Culpabiliser pour la Malédiction ne servait à rien dans l'esprit de Belle, même si elle pouvait bien comprendre que pour une protectrice comme Meredith, ça ne devait pas être facile à accepter. Après tout, la Malédiction avait mis à mal beaucoup de choses et changer de façon irrémédiable la vie de tous. Alors oui, c'était compréhensible de ressentir ce genre de choses, mais franchement pas nécessaire à son humble avis. Compatissante, la jeune femme serra doucement le bras de la plus âgée.

- Vous devriez peut-être essayer d'aller de l'avant. Cela fait maintenant de nombreuses années que la Malédiction est brisée, continuer à vous culpabiliser de la sorte ne vous fera pas de bien. Même si je comprends ce que vous ressentez, il faut aussi que vous pensiez à vous. Dit-elle gentiment avant d'ajouter en souriant : Moi aussi j'aimerais le rencontrer ! Vous croyez qu'il sera du genre sérieux comme dans les livres ou complètement loufoque comme dans le dessin animé ? Puis elle hocha la tête, comprenant parfaitement : Je suis dans la même situation que vous. Moi non plus je n'ai pas retrouvé ceux de mon monde. Enfin, j'ai mon père avec moi heureusement. Mais... L'homme que j'aime... Cela fait plus de 6 ans que je l'attends... Soupira-t-elle.

Adam lui manquait terriblement. Ils venaient à peine de se retrouver alors qu'il était soigné par magie, alors qu'il avait manqué de mourir à cause de Gaston. La Malédiction les avait séparé durant plus de 30 ans. Et Belle ne l'avait toujours pas retrouvé. Cela lui serrait toujours le coeur de savoir qu'ils étaient toujours séparés, depuis tout ce temps. Outre la douleur, il y avait aussi les interrogations : l'aimait-il toujours ? Avait-il refait sa vie ? La cherchait-il ? Tant de questions... Et au final aucune réponse malgré les années. Alors elle comprenait la douleur de Meredith, douleur qui devait en plus être accentuée par le sentiment de culpabilité.

- Faites attention, je risque de vous prendre au mot. Prévint-elle en souriant.

Belle posait énormément de questions, depuis toujours. Sans doute parce que son père avait inventeur dans une autre vie, toujours en train de s'interroger sur l'utilité de telle ou telle machine, sur les améliorations possibles... Bref, c'était en partie cela qui l'avait rendu si impopulaire dans son village : trop curieuse, trop cultivée et trop habituée à réfléchir, à ne pas accepter les choses sans les remettre en question. La loi établie du village avait eu beaucoup de mal à accepter la jeune femme à l'époque. Depuis, elle n'avait pas revu un seul de ces villageois et peut-être que cela était pour le mieux...

Rentrées ensemble à la bibliothèque alors qu'elles discutaient, Belle observait Meredith qui utilisait la magie pour tout ranger beaucoup plus rapidement. La jeune femme avait toujours été fascinée par la magie, fascination qui s'était amplifiée quand elle avait vécu dans un château enchanté. Mais elle avait aussi compris que la magie, si elle était belle et fascinante, pouvait aussi être terrible lorsqu'elle était utilisée à mauvais escient...

- Avec plaisir. Répondit-elle en souriant, repensant à Mrs Samovar pour qui le thé était la réponse à tout. C'est compliqué d'apprendre la magie ? Questionna-t-elle.

Après tout, puisqu'on l'avait autorisé à poser des questions, elle n'allait pas s'en priver !

La culpabilité était un fardeau pour tous ceux qui la ressentaient. Belle le savait bien, faisant partie de ces gens-là dans les jours les plus moroses. Elle n’avait retrouvé personne et cela lui minait le moral, même si son père était à ses côtés, ce n’était pas pareil que d’avoir tous les gens du château qui étaient très vite devenus des amis chers à son cœur. Cependant, vu qu’elle essayait de remonter le moral de Meredith, elle n’allait pas se laisser aller à de sombres pensées.

- Vous allez vite vous rendre compte que j’ai souvent raison. Plaisanta-t-elle.

C’était loin d’être le cas, mais Belle cherchait à rendre le sourire à la plus âgée, alors elle n’allait pas passer une occasion de plaisanter de la sorte. Elles en vinrent ensuite à parler de Merlin, la plus jeune se demandant comment le célèbre Enchanteur pouvait bien être niveau caractère. Sérieux ou complètement déjanté ? Meredith semblait croire qu’il serait un mélange des deux, et sans doute qu’elle avait raison.

- Il ne s’est pas vraiment trompé me concernant, je suis assez sérieuse et rêveuse, en avance sur la façon de penser des gens de mon village… Avoua-t-elle. Il faut dire qu’avec un père inventeur, je ne pouvais pas vraiment être quelqu’un d’autre. Ajouta-t-elle avec un sourire.

Puis Belle se confia par rapport à Adam tandis que Meredith le faisait vis-à-vis de l’homme qu’elle aimait. Non seulement elles avaient des intérêts communs, mais en plus certains pans de leurs histoires se ressemblaient… Notamment l’absence de l’homme qu’elles aimaient dans leurs vies.

- Le jour où on les retrouvera, on fera quoi ? Un baiser ou une claque pour le temps perdu à les attendre ? Demanda la jeune femme, à moitié sérieuse.

C’était vrai non ? Elles cherchaient et passaient leur temps à attendre… Si les garçons les cherchaient vraiment, ils les auraient déjà retrouvées, non ? Belle ne comprenait pas pourquoi Regina n’avait pas donné aux gens la correspondance entre les noms du monde des contes et les noms de Storybrooke. Cela aurait aidé tout le monde et aurait sans doute permis que les habitants soient moins en colère contre elle…

- Donc cela serait une question de volonté. Mais n’importe qui peut apprendre la magie ? Questionna-t-elle, dubitative. Il ne faut pas avoir un don à la base ?

Installées devant un thé, elles avaient commencé à discuter magie. Belle était assez curieuse sur le sujet, vu la Malédiction qui avait touché le Château puis ensuite le Sort Noir de Regina. C’était un peu la cause, ou le moyen, de tout…

La jeune femme laissa échapper un petit rire au commentaire de Meredith. Chez certains, ça aurait pu paraître très présomptueux, mais chez la nounou magique, c’était juste amusant. Et puis, elle n’avait pas tort, vu comme elles discutaient depuis tout à l’heure, Belle était assez d’accord avec la plus âgée : elles allaient bien s’entendre. Tellement qu’elles commencèrent aussi une discussion sur Merlin. Et Belle écarquilla les yeux en apprenant qu’une personne ayant connu Merlin dans le monde des contes était là, à Storybrooke ! Et pire que tout, si elle se souvenait bien de ses lectures, le Adam Pendragon dont parlait Meredith c’était… Arthur ! Le Roi Arthur !

- Attendez… Si je comprends bien… Dit-elle, soufflée par cette nouvelle. Arthur est ici ?! Le Roi Arthur ?! C’est démentiel ! S’exclama-t-elle, complètement emballée par l’idée d’avoir le voir lui ou même sa sœur. Et Morgane aussi est là ? Mais comment vous savez tout ça ? Demanda-t-elle, ravie de l’idée que des personnages de ses contes favoris soient en réalité bien réels.

Après tout, Belle avait beaucoup lu leurs aventures dans son monde. Elle avait cru que, puisqu’ils étaient des personnages de romans même dans son monde, alors ils n’étaient pas réels ici non plus. Elle aurait dû se méfier, se dire que c’était très réducteur de penser comme cela mais pas une seconde cela ne lui avait effleuré l’esprit. Les possibilités étaient franchement dingues !

- Oui vous avez raison… Je vous avoue que je suis très surprise de savoir que le Roi Arthur est présent parmi nous alors que je ne devrais pas… Vous êtes un personnage de roman, moi aussi, toutes deux améliorées d’une certaine façon par Disney, alors ça ne devrait pas me surprendre. Pour Arthur comme pour d’autres personnes à Storybrooke. Répondit-elle, songeuse.

Storybrooke était vraiment un univers à part… Un lieu où toutes les possibilités étaient… Possibles. Ça avait de quoi donner le tournis. Et peut-être que cela expliquait en partie pourquoi elle avait du mal à retrouver Adam : trop de possibilités rendaient les recherches plus compliquées. Ce fut cela qu’elle confia à Meredith, qui était dans la même situation qu’elle au final.

- Bon plan, il faudra appliquer cela lorsqu’on les retrouvera. Acquiesça-t-elle en souriant.

Les deux femmes partirent ensuite prendre un thé, ce dont Belle était drôlement reconnaissante : elle n’avait pas pensé à déjeuner ce matin, trop prise dans son roman dont elle voulait finir les quelques pages avant de venir installer tout ce qu’il fallait pour son petit club lecture à l’orphelinat.

- Vraiment ? Et concrètement ça se passe comment ? On va voir une personne possédant de la magie pour qu’elle nous apprenne ? Questionna-t-elle.

C’était quelque chose qu’elle n’avait jamais pensé à envisager. Mais… Pourquoi pas ? Apprendre la magie, c’était s’ouvrir à un tout autre univers et l’idée lui plaisait bien. Elle était ravie d’avoir rencontré Meredith, ça lui ouvrait tout un univers !

Discuter avec Meredith lui avait permis d’apprendre pas mal de choses en très peu de temps. Notamment la présence d’Arthur et sa sœur Morgane dans la ville. Belle était extrêmement surprise par cette information. Elle n’avait jamais imaginé que l’un des héros les plus célèbres de l’histoire romantique littéraire puisse être un être de chaire et de sang. Elle aurait dû pourtant, elle-même était un personnage de livre à la base, tout comme le roi de Camelot. Bref, savoir que l’une de ses idoles était là, à Storybrooke, ça la rendait aussi excitée qu’une petite fille.

- Vraiment ?! S’exclama-t-elle en apprenant que Morgane était prof au lycée. Attendez… Mme CORNOUAILLES ! Bien sûr ! Maintenant que vous me le dites, ça parait évident qu’une personne avec ce nom soit liée à Arthur… Dit-elle en secouant la tête, navrée de sa propre bêtise.

Cette ville était décidément pleine de surprises, même des années après que le Sort Noir ait été définitivement rompu… En même temps, c’était quand même assez étrange de se dire qu’il y avait tellement de personnages qui appartenaient aux mythes et légendes, même pour elle ! Même dans son monde d’origine, Arthur et ses chevaliers n’étaient que des êtres imaginaires. Alors savoir qu’en fait ils étaient réels et présents à Storybrooke… Ouais, y avait de quoi être sur les fesses.

Les deux femmes en vinrent à discuter de leurs hommes, décidant de la meilleure façon de les recevoir si elles parvenaient à leur mettre la main dessus. Visiblement, la claque était leur solution préférée. Ceci dit, Belle n’était pas certaine qu’elle parviendrait à le faire si jamais elle retrouvait Adam…

- Eh bien… Je ne sais pas trop en fait. Je me dis que cela pourrait être une excellente chose, parce que j’aime apprendre et que la magie a l’air d’être un domaine très vaste. Et dans le même temps, je me demande si c’est une bonne idée de commencer à y toucher… Après tout, ne dit-on pas que la magie a toujours un prix à payer ?

Et Belle se demandait si elle serait capable de le payer ce prix, quel qu’il puisse être…

Belle se contenta de sourire lorsque Meredith lui confia que Morrigan devenait plus sympa au fur et à mesure qu’on apprenait à la connaître. La jeune femme n’avait jamais jugé personne, les apparences n’étaient pas un critère à prendre en compte pour elle. Donc à ce niveau-là, si un jour il lui prenait le courage d’aller voir son ancienne prof de SVT, la jeune vendeuse savait qu’elle prendrait le temps de mieux connaître l’autre femme avant de se faire son jugement.

Elles dévièrent la conversation sur la magie et Belle avoua qu’elle s’intéressait à cet univers : après tout, c’était la magie qui avait transformé sa vie, non pas une mais bien deux fois ! Du coup, vu le caractère de la jeune femme, c’était forcément quelque chose à laquelle elle allait s’intéresser un jour, voire même apprendre, peut-être. La décision n’était pas encore prise, il fallait bien l’avouer.

- J’avoue que je trouve ça intéressant, mais dans le même temps, je ne sais pas si c’est très utile de savoir la pratiquer… Peut-être qu’il est possible d’apprendre, sans pratiquer. Se mit-elle à réfléchir à haute voix. Enfin, je verrais bien, un jour. Conclut-elle avant que Meredith ne lui indique qu’elle devait partir. Oh oui, je t’ai assez retenu ! Merci beaucoup pour ton aide ! La remercia-t-elle doucement. On se revoit quand tu veux, je serais régulièrement ici. Indiqua-t-elle avant de saluer la plus âgée qui partait.

Belle resta un instant à regarder la porte en souriant en songeant à cette rencontre totalement imprévue mais tellement géniale ! Puis elle se secoua et se remit à la tâche, après tout, il lui restait encore un peu de boulot avant de pouvoir recevoir les enfants et leur proposer une lecture sympathique !