J'étais où, là ? Je regardai de tous cotés, totalement déphasé. Que s'était-il encore passé ? Roooh... j'en avais marre à la fin ! Pourquoi toujours moi ? Je jetai de nouveaux regards circulaires. Des gens. Partout. Des gens. On se serait cru à Broadway en plein après-midi. Sauf qu'il n'y avait pas d'enseignes lumineuses et que l'endroit ressemblait plus à une vaste grotte lugubre. Etais-je vraiment dans une grotte ? Je ne voyais pas le ciel, mais il faut dire que tout était tellement noir... Pourtant, j'y voyais comme en plein jour.

Les gens autour de moi ressemblaient à des zombies. Ils étaient tout palots et se déplaçaient avec une lenteur insupportable. A coté d'eux, j'avais l'impression d'être un dessin animé super coloré. Leur peau était terne, comme s'ils étaient en noir et blanc.

Je coinçai la langue entre mes lèvres et levai les yeux vers l'unique pancarte qui oscillait dangereusement et qui indiquait, d'une écriture sale : "Hellcome."

Aha, super le jeu de mots. J'étais sur que c'était une idée de papa. Donc, je me trouvais en enfer. J'avais sans doute fait un effort de concentration énorme pour parvenir à ce prodige. Je ne me souvenais plus très bien. Quoi qu'il en soit, je ne devais pas abandonner le but de ma visite en ce lieu déplaisant. Je commençai donc à fendre la foule, tout en questionnant des personnes zombifiées au hasard :

"Vous n'auriez pas vu une petite blonde ? Haute comme ça ?"

Je mimai sa taille de ma main, sa tête m'arrivait à peine aux épaules. Le zombie leva son regard vide vers moi et je frissonnai en me noyant dans ses pupilles abyssales. Je m'écartai rapidement de lui pour plaquer mes mains sur les bras d'un autre mort.

"Elle a des cheveux magnifiques ! Vous comprenez au moins quand je parle ?"

Je commençai à m'énerver. Et il y avait de quoi. Mon charmant paternel m'avait dit que j'avais moins d'une minute pour "recoller" son âme à son corps de chair. Super. Et en tant que dieu des enfers, tu n'aurais pas pu me mettre directement devant elle, crétin ?

Je pivotai sur mes talons, chancelant, pestant contre le mauvais sort qui s'acharnait contre moi, quand soudain, j'aperçus deux personnes allongées sur des chaises longues, un peu plus loin. Ainsi qu'une cascade de chevelure dorée qui semblait briller dans la nuit environnante. Je courus à perdre haleine, et une fois parvenu à destination, je m'assis sur la chaise juste avant Raiponce. Comme elle était sur le point de prendre place, elle me tomba dessus et je la reçus dans mes bras, heureux et soulagé de la sentir tellement près de moi ! Ses cheveux balayèrent mon visage et je les respirai à pleins poumons, au point qu'une mèche se coinça dans mon nez. Comme quoi, même en enfer, rien n'est parfait.

Je l'éloignai légèrement tout en la gardant contre moi. Je ne voulais plus la lâcher maintenant que je l’avais retrouvée. Serrant étroitement sa taille de mes bras, je déclarai :

"Oh, tu es là ! Bon, tout n'est pas perdu !"

Puis je me tournai vers la nana assise à coté de nous et demandai :

"Vous n'auriez pas un tube de Superglue par hasard ? Il faut que je recolle l'âme de cette demoiselle à son corps d'origine !"

Je tapotai la tete de Raiponce avec un sourire avant de la serrer de nouveau contre moi. La femme brune au regard brûlant devait sans doute être une employée de mon père. De ce fait, elle me devait allégeance, non ? Je remarquai alors le gars assis non loin, très absorbé dans un magazine. Bizarres les employés de mon père, quand même. Ca bossait sacrément dur en enfer... O_o