« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Mardi 9h, réveil paisible à l'ombre des persiennes. Le soleil est aussi sauvage et doux qu'un câlin de bébé tigre. Benjamin profite de chaques minutes allongé dans son lit. Pour une fois dans sa vie il n'est pas en retard pour le travail. Il allume la radio, s'étire, se roule et se glisse dans ses vêtements en chanson. Le dernier single de Gazelle est parfait pour commencer une si belle journée. Benjamin célèbre la vie avec une remarquable chorégraphie de brosse à dents. Même son reflet dans le miroir rayonne, Benjamin irradie, rien aujourd'hui ne pourra ternir sa bonne humeur.
9h45, madame Malbuche, sa voisine de pallier, a fait des ''crêpes maison''. Elle les a soigneusement déposé dans un petit panier sur le pas de la porte à l'intention de son '' voisin chéri''. Benjamin se demande si madame Malbuche a fumé la moquette.
10h, même le gardien de l'immeuble est en joie, pour la première fois depuis six mois sa moustache affiche un sourire. Benjamin se dit que monsieur le gardien a du passer la soirée avec madame Malbuche.
10h20 Sur la route, les voitures n'ont jamais été aussi aimables. Elles disent « allez-y je vous en prie » en appel de phares au petit vélo de Benjamin qui traverse la ville avec l'aisance d'un aigle orange fluo. Absolument aucun nuage à l'horizon, le jeune homme se demande ce qui pourrait bien gâcher une si merveilleuse matinée.
10h30, arrivée sur la grande place où des enfants jouent au cerf-volant. Lorsque Benjamin ouvre son food-truck, ils se précipitent tous les trois pour assister au festival de couleurs et de gourmandises qu'offre ce paradis du Donuts. Ils sont très curieux et posent énormément de questions, mais le vendeur a l'habitude. Pour les distraire, il leur raconte l'histoire du jour où un énorme oiseau est entré dans le camion pour voler toute une cargaison de donuts. Benjamin imite le volatile à la perfection, les joues pleines de donuts il court en battant des bras après les enfants qui rient aux éclats. Non, vraiment, rien ne pourra gâcher cette journée.
10h40, lorsqu'on connaît Benjamin, on sait pertinemment qu'une si belle matinée équivaudrait a six mois de malheur, une jambe cassée ou un braquage de donuts intempestif par animal incongru. Le vendeur de donuts s'attend à tout moment à recevoir le ciel sur la tête. Cependant, il se trompe, ce n'est pas véritablement le ciel qui va lui tomber dessus, mais une ombre plus malveillante, une ombre au délicat parfum de pois chiche et ciboulette. Alarmé par cette odeur inhabituelle de légumes et de persillades, Benjamin se retourne. Devant lui, horreur, un énorme camion s'est installé sur la grande place juste en face du sien.
Dino Quoi ? S'exclame outré le vendeur de donuts. Mais qu'est-ce que... un food truck de légumes bios, sur ma place ?
Le vendeur de donuts bouillonne comme une cocotte minute dans un sauna. De l'affreux camion vert et violet ( la couleur des méchants on va pas se mentir) sort une jeune fille au sourire radieux. Benjamin qui s'est arrêté de courir net en voyant ce spectacle est à présent caché derrière un arbre telle une fouine encapuchonnée.
Cette madame légume est beaucoup trop mignonne, pense-t-il, elle cache quelque chose. Regardez-moi ça, l'alliance parfaite d'un ange et d'un cookie, cette fille est un démon venu tout droit des enfers du chou de Bruxelles pour voler ma clientèle ! Ça va pas se passer comme ça, les enfants venez voir, chuchote- il en douce aux triplés cachés derrière lui.
11h lancement des hostilités, Benjamin défendra coûte que coûte son royaume contre l'envahisseur sans pesticide. Il a plus d'un tour dans son sac, il a même sous la main trois garnements prêts à tout pour un donuts gratuit.
Mes petites mitraillettes en culotte courte, j'ai une mission pour vous. Je sais à quel point vous aimez poser des questions, sans relâche, alors allez-y , mettez-y tout votre cœur, votre voix la plus aiguë et vos cris les plus stridents ! Je veux que vous alliez espionner ce dino truc, rendez fier le royaume du donuts et votre rois vous récompensera. Je vous offrirai des perles de sucre venu d'un pays où on ne sucre pas, je creuserais la terre jusqu'après ma mort pour couvrir vos bras de donuts et de chantilly. Le sucre coule dans vos veine comme la sève dans les arbres, courez, dansez chantez, faites sonner vos cordes vocales comme jamais ! Je veux tout savoir de ses moindres secrets, ses légumes sont-il vraiment bios ? Ses muffins à la courgette sont-ils aussi délicieux qu'ils en ont l'air ? Que se cache-t-il dans le panier à malice de cette tueuse de légumes? L'avenir de Daddy Donuts est entre vos mains !
Sur ces belles paroles, les trois apaches miniatures se ruent sur le food truck adverse en poussant des petits cris de sauvageons. Benjamin s'en lave les mains :
Impossible de supporter ces trois enfants plus d'une heure, je suis sûr qu'elle aura baissé les bras avant midi, bon vent dino choucroute, gloire au sucre, gloire au gras, la guerre est déclarée !
5H30. La lueur brillante et rosée du soleil caressa ma peau. Je n'utilisais aucun réveil matin car mon corps était habitué à se lever très tôt. Qui plus est, au cas où le sommeil m'aurait laissé quelques grains de sable au coin des yeux, Elton veillait au grain. Chaque matin, il se perchait sur moi et me donnait un petit coup de langue si jamais j'étais sur le point de me rendormir. Il était un petit compagnon si loyal et dévoué. Il savait que j'avais beaucoup de travail et que lézarder n'était pas permis.
Ce jour-là, je battis des paupières et lui adressai un sourire encore un peu endormi. Il s'était placé sur mon oreiller.
"Bonjour toi !"
Il me répondit par son silence habituel, agrémenté d'un regard fixe. J'adorais sa conversation. Et il appréciait la mienne. C'est si reposant les personnes qui n'ont pas besoin de parler pour faire comprendre des tas de choses.
"Tu as raison. Les légumes ne vont pas se découper tout seuls !"
Je me levai, pliai le sac de couchage et remis le siège du Dino Truck en position assise. Je dormais toutes les nuit dessus. C'était relativement confortable pour quelqu'un qui ne remue pas trop en dormant.
6H. L'épluchage de légumes est une activité intensive qui nécessite beaucoup de dextérité et d'organisation. A raison de deux heures par jour, il faut avoir du coeur à l'ouvrage. Fort heureusement, Elton est toujours là pour me tenir compagnie, mais également quelques esprits de passage. Je ne vois pas les morts mais je les entends. Et ils ont beaucoup à dire. Parfois, je les conseille. Mais le plus souvent, je ne fais que les écouter. C'est essentiel pour qu'ils se sentent apaisés.
8H30. Après l'épluchage vient la cuisine à proprement parlé. Je confectionne les steaks de pois chiche, haricots rouges et autres. Je patisse les desserts du jour. Tout en préparant, je grignote un petit déjeuner improvisé, ce qui me permet de vérifier que ce que je cuisine est réussi. Il ne faut jamais être trop sûr de soi, sans quoi on commet des erreurs. La remise en question est la clé du succès, ainsi que la confiance en soi, les deux correctement dosées.
Tout en grignotant, je bois un smoothie banane, kiwi, orange au lait de coco, afin d'avoir suffisamment de vitamines pour toute la journée.
Quand les esprits s'envolent vers d'autres horizons, je continue mes préparatifs en chantant, dans la joie et la bonne humeur. C'est souvent le moment que choisit Elton pour faire sa promenade. Il n'est pas très sensible à la musique.
10H. "Tu trouves que c'est une bonne idée ?"
Elton me fixa de ses petits yeux insistants.
"C'est vrai que Hypérion nous y a emmenés l'autre jour, mais je ne sais pas si ça serait une bonne chose d'y retourner."
J'hésitai au sujet de Storybrooke. A l'heure actuelle, nous nous trouvions au bord d'une route de campagne entourée par la forêt. J'avais la possibilité de poursuivre ma découverte du monde, ou de revenir en arrière, dans la ville extraordinaire qui avait été mon terrain de jeux pendant mes premières années de vie humaine. Une citation sur l'un de mes mugs exposés -et fixés- sur une étagère, à côté du mixer, termina de me convaincre :
Rien dans ce monde n'arrive par hasard.
C'était entièrement vrai. Qui plus est, je n'allais jamais pouvoir faire une journée rentable en ouvrant sur une route de campagne.
"Plein gaz sur Storybrooke !" lançai-je, enthousiaste, en époussetant mes vêtements couverts de farine de riz.
Je rangeai produits et provisions dans les différents frigos, m'assurai que tout était correctement accroché, et me mis au volant. Elton retrouva sa place attitrée sur le tableau de bord, afin de pouvoir bronzer pendant le trajet.
10H45. J'avais décidé de m'installer sur la grande place, en face d'un autre food truck qui vendait des donuts. Il était peu probable que nous nous fassions concurrence, puisque nous ne vendions clairement pas la même marchandise. J'avais trouvé l'emplacement très judicieux, car nous allions pouvoir nous tenir compagnie ! A mon arrivée, les relents de friture m'avaient soulevé quelque peu le coeur, mais dès que j'avais commencé à allumer mes propres friteuses et précuit mes steaks végétals, les bonnes odeurs avaient bientôt enveloppé la grande place sous les auspices sacrés du légume.
J'avais aperçu le vendeur de donuts dans son camion et l'avais salué de la main avec un grand sourire sympathique, mais le soleil brillant dans ma direction m'avait sûrement cachée à sa vue, car il n'avait pas répondu. Tant pis. J'irai me présenter à lui plus tard.
11H05. J'étais en train d'installer des chaises vert pomme autour de deux petites tables rondes quand des cris d'enfant percutèrent mes oreilles. Je me redressai d'un bond et pivotai vers eux. Je découvris trois petits garçons braillards et exubérants. Ravie, je leur souris. J'adorais les enfants. Cependant, je n'eus pas le temps de parler que l'un d'entre eux entama direct :
"Vous êtes sur notre territoire !" "Ouais, cet endroit appartient à Daddy Donut !" renchérit un autre en reniflant d'un air hautain.
Je jetai un coup d'oeil à l'autre food truck, avant de répondre :
"Vous avez l'air de tenir beaucoup à ce food truck." "Les donuts sont super bons là-bas !" assura le troisième, qui semblait le plus timide des enfants. "Les donuts, c'est la vie !"
Je me penchai vers eux, l'air mystérieux.
"Ca vous dirait de manger une bonne mousse au chocolat ?"
Deux des triplés ouvrirent des yeux ronds, déjà conquis, mais le troisième demeura plus méfiante.
"On vous menace et vous nous offrez un truc ?" s'étonna-t-il. "Personne fait ça." "Eh bien, moi je le fais." rétorquai-je, mutine. "Ne bougez pas. Je reviens."
Je contournai le dino truck pour entrer à l'intérieur, ouvrir le frigo des desserts et en sortir trois portions de mousse au chocolat que j'apportai aux trois enfants. Je les posai sur une des tables avec trois cuillères en bois.
Le plus timide fut le premier à goûter. Il écarquilla les yeux de surprise avant de manger goulument, ce qui encouragea le second petit garçon à se laisser tenter.
"C'est pas empoisonné." précisai-je avec un petit rire en constatant que lle troisième restait sur ses gardes.
Les deux autres s'assirent à table et continuèrent de dévorer leur mousse. Le dernier finit par les imiter et fut conquis en quelques instants.
"Ca a pas le même goût que d'habitude. Mais ça se mange." admit-il, la bouche toute barbouillée de chocolat.
"C'est parce que c'est fait avec des patates douces et de la crème de coco." leur appris-je, attendrie par leur aplomb à ne pas en laisser du tout.
"Des patates, c'est des légumes ! Ca se fait pas en dessert ! C'est n'importe quoi !" protesta le petit chef de la bande.
"L'extraordinaire se trouve dans l'ordinaire." assurai-je.
Les trois enfants semblèrent méditer sur cette phrase. Le silence qui s'installa fut de courte durée, car bientôt, le chef lança :
"Vous avez quoi d'autre ?"
"Des muffins à la courgette."
Ils grimacèrent de dégoût. Je levai les yeux au ciel. J'étais habituée à ce genre de réaction. Ca me donnait encore plus envie de bousculer leurs idées reçues. Je leur apportai à chacun un muffin et une fois qu'ils furent conquis, leur expliquai à quel point il est important de bien manger et de ne pas abuser des produits gras comme les donuts. Je cherchais uniquement à les informer afin qu'ils restent en bonne santé. Ils écoutèrent en ouvrant de grands yeux et de grandes oreilles tout en mastiquant leur muffin. Ils n'en laissèrent aucune miette.
11H40. Je vis les trois enfants se précipiter vers le food truck d'en face. Ils couraient nettement moins vite qu'à aller. Ca n'était pas étonnant étant donné tout ce qu'ils avaient mangé. Il me restait un peu de smoothie vitaminé que je leur avais donné pour faire glisser le tout.
"On lui a mis la misère !" assura le chef une fois arrivé au comptoir de l'autre food truck.
"Oui ! On va vidé toutes ses réserves comme ça elle ne peut plus rien vendre !" ajouta le second en se tenant le ventre.
Le troisième émit un petit rot bien plus éloquent que n'importe quelle parole et posa un muffin sur le comptoir.
"Mademoiselle Astrid vous donne un muffin à la courgette." dit-il.
Je n'avais pas entendu un seul mot de cette conversation, puisque j'étais trop loin. Cependant, j'avais vu que le petit garçon avait apporté le gâteau. C'est important de faire les choses bien. J'espérais que monsieur Daddy serait content.
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Benjamin Clawhauser
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11h40- Accoudé au comptoir du camion, Benjamin trépigne. Cela va bientôt faire une heure que ses petits soldats sont partis au front. Pas un coup de canon, pas un seul hurlement d'effroi n'est venu perturber le silence de la grande place. Que peuvent-ils bien faire au Dino Truck, un Jacques a dis, la guerre du silence ? On aura jamais connu de bataille aussi calme, a tel point que Benjamin est loin de se douter de la tempête qui se profile à l'horizon. Pour patienter, il joue à un deux trois donuts avec son ombre, celui qui gagne mange un donuts, il en est à sa quatrième victoire quand, enfin, trois têtes rousses se roulent dans sa direction. En les regardant ventre à terre Benjamin se demande ce qui lui est passé par la tête d'envoyer ces ventres sur pattes assiéger un food-truck.
Ne me dites pas que vous avez mangé toutes ses provisions ? En soit ça pourrait être une idée comme une autre pour la faire fuir mais regardez dans quel état vous êtes ! Qu'est-ce que je vais faire avec trois boules de bowling moi maintenant ?
Pendant un instant, Benjamin songe à fabriquer un canon, à mettre les trois marmots dedans et à les projeter sur le camion d'en face, mais nous ne sommes pas dans un cartoon et on ne met pas les enfants dans des canons monsieur Clawhauser !
Mes chers petits, écoutez-moi, l'heure est grave ! Gaver les soldats d’autrui ça ne se fait pas, surtout avec des légumes!
Benjamin se dresse et pointe sa spatule sur les trois enfants :
Sur le ring la patate douce se plie sous le joug du donuts, pouf sucre glace dans les yeux, pim elle glisse sur le chocolat et qu'est ce qu'elle répond la patate douce : ouin ouin je suis toute douce ouin ne me tuez pas roi gracieux !
11h50 - Benjamin est très fier de son imitation de la patate douce.
NOUS avons été élus deux fois champion de la grande place par le très célèbre jury de la maternelle de Storybrooke, CET affront ne doit pas rester impuni !
Le seigneur est débout sur son comptoir, au loin on aurait presque l'impression qu'il se bat avec un essaim de mouches, mais non ! Il dresse fièrement sa spatule vers le ciel et s'adresse à ses soldats:
Vous allez me faire deux fois le tour de grande place, 6 pompes et 5 'loué soit le seigneur sucré allez hop !
Sur ces mots la petite troupe se met à courir avec l’aisance d'un cachalot qui aurait mangé un mcdo. Après tous ses efforts, le général Benjamin leur offre quelques minutes de répit, un coca pas zero et une tape dans le dos :
C'est qui mes champions ?
C'EST NOUS LES CHAMPIONS !
Les trois enfants crient en cœur, le coca qu'ils ont bu leur a redonné suffisamment d’énergie pour retourner la grande place. Coiffée d'une soudaine fierté et d'un aplomb qui le surprend lui-même, Benjamin descend de son piédestal et, accompagné de sa troupe de rouquins baleines, il se dirige d'un pas assuré vers le camion adverse.
Madame la reine des courgettes, des soldats ont été mis à terre, écrasés sous le poids de leur propre gourmandise. Vous avez nourri mes sujets sans mon accord, MOI l'auto-proclamé roi des Donuts et par conséquent de la grande place, JE vous déclare officiellement la GUERRE ! Un simple muffin ne suffira pas à m'amadou...
Benjamin bégaye, les yeux écarquillés par la surprise, subjugué par une vague de douceur qui traverse tout son corps. Il vient de croquer dans le muffin et cette bouchée est une caresse, elle emmitoufle Benjamin nu dans une couverture de plumes d'oie un soir d'hiver devant la cheminée qui crépite. Des puttis à tête de courgettes volettent autour de lui, Benjamin touche du doigt l’essence du divin et tout s'arrête. J'en veux encore crie son âme à travers son enveloppe charnel !
Ça va monsieur, vous avez l'air tout ébabobi ?
Le chef des triplés tape sur la tête de Benjamin qui ne réagit pas avec la spatule qu'il vient de lui voler et s'exclame
DU POISON ! Je vous l'avais dit, elle nous a empoisonné, on va tous mourir de la maladie de la courgette !
Hubert le plus timide des trois frères se met à pleurer :
Nooon pas le monstre courgette !
12h - La foule commence à affluer sur la grande place lorsque les trois enfants se mettent à pleurer et à se rouler par terre devant le dino truck, faisant fuir les clients potentiels du nouveau food-truck :
Au fait moi c'est Benjamin, vous mettez quoi au juste dans vos muffins ?
Le vendeur de donuts est si confus qu'il ne remarque même pas l'apogée de son oeuvre, sans le vouloir il vient de ruiner le chiffre d'affaire de sa concurrente. Pour seule arme, trois enfants, un coca et un muffin à la courgette.
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MARDI.
11H50. Pour quelle raison les trois petits rouquins faisaient-ils des tours de la grande place en courant ? Assurément, ce monsieur Daddy était un tortionnaire ! Les pauvres bambins avaient tellement mangé qu'ils risquaient de tout vomir sur le trottoir ! Je m'empressai de préparer une tisane digestive au cas où ils seraient malades. Je versai l'eau portée à ébullition dans trois mugs, sur un zeste d'orange et des feuilles de laurier. Je les avais à peine posés sur le comptoir quand monsieur Daddy arriva jusqu'à moi, flanqué des trois petits bonshommes essoufflés mais débordant d'énergie. Les avait-il... dopés ? Je ne préférais pas savoir. Visiblement, il s'agissait d'un individu dangereux, aux manières déplorables.
Me déclarer la guerre ? J'ouvris de grands yeux indécis et peinés. De toute ma vie, jamais personne ne m'avait parlé aussi méchamment. Et ce, sans même chercher à me connaître au préalable ! Par le passé, certaines personnes s'étaient mal comportées à mon égard, tout comme j'avais eu aussi quelques petits accrochages avec d'autres, mais j'estimais un peu gonflé de m'en vouloir juste parce que j'avais décidé de m'établir sur la même place que lui !
Naïvement, j'avais pensé que nous ne nous ferions pas concurrence puisque nous ne vendions clairement pas les mêmes produits, et donc nous n'aurions pas la même clientèle. Décidément, j'avais encore beaucoup de choses à apprendre sur les humains.
Fort heureusement, mon muffin à la courgette eut bientôt raison des principes de monsieur Daddy ; il manqua même de s'étouffer avec. Il ne fit aucun compliment mais son expression adoucie et rêveuse suffit à me convaincre qu'il avait été battu par le plus surprenant des légumes : délicieux en gratin ou en gâteau.
Puis, inexplicablement, tout partit en vrille. La bulle d'apaisement éclata, remplacée par la panique totale tandis que deux des triplés prétendaient que j'avais empoisonné mon 'concurrent'.
12H. La situation devenait ingérable. Les triplés se roulaient par terre en pleurant. Jouaient-ils la comédie ou étaient-ils sérieusement angoissés ? Désemparée, j'observai la scène. Des gens commençaient à s'agglutiner, à la fois curieux et anxieux. Quelle mauvaise pub pour débuter ! Ils finirent par s'éloigner sans que je trouve de quelle manière les retenir. J'étais juste... sans voix.
Bouche bée, je pivotai vers l'instigateur de toute cette scène, qui se présenta sans avoir l'air de réaliser ce qu'il venait de créer. Benjamin. Benjamin. Benjamin. Ce mot serait marqué à jamais au fer rouge dans mon esprit. Hors de question de l'oublier, déjà que je n'oubliais jamais rien...
Je me contentai de le fixer d'un oeil perçant, tout en tordant une branche de laurier entre mes doigts.
"Dans mes muffins, je mets de la courgette, du sucre, de la farine et beaucoup de belladone."
J'avais prononcé ces paroles d'un ton cassant, l'observant sans cligner des yeux une seule fois.
Pour rien au monde je n'aurais donné la véritable recette à ce vendeur de donuts ! Une part de moi espérait qu'il ne tenterait pas de la recréer, car il risquait de mourir pour de bon -la belladone étant une plante possédant de nombreux surnoms, comme l'herbe du diable ou l'empoisonneuse- mais il m'avait tellement agacée que j'avais eu envie de lui rendre le tiers de la monnaie de sa pièce. De toutes façons, il n'y avait plus aucun client dans les parages pour entendre mon mensonge.
"Les enfants !" interpelai-je les triplés qui se roulaient toujours par terre. "J'ai l'antidote qu'il vous faut !"
Je leur laissai le temps de se relever et poussai vers eux les trois mugs fumants.
"Il faut absolument boire ceci sans quoi vous allez vous transformer en courgette !" fis-je en ouvrant de grands yeux plein d'appréhension.
Les trois garçons tendirent aussitôt leurs petits bras pour se passer les tasses et les boire à grandes gorgées. Un petit silence s'installa.
"Ca devrait être suffisant." estimai-je au bout de quelques instants. "Ouf, vous êtes sauvés ! Nous l'avons échappé belle !"
Faussement soulagée, je passai une main sur mon front. Les triplés parurent enchantés d'avoir surmonté ce danger.
"Noubliez pas : on triomphe mieux des légumes quand on en mange cinq fois par jour. Votre corps deviendra plus fort. Un jour, vous n'aurez plus besoin d'antidote pour vaincre la courgette !"
Je leur adressai un clin d'oeil. Ravis, ils détalèrent en jouant aux indiens -le chef imitant le cri des squaws tout en agitant sa spatule dans les airs.
Je profitai qu'ils se soient éloignés pour m'appuyer contre le comptoir et déclarer à Benjamin d'une voix mélodieuse et déterminée :
"C'est une belle tentative. Mais vous perdez votre temps : en soixante-cinq millions d'années, jamais personne n'a réussi à me faire mordre la poussière. Même le plus fort des tyrannosaures s'y est cassé les dents."
J'agrémentai ma tirade d'un sourire mutin avant de tourner la tête vers un nouveau client qui venait d'arriver. Posée et enthousiaste, je lançai :
"Bonjour monsieur ! Vous avez fait votre choix ?" "Hum... oui je vais prendre un Tricératops avec une portion de frites aux légumes et un Better Booch à la cerise." "Excellent choix !" commentai-je. "Vous êtes quelqu'un qui cherche à se nourrir intelligemment et de façon naturelle. Le monde manque cruellement de personnes comme vous." "Oh, euh... vraiment ?" s'étonna le petit monsieur dégarni, à la fois surpris et flatté. "Je vous assure que oui. Avec ça, je vous offre une mousse au chocolat à la patate douce. Vous m'en direz des nouvelles !"
Ravi, le petit monsieur porta la main à sa cravate comme pour améliorer son allure. J'adorais rendre le sourire aux gens.
"Oh, je ne devrais pas. Ma femme trouve que je grignote trop." réalisa-t-il, penaud. "Ma mousse contient très peu de calories. Pas comme d'autres gourmandises que l'on peut trouver dans le même périmètre."
J'avais parlé d'une voix toujours aussi douce et mesurée, mais la pique à l'endroit de Benjamin était parfaitement dosée. Qu'il n'espère pas obtenir de mousse au chocolat gratuite ! Il avait été très clair, il avait refusé mon muffin de l'amitié, par conséquent je n'allais plus du tout me montrer gentille avec lui. D'ailleurs, pour quelle raison restait-il planté près du comptoir ? Cherchait-il à me déstabiliser ? Si tel était le cas, ça ne fonctionnait pas du tout. J'avais déjà tenu tête à bien pire que lui.
Guillerette et imperturbable, je commençai à préparer la commande du monsieur.
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Belladone... Benjamin avait déjà entendu ce nom quelque part, mais où ? C'est jolie comme nom, la belladone, c'est délicat, raffiné, ça sonne comme une belle histoire d'amour un soir d'été sur une barque à Venise. En creusant un peu dans sa mémoire antérieure, il se serait rappelé que la Belladone avait été au cœur d'une investigation à Zootopie. Au même titre que le hurleur nocturne, cette plante qui avait transformé les habitants de la ville en bêtes sauvages, la Belladone plus connue sous le nom de l'empoisonneuse avait fait des ravages dans la communauté des chinchillas, rendant les petits rongeurs totalement barjos. Mais la mémoire de Benjamin était ce qu'elle était, un flan un peu trop cuit sur lequel on aurait oublié de mettre du caramel. Naïf, le garçon pensa que la Belladone était sans doute la meilleure chose à laquelle il avait goûté et nota ce nom dans un coin de sa tête, espérons que comme tout le reste, il l'ait vite oublié. En attendant, les petits soldats avaient retrouvés leur calme, il devait y avoir de la Belladone dans leur tisane pour les rendre aussi sages. C'était donc ça le secret de madame Dino, mais Benjamin s'il était curieux n'était pas un voleur, sa vie était faite de principes:
On ne met pas le chocolat après le lait dans la tasse On ne mange pas après minuit sinon on se transforme en gremlins On ne dit pas non à un muffin même s'il est à la courgette et, on ne vole pas les recettes des autres !
12h00 Les enfants jouent et rient aux éclats, apaisant les tensions qui règnent sur la grande place. Mais la guerre est loin d'être terminée, elle ne fait même que commencer. Benjamin n'a peut-être pas soixante-cinq millions d'années d’expérience, contrairement à cette fille qui ne fait définitivement pas son âge, mais il maîtrise à la perfection l'art d'être un boulet :
C'est sans doute car vous êtes trop vieille pour le remarquer, mais j'ai des dents très solides et comme vous m'avez gentiment partagé votre recette je vais vous donner la mienne, mettez du sucre glace et de la cannelle en poudre sur votre dentifrice, mais attention, ce serait vraiment bête de s’étouffer en se brossant les dents.
Benjamin ne peut pas être plus sincère, de toute évidence il ne connaît pas le cynisme. Le sourire du jeune homme laisse cependant place à une grimace défaite, lorsqu'un vieil homme le bouscule pour prendre sa commande. Benjamin reste planté là à observer la technique de vente peu conventionnelle de son adversaire. Son calme est indécent, elle vend ses produits comme on envoie des baisers volés, cette fille est une redoutable tentatrice. Elle va même jusqu'à offrir, comme ça, sans aucune gêne, une mousse au chocolat à la patate douce au vieu monsieur tout rond, menaçant de lui causer une bonne crise de foie.
Ma mousse contient très peu de calories. Pas comme d'autres gourmandises que l'on peut trouver dans le même périmètre.
Piqué au vif, Benjamin ne peux décemment pas laisser ce pauvre papy tomber dans le piège de cette charmeuse de vieillards :
Je me demande si la Belladone se marie bien avec la patate douce. Dites moi, est-ce-que vous en mettez aussi dans vos mousses au chocolat ? A Daddy Donuts, on préfère le sucre roux, il paraît même que ça vous rajeunit! Pour un petit voyage en enfance retrouvez moi à Daddy Donuts, le temple de la gourmandise, je suis sûre que votre femme sera ravie de vous voir revenir avec l’énergie d'un adolescent.
Alors que la jeune femme prépare sa commande, le vieillard semble perturbé par les paroles du vendeur de donuts.
De la belladone ? C'est ce que je mets dans mon champ pour empoisonner les mulots ! Je ne suis plus très sûr de vouloir cette mousse au chocolat.. dit le vieux monsieur d'une voix apeurée. Je.. je ferais mieux d'y aller, je suis en retard, ma femme m'attend !
Du poison ? J'en reviens pas, moi qui ai partagé avec vous mon secret du parfait dentifrice, vous avez essayé de m'empoisonner !
Outré Benjamin raccompagna le vieux monsieur et l'invita à prendre un délicieux donuts pour se réconforter.
Venez monsieur, c'est trop dangereux ici, mais à Daddy Donuts on ne prend pas les gens pour des mulots. Je vous recommande le Baby Panda, délicieux donuts qui vous plongera dans les merveilleux souvenirs du passé, votre femme n'en reviendra pas de vous voir aussi lumineux et ragaillardi !
Le vieil homme sourit et se lèche les babines en regardant la carte :
Oh c'est tentant en effet, elle trouve que je me suis ramollit avec l'âge et puis elle adore les pandas, elle en a toute une collection en pâte de verre sur son étagère.
Dans le mille, Benjamin était fier de pouvoir afficher un sourire sur le visage de cet adorable monsieur :
Vous pourriez même lui en rapporter un, regardez, ils ont des petites oreilles de panda toutes mignonnes. Je suis sûre que ça lui plaira, je vous en prépares deux, vous m'en direz des nouvelles!
12h30 – Benjamin fait le show, les spatules volent au-dessus de la tête des clients qui, attirés par le dernier single de Gazelle s'empressent de venir voir le spectacle. Le sucre glace tombe comme de la neige sur les beignets dodues et dorés. Le visage du vieillard se reflète dans la luisance éblouissante et gracieuse de son dessert de rêve, il lui semble avoir déjà perdu quelques rides. Il a des étoiles dans les yeux lorsque Benjamin plonge le panda dans le chocolat.
Tel est le véritable pouvoir du donuts ! »
Déclare Benjamin en tendant fièrement sa gourmandise au vieillard. Ce dernier n'attend pas une seconde de plus pour croquer dedans et soudain le monde s'éclaire, il est de nouveau un enfant.
13h00 – Benjamin est affairé à sa tâche, il ne pense même plus à son adversaire tant il est absorbé par les nombreuses commandes qui ont afflué des suites de son spectacle.
14h30 – Il réalise enfin que cela fait plus d'une heure qu'il travail d'arrache-pied et décide de prendre une petite pause. Il laisse le camion ouvert avec une pancarte « Les donuts font la sieste » et s'installe à l'avant pour déguster un petit jus d'orange en brique bien mérité. Il ferme les yeux et commence à s'endormir en repensant à tous ces gens heureux, une bien belle matinée...
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MARDI.
12H30. L'infâme pourvoyeur de sucre avait volé un de mes clients. Avait-il fait exprès de mentionner la belladone devant le monsieur ? Evidemment. Ce Daddy Donuts semblait plus fin qu'il ne paraissait. J'allais devoir me méfier de lui. Sous son air débonnaire, il se révélait sournois et vicieux. J'étais capable de me montrer extrêmement gentille, mais je pouvais aussi enlever la fleur de mon fusil et l'armer en brocolis et en patates de toutes sortes. S'il se lançait sur cette pente, il risquait de déchanter très vite...
Je réfléchissais à un angle d'attaque pendant que le jeune homme fanfaronnait depuis son food truck, à plusieurs mètres de là. Une musique entraînante émanait de son lieu de travail, encourageant les passants à consommer ses monstruosités sucrées.
J'étais bien obligée d'admettre que mon dino-truck attirait moins l'oeil. Fallait-il que j'utilise de la poudre aux yeux, comme lui, afin d'attirer la clientèle ?
13H. L'appel de la vengeance est puissant. Plus facile, plus séduisant est le côté obscur des donuts... J'en avais cassé un bâton de réglisse entre mes blanches mains.
J'observai monsieur Daddy se dandiner au rythme de la musique tout en confectionnant ses gourmandises cancérigènes. Les gens l'applaudissaient presque comme s'il était un virtuose de la spatule. Je serrai tellement la mâchoire que je ressentis une vive douleur aux dents. Alors, j'inspirai profondément pour tenter de me décrisper. Je devais reconnaître qu'il avait un certain savoir-faire, et beaucoup de style. Pouvait-on parler de panache ? Non, ce serait exagéré. Quelle tristesse qu'il n'emploie pas ses talents à préparer de la vraie nourriture ! Je songeai à tous ses pauvres clients qui auraient vite des problèmes cardiaques à force de se gaver de donuts. La prévention ne suffirait pas. Je l'avais compris, à présent. Il fallait frapper plus fort, plus intelligemment.
Je devais inventer toute une stratégie.
"Vous avez choisi ?" demandai-je avec un sourire à une dame audacieuse qui avait préféré mon food-truck à l'autre.
Cette cliente était la preuve que l'espoir subsistait encore. Certaines personnes privilégieraient toujours la bonne nutrition à la malbouffe. 14H30. Le silence règne enfin sur la grande place. Benjamin a éteint la musique. Les clients se sont dispersés.
A demi hébétée, je mis un certain temps à retrouver mes esprits. Mon service était fini depuis une bonne demi-heure déjà, et j'étais occupée à nettoyer et ranger ustensiles ainsi que la vaisselle. Le calme inattendu m'incita à tourner la tête vers mon concurrent.
Je claquai le torchon que je tenais en main sur le comptoir et descendis du camion pour m'approcher de l'autre avec méfiance. Le calme brutal était presque inhabituel.
Les donuts font la sieste.
Je secouai lentement la tête de gauche à droite. Malgré tout, l'ombre d'un sourire traversa mon visage. Il avait le sens de l'humour.
Je m'avançai encore, de sorte à remarquer que le food-truck était toujours ouvert, bien que Benjamin ait décidé de faire une sieste à l'avant du véhicule, une petite paille abandonnée au coin de sa bouche entrouverte.
"Quel idiot..." songeai-je à haute voix, exaspérée.
Laisser son food-truck sans surveillance et piquer un roupillon ! Jamais je n'aurais fait une chose pareille ! Je baissai les yeux vers le petit lézard qui m'avait suivi.
"Qu'en dis-tu, Elton ?"
Mon ami reptile resta parfaitement immobile, le museau en l'air comme s'il sondait l'espace menant au food-truck concurrent. Enfin, il zigzagua rapidement jusqu'au camion, monta le long de la carrosserie et disparut à l'intérieur.
"Elton !" chuchotai-je, réprobatrice. "Reviens !"
Savez-vous que les lézards sont encore plus têtus que les chats ? Comme il fallait s'y attendre, mon ami ne reparut pas.
Je me mordis les lèvres et me mis sur la pointe des pieds pour essayer de voir, sans succès, à l'intérieur du food-truck, par-dessus le comptoir.
"Elton !" insistai-je à voix basse.
Je contournai le camion sur la pointe des pieds. Il allait falloir que j'entre, car je craignais que mon lézard mange quelque chose qui le rende malade.
Je passai devant le pare-choc du véhicule. A cet instant, un léger ronflement émana de la gorge de Benjamin. Je levai les yeux vers lui et plaquai une main contre ma bouche.
Allongé sur sa chemise couverte de sucre glace, Elton s'amusait à mettre sa langue dans le nez du grand monsieur Daddy. Ce dernier imperturbable, continuait de dormir. Ses narines frémissaient de temps à autre tandis qu'Elton les chatouillait avec sa langue.
Je réprimai un éclat de rire. Revenant à petits pas jusqu'au comptoir du food-truck, je sortis un stylo de la poche de ma chemise et écrivis un autre message sous le sien :
Les donuts font la sieste Et le lézard fait des bisous bizarres.
A son réveil, Benjamin allait sûrement se demander ce que ça pouvait signifier. C'était une stratégie comme une autre pour semer le doute dans son esprit. Très inspirée, j'ajoutai en dessous, en plus petit :
Cher monsieur Benjamin, vous avez un admirateur.
J'esquissai un sourire espiègle et sursautai en entendant du mouvement depuis l'avant du véhicule. Je m'éloignai en vitesse, vérifiant du coin de l'oeil qu'Elton me rejoignait. Il trottinait vivement dans ma direction, visiblement satisfait d'avoir marqué cet être humain avec son ADN.
SAMEDI.
22H30. La soirée avait été mouvementée, à l'image de la première semaine passée à Storybrooke. Chaque jour, quelque chose de fâcheux était arrivé. Et chaque jour, l'origine du désagrément avait pour nom... Benjamin. A l'arrière du dino-truck, j'avais accroché le dessin d'un donut avec lequel je jouais aux fléchettes dès que je sentais l'agacement devenir incontrôlable. Je le détestais de toutes les fibres de mon corps. Jamais encore je n'avais haï quelqu'un à ce point. Je n'avais pas l'impression d'avoir autant détesté le Dent-Tranchante qui m'avait privé de ma maman. Benjamin était un tyran d'un nouveau genre. Lisse, sucré et sympathique en apparence, fourbe et vicieux en profondeur.
Fort heureusement, mon affaire tournait bien. Les personnes soucieuses de leur alimentation trouvaient leur bonheur sur ma carte. Je fidélisais les clients. Certains allaient également chez Benjamin, mais lui aussi avait son propre "réseau" d'accros au sucre.
Ce soir-là, je m'apprêtais à débuter ma première séance de spiritisme à Storybrooke. Pour le moment, seuls deux curieux s'étaient approchés timidement de la table ronde sur laquelle trônait un ouija -un homme d'une cinquantaine d'années, et une femme avec dix ans de moins. Sur une autre table, plus petite, j'avais disposé des mini sandwichs garnis à l’houmous, au caviar d'aubergine et une crème aux poivrons.
Parmi les curieux, il y avait un autre homme, asiatique, qui semblait sceptique et qui répondait au nom de Socrate. Il s'agissait d'un ami qui habitait dans le coin et que j'avais convaincu de venir. J'avais espéré que d'autres suivraient. Il était encore tôt. Le spiritisme rendait beaucoup mieux à la nuit tombée. D'ailleurs, il rendrait beaucoup mieux tout court sans l'agitation ambiante à moins de dix mètres.
M'armant de positivité et de calme, je me dirigeai vers le food-truck jaune et rose duquel émanait un bruit de basse ainsi que de la musique populaire.
Pour une fois, Benjamin n'était pas dans le véhicule puisqu'il animait la soirée karaoké du samedi soir. Je tapotai son épaule afin qu'il se retourne et demandai avec une gentillesse étudiée :
"Bonsoir. Voilà... pourriez-vous mettre une sourdine sur le karaoké, d'ici quelques minutes ? La soirée spiritisme va bientôt commencer et la musique trop forte risque de déranger les esprits."
Je croisai les doigts mentalement. Malgré tout ce qui était arrivé la semaine passée, mon adversaire n'avait pas un mauvais fond. J'en étais convaincue. Par conséquent, il pouvait se montrer courtois et compréhensif, non ?
"Je vous ai laissés faire votre bruit jusqu'à maintenant." fis-je remarquer d'un ton entendu. "Ce serait aimable de votre part de me laisser faire mon activité, à présent."
Je le fixai sans ciller, le visage fermé. De manière à lui faire comprendre que je ne transigerai pas.
"Oh, ce sont des donuts au chocolat ?" demanda une voix dans mon dos, dans une intonation qui ressemblait à un miaulement.
Je tiquai, agacée. De toute évidence, les gourmandises de mon ennemi étaient au goût de Socrate. Pourtant, je pensais qu'il n'aimait que les lasagnes ! Je continuai de fixer Benjamin sans ciller.
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Benjamin Clawhauser
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| Conte : Zootopie | Dans le monde des contes, je suis : : Benjamin Clawhauser
Dans un monde dévasté par la guerre, un survivant nommé « Benji le survivant » dirige un groupe de rouquins armés jusqu’aux dents, prêt à dérouiller de la choucroute cosmique. Personne n'avait prédit que l'an 3000 serait l'année où tout bascule. Trop occupés à régler des problèmes de société vieux de 1000 ans tels que « pain au chocolat ou chocolatine », les humains n'avaient pas prévu une invasion spatiale d'une telle ampleur. Lorsque les vaisseaux radioactifs de couleur verte se posèrent sur terre le président se contenta de dire « oups » et l'armée se chargea du reste. Mais quand les soldats se retrouvèrent face à des aliens à tête de choux de Bruxelles, ils prirent peur et s'enfuirent. À l'aide de canons à particules végétales, les immondes légumes transformèrent toutes les sucreries du monde en muffins à la courgette. Le virus se répandit tant et si bien qu'on ne vit bientôt plus l'ombre d'un donuts sur terre. Mais c'était sans compter sur le courage d'un vaillant chevalier de la table ronde ( ronde avec un trou au milieu pour être plus précis ), qui décida d'affronter en face à face la reine du peuple courgette venue de la planète Dino. Avec son équipe ils s'infiltrèrent dans le vaisseau mère pour le détruire et le renvoyer dans l'hyper espace. Mais la tache n'était pas aisée face aux tofus ninjas. Capturé et ligoté sur une chaise dans un champ de navets explosifs, Benjamin le survivant était au bout de ses forces. On l'obligea à manger toutes sortes de légumes pendant qu'une créature à l'apparence de lézard géant lui léchait les trous de nez.
Fort heureusement notre héros se réveil de sa sieste et comprend que tout ceci n'est qu'un vilain cauchemar. Un rêve particulièrement mouillé se dit-il en essuyant ses narines. C'est à ce moment là qu'il remarque sur sa pancarte le message d'un admirateur secret. Le vendeur de donuts vire tout de suite parano et se demande si quelqu'un ne serait pas venu mettre sa langue dans ses narines pendant son sommeil. Quel fétiche étrange, se dit-il écœuré. Soit! Il faudrait peut-être penser à ne pas laisser son camion ouvert quand on va faire la sieste, leçon retenue ! Benjamin termine la journée sur le qui-vive, observant à la loupe chacun de ses clients pour tenter de trouver le coupable. Il n'ose pas croire que cela puisse être Astrid, le traité de guerre des food truck stipule en grosses lettres que lécher les narines de son adversaires est passible d'exclusion de la grande place. Non, ce ne peut pas être elle, la vendeuse de légume tient beaucoup trop à cet emplacement de rêve. Mais prend garde Astridnator, la semaine ne fait que commencer...
Samedi 22h30
La musique bat son plein, les Storybrookiens se trémoussent sous les stroboscopes attendant de pousser la chansonnette sur des tubes de loveurs des années 80, bienvenue à la soirée fast-food et chansons organisée par votre animateur préféré le grand BENJAMIN LEMON. La semaine a été rude face à la reine des courgettes et il a fallut beaucoup d'ingéniosité pour lui faire perdre les pédales. Elle aussi n'y a pas été de main morte et le vendeur a attendu avec impatience le meilleure moment de la semaine pour lui jouer son ultime coup fatal.Habillé dans son costume de scène favori, une combinaison jaune gonflée à l'hélium qui ressemble à s'y méprendre à un citron géant, il entame les festivités en chantant ses chansons préférées, ''kill vegetables'' de Sugar Berserk et "I'm a bad Lemon" . De l'autre côté de la grande place brille une étrange lumière sous des voiles de couleur mystique. Le dino truck renvoi une aura particulièrement mystérieuse et si Benjamin ne met pas le paquet niveau ambiance, il y a fort à parier que l'austérité du food truck d'en face fera fuir le public.
Heureusement que Benjamin a tout prévu en lançant une invitation sur les réseaux sociaux à sa soirée karaoké déguisé, l'occasion pour chacun de venir habillé en son plat de fast-food favori. Sur l'annonce il est écrit « Rendez vous sur la grande place pour un blind test, une parade et une élection du plus beau costume. La fin de l'annonce dit que même si vous chantez comme une casserole, le food truck d'en face raffole des gens qui chantent faux. » Voyant arriver au loin une tribu de tacos vivants, Benjamin se félicite, cette soirée s'annonce riche en surprises. Et, lorsque Astride vient gentiment lui demander de baisser le volume il a de la peine pour elle, sincèrement, car Jean Michel Voidepoubelle déguisé en Happy Meal s'est emparé du micro pour massacrer "Killer Queen" comme jamais.
Oups...
Déclare le garçon amusé en regardant la vendeuse de légumes fulminer.
On va avoir du mal à l'arrêter, il est champion du monde de fausses notes. Qui l'eut cru, un champion ! A STORYBROOKE !
Benjamin hurle pour se faire entendre car Jean Michel est monté un peu trop fort dans les aigus. Il s’intéresse enfin au jeune amateur de donuts au chocolat.
Bien sûr vous avez toutes sortes de Donuts au chocolat, je vous conseille si vous êtes gourmand le Cheetah King, un excellent mélange de chocolat, de céréales lion, de rouleaux à la cannelle, de morceaux de cookies et de beurre de cacahuète. Cela vous ferait plaisir d'y goutter ? J'en ai justement un tout chaud sorti du bain d'huile !
En attendant, Jean Michel entame une troisième chansons, mais qui saura arrêter karaoké man !!
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SAMEDI.
Les dinosaures ont une excellente audition. Les apatosaures, en particulier, possèdent l'oreille absolue. J'avais hérité cette aptitude de mes ancêtres. Très utile, elle permet de reconnaître n'importe quelle note de musique presque spontanément. Avant même de savoir ce qu'était le solfège, j'adorais écouter la symphonie des étoiles d'arbre dans le bruissement du vent, la douce ballade d'un lac tranquille ou le rock n' roll exubérant d'un petit ruisseau. Le monde est musique pour celui qui écoute.
Imaginez donc à quel point cette aptitude devenait un véritable calvaire sous les beuglements éraillés de Jean-Michel -j'avais lu son nom sur le Happy Meal géant qu'il portait. Qui plus est, il s'attaquait à une chanson que j'appréciais énormément. C'était une torture pour mes délicates oreilles de dinosaure.
"Benjamin, faites-le taire." ordonnai-je, mon visage se crispant à chaque fausse note.
Bien entendu, mon rival m'ignora superbement pour se tourner vers Socrate. Ce dernier ouvrit de grands yeux gourmands à l'évocation du Cheetah King, ce qui était plus éloquent que de répondre par l'affirmative.
Outrée, je lui donnai une petite tape sur le bras. Il se le frotta en poussant un feulement indigné.
"Les chats ne mangent pas de chocolat, de cookies, encore moins de beurre de cacahuètes !" fis-je à mon ami, réprobatrice.
"Je ne suis qu'à moitié un chat." corrigea-t-il d'un ton pédagogue.
C'était bien la première fois que je l'entendais dire de telles choses. D'habitude, il était le premier à défendre sa condition de félin. Je roulai les yeux au ciel tandis que je le voyais se lécher les babines par avance quand Benjamin apporta le donut luisant d'huile. Il trônait sur une serviette jaune citron -je plissai davantage des yeux- déjà imbibée d'huile, elle aussi. Comment pouvait-on avoir l'eau à la bouche à la vue de tant de gras ? Cette simple vision me donnait des haut-le-coeurs.
Socrate se saisit de la serviette puis du donut qu'il mordit. Il mâcha quelques secondes avant de dire avec ravissement -et la bouche pleine :
"C'est divin ! Et je sais de quoi je parle !"
Il était le bibliothécaire d'Olympe. Je l'observai d'un oeil oblique. Trahie par mon propre ami ! Pourtant j'aurais dû m'en douter : un chat n'a pas de loyauté. Dès que quelqu'un agite un objet de convoîtise, il change d'allégeance.
Tout en continuant de manger, il se mit à ronronner. Puis, se rapprochant de Benjamin, il pencha la tête de côté et ouvrit de grands yeux émus et adorables à la fois.
"Si j'osais, je... je me frotterais contre vous pour avoir des caresses !"
Ce fut à mon tour d'écarquiller les yeux, mais pas pour les mêmes raisons. Décidément, les donuts de Benjamin étaient ensorcelés. Jamais le comportement de Socrate n'avait changé à ce point.
Il fallait que j'agisse de toute urgence. Surtout que Jean-Michel frottait sa barbe grise tout en cherchant une nouvelle chanson de Queen à massacrer. Il venait à peine d'entamer une revisite déplorable de Seven Seas of Rhye quand une idée lumineuse traversa mon esprit.
Profitant que Benjamin était occupé par Socrate, je m'éloignai discrètement. Je rejoignis rapidement mon dino-truck.
"Ca va bientôt commencer." assurai-je aux deux personnes qui attendaient la séance de spiritisme. "Il me faut juste régler un menu détail au préalable."
Je craignais que l'homme et la femme préfèrent la soirée karaoké. La femme remuait déjà la tête en rythme, malgré l'interprétation plus que déplorable de Jean-Michel.
A l'avant du camion, je récupérai plusieurs tabliers en plastique blanc, de la colle extra forte ainsi qu'un cintre en métal. J'improvisai un atelier travaux manuels en moins de deux minutes, attrapai la clé USB branchée au lecteur musique de mon dino-truck et sortis cette fois-ci par la porte avant gauche du camion, de sorte à ne pas être vue depuis le centre de la grande place.
Me déplaçant parmi les ombres provoquées par les jeux de lumière éblouissants du food-truck de Benjamin, je me faufilai aisément. J'avais la chance que tous étaient obnubilés comme des papillons par une flamme. Ils allaient bientôt s'y brûler...
Courbée en deux, j'avançais d'une démarche prudente et mesurée. Qui a dit que les dinosaures ont le pas lourd ? Je serrai les tabliers contre moi, en espérant que la colle n'allait pas adhérer à de mauvais endroits.
A l'insu de tout le monde, j'arrivai jusqu'à l'arrière de la petite scène installée près du food-truck de Benjamin. Le jeune homme au cerveau enflé comme un donut discutait toujours avec Socrate qui ne le lâchait plus, bien décidé à lui réclamer des caresses (et davantage de sucreries).
Jean-Michel s'égosillait toujours sur Seven Seas of Rhye, mais plus pour longtemps. Je trouvai aisément le terminal de son micro et appuyai sur off, depuis la petite table de mixage laissée à l'abandon. Benjamin aurait dû se montrer beaucoup plus vigilant...
Je comptai mentalement cinq secondes puis éteignis les faisceaux lumineux qui balayaient la grande place. Un murmure étonné parcourut la foule rassemblée. Jean-Michel tenait toujours son micro éteint dans une main pendant que de l'autre il tapotait mollement dessus, espérant le remettre en fonction. Un mince sourire apparut sur mes lèvres.
Je coupai la musique. Attendis dix secondes cette fois. Après quoi je branchai la clé USB sur la table de mixage et tournai le bouton du volume au maximum. Une musique à la fois douce et inquiétante s'échappa bientôt des haut-parleurs.
Fort heureusement pour mon plan, un vent chaud assez fort soufflait cette nuit-là. Lorsque je libérai les tabliers blancs, ils s'envolèrent dans les airs tel un cerf-volant macabre. C'était entièrement le but : j'avais créé une sorte de fantôme que je retenais par plusieurs mètres de fil transparent, pratiquement invisible.
Les bourrasques donnaient l'impression qu'il flottait ou se faisait tour à tour malmener. L'effet était saisissant, rendu d'autant plus inquiétant par la musique angoissante.
Avisant un micro posé près de la table de mixage, je maintins le fil d'une seule main tandis que je lançai d'une voix d'outre-tombe :
"CE SOOÂR... AUCUNE PITIE POUR LES IMPRUDENTS QUI AURONT CHANTE..."
Je me tus, laissant mon souffle résonner sur la grande place.
"CEUX QUI AURONT CHANTE VERRONT LEUR AME DAMNEE POUR L'ETERNITEEE..."
J'agitai le fil, ce qui contorsionna le cerf-volant fantôme dans les airs. Quelqu'un poussa un cri strident parmi les gens. Les visages étaient mi-anxieux, mi-intrigués. S'agissait-il d'un spectacle ? Ou d'une véritable menace ?
"ON EST A STORYBROOKE, C'EST TRES SERIEUX CE QUE JE VOUS DIS !" dis-je d'un ton glaçant.
Aussitôt, la foule s'éparpilla en poussant des hurlements terrifiés. Jean-Michel jeta son micro comme s'il s'agissait de l'instrument du diable et détala façon sprinter -très impressionnant étant donné son âge. Un petit "gloups" m'échappa. Heureusement, j'avais éteint le micro avant. J'avais réussi à m'effrayer moi-même. J'ignorais que je pouvais me montrer aussi inquiétante. Tout ce que Benjamin me poussait à faire ! C'était de sa faute, absolument tout ! Auparavant, jamais je ne me serais montrée aussi vile...
Je me mordis les lèvres en reposant le micro sur la table. Etais-je en train de devenir méchante ? Qu'aurait pensé ma mère de moi ? Et Hypérion ?
Le fantôme continuait de s'agiter dans les airs. Je lâchai le fil et il s'envola pour de bon. Puis, réalisant qu'en plus de mal me comporter, j'étais sur le point de polluer la planète, je grimpai debout sur la table de mixage et sautai en l'air pour récupérer le fil. Ma main se referma dessus juste à temps. Dans un soupir soulagé, je ramenai le petit fantôme en plastique vers moi, en enroulant le fil sur lui-même.
Puis, je redescendis vivement, en espérant que personne n'avait vu et compris que j'étais à l'origine de la fin du karaoké...
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Benjamin Clawhauser
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Le torse bombé et l'oeil brillant d'émoi, Benjamin observe avec une fierté non dissimulée la foule chanter et danser devant le grand Jean Michel. Un cœur de fausses notes s'élève dans le ciel de Storybrook, faisant trembler les murs de la ville. Le Beethoven à tête de citron a du mal à retenir ses larmes devant ce chef-d'oeuvre ultime, son hot-dog au clair de lune, son concerto en kebab mineur ! Le monde est à ses pieds ce soir, où plutôt Socrate qui ronronne pour avoir un autre donuts. Benjamin lui tapote la tête, fier comme un pan à l'idée d'avoir un chat humain pour animal domestique. L'idée lui traverse la tête un instant d'adopter ce gros chaton gourmand. Il s'imagine sur un trône de donuts avec une couronne en barba papa sur la tête, Socrate sur les genoux ronronnant d'amour pour son maître incontesté. Puis il se dit que son appartement est de toute évidence trop petit pour adopter un autre animal de compagnie et que Judy sa lapine serait beaucoup trop jalouse. Alors qu'il se perd de nouveau dans ses rêves, Benjamin oublie la présence de la vilaine sorcière vegan qui fomente au loin un nouveau plan diabolique.
23h – L'heure du crime. La voix de casserole de Jean-Michel raisonne faiblement dans un crissement lointain, son micro vient d'être sauvagement assassiné ! Les stroboscopes s'éteignent et la grande place est plongée dans l'obscurité. Benjamin ne comprend pas ce qu'il se passe, une coupure de courant n'était pas prévue dans son programme. Non ce n'est pas possible, tout était si parfait ! Paniqué le vieil homme tapote son micro mais celui-ci ne produit plus le moindre son, il est mort tout comme la soirée qui s'annonçait si belle. Depuis quelques minutes un silence de mort s'est installée et la foule inquisitrice y va de son « ouuuh » et de son « REND L'ARGENT » quand soudain, une étrange mélodie retentit dans la nuit. Tout le monde se retourne vers la scène d'où l'on peut apercevoir des ombres blanches voler dans la brume du soir. Le vent transporte des fantômes, si ça avait été une soirée d'Haloween elle aurait été parfaite! Benjamin adore Haloween, tout comme les films d'horreur, les histoires qui font peur, les déguisements et surtout les bonbons, mais ce soir c'est fast-food et chanson, barrez vous les fantômes c'est pas la bonne date ! Benjamin se rue dans son camion pour dénicher l'arme ultime, un aspirateur ronflex pronto 2000 héritage de sa grand mère maternelle, elle-même chasseuse d'esprits malfaisants et Pâtissière à ses heures. Pas ce soir les fantômes, pas ce soir !
Benjamin se fraye un chemin au milieu de la foule hypnotisée par la voix caverneuse du démon, toujours Socrate accroché à la jambe ce qui ne lui facilite pas la tâche. Il s'arrête quelques secondes car il lui semble reconnaître cette voix, mais comme il n'a encore jamais croisé de spectres avant ce soir il se dit que c'est sans doute le fantôme d'un mort qu'il a connu, ou une coïncidence. En y regardant de plus près, Benjamin se rend compte que les fantômes ont un étrange petit dessin sur eux. C'est alors qu'il reconnaît la petite feuille d'arbre, la marque du démon, le symbole de la perdition, le logo du DinoTruck ! Ni une ni deux, il saute sur la scène et s'apprête à aspirer les fantômes avec son aspirateur, mais le poids de Socrate et son costume de gros citron le fait chuter en arrière. Le pauvre Benjamin se retrouve allongé sur le sol au milieu de la foule qui menace de l'écraser. Dans un dernier appel à l'aide il crie le nom d'Astrid, mais sa voix est étouffée par les cris de paniques de hot-dog, pizzas, burgers et autres aliments gras vivants...