« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver.
Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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 Highway to Hell ϟ ft. mon poussin ♥

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Highway to Hell ϟ ft. mon poussin ♥ _



________________________________________ 2017-05-20, 19:31

Highway to Hell
Titi & Grosminet ♥

À : mon poussin
10:38 : Ramène tes fesses. Urgence maximale. Prépare une valise, on va bouger.
10:39 : Prends pas ton t-shirt bleu, il est trop moche. Si tu cherches le petit haut orange, je l’ai brûlé, c’était criminel de le garder. Même les bonnes oeuvres en ont pas voulu.
10:40 : Ne touche pas à cette robe. Repose-la TOUT DE SUITE. Prends celle que tu mets jamais, la noire. T’apprendras à l’aimer.
10:41 : Qu’est-ce que tu fabriques ?? Tu viens en pédalo ? Ça fait déjà 1mn que tu devrais être là ! M’oblige pas à venir te chercher.

C’est fou ce qu’un petit texto de rien du tout peut entraîner comme conséquences désastreuses. A peine quelques mots, un doigt qui glisse malencontreusement sur envoyer, et paf, le destin est en marche. Sacré farceur celui-là. Le meilleur scénariste que je connaisse.

Le café brûlant remplit ma tasse à raz-bord, laissant s’élever une vapeur parfumée corsée à souhait. Coiffée d’un chignon fait à la va-vite d’où quelques mèches se faisaient la malle, je dégustais tranquillement une impressionnante pile de pancakes au sirop d’érable. Le petit-déjeuner était le repas le plus important de la journée. Je ne plaisantais pas avec ça. C’était un moment sacré. Le Daily Mirror étalé sur la table, j’en feuilletais les pages. Ce journal était bourré de banalités plus accablantes les unes que les autres. Storybrooke était une ville bien trop paisible. Ce n’était pas faute d’essayer d’y mettre du piment. Mais même une concentration ultra-saturée de créatures improbables ne suffisait pas à faire monter la jauge de divertissement. Calme plat. Dans un profond soupir de lassitude, je bus une grande gorgée de café. Puis, je reposai la tasse pour m’étirer. Bras en l’air et jambes tendues, je sentais mes muscles se décontracter après une longue nuit de sommeil. Un bâillement m’échappa, à me déboiter la mandibule. Avant midi, c’était petite vitesse et grands mouvements. Il ne fallait pas trop m’en demander. Je me levai, enfin décidée à aller m’habiller. Je remis en place mon short en soie noire assorti à mon haut à bretelles fines, et resserrai la ceinture de mon kimono imprimé de roses rouges. Mes mules modèle Princetown de chez Gucci en cuir doré (l’or, ça va avec tout) me portèrent jusqu’au hall d’entrée afin d’accéder à l’escalier principal menant aux étages. Soudain, alors que j’allais grimper sur la première marche de marbre blanc, la porte s’ouvrit violemment sur une silhouette que j’aurais reconnue entre mille. Mon poussin ! m’écriai-je, radieuse. Emily me semblait un peu essoufflée, comme si elle venait de courir un cent mètres. Ses cheveux blonds encadraient un visage passablement contrarié (comme d’habitude) et presque anxieux. Il y avait un contraste évident entre l’attitude de la nouvelle arrivante et ma désinvolture affichée. Une main dans la poche de mon kimono, l’autre tenant le dernier pancake moelleux. T’es bien matinale, quel bon vent t’amène ? Mon coincoin préféré me rappela alors la raison de sa venue précipitée pendant que j’enfournais la fin de mon petit-déj’ dans ma bouche. Oooh ça, fis-je quand tout me revint, j’avais complètement zappé, tu fais bien de me le dire. Tu vas rire, en fait j’ai programmé l’envoi des messages hier soir, au cas où je me réveille pas à temps… ce qui est arrivé d’ailleurs. Mais fallait pas les prendre autant à cœur ma poule ! Je savais que ça allait te faire flipper. En tout cas, si jamais j’ai un problème un jour, je pourrai compter sur toi dans les… 10 minutes qui suivent ? Hm. En 10 minutes, il pouvait s’en passer des choses. Je pouvais faire une crise cardiaque, finir étouffée par un muffin trop sec, ou pire, me noyer dans la douche. Va falloir t’améliorer. Tu peux mieux faire. Ignorant impérialement les vociférations de la blondinette, j’entrepris l’ascension de l’escalier. Pose tes affaires, assieds-toi sur le canapé, fais comme chez toi. Je vais m’habiller… Ah, Alfred ! Est-ce qu’il reste quelques-uns de ces délicieux petits gâteaux que tu as faits hier soir ? … Je les ai finis… dans mon sommeil ? Ah. Bon tant pis, sers ce qu’elle veut à Emy. Elle doit être déshydratée après avoir autant transpiré. Je sens sa sueur d’ici. J’avoue, les petits gâteaux étaient plus pour moi que pour mon invitée. Mais ça, ce n’était pas la peine de le préciser. Tout le monde l’avait très bien compris.

Quand je revins au rez-de-chaussée, j’arborais un t-shirt noir à col en V et aux manches roulottées, avec une discrète inscription manuscrite too cool for you en haut à gauche, rentré dans un short en jean brut taille haute qui mettait en valeur mes jambes. Sur mes épaules, j’avais posé une veste en jean noire avec une tête de lion brodée dans le dos. Pour les accessoires, je restais sobre : un ensemble de fins colliers, presque une bague à chaque doigt, un carré de soie noué autour du cou et, indispensable, une pair de lunettes de soleil. Sans oublier mes éternels sandales à talon aiguille. La panoplie parfaite pour ce que j’avais prévu. Allez, on décolle ! Ni une ni deux, je déboulai dans la cour où m’attendait une Range Rover Evoque blanche. Mes valises y étaient déjà entreposées. Mains sur les hanches, je souriais à l’idée du séjour que j’avais concocté pour changer les idées de mon poussin. Ça allait être bien. Ça allait être bien bien bien.

Emi Burton


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Highway to Hell ϟ ft. mon poussin ♥ _



________________________________________ 2017-06-08, 01:41



Highway to hell
Titi & Grosminet



Blake était certainement la fille la plus chiante qu'elle n'ai jamais rencontré. Et encore, le mot était faible. Blake était... Blake. Un mélange de ciguë et de lavande savamment distillé dans votre petit déjeuner. De quoi rendre la vie aussi courte qu'intense.

Non sérieusement, pourquoi est ce qu'elle la harcelait de messages ? Hein ? C'était pas parce qu'elles avaient attrapé ensemble un abrutie de voleur - un simple concours de circonstances - que tout de suite elles étaient les meilleures amies du monde.... Elle hésita un instant avant de plonger la main dans la poche de sa veste pour zieuter rapidement le message, des fois que ce soit important. OK, le premier message était déjà suffisamment inquiétant pour qu'elle remette le téléphone dans sa poche et ne mette son casque sur sa tête avant de démarrer en trombe. Si Blake l'avait faite déplacer pour rien, elle lui ferait avaler son petit nez refait.

Elle déboula dans sa maison - on appelait ça vraiment une "maison" ? - au moment ou son.. amie - rien que de penser ce mot la faisait se sentir mal a l'aise - au moment ou visiblement elle allait remonter. Pas de traces d’effraction, et elle n'avait pas l'air plus inquiète que ça. a croire que la situation était quasiment normale pour elle ? Emily se força a se détendre, les sens toujours en alerte, prête a bondir sur le moindre truc un peu menaçant.. Ah non, ce n'était que Blake.

"Mon poussin !" Emily grinça des dents. Non mais sérieux elle allait lui faire le coup combien de fois encore ? "T’es bien matinale, quel bon vent t’amène ?

"Tu te fous de moi ? Tes messages a la con m'ont fait croire qu'il y avait urgence pas que tu t'étais juste... cassé un ongle ou je sais pas quoi !"


"Oh ça.. j’avais complètement zappé, tu fais bien de me le dire. Tu vas rire, en fait j’ai programmé l’envoi des messages hier soir, au cas où je me réveille pas à temps… ce qui est arrivé d’ailleurs. Mais fallait pas les prendre autant à cœur ma poule ! Je savais que ça allait te faire flipper. En tout cas, si jamais j’ai un problème un jour, je pourrai compter sur toi dans les… 10 minutes qui suivent ?"

"... Si tu veux j’abrège tes souffrances sur le champ."


Emily jeta un regard a Alfred, le défiant de ne serais ce que lui proposer quoi que ce soit, avant de s'avancer d'un pas rageur vers le salon et de s’effondrer dans le canapé dans lequel elle s’enfonça littéralement. Elle resta quelques instants, les bras furieusement croisés en pesant le pour et le contre de se barrer tout de suite. Puis dans un soupire elle se pencha et attrapa la télécommande pour allumer la télé et se mettre a zapper dans l'espoir de trouver un truc qui lui occuperai l'esprit; Vue le ombre de chaînes qu'avait Blake, elle aurait pu passer des jours la sans jamais retomber sur la même. Ce fut finalement un combat de catch qui retint son attention. Elle étudia les postures, les angles et la vitesse des attaques, et nota mentalement d'en essayer certaines dés qu'elle en aurait l'occasion. Lorsque Blake daigna descendre (après une éternité), Emily se demanda comment elle réussissait encore a bouger avec tous les bijoux qu'elle avait sur elle. Non mais c'était dingue, comment une nana comme elle pouvait espérer arriver a quoi que ce soit comme ça En réalité elle savait que c'était injuste et que Blake pouvait se montrer très menaçante quand elle voulait - en particulier avec une chaussure a talon - mais ça n’empêchait que ça la choquait a chaque fois qu'elle la voyait.

La différence flagrante qui existait entre elle, la chasseuse de primes en jean et en blouson de cuir, et Blake, banquière habillé en prada faisait presque mal aux yeux quand on les voyaient l'une a coté de l'autre. Enfin, elle se décida a l’emmener a l’extérieur pour lui montrer une.. voiture Blanche comme si c'était le diamant le plus précieux du monde.

"C'est... moche."
lâcha Emily sans la moindre once d'hésitation, ignorant monumentale l’air outrée que pouvait avoir Blake. Quoi, si il c'était agis d'une moto ou d'un modèle ancien elle aurait peut être pu s’intéresser a ça, mais Emily trouvait ce petit joujou bien trop.. claquant et surfait. Elle jeta un regard a Blake. "Non sérieux c'est pour ce truc que tu m'as fait venir ?" Elle s’arrêta une seconde, avant de lui jeter un regard méfiant. "Tu penses quand même pas que je vais monter dans ce machin n'est ce pas ? Non. Non c'est une très mauvaise idée. C'est hors de question Blake."

* * *

"Je t'avais dis que c'était une mauvaise idée..."
grommela elle en activant le cric. Bah quoi, après tout il ne fallait pas que madame salisse ses jolies chaussures, alors qui se tapait le sale boulot, encore ? "Les voitures comme ça c'est vraiment de la camelote franchement ! Et puis c’était vraiment une idée débile de venir dans ce coin paumé ! En plus t'as même pas prévue de pneus de rechange !"

Le must du must ? Elles n'avaient pas la moindre trace de réseau. Le pieds quoi. Emily angoissait, elle était quasiment certaine que Figue allait mourir dans la journée, desséchée par la faim, la soif et le désespoir si elle ne donnait as de nouvelles. Dire qu'elle avait naïvement cru qu'il s'agirait d'une sortie"rapide". Voila qu'a présent elle était bloquée sur la route 66 avec Blake. Quels super vacances, vraiment.... Emily se redressa, susurrant le fond avec le dos de la main tout en jetant par terre le chiffon qui lui avait permis de retirer la majeur partie de l'huile qui recouvrait ses mains et es bras, et dont quelques gouttes c'étaient perdues sur son visage.

"C'est foutue ton modèle est bien trop... bref. Je manque de tout, d'outils, de matériel... Et on a plus d’essence non plus je tiens a te signaler. "


Elle soupira en e retenant de lui jeter un regard mauvais, avant, d'au loin, d’apercevoir une.. tache qu'elle n'avait pas vue avant. Une main en visière sur ses yeux, Emily observa les bâtiments que le soleils avait dévoilé pour finir par émettre un jugement.

"Bon. On va aller la bas, je suis quasi sure qu'ils pourront nous aider, au pire on leur filera une de tes breloques..."
Elle n'en avait rien a faire que Blake soit accros a l'or. Pour le coup c'était s faute si elles étaient la ! Certes, même si elle ne se l'avouerai jamais, Emily avait apprécié ce début de voyage. Les vitres baisses au maximum, une musique rythmée pulsée par les hauts parleurs de la voiture et sa main qui était naturellement venue jouer avec le vent.... Oui, elle c'était détendue au point de mettre les pieds sur le bord de la fenêtre et de se laisser aller a chantonner discrètement de temps en temps. Dingue ça quand même ! Avant elle ne se serait jamais permis un tel acte de faiblesse... traîner avec Blake l'affaiblissait.Et évidemment il avait fallut que tout foire.

"ON, dont toi ET moi , pousse la voiture jusque la bas, on verra bien ce qu'on y trouvera... faut que je passe un coup de file."


Deux, se corrigea elle mentalement mais ça Blake n'était pas obligée de le savoir. Déjà qu'elle avait tendance a fourrer son nez partout, si sa vie privée pouvait rester.. privée, ce serait bien. Ce ne fut que trois kilomètres, dix litres d'eau perdue et au moins la lecture complète de trois dictionnaires de jurons qu'elles arrivèrent devant un motel un peu miteuse, couvert de poussière du désert. Il n'y avait pas un chat, ou plus tôt si. De nombreuses voitures - couvertes par la poussière du sable pur la plus part - étaient garées le long du parking. Mais sinon on entendait pas un bruit, seulement le tintement d'un carillon prés de l'entrée. Emily - qui pour le coup approuvait l'idée de Blake d'une bonne douche - passa son bras sur son visage encore humide de sueur et s'approcha de l'entrée du motel, sonnant a la petite clochette installée sur le bureau.

Il y eut quelques secondes de battement puis de petits pas se firent entendre et bientôt une silhouette fine aparru Une grand mère affublée d'un chignon d'un blanc neigeux leur fit un grand sourire.

"Bienvenue au Terminus Mesdemoiselles ! Que puis je pour vous ?"



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Highway to Hell ϟ ft. mon poussin ♥ _



________________________________________ 2017-06-16, 00:15

Highway to Hell
Titi & Grosminet ♥

C’est… moche. Je posai une main sur ma poitrine, scandalisée par cette remarque des plus désolantes. Moche, mon nouveau bébé ?! N’importe quoi. C’était un bijou. Bon ok ça ne valait pas mes Rolls Royce (rien ne vaut une Rolls), mais quand même. Mon poussin avait encore moins de goût que je ne pensais. Il suffisait de voir sur quelle bécane elle roulait. Cette chose immonde cumulait à elle seule au moins trente-quatre fautes de style. Je devais penser à remédier à ce problème un de ces jours… Non sérieux c’est pour ce truc que tu m’as fait venir ? Ce truc comme elle disait, allait être le meilleur week-end de sa vie. Rien que ça. Faisant fi des protestations d’Emily (de toute manière elle n'était jamais contente la miss Sourire), je grimpai sur la place conducteur et mis le contact. Monte au lieu de ronchonner comme une petite vieille. T’auras le temps de t’inquiéter une autre fois. Puis tu sais que j’adore les mauvaises idées. Sur ces paroles très rassurantes, je démarrai en trombe, les pneus crissant sur le gravier. Nous quittâmes Storybrooke en moins de temps qu’il ne le faut pour dire ouf, manquant d'écraser un ou deux piétons peu prudents. Pas ma faute s’ils regardent jamais où ils vont. Une fois sur les grandes routes, je restai appuyée sur la pédale d’accélérateur. Le compteur de vitesse montait montait montait… Musique à fond, un bras accoudé sur la vitre baissée, je pilotais mon bolide en mode fusée comme s’il s’agissait d’une promenade de santé. Merci les réflexes de Manticore. Et si jamais nous croisions des agents de l’ordre, ils ne pourraient jamais nous rattraper avec leurs voitures pourries.
Les paysages défilaient au fur et à mesure que nous traversions les états en direction de l’Ouest. Le décor changeait, se faisant plus aride. Du coin de l’oeil, je vis qu’Emy commençait enfin à se détendre. Pas trop tôt. Elle était tellement crispée d’habitude que ça m’étonnait qu’elle n'ait pas plus de hausses de tension. Keep cool. J’esquissai un petit sourire de satisfaction. Ce n'était pas donné à tout le monde de “dé-Grincher” le poussin. Pourtant, elle devait bien savoir que tirer la tronche à longueur de journée donnait des rides. À croire qu’elle n’en avait rien à faire.

La route 66. Trajet mythique. Le voyage avait beau être long, il n’en restait pas moins grisant. Cette traversée du désert valait tous les circuits touristiques. Un vrai bain de liberté sauvage. Nous passâmes devant un panneau (le premier depuis un certain temps). Celui-ci indiquait en lettres capitales que nous entrions dans une région appelée le Cimetière du Diable. Ça en jette. l’asphalte continuait tout droit à perte de vue. Autour, ce n'était qu'un désert sans fin. Pas un brin d’ombre. Bon, de toute façon, nous ne faisions que passer. J’avais prévu de rouler jusqu’à Las Vegas. Cette ville était l'endroit idéal pour qu’Emily oublie l’espace d’un instant sa misérable existence. Et surtout, j’avais une vente pas très très légale d'œuvres d’art (pas très très légales non plus) à effectuer là-bas. Mais ça, mon poussin n'était pas obligé de le savoir.
Malheureusement, mes plans furent compris par un imprévu plutôt handicapant : la Range Rover décida de rendre l’âme, au milieu de nulle part. Pas de panique, laisse-moi juste le temps de passer un coup de fil et… pas de réseau. Quand le sort s’acharne… Nous sortîmes de la voiture et Emy s’embarqua dans une opération à moteur ouvert tandis que je m’asseyais tranquillement sur le rebord du capot, juste à côté d’elle. La mécanique c'était bien sympa, mais ma manucure datait de la veille alors… J’écoutais d’une oreille distraite les grommellements de la blondinette. Une chose m'embêtait plus que le reste : elle était de nouveau angoissée. Mais c’est pas possible d'être une aussi grande flippée de la vie ! À ce niveau-là, c'était soit un don soit une maladie. C’est foutu ton modèle est bien trop… bref. Je manque de tout, d’outils, de matériel… Et on a plus d'essence non plus je tiens à te signaler. Je regardai les entrailles de ma voiture comme un chirurgien face à un patient condamné. Hm… ça veut dire qu’elle va pas remarcher, c’est ça ? Résignée, je me relevai, époussetant mon short. Bon. On va aller là-bas, je suis quasi sûre qu’ils pourront nous aider, au pire on leur filera une de tes breloques… Breloques. On aura tout entendu. Pff. Je plissai mes yeux sombres dans la direction qu’indiquait mon poussin. Mouais. Ça ne m’inspirait pas trop confiance. Emily m’ordonna (elle prenait drôlement des aises la cocotte) de l’aider à pousser le véhicule jusqu’au bâtiment dans le lointain. Tu plaisantes j’espère ? Ah non. Je me fis violence et donnai un coup de pouce à Emy. Déplacer une voiture de ce gabarit était tout à fait dans mes cordes. J'aurais pu le faire seule. Mais ça faisait du bien à la blonde de se défouler sur autre chose que moi. Aussi, je ne mis pas trop de force dans ma tâche, me contentant du minimum. Et c’est ainsi que j’arrivais sans un gramme du sueur devant un motel digne des films d'horreur de série B. Il ne manquait plus qu’une nuit sans lune avec l’enseigne clignotante et on y était. Les allergiques aux acariens, passez votre chemin. Rien qu’à voir l'état des lieux, j’ai envie de me prendre une bonne douche.
Dans le hall d’entrée où nous venions de débarquer avec nos valises, une mamie nous accueillit en nous gratifiant d'une vue imprenable sur son dentier. Elle avait largement dépassé l'âge de la retraite pourtant… Bienvenue au Terminus mesdemoiselles ! Que puis-je pour vous ? Raser le motel ? Nous téléporter dans une suite luxueuse d’un building de Las Vegas ? Je m'avançai pour prendre la parole. Est-ce que vous avez un mécanicien et un pompiste dans votre trou paumé ? Bonjour et s’il vous plaît, ce sera pour demain. Ce que me dit la vieille peau ne plut pas du tout. Comment ça le camion de maintenance ne viendra que dans deux jours ?! Vous vous foutez de moi ! On a des trucs de prévu, on a pas que ça à faire ! Vous pensez que j’ai envie de passer mon week-end ici, moi ? Un rire nerveux m’échappa. Je voyais ma vente avec les amateurs de contrefaçons s’envoler au loin. J’inspirai à fond pour me calmer. Nous étions coincées dans ce taudis. Ça vaut pas Las Vegas, mais au moins c’est folklorique, ironisai-je, amère. L’ancêtre nous expliqua alors qu’il n’y avait rien à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde, et que le seul contact avec l’extérieur était un téléphone fixe datant des années quatre-vingt. Il fonctionnait toujours ? Pendant que je sortais ma carte gold pour payer une chambre d’un air écœuré, Emily partit passer son coup de fil. Je me demandais bien qui pouvait assez s'inquiéter de son absence pour qu’elle le prévienne. Au pire, je pourrais toujours demander la liste d’appels plus tard. Par pure curiosité.

Aucune chambre n'était disponible pour le moment. Nous devions patienter quelques minutes le temps qu’un client parte. J'étais très étonnée qu'un établissement aussi minable puisse être plein. Les pannes d'essence devaient être fréquentes dans le coin. L’hôtesse me proposa de me soulager de mes bagages. Je la fusillai du regard, entourant une valise marron de mes bras. ON. NE. TOUCHE. PAS. À. MES. AFFAIRES. Surtout pas cette valise. Contrairement à ce que l'on pourrait penser (et ce qui aurait été tout à fait légitime), le contenu de cette fameuse valise était on ne peut plus légal. C'était ma réserve de nourriture en cas de problème. Et si le restaurant jouxté au motel était aussi lamentable que ce dernier, les problèmes n’allaient pas manquer.
Je m’installai sur une chaise en plastique pour patienter. Ce séjour va être d’enfer. À cet instant, je n’imaginais pas à quel point mes pensées allaient s’avérer exactes. En attendant, je me remémorais les souvenirs de ma rencontre avec mon poussin. Là aussi ç’avait été haut en couleurs.


Banque de Storybrooke, quelques mois plus tôt…

Horreur. Malheur. Un crime d'une atrocité innommable venait d'être commis dans mes locaux. Un voleur (tare de l'humanité) avait dérobé plusieurs tableaux durant la nuit. Et ce, sous les yeux des agents de surveillance, bien installés dans le poste de contrôle. J'étais hors de moi. S'il y avait bien une chose qui me mettait en pétard, c'était que l'on s'accapare ce qui m'appartenait. Les hommes de main que j'avais réunis dans mon bureau ainsi que ces incapables de vigiles étaient à la limite de se faire dessus. Non. Des tableaux, ça ne disparait pas. Ça se déplace, mais ça ne se volatilise pas. S'ils ne sont plus là, c'est qu'ils sont ailleurs. Alors trouvez-les. Chaque syllabe de mes paroles était venimeuse comme le dard d'un scorpion. Le visionnage des enregistrements provenant des caméras n'aida pas à faire baisser la pression. On y voyait clairement cette raclure de la pire espèce partir avec mes peintures dans un nuage de fumée. Quel enfoiré. Le stylo que j'avais dans la main se cassa en deux sous mes doigts. D'un geste agressif, je pris un mouchoir pour essuyer l'encre sur ma paume. Dégagez. Je veux plus vous voir avant que la tête de ce sale rat ne soit raccrochée à son corps. Pour évacuer ma colère, j'envoyai valser la lampe de bureau. À ce moment, la grande porte en bois s'ouvrit sur un petit bout de femme à la mine pas très aimable. Je levai vers elle un regard exaspéré et suffisant : Si c'est pour un emprunt pour une intervention de chirurgie esthétique -aussi urgente soit-elle-, c'est vraiment pas le moment. Repassez plus tard. Ou jamais d'ailleurs, pour ce que j'en ai à foutre.

Emi Burton


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Highway to Hell ϟ ft. mon poussin ♥ _



________________________________________ 2017-07-16, 02:18



Highway to hell
Titi & Grosminet



Bienvenue au Terminus mesdemoiselles ! Que puis-je pour vous ?

Comment ça le camion de maintenance ne viendra que dans deux jours ?! Vous vous foutez de moi ! On a des trucs de prévu, on a pas que ça à faire ! Vous pensez que j’ai envie de passer mon week-end ici, moi ?


Emily leva les yeux au ciel en laissant ses bras tomber contre ses cuisses d'un air fataliste. Elles étaient maudites, ce voyage était une bêtise sans nom dont elles n'allaient probablement jamais revenir, ou en tout cas revenir trois fois plus fatiguées qu'a leur départ. Elle ne savait même pas pourquoi elle avait accepté de la suivre au final. Bon, c'était Blake donc pour lui résister il fallait vraiment avoir envie de rester chez soit – elle était capable de la kidnapper si elle le voulait – pour pouvoir avoir l'énergie de lui dire non.

Mais bon.

Elle était partie pour aller jusqu'à la cabine téléphonique pour appeler Luke, mais en moins de cinq minutes elle avait été coupée. La jeune femme n'avait pu que lui dire de passer nourrir Figue – bon sang cette petite était un animal de compagnie plus qu'une humaine – avant que la communication ne soit interrompue. Elle n'avait même pas pu lui dire ou elle se trouvait ou quand elle rentrerait.

Elle avait laissé Blake payer sans le moindre scrupule. De un elle était richissime et de deux, c'était de sa faute si elles se retrouvaient dans une situation aussi... pénible ! Alors elle pouvait bien lui payer la chambre non ?

Elle se laissa tomber sur le siège a coté de la jeune femme avec un soupire en lâchant, un air amusé sur le visage :

« J'espere que t'as pris toutes les options et qu'il y aura au moins la télé. »


Parce que si elle loupait son épisode du jour, elle ferait un malheur...


Banque de Storybrooke, quelques mois plus tôt…

Et voilà. Ces flics étaient des incapable, sérieusement qui laisserai un criminel pris en flagrant délit seul dans une salle le temps d'aller chercher de la paperasse ? Non mais vraiment ils n'en loupaient pas une. Elle avait mis des mois a choper cet abrutie de Passy, et maintenant il était a nouveau en liberté, ravis de passer dans les maisons des gens pour leur piquer ce dont il avait envie. Ses dons de sorcier lui faisait vivre un véritable enfer et permettait non seulement d'entrer partout mais aussi de repartir sans le moindre soucis. La seule chose qui lui avait permis de choper ce crétin c'était ses menottes spéciales et une énorme dose de patience.

Patience qu'elle sentait s’effiler comme une peau de chagrin au fur et a mesure que le flic qu'elle avait face a elle lui expliquait la situation. Deux semaines qu'elle le poursuivait et la il essayait de lui expliquer la situation ? Elle allait le frapper ou lui fracasser le nez au choix.

« Ecoute mon gars, tu me laisses passer et faire mon job, parce que vous êtes incapable de garder un type en cage plus de deux heures et que franchement j'en ai ras le bol de devoir passer derrière vous. »


Et sans réelement lui laisser le choix elle passa a coté de lui, le bousculant légèrement pour pénétrer dans la banque.

Habituellement les chasseurs de primes n'étaient pas bien considéré par la police. Trop imprévisibles, incapable de suivre les règles et ayant l'habitude de foncer dans le tas sans prendre en compte le reste, les chasseurs de primes étaient l'antithèse des flics. Quand a ces derniers ils étaient soient trop bureaucrates soit pourris jusqu'à la moelle, toujours a devoir attendre une autorisation pour faire quoi que ce soit qu'ils s'attiraient le mépris des chasseurs de primes. Pourtant ils avaient besoin les uns des autres et se toléraient donc dans le monde du travaille.

Mais Emily a Storybrooke avait développé une sacré réputation et plus d'une fois elle avait rattrapé des erreurs de la police. Elle jouissait d'un certain respect un peu inquiet, ce genre de sentiments que les gens développent lorsqu’ils reconnaissent une personnes capable du mieux mais dont les méthodes doivent rester ignorées. Emily était un électron libre, incontrôlable et possédait un réseau dont on ignorait l'étendue.

Un bruit de verre brisé lui fit tourner a tête alors qu'elle entrait dans le grand bâtiment, ses cheveux tombant sur ses épaules en rythmes. Le bâtiment était d'une propreté tout simplement hallucinante. Elle pouvait presque voir de petites étoiles briller sur les meubles, et le sol brillait tellement qu'elle aurait presque pu voir son reflet en se penchant dessus.

Sans hésiter elle poussa la porte de l'endroit d'ou provenait le bruit, apercevant a ce moment une dizaine de personnes rassemblé autour d'une femme et d'un bureau. Bingo.

« Si c'est pour un emprunt pour une intervention de chirurgie esthétique -aussi urgente soit-elle-, c'est vraiment pas le moment. Repassez plus tard. Ou jamais d'ailleurs, pour ce que j'en ai à foutre. »

Elle haussa un sourcil. C'était quoi cette.... oh misère. Elle allait l'emplafonner. Emily croisa les bras, pas du tout impressionne par cette mégère aux grands aires. Avec ses talons hauts et son maquillage, elle était certaine de pouvoir l'étaler en moins de deux. Et puis tout le monde savait que les chiens qui aboyaient le plus fort ne mordaient pas.

« On a pas toutes besoin de se plastifier le visage pour ressembler a quelque chose ma belle »
lâcha elle d'un ton suffisant. « Mais je suis pas la pour ca. J'viens juste récupérer les enregistrements du vol, a moins que vos gribouillis ne valent rien a vos yeux » ajouta elle avec un air moqueur.

Vue comment ils étaient assuré et le poactol qu'elle allait touché si elle les ramenait, elle en doutait. Elle savait que ce genre de peinture valaient des mille et des cents, même si pour elle il ne s'agissait que d'une vaste arnaque. Franchement n'importe qui pouvait prendre un pinceau, faire des taches au pif et mettre sur le coté un chiffre avec cinq zéro. L’interprétation profonde sur le pourquoi du comment ils avaient fait ca venait en général au moment ou ils parlaient avec de potentiels futurs acheteurs.

« Vous êtes de la police ? »
demanda l'un des hommes présent dans la piece.

Emily s'avanca, le toisant des pieds a la tête.

« J'ai l'air d'être aussi manchote que ces débiles en uniforme ? Non, alors maintenant tu dégages de mon chemin ou je te brise les genoux. »


Immédiatement on lui donna accés au bureau, la laissant seule face a la directrice.

« Blake Malone c'est ca ? »
demanda elle sans réellement attendre de réponse. Elle avait fais ses devoirs. « Emily Lame-Duck. Je travaille en collaboration avec la police... bref, c'est a mon nom qu'il faudra faire le chèque. »

Ouais parce que niveau collaboration on connaissait mieux quand même. Elle qui faisait 95% du boulot et les flics le reste... Elle se pencha, appercut le disque dur et les papiers épars sur le bureau. Sans hésiter ou demander la permission, elle attrapa une photographie qu'on avait tiré des images des caméras de surveillances sur lesquels on pouvait reconnaître un homme masqué. Emily n'eut pas besoin de plus pour avoir sa confirmation.

« Bon, ca me suffira ! »
Anonca elle en pliant la photos et en la rangeant dans l'une des poches de sa veste en cuir. Elle lui aurai bien laissé sa carte mais elle n'avait aucune envie d'être harcelée. « Si vous voulez des infos, contactez mon agence. Au plaisir. »

Et elle sortit, se dirigeant sans hésiter vers sa bécane pour attraper son casque... et se retourner avec un soupir.

« Qu'est ce que vous me voulez ? Désolée mais je bosse en solo et j'aime pas qu'on me stalke. Et si c'est pour avoir mon numéro perso c'est non.  »


* * *

« C'est bon la chambre est libre mesdemoiselles ! »
La petite vielle était revenue, une paire de clefs dans les mains qu'elle leur distribua. « Suivez moi je vous prie ! »

Les jambes tremblantes et a petits pas, elle les emmena a travers la propriété pour leur donner l'unique chambre qu'elles avaient a disposition. En entrant dans la piece, le visage d'Emily devint inexpressif, signe qu'elle n'appréciait pas du tout ce qu'elle voyait.

Deux lits jumeaux miteux aux couvertures jaunes, deux tables de nuit avec des lampes et une vielle radio posé sur l'une d'elle. Une commode sur le mur en face, et un papier peint vieillot qui puait le renfermé. Au fond une petite porte donnait sur une salle de bain qui – o miracle – était équipé d'une baignoire. Les coussins étaient comme le reste, défraîchis et plats. D'un geste, Emily balança sa veste sur le lit qu'elle s'appropriait avant de s’asseoir sur le matelas qui grinça sous son poids.

« Super, c'est du grand luxe. »
lacha elle d'un ton fataliste en finissant par se laisser tomber en arriere... jusqu'a apercevoir une petite télévision posé sur la commode qui leur servait de meuble principale. Sans hésiter elle se tourna vers Blake.

« Va te laver en premiere, je vais voir si cette antiquité peut marcher. »
dit elle en se levant. Ce ne fut qu'une fois son « amie » enfermée dans la salle de bain qu'elle fouilla la piece a la recherche d'une télécommande. Dans sa commode, elle trouva une bible et un chapelet.. bref rien de bien sympa. Dix minutes apres, Emily était a moitié allongée sur son lit, le dos appuyé sur le mur de la chambre a regarder sa série qui commençait.
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________________________________________ 2017-08-26, 00:47

Highway to Hell
Titi & Grosminet ♥

Mes griffes manucurées tapotaient le bureau à un rythme galopant. Je n’avais qu’une seule envie : choper cet enfoiré de voleur et lui arracher les tripes. Des dizaines de tortures différentes me venaient en tête. J’étais inspirée. Cette bouffée d’agacement me donnait chaud. Et quand j’ai chaud, j'envoie bouler tout le monde. Encore plus que d’habitude. Blake Malone c’est ça ? Je soupirai pour retrouver un semblant de sang-froid. Je devais garder mon énergie pour trouver l’autre scélérat. C’est bien tu sais lire, c’est ce qu’il y a marqué sur ma plaque. Qu’est-ce qu’elle me voulait cette gamine ? Emily Lame-Duck. Je travaille en collaboration avec la police... blablabla. Et voilà j’en étais sûre. Les vautours se jetaient sur la charogne encore chaude. Aucun répit. Un des incapables qui me servaient d’employés avait dû cafter. A ce propos… Vous êtes encore là ? Qu’est-ce que vous comprenez pas dans “dégagez” ? Allez barrez-vous. grognai-je à l’intention de mes hommes de main. Ceux-ci se carapatèrent à une telle vitesse qu’Einstein aurait dû revoir sa théorie sur la vitesse de la lumière. Soudain, la blonde se saisit d’une photographie du criminel. Je t’en prie fais comme chez toi. Un café aussi ? Il valait mieux pour mes nerfs que je me taise. Je ne voulais pas tacher mon nouveau tapis. Le rouge sur du blanc, ça se voit. Puis la miss aux cheveux lisses se barra. Ouais. Elle me laissait en plan. On ne laisse pas Blake Malone en plan. Jamais. Genre j’allais rester sagement assise sans broncher dans mon fauteuil pendant que mon voleur se la coulait douce avec mes tableaux. No. Way.
Qu’est-ce que vous me voulez ? Désolée mais je bosse en solo et j’aime pas qu’on me stalke. Et si c’est pour avoir mon numéro perso c’est non. J’en connaissais une qui avait besoin de se détendre… À tous les coups j’étais tombée sur une frustrée. C’était bien ma veine. Je répondis à la petite prétentieuse dans un pouffement hautain : Je te rassure poulette, je te veux rien. T’es pas assez intéressante pour ça. Ce que je veux, c’est ce qu’on m’a volé. Et il se trouve que j'ai un certain… don pour dénicher les connards dans le genre de celui que tu cherches. Alors soit tu m’accompagnes, soit on va se tirer dans les pattes, et ça va pas être agréable. Surtout pour toi. Puis j’ai pas de temps à perdre. Ignorant avec panache les protestations éventuelles de La Fouinasse, je montai à bord de ma Rolls Royce Wraith noire. En descendant les escaliers de la banque, j’avais repéré l’odeur du voleur. Le parfum âcre ô combien caractéristique de la magie. Comme l’odeur de cigarette, ça s’accrochait partout cette cochonnerie. Il ne me restait donc plus qu’à rouler les fenêtres ouvertes pour retrouver sa piste. Ma barre chocolatée prête à dégainer. Ne perdant pas une minute de plus, je sortis du parking dans un vrombissement à réveiller les morts.

Après plusieurs détours, quelques feux grillés et une poignée de piétons frôlés, je pilai net. Une usine désaffectée ? Comme c’est original. Non franchement, il y a eu de la recherche. Je garai ma berline à l’ombre d’un bâtiment avant d’en sortir, enlevant les éventuels plis de ma jupe crayon. Lunettes de soleil sur le nez, je m’avançai d’un pas conquérant vers l’entrée de l’usine, quand un bruit de moteur se fit entendre. J’ai déjà vu cette blondinette quelque part… Ladite blondinette venait d’enlever son casque et, vu la tête qu’elle tirait, semblait avoir zappé le petit-déjeuner. Ah mais oui, c’est Miss Sourire. Je l’avais complètement oubliée. Problème de mémoire, je retenais très mal les visages. Quelle importance ?
Mademoiselle Joie de Vivre traçait sa route vers la porte à moitié défoncée du bâtiment. Je la suivais, lui laissant le plaisir de déblayer le chemin. Je venais de me faire faire une nouvelle manucure le matin-même, ç’aurait été dommage d’écailler le verni. Et Little Miss Sunshine semblait si heureuse de défouler ses petits bras nerveux sur tous les débris qui traînaient… Nous progressions au milieu d’un vrai chantier. La bâtisse tombait en ruines, nous devions enjamber, nous faufiler, nous contorsionner pour continuer. La blonde n’avait pas l’air d’apprécier ma compagnie (pourtant, que pouvait-on rêver de mieux ?), cependant je m’en cognais pas mal. Concentrée sur l’odeur du sorcier, je traquais sa présence, me rapprochant pas à pas. Cette chasse à l’homme faisait remonter en moi des instincts sauvages particulièrement… vivifiants. T’aurais dû me dire qu’on partait en expédition, j’aurais mis une tenue plus adaptée. Ce n’était pas que je n’étais pas à l’aise dans mes vêtements de bureau, mais ce n’était pas l’idéal. J’ai un petit tailleur de chez Chanel qui serait tout à fait adapté pour… Je me stoppai en plein élan. Mon ouïe fine avait capté un son. Un souffle, presque imperceptible. Le bruit d’une respiration anxieuse. Un sourire narquois étira mes lèvres. Le magicien amateur de peintures de maîtres était derrière une porte blindée sur la droite. La proie n’était plus très loin.


De nos jours, quelque part dans le Cimetière du Diable…

Je préfèrerais encore dormir dans la voiture. Sérieusement, comment pouvait-on proposer ce… taudis immonde à la location ? Je ne cachais pas mon profond dégoût. Les pauvres m’étonneraient toujours. Avant de nous laisser, la vieille peau qui nous servait d’hôte me tendit un prospectus. Si vous avez envie de décompresser… Sur le bout de papier, je pus lire l’annonce d’une soirée organisée au casino situé au sous-sol. Il y avait un casino dans cette baraque ? Le voyage n’était tout compte fait pas totalement foutu.
Je posai avec mille précautions mes valises (que je n’avais pas quittées) sur le matelas, de peur qu’un ressort ne me saute au visage. Va te laver en première, je vais voir si cette antiquité peut marcher. Ça, je n’avais pas besoin de me le faire dire deux fois. Pour une fois que tu dis quelque chose de sensé, je vais pas me faire prier ! À force de me fréquenter, t'en deviendrais presque agréable. Je partis donc m’enfermer dans la salle de bain, fière de mon trait d'humour. Avisant le rideau de douche miteux qui cachait la baignoire, le carrelage aux joints crasseux et le miroir qui ne reflétait plus grand-chose, l’idée de me pendre à la tringle me traversa l’esprit. Toutefois, je me fis la réflexion que l’installation précaire (vous savez, ce fameux “provisoire qui dure”) ne soutiendrait pas la moindre charge. Je restai une bonne dizaine de minutes sans bouger, me demandant à quel moment ça avait foiré pour que j’en arrive là. Soudain, un élément insolite me sortit de mes pensées. Me dites pas que… Jusqu’à présent, les parfums agressifs de saleté avaient camouflé un détail intrigant. À pas de loup, je m’approchai de la baignoire et, d’un geste vif, passai ma main derrière le rideau pour enclencher le jet d’eau bouillante. Dans un grand cri, un homme sortit de la douche et se rua vers la chambre. Tiens tiens tiens. L’intrus était habillé en groom. Il travaillait donc ici. Ou alors il se faisait passer pour un employé. Dans les deux cas, le couteau qu’il avait dans les mains me renseignait sur ses intentions pas franchement amicales. Je ne me précipitai pas pour rattraper le gars du service d’étages. Emy pouvait s’en charger. En attendant, j’avais une bonne douche à prendre. Passant la tête par l'entrebâillement de la porte, je lançai : Faites pas de bêtises, j’en ai pour quinze minutes… Tu m’en gardes un bout, hein mon poussin ? Mon petit doigt me disait que nous n’étions pas au bout de nos surprises avec ce motel. La soirée au casino s’annonçait des plus mouvementées, si déjà dans notre chambre nous étions “bien entourées”.

Emi Burton


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________________________________________ 2017-09-14, 14:23



Highway to hell
Titi & Grosminet

« Qu’est-ce que vous me voulez ? Désolée mais je bosse en solo et j’aime pas qu’on me stalke. Et si c’est pour avoir mon numéro perso c’est non. »

« Je te rassure poulette, je te veux rien. T’es pas assez intéressante pour ça. Ce que je veux, c’est ce qu’on m’a volé. Et il se trouve que j'ai un certain… don pour dénicher les connards dans le genre de celui que tu cherches. Alors soit tu m’accompagnes, soit on va se tirer dans les pattes, et ça va pas être agréable. Surtout pour toi. Puis j’ai pas de temps à perdre. »


Hum... dommage que le meurtre soit illégal pour le coup. Elle se serait bien fait un steak de banquière imbue d'elle même pour le coup. C'aurait été rendre un service a l'humanité non ? Sauf que cette... pimbêche n'avait rien trouvé de mieux a faire que de grimper en voiture et la planter la sur le parking. Pas que ca lui fasse quelque chose mais... elle comptait faire quoi avec ses talons haut et son tailleur ? Et elle ne savait probablement même pas ou aller. Emily soupira et haussa les épaules avant d'enfourcher sa moto. Direction le Pulp Fiction, elle était certaine d'avoir des informations la bas.

La boite était quasiment vide a cette heure du matin. Quelques fêtards étaient évacués et l'équipe de jour prenait la relève pour nettoyer un peu le bazar, évacuer les loques qui se reposaient dans un coin, ramasser les seringues dans les toilettes.... Elle s’avança sous le regard surpris des employés qui, rapidement, détournèrent les yeux pour se concentrer sur leurs taches. Emily se dirigea vers le bar et s'appuya sur le rebord pour se pencher vers l'homme qui essuyait tranquillement ses verres.

« On sers plus a cette heure. »
fit il.

Elle haussa un sourcil.

« Je suis pas la pour boire, je suis la pour des infos. Est ce que tu as vue ce gars ? »
demanda elle en abattant la photographie du « voleur » sur le comptoir. L'homme y jeta un regard furtif avant de se re-concentrer sur son travail comme si ca ne le concernait pas.

« Jamais entendue parler. »
fit il.

Emily fouilla dans son porte feuille et posa un billet sur la photo.

« Peut être que cela vous rafraîchira la mémoire... »
fit elle d'un ton tranquille.

L'homme s'approcha et sa main s'abbatit sur le billet en même temps qu'il observait la photo.

« Il est passé hier soir. »
fit il finalement. « Je ne connais pas son nom mais il passe de temps en temps ici, faire des affaires tout ca... Tu devrais aller voir Bobby. Il devait être au courant. »

Elle opina, déposa un nouveau billet sur le comptoir et se leva pour quitter la boite. Elle grimpa sur sa moto et s'éloigna a nouveau, pour s’arrêter devant une maison miteuse non loin, devant laquelle était garée une voiture bien trop luxueuse pour le quartier. Emily passa devant, réprimant difficilement l'envie de la rayer pour pousser la porte grinçante.

« Je peux savoir ce que vous faites la ? »
demanda elle a la jeune femme face a elle. « Vous allez vous casser un ongle a traîner par ici. »


* * *


« Wath the... »


Elle se leva brutalement du lit et empoigna la radio posé sur la table de nuit pour l'envoyer de toutes ses forces dans le crane du groom qui essayait de s'enfuir. Le « CHBONNNNG » retentissant qui s'en suivit fut accompagné d'une magnifique chute sur la moquette moisie de la chambre. L'homme poussa un gémissement en se tenant la tête, son arme sur le sol a coté de lui. Il n'eut pas le temps de se remettre qu'Emily lui sautait sur le dos et lui faisait in clef de bras douloureuse pour l'immobiliser. D'un geste sec elle le leva et l'envoya valdinguer contre le mur avant de lui passer les menottes. Comme quoi on avait toujours besoin de menottes sur soi.

Puis elle le balança sur le lit et pointa son arme sur lui en le fusillant du regard, alors que Blake prenait sa douche.

Non mais sérieusement comment pouvait elle faire ca alors qu'un type avec un couteau – et pas un couteau a beurre, clairement – venait de sortir de sa douche prête a la butter ou presque ! Non mais... a croire qu'elle n'avait aucun sens de la survie ! Quoi que. Blake était tout sauf un ange, au contraire, alors ce n'était pas étonnant qu'elle ne soit pas franchement traumatisé par toute cette histoire. Adossée contre le mur, elle se mit quand même a frapper du plat de la main contre la porte pour que madame daigne se bouger un peu, avant d'interroger le gamin.
Lorsque Blake sortit, elle portait une serviette si courte que s'en était presque indécent. L'eau gouttait encore de ses cheveux le longs de son dos et une petite flaque se forma a ses pieds lorsqu'elle s’arrêta devant Emily, l'air surprise.

« T'as pris ton temps... »
lacha la jeune femme avec un sourire moqueur.

Et encore une fois, elle se ramassait le sale boulot. Sa main était encore douloureuse du coup de poing qu'elle avait mis au gamin – enfin gamin... il avait la trentaine... - lorsqu'il avait commencé a vouloir ne rien dire.

« Donc ! Claude Lecouteux Junior ici présent, qui travaille dans ce motel depuis qu'il est assez grand pour changer ses couches, a eut la brillante idée d'essayer de te faire – pardon, de nous faire – la peur de notre vie. Tu veux le rotire ou le bouillir ? »


« Hey ! J'ai pas dis ca ! On m'a payer pour le faire okay ? »


« Vas y exprime toi. »
lâcha Emily en levant les yeux au ciel. Bon sang, ce voyage la fatiguait déjà.

« Ce motel est hanté, vous ne le saviez pas ? Des fantômes rodes au quatre coin des couloirs et tous les ans, a cette période de l'année, des voyageurs imprudents disparaissent sur cette route... Tout a commencé il y a vingt ans, lorsqu'un couple en lune de miel c'est arrété ici. »


Son ton était devenue mystérieux, plein de menaces sous entendue, une de ses voix de conteur, d'hommes qui ont vues des horreurs sans noms et les partagent avec d'autres.

« Ils respiraient le bonheur, la joie de vivre... Mais on raconte que l'un des grooms et tomba amoureux de la mariée lorsqu'il l'a vue. Il est alors devenue fou et lorsqu'elle a repoussé ses avances, il l'a égorgée dans sa chambre ! Le mari est devenue fou de douleur et c'est pendue. »


Il s'arreta, fier de son petit effet qui, ma foie, laissait Emily de marbre. Des fantômes... et puis quoi encore ?

« Mais l'histoire ne s'arrete pas la. Le lendemain de la mort des mariés, on a retrouvé le groom … Noyé dans sa douche. Personne n'a compris ce qui c'était passé, personne n'a jamais rien su.. on dit que ce sont les fantômes du couples qui se sont vengés... Depuis, ils hantent les couloirs du motel et a chaque aniversaire de leur mort, ils emportent deux personnes avec eux dans les ténèbres... »


Le silence se fit pendant quelques secondes, immobile, le temps se figea comme si il s'agissait de cristal... qui vola brusquement en éclat quand Emily leva son arme vers l'homme.

« Et ? Ca n'explique pas la raison de ta présence dans notre douche. »


« HAY ! Baissez ca okay ? Je suis juste une attraction moi ! On me paie pour faire peur au touristes c'est tout !!! Je pensais pas tomber sur deux tarées ! »


Lentement, Emily se tourna vers Blake.

« On en fais quoi de ce machin ? On le laisse partir ou on l'enferme quelque part ? »




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________________________________________ 2017-11-21, 17:53

Highway to Hell
Titi & Grosminet ♥️

Je rinçai le savon sur ma peau tandis que de l’autre côté de la cloison, un groom passait un sale quart d’heure. D’après les bruits qui filtraient à travers la porte, il devait déjà s’être pris la moitié du mobilier dans la face. Ça c’était bien mon poussin. Pas la peine de se presser, elle maîtrisait la situation. Je pris donc le temps de peigner mes cheveux mouillés en chantonnant devant le miroir. Aussi surprenant que cela puisse paraître, je n’aimais pas me regarder dans une glace. Voir mon reflet me rappelait sans cesse la créature fragile et minable que j’étais devenue. Humaine. Imaginez-vous en poulet bon qu’à être plumé et farci. Dégradant, n’est-ce pas ? Deux minutes ! fis-je lorsqu’Emy frappa à la porte avec sa patience habituelle.
T'as pris ton temps… Pour toute réponse, je lui offris un grand sourire avant de me tourner vers le malheureux groom qui semblait à la limite de la crise de panique. Donc ! Claude Lecouteux Junior ici présent, qui travaille dans ce motel depuis qu'il est assez grand pour changer ses couches, a eu la brillante idée d'essayer de te faire – pardon, de nous faire – la peur de notre vie. Tu veux le rôtir ou le bouillir ? J’écoutais le rapport d’Emily d’une seule oreille (pour ne pas changer), dardant un regard sceptique vers le jeune homme. Un peu trop maigrelet à mon goût. Pas grand chose à manger là-dessus. Je préfère quand ça croque sous la dent. Toutefois, notre invité surprise avait quelques révélations croustillantes à nous faire avant de passer à la casserole : Des fantômes rôdent aux quatre coins des couloirs et tous les ans, à cette période de l'année, des voyageurs imprudents disparaissent sur cette route… Bah voyons. Puis quoi encore ? La Dame Blanche louait la chambre d’à côté ? Laissant le groom à ses contes de grand-mère, j’ouvris une de mes valises et y plongeai les mains pour en sortir une tenue appropriée à la soirée organisée au casino. J’étalai une longue robe noire fendue sur le lit ainsi qu’une paire d’escarpins vertigineux. Depuis, ils hantent les couloirs du motel et à chaque anniversaire de leur mort, ils emportent deux personnes avec eux dans les ténèbres… Ah tiens, j’avais oublié qu’il me restait deux flingues dans cette valise. Dans un haussement d’épaules, je refermai mon bagage. On me paie pour faire peur aux touristes c'est tout !!! Je pensais pas tomber sur deux tarées ! Je ricanai. Il était vrai que sur ce coup-là, le pauvre n’aurait pas pu tomber plus mal. On en fait quoi de ce machin ? On le laisse partir ou on l'enferme quelque part ? Toujours en serviette, je tournai autour du lit sur lequel était le groom. Dis-moi mon mignon, est-ce que par hasard on te paierait pas aussi pour alléger les poches des clients ? De mes griffes manucurées, je saisis un petit objet qui pesait dans le veston de l’homme. Une bague. Ma bague, que j’avais posée sur la table de nuit avant d’entrer dans la salle de bain. Je fixai le voleur, sans essayer de camoufler le fond de ma pensée : à quelle sauce allais-je le dévorer ? Je me tournai vers mon poussin, la mine mutine. Tu sais à quel point je m’attache vite aux choses, pas vrai ? Et c’était on ne peut plus vrai. J’avais toujours le plus grand mal à me défaire de mes affaires. Elles n’avaient aucune valeur en soi, je n’en avais ni le besoin ni l’envie de les garder. Mais elles étaient à moi. C’était plus fort que ma raison, je ne pouvais pas m’en séparer. Même jeter les poubelles m’était presque difficile. C’est vous dire l’ampleur de mon problème de possessivité.
Après avoir lancé un dernier regard fourbe à ma proie, j’ouvris une autre valise et en tirai une corde ainsi qu’un foulard. Les prunelles de l’employé étaient si expressives que je pus y lire en toutes lettres : “vous êtes pas sérieuses ?” Ne lui laissant pas le loisir de riposter, je le saucissonnai fermement puis le bâillonnai avec le foulard. Bave pas dessus, j’y tiens, lui murmurai-je à l’oreille. Bien ! Tu vas nous attendre gentiment dans le placard, on avisera par la suite. Et si t’es pas sage... Je coulai un regard vers la fenêtre de la chambre. On est bien au cinquième étage, non ? Pas sûre que la chute lui soit fatale, mais elle serait loin d’être agréable. Le garçon d’étages paraissait avoir compris mon allusion, car il déglutit avec difficulté. Quelques perles de sueur dégringolèrent le long de ses tempes. A présent que tout était clair entre nous, je l’attrapai comme un vulgaire sac de pommes de terre et l’enfournai dans le placard. A tout à l’heure, lui lançai-je avant de fermer la porte à double tours. A nous deux mon poussin. Du peu qu’on a pu voir, ce motel est aussi glauque qu’il est miteux. S’il ne cache pas de fantômes, il y a quand même un truc pas net. Et je sais que ça te démange de savoir ce que c’est. Tiens, je lui envoyai une tenue de soirée choisie avec soin, enfile ça, on part en mission d’infiltration.

Le casino du motel se situait au sous-sol. A partir de là, on peut se dire que la soirée allait mal tourner. Il y a des détails comme ça qui sont typiques des bons vieux films de séries B. Et à tous les coups ça marche. C’est in-fa-illi-ble.
La salle de jeux était tout à fait typique, rien d’extraordinaire. L’éclairage chaud et puissant nous faisait oublier que nous étions sous terre. Bien qu’il n’y ait pas une foule monstrueuse, je ne m’attendais pas à voir autant de monde pour un si piteux motel au milieu du désert. A croire que le folklore attirait tous les ploucs des environs. Ça puait le costard acheté aux puces, la soie synthétique imprégnée de sueur et la tonne de laque de premier prix. Le bar, quant à lui, était plutôt bien garni. Contre toute attente, certaines bonnes bouteilles côtoyaient des cocktails de grande surface. Mes yeux s’illuminèrent lorsqu’ils tombèrent sur une partie de craps. Je larguai Emy pour me frayer un passage au milieu des joueurs. Au craps, tout était dans le coup de poignet. La maîtrise des dés était la clé de la réussite. Même plus besoin de vulgaires tours de passe-passe. Les petits cubes m’obéissaient au doigt et à l’œil. Puis des fois, pour ne pas éveiller les soupçons, je laissais le hasard décider. C’était beaucoup plus distrayant. Vous devez avoir des doigts de fée pour être si chanceuse aux dés ! D’où venait cette (trop) forte odeur d’eau de Cologne… Oh. Par tous les saints. Mes rétines faillirent se décoller à la vue d’un type d’environ trente-cinq ans en chemise hawaïenne à fleurs rentrée dans un pantalon de smoking, le tout assorti avec des tennis blanches, des chaînes en or et un sourire d’un blanc indéfinissable. Il devait avoisiner les un mètre quatre-vingt-dix et avait le dos aussi large qu’un buffle. J’en connaissais un qui passait ses matinées à la salle de muscu. Dommage que tout ce travail soit gâché par un manque de goût pathologique au niveau des associations de couleurs. Laissez-moi me présenter : Thomas Carter, je suis le propriétaire de… cette petite affaire. Je haussai un sourcil. Petite ? J’aurais dit craignos, mais soit. Le mec éclata d’un rire à faire trembler les murs. Un parfum de whisky me passa sous le nez. J’adore votre humour, mademoiselle… Emily. J’avais lâché ce nom sans trop réfléchir (désolée poussin). C’était un réflexe de donner un faux nom hors de mon territoire de juridiction. Dans les affaires, on ne se fait pas que des amis.Je ne craignais pas les représailles, mais je n’avais tout simplement pas le courage de supporter les monologues affligeants qui allaient avec. Emily… Le sourire du boss était des plus avenants, cependant il avait quelque chose de… malsain. Sa façon de détailler le moindre trait de mon visage était limite dérangeante. Du peu que j’y fis attention. La partie de craps à présent finie, je partie dépenser mes jetons au bar, coupant court à la conversation. Je rejoignis ma blondinette préférée au comptoir, visiblement en pleine discussion passionnante avec un latino. Avec toute l’impolitesse dont j’étais capable (autrement dit beaucoup), je m’immisçai sans ménagement entre eux deux pour commander une boisson. Hormis un manquement total aux normes d’hygiène, t’as flairé quelque chose de louche ? chuchotai-je à mon poussin. Un mauvais pressentiment tournait en trottant dans ma tête depuis que nous avions descendu l’escalier. Du coin de l’œil, je remarquai que Mr. Délit-de-style nous fixait toutes les deux. Aucune animosité ou menace ne se dégageait de son expression. Toutefois, ça ne rendait la chose que plus bizarre. Soudain, la salle du casino fut plongée dans le noir. Panne générale ? Mes prunelles de félin s’habituèrent vite à la baisse brutale de luminosité. Si c’était pour souhaiter un joyeux anniversaire surprise, je me barrais aussi sec. Trop beauf pour moi.

ϟ ϟ ϟ

Je peux savoir ce que vous faites là ? Vous allez vous casser un ongle à traîner par ici. Dans un geste digne des plus belles publicités pour shampoing, je passai une main dans mes cheveux pour les faire voleter derrière mes épaules. C’est adorable de t’inquiéter de l’état de ma manucure, chérie. Trop mignonne. Quant à ce que je fais là… Je fis volte face vers la porte,et la frappai d’un coup de pied magistral. Elle était certes blindée, mais trop vieille pour que ses gonds résistent à mon assaut. Des grincements sinistres résonnèrent et elle s’ouvrit, dévoilant un homme mal rasé. ... je t’offre ton fugitif sur un plateau d’argent. Me remercie pas. Le-dit fugitif, remis de ses émotions, prit la poudre d’escampette et détala comme un lapin dans les méandres de la salle des machines. Notre homme est un peu timide, plaisantai-je. Je laissai à Miss Joie-de-vivre le plaisir de lui courir après. Je ne voulais pas abîmer mes chaussures sur ce sol douteux. Pendant que la fille spirituelle de Leroy Jethro Gibbs partait à la poursuite de mon voleur, je retournai à ma voiture afin de l’amener de l’autre côté du bâtiment. Dans un dérapage contrôlé (si si), je barrai la route à cette raclure de sorcier qui sortait de l’usine. Je dégainai un revolver de la boîte à gants et le braquai sur lui. Tu comptais partir sans dire au revoir ? Pourvu que mademoiselle Sourire arrive à le choper à temps, sinon il allait encore me filer entre les doigts. Et ça allait me mettre de mauvaise humeur avant le déjeuner de dix-sept heures.

Emi Burton



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