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Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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 The Place to Be. The Story to Have. » Jeff

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________________________________________ 2019-10-22, 09:38



There's not a moment to spare
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Installé tranquillement à l’une des tables de la pâtisserie, Sirrus suivait attentivement les allers et venues des quelques serveuses qui travaillaient là ; elles n’étaient pas très nombreuses mais nul doute que Queenie les connaissait toutes de A à Z et avait une excellente raison de les employer ici. C’était bien la seule chose qui faisait que le Chafouin se permettait de flirter ouvertement mais n’était jamais allé au-delà de ses propres principes. Déjà parce qu’il ne passait jamais deux nuits avec la même femme et, ensuite, parce qu’il préférait ne pas se coltiner la colère de la pâtissière. Elle était rancunière et si d’ordinaire ça l’amusait, il n’avait actuellement pas le temps de gérer ce genre de crises. Il n’était pas venu ici pour titiller la patience de la jolie blonde, mais plutôt pour attendre quelqu’un avec qui il n’avait pas conversé depuis très longtemps. Trop, peut-être ?

Sa main pianota sur la table impeccable, son attitude décontractée contrastant avec l’acidité de son regard bleu qui furetait le moindre détail pour l’enregistrer dans son esprit. Savait-on jamais, tout était bon à conserver pour être utilisé plus tard… Ses oreilles vagabondaient dans les conversations alentours, passant du racontage de life passionné à la dernière aventure d’un yorkshire au parc de la ville, des péripéties d’une nuit sulfureuse à la débauche malheureuse d’emplois d’un type qui avait l’air de sortir d’une campagne profonde. Insignifiantes problématiques qui trouvaient des solution bien plus vite qu’il ne faut de temps pour le dire.

« Hmm… Excusez-moi ? » L’interpella une voix feminine. « C’était bien un café noir avec des roulés à la canelle, n’est-ce pas ? »

Sirrus tourna la tête pour tomber sur le visage souriant d’une blonde qui n’avait pas grand chose à voir avec la gérante de l’endroit – à part la couleur des cheveux, évidemment. Un coup d’œil à son badge lui rappela son prénom et il écarta la main pour l’inviter à poser son plateau sur la table. Un sourire carnassier se dessina sur ses traits.

« Café noir, exactement. Mais vous avez oublié quelque chose. »

Saoirse releva vivement la tête, ramenant le plateau devant elle en réfléchissant à toute allure. Elle se mordilla la lèvre inférieur dans un geste adorable mais qui n’allait pas vraiment la sortir de ce léger pétrin où elle venait de se fourrer… Respecter les commandes était très important et, outre le fait qu’elle risquait de s’endormir à tout bout de champ durant ses horaires de travail, elle n’aimait pas passer pour une idiote qui n’avait pas compris les demandes ! Fixant les roulés et la tasse de café, ses yeux vagabondèrent sur la main posée tranquillement à plat, le corps du Chafouin, son visage attreyant, puis la chaise où il était assis et…

Une autre chaise. De l’autre côté de la table. Vide.

« Vous attendez quelqu’un ! »

Sirrus ricana, amusé. Puis, face à son silence, il ajouta :

« Ce n’était visiblement pas une question. »

« Oh pardon ! Je veux dire… Vous aviez commandé pour deux, c’est ça ? » Il hocha la tête, la laissant continuer sa réflexion. « Doooonc… Il manque une tasse et une pâtisserie ! »

Elle leva l’index, fière d’elle et le chat hocha la tête. Saoirse sautilla sur place avant de déguerpir en direction des cuisines… Pour revenir à peine quelques secondes plus tard, l’air soucieuse. Sirrus ne manqua pas de s’en amuser intérieurement, hésitant très sincèrement à la tourmenter encore un peu pour le simple plaisir de la voir mariner et patauger. Saoirse ouvrit la bouche puis la referma, se plaquant le doigt sur les lèvres comme pour tenter de se rappeler seule de la commande… Elle inspira, sembla se souvenir, puis fronça encore les sourcils.

Sirrus fit tourner lentement la cuillère dans le mug de café en la regardant, un sourire aux lèvres et une nonchalance féline caractéristique. Ah, quelle fourberie que la mémoire ! Si seulement elle pouvait ramener une seconde tasse de café, ils auraient droit au plus beau scandale de la journée et celle-ci manquait cruellement d’amusement… Mais, malheureusement – ou pas – Saoirse sembla soudain avoir le fameux éclair de génie pour allumer la petite ampoule au-dessus de son crâne.

« Du thé ! C’était du thé ! Et une tarte… A la fraise ? »

Elle grimaça en attendant une validation… Qui ne vint pas. Chafouin se contenta de la regarder, amusé, et la jeune femme fini par s’éloigner rapidement pour se procurer les fameux mets sucrés. Cette petite altercation lui ayant permis de gagner quelques minutes, Sirrus goûta au café et tourna la tête en entendant tinter la petite porte d’accès à la pâtisserie. Bingo, voilà son invité ! Son sourire s’élargit malgré l’air un peu préoccupé de Jefferson et quand ce dernier le repéra, il attendit qu’il le rejoigne.

Ils auraient très bien pu se retrouver au salon de thé du Chapelier mais, étrangement, Sirrus avait choisi le Fantasia à la place. C’était un lieu un peu plus amusant et loin de l’univers familier de son ami… Puis l’entendre critiquer du thé valait son pesant d’or, surtout quand la gérante était très à cheval sur les saveurs et les pâtisseries servies ici.

« Ponctuel. » Fit remarquer Sirrus, après lui avoir serré la main. « Café ? »

Il désigna son mug mais la grimace de son vis-à-vis fut suffisante à maintenir son amusement. Saoirse ne tarda pas à revenir déposer une tasse de thé fumante entre eux – non sans avoir salué poliment Jefferson – puis elle fila prestement après avoir ajouté une cuillère sur la petite tartelette à la fraise. Sirrus l’observa s’éloigner sans s’en cacher, elle était plutôt mignonne il fallait avouer, mais il reporta rapidement son attention sur le chapelier.

Passé une nouvelle minute de silence, il finit par prendre la parole :

« Iracebeth m’a dit que tu l'avais vu. Tu as des choses à me raconter, Monsieur le Chapelier ? »

Ils ne s’étaient pas vu depuis vraiment trop longtemps. Dommage, la folie était pourtant contagieuse et le Chapelier était son meilleur élément dans le domaine.
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________________________________________ 2019-10-25, 15:40


Jefferson & Sirrus → The place to be. The Story to Have.



“Juvia ?”
“Oui Monsieur ?”
“Je dois m’absenter quelques heures, et je serais injoignable durant ce temps. Tu penses pouvoir gérer la boutique seule ?”

Depuis que Nightmare était partie, Jefferson était plus présent au Chat-pot-thé. Si Juvia avait été là depuis plus longtemps que le cauchemar, il n’avait jamais réellement pris le temps de la former. Il était toujours par mont et par vaux, à régler différentes affaires, à faire tout et n’importe quoi. Or le salon de thé lui tenait vraiment à coeur. Il voyait en plus comment elle s’investissait, tenant la barre malgré les tempêtes successives. Alors il avait décidé de s’y réinvestir, même si en vérité, cela cachait bien d’autres dessins. Cela faisait un an qu’il avait apprit la vérité. Alice était sa fille. Son petit bébé qui avait survécu à l’abject meurtre de Mortimer envers Priscillia. Mais cela faisait aussi un an, qu’il avait eu cette discussion avec Iracebeth, juste sur le trottoir d’en face. Et un an ainsi, que cette pluie mystérieuse de papiers leur était tombé dessus. Il ne comprenait toujours pas. Aucun des deux à vrai dire. Pourtant, ce n’était pas faute d’avoir chercher l’auteur de ce coup d’éclat. Il avait fallu des gros moyens matériels pour lancer des milliers de papiers et avoir une bonne connaissance de leurs emplois du temps. Enfin, ce n’était pas les riches en manque d’amusement qui manquait à Storybrook. Mais ce n’était pas tout. Il fallait les connaître eux, personnellement, pour avoir recours à leurs prénoms respectifs. Si les membres du pays des merveilles le savaient, ce n’était pas le cas des habitants de Storybrook. Tout de même, Jefferson avait commencé par eux lorsqu’il avait débuté son enquête. Régina la première. Sauf qu’elle avait bien d’autres chats à fouetter que de jouer à ça, surtout depuis qu’ils avaient mis les points sur les i. De plus, elle n’avait aucune raison de faire ça, vu qu’elle avait été présente quand le miroir de la vérité avait soulevé le lièvre. Victor le second. Le scientifique était assez fou pour faire une chose pareille et assez proche de lui aussi pour l’aiguiller en quelque sorte vers des non dit. Or lui aussi, avec d’autres choses plus importantes à faire, comme s’occuper de sa soeur que jouer aux devinettes. Chris le troisième. Jeff avait eu du mal à lui demander si ce n’était pas lui. En réalité, Chris avait été le premier à être au courant de cette affaire, car c’était lui, qui était venu le sortir de la transe dans laquelle il était rentré après ça. Il l’avait calmé, mais il lui avait dit, avant, balançant tout ce qu’il savait. Puis il y avait eu magic league et Jeff s’était focalisé sur autre chose. Il avait fallu attendre le mot de Janvier pour qu’il ose lui en parler. Il n’émettait aucun doute sur lui, mais il devait lui demander. Bien entendu, ce n’était pas lui. Surtout que s’il savait, il lui en aurait parlé directement, et pas parti petit papier, comme des collégiens amoureux. Ainsi, la liste des possibles se réduisait considérablement. Seul un membre du pays des merveilles avait pu faire une chose pareille. Nivens était passé sur le grill en premier, mais il lui avait déjà tout dit. Jeff lui avait foutu une telle peur bleue qu’il ne se serait certainement pas amusé à faire ça. Clarence ensuite. Mais là encore, l'huître était bien trop honnête pour lui faire des cachotteries. Il y avait aussi Mirana. Mais comme avec Chris, Jefferson lui portait trop d’amour et de respect pour la soupçonner de quoi que ce soit. Surtout que Wine lui avait dit, qu’elle l’avait déja interrogé. Car les deux, malgré leurs distancions, avaient décidé de travailler ensemble sur ce coup là. Certes le froid et les insultes étaient toujours là lors des quelques entrevues qu’ils avaient eu, mais ils avaient estimés qu’à deux, ils couvriraient plus de surface, vu qu’au final, ils étaient tous les deux concernés. Ils s’étaient alors réparti les tâches, s’occupant chacun d’une partie de Wonderland où ils avaient le plus d’affinité. Or le résultat était le même. Il n’y avait rien. Wine c’était énervé, Jefferson aussi et ils étaient au même point de départ, venant à la conclusion que certains de ceux qu’ils avaient interrogés leur mentaient ouvertement. Ils avaient été gentils, on se moquait d’eux. Très bien, ils passeraient à la vitesse supérieur.

“Juvia fera tout pour que les clients de Monsieur Jefferson soient satisfait de leurs expériences au chat-pot-thé.”

Il avait toujours trouvé ce tic de langage très marrant. Il appréciait réellement la jeune femme, que l’on avait qualifié de folle à tort. Bon, c’était vrai, qu’elle était excentrique mais elle avait un potentiel tellement énorme qu’il n’avait pu s’empêcher de la prendre sous son aile. Lui faisant un petit clin d’oeil tout en rajustant son écharpe, après avoir enfilé son manteau, il sortit du salon pour prendre la direction du Fantasia qui n’était qu’à quelques rues de là. Cheshire voulait le voir. Ça tombait bien, lui aussi. Il voulait entendre le discours mielleux qu’il allait lui servir. Si ce dernier avait sans doute convaincu Wine rapidement, il voulait qu’il lui dise, les yeux dans les yeux, qu’il n’était au courant de rien dans cette histoire, même si Jeff savait que c’était faux. Le chat était toujours mêlé, de près ou de loin, aux histoires de Wonderland. Qu’il ne soit pas l’instigateur était une chose, mais qu’il soit beaucoup plus au courant qu’il ne veuille le dire en était une autre. Rentrant dans la patisserie, déja décoré pour Halloween, Queenie ne perdant jamais du temps quand il s’agissait de faire la fête, il regarda quelques secondes les tables avant de trouver son hôte, assis non loin de la grande vitrine. Déboutonnant son éternel manteau noir, il lui serra la main en levant les yeux au ciel.

“Je ne suis jamais en retard pour prendre une tasse de thé avec toi.”

À peine était il arrivé qu’il lui lançait déja des galéjades. Mais ce n’était pas pour lui déplaire, appréciant son humour. Au moins, il détendait un peu son esprit, bien trop contrit ses derniers temps. Regardant la carte pour savoir ce qu’il allait commander, il observa une jolie blonde lui apporter une tasse et une douceur, que le chat avait demandé pour lui. La remerciant chaleureusement, il huma le thé tout en regardant l’étiquette.

“Tourbillon.”

Le portant à ses lèvres malgré la chaleur, il parlait plus pour lui même que pour Sirrus, dont le regard était encore porté sur la serveuse.

“Marron glacé en saveur principale. Note de caramel et de biscuit en arrière goût.”

Il posa sa tasse avant de le regarder avec un petit sourire.

“Queenie a du prendre en compte les remarques que je lui ai faites. Elle s’est améliorée dans le choix de ses fournisseurs, même si on reste dans du basique.”

Il se souvenait d’une mémorable dispute, quand Gabrielle l’avait invité à boire le thé pour papoter mode et qu’il avait osé dire tout fort qu’il avait l’impression de boire du jus de chaussette. Mais c’était la vérité ! De toute façon, tant qu’elle ne se fournirait pas chez lui, qui sélectionnait le meilleur des meilleurs, elle serait en dessous. Néanmoins, il n’était pas venu ici pour faire le critique gastronomique.

“Ça serait plutôt l’inverse, Cheshire.”

Il rajouta des petits cubes de sucres, touillant son thé sans jamais quitter le chat du regard.

“Tu es déja au courant de notre enquête vu que tu as répondu aux questions de Wine et laisse moi douter de la véracité des propos que tu lui as dis.”

Jefferson était calme. Bien trop calme pour ne pas inquiéter ceux qui le connaissait.

“Que tu ne m’ais rien dit sur le lien de filiation que m'unissait à Alice est une chose vu que visiblement il était très drôle dans la petite cour de notre chère reine rouge de le garder secret.”

Si Cheshire se disait a-politique, il savait parfaitement qu’il allait de droite à gauche pour servir ses propres intérêts. Ça, ce n’était pas le scoop de l’année. Mais pourtant, il le croyait son ami. Il espérait en vérité être son ami. Il l’avait aidé, à s’échapper de la prison d’Iracebeth. Ce n’était quand même pas rien !

“Mais s’il y en a d’autres, j’aimerai que tu ais l’obligeance de me les dire. Ce qui s’est passé l’an passé n’est pas anodin. Quelque sait quelque chose, ou plusieurs choses même, ou plusieurs sachant d’ailleurs. Nous ne sommes plus à Wonderland et personne ne sait quand nous pourrions y aller, même si entre nous je ne vois pas ce que j’irais faire là bas. Plus mon problème. Alors ça ne sert à rien de faire des petits jeux, me mêlant à cette maudite grosse tête !”

Un an. Cela faisait un an qu’il attendait. Enfin il n’attendait pas, il cherchait, mais il avait la désagréable impression qu’on le baladait, et il n’aimait pas ça. Heureusement qu’il construisait bien d’autres choses à côté qui lui prenait tout son temps, son énergie et sa pensée, sinon il serait devenu encore plus fou qu’il ne l’était à ressasser comme ça, ce que ce message voulait dire.

“Tarrant, Iracebeth, on vous ment. Voila ce qui était écrit ! On a aucune activité en commun ! Donc tout simplement: pourquoi ? Pourquoi nous mettre dans le même panier ?” I

l avait pensé à la farce, la blague stupide mais clairement, c’était trop gros pour que ça en soit une. Et le timming, juste au moment où il lui demandait des comptes sur Alice. Non, la coïncidence était bien trop grosse pour que ça en soit une. On voulait l’avertir, il en était persuadé.

I C H I




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________________________________________ 2019-11-04, 23:23



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Un rictus apparu sur le visage de Sirrus tandis qu’il étudiait son ami. Guindé, précieux et précis lorsqu’il s’agissait de juger la qualité d’un thé, il ne se serait pas permis de l’interrompre dans un tel travail. S’il était insensible aux poisons et autres substances, le chat restait moins professionnel que le chapelier pour apprécier la valeur de ces breuvages jusque dans leurs détails. Chacun son domaine de prédilection et, à ce qu’il sache, il ne résidait pas continuellement à la table des buveurs de thé à Wonderland.

« Il ne faudrait pas qu’elle en vienne à te voler ta clientèle pour la qualité de son thé. » S’amusa-t-il, particulièrement serein. « Chacun son domaine de prédilection… Personnellement, je damnerai le monde pour son fraisier. »

Mais les roulés à la cannelle avaient eu sa préférence cette fois-ci. Volage personnage qui donnait et retirait son adoration au gré de ses envies et de ses besoins. En attrapant d’ailleurs un entre ses doigts, il l’écrasa légèrement pour apprécier le ronronnement de la pâte et en dévora une bouchée sans autre forme de procès. Puisque Jefferson avait l’air décidé à discuter, autant lui laisser la primeur du questionnaire tandis qu’il se remplissait le ventre de ces savoureuses pâtisseries amplement méritées.

S’il maintint une attitude désinvolte lors des premières accusations, il redressa un sourcil et cessa de manger lorsque Jefferson l’accusa tout bonnement de… Mensonge ? Diable non ! Filouterie, manigances et autres manipulations étaient la monnaie courante du chafouin mais jamais, ô grand jamais, il n’émettait de mensonges ! S’il y avait bien un principe pour lequel il était connu et respecté, c’était celui-là. Posant tout son regard sur son interlocuteur, il termina le gâteau et fut soudain des plus intéressé de la suite d’une telle diatribe. Que le Chapelier ose le traiter de menteur n’était pas anodin et s’ils n’étaient pas amis de longue date, voilà longtemps que Sirrus aurait rappelé quelques règles de respect et de bienséance à son adversaire.

Il porta une main vers son torse, feignant la blessure.

« Douter de la véracité de mes propos ? Je ne dis pourtant que l’humble vérité à qui est suffisamment sage pour l’écouter. Wine voulait des réponses, elle les a eu. »

Commenta-t-il, balayant d’un geste toute autres accusations de médisances et modifications de la réalité. S’il jouait avec, Sirrus ne pouvait indéfiniment la modeler. Wine le connaissait très bien, peut-être même plus que Jefferson, et il lui avait dit ce qu’il savait. Ou plutôt, ce qu’elle voulait savoir. La reine rouge, bien que sans couronne, gardait une dignité royale qui imposait des réponses à ses questions dans les plus brefs délais. Elle l’avait convoqué plus rapidement que ce qu’il aurait cru et il lui avait servi un bien agréable entretien sous couvert de secret. Chafouin adorait les secrets, les voir fourmiller entre eux sans jamais se croiser comme de petits rongeurs aveugles… Parfois certains se rejoignaient, d’autres fois ils avançaient inlassablement sans jamais rencontrer quelqu’un pour les ouvrir et en découvrir l’incroyable contenu.

Iracebeth était bien plus maligne que Jefferson. Mais ils n’avaient aucunement la même façon de penser et c’était ce qui les rendait incroyablement intéressants l’un et l’autre. Dommage que cette chère Reine Blanche ne soit pas là pour les écouter elle aussi, elle aurait sûrement une très agréable manière de voir les choses et de comparer les deux êtres incendiaires. Quoique, Mirana était bien trop gentille et respectueuse pour se permettre de porter un jugement à voix haute ! Heureusement qu’on lisait sur son visage comme dans un livre ouvert, ça facilitait grandement le travail du chat de Chester.

« La reine et sa cour ignoraient qu’Alice était ta fille. »

Déclara-t-il, tenant à éclaircir cette autre accusation.

« Avant qu’elle ne vienne trouver Absolom et renverser le cour du temps à Wonderland, personne ne savait qui elle était ni d’où elle venait. Mais les lapins sont bavards sous certaines conditions et peuvent répondre aux questions quand on sait lesquelles poser. »

Il haussa les épaules comme si apprendre cela avait été d’une évidente banalité. La connaissance, c’était le pouvoir dans leur monde sans-dessus-dessous. Et Sirrus possédait énormément de connaissances… Il ne prétendait pas tout connaître mais il en savait suffisamment pour ne jamais être complètement pris au dépourvu. Avoir une longueur d’avance, quelques coups précédents, était le propre des joueurs. Aux échecs comme dans la vraie vie, il fallait connaître son adversaire et prévoir ses attaques pour mieux les parer et le surprendre.

En présence de Jeff, l’idée était de ne pas se faire avoir mais de ne pas le flouer non plus. Toute vérité avait son prix et le chapelier en avait sans doute payé une grande partie par le passé… Voir sa précieuse épouse se faire assassiner et songer à son enfant mort alors qu’il n’en est rien, quelle cruelle rançon. Si Sirrus avait un cœur, il en aurait sans doute versé une larme. L’histoire l’avait cependant rendu triste et il accorda au moins cela à son vieil ami.

Il fronça les sourcils aux paroles du concerné et attendit encore un peu dans le silence.

« Qu’est-ce que tu es venu me demander, exactement, Jefferson ? » Demanda-t-il, pesant ses mots avec toute la précision dont il avait l’habitude. « Es-tu ici parce que tu veux savoir quelque chose sur Alice ? »

Sa vie ? Son passée ? Son présent ou son futur ? Cheshire n’était ni devin ni charlatan. L’annonce du miroir il y a un an de cela avait causé suffisamment de troubles dans l’esprit du chapelier et des wonderlandiens pour qu’il n’ai même pas à le faire. Lui s’était contenté d’observer le brouillard qui les entourait avec calme et astuce.

« Tu as déjà vu Nivens, tu as eu toutes les informations qu’il était en mesure de te fournir. Iracebeth t’as donné sa propre version des évènements. Crois-tu que j’en possède une troisième que j’aurais sciemment omis de te raconter lorsque tu es venu me voir pour me demander si tout ceci était vrai ? »

Il poussa un léger soupir de dédain à cette constatation mais ne quitta pas Jefferson des yeux. En avisant du mot qu’il lui agita devant les yeux, Sirrus consentit à détourner le regard pour s’y concentrer. Réfléchissant quelques instants, il appuya sa main contre sa joue et s’appuya dessus.

« Et pourquoi ne pas vous mettre dans le même ? » Rétorqua le Chafouin, d’un air amusé. « Tout le monde ment à Wonderland, sauf le Chat. Tu connais très bien ce dicton… C’est pour ça que tu es là ? Parce que tu espères trouver quelque chose qui t’apportera des réponses ? Mais que faire de réponses si les questions ne sont pas là ou si elles n’ont de sens que si on possède la bonne demande ? Il y a de quoi devenir… fou. »

Et lui adorait la folie. Cruellement. Viscéralement.

« Tu as les chemins devant toi et aucun panneau indicateur pour savoir dans quelle direction aller. Explique-moi ce que tu as fais et ce que tu viens chercher, peut-être que nous trouverons finalement quelque chose pour étayer cette discussion au lieu d’attendre que les réponses tombent du ciel. »

Proposa-t-il, posément. Il prit une inspiration, décalla l’assiette de roulés à la cannelle ainsi que sa tasse de café pour avoir le champ libre entre lui et Jefferson. Une table pour les séparer, rien de plus.

« Nivens a sauvé Alice malgré les ordres de la Reine Rouge et Alice est revenue à Wonderland des années plus tard. Voilà le lien entre vous deux. Aujourd’hui, le miroir t’as montré son visage. Il se peut donc qu’elle soit en vie quelque part, comme nous tous. Est-ce que c’est cette Alice que tu veux retrouver, ou bien est-ce que tu cherches celle qui est revenue à Wonderland et qui est, légitimement, ta propre fille ? »

Sirrus retrouva le regard du Chapelier.

« Qui du passé ou du présent as-tu envie de comprendre ? »
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________________________________________ 2019-11-10, 15:37


Jefferson & Sirrus → The place to be. The Story to Have.



Le regardant manger comme si c’était la première fois qu’il goûtait aux pâtisseries de Queenie, Jeff ne roula pas des yeux. Non. Il roula de la tête. Faisant craquer ses vertèbres dans un bruit lugubre. Cheshire jouait avec les mots, comme d’habitude. Or là, il n’était pas venu pour jouer. Ils ne s’étaient pas retrouvé pour boire le thé, comme avant, comme à Wonderland, pour passer un après midi tranquille de non anniversaire. Oh non. L’ambiance n’était plus à la fête. On l’avait roulé dans la farine, de la même façon que l’on avait roulé les cannelés que le chat mangé tranquillement. Il était en droit d’avoir des réponses, et que Sirrus face à son tour son précieux en ouvrant la bouche de surprise l’agaçait.

“Donc tu me dis que tu ne sais rien de plus ? Que tu n’es au courant des bouts de papiers qui nous sont tombés sur la tronche à Wine et moi ?”

Avec Sirrus, il fallait être clair et précis. Sinon sa tendance naturelle à serpenter pour perdre l’esprit reprenait le dessus. Quiconque ne connaissait pas le chat s’y faisait prendre tout naturellement, comme un papillon tombant en plein dans la toile de l’araignée.

“Elle l’a su. Avant moi. Et à garder le secret. J’estime ainsi que tu étais aussi au courant avant.”

Bien entendu qu’à un moment donné personne ne savait. C’était même logique. Il n’y avait que Nivens au moment où Ninon avait sauvé Alice, des griffes de Mortimer et du cadavre torturé de sa mère. Sauf que le lièvre était allé voir la Reine Rouge pour se gausser du meurtre qu’il avait fait. Tuer une femme enceinte lui avait fait plaisir. Mais tuer la femme enceinte de son ennemi, le chapelier était encore mieux. Un cadeau de Noël avant l’heure. Sauf qu’il fallait accorder bien ça à Iracebeth. Elle ne se contenter pas d’un seul avis. Si sa cour était aussi grande c’était pour une raison précise. Elle aimait avoir différents avis, prenant toujours les meilleurs, enfin ceux qu’elle estimait bon dans leurs domaines. Qui d’autres étaient présent à cette scène ? Jefferson ? Il n’était plus à Wonderland. Sa femme ? Morte. L'huître ? Réfugiée dans les jupes de sa maudite soeur. Le lapin blanc bien entendu. Dont la langue s’était déliée très rapidement. Et lui, quand l’avait il apprit ? L’an passé. Des années après tout le monde …

“Qu’est ce que je veux ? Sirrus voyons …”


Buvant sa tasse de thé qui était entrain de refroidir, il planta son regard bleu dans celui du chat. Il n’était en aucun cas une souris, et il ne se laisserait pas faire.

“Mais tout. Je veux tout savoir sur ce qui concerne ma personne. Est ce si compliqué à comprendre ? Même toi pour un animal parlant tu devrais y arriver.”

Jefferson était amère depuis cette annonce. Il était même en colère, une rage sourde qui ne cessait d’alimenter la folie qu’il avait. S’il était d’apparence calme, son esprit ressemblait à un ouragan permanent. Il n’avait plus confiance en personne. Il ne savait plus qui était ses amis. Qui était ses ennemis. Qui pouvait lui dire la vérité pour cesser la spirale du mensonge. Il en était venu même à douter de Mirana, alors qu’elle lui avait assuré qu’elle ne savait rien. Laissant parler Cheshire, il finit par faire un geste dédaigneux de la main.

“Suffit Sirrus. Arrête de me balader sur ton histoire de chemins et de panneaux.”

Si d’ordinaire il appréciait véritablement les échanges loufoques qu’il avait avec lui, il n’était pas d’humeur actuellement. Il sentait que quelque chose n’allait pas.

“Comme tu l’as dis toi même, j’ai déja vu Nivens et il m’a livré toutes les informations qu’il possédait.”

Il s’arrêta quelques secondes, jouant avec la cuillère en argent, qui lui rappelait tant celle qu’il avait à sa table.

“Alice est une chose précieuse. J’ai compris son passé et c’est son avenir qui m'intéresse. Pour cela je ne sais pas si toi tu as des informations. Wine dit que non, mais je pense le contraire. C’est LA Alice dans son ensemble que je veux. Comme si l’on pouvait dissocier nos personnalités...”


Oui il ne l’avait pas vu grandir, mais cependant, il l’avait vu à deux reprises. Une fois quand elle avait 6 ans et une fois quand elle en avait 16. Instinctivement d’ailleurs, leur lien les avait fait se rapprocher. Elle était venue à sa table la première fois dans le but de comprendre quel était ce rêve étrange. Elle était venue le sauver de la prison et avait accepté son destin à la deuxième rencontre. Et à chaque fois, elle lui avait raconté sa vie, dans ce Londres de l’époque. Mais où était elle maintenant ? S’il se souvenait que pendant la malédiction il l’avait croisé quelques fois, depuis qu’elle était levée il n’avait plus de nouvelles. Malgré tout le système de recherche qu’il avait mis en place.

“Mais il y a autre chose Sirrus et c’est ce que j’essaie de te dire depuis le début. Que je ne suis pas venu uniquement pour Alice ...”

Il fouilla dans sa poche pour sortir le fameux bout de papier où était écrit la phrase qu’il avait dit quelques minutes avant au chat. Cette phrase qui l’obsédait. Cette phrase qui lui avait fait même parler plusieurs à Wine dans des tons plutôt cordiaux.

“Ça. C’est quoi ? Quel est le mensonge qui pourrait toucher à la fois Iracebeth et Tarrant ?”


Oui, il y avait Alice. Alice. Sa petite Alice. Mais ce problème là était tout aussi grand et tout aussi dingue. Il avait eu beau passer en revue toute sa vie, tous les événements qui le constituaient et dieu sait qu’il y en avait beaucoup, il n’avait pas trouvé celui qui pourrait correspondre. Certes, il avait quand même quelques hypothèses, mais elles lui semblaient toutes étranges. Pas vraiment crédibles. Entre autre la prise de pouvoir intempestive de Cora, dans l’un des territoires inoccupés de Wonderland se faisant appeler la Reine Rouge et voulant prendre d’assaut le territoire de la Reine de Coeur.

“Sirrus. Ce n’est pas un jugement que je fais à la seconde près. Ce n’est pas du blâme ou des reproches. Ce n’est pas le moment pour ça. Tu es le seul qui peut m’aider sur cette question qui se trouve sur ce bout de papier que tu regardes comme si tu avais trouvé le graal.”

Sa voix s’était à nouveau modulé, beaucoup moins hargneuse que l’instant d’avant. Il voulait comprendre. Où était le mal là dedans ? Il voulait des réponses. Qui pouvait on blâmer ? Il ne pouvait vivre plus longtemps dans cette incertitude. Il voulait sortir du brouillard dans lequel on l’avait plongé volontairement avec Wine.

“Si tu ne sais rien dis le aussi. Clairement. Sans chichi ni détour. Je continuerai mes recherches, quitte à même trouver un moyen pour aller à Wonderland, une poignée d’heures. Mais là je ne peux plus vivre comme ça ! Tu comprends ?? Le mensonge d’Alice était deja quelque chose, mais savoir qu’une autre épée de Damoclès est sur ma tête … c’est trop !”

Les mains qu’il avait passé dans ses cheveux pour se gratter tirèrent sur ses grandes boucles brunes d’une force à s’en faire crier. Or Jefferson en avait subi d’autres, des tortures, plus fortes et plus violentes. Ce n’était pas de se tirer lui même sur son crâne qui lui ferait perdre la boule de douleurs. Il l’avait perdu de toute façon.

“J’ai l’impression de me répéter depuis des mois…. d'être en boucle ...je veux juste savoir quelle est la signification de ce message. C’est quoi qui est difficile à comprendre dans mon questionnement ?”


I C H I




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