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 Mord moi la langue... je vais finir par me taire. [Fe]

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Emmet Miller
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________________________________________ 2020-11-28, 16:29


Cruised into a bar on the shore
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▼▲▼

A une époque, j'étais seul. Seul et désespéré. Je trouvais le monde moche. Un monde exploité, dévasté, brisé. J'étais entouré de gens au coeur moche, qui faisaient des trucs moches. Un peu comme tous ces types, pour la plupart mariés, qui trainent dans ce bar à striptease et plus si affinités... voir même parfois sans qu'il y ait besoin de la moindre affinité.

« Va te faire foutre avec ton fric ! »

La vérité c'est que dans un monde mauvais, il faut parfois être mauvais pour survivre. Et ce ne sont que de pauvres filles qui tentent à leur manière de survivre.

« T'as quelque chose à dire ?! »

Je ne savais pas quand ils viendraient. Ce qu'ils feront une fois ici. Je savais juste que ça arriverait. Et que ça irait très mal pour l'un d'entre nous. Il était peut-être simplement venu le temps de rentrer à la maison.

« Tu veux juste te rincer l'oeil ? »

J'en ai vue résister. J'en ai vue souffrir. Je me souviens de ce jour là, et du lendemain. Je me souviens de chaque détail. Du lit. Mélange de drogue, de sexe. J'avais tiré... une balle. J'étais entré le premier. Ca n'aurait pas dû arriver, mais j'avais besoin d'évacuer. Ca m'avait valu ma plaque.

« Ici on remplis son verre et on consomme. »

Dans un monde mauvais il faut choisir ses combats. Décider ce qui en vaut la peine. Ce qui vaut la peine de tout perdre. Il faut savoir prendre des risques et se contrôler. Le premier point est facile, quant au second, il est bien plus compliqué.

« Tu veux passer commande ? Une commande moins excentrique que le taré que je viens de lyncher ? »

Ce soir je vais enfin dormir. Dormir sur mes deux oreilles et pas uniquement d'un oeil.

« J'en ai un peu marre de tous ces détraqués. On va en room privé ? »

Ils mettront cela sur le compte du règlement de compte. Ca n'aura aucune importance à leurs yeux. Mais moi je saurais. Je saurais qu'on aura fait ce qu'il fallait.

« Tu fais quoi là, j'étais là la première ! »

« Je préfère elle. Sans vouloir te vexer. » dis-je en lui glissant un billet de cent dollars sous le string. Ma seule chance de la voir partir.

J'en profitais pour adresser un regard à la nouvelle venue. Ca se voyait qu'elle débutait dans ce domaine, même si elle semblait déjà bien acclimatée au lieu et à la profession.

« J'adore cet endroit. Je devrais y venir plus souvent. »

Je laissais apparaître un magnifique petit sourire au coin de mes lèvres. Est-ce que j'allais véritablement prendre une carte de membre ? En tout cas, ça y est, le gus était arrivé. Il avait pris sa table habituelle, qu'on nous avait indiqué. Il était accompagné de deux gorilles, et ils avaient déjà fait signe à une fille de les rejoindre.

« Tu es sûre de toi ? On peut prendre une room privé. J'ai donné mon dernier billet de cent, mais il doit me rester des caramels au beurre salé. »

On avait pris une décision. Ce n'était pas la première mission. C'est fou comme le temps passait vite. Déjà plusieurs mois derrière nous et je n'avais toujours pas emmené ma Renegade au garage. Est-ce qu'on faisait tout ça pour se payer les réparations ? Ce retard venait plus du manque de temps. Il y avait toujours quelque chose à faire.

« Pas de room privé avec lui. Je veux te garder à vue. »

C'était bien plus prudent. Aussi bien pour la mission, sa protection, mes agissements et... notre couple ?

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________________________________________ 2020-12-13, 12:43


We are unstoppable today

...
Il était tôt. Très tôt. Trop tôt.

Je n'étais pas du matin, et cela se ressentait sur mon humeur. Pour une sirène, avoir un caractère de chien était plutôt contradictoire, mais j'incarnais l'exception qui confirme la règle. Depuis toujours, je n'étais pas une référence en matière de volupté et de joie de vivre.

Sur l'étal du port, je découpais du poisson. Je le sortais des caisses, le disposais sur la table de bois brut, et attrapais le hachoir afin de le trancher en parts plus ou moins égales. On m'avait appris à le faire correctement. Je ne coupais pas au hasard. Chaque morceau valait son prix, du plus onéreux au plus insignifiant. Les restaurateurs faisaient déjà le tour des différents étals, à la recherche de la meilleure affaire. Ceux qui disposaient d'un gros budget s'accaparaient les meilleurs morceaux de poissons et mollusques. Quant aux autres, ils prenaient les restes. Je savais que ces gens avaient à coeur le travail bien fait, puisqu'ils voulaient cuisiner des des produits de la mer fraichement pêchés.

D'une certaine manière, je me sentis curieusement valorisée de travailler dans ce but. Pour la première fois de ma vie, j'avais l'impression d'oeuvrer pour quelque chose de bien. Hélas, ce ne serait que provisoire, car il s'agissait en réalité d'une couverture pour espionner un sale type.

"Fais attention en coupant. Tu as abîmé ce morceau."
soulignai-je à Emmet qui, à côté de moi, s'y prenait beaucoup moins bien. "Ca vaut cher. C'est du saint-pierre."

Avais-je un talent inné pour la découpe car j'étais à moitié poisson ? Je haussai les épaules, trouvant cette idée saugrenue.

"Et je te rappelle qu'on n'en serait pas là si tu n'avais pas foiré notre planque au strip."
glissai-je à son oreille.

C'était une demi réprimande, car je lui lançai un petit sourire narquois. J'aimais bien le taquiner. Même si en réalité, ma remarque était fondée : à force de rester focalisée sur moi dans le bar, il avait attiré les soupçons du gars que nous pistions. Il avait senti le coup fourré et nous l'avions perdu. Cette fois-ci, on nous avait mis sur la trace de quelqu'un d'autre, un restaurateur verreux qui se servait de son établissement pour faire passer de la drogue et d'autres trucs. Nous connaissions son signalement physique et quand il approcha des étals, je fis un signe discret à Emmet avant d'essuyer mon front moite et poisseux d'un revers de main. Le gars n'était pas encore à notre niveau, aussi j'en profitai pour adopter une attitude faussement nonchalante.

"Pour une fois, tu sens la mer. Comme moi."
murmurai-je à Emmet avant de déposer un baiser sur sa joue.

J'appréciais cette odeur, évidemment, mais c'était étrange de la retrouver sur sa peau à lui. Inhabituel et déroutant.

Le gars finit par se planter devant notre stand. Je le toisai d'un oeil indifférent :

"Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?"

"Vous avez du sandre et du turbot ?"

Deux poissons extrêmement coûteux. Mes yeux se plissèrent légèrement. Je ne comprenais pas qu'il mette tant de soin dans le choix de ses produits si son restaurant n'était qu'une couverture pour ses agissements illégaux. Quelque chose clochait. Ou peut-être était-il seulement amateur de bonne nourriture ? Le mystère restait entier.

"Yep. On a ça en stock. Combien ?"

"Je vais vous en prendre pour deux kilos chacun. J'ai un gros repas privé, ce soir, avec des invités de marque." précisa-t-il d'un ton hautain.

Aussitôt, ma curiosité fut piquée à vif, mais je n'en laissai rien paraître tandis que j'enveloppai chaque poisson dans un papier pour les ranger soigneusement ensuite dans un sac. Ils étaient si précieux que j'avais l'impression de manipuler des bijoux extrêmement fragiles.

"Vous êtes très soigneuse." nota-t-il, impressionné.

"J'aime le travail bien fait."

Je plongeai mon regard dans le sien. Il ne voyait qu'une simple employée à travers moi, et c'était parfait. Je lui tendis le sac, il me paya puis se retourna. En passant près d'Emmet, je lançai à voix basse, de façon discrète.

"Suis-le. Il ne t'a pas remarqué."

Tout en passant près de lui dans l'intention de soulever une caisse à demi vide, je lui pinçai légèrement les fesses. Je n'eus aucune réaction suite à ce geste, si bien qu'il pouvait penser avoir rêvé. Dans notre job, la discrétion était le maître mot. Jamais je n'aurais cru que bosser en binôme pouvait être aussi exaltant ! Ca me permettait de me focaliser sur autre chose que sur mon père et tous les soucis que cela allait engendrer très bientôt. Contre un cataclysme de cette ampleur, je ne pouvais rien faire, mais je pouvais empêcher les petites ordures de sévir. C'était mieux que rien.


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________________________________________ 2020-12-22, 14:15


Cruised into a bar on the shore
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Je me demandais si on était réellement fait pour ce travail. A dire vrai, je lisais dans le regard de Tess qu'elle se posait exactement la même question que moi. La première fois, j'avais légèrement fait foirer le truc. Mais ce n'était pas ma faute. Le mec était un peu trop proche de Melody. Et... elle était un peu trop peu vêtu. Quant à la seconde fois, c'était elle qui l'avait fait foiré. Elle m'avait pincée les fesses et j'avais entamé une discussion pour lui faire comprendre que j'avais très bien compris que c'était elle. On n'aurait pas du s'embrasser, faire capoter notre couverture. C'était vraiment pas une bonne idée. J'assumais sans doute un peu son échec. Notre échec. Tess quant à elle, elle n'était pas satisfaite.

« La troisième fois sera la bonne. J'en suis convaincu. »

Elle leva un sourcil avant de nous laisser là. Ca signifiait qu'il n'y aurait pas de troisième fois. J'aimais bien les troisième fois. Même les quatrième. Ou les cinquième. J'aimais à chaque fois que ça se reproduisait. Là par exemple, j'aimais bien le fait que Melody était à côté de moi pour la énième fois. J'allais beaucoup mieux depuis qu'on était l'un à côté de l'autre, que quand on s'évitait. Je m'étais tourné vers elle, faisant craquer mes mains dans mon dos, tout en étendant mes bras en arrière. Je manquais d'activités physiques ces derniers temps.

« Tu veux venir chez moi ? » lui demandais-je avec un petit sourire.

On n'avait pas parlé de notre relation. Si on était ensemble ou pas. On se considérait comme partenaire. Partenaire du crime ! Ou plutôt des arrestations, voir des échecs vue comme on s'en sortait. Mais on n'avait pas évoqué notre relation à tous les deux. Venais-je de le faire ?

« Ou on va chez toi. T'as un grand appartement, il paraît. »

Je ne l'avais pas encore visité. Je savais très bien ce qu'on disait des filles qui avaient un grand appartement pour elles toutes seules. Grand appartement, grand lit. Grand canapé aussi. Grande douche, grande baignoire, grande... télévision ?

« J'ai l'impression de pas assurer ces derniers temps. Tess n'a pas tord sur ce point là. Faudrait quelque chose où je suis sûr que tout se passera bien. » lui dis-je sûr de moi. « Tu as peut-être une étagère à monter ? Je suis plutôt doué en tout ce qui concerne le bois. T'as vue les travaux que j'ai entrepris dans la maison au bord de l'eau. »

C'était plus l'épave au bord de l'eau. Enfin, elle était encore au stade travaux. Pourquoi j'avais acheté ce tas de bois qui tenait à peine debout ? J'avais réussi en quelque mois à renforcer la structure et à empêcher la pluie de tomber à l'intérieur. Mais on était encore loin de la maison parfaite. La vente du cinéma m'avait permis de me la procurer. Mais il m'arrivait encore de dormir dans le 4x4. Ca ne plaisait pas trop à Rocky. Heureusement, ce style de vie n'était que provisoire. Bientôt la maison sera habitable !

« Une omelette ? J'ai un petit creux et c'est ce que je cuisine le plus souvent ces derniers temps. J'ai des oeufs chez moi, si tu veux. »

Les oeufs c'est essentiel à notre métabolisme. Utile pour la constitution des os, des dents, des cheveux. J'ai aucune idée du pourquoi je songe à tout cela. J'ai des os robustes, des dents bien blanches et des cheveux en bonne quantité. En plus d'être bien bâtis. Ca c'est le sport, ça aide, songeais-je avec un petit sourire.

« J'ai envie de te cuisiner une omelette. Vraiment. » insistais-je sans trop savoir pourquoi.

Puis, je m'étais avancé vers elle, posant mes mains sur ses hanches avec un petit sourire en coin. On en était où déjà dans notre relation ? Je me posais toujours la question.

« Souriez ! » s'exclama un petit gars qui venait de nous éblouir avec son flash. « C'est pour la Gazette des Demi Dieux. »

Je me détachais de Melody, tournant la tête vers le petit gars et le fusillant du regard. Il nous dérangeait ? Là ? Maintenant ?

« On fait un numéro spécial sur les sirènes. Sur la sirène. La grande Melody Blackstorm ! » dit-il en levant les yeux au ciel, mais d'un air amouraché.

« Tu me prête ton appareil ? » lui demandais-je.

« Euh... ok. C'est un vieu modèle. Je l'ai eu un jour en allant chiner du côté de Seattle. Ils ont des pures merveilles. Il était vendu avec des photos datant du début du vingtième. Je vous en montre ? J'en garde toujours quelques unes sur moi. »

Il me tendit son appareil, avant de fouiller dans ses poches. Je culpabilisais déjà de ce que j'allais faire. Tournant la tête vers Melody, je grimaçais.

« Ca me fait mal pour lui. Vraiment. Mais il s'est mal comporté. Il m'a stoppé dans mon élan. Je prenais la confiance, tu vois ? C'est quelque chose qui demande du temps, et se faire interrompre pile au moment où on y arrive, c'est... méchant. »

Le petit gars sortit quelques photos de se poches pour nous les montrer. De vieilles photos en noir et blanc de personnes seules qui ne souriaient pas.

« Dit moi qu'il n'est pas sérieux. » dis-je à Melody. « Et que j'étais plutôt bien partit avant qu'il nous interrompe. »

Je pouvais pas avoir une semaine remplie que d'échecs.

« Si vous voulez, je vous donne celle là, j'en ai une autre similaire chez maman. »

Parce que moi, je n'étais pas quelqu'un de méchant, à la différence de lui, je pris la photo en main. Après une petite seconde à l'observer, je fis un sourire compatissant au jeune garçon avant de jeter la photo par terre, de hausser les sourcils, et de me tourner vers Melody. Je replaçais mes mains sur ses hanches.

« Chez toi ? J'amène de la bière. » lui proposais-je, avant de sentir quelqu'un me tapoter l'épaule.

« Mec ? Tu as fait tomber ça. » dit-il en me tendant la photo.

J'avais face à moi le visage de la sirène, entrecoupé par une photo d'un groupe de trois personnes d'un autre temps. Je fixais Melody, la suppliant du regard de m'achever. Ou alors d'aller chez elle. Mais dans tous les cas, de se débarrasser de ce mec qui nous coupait dans notre élan.

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________________________________________ 2021-01-15, 13:12


We are unstoppable today

...
Qu'avait Emmet avec les omelettes ? De toute évidence, il faisait une fixation dessus car il en avait parlé deux fois dans la même minute. J'avais répondu par une moue mi-emballée, mi-indifférente car il ne s'agissait pas de mon plat préféré. S'il voulait m'enthousiasmer, mieux valait miser sur des sushis ou des makis. Cependant, ça n'était pas vraiment important, puisque j'étais beaucoup plus tentée par l'idée toute simple de l'emmener chez moi. Je savais très bien quelle idée il avait derrière la tête. Il se trouvait que j'avais la même. Pas besoin d'être prophétesse pour le deviner. Son regard brûlant signifiait tout.

Curieusement, l'exaltation allait de pair avec l'anxiété. Nous n'avions encore jamais passé ce cap, tous les deux, en raison de ma malédiction. A présent que j'en étais délivrée, je nourrissais certaine craintes, plus ou moins justifiées. Nous avions espéré ce moment depuis si longtemps... et si cela se révélait décevant ? Si quelque chose se passait mal ? Et si... je le blessais ? Ca n'était pas possible, pourtant je ne parvenais pas à apaiser ma conscience.

Je fus presque soulagée que le blanc bec nous interrompe en plein élan, même si l'appellation "La Gazette des Demi Dieux" me laissa méfiante et sceptique.

"On fait un numéro spécial sur les sirènes. Sur la sirène. La grande Melody Blackstorm !"
lança-t-il d'un ton enflammé.

Je fronçai les sourcils. Il était sérieux ? D'où me connaissait-il ? Il nous parla de sa passion pour la photographie et nous montra plusieurs clichés d'un autre temps. Emmet n'en avait strictement rien à cirer, et je partageais son avis. Il voulut ignorer le petit blond mais ce dernier ne comprit pas le message. Tandis qu'il tendait une photo à Emmet, je demandai abruptement :

"T'es qui ?"

"Oh, pardon mademoiselle Melody, je suis tellement ému de vous rencontrer enfin que j'en oublie la politesse. Je m'appelle MacReady Maclaggan."

Je clignai des yeux. C'était une blague ?

"Et sinon ton vrai nom, c'est quoi ?" répliquai-je, sentant très vite l'agacement se profiler.

Il prit la tête du type qui a passé sa vie à expliquer ce point et déclara de sa voix nasillarde :

"MacReady c'est mon prénom. Ma maman m'a appelé comme ça parce que j'étais très ready le jour de ma naissance. Et Maclaggan, c'est parce que c'est mon nom de famille."

J'étais partagée entre le fait de le plaindre et de l'assommer. J'aurais choisi la seconde option sans hésiter s'il n'avait pas prononcé les mots "magiques" peu de temps auparavant.

"C'est quoi cette histoire de gazette de demi dieux ?"

"Je vais vous montrer. C'est plus simple !" proposa-t-il avec un sourire réjoui.

Je jetai un coup d'oeil à Emmet. Il n'y avait probablement aucune chance qu'il soit emballé par cette idée, mais avait-on vraiment le choix ?

"Il faut que je vois ça de mes propres yeux. Je n'ai pas le choix."
lui dis-je tout en plongeant mon regard dans le sien afin de lui faire comprendre que c'était important.

C'était peut-être -sûrement- un nouveau problème à gérer. Alors autant le régler au plus vite. Je souhaitais ne pas laisser traîner les choses auxquelles j'étais dans la capacité de mettre un terme.

Nous suivîmes le jeune homme jusqu'au grenier dans lequel il habitait, chez sa chère maman. Fort heureusement, cette dernière était occupée à la cuisine et j'empêchai MacReady de faire les présentations en l'obligeant à monter les marches menant au grenier. Sa piaule était carrément flippante. Je m'attendais à la chambre d'un ado attardé, mais j'avais omis le profil du parfait psychopathe : sur tout un mur étaient placardées des photos de moi à différents moments de ma vie. Médusée, je m'en approchai afin de mieux regarder. Toute mon existence s'étalaient en petits clichés de papier glacé.

"Plutôt cool, hein ?" fit MacReady, les mains sur les hanches, l'air tout fier. "Oh, attendez, je mets une musique d'ambiance !"

Il se précipita vers sa télévision allumée, lança Youtube et bientôt une musique étrange se lança en fond sonore, depuis la barre de son.

"Est-ce que je peux prendre une photo de vous devant mon mur ?" demanda-t-il, déjà armé de son appareil photo.

Je répondis à sa question par une action : je le saisis brusquement par la gorge pour le plaquer contre son mur adoré. Plusieurs photos se décrochèrent sous la violence de l'impact et dégringolèrent au sol. MacReady ne se débattait même pas. Fasciné, il m'observait de ses yeux ronds comme s'il attendait que je fasse quelque chose de spectaculaire. Il semblait ne pas croire à sa "chance". Je fus tentée d'écraser sa pomme d'Adam jusqu'à ce qu'il perde connaissance, mais me retins de justesse.

Je voulus poser des questions afin de comprendre en quoi consistait exactement son délire, mais la porte de la chambre claqua brusquement et une voix féminine s'écria :

"OH MON DIEU BEBE !"

Laissez-moi deviner... sa petite amie frappa-dingue venait d'arriver ? Je ne relâchai pas le gringalet pour autant mais tournai la tête vers la nouvelle venue. J'eus l'impression de subir une agression visuelle : elle était vêtue de couleurs criardes et de motifs abracadabrants. Rien n'allait ensemble.

Une fois à côté de moi, elle stoppa net. Toutes ses craintes s'envolèrent de son visage quand elle me reconnut. Elle écarquilla des yeux enchantés et esquissa un grand sourire.

"C'est vous ! Oh la la, tu te rends compte Bébé ?"

Elle prit son mec à parti. Ce dernier fit une moue pas peu fière, qu'il perdit très vite quand il sentit ma poigne se resserrer autour de sa gorge.

"Quelqu'un m'explique avant que je m'énerve ?"

Ma voix était faussement calme. Emmet, qui me connaissait bien, devait sentir l'agacement qui couvait. Je me trouvais patiente, très patiente, mais ça n'allait pas durer.


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________________________________________ 2021-02-02, 12:25


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Melody serrait un peu plus le jeune homme à la gorge, quand sa copine avait jugé utile de débarquer. Au lieu de lui venir en aide, elle s'était mise à s'extasier devant la sirène. Ce qui avait eu pour effet de l'énerver d'avantage. Je la connaissais bien à force. Elle n'aimait pas qu'on lui porte un aussi grand intérêt. Surtout quand il s'agissait de vouloir se mêler de sa vie privée. Elle était du genre plutôt discrète. Ca lui allait bien.

« Ce ne sont que des enfants. » laissais-je échapper. « Tu devrais le laisser. » ajoutais-je en m'approchant de Mel et en posant ma main sur son avant bras, tout en prenant une mine compatissante. « Tu es à deux doigts de lui casser quelque chose. Toute cette violence, cette rage en toi. Il y a d'autres moyens de l'évacuer. » poursuivis-je avec un petit sourire.

Retirant ma main, je sentis la copine du gars juste à côté de moi. Elle avait fait les pas qui nous séparaient l'un de l'autre. Je tournais la tête dans sa direction, attendant de voir ce qu'elle voulait. Elle me fixait, et j'avais la sensation qu'elle me connaissait, voir même qu'elle était comme... émerveillée face à moi ?

« Emmet Christopher Miller ? » prononça t'elle.

Je fis de grands yeux ronds.

« Le fils à Anna Maria Miller et Charles Christopher Livingston ! » s'exclama t'elle une nouvelle fois, avant de faire totalement disparaître son sourire et de faire une moue. « Je suis véritablement désolée pour Enoch. C'est un drame qui nous a tous touchés. On compatis. N'est ce pas bébé ? »

Elle regarda son copain, dont la main de Mel entourait toujours sa gorge. Et il secoua la tête de bas en haut, légèrement, même si ça semblait le faire souffrir.

« Mais vous êtes qui, bordel ? » m'emportais-je.

« Oh pardon ! » s'étonna t'elle, tout en me tendant la main que je ne pris pas, mais elle utilisa sa seconde main pour attraper la mienne et ensuite la serrer avec la première.

Je la serrais à mon tour mécaniquement, sans y mettre du miens. Quand elle me lâcha, elle avait toujours ce regard compatissant.

« Je suis Bert, la copine de MacReady. Et peut-être bientôt Bert Maclaggan. » dit-elle en se dandinant, tout en souriant à son copain, d'un air timide.

Je n'en pouvais plus en le voyant lui répondre avec le même sourire, tout en rougissant. Ils étaient encore puceaux ou quoi ?

« On a tout un dossier sur vous aussi. C'est important quand on monte une Gazette sur les sirènes. Vous êtes étroitement lié à la seule sirène que l'on connaît. C'était pas facile d'avoir toutes ces informations, mais vous ne serrez pas déçu, y'a toute une page sur vous. Et avec une magnifique photo. »

« Montre lui la photo ! » s'exclama son copain.

Elle se dirigea vers le lit, avant même que j'ai le temps de dire quoi que ce soit. Elle regarda sous le matelas et en sortit une photo qu'elle m'apporta. Je la pris dans les mains, et je blêmis.

« Où vous avez eu ça ? » demandais-je.

Elle sembla gênée, et elle se dandina une nouvelle fois, mais pas pour les même raisons qu'auparavant. La photo montrait un bébé de moins de deux ans, qui s'amusait avec ses jouets. C'était une photo de famille !

« On l'a emprunté à votre maman. Mais ne vous inquiétez pas, une fois tout ça fini, on la remettra en place sans qu'elle y voit quoi que ce soit. Comme la dernière fois, hein bébé ? »

Elle demanda confirmation à son copain. J'avais bien envie de dire à Melody de lui briser le cou, le temps que je briserais celui de la jeune femme.

« Vous vous êtes introduit chez ma mère ? » m'emportais-je une nouvelle fois.

« Oh non, pas du tout. On s'est présenté comme étant des témoins de Jéhovah, et elle nous a offert des petits biscuits. C'est pendant qu'elle était dans la cuisine qu'on a pris la photo. Mais elle n'a rien vue. On lui a promis de repasser la voir bientôt. Il fallait juste qu'on fasse une copie de la photo. Mais Macky chérie voulait la garder encore un peu. C'est affectif. » finit-elle par me confier.

« Vous me donnez envie de vomir. » lui avouais-je.

Je ne compris pas pourquoi elle se mit à chercher dans son sac. Mais quand elle en sortit une boite de médicaments afin de me la tendre, je cru que j'allais la tuer pour de bon.

« J'en prend quand j'ai des remontées. Il faut en prendre qu'un. Je vous apporte un verre d'eau. »

Elle se tourna, mais je la retins par le bras, la forçant à rester dans la pièce.

« Bon, on arrête là. Je crois que votre histoire de Gazette ne plaît ni à Melody, ni à moi. Et on a aucunement envie de voir notre vie privée étalée au grand jour. De toute façon, je doute que parler des sirènes soit quelque chose de possible, vue que tout le monde ignore qu'elles existent. Tout le monde en dehors de Storybrooke. Vous venez bien de Storybrooke, n'est ce pas ? »

Parce que je ne voyais pas d'où ils pouvaient venir d'autre. Ils étaient bien trop bizarre. Les deux jeunes gens se regardèrent, légèrement embêtés. Ok. Ils ne venaient pas de Storybrooke. Mais ils étaient qui à la fin ?

« On va tout vous expliquer. » tenta de nous rassurer Bert. « Je vais chercher l'album photo. »

« Non, non, non. » la stoppais-je une nouvelle fois en la retenant par le bras. « On va arrêter avec ces histoires de photos. »

« Alors je vais nous faire un café. Ca va nous détendre. »

« Mais c'est fini, oui ? Vous venez d'où ? On en fait plus des comme vous ! » m'indignais-je.

« C'est ce que ma mère me dit depuis des années. » répondit Bert en secouant la tête de gauche à droite, la tête penchée.

Je regardais Melody. Elle pouvait le tuer. Je m'occupais d'elle. Ca allait être réglé en deux minutes.

CODAGE PAR AMATIS


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L’âme humaine puise sa substance dans des expériences inédites.
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________________________________________ 2021-02-25, 00:24


We are unstoppable today

...
Qui m'avait demandé de me calmer quelques minutes plus tôt ? Je posai un regard appuyé sur Emmet qui était sur le point de sortir de ses gonds. Chacun son tour, mon gars. D'un côté, je le comprenais totalement. J'avais été dans le même état d'énervement que lui quand j'avais découvert le mur couvert de photos me représentant à divers moments de ma vie. Le fait que MacReady avait volé un cliché d'Emmet enfant chez Anna Maria me crispait, car Bert et lui avaient beau ne pas paraître dangereux, j'appréciais modérément qu'ils se croient tout permis.

Sous le regard perplexe d'Emmet, je lâchai MacReady qui se massa la gorge en poussant des halètements d'asthmatique. Sa "chérie" se précipita vers lui.

"Oh Bébé ! Tu es si brave !"

Ignorant ses propos, je me tournai vers Emmet et l'entraînai un peu plus loin dans la pièce.

"Ecrase." murmurai-je entre mes dents. "Tu l'as dit toi-même : ce sont juste des gamins."

Je plongeai mon regard dans le sien afin de le calmer.

"Va boire un café avec Bert. Je vais cuisiner MacReady sans qu'il s'en rende compte. On saura tout ce qu'on a besoin de savoir, vu que la manière forte ne marche pas."

Le secouer comme un prunier n'avait servi à rien. Je souhaitais du résultat et si j'avais bien appris quelque chose en travaillant à la Blackstorm Corp., c'est que la manière vient à bout de presque tout. La douceur également. Je n'étais pas particulièrement délicate mais je faisais des efforts.

*

Nouvelle-Orléans, quelques jours plus tard...


"Tu es prêt, MacReady ?"

"Je suis prêt depuis que je suis dans le ventre de ma mère."

J'affichai une moue d'incompréhension, avant de me rappeler ce qu'il avait dit au sujet de son prénom, quand nous l'avions rencontré. Cependant, il jugea utile de me fournir une explication encore plus nébuleuse :

"Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin. Un film de John Carpenter avec Kurt Russel ! C'est un bijou des années 80 ! Me dis pas que tu connais pas ?"

"Je suis pas cinéphile."

"Je m'en doutais, c'est pour ça que j'ai pensé à apporter les indispensables !" lança-t-il avec un clin d'oeil appuyé.

Il ouvrit un sac de courses dans lequel étaient entassés une vingtaine de DVD. Je fronçai le nez.

"T'es au courant qu'on reste pas ici pendant des semaines ?"

"T'inquiète, en si prenant bien et en ne dormant que deux heures par nuit, on peut tout regarder en quarante-huit heures."
assura-t-il d'un ton expert.

"On l'a déjà fait plusieurs fois pour le marathon Seigneur des Anneaux et Hobbit !" renchérit Bert, le regard pétillant.

"Vous m'en direz tant..." soupirai-je. "Bon, allez vous préparer dans votre chambre. Faut une tenue discrète."

"Message reçu. On est des agents secrets sous couverture."
fit MacReady en prenant un regard lointain digne d'un mauvais film d'espionnage.

A force de parler gentiment avec lui, il m'avait appris que des forces obscures sévissaient à la Nouvelle-Orléans depuis quelques temps, et qu'il suivait un site internet qui relatait les meurtres étranges et inexpliqués. Avait-il véritablement mis le doigt sur quelque chose de substantiel ? Mon envie de "nettoyer" le monde des psychopathes en tous genres m'avait poussée à vérifier par moi-même. Je ne pouvais rien contre les "projets" de mon père (d'ailleurs, je ne les connaissais pas), aussi j'avais décidé de rendre le monde meilleur en punissant les personnes qui faisaient du mal aux autres. Je faisais ce que je pouvais avec mes capacités au-delà de la moyenne. MacReady avait été enchanté par mes ambitions, au point qu'il avait demandé si je souhaitais poser pour lui, ce à quoi je lui avais répondu par un doigt d'honneur. Fallait pas pousser, non plus.

"Tes photos, c'est fini on a dit." lui avais-je rappelé d'un ton implacable. "Tu prends seulement des clichés de ce qu'on trouvera à la Nouvelle-Orléans."

Il avait dégluti tout en m'observant avec ses yeux de merlan frit.

"Wouah... quand tu parles comme ça, ça me fait des frissons jusque dans des endroits que je ne soupçonnais même pas de posséder."

J'avais soupiré. Par moments, c'était vraiment très dur de ne pas le frapper.

MacReady et Bert s'en étaient allés dans leur chambre d'hôtel. Quant à moi, j'avais rejoint Emmet dans la nôtre. Nous venions tout juste d'arriver à la Nouvelle-Orléans et il ignorait tout de mes véritables intentions -tout comme il ne savait pas que le duo de loosers nous accompagnait. Plusieurs fois durant le voyage en avion, j'avais cherché le moment adéquat afin de lui en parler. Je ne l'avais pas trouvé. Tout compte fait, peut-être valait-il mieux arracher le sparadrap directement. C'était ainsi que nous fonctionnions, tous les deux : toujours dans l'absolu, jamais dans la demi-mesure.

A peine avais-je refermé la porte de la chambre que je jetais une dizaine de photos sur le grand lit. Emmet se trouvait près de la fenêtre, observant le Quartier Français. Nous avions eu de la chance de trouver un hôtel aussi bien placé.

J'attendis qu'il regarde les photos et qu'il comprenne de lui-même. Sur chacune d'entre elles figurait un meurtre étrange. Un corps dépecé, un autre auquel il manquait un organe. Ensuite, je décidai de prendre la parole :

"On a tenté de jouer les espions pour le compte de Tess, mais on s'est foiré. Je te propose qu'on essaie en freelance. On n'a rien à perdre."

Sans cesser de le fixer, j'abandonnai mes vêtements afin d'enfiler quelque chose de plus discret : un mini short en jean ainsi qu'un tee-shirt qui dénudait l'une de mes épaules. Le but était de passer pour des touristes.

"Je sais que je t'avais proposé des vacances mais... c'est pas plus mal de les pimenter un peu, non ?"

J'avais glissé jusqu'à lui afin de passer mes bras autour de son buste.

"On peut agir sur les petits problèmes. Aider les autres. C'est ce que tu voulais quand tu es devenu flic."

Je me mordis les lèvres à travers un rideau de cheveux. Etais-je en train de remuer de douloureux souvenirs pour lui ? Il avait cessé d'exercer sa fonction peu après la mort de son frère. D'une manière ou d'une autre, j'y étais liée. J'aurais aimé que ça en soit autrement mais je ne pouvais changer le passé. D'ailleurs, au fond de lui, il devait se douter que revenir à la Nouvelle-Orléans ne pouvait être synonyme de vacances. C'était là où j'avais connu et aimé Enoch. Arpenter de nouveau cette ville allait nous faire souffrir tous les deux.

Je posai ma joue contre son torse. Son coeur pulsait de façon régulière à l'intérieur de mon oreille.

Tout ceci, nous le savions. Mais nous pouvions choisir de souffrir ensemble, cette fois.


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« L'ivresse des profondeurs », est un phénomène naturel, due à un excès d'azote qui, par conséquent, agit sur le système nerveux et provoque des troubles comportementaux. Tomber amoureux ou mourir noyé, c'est la même chose.
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