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Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
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 Watch me closely [pv - Chiara de Brunehilde]

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Watch me closely [pv - Chiara de Brunehilde] _



________________________________________ 2021-03-10, 19:54



Watch me closely
Cette histoire allait mal finir. Il le sentait venir avant même d’être embringué dans cette histoire à la con. Áron n’avait pas envie de le faire. Il ne voulait pas aller là-bas, se présenter comme une fleur sur le seuil de la porte, avec sa dégaine de cambrioleur, et jurer sur sa vie qu’il ne voulait rien de mal, qu’il était là pour des affaires « légales ». Ou pas vraiment, en vérité… Évidemment qu’il ne venait pas pour faire le bien. Personne n’attendait le bien d’un homme comme lui. Même lui avait fait une croix dessus depuis le temps, persuadé que les choses ne changeraient jamais, que les promesses étaient toutes soufflées dans le vent.

Il ne deviendrait pas policier.

À son âge, il était temps de tourner la page, d’accepter. Les risques du métier finiraient par lui tomber sur le coin du nez. S’il passait la quarantaine, ce serait un miracle. Dans son milieu, avec une double vie comme la sienne, quelle pouvait être sa longévité ? Il avait déjà tenu plus de temps qu’il ne l’imaginait. Son voyage en prison semblait avoir calmé les rares soupçons à son égard. Áron faisait son possible pour ne pas être démasqué, pour que ses crimes paraissent assez graves pour que les criminels le prennent pour l’un des leurs, mais pas trop pour être renié par ses supérieurs. Une dure affaire, en vérité.

Ce qui l’amenait à sa mission de la journée.

Ou de la semaine ? Du mois ? Áron comprit, soudain, qu’il n’avait pas la moindre idée de la longueur du contrat qu’on venait de lui mettre sur le dos. Tout ce qu’il savait, c’était qu’une femme avait été assez… étrange, disons, pour accepter de l’engager comme garde du corps pour une autre femme, riche héritière d’un domaine viticole, de ce qu’il avait compris. Peu importait les détails, au fond, ce n’était pas ces choses-là qui l’intéressaient. Non, lui, il s’était, plutôt, concentré sur les plans de la propriété et sur ce qu’on lui demandait de faire de manière tout à fait illégale, sous une couverture légale. Ce qui était, plus ou moins, l’inverse de sa vie actuelle.

Un œil à l’heure, sur son téléphone, lui permit de constater qu’il était temps de partir. Áron enfourcha la moto noire, affublée d’une petite tête de mort discrète, sur le devant, et mit les gaz. La roue crissa, sur les graviers, et laissa une traînée de pneu, alors que son engin bondissait en avant. Habitué, maître de son véhicule, capitaine oublié, Áron slaloma entre les voitures, à une vitesse folle. Il ne freina qu’à l’entrée des virages, se coucha pratiquement sur la route et accéléra en plein milieu, pour repartir au bon rythme, sans perdre de temps. Il lui fallut, d’ailleurs, augmenter l’allure pour être certain d’être bien à l’heure de son rendez-vous. Ça ne se ferait pas d’arriver en retard pour son premier jour.

En approchant de la propriété, l’infiltré vit les vignes défiler, sur les côtés de la route, et s’enfonça dans ce qui lui sembla être un domaine immense, parfaitement entretenu. Quand il vit, enfin, la maison du propriétaire, apparaître au loin, Áron ralentit l’allure et prit une position plus nonchalante, sur sa moto, pour se permettre d’identifier les sorties, les fenêtres, tout ce qui pouvait être utile, sans avoir l’air trop suspect. Il vint finalement se garer dans la cour, éteignit le contact et retira son casque intégral, à la visière opaque. Ses yeux bleus glissèrent sur le gros bâtiment, les quelques employés qu’il remarqua, à droite, à gauche.

Quand un homme grand, musclé, visiblement un garde du corps, sortit de la maison et le fixa intensément, Áron enjamba le siège de sa moto et posa son casque dessus. Il ouvrit la veste en cuir, sur son t-shirt blanc, et plongea une main dans poche de son jean. Sans même un regard de plus pour le malabar, il contourna la propriété et se dirigea, plutôt, vers ce qui lui semblait être le jardin. De loin, sur la route, il lui semblait avoir vu une tête blonde, assise dans le coin. Puisqu’il devait être le garde du corps d’une femme, il préférait parler à elle en priorité. Tant pis si ça ne plaisait pas aux gros bras qu’elle avait à son service.

Il s’arrêta à l’angle du bâtiment, les yeux rivés sur la blonde qui buvait un verre de vin, assise dans le jardin. Il détailla ses longs cheveux blonds, posés sur ses épaules, la douceur de ses traits, et se surprit à une impression de déjà-vu, à l’instant où elle releva les yeux. De beaux yeux sans pareil qui le laissèrent, un instant, bloqué au coin du bâtiment. Néanmoins, Áron se reprit vite et approcha lentement. Il se planta devant elle, la fixa droit dans les yeux. Ces yeux qu’il aimait déjà, attiré par la force qu’il voyait briller, à l’intérieur, et le poussait à se poser la question de son intérêt, dans le coin. Le brun eut un petit sourire en coin, à cette pensée, et glissa les yeux sur le jardin, pour revenir au bâtiment, puis à sa patronne. Il tendit la main.

– Áron Varga. Je suis le nouveau garde du corps. J’ai plus une dégaine de videur, je sais.

Bien, belle approche. Il avait lui-même envie de se frapper le front avec la main. Mais bon, c’était dit, c’était vrai, tant pis.

– J’ai vu que je n’étais pas le seul, vous préférez peut-être que je rencontre les autres, d’abord ?

Áron ne serait pas contre de rencontrer ceux qu’il devrait, prochainement, éviter du mieux qu’il le pouvait pour pouvoir faire ce pour quoi il était là, en vérité : trouver un enregistrement de vidéo surveillance qui mettait en cause ses employeurs. De son avis, il fallait franchement être con pour se faire avoir ainsi, mais on ne lui demandait pas son avis.

– J’espère que la moto ne vous dérange pas, dans la cour ? C’est le seul véhicule que j’ai.

Pourquoi il continuait de parler, en fait ? Même lui n’était pas bien sûr, mas il n’était pas sûr, non plus, de l’avenir de sa mission et ça le stressait plus qu’il ne voulait le montrer. C’était bien la première fois de sa vie qu’on lui demandait de veiller sur quelqu’un. Et s’il se foirait en beauté ? Il savait qu’il n’était pas là pour ça, mais il n’avait pas très envie que sa nouvelle patronne soit mise en danger. Tout en ayant l’impression, pourtant, qu’il était le seul à la mettre en danger, le seul qui, un jour ou l’autre, finirait par la blesser.


Chiara De Brunehilde
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Watch me closely [pv - Chiara de Brunehilde] _



________________________________________ 2021-03-12, 19:11



Watch me closely
Chiara était tranquillement en train de boire un verre de vin. Sur ses cuisses se trouvait un livre qu’elle feuilletait plus que ce qu’elle le lisait. C’était un essai. Une personne lui en avait parler, mais elle n’arrivait pas à se concentrer… Comment se concentrer quand la Terre lui montrait avec tellement de puissance sa beauté. Elle aimait les vignes. Elle aimait la couleur du ciel, la couleur de la terre, la couleur qui se modifie selon les nuages. Miimé savait qu’elle ne pouvait pas voir les nuages depuis l’espace, et elle ignorait si un jour elle avait eu l’occasion de voir cette masse visible constituée d’eau dans le ciel. C’était trop impressionnant pour elle, et elle n’arrivait pas à décoller son nez de ce spectacle alors qu’elle reprenait une gorgée de son vin.

Perdu dans sa contemplation, le temps passa. On lui apporta un repas. On revient plus tard reprendre ce repas alors qu’elle ne l’avait même pas touché. Elle voulait passer sa journée à regarder les nuages. Elle voulait danser sous la pluie. Elle voulait marcher pied nu sur la pelouse. Elle avait tellement d’envie… Diverse, et tout étrange. Ce sont des choses qu’on lui avait toujours dit de ne pas faire pourtant… Mais elle le voulait tellement. Elle fit un soupir de plus alors qu’elle versa encore du liquide rouge dans son verre vidé par le temps.

Puis, elle sentit un intrus dans sa bulle. Un corps étranger dans son monde. Elle releva les yeux vers l’inconnu, le regarda mais ne l’analysa pas. Elle ne savait pas qui il était, et elle ne voulait pas heurter sa –peut être- sensibilité en le regardant trop longtemps. Elle ne voulait pas plus le déranger, et se reprit à la vision de ses nuages alors qu’il arriva à ses côtés. Elle sourit au jeune homme. Il avait l’air mignon. Elle ne dit rien sur le « nouveau garde du corps ». Elle n’avait pas besoin de garde du corps, mais sa tante avait tellement peur pour elle… que Chiara acceptait tous les gardes qu’elle désirait.

Bien que certains la mettaient mal à l’aise. Surtout un. Mais elle ne voulait pas non plus être la raison d’un renvoi abusif. Le personnage sans prénom pour le moment lui donnait toujours une mauvaise impression… Comme s’il n’était pas réellement une personne bien. Pour le moment, il n’y avait pas de souci, Chiara savait que si jamais, elle pourrait se sauver et se protéger.

- Chiara De Brunehilde. Je suis celle que vous devait surveiller. J’ai peut être la dégaine d’une princesse, mais je vous jure que je ne le suis pas autant que ça.

Et elle lui sourit. Pour lui dire qu’une dégaine, puisque telle était le mot utilisé, ne faisait pas forcément la personne. Elle n’était pas une princesse fragile, bien qu’elle en ait la blondeur clichée et l’apparence … Son château était cependant bien plus beau de son avis à elle.

- Vous aurez le temps de rencontrer tout le monde bien assez vite ne vous en faites pas. Et il n’y a pas de soucis pour votre moto. Tant que vous n’écrasez pas les vignes vous pouvez vous garer sans les moindres soucis.

Elle lui demanderait bien, elle, de ne pas écraser non plus les animaux. Tous les animaux. Donc ni serpent, ni grenouille, ni escargot … mais on lui avait déjà assez fait remarquer que la vie d’un escargot n’était pas importante. Elle n’était pas d’accord. Elle observa un instant son domaine, se détacha du regard de l’homme, parce qu’elle se sentait étrange, et pensa à tous les animaux qu’elle n’avait jamais vu, avant.

Et penser aux animaux lui permettait de ne pas penser à la sensation qui lui tirait le cœur à cet instant. Elle avait eu souvent cette impression. L’impression d’être comme avant, avec Harlock. L’impression d’être entière, en sa compagnie, et de ne pas pouvoir s’en défaire. Elle avait eu cette impression dans ses rêves, pensant la malédiction. Puis, elle l’avait eu souvent dans la ville. Elle avait cherché à comprendre … d’où venez cette sensation, et si elle était réelle … mais elle ne l’avait jamais découverte.

Après un long moment de recherche… Chiara avait appris à se suffire de cela. A profiter de cette nouvelle sensation de bien être, de s’y lover, de s’y réconforter, et de l’amener dans ses rêves. Ses rêves ramenaient toujours Harlock. Il le ramenait dans leur monde, ou ici. Venant depuis l’arcadia pour l’amener. Elle le voyait si parfait, et avec sa cape. Et elle se mettait à côté de lui.

Ignorait il à l’époque les sentiments qui l’habitait ? L’ignorait il réellement ? Ou l’avait il senti, et se protégeait il du mal qu’il pourrait faire contre elle ? Miimé ne pouvait pas penser, une seconde, que l’amour qu’elle lui portait n’était pas … au moins réciproque, au pire ressenti et apprécié. L’homme en face d’elle lui donnait à nouveau cette impression…

Et elle ne voulait pas prendre son visage pour combler son fantasme … Mais elle savait qu’il était trop tard. Elle avait la sensation, et un visage à exploiter. Elle regarda l’homme, et se permit de le décrire. Mince. Il ne faisait même pas l’effort d’être moche. Il fallait qu’il soit mignon… Même dans sa manière d’être. Elle lui présenta la chaise en osier blanc en face d’elle et sourit.

Tant qu’à faire de se sentir bien avec une personne à proximité, de l’utiliser sans son autorisation pour un rêve ou milles rêves, peut être pourrait elle le connaître.

- Asseyez vous avec moi.

Elle sorti de sous la table un autre verre qu’elle mit devant l’homme et qu’elle remplit de son vin. Elle aimait le vin. Elle aimait boire du vin avec un certain corsaire. Elle allait aimer boire avec lui. C’était une certitude.

- Parlez-moi de vous. Ma tante vous a pris pour être mon garde du corps, mais elle ne m’a pas du tout dit qui vous étiez. Je voudrais savoir des choses sur vous. Par exemple … pourquoi la moto, comme moyen de locomotion je veux dire.

Elle ? En moto ? Elle n’avait jamais essayé. Cela n’existait pas dans son monde, dans l’arcadia … et dans celui-ci, il lui avait été formellement interdit d’y penser. Elle essaya de tendre le coup pour voir le véhicule… Et si elle passait le permis moto ? Elle pourrait le faire maintenant ?

- Cela fait combien de temps que vous roulez av… non combien de temps vous avez votre permis ?

S’il avait son permis depuis x temps, alors elle pourrait faire en sorte qu’il soit son instructeur. Qu’il lui apprenne à conduire. Cela serait parfait pour s’échapper de la pression de ce domaine et de sa tante. Mais il fallait l’avoir depuis x temps, le permis, pour avoir l’autorisation de le faire conduire à une personne. S’il conduisait depuis 10 ans, mais n’avait le permis que depuis 1 ans, ça ne fonctionnerait pas… Elle était même prête à lui payer et attendre le temps qu’il faut.

Elle aimait sa présence. C’est tout.


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Watch me closely [pv - Chiara de Brunehilde] _



________________________________________ 2021-03-15, 12:06



Watch me closely
Áron n’avait pas besoin de tester pour savoir que tout ceci allait très mal finir. Son impression de ce matin ne faisait que grandir à mesure qu’il approchait de la propriété. Maintenant qu’il se tenait bien droit devant la patronne, il ne pouvait que se sentir étranglé par ce mauvais pressentiment, cette certitude qu’il allait faire du tort, beaucoup de tort, et qu’il allait le regretter plus qu’il n’avait jamais rien regretté, dans sa vie. C’était acté. Il le savait, mais il ne pouvait pas faire machine arrière, abandonner. Il devait aller jusqu’au bout, maintenant, et accepter, bien malgré lui, de finir responsable d’un drame. C’était, au fond, tout ce qu’on lui demandait et il savait, aussi, qu’il le ferait, sans défaillir. Parce que sa vie était en jeu, parce que celle des citoyens était en jeu, parce qu’il ne pouvait pas choisir une vie contre mille.

Ses yeux bleus fixés sur elle, il se demandait quel mal il lui ferait, exactement. L’impression était là, coincée dans sa gorge, et il savait qu’il lui ferait plus de mal qu’il ne le devrait, qu’il ne le voudrait. Sauf qu’on ne lui demandait pas son avis et que, pour le bien de sa mission, il devrait aller jusqu’au bout des choses. Piétiner la patronne qui l’accueillait, pourtant, comme s’ils se connaissaient depuis longtemps. À ceci près qu’ils se donnaient leur prénom, leur nom, et qu’il se demanda, soudain, comment il devait l’appeler. Lui, en tant que garde du corps, ce qu’il n’avait jamais été. Madame ? Lady ? Chiara ? c’était un peu osé, tout de même, de directement l’appeler par son prénom et la tutoyer, mais Áron n’avait pas franchement l’habitude de l’inverse. Dans son métier, dans sa façon de vivre, on attendait de lui qu’il bouscule, pas qu’il caresse.

Persuadé qu’il allait, justement, la bousculer plus que nécessaire, une nouvelle pensée traversa, soudain, son esprit. Il fronça à peine les sourcils et continua de la fixer, sans détour, sans s’inquiéter du malaise dans lequel ça pourrait la plonger. Il ne la lâcha plus du regard et se demanda s’il ne lui avait pas déjà fait du mal. C’était peut-être ça, le problème. Ils se connaissaient depuis longtemps, mais il avait juste oublié cette partie de sa vie, un méfait accompli qu’il préférait éjecter loin, très loin, pour ne pas être coupable. Sauf qu’il eut beau détailler ses yeux, la forme de son visage, la luminosité de ses cheveux blonds, il ne trouva rien de familier qu’une vague impression de déjà-vu qui ne voulait pas le quitter.

– Une princesse ? s’étonna-t-il, en revenant à lui. Vous avez plutôt le regard d’une lionne.

Bien, parfait. Il était un abruti, en fait. Et il lui avait fallu trente-et-un ans pour s’en rendre compte. Qu’est-ce qui lui prenait ? Un peu gêné, il détourna les yeux et fixa les vignes, en dehors du jardin, qui s’étendaient à perte de vue. Des vignes, c’était bien, pour faire semblant de n’avoir rien dit et d’être occupé ailleurs. Même s’il n’en voyait pas les raisins, à peine la forme des arbustes. Non, franchement, il était ridicule.

– Mais rassurez-vous, ce n’est pas vous que je dois surveiller. Ce sont les autres. Et je vous assure qu’ils n’oseront pas approcher.

Si elle comptait se trouver un petit-ami, elle ferait mieux de le prévenir à l’avance, si elle ne voulait pas que le prétendant soit envoyé directement à l’hôpital. Áron était engagé pour la protéger, il briserait le bras du premier qui oserait poser une main sur elle sans lui demander son autorisation. Et comme il n’était pas forcément le plus doué pour décrypter les sentiments des autres… Non, vraiment, il valait mieux qu’elle le mette au courant de ceux qu’il devait laisser en paix.

– Comme vous voudrez. (Il jeta un coup d’œil vers sa bécane et eut un léger sourire en coin.) Je ne suis pas suicidaire, je ne quitterai ni la route, ni la cour. Ma moto ne ferait pas long feu contre tous ces pieds, de toute façon.

Les vignes étaient bien trop résistantes pour qu’il puisse faire trois mètres en roulant dedans, même à fond la caisse. Et Áron ne voyait pas l’intérêt de se tenter à une telle manœuvre. Il aimait la Terre et la terre, il n’irait pas écraser volontairement la vie qui pullulait à sa surface. Même les rares animaux qui étaient passés sous ses roues, ce n’était que parce qu’il n’avait pas pu les éviter. Et il s’arrêtait toujours pour les pousser sur le côté. Heureusement, fort d’une réactivité incroyable et d’un pilotage de maître, Áron savait éviter les obstacles, sur sa route. Même les petits escargots, même s’il ne s’en ventait pas du tout.

L’infiltré glissa à nouveau les yeux sur Chiara et fut un peu surpris, il devait bien l’avouer, de voir qu’elle le regardait également. Il ne sut pas trop pour quelle raison ça le mit mal à l’aise. Comme si ses grands yeux de lionne (et il se traita d’abruti à nouveau) le fixaient plus loin que son corps, directement sur son âme, et comprenaient, soudain, qu’il n’était pas quelqu’un de bien, qu’il avait fait beaucoup de mal, qu’il avait été prêt à recommencer. Une seule dernière bombe à poser sur Terre et il aurait fait sauter l’univers, sans la moindre seconde d’hésitation. Après cent ans de préparation, l’hésitation n’était plus permise, de toute façon.

Gêné, il se racla la gorge et détourna le regard pour, à nouveau, admirer ces vignes qu’il voyait à peine. Un bon verre de vin, il n’aurait pas dit non. Ça aurait, au moins, le mérite de le déconcentrer de sa patronne et de la drôle de quête dans laquelle on l’avait lancé. Lui, protéger quelqu’un… alors qu’il avait passé son temps, dans ses deux vies, à faire tout l’inverse… et il osait encore s’appeler un homme et croire qu’il pouvait faire quelque chose de bien, pour changer.

Pris au dépourvu par la soudaine invitation de Chiara, alors qu’il pensait plutôt avoir jeté un froid entre eux, sans trop savoir comment, Áron battit plusieurs fois des cils et revint à elle. Il la fixa sans comprendre, au début, persuadé d’avoir mal entendu, mais il la vit sortir un verre et servir. Elle lui proposait sérieusement de s’asseoir avec elle alors qu’ils ne se connaissaient même pas et qu’il était, normalement, seulement là pour assurer sa protection. Mais puisqu’on le lui proposait (ou ordonnait, il n’était pas sûr), le brun tira la chaise en osier et s’assit dessus, de sorte à avoir une vue panoramique sur les alentours de Chiara. On lui demandait de protéger, il faisait son travail.

Heureusement qu’il n’avait pas encore levé le verre à ses lèvres, seulement à son nez pour en analyser le doux parfum, sinon il aurait peut-être craché du vin un peu partout devant lui. Voilà que la blonde lui demandait, sans aucun préambule, de parler de lui. De lui. Lui qui avait fait de sa vie un mystère pour réussir à survivre dans son monde double. Il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il pourrait lui dire. Il valait mieux éviter de parler des courses clandestines, de son activité criminelle, de toutes les têtes qu’il avait défoncées à grands coups de poings. Il pourrait, peut-être, parler de mécanique, mais il n’était pas certain que ce soit intéressant.

– Pourquoi une voiture ? (Il allait se donner la médaille de l’abruti, sans doute.) La moto, c’est plus petit, plus pratique, plus maniable. Plus de libertés, aussi. J’aime sentir le vent, la route, le paysage qui défile. Pouvoir m’arrêter où je veux, sans avoir besoin d’un parking. (Il haussa les épaules.) Les motos, ça a plus de classe et ça plaît aux filles.

Bien, bien. Si son but était d’être viré le plus vite possible, il ne devait pas être loin de réussir. Même lui s’étonnait des conneries qu’il débitait, parce qu’il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il devait lui raconter. Il aurait pu lui expliquer que ça consommait moins, que ça lui permettait d’avoir le contrôle, de faire ce qu’il voulait, d’avoir la paix, aussi, en un sens. Mais il préférait raconter qu’il attirait les filles, comme un gros beauf bien calé sur sa grosse moto. C’était du délire.

– J’ai passé le permis moto dès que j’ai pu, mais je l’avoue, je n’ai pas attendu de l’avoir pour conduire. Mea culpa, je n’ai peut-être pas que la dégaine du bad boy…

Youpi ! Il pourrait ramener la coupe du gros débile à la maison. Non mais sérieusement… même lui ne savait pas à quoi il jouait. Tout ceci le stressait trop. Il ne se souvenait même pas avoir autant stressé le jour où il avait pu intégrer l’école de police. C’était quoi ces histoires ? Il était censé protéger les citoyens, pourtant. Même si on lui avait collé une autre étiquette sur le front. C’était peut-être ça, le problème : c’était la première fois de sa vie qu’on lui demandait officiellement de veiller sur quelqu’un. D’habitude, quand on lui demandait de s’occuper de quelqu’un, ce n’était ni pour lui préparer une omelette, ni pour lui tenir la main pour traverser, en s’assurant que personne n’essaie de le tuer. C’était, plutôt, pour faire une omelette avec le cartilage de son nez et traverser sur ses mains en s’assurant que personne n‘était là pour regarder.

– Vous voulez essayer ? La moto, je veux dire. (Il pointa, du pouce, sa bécane dans la cour.) Enfin… pas vous, au volant. Mais faire un tour. Vous voyez ce que je veux dire ?

Il était perdu, sans le moindre doute. Perdu quelque part, sans savoir où (captain obvious, mon gars) et incapable de retrouver sa route, ni même un chemin dans ses pensées. Il n’avait jamais été ainsi, ça, c’était certain, et il avait presque envie que Chiara se mette à l’insulter pour retrouver un semblant de normalité dans sa vie.


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________________________________________ 2021-03-16, 11:06



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Chiara était tiraillé entre plusieurs émotions.. et elle le sera plus tard ce tiraillement n’en amènera que d’autres. Pour le moment, elle était tiraillé entre le fait de sourire, parce qu’elle le trouvait adorable, ou empêcher ses lèvres de faire un rictus, de peur qu’il pense qu’elle se moque. Après tout, en face d’elle, elle avait un homme embauché pour la surveiller, et la protéger, elle n’avait pas envie qu’il la prenne en grippe parce qu’elle souriait de cette manière qu’il avait de ne pas du tout être à l’aise. C’était peut être pour cela aussi qu’elle fit en sorte d’être familière, ouverte, amicale. Bien qu’elle le fût toujours, elle savait que certains codes dicter sa conduite et qu’elle devrait être un peu moins familière et plus professionnelle avec lui.

Le nouveau tiraillement apparu. Les règles de séparation entre employé et employeur étaient elles applicables ? Elle se doutait que oui, et elle savait que sa tante en ferait une jaunisse d’apprendre sa réaction avec l’homme… Mais tant pis. Elle resta naturelle, elle préférait cela. Elle restait cependant un minimum « professionnelle ». Sauf qu’il parla. Et il la traita de lionne.

Et elle ne put que sourire en laissant échapper un petit rire. Elle cacha bien sur sa bouche de sa main dans un réflexe trop naturel… mais elle rit. Elle observa l’homme. Puis, elle pencha la tête en haussant un sourcil. Son sourire n’avait pas quitté ses lèvres, et elle ne comptait pas s’arrêter maintenant qu’il avait dit cela.

- Le regard d’une lionne ?

Elle ne pu que demander une nouvelle fois confirmation de ce qu’il venait de dire. Et dans sa tête, un petit message s’était ouvert… Il était trop mignon en plus il s’en voulait de cette parole. Elle rit encore alors qu’elle prenait clairement ce commentaire comme un compliment. Peut être devrait elle lui dire pour qu’il se détende un peu ? Son stress pouvait se faire sentir même dans le vin rouge de Chiara. Ce qui lui fit naître un énième sourire.

- J’aime bien qu’on me voit comme une lionne. Mais être une princesse permet de faire ressortir la vraie personnalité des gens. Si en fasse de vous, vous avez une princesse, votre réaction à cette dernière montre qui vous êtes. Et vous vous êtes le genre honnête.

Chiara pensait … non, elle était sûr, que l’homme avait dû dire ce genre de commentaire honnête devant sa tante. Et sa tante en avait déduit exactement la même chose qu’elle à l’instant. Ce qui avait eu la conséquence de le prendre comme garde du corps malgré son physique de « videur ». Elle, elle n’aurait pas vu un videur. Elle trouvait plus qu’il avait une allure de flic, mais elle garda cela pour elle. Selon sa tante le nouveau venu avait eu des « démêlés » avec la police, elle ne penserait pas qu’il prendrait ça comme un compliment. Et c’est à la pensée qu’il avait l’allure d’un flic, ainsi que l’aura qu’elle sentait autour de lui, qu’elle répondit :

- Je suis rassurée.

Quand il dit qu’il allait surveiller les autres. En effet, elle n’avait pas de raison de douter, ni de sa tante qui voyait toujours le meilleur des gens malgré tout ce qu’on pouvait dire d’eux, ni de lui, qu’elle venait de rencontrer d’ailleurs. Mais la sensation de bien être et de sécurité qu’elle ressentait auprès de lui était si … puissant, qu’elle ne pouvait que l’accepter. Elle observa les vignes et imagina une moto slalommant entre les vignes.

- En effet. Mais les animaux travers la route de temps en temps … comme des écureuils, ou des êtres un peu plus petit. Je ne veux ni les voir écraser, ni que vous vous fassiez du mal.

Les autres gardes du corps on apprit à rouler à 10 kilomètres heures ici… Parce que c’était comme ça et pas autrement… et surtout parce que Chiara mettait un point d’honneur à faire attention. Les jours de pluie, elle enlevait elle-même les escargots de la route pour éviter les problèmes. Et passer la journée l’esprit presque tranquille. Elle savait bien qu’il y avait eu des ratés… Mais pour le moment, elle n’avait vu aucun cadavre est c’était la meilleure chose pour elle et sa santé mentale.

Le verre d’ Áron remplit, Chiara le laissa s’assoir. Et même sa façon de s’assoir la fit sourire. Il était vraiment une personne complexe qui méritait qu’on le décrypte… Et Chiara ne s’était jamais intéressé à personne avant cela. Elle eu un nouveau rire. Casant dorénavant Áron dans la catégorie « je l’aime bien » de sa échelle sociale. Elle l’aimait vraiment bien. C’était une bonne personne.

- Une voiture donne plus de … confort, j’imagine et elle permet d’être mieux protégé. Mais je comprends ce que vous voulez dire. Pouvoir observer le paysage, s’arrêter et humer l’air qui nous entoure. Je ne serais dire si cela plaît aux filles cependant. Ma tante a toujours dit que c’était pour compenser autre chose, mais elle n’a jamais voulu me dire quoi.

Et elle, elle disait cela comme ça. Comme une information normale alors qu’on sait tous ce que les hommes cherchent à compenser parfois… Mais Chiara dans toute son innocence n’avait jamais compris cette phrase et avait décidé que c’était un fait. Sa tante l’avait dit, pourquoi devrait elle réfuter cela ? Elle porta son vin à ses lèvres.

- Je m’en doutais. Pas pour le côté Bad boy mais pour conduire avant d’avoir le permis. Moi aussi vous savez. Mais ce n’était pas une moto. C’est une voiture pour se promener dans les vignes en altitude. Ce qui ferait de moi une … bad girl ?

Elle ne savait même pas si ça existe. Elle connaissait bien sur les bad boys. Déjà elle avait vu le film, et ensuite c’était un terme souvent utilisé pour les histoires d’amour qu’elle avait lu. Un bad boy, avec une moto, une veste en cuire, un tatouage et un lourd passé. Chiara se demanda alors s’il avait un tatouage caché sous ses vêtements. Pour tout avouer, il lui manquait une cicatrice sur le visage … et cette pensée la fit sourire et rougir en même temps. Un certain corsaire lui manquait horriblement.

Chiara faisait un effort sur humain pour le déstresser. Il semblait paniquer …pourtant, regard de lionne ou pas, elle n’était pas méchante …ni impressionnante… elle était même tout l’inverse pour dire la vérité. Menue, petite, blonde –et c’était apparemment dans ce moment un synonyme de faible- elle ne savait pas pourquoi il paniquait autant … mais elle le trouvait adorable ? Oui carrément. Elle se mordit les lèvres en écoutant sa proposition suivante.

Et un nouveau tiraillement en elle. Les convenances, et l’envie folle d’essayer la moto… l’homme lui proposait en plus. Il lui proposait d’en faire ! Ses lèvres mordues, elle se demandait comme lui dire oui sans que sa tante ne l’apprenne et ne fasse un infarctus de par la peur que cela susciteras. Puis, elle se dit qu’elle n’était pas là, et qu’elle pouvait se le permettre … alors elle fit un signe de tête affirmatif.

- J’aimerais bien essayer oui. Pour voir si j’attire les filles moi aussi ainsi.

Bien sur elle rigolait, et ça se sentait dans la manière qu’elle avait eue de se pencher vers lui pour lui sourire. Cela s’appelait taquiner, et elle voulait juste prouver à l’homme que ses paroles, bien que jamais oubliable, sont pris comme elles viennent. Un nouveau sourire et elle prit son verre dans ses mains pour caresser le verre avec délicatesse. Sur tous les verres de la maison, il y avait des marques, plus ou moins profonde. Celui qu’avait la jeune femme était marqué d’un lys. Celui qu’avait l’homme était marqué d’une lune.

- Qui sait peut être que j’aimerais tellement la liberté que vous décrivez en moto que je voudrais moi aussi pouvoir en conduire une, mais je vous préviens il sera encore plus dur de me surveiller ainsi.

Oui… elle venait déjà de dire qu’elle voulait qu’il lui apprenne certainement … parce qu’elle avait envie tout simplement. Mais elle savait que ça ne serait pas l’idéal pour la protéger ensuite. Mais chaque chose en son temps. Elle savait aussi ne pas avoir besoin de protection et aimait sa solitude … Alors ça ne pouvait qu’être bénéfique non ?



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________________________________________ 2021-03-27, 13:00



Watch me closely
Áron se savait peu doué, mais il frisait le ridicule, en vérité, quand il était stressé. Ce qui lui arrivait rarement, heureusement. Au fond de son cœur, un certain capitaine rageait de le voir si plein de sentiments qu’il ne connaissait pas, à une autre époque. Lui, l’homme le plus recherché de l’univers, prêt à détruire toute vie dans la galaxie, pour réparer ses erreurs et celles de l’humanité entière. Il n’était pas un petit adolescent qui tremblait devant la première jolie dame croisée dans la rue. Il se fichait des femmes, d’ailleurs. Tout comme il se fichait des hommes. Il ne voyait que son but : tout recommencer à zéro. Le reste n’importait pas.

Alors pourquoi était-il si stressé ?

La possibilité d’avoir, enfin, le droit d’être quelqu’un de bien, de faire un travail légal, de protéger ceux qui en avaient besoin. Une opportunité balancée sur sa route pour l’empoisonner, le remplir de l’espoir idiot d’avoir, enfin, la reconnaissance qu’il méritait, qu’il avait toujours voulu obtenir. Qu’un visage se tourne vers lui pour le remercier, qu’il puisse se jeter sur le danger sans se cacher. Parce que c’était son métier. Certes, il ne lui était pas demandé d’être policier, de pousser les criminels derrière les barreaux ou sous un coup de seringue expéditif, mais il avait, tout de même, le droit d’être du bon côté de la loi, pour une fois. Même s’il devait, en vérité, profiter de sa position dans le domaine pour subtiliser des preuves contre ses véritables patrons.

Le rire de Chiara déstabilisa Áron qui détourna le regard et croisa les bras, sur le torse, comme s’il suffisait de ça pour le protéger des moqueries de la blonde. Elle aurait mieux fait d’ignorer, c’était bien mieux. Mais non, elle ne pouvait pas s’empêcher d’en rire et de revenir à la charge sur une chose qu’il n’avait pas du tout, mais alors pas du tout envie de répéter. Une fois, c’était déjà trop ! Il ne savait même pas d’où sortait une histoire pareille. Des yeux de lionne ? C’était franchement du délire ! Était-ce seulement un compliment ? Il voulait croire que c’était bien le cas. Lui, en tout cas, ne pensait pas à autre chose qu’un compliment. Il préférait les lionnes aux princesses, même s’il ne se cachait pas un faible pour leurs longs cheveux lâchés au vent.

– Ne… Ne me demandez pas de répéter.

L’infiltré se racla la gorge, visiblement gêné par tout ça. C’était sorti de nulle part, il ne voulait pas se pencher plus longtemps sur la question, sur ce qu’il avait dit sans y penser. Et elle se permettait, à nouveau, de se moquer de lui et de ses mots, en échappant un autre rire qu’elle cachait derrière sa main. Ce qui ne cachait rien du tout. Son amusement se voyait dans ses grands yeux et il aurait pu jurer que la blonde ne devrait pas se cacher de rire. Un rire, c’était fait pour être montré, même s’il lui arrivait rarement de rire, à lui. Mais cette fois, il se garda bien de le dire !

La suite le garda figé sur place, les pieds coulé dans le béton armé. Elle prenait ses mots pour un compliment, ce qui était une bonne chose, au fond, même s’il n’était pas certain d’avoir le droit de faire des compliments à sa patronne. Il notait de ne plus recommencer. Pour la suite, en revanche, il n’était pas certain qu’elle ait raison. Les princesses forçaient plutôt le monde à l’hypocrisie et les faux-semblants, non ? Il n’en savait trop rien. Il ne se souvenait pas avoir rencontré de princesse et n’aurait, de toute façon, pas su de quelle façon agir avec elle. Comme elle le disait, Áron était du genre honnête. Même si ça devait jouer contre lui.

Sauf qu’il était le pire des menteurs, le mensonge coulé directement dans ses veines, accroché à son cœur, ses faits et ses gestes. Il n’était qu’apparence et tromperie. Prêt à trahir ceux à qui il jurait allégeance, la main sur le cœur. Un cœur mort, bouffé par la matière noire qui l’avait quitté, avant d’être rattrapé par la malédiction de Regina.

– Il n’y a qu’un pas entre honnêteté et stupidité.

Il se rangeait, clairement, du second côté. Ce qu’il faisait, ce qu’il disait, ce qu’il était prêt à faire, tout frôlait la bêtise profonde. Pourquoi ne se contentait-il pas, comme tout humain normal, de partir loin, de s’extirper de sa condition et de cesser cette mascarade ? Plutôt que de prendre les choses en main, il préférait se laisser faire, remuer à peine, dans les fils qui retenaient ses membres et commettre des actes qui ne seraient jamais pardonnés. Le pardon avait ses limites qu’Áron avait, depuis longtemps, transgressées.

– Ne vous inquiétez pas pour moi, princesse, je suis un pilote hors-pair, répondit-il, avec un air hautain, sur le visage, inventé pour lui.

Il aurait bien aimé se baffer lui-même, alors qu’il regrettait ses manières, ses mots, cette façon qu’il avait de se faire passer pour un autre, pour coller à l’étiquette qu’il avait sur le dos. Il aurait pu avouer, plus naturellement, qu’il faisait attention aux animaux qui traversaient, qu’il était rare qu’il percute l’un d’eux. Il aurait pu préciser qu’il n’avait jamais eu d’accident et qu’il n’en aurait jamais, qu’il savait diriger un vaisseau dans l’espace, ce n’était pas une petite moto qui allait lui faire des soucis. Mais non. Il préférait l’appeler princesse et jouer les beauf en manque d’attention et de compliments sur ses gros muscles. C’était n’importe quoi.

S’asseoir pourrait, peut-être, lui permettre de mettre de l’ordre dans ses pensées. OK, ça n’avait rien de logique, mais il faisait de son mieux pour se déstresser. Se donner à fond dans son nouveau métier était une bonne idée pour l’aider à ne plus penser au reste. Ses yeux clairs glissaient sur les alentours, à l’affût du moindre mouvement suspect. Si quelqu’un les espionnait, il le saurait. Si quelqu’un approchait, il le verrait. Rien ne lui échappait et se concentrer, autant, sur le reste, lui permettait d’expédier du mieux qu’il pouvait les questions sur sa personne.

Ce qui était encore un nouvel échec.

Il profita, donc, d’avoir déblatéré son petit lot de conneries pour, enfin, prendre une gorgée du vin que Chiara lui proposait. Ce n’était peut-être pas très professionnel, de boire au travail, mais ce n’était pas un petit verre qui allait le faire se rouler par terre. Áron avait l’habitude et il tenait l’alcool mieux que personne (ou presque). Il se souvenait encore parfaitement de ses longues soirées de dégustation tranquilles, en compagnie de Miime qui, elle, souvent, finissait torchée. Il avait toujours été plus raisonnable et gardait le contrôle de son esprit, ainsi que de son corps. En tant que capitaine, il ne pouvait pas se permettre d’être saoul.

– C’est un excellent vin, commenta-t-il, en finissant une seconde gorgée.

Elle voulait de l’honnêteté, il était honnête : son vin était d’excellente qualité et il se doutait qu’il ne devait pas être donné. Un homme comme lui pouvait, de temps en temps, se permettre d’en acheter, mais seulement en criant au monde entier qu’il était un criminel recherché. Ce qui n’était pas franchement une bonne idée. Surtout qu’il était encore en bas de l’échelle et les sous-fifres ne vivaient pas la grande vie, avec décapotable, villa sur la mer et vin à volonté.

Ce qui lui permettait, surtout, une petite digression le temps de penser à cette histoire de voiture et de moto. Il voulait bien croire que les sièges d’une voiture étaient plus confortables, puisqu’ils étaient pleins de mousse, mais la sécurité des carlingues étaient toute relative. Il ne connaissait rien de plus indestructible que l’Arcadia. Et sa moto lui permettait, au moins, de se faufiler où il voulait et d’éviter, ainsi, les accidents. Il ne crachait pas sur les voitures, de toute façon, puisqu’il en louait une pour ses courses illégales, aux alentours de la ville.

Ce qu’il aurait presque pu lui avouer (pas de cette manière, évidemment, et sans parler d’illégalité), s’il ne s’était pas, soudain, étouffé avec son verre de vin. Le garde du corps se pencha sur le côté, essayant du mieux qu’il put de se cacher aux yeux de Chiara, pour tousser plusieurs fois et, malheureusement, cracher un peu. Il essaya de noter, dans son esprit, de faire très attention à ce qu’il faisait et disait avec elle. Remis d’aplomb, Áron passa les doigts sur ses lèvres, vérifia qu’il n’avait pas de vin sur le menton et se redressa, l’air de rien.

– Je n’ai rien à compenser, marmonna-t-il, plus pour lui-même que pour lui répondre.

L’infiltré reposa ses yeux clairs sur Chiara et se demanda à quel point la blonde feintait l’innocence. Était-ce véritablement ainsi, dans son esprit ? Pouvait-on ignorer le monde à ce point ? Áron avait été poussé dans ses travers dès son plus jeune âge, à traîner dans les rues pour quelques larcins sans importance, jusqu’au délit de trop qui l’avait envoyé au poste. Elle n’avait, en tout cas, rien de la bad girl dont elle revendiquait le nom, mais qui était-il pour l’empêcher d’y croire ?

– On peut dire ça, si vous le souhaitez, mais ne le répétez pas trop aux autres.

Il échappa un sourire en coin, amusé par cette histoire, au fond. C’était bien plus facile à gérer que ses sous-entendus de choses à compenser. Il ne s’agissait, là, que d’une envie innocente d’être au même niveau que lui, alors qu’ils avaient tout de différent. Ils étaient de parfaits opposés qui n’étaient pas faits pour s’apprécier. Le Ying et le Yang en un sens, jusque dans la couleur de leurs cheveux, de leurs vêtements. La seule chose qu’ils avaient en commun était ce vin, partagé entre eux, auquel Áron n’osait plus toucher pour ne pas s’étouffer et le cracher à nouveau. Un gâchis impardonnable pour un vin de cette qualité.

Il ne comprit pas bien pourquoi, soudain, un peu de rose lui montait aux joues, mais il préféra ne pas s’interroger trop longtemps sur la question. Il n’était pas le plus doué des hommes pour deviner les autres et préférait laisser ce genre de réflexions à ceux qui savaient de quoi ils parlaient. En revanche, il eut plus de mal à ne pas fixer cette manière qu’elle eut, soudain, de se mordiller la lèvre, sans qu’il n’en comprenne plus la raison que de son rougissement. Avait-il dit une chose qu’il ne fallait pas ? Elle pouvait bien lui dire non, le remettre à sa place comme il le fallait, s’il avait dépassé les bornes. Ce n’était pas un problème. Avec un homme comme lui, il fallait, généralement, être franc, brusque et le secouer un grand coup pour qu’il comprenne quelque chose. Les sous-entendus, trop peu pour lui.

– Oh.

Fut le seul mot qu’il réussit à articuler, en battant plusieurs fois des cils, alors que Chiara lui avouait vouloir attirer les filles. Il n’était pas du genre à juger, lui. Les autres faisaient bien ce qu’ils voulaient de leur vie, si l’envie leur prenait d’aimer les femmes, les hommes, les deux, personne. Il était plutôt du genre « personne » et ne cherchait pas tellement à attirer les regards, sur sa moto noire. Ce n’était qu’un cliché qui lui collait à la peau comme tous les autres et avec lequel il n’avait pas pu s’empêcher de jouer, face à Chiara, poussé par le stress.

Les sourcils un peu froncés, Áron se demanda, tout de même, si Chiara n’essayait pas de lui dire autre chose que ce qu’il entendait dans ses mots. Cette façon qu’elle eut de se pencher et de sourire… mais il n’arrivait pas à comprendre. Essayait-elle de le mettre dans la confidence de ses préférences pour qu’il déstresse sur un sujet qui ne lui avait même pas traversé la tête ? Le cliché du garde du corps et de sa protégée, pourtant, était un cliché qui avait la vie dure, dans ce monde. Il aurait dû y penser avant. Alors, il se permit un sourire aussi et acquiesça, à peine, du chef.

– Ne vous inquiétez pas, je suis sûr que ça fonctionnera du tonnerre. Elles vont toutes vous tomber dans les bras.

Il n’aurait peut-être pas dû dire ça. L’évidence vint lui sauter au visage en comprenant qu’il insinuait, plus ou moins, que c’était le cas avec lui. Ce qui n’était pas le cas du tout. Les femmes restaient loin des délinquants dans son genre et les rares qui étaient tentées, il les repoussait sans y penser. Il fut, tout de même, ravi de l’entendre dire qu’elle pourrait être tentée de passer le permis. Il ne doutait pas qu’elle en prendrait goût. Il suffisait de se lancer une première fois pour ne plus vouloir lâcher le guidon. Et il était, clairement, bien loin de se douter qu’elle lui proposait d’être son professeur.

– Je n’en doute pas ! répondit-il, enjoué par l’idée. Mais je crains que votre… tante ? je crois ? ne soit pas bien d’accord avec ça. Même si vous avez l’âge de décider par vous-même, se rattrapa-t-il, in extremis. Je veux dire que je vais être viré plus vite qu’embauché. Et ce, même si je jure qu’en moto, vous ne m’échapperez pas.

Ce qu’il trouva soudain bizarre à dire, d’ailleurs, mais c’était trop tard pour revenir en arrière. Il ne disait que la vérité, au fond. En moto, elle pouvait essayer tout ce qu’elle voulait, Áron ne la lâcherait pas d’une semelle. Il était assez bon pilote pour savoir qu’il ne la perdrait jamais de vue. Mais ils n’en étaient pas encore là et ils n’en seraient, peut-être, jamais là.

– Vous me dîtes quand vous voulez tester et je vous emmène. Il faudra juste prévoir un pantalon long et une veste. Je vous passerai mon casque. Même s’il n’arrivera rien, je préfère pouvoir dire à votre tante que j’ai pris les bonnes précautions.

Pourquoi il avait la fâcheuse impression que la moindre de ses phrases, sortie de son contexte, pouvait être prise d'une manière tout à fait différente ? Il n'avait, franchement, pas envie de se poser la question...


Chiara De Brunehilde
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Chiara De Brunehilde

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________________________________________ 2021-03-27, 16:19



Watch me closely
Chiara était bien plus à l’aise avec cet homme en face de lui qu’avec « Kevin ». Chiara fit une moue rien qu’en pensant à cet homme qu’elle ne voulait pas voir. Il s’appelait pourtant Bertrand, mais l’homme avait décréter un jour que pour être jeune dans sa tête, il lui fallait un nom de jeune pour faire mieux. Chiara ne pouvait pas se douter que c’était simplement parce qu’elle avait dit trouver le prénom de Kévin sympathique qu’il avait voulu faire ce changement … Prénom qui depuis, lui donner une impression de mal aise …. Bertrand ou Kévin, deux prénoms qu’elle voulait éviter avec toutes ses forces…

Heureusement pour elle, l’homme en face d’elle s’appelait Áron… Et rien qu’avec ça, il avait le droit à un peu plus d’estime et de sourire de la part de la jeune femme. Elle le trouvait rafraichissant après la semaine a être coller par Kévin comme si elle était … une proie… Elle eu un frisson qui parcouru son corps. Il était peut être un garde du corps, et il n’avait peut être jamais rien fait contre elle ou pour la blesser … mais elle se sentait tellement mal à l’aise avec lui qu’ Áron en devenait son … preux chevalier ? Elle rougit de nouveau. Un chevalier et une princesse. Ou alors un videur et une lionne.

Malgré elle, elle voulu s’imaginer en train de rugir comme les animaux qu’elle avait vu à la télévision. Chiara venait d’un monde où les animaux avaient un peu disparu… Elle avait bien connu des insectes ou des créatures … mais dans l’espace tous étaient différents. Ici, elle ne connaissait que les émissions qui passaient sur différentes chaînes, et qu’elle n’hésitait pas à regarder avec une grande écoute. Elle n’aimait pourtant pas voir une lionne sauter sur une gazelle pour la tuer. Et cela, même si elle savait que c’était pour se nourrir. Elle voulait sauver la gazelle.

Mais si elle était la lionne, et Áron la gazelle, ça pouvait passer non ? A peine eut elle cette pensée qu’elle dû regarder ailleurs. Se concentrer sur les raisins en train de pousser et s’imaginer en train de se cacher au milieu pour ne jamais être retrouvé. Elle avait déjà eu des pensées impures … mais seule, dans ses rêves, en pensant à Harlock. Les corps des humains avaient … des hormones, et une libido, qu’elle aurait voulu oublier.

Bref. Elle était en train de se cacher mentalement dans son esprit alors que l’homme lui demande de ne pas le faire répéter. Oui, c’était bien mieux qu’il ne répète pas pour le moment. Pour tout le monde et surtout pour elle qui ne serait comment réagir à nouveau face à des images qui ne devraient pas faire parti de sa tête.

Il était un employé. En plus, elle venait de le rencontrer. Et enfin, elle ne pouvait aimer personne d’autre qu’Harlock, et ça c’était définitif. Jamais elle ne se permettrait de penser à une autre personne…. Et même si cette personne lui faisait diablement penser à Harlock et qu’il lui faisait sentir en sécurité … pour la première fois depuis des semaines. Elle ne revient pas sur l’honnêteté et la stupidité. S’il était stupide d’être honnête, alors elle préférait être débile. Sauf qu’elle ne savait ne pas l’être, et elle avait toujours des sincérités à dire … Si quelqu’un lui tapait sur le système, elle pouvait le faire comprendre avec toute la dignité que sa tante lui avait inculqué.

Une autre expression de sa tante : « On ne parle pas aux idiots, ça les instruit ». Si sa tante était le genre de personne qui s’effacer de la vie de sa nièce pour tirer sur les fils d’autres personnes pour la protéger, elle n’en restait pas moins une tante aimante … et qui aimait dire certaines choses comme elle lui venait. Chiara sourit alors en comprenant de plus en plus pourquoi Áron avait été embauché par sa tante. Sa tante avait un faible pour les hommes mignons, déjà, mais aussi ceux qui suivaient les principes de la sincérité.

Quand il lui dit de ne pas s’inquiéter, et l’appelant princesse, elle failli dire qu’elle n’était pas une princesse mais une lionne, avant de se dire de se taire. Elle ne savait pas trop pourquoi, mais il avait paru à la limite de s’en vouloir… alors il ne valait mieux pas revenir dessus non ?

- Je suis contente de le savoir. J’ai confiance alors.

Elle lui sourit, de son petit sourire de femme gentille et douce. Si l’homme faisait attention aux animaux, et qu’en plus il savait bien conduire, alors il ne serait pas blessé non plus. Ce qui était la meilleure nouvelle de l’année pour elle. Elle n’aurait pas à, trop, s’inquiéter … S’il venait à mourir dans un accident, elle sait qu’elle aurait beaucoup de mal à passer au dessus… Une personne qui donne un sentiment de sécurité comme ça devait être protégé, choyé, apprécié à sa juste valeur ! Le compliment sur son vin la fit sourire.

- Merci. Nous allons bientôt commercialiser une nouvelle bouteille, peut être accepteriez vous d’être un des goûteurs ? Nous voulons pouvoir touchez un plus large public avec elle.

Le vin était pour tout le monde. Tout le monde avait besoin de vin dans sa vie … et les personnes qui n’aimaient pas le vin n’avaient juste pas encore trouvé le bon vin à déguster. C’est tout. Elle ne voulait pas enlever à l’entreprise de son père la noblesse qui lui avait donné. La plupart de leur bouteille était très cher … et la vente de certaines d’entres elles pourraient leur permettre de racheter des parcelles de terrains encore ….

Cependant, ils les gardent pour le souvenir. Son père avait suer avec son père, et son père avant lui, pour créer une petite dynastie… même si ce n’était que dans les faux souvenirs de Régina, c’était l’histoire qu’elle racontait aux personnes qu’elle rencontrait dans le vrai monde … et ça suffisait à leur faire plaisir. Une jolie histoire de sueur et de détermination. Chiara, elle, visait maintenant à étendre le goût de ce vin au plus grand nombre. L’Arcadia était le vin parfait pour cela. Et le nom parfait aussi. Eggsy allait l’aider aussi. Et Harlock la retrouverait avec cet énorme indice qu’elle lance au monde. Il fallait y croire. C’était sa seule option.

Elle pensait à cela, à son ancienne vie, quand il s’étouffa. Elle avait dit aussi une expression de sa tante … mais cela ne semblait pas bien passer. Elle sortit une bouteille d’eau de sous la table et un autre verre, oui elle avait tout sous la table. Elle lui tendit aussi un mouchoir en tissu, parce qu’elle utilisait des mouchoirs en tissus. Elle laissa tout sur la table, et tourna la tête vers les vignes pour faire comme si elle n’avait rien vu. Les hommes avaient leurs petites hontes, et au vue de la réaction de l’homme, Áron ne voulait certainement pas qu’elle réagisse la dessus. Elle lança un regard sur le coté quand il dit ne rien avoir à compenser. Elle sourit. Il fallait vraiment qu’elle demande à quelqu’un ce que voulait vraiment dire cette expression ...

Ou pas. Elle pouvait aussi la garder en mémoire pour la sortir une fois de plus à Áron quand elle voudrait lui faire avoir des réactions mignonnes comme maintenant … C’était un peu méchant non ? Bon elle demanderait à sa tante. C’était mieux que de torturer Áron avec tout ça, même si c’était mignon. Elle sourit, grandement, de toutes ses dents blanches, et avec le regard amusé !

- Oh ! Cool je suis une bad girl ! Je vais …. Je vais … elles font quoi les bad girls ? Elles ne travaillent pas si ? Je dois annuler mes rendez vous de demain pour être une bad girl ?

Les bad girls, ça procrastinent ? Elle connaissait le mot Chiara, mais elle l’avait rarement fait …aussi procrastiné voulait dire reculer de son but d’un jour, et ça, elle ne le voulait pas ! Mais elle pouvait le faire si elle avait un maître de la bad attitude avec elle non ? Bad boy, bad girl, ça pouvait être marrant. Elle comprenait qu’elle ne devait pas le dire aux autres … pour pas qu’ils ne la trouvent ridicule … elle savait paraître ridicule …. Il fallait se l’avouer, et regarder les choses en face … mais avec Áron elle avait l’impression que ce n’était pas grave, qu’elle pouvait être un peu pitoyable, un peu misérable, un peu étrange, et qu’il ne la lâcherait pas pour autant.

Elle ne pouvait pas en dire autant de tout le monde … S’ils étaient le Ying et le Yang, alors Áron se fourvoyait en pensant qu’ils n’étaient pas fait pour s’apprécier. Ils étaient fait pour se compléter. Heureusement pour tout le monde, elle n’entendait pas les pensées, et elle ne pouvait donc pas rougir à cette pensée de trouver sa moitié.

Harlock était sa moitié… et elle ne lui avait jamais dit. Harlock était l’homme qu’elle avait toujours aimé, et pour une raison qu’elle n’arrivait pas à se rappeler, elle avait toujours tut cette attachement pour paraître qu’une amie… Une amie alors qu’elle voulait être plus à ses yeux. Et cela, même sans libido. Elle voulait être une partie de lui, comme la matière noire qui l’avait maudit … Mais ce n’était pas comme ça que les choses étaient. Et quand elle ferma les yeux, elle ne se souvenait que de sa mort… avant de protéger la Terre.

Elle avait peur de le pensée… mais Harlock était peut être mort. Ce n’était pas impossible… et ça lui donnait envie de pleurer alors que son cœur se serrait. Elle n’allait pas pleurer devant Áron, elle laissait son cœur souffrir alors que son visage continuait de montrer un sourire radieux. Alors elle jouait avec lui, s’amusait de ses paroles, et essayait d’oublier, pour une fois, le mal qui la ronge toujours et cela depuis 7 ans.

Áron ne répondit qu’un « Oh »… même ça elle trouva cela mignon. Et elle se promit à ce moment là d’en parler à quelqu’un… La lettre de Judith n’était pas encore arrivée dans sa boite aux lettres à ce moment là, mais on sait tous comment ça finira. Elle lui sourit encore.

- Supeeeeer ! Je vais pouvoir me faire des amies ! Cela ne sera pas de refus. Ma tante a toujours veillé sur moi, depuis que je suis toute petite alors je n’ai que peu d’amies. Et ne parlons pas des ami – IS – que ma tante vérifie à chaque fois. Avoir une amie fille c’est plus simple. Elle a moins peur des femmes que des hommes. Elle …

Elle déglutit en buvant une gorgée de vin pour faire passer la phrase qu’elle allait dire … allait elle vraiment dire « Elle a peur qu’on me vole ma vertu ? » … oui… oui elle allait le dire avant de réussi à se stopper dans son débit de paroles …. Dire à une fille qu’on était vierge était une chose … dire à un homme qu’on l’était … et ça malgré son âge avancé … C’était autre chose … elle sourit alors en reprenant « presque » la conversation comme elle l’avait quitté.

- Elle vous a embauché …

Dit-elle alors qu’une lumière se fit dans son esprit et qu’elle ne le regarda d’une toute autre manière avec un large sourire qui aurait pu toucher ses oreilles.

- Vous pouvez donc être mon ami !

Et c’était tout. La fin des haricots pour Áron qui ne savait claiiiirement pas dans quoi il s’était engagé quand il avait signé avec la tante de Chiara … Elle, elle ne voulait plus de Kévin … et on lui donnait une personne adorable à la place … comment ne pouvait elle pas être super motivé à en faire son ami ? En plus d’avoir maintenant une nouvelle vue à observer ? Ce n’était pas possible c’est tout. Elle l’écouta sur le sujet de la moto et sourit encore.

- Je vous assure que ma tante comprendra. Et je suis sur qu’elle acceptera avec un professeur aussi doué que vous ! Il n’y a pas de toute.

Oui pour elle il était claire que c’était lui son professeur, et en plus en disant qu’il ne la lâcherait pas, n’était ce pas une bonne façon de dire qu’il acceptait le job ? Elle pensait que si…. Et comme elle avait clairement l’habitude qu’on lui dise oui à tout, elle ne l’avait même pas demandé dans des termes clairs. Elle se mit à réfléchir à vive allure. Elle calcula la superficie, à la louche, de son terrain, et ce qui était indispensable à présenter à Áron. Elle se releva d’un coup, prêt à parler…. Elle observa la table.

- On finit notre vin, je vous fais le tour du propriétaire et on y va !

Oui, on y va … faire de la moto, là tout de suite dans la seconde. Elle était prêt a y aller et cela même avec sa robe toute mignonne. Elle se rassit.

- On finit notre vin, on fait le tour, je me change, et on peut y aller !

Chiara n’aimait pas boire en coup sec son vin … mais alors qu’elle était à nouveau en face de l’homme, elle n’avait qu’une envie, le boire vite, faire vite le tour, se changer vite … et y aller … elle devait cependant freiner son envie … Il fallait qu’elle se montre maîtresse de maison, patronne, une personne mature, responsable …. Et Áron devait s’en doute l’ignorer, mais elle n’était que rarement comme ça …. Elle pouvait compter les personnes qui lui donnent ce sentiment sur les doigts d’une main. Eggsy. Judith. Et lui… et pour les deux premiers il leur avait fallu tout de même un peu de temps avant de pouvoir donner envie à Chiara de se découvrir un peu … et de s’amuser, et d’oublier le monde qui l’entoure et l’étrange.

Lui, cela avait été clair depuis le début … mais une Bad girl ça se laissait aller à ses envies non ? ça ne suivait pas les idées qu’on avait écrit pour elle, et surtout, surtout, ça laissait derrière ses responsabilités pour s’amuser un peu non ? Elle ne savait pas si elle avait le droit de faire de la moto, mais comme il l’avait dit, sa tante ne pourrait pas lui interdire vu son âge … Elle se dit tout simplement d’un coup qu’elle garderait cela secret… entre lui et elle. Un secret qu’elle voulait avoir et chérir pour y repenser quand le monde des affaires lui rappeleront qu’elle ne pouvait être heureuse si elle n’était pas strict… et quand le monde des sentiments lui rappelleront qu’elle est seule, sans Harlock pour vivre ici. Pour le moment.

Chiara était mature, responsable, et adulte. Elle était aussi discrète et calme ... Mais quand elle se sentait bien, elle se sentait plus libre d'être un peu motivé, un brin hyper active, pourquoi pas rigolote et amusé ? Est ce que l'homme accepterait d'être son échappatoire, juste pour aujourd'hui ? Elle espérait qu'il allait lui dire oui. Et que ça ne sera pas que aujourd'hui. Un sentiment comme celui là, elle voulait le ressentir tous les jours, en faire son habitude pour qu'enfin elle arrête d'avoir l'impression de n'avoir jamais été elle même.


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________________________________________ 2021-04-25, 12:03



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Elles font quoi, les bad girls… Áron dut se retenir de plaquer la main sur son front et de soupirer un grand coup. Il avait, un peu, l’impression de se retrouver devant une enfant qui ne comprenait rien à la vie et qui avait besoin d’être accompagnée, pour tout lui expliquer. Sauf qu’il n’avait pas ce genre de patience, en lui. Il était un homme d’action, un solitaire qui se plaisait dans sa solitude, dans le silence qui l’accompagnait. Il aimait impressionner, donner des ordres sans ouvrir la bouche, rappeler au monde qu’il n’était pas n’importe qui et qu’il ne valait mieux pas l’embêter. Au fond, c’était, aussi, la meilleure punition qu’il ait pu trouver : l’homme maudit, le pire criminel qui puisse exister, n’avait pas le droit d’être entouré.

Il avait pourtant réussi à s’entourer, à réunir, autour de lui, le meilleur équipage de la galaxie. Même la taupe, coincée dans son vaisseau, avait fini par retourner sa veste, comprendre que le capitaine n’était pas le mal, mais qu’il essayait de le défaire, de rendre justice et de corriger ses erreurs. Un peu brusquement, certes, mais ne dit-on pas « aux grands maux, les grands remèdes » ? Harlock ne voyait pas d’autre moyen de revenir sur sa bêtise. Il devait faire exploser l’univers pour qu’il se remette, de lui-même, correctement. Il n’y avait pas d’autre moyen.

Áron porta son regard sur les fleurs, plus loin.
Le vin eut un goût étrange, sur sa langue.

Il avait, peut-être, été à deux doigts de refaire une bêtise plus grosse que lui, plus grosse que l’univers infini. Malgré le mal qu’il avait déchaîné sur Terre, la vie reprenait ses droits, peu à peu, à son rythme. Tout espoir n’était pas perdu.

– Je suis désolé, madame. Si vous étiez une bad girl, vous sauriez quoi faire sans avoir besoin de le demander.

Il se para d’un sourire un peu triste, pour appuyer ses propos, alors qu’il venait de dire tout l’inverse. Ce n’était que pour l’empêcher de faire des bêtises qu’elle regretterait, sans le moindre doute, comme lui regrettait les siennes. Sauf qu’il y avait tout un monde entre ce qu’il avait fait et ce que Chiara pourrait faire, pour coller au cliché d’une bad girl. Le nez dans son verre, à siroter doucement le vin si bon qui lui était proposé, Áron se demanda si le cliché existait vraiment et quel genre de femme pourrait correspondre à ces mots. Par définition, le criminel était rangé dans la catégorie des bad boys, mais pouvait-il dire que les femmes, emmenées dans son sillage, portaient le nom inverse ? Kei et Miime étaient-elles mauvaises ? Il aurait pu jurer que non.

L’une d’entre elles pourrait-elle apprécier Chiara et sa manière un peu étrange d’apprendre le monde, alors que la malédiction était brisée depuis des lustres ? Le capitaine s’était toujours entouré de femmes puissantes, capables de tuer d’un claquement de doigts, sans même sourciller, s’il le leur demandait. Une confiance aveugle en leur capitaine, qu’elles auraient pu regretter. Miime n’était pas le genre à regretter, totalement au-dessus du monde, au-dessus de tout ce qui n’était pas sa race extra-terrestre, et il ne lui en voulait pas, il comprenait. La matière noire au creux des mains, que craignait-elle ? Kei, en revanche, aurait pu lui faire avaler ses dents, en comprenant qu’il comptait détruire l’univers, après avoir détruit la Terre. Pourquoi ne l’avait-elle pas fait ?

– Quelle différence y a-t-il entre les femmes et les hommes ? demanda-t-il, un peu décontenancé par ses aveux. L’une et l’autre sont tout aussi dangereux.

Il n’était pas certain de comprendre, l’infiltré, cette histoire d’amitié. Rien n’empêchait les amies de Chiara de vouloir lui tourner autour. Parce qu’il avait compris, tout de même, que sa tante essayait de la protéger de ces prédateurs d’hommes, à la réputation si vite entachée par quelques misérables. À croire qu’ils n’étaient bons qu’à sauter sur les femmes et les détruire. Áron n’avait jamais été ainsi.

Le verre aux lèvres, il se félicita de ne pas avoir bu la gorgée qu’il comptait avaler, en entendant Chiara commencer une drôle d’idée. Il ne voyait pas bien le rapport entre être embauché et pouvoir devenir ami avec sa patronne. Les employés et les employeurs n’avaient pas ce genre de relation, dans un contrat de garde du corps. Habituellement, une limite était posée entre eux et Áron s’en serait accommodé. Il n’était pas là pour devenir l’ami de celle qu’il devait voler pour entrer dans les bonnes grâces de ses véritables patrons.

À nouveau, sa manière de dire les choses lui sembla, en plus, digne d’une enfant d’une dizaine d’années, qui comprenait que rien ne l’empêchait d’être amie avec l’adulte qu’elle appréciait. Rien, sauf la maturité, comme deux mondes bien distincts que ni l’un ni l’autre ne pouvait traverser ou ne devait traverser trop tôt. Il sourit à peine, face à ce gouffre salutaire, entre eux, conscient qu’il pourrait s’appuyer dessus pour ne pas se laisser tenter à apprécier la jolie blonde et ne jamais perdre de vue sa véritable mission.

– Je crains que ça ne marche pas tout à fait de cette manière. Les employés sont rarement amis avec leurs employeurs et croyez-moi, au bout d’un moment, vous ne voudrez plus me voir dans les parages, à rôder et tout surveiller.

Le brun ne se faisait pas d’illusions : à sa place, il ne le supporterait même pas dix secondes. Et ce, même s’il avait déjà dû passer par là, dans son métier. Un policier sur les talons, des gros bras aux coins des rues pour surveiller ses faits et gestes. Áron avait été la cible parfaite de quelques filatures et ça lui hérissait les poils, sur la nuque, lui donnait envie de frapper du poing et de crier. Parfois, il regrettait sa liberté. L’Arcadia imposant qu’il pouvait diriger où il le désirait, sans s’inquiéter de rien. Les autorités ne le retrouvaient jamais. Il était le criminel le plus recherché et le plus insaisissable, dissimulé dans la matière noire de Miime. Aujourd’hui, il n’avait plus rien pour disparaître.

– Puisque vous le dîtes, alors. Je vous apprendrai.

Áron esquissa un petit sourire qu’il dissimula dans son vin. Il comprenait qu’il n’avait pas le choix et qu’il devrait, à l’avenir, se plier aux exigences d’une inconnue. Même s’il n’appréciait pas ne pas avoir le droit de choisir, de donner son avis, il devait convenir au métier qu’on lui avait collé sur le dos. Un garde du corps hoche la tête et ne proteste pas. Il ne protesterait pas. Il n’était pas bien certain, en revanche, de pouvoir lui apprendre à conduire une moto. Mais il était prêt à parier qu’il serait parti avant qu’ils n’en arrivent à ce point.

– Comme vous voudrez.

Le garde du corps leva une dernière fois le verre à ses lèvres et but le reste de vin, lentement, pour en apprécier les saveurs. Comme s’il s’agissait du dernier qu’il aurait le droit de goûter et de partager avec Chiara. Il ne doutait pas que ça pourrait être le cas, en vérité. Quelque chose lui disait, même, que ce serait mieux comme ça. Plus il se cantonnerait à son rôle de garde du corps, moins il risquerait de contrevenir à sa mission et s’attirer les foudres d’hommes qu’il ne valait mieux pas se mettre à dos. Et ce, même pour lui.

Verre fini, Áron se leva de sa chaise, tira un peu sur sa veste en cuir et laissa, machinalement, ses yeux clairs faire le tour du périmètre, avant même que Chiara n’ait songé à se lever à son tour. Il se devait de vérifier qu’il n’y avait aucun danger. C’était ce pour quoi il serait payé, pendant les prochaines semaines. Jusqu’à ce qu’il puisse mettre la main sur l’enregistrement des caméras. D’ailleurs… il avisa l’une d’elles, au coin du bâtiment et la pointa du doigt.

– Votre domaine est une véritable citadelle imprenable, commenta-t-il, avec un sourire en coin. Ce n’est pas la première que je remarque. Vous en avez installé partout ? Comment sont gérés les enregistrements ? Qui a accès à ces caméras ? J’imagine qu’elles ont des capteurs infrarouges pour la nuit ?

Des questions tout à fait normales pour un garde du corps, non ? Il se plaçait, peut-être un peu trop naturellement, à la tête du groupe de gardes qui tournait autour de Chiara, mais c’était inscrit dans ses gênes, il n’arrivait pas à s’en empêcher. Le commandement coulait dans les veines du capitaine.

– Si je pouvais accéder à un plan de la propriété, je ne dirais pas non, enchaîna-t-il. Je n’aurai besoin que de cinq minutes pour en apprendre les moindres recoins, ne vous en faîtes pas, ça ne sera pas long.

Surtout qu’il avait déjà eu accès à un plan, ce qu’il ne pouvait pas avouer à Chiara sans passer pour un homme suspect. Ses employeurs avaient réussi à mettre la main sur une copie, il ne savait pas comment, mais pour des hommes qui passaient des deals sur les terres des de Brunehilde, ça ne l’étonnait pas. Les criminels étaient pleins de ressources.


Chiara De Brunehilde
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Chiara De Brunehilde

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________________________________________ 2021-05-18, 17:07



Watch me closely
Elle avait besoin de cet air. De cette naïveté qu’elle feintait en grand majorité. Elle avait besoin de se sentir libre et …. Juste qu’on l’oublie et qu’on la laisse faire et dire ce qu’elle veut. Cependant, elle comprit à son regard que ce n’était pas ce que tout le monde voulait. L’homme en face d’elle voulait la Chiara de tout le monde. Elle pouvait comprendre. Elle fit disparaitre son sourire pour se retrouver le visage de la « patronne ». Sa tante lui avait apprit cela sans même lui donner des leçons. Sa tante savait rester de marbre bien plus longtemps que ce que Chiara connaissait.

- Je m’en doute. Ne vous excusez pas pour ça.

Elle avait envie de lui faire un nouveau sourire mais elle s’arrêta et baissa la tête sur son verre de vin. Même quand elle était dans l’espace elle avait ce calme, et cet éloignement avec tout… Il n’y avait que le capitaine avec qui elle avait réussi à être proche. Elle avait réussi à se caler sur son existence. Elle y avait été bien, sereine, joyeuse. Bien plus que ce qu’elle n’a jamais été dans ce monde ou dans la malédiction. Cependant, elle n’arrivait pas à redevenir la fille d’autre fois. Elle avait toujours les pensées et les souvenirs de cette autre elle … Et elle ne voulait ni les abandonner, ni les garder. Souvent, elle se demandait ce qu’il se passerait si Harclock arrivait … là tout de suite … et qu’il lui proposait de repartir sur l’Arcadia. Elle ne savait pas ce qu’elle dirait … mais elle savait qu’elle pourrait tout plaquer pour lui … Elle, l’ancienne elle. Mais la nouvelle ? Que dirait elle ? Elle secoua doucement la tête pour chasser cette pensée.

Tant qu’elle n’avait pas retrouvé Harlock, elle n’avait pas besoin de penser à cela. Pour le moment, elle pouvait juste avancer dans cette vie. Et si l’avenir lui donnait un autre chemin, alors elle déciderait à ce moment lequel elle prendra. Chiara réfléchit.

- Ma tante a toujours été plus à l’aise avec des femmes. Même si les femmes sont dangereuses, et j’en suis sur de cela, elle pense que je risque moins. Ou peut être pense t elle que je pourrais me défendre plus facilement face à une femme qu’à un homme ?

Elle ne savait pas réellement. Elle ne savait pas pourquoi les hommes étaient toujours plus une menace pour sa tante … Il faudrait qu’elle lui en parle… Elle écouta sa réponse et pinça ses lèvres. Ne plus vouloir sans les parages ? Elle en doutait. Elle se demandait si elle devait lui expliquer … lui dire qu’elle ne se sentait pas du tout à l’aise avec un des gardes du corps, alors que lui c’était comme une bulle d’oxygène qu’on lui donnait alors qu’elle se sentait oppressé.

- Je doute ne plus vouloir de vous dans les parages. Je me sens plus à l’aise et en sécurité avec vous que ces derniers temps. Alors que nous venons de nous rencontrer. Peut être est ce juste une illusion, mais ça fait un peu de bien de pouvoir … mhhh … relâcher ma garde ?

Parce que c’était ce qu’elle faisait en lui parlant ainsi. Elle baissait sa garde, et ne devenait alors qu’une personne parmi tant d’autres. Elle avait eu cette sensation étrange dans le cœur, et elle ne voulait pas qu’elle disparaisse pour le moment. Bien sur, elle pouvait se cacher dans les ombres pour disparaitre, mais ce n’était pas pareil. Elle devait se cacher d’ordinaire pour être tranquille et apaisé, là, elle avait l’impression de l’être déjà.

Elle fit un signe reconnaissant de tête quand il accepta ce qu’elle proposait. Áron ne le savait peut être pas encore, mais il avait tout à fait le droit de refuser. Elle n’était pas le genre à obliger quoi que ce soit. Elle donnait juste son avis, et si cela convenait à la personne en face c’était tant mieux. Dans les négociations avec les partenaires, elle savait aussi y faire. Elle finit son verre, elle aussi, se levant et posant les verres et la bouteille sur la table pour qu’elle la débarrasse plus tard. Elle releva les yeux vers la caméra à sa question.

- Imprenable je ne sais pas, mais en tout cas on fait de notre mieux. On en a installé à différent endroit, souvent les zones qu’on ne peut pas surveiller mais facile d’accès. On a des fichiers vidéos à chaque semaine, enregistré sur un serveur. Les caméras des champs et des zones de stockages sont gardé un an, et celle des portes, entré et sorti, deux ans.

Puis, elle se mit à réfléchir sur les personnes qui peuvent voir les vidéos et y avoir accès.

- Il y a le chef de la sécurité, ma tante et moi. Il y a aussi l’homme qui gère le serveur, mais il ne vient que quand il y a un souci. Sinon, tous les agents ont le droit d’aller voir les enregistrements s’ils ont eu la permission de l’un de nous trois. Et oui, pour les infrarouges en effet.

Elle pensait peut être à d’autres choses. Elle avait essayé de répondre à toutes les questions de l’homme, comme elle avait pu. L’homme avait posé des questions qu’on ne lui posait que rarement, mais étrangement elle trouvait que c’était exactement ce qu’il devait poser pour être dans « le travail ».

- Un plan de la propriété avec ou sans les champs ? Il n’y a pas de soucis je t’emmène voir.

Elle se mit à déplacer vers l’intérieur de la maison. Laissant à loisir l’homme la suivre pour arriver vers un bureau qui était dans le salon. Elle sortit plusieurs classeurs, avec des noms comme « contrat » « salaire » et autres choses que l’on devait avoir quand on avait une entreprise et des employés. Au bout de quelques secondes elle sorti un classeur avec écrit domaine. Dedans, il y avait, répertorié par date, tous les plans du domaine et les différentes modifications faites. Elle trouva la dernière en date et la passa à Áron d’un sourire.

- Aurait tu besoin de quoi que ce soit d’autres ? Peut être les codes des entrés ? D’habitude c’est ma tante qui fait les premiers jours des nouveaux employés, comme tu as pu le constater.

Elle avait d’ailleurs encore une fois oublié le vous pour le tu. Elle se mordit à nouveau les lèvres. Elle aussi elle ferait mieux de se taire parfois non ?




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