plus beau rêve..
...même la mort ne pourrait pas le briser.


    J'observais Aryana. Quelque chose n'allait pas. On avait quitté bien trop précipitamment Bodhi et son ami Eddie, pour revenir ici, au Cottage. J'aimais cet endroit, je commençais à y prendre goût. Mais on passait également une magnifique soirée ailleurs. Pourquoi avait-elle interrompue aussi brutalement une nuit aussi magique ?

    Je ne souhaitais pas contredire la déesse ou faire un caprice. Si on était revenu ici, il devait y avoir une bonne raison. La seule chose que je n'aurai pas pu imaginer, c'était que j'étais cette raison. Quand elle me demanda si j'aimais toujours Elliot, mon coeur s'arrêta net, si bien que j'en eu le souffle coupé. Qu'est-ce qui lui faisait penser le contraire ? Avais-je fait une chose déplacé en présence de Bodhi ?

    En l'entendant poursuivre et me dire qu'elle avait sentis que quelque chose s'était passé sur le balcon, j'avais ressentis une immense peine me submerger. Pendant l'espace d'un instant, mon souffle était resté en retrait, si bien que je m'étais assise pour ne pas perdre l'équilibre. Puis ma respiration était revenu petit à petit à la normale, à chaque pulsation de mon coeur, où je tentais de me ressaisir en me remémorant à quel point j'aimais Elliot. Parce que oui, j'aimais Elliot. C'était dur à imaginer, vue toutes les épreuves qu'on avait traversé et toutes les souffrances qui nous avaient frappés, mais l'Amour c'était ça, n'est-ce pas ? C'était souffrir pour l'autre, avec l'autre.

    Ce qu'Aphrodite avait sous entendu m'avait totalement pétrifié. Je ne savais pas si je donnais parfois ou non, l'impression de ne plus aimer Elliot. Mais ce qui était terrifiant, c'était d'avoir ressentis pendant l'espace d'un instant, cette perte totale d'Amour. Ca ne provenait pas de moi, j'en étais persuadé. C'était comme si toute l'Amour dégageait par la déesse l'avait quitté et avait emplis toute la pièce d'un Amour perdu. Une perte que j'avais ressentie dans tout mon être, si bien que j'en avais les larmes aux yeux.

    « L'Amour est terrifiant... »
    murmurai-je tout en levant les yeux vers la déesse.

    Comment pouvait-elle imaginer un seul instant qu'avec Elliot ça pouvait se terminer ? Je n'avais pas passé mes mains sur mes yeux. J'avais laissé les larmes se stopper d'elles-même. Puis, toujours en regardant la déesse, j'avais tentée de prononcer ce que je ressentais à cet instant précis.

    « Ne plus voir ses yeux me regarder. Ne plus sentir son visage proche du miens. Ni ses lèvres contre les miennes. Ca me serait totalement impossible. Elliot n'est pas seulement une possibilité à mes yeux. C'est mon présent, mon futur. Je n'imagine pas vivre sans lui. Surtout pas pour aller avec qui que ce soit d'autre. Il est à unique en son genre. »

    Je ne disais pas seulement ça pour ce qu'il était en tant que divin. Il avait des pouvoirs qui dépassaient ceux de n'importe qui d'autre, mais je n'étais pas stupide. Je savais aussi qu'il avait un côté sombre avec lequel je devais vivre avec. C'était un package complet que j'avais choisi. Le bon Elliot et la possibilité d'un futur incertain avec un Elliot qui aurait perdu tout espoir de lendemain.

    « Je n'aime pas seulement Elliot pour ce qu'il est, mais pour ce que je suis quand nous sommes ensemble. Je n'ai jamais été aussi heureuse que depuis le jour où je l'ai rencontré. Même si ce n'est pas toujours aussi simple que j'aimerai. »

    J'avais pris mon temps avant de me lever et de m'approcher d'Aryana. Qu'est-ce qui lui était arrivé ? Pourquoi on était ici ? Est-ce qu'elle allait bien ? Elle était toujours là pour prendre soin de moi, de nous, mais qui veillait sur elle pendant ce temps ? Je ne pouvais plus parler, car je ne savais pas quoi dire sans la briser davantage. Elle m'avait semblée si bien quand on était arrivé et pourtant je voyais maintenant à quel point elle devait aller mal. Quelle idiote j'avais été de juste vouloir profiter de l'invitation sans en connaître les raisons. J'avais tendue mes mains dans sa direction afin de prendre les siennes, puis j'avais continué à lui parler par la pensée. C'était plus intime, plus entre nous.

    « Quand on rencontre quelqu'un comme Elliot, on a immédiatement peur de faire sa connaissance. Je me suis adressé à lui ce jour là, chez Granny, uniquement pour fuir quelqu'un. Merida me cherchait afin de me faire son rentre dedans habituel. Il était une échappatoire. Mais ce n'était pas le genre d'homme avec lequel j'avais envie de faire connaissance. Il était bien trop beau, bien trop élégant et sa mèche avec ses cheveux m'amusait trop. Puis on s'est parlé, on a passé la journée ensemble et dès que j'ai commencé à le connaître, j'ai eu peur de l'aimer. » avouai-je à la déesse.

    Je l'observais toujours dans les yeux, sans détourner mon regard. J'essayais de lui dire par la pensée ce que l'Amour représentait à mes yeux. Quelle souffrance, quel malheur, quel bonheur.

    « Quand on apprend à connaître quelqu'un comme lui, qu'on se laisse emporter à l'aimer, on sait ce que cela va impliquer. Il était déjà parfait avant même que je sache qui il était. J'avais peur, car je savais que si il l'était aussi après avoir ouvert la bouche, je ne pourrai plus jamais me passer de lui. L'amour rend fou et Elliot me rend complètement dingue. Il n'y a pas un moment où je ne pense pas à lui. Même quand il est avec moi, il me manque. Si je pouvais, je l'attacherai à moi et je l'empêcherai de faire le moindre pas sans que je sois à ses côtés. L'Amour c'est un grain de folie et Elliot c'est mon Amour. Le seul, l'unique, celui qui fait souffrir et dont les cicatrices restes gravées en nous pour toujours. »

    Je lui avais serré un peu plus les mains. Elle devait sans doute ressentir ce que j'éprouvais pour Elliot. Je n'avais jamais confié autant de choses à quelqu'un sur ce que je pensais de notre Amour à tous les deux. Peut-être pour cela que je l'avais dit par la pensée, au lieu de parler à voix haute, de chuchoter ou murmurer. C'était bien plus intime, bien moins gênant et ça marcherait sans doute autant. Car la seule chose que je souhaitais à l'heure actuelle, c'était que cette perte d'espoir que je lisais dans ses yeux, sans doute depuis qu'avec Pascal c'était terminé, que ça lui revienne petit à petit. Que l'Amour qu'elle avait laissée échapper dans la pièce repasse à travers moi, comme je l'avais sentis quand il l'avait quitté et que ça lui revienne petit à petit. Qu'elle se rappelle, se souvienne, à quel point l'Amour est fort, brutal, passionné.

    « L'Amour qui ne ravage pas, n'est pas l'Amour, n'est-ce pas ? » lui dis-je à voix haute avant de lui lâcher les mains, pour la prendre dans mes bras et la serrer tout contre moi. « Je t'aime beaucoup maman d'Elliot. On t'aime tous beaucoup... » lui murmurai-je.

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Le Cottage des Coeurs Perdus [FE LILY] _



________________________________________ 2017-03-09, 12:27



Je suis en quête d'absolution...

On ne m'avait plus parlée d'Amour de cette façon depuis... Je n'arrivais pas à me souvenir. L'Amour qui ravage, l'Amour du risque, si délicieux et terrible à la fois. Le sentiment le plus merveilleux du monde qui vous remplit d'un bonheur infini... avant de vous terrasser et de vous laisser le coeur battant et vide.

J'avais senti une chaleur m'envahir au fil des mots pensés par Lily. Sa sincérité me bouleversait. Elle avait éveillé en moi une émotion nouvelle que je ne parvenais pas à identifier. De quoi s'agissait-il ?

« L'Amour qui ne ravage pas, n'est pas l'Amour, n'est-ce pas ? »
déclara-t-elle finalement en me lâchant les mains.

Je me sentis aussitôt chavirer, comme si je m'éloignais à contre-courant. Heureusement, la jeune femme me prit dans ses bras et me serra très fort.

« Je t'aime beaucoup maman d'Elliot. On t'aime tous beaucoup... »

A quel moment avais-je commencé à pleurer ? Je m'en apercevais seulement maintenant. Des larmes silencieuses avaient coulé le long de mes joues. Assaillie par le remord, j'étreignis Lily avec chaleur, mon regard noyé levé vers le plafond immaculé.

"Je suis désolée... Je suis désolée..."
balbutiai-je.

Des sanglots incontrôlables firent tressauter mes épaules mais je ne voulais pas lâcher la jeune femme. Mes nerfs venaient de lâcher. Tout le chagrin accumulé depuis des mois s'échappait sans interruption par les fenêtres grandes ouvertes de mes yeux. J'avais passé mes bras autour de Lily et je ne sais combien de temps je restai à la serrer, m'y cramponnant presque comme une égarée à une bouée de sauvetage. Hélas, je ne parvenais pas à me calmer. L'Amour était revenu à flots dans mon coeur mais il était bien trop grand, bien trop imposant. Il m'étouffait presque. J'avais un poids trop lourd sur la poitrine.

Refusant l'idée de pleurer davantage sur ma belle-fille, je m'éloignai d'elle et parvins à articuler entre deux sanglots :

"Mer... merci."

Je fis apparaître un mouchoir dans lequel j'essuyai mes yeux qui se remplirent aussitôt de larmes. Durant quelques secondes, je retrouvai mon calme, me mordant les lèvres afin de me retenir de pleurer, avant de fondre de nouveau en larmes. J'agitai mon mouchoir vers Lily tout en sanglotant, comme pour lui signifier que ça allait finir par passer. Pour autant, je n'étais pas rassurée : jamais encore je n'avais pleuré aussi longtemps sans interruption.

Lily m'avait dit qu'ils m'aimaient tous mais je n'étais pas certaine que cela se maintiendrait si je lui avouais que j'avais sérieusement envisagé de tuer Apolline pour sauver le monde. J'hésitai à le dire, à crever enfin l'abcès mais je ne trouvai pas le courage. J'aurais aimé lui révéler que Pascal avait fait le bon choix en rompant avec moi, qu'ils feraient tous mieux de me tourner le dos avant que je ne détruise davantage leurs vies, mais... j'étais lâche, en fin de compte. Je restai silencieuse, m'étouffant avec mes sanglots enragés. Ce qui me fit pleurer encore plus. En vérité, je me détestais tellement...

L'Amour flottait autour de moi, ne cherchait qu'à entrer dans mon coeur, mais je me trouvais indigne de lui.

"Lily, je..."

Prenant une grande inspiration, je saisis ses mains et la fis asseoir sur le sofa, juste à côté de moi. Je cherchai mes mots, je ne savais comment révéler une aussi terrible vérité.

"Je ne pense pas que tu devrais m'aimer. J'ai voulu faire une chose si horrible pour tous vous protéger... Je sais que dès que je te le dirai, tu ne voudras plus jamais me parler. Et tu auras sans doute raison..."

J'expirai plusieurs fois, essayant de calmer mes sanglots, mais je parvenais à peine à m'exprimer. Evitant son regard, j'avouai à contrecoeur :

"J'ai voulu causer la mort d'Apolline. Quand tous les demi-dieux ont contracté l'étrange maladie à cause du déséquilibre causé par le Sable Noir, je me suis dit que c'était la meilleure solution pour que tout redevienne comme avant."

Je déglutis avec peine et poursuivis, les yeux fixés sur un défaut dans les boiseries blanches :

"Je n'ai pas mis ma menace à exécution. Je... Je me suis dit que si j'en venais à une telle extrémité, je vous perdrais tous. C'est sûrement le cas à présent mais au moins... vous savez."

Je cachai mon visage dans mes mains, courbée en avant sur le sofa. J'avais tellement honte... Lily m'avait brisée avec sa déclaration d'amour et je n'avais eu d'autre choix que de capituler.

Soudain, j'entendis le bruit d'une guitare acoustique au dehors, ainsi que d'un... accordéon ? Déconcertée, je me redressai et me dirigeai vers la fenêtre que j'ouvris. En contrebas, au milieu de la prairie, deux musiciens se produisaient. Ils avaient garé leur voiture sur le chemin de graviers -un vieux véhicule de marque française- alors qu'ils portaient toujours leurs costumes début XIXème siècle. Le plus petit donnait tout ce qu'il avait sur un accordéon alors que le plus grand chantait tout en grattant sa guitare. Ils formaient de sérieux anachronismes.

Stupéfaite, je m'appuyai contre la fenêtre ouverte, écoutant la voix douce et vibrante de Bodhi Butler :

"Lips are turning blue
A kiss that can't renew
I only dream of you
My beautiful

Tiptoe to your room
A starlight in the gloom
I only dream of you
And you never knew

Sing for absolution
I will be singing
And falling from your grace

There's nowhere left to hide
In no one to confide
The truth burns deep inside
And will never die."


Il avait fermé les yeux. Comment pouvait-il savoir ? En tous les cas, la chanson sur l'absolution tombait à pic. J'étais bouleversée. Quand les deux hommes achevèrent leur musique, Eddie lança à travers la campagne tout en soutenant son accordéon :

"Vous aviez l'air tellement triste qu'on s'est dit qu'on allait venir vous remonter le moral ! Une sérénade, ça fait toujours du bien par là où ça passe !"

Une nouvelle larme roula sur ma joue alors que je souriais faiblement. Je devenais bien trop sensible, ce n'était pas bon signe.

Pourquoi Eddie et Bodhi étaient-ils si gentils avec moi ? Etait-ce juste pour saluer ma beauté et mes charmes ? Tant d'hommes y avaient succombé par le passé... Pourtant, j'avais envie de croire qu'ils étaient différents des autres. J'avais besoin de me raccrocher à cette éventualité. En plus, cela faisait si longtemps que plus personne n'avait chanté sous ma fenêtre. J'étais touchée par le geste.

Je redoutais toujours la réaction de Lily. Peut-être allait-elle souhaiter rentrer chez elle ? M'oublier ? Je n'osais pas me retourner.

lumos maxima

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Arpenter à jamais le royaume des cauchemars n'est pas sans une certaine ténébreuse splendeur.
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