Evanesca était réellement une femme incroyable. En sa présence, je ne cessais de sourire. J’aimais toute ces belles promesses qu’elle me faisait et je voulais à tout prix croire à la sincérité de ses propos. Elle avait eu le don de réveiller en moi ce petit pantin naïf et émerveillé que j’étais dans ma toute petite enfance, au moment où elle m’avait donné vie d’un simple coup de baguette magique. En sa compagnie, je me sentais merveilleusement bien. Je n’avais qu’une envie, rattraper toutes ces années que nous avions passées l’une et l’autre séparées. Je me rappelais encore très bien toutes ces fois où je faisais des découvertes incroyables dans cette ville. J’avais envie de les partager avec mes proches, avec ces êtres merveilleux qui m’avaient été arrachés si injustement. Désormais, j’aurais réellement l’occasion de le faire et cela me comblait d’une joie immense. Lorsque je l’entendais parler, je me remis à rêvasser de cet autre monde que je souhaitais être si réel.
Mais une partie de ses paroles me remettaient immanquablement face à la situation difficile que je traversais. Elle était tellement adorable à prétendre qu’elle serait prête à tous les sacrifices pour me sortir de la situation difficile dans laquelle je me trouvais à cause d’Antonio. Pourtant, il tirait les ficelles de la marionnette depuis tellement d’années que je me demandais si les propos de l’ancienne Fée bleue avaient réellement un sens. Bien sûr, je ne doutais pas un seul instant de sa puissance. Elle avait eu l’occasion de me la démontrer à plusieurs reprises. Après tout, n’était-ce pas sa magie même qui m’avais donné mon premier souffle de vie ? Mais je savais que la magie était différente dans cette cité. Elle semblait être moins puissante et été biaisée par de nombreux obstacles mystérieux. Pourtant, elle semblait être si convaincue d’elle-même, qu’elle réanimait en moi des espoirs vraiment improbables. Je n’eus alors pas le cœur de la contredire, tellement ses convictions étaient fortes. Je me contentais alors de lui répondre avec toute la sympathie du monde.
« Je suis persuadée que votre magie pourra m’être d’une grande aide. Vous êtes tellement puissante. Antonio ne saura même pas ce qui l’a frappé. J’en suis persuadée. »Cela dit, je ne pus m’empêcher de me rembrunir au moment où j’approfondissais cette pensée. Était-ce réellement juste dans le fond ? Avais-je le droit de me reposer entièrement sur elle ? Je devais peut-être apprendre à m’en sortir par mes propres moyens. Je n’étais après tout plus le petit garçon qu’elle avait ramené à la vie. J’étais à présent devenu une femme. Même si mentalement je ne l’étais clairement pas, j’étais clairement consciente que je me devais d’évoluer et devenir plus mature. Je le devais à toutes les personnes qui pensaient que le petit pantin naïf et tellement désobéissant pouvait grandir et devenir une personne franche, loyale et obéissante. C’est pourquoi je finis par bomber la poitrine. Me redressant pour jouer les fières à bras, j’affirmais avec beaucoup de maladresse.
« Mais si vous avez le courage de vous battre contre lui, vous ne le ferez certainement pas toute seule. Moi aussi je veux participer à cette vengeance. Après tout c’est moi qu’il a séquestré et torturé durant des années. Je crois que j’ai tout aussi droit que vous de lui mettre mon poing dans la figure. »Avec maladresse, je lançais alors mon devant moi tout en mimant le coup de poing que je rêvais de lui envoyer. Maladroite, je finis par faire voler la petite cuillère en dehors de sa tasse pour la voir atterrir sur la table. Naturellement, cette petite pirouette la fit s’écraser tout droit sur mes habits. Je finis alors pour pousser un petit rire enfantin avent de regarder ma fée tout amusée.
« Oui enfin je ferais en sorte d’ici à ce que cela puisse se produire de gagner en assurance. Vous savez à quel point j’ai toujours été très maladroite. »A nouveau, je sentis une chaleur réconfortante envahir mon cœur lorsqu’elle me rappela sa volonté de rester auprès de moi. J’étais tellement soulagée de l’entendre dire. Cela me ravissait à un point que j’aurais pu recommencer à pleurer si nous nous étions trouvées à un autre endroit. Mais pas ici et pas maintenant. S’il y avait une leçon que j’avais tirée de la vie c’est que notre comportement devait se prêter à chaque fois à la situation sociale que l’on vivait. Se mettre à pleurer sans cesse dans un café n’était clairement pas un comportement à avoir pour une jeune femme. Je préférais alors chasser ces mauvaises idées en me concentrant davantage sur la suite des propos de la fée bleue. Elle me parlait de ma famille disparue et c’était tout ce que j’avais toujours rêver d’entendre de sa part. Sautillant sur ma chaise, j’étais prête à m’y rendre dans le seconde si nous en avions eu la possibilité. Mais bien évidemment une fois encore je me rendais compte que le monde des adultes était une fois de plus beaucoup plus complexe que ce que j’aurais souhaité. Rougissant légèrement devant mon empressement déplacé, je finis par lui sourire gentiment tout en essayant de me calmer.
« Oh oui bien sûr vous avez raison. Je… je me suis emportée un peu trop vite, pardon. J’ai hâte de savoir ce que la mairie vous dira. Faites-moi savoir dès que vous en saurez plus. »J’étais tellement impatiente que nous puissions partir toutes les deux à l’aventure. La simple idée que je pourrais peut-être retrouver mon père et les autres membres poilu et écailleux de ma famille me faisait réellement plaisir. Cela dit, je me doutais que la mairie ne distribuerait pas ces badges si facilement. Je patienterais donc un peu plus de temps mais je m’y accommoderais. Après tout, j’avais déjà patienté tellement de temps. Le faire un peu plus ne serait pas si difficile que cela.
Lorsque le silence s’établit autour de nous, je remarquais que nous avions toutes deux terminé notre petite collation. Nous aurions dû en rester là mais je n’étais décidément pas pressée de retourner à ma caravane. J’avais tellement de choses que je souhaitais faire avec elle et je n’avais plus la patience de rêver à tout ce que nous pourrions faire ensemble. Je voulais agir et commencer dès aujourd’hui. C’était dans le fond sans doute le meilleur moyen de pouvoir compenser le fait que notre voyage ne serait pas pour tout de suite. Prenant les devants, je lui lançais un petit regard suppliant comme seuls les enfants savaient en jeter pour obtenir ce qu’ils souhaitaient.
« Vous savez, maintenant que vous êtes là. Je pense que nous devrions en profiter un maximum. J’avais très envie d’aller à la fête foraine de la ville. Et le faire seule ce n’est pas très amusant. »Je me relevais alors toute joyeuse et je me dirigeais vers elle. Je lui tendis alors la main en attendant qu’elle la saisisse. Je me convainquais en mon for intérieur qu’elle ne pourrait pas résister longtemps à mes grands yeux bleus.
« Allez venez avec moi. Je suis persuadée qu’on va beaucoup s’amuser. »Elle finit par obéir à ma supplique, ce qui me combla de joie. J’étais si heureuse à l’idée que nous pourrions désormais partager ces moments si précieux. En réalité, nous n’avions jamais pu réellement le faire. A l’époque mon amie était perchée sur son étoile et ne surveillait les mortels qu’à distance. Elle interférait bien sûr dans nos affaires lorsque nous faisions un vœu d’un cœur véritablement sincère. Mais elle n’aurait jamais pu m’accompagner sur l’île enchantée par exemple. Quoique dans le fond elle ne l’aurait peut-être pas souhaité. A mes yeux de petit pantin, cette île était un véritable paradis sur Terre. Les enfants pouvaient s’y amuser et faire tout un tas d’activités fantaisistes, même celles qui n’étaient pas réellement recommandées pour leur âge. Alors imaginer qu’un être aussi pur et sage pouvait s’y rendre pour s’y amuser c’était totalement impossible. Je suis même persuadée qu’elle aurait été la première à vouloir défier les plans diaboliques du cocher esclavagiste. Elle venait même de me dire qu’en ce qui concernait Antonio, elle n’aurait pas hésité à le faire. Alors pourquoi pas avec lui ?
Tout en quittant le café, je la regardais avec de grands yeux tout émerveillés. Je ne résistais pas au plaisir de la regarder pour me convaincre qu’elle était réellement là à mes côtés. Tout en marchant dans la rue, je finis par rire gentiment devant mes pensées tendres que je finis par partager avec elle.
« Je suis impatiente de pouvoir monter sur les montagnes russes avec vous. Je n’aurais jamais imaginé que cela soit possible. D’ailleurs, je vais peut-être pouvoir vous apprendre quelques petites choses sur les manèges. Vous avez déjà eu l’occasion d’en faire ? »Tout en marchant, je regardais les alentours jusqu’à ce que soudainement je sentis ma jambe céder sous son propre poids. Surprise, je n’eus pas eu même le temps de me rattraper. Je tombais alors sur mes genoux, mes mains étaient alors plaquées au sol. La peur fit ensuite place à la gêne alors que je voyais que plusieurs passants s’étaient arrêtés et me regardaient avec un air inquiet. Une jeune passante s’approcha de moi et me sourit.
« Est-ce que ça va mademoiselle ? Vous ne vous êtes pas fait trop de mal ? »« Non, non ça va ! Je vais bien. »Je lui avais alors adressé un large sourire pour la convaincre que je n’avais rien ressentis. Mais en réalité ce n’était pas tout à fait exact. Je remarquais très vite que j’avais déchiré mon pantalon et que j’avais des écorchures rougeâtres sur mes avant-bras. Quelle espèce de grosse maladroite je pouvais faire. La jeune femme qui m’avait remarquée m’aida à me relever avant de me souhaiter une très bonne journée. Elle avait sans doute remarqué qu’Evanesca m’accompagnait et qu’elle pourrait s’occuper de moi.
Parmi les regards de tous les passants, celui de mon amie la fée fut sans doute le plus difficile à supporter. Car moi je savais d’où me venait cette fâcheuse tendance à tomber tout le temps. C’était d’ailleurs quelque chose que me gênait beaucoup. La preuve que malgré tous mes efforts passés j’avais prouvé que je n’étais pas la bonne fille que mon père aurait voulue me voir devenir. Je n’étais rien qu’une méchante marionnette qui méritait tous les malheurs qui lui étaient tombés dessus. Je lui adressais alors un sourire coupable et désenchantait. Je ne voulais pas lui mentir car ce problème était une des raisons pour laquelle j’étais tellement heureuse de la retrouver. J’étais persuadée qu’elle arriverait à soigner grâce à ses conseils et à sa magie cette vilaine jambe qui se couvraient chaque jour de plus en plus de bois. Pourtant, quelque chose en moi continuait inlassablement à rechercher et à désirer le mensonge. C’était après tout une sorte de double nature chez moi. La mauvaise facette de la marionnette. Celle sans laquelle elle ne pourrait jamais réellement vivre. Elle me poussa d’ailleurs dans un premier temps à dissimuler ma douleur à mon amie.
« Le problème lorsque l’on n’est plus une marionnette c’est qu’on peut réellement se faire mal. Je suis désolée que vous ayez dû assister à ça. Je suis tellement maladroite ! »Cela aurait dû passer très facilement pour crédible, non ? Alors pourquoi est-ce que je me mettais brutalement à me gratter le nez ? Ce geste-là, je ne l’avais que lorsque j’avais dit un gros mensonge. Et j’étais persuadée qu’elle n’était de plus pas dupe de ma supercherie.
Je changeais alors d’opinion et je me ravisais Je lançais alors un gros soupir et secouais la tête avec tristesse.
« Ouais en fait je suis sûre que vous avez devinez que ce n’était pas vraiment la vérité, n’est-ce pas ? »Je lui jetais alors un regard triste et, revenue de ma volonté de rejoindre les manèges de la fête foraine, je lui proposais plutôt de s’asseoir sur un banc. Une fois à ses côtés, je relevais sans un mot le pan de mon pantalon qui découvrait ce fameux endroit boisé qui me faisait tellement honte.
« Je crois que je me transforme à nouveau. Ça a commencé quand la magie est revenue à Storybrooke. C’est pour me punir de pas être la personne que vous vouliez que je devienne. »J’avais alors réellement de la peine à soutenir son regard et je l’abaissais sur le sol. Jouant machinalement avec les coins de ma veste, je tentais de chercher les mots d’une jeune femme honnête. Une femme que je n’étais pas réellement.
« Vous savez depuis que je suis au service d’Antonio il me force à faire des choses pas très honnête. Il se sert de moi et de mes talents de comédienne pour mentir aux gens. Je leur fais croire des choses pas vraies pour les attendrir et leur soutirer de l’argent que je dois lui donner. Et je… je ne suis réellement pas fière de moi. »Je sentis alors mes yeux se remplir de larmes. Jamais je n’aurais voulu l’admettre mais c’était la réalité, tout ce que j’étais aujourd’hui me faisait réellement honte. Je voulais que cela change mais je ne savais pas comment. Après avoir étouffé un sanglot, je repris courage et la regardais au fond des yeux. Les miens étaient alors embués de grosses larmes.
« Je me recouvrer lentement de bois et cela ne s’arrêtera pas tant que je ne me comporterais pas mieux. C’est cela, non ? »J’espérais qu’elle pourrait enfin m’apporter cette réponse que j’attendais depuis si longtemps. Peut-être qu’elle aurait une solution miracle à ce problème. J’essuyais les larmes qui coulaient sur mes joues alors que mon regard ne pouvait plus quitter le sien.
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