Cette fois, c'est moi qui t'ai trouvé...

Eliana & Mike

Te souviens-tu de moi ?

En repos au Roni's, Eliana avait beaucoup de boulot en tant que restauratrice de tableaux. Elle avait notamment une grosse commande de Liliann, une jeune femme qui lui semblait un peu perdue mais qui était en train de reprendre sa vie en main, notamment en transformant sa maison pour, pourquoi pas, l'ouvrir à des enfants dans le besoin. Le projet intéressait la jeune femme aux cheveux châtains, parce que cela lui rappelait qu'elle-même n'avait toujours pas retrouvé ses parents. Et qu'elle voulait changer cet état des choses.

Pour ça, il aurait encore fallu qu'elle se démène un peu plus. Depuis qu'elle était revenue à Storybrooke, l'ancienne princesse s'était surtout débrouillée pour se trouver un logement et démarrer son activité. Maintenant que tout cela était lancé, elle songeait de plus en plus à essayer de trouver les membres de sa famille, ses anciens amis également. Et Flynn. Dans le monde des contes, elle avait eu tendance à l'appeler Eugène, son véritable prénom, mais depuis qu'elle était dans ce monde, elle trouvait ce prénom un peu démodé. L'ancien voleur l'avait changé et dans le fond, elle comprenait. Quoi qu'il en soit, son mari du monde des contes lui manquait atrocement et dans le même temps, elle avait peur de le retrouver.

Tout était allé très vite entre eux alors qu'ils avaient leur petite aventure pour voir le lâcher de lanternes à Corona. Maintenant qu'elle était ici, la jeune femme rêvait d'un peu plus de romantisme. Elle n'était pas contre se marier, ou simplement s'engager sans plus de cérémonie, mais... Eh bien, il fallait croire que le syndrome des petites filles rêvant du prince charmant l'avait également touché. Eliana soupira alors qu'elle marchait dans la rue tout en réfléchissant à tout ceci. Elle manqua de rentrer dans un passant et s'excusa platement, ce qui eut le mérite de lui faire reconsidérer son environnement. Elle avait échoué devant une espèce d'auberge qu'elle ne connaissait pas. Curieuse, la jeune femme poussa la porte.

L'établissement avait apparemment eu un coup de neuf. L'intérieur était assez rustique mais l'ensemble était chaleureux. On sentait encore un peu l'odeur de peinture dans l'air et manifestement, une partie de la décoration était encore en cours. Mais le patron avait eu l'idée d'ouvrir malgré tout et Eliana se disait que ça n'était pas un mauvais choix. Elle se dirigea vers le bar où un brun, dos à elle, était en train d'essuyer des verres, vu le mouvement du torchon. Elle remarqua tout de suite qu'il avait un tatouage qui partait du cou pour sans doute s'étendre sur tout le dos, ce qui l'intrigua. Elle-même n'en avait pas, mais cela commençait à faire plusieurs mois qu'elle songeait à se faire tatouer. Restait à trouver le motif.

- Bonjour, est-ce que... Flynn ?! S'exclama-t-elle alors que l'homme se retournait pour lui répondre.

Mais qu'est-ce que ?! Mais oui ! C'était lui ! Eliana posa sa main sur sa bouche, trop abasourdie pour réagir plus que cela. Elle pensait à lui quelques minutes auparavant et le voilà ! Cette ville était décidément plus qu'étrange... Ceci dit, pour le coup, elle n'allait pas s'en plaindre. Du moins espérait-elle qu'elle n'aurait aucun motif de se plaindre.

La vie pouvait se montrer ironique, comme une sorte de lente agonie vers la déchéance entremêlée de moments tendres et amusants qui vous faisaient croire que le meilleur existe. Comment espérer le meilleur quand tout ne sera que poussière au final ? Si la mort donnait un sens à la vie, l'amour ne jouait-elle pas le rôle inverse ? Car Mike mourrait d'amour mais en vain et il en oubliait de profiter du peu d'existence qu'il lui restait. Car un jour ou l'autre, sa destinée le conduirait à être fidèle à jamais à la mort, sans pouvoir en aimer une autre...

Sa vie avait été autrefois celle d'un conte de fée et depuis la malédiction, elle paraissait bien terne depuis. Ce monde réel, cette époque, valait-elle vraiment le coup de s'y intéresser ? Après la fin de cette satanée malédiction, il avait quitté Storybrooke, fuyant son double passé, voulant commencer une troisième vie. Sauf que le destin avait une fâcheuse tendance à vous rattraper quand vous tentiez de renier qui vous êtes. De son départ, il n'avait eu qu'un regret : celui de ne pas avoir retrouvé Raiponce. De tous les habitants qu'il avait connu dans cette maudite ville, aucune ne pouvait être sa bien aimée. Était-elle morte ? Ou avait-elle été épargnée par ce mauvais sort ?

Il ne se sentait plus l'âme d'un aventurier et il avait préféré partir plutôt que de se mêler des histoires des habitants de cette bourgade. Quant à son oncle, ce misérable, il avait préféré l'oublier. Et puis un jour, il reçut un message pour lui annoncer le décès de cet homme. Il n'avait pas été aux obsèques, quel intérêt ? Le vieux lui laissait un leg : son bar. Un endroit pas très propre, pas très réglo... pour tout dire, malfamé. Il aurait pu le vendre mais lui qui n'arrêtait pas de bouger de ville en ville, avait ressenti le besoin de se poser. Mais la véritable raison était toute autre, sauf qu'il préfèrait se mentir à lui-même.

Le voilà alors revenu dans cet endroit, dans cette bicoque sordide qui empestait la clope et l'alcool frelaté. Il sétait mis en tête de refaire la déco, de rendre l'endroit plus accueillant, de garder le côté rustique mais d'en faire un lieu familial pour venir y boire et manger. Étant orphelin et sans âme-sœur, la seule famille qu'il pouvait avoir, c'est celle qu'il se créerait en recevant.

Retaper cet endroit lugubre ne lui apportait pas la satisfaction espérée. Il avait l'impression de voir le vieux jouant le rôle d'oncle hanter encore le lieu. C'était pourquoi il décida d'ouvrir rapidement, après quelques coups de peinture et en changeant quelque peu le mobilier. De la cave où autrefois les deux produisaient le tord-boyaud infâme qui leur rapportait les quatre sous nécessaires pour s'en sortir financièrement, il remonta les vieux fûts de chaîne où ce qui s'apparentait à du whiskey dans lesquels le breuvage séjournait quelques semaines pour tenter de donner un goût plus authentique... Il les mit dans un coin de la salle principale pour faire une sorte de pub à cet endroit où les clients pourraient boire soit debout, soit sur des chaises hautes.

Il ne roulait pas sur l'or pour le moment, c'était aussi la raison pour laquelle il ouvrait avant d'avoir terminé la rénovation. Il utilisait les anciens verres, qu'il nettoyait méthodiquement et qu'il essuyait avec son torchon. Son auberge était vide pour le moment. Les poivrots d'avant n'apprécient pas la nouvelle ambiance, surtout qu'ils n'étaient pas forcément les bienvenus. Les clients se faisaient rares alors lorsqu'il entendit la petite clochette tintée, il ressentit une certaine satisfaction. Il ne se retourna pas tout de suite, finissant d'essuyer un dernier verre.

La voix mélodieuse d'une femme lui électrisa ses sens et avant d'être face à elle, elle l'appelle par son ancien nom. Enfin son ancien nom choisi par ses soins. Il la reconnut aussitôt. Son cœur lui donna l'impression de rater un battement. Il dut faire un effort pour garder son aplomb et de passer son torchon de manière nonchalante sur le comptoir sans rien laisser transparaître du trouble éprouvé en sa présence. Il devait parler mais il ne savait pas quoi dire. Il ouvrit la bouche et parla sans réfléchir, à l'instinct.

- Vous devez faire erreur, madame. Je m'appelle Mike.

Il ne savait pas pourquoi il avait dit ça. Il craignait de ne pas s'être montré assez convaincant. Pour le moment, il ne souhait pas être reconnu. Pourquoi se cachait-il d'elle ? Il craignait de la décevoir ... et peut-être d'être déçu à son tour. Il ne s'était pas vraiment préparé à la retrouver alors qu'il était quand même revenu à Storybrooke pour ça. Il jeta un rapide coup d'œil à sa main gauche pour voir si elle n'avait pas de bague.

- Qu'est-ce que je vous sers ?

Se concentrer sur la commande de sa potentielle cliente lui permettrait de faire disparaître ce trouble. Il devait jouer un rôle avant de réfléchir à une meilleure stratégie pour aborder Raiponce ... ou non.

Cette fois, c'est moi qui t'ai trouvé...

Eliana & Mike

Te souviens-tu de moi ?

Vous aviez déjà eu cette sensation ? Quand on vous faisait un cadeau par exemple, en vous assurant que vous alliez adorer… déjà d’emblée, l’envie d’ouvrir le cadeau est forte, surtout avec cette assurance que vous alliez aimer. Le papier cadeau est vite enlevé, et quand enfin vous soulevez le couvercle pour voir ce qu’il y a à l’intérieur, vous vous rendez compte qu’il s’agit d’un truc tout à fait commun dont vous n’aviez aucune envie… Eh bien, cet ascenseur émotionnel, ce fut exactement ce que vécut Eliana.

Quand le barman s’était retourné, elle avait toujours de suite reconnu Flynn. C’était lui, à n’en pas douté ! Et pourtant… D’une simple phrase, il avait démoli tous ses rêves. Ellie était plus que déçue que de s’entendre répondre qu’elle s’était trompée. Elle qui était pourtant certaine qu’il s’agissait là de l’homme qu’elle aimait… Mais non. Et cet état de fait lui minait complètement le moral.

- Oh… Désolée. Soupira-t-elle sans oser le regarder dans les yeux. Vous me le rappelez tellement… Ajouta-t-elle dans un souci d’explication sans pour autant donner trop de détails. Vous conseillez quoi en boisson pour une imbécile qui ne sait même pas reconnaître un proche et qui se donne en spectacle ? Demanda-t-elle, légèrement amère.

Des fois, les paroles de Gothel lui revenaient à l’esprit… Peut-être que oui, en vérité, elle n’était pas capable de se débrouiller correctement pour être heureuse dans la vie. Sinon, elle aurait retrouvé ses parents, Flynn, Pascal et Maximus depuis le temps non ? Mais non… Et tout ceci lui minait le moral.

- Je m’appelle Eliana au fait. Se présenta-t-elle avec un temps de retard tout en s’installant au bar. Dooonc… Vous avez repris l’établissement apparemment. Une bonne chose. L’ambiance précédente n’était pas du tout là même et entre nous, je préfère maintenant. Je n’ai pas pu m’empêcher de voir que vous n’aviez pas encore fini la déco des murs. C’est voulu ou c’est le temps qui vous manque ? Ou les idées ? Questionna-t-elle.

Elle était après tout la seule cliente en ce moment et puis, elle avait besoin de parler un peu pour le coup. Se prendre un nouveau revers dans ses recherches, même si là elle avait poussé la porte de l’établissement par curiosité et non par rapport à ses recherches, cela lui avait fait mal.

La jeune femme se montra déçue, mal à l'aise, par la réponse du gérant de L'Auberge des Deux Mondes. Mike fuyait autant son regard qu'elle le faisait. Cela lui permit au moins qu'elle ne voit pas son trouble. Il venait de ruiner ses espoirs et pour cela, il s'en voulait. Il aurait eu envie de se mettre des gifles.

Elle lui demanda conseil pour le choix de la boisson. Un alcool fort pour tous les deux, ç'eut été salvateur à défaut d'être raisonnable. Se mettre minable à la vodka mais il risquait de se dévoiler. Et comment il aurait fait après pour expliquer ses propos.

- Pas de cocktail pour vous, ni d'alcool fort. Cela risquerait d'accentuer la déception. En revanche, une desperados mojito devrait vous convenir pour l'instant.

Il lui sourit, naturellement, se crispant rapidement, de peur de révéler sa véritable nature. Il toussa quelque peu pour dissiper cette parade avant de se détourner du regard de Raiponce. Enfin, d'Eliana, car c'était ainsi qu'elle s'appelait à présent. Elle était Eliana et lui Mike, deux inconnus qui se connaissaient pourtant... Ça devenait complexe dans sa tête, surtout qu'il avait envie de la sentir contre lui. Il jeta un regard sur sa main gauche. Pas d'alliance, c'était plutôt bon signe. Heureusement, la belle trouva rapidement un sujet de discussion. Elle s'intéressait à son établissement. Il la remercia d'un bref mouvement de tête.

- L'auberge est comme moi, en rénovation, dit-il en prenant un ton énigmatique. Mes finances étant limitées, j'ai préféré ouvrir avant d'être sur la corde raide. Pour la déco, si vous avez des idées, je suis toujours ouvert à toute suggestion.

L'avis de Raiponce avait toujours été primordial dans son ancienne vie. L'endroit lui plaisait et il en était content.

- Vous voulez goûter ma cuisine ou mes pâtisseries ? Ce n'est pas toujours bon de boire le ventre vide. Sauf si vous comptez rester à une despe. Mais j'ai prévu de vous offrir la tournée du patron !

Il se mit à rire avant de se dire qu'il allait peut-être regretter de prolonger ce moment. Il risquait de ne pas en sortir indemne...

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Eliana & Mike

Te souviens-tu de moi ?

C’était… Légèrement humiliant de se tromper de la sorte. Pourtant ce type lui rappelait bien Flynn. Regina aurait-elle poussé le vice en modifiant l’apparence des gens en même temps que leurs souvenirs ? Peut-être. Eliana savait que sa patronne avait été très malheureuse au moment où elle avait lancé son sort, alors peut-être que oui, elle l’avait fait. Il faudrait qu’elle lui pose la question à l’occasion…

- Wahou, vous avez du flair. S’étonna-t-elle. Comment saviez-vous que la despé mojito me conviendrait ? Demanda-t-elle, curieuse et troublée tout à la fois.

Même si pour le coup, elle n’aurait pas été contre un mojito avec beaucoup de rhum, histoire d’oublier son humiliation. Au moins Mike semblait assez sympa pour ne pas trop revenir là-dessus, ce qu’elle appréciait. Il ne sembla pas non plus perturbé par son changement de sujet un peu brusque. Ellie ne voulait pas s’appesantir sur son erreur, il lui fallait du temps pour faire le deuil de cet espoir qu’elle avait eu en voyant le barman se retourner vers elle.

- Comme vous ? Releva-t-elle. Peine de cœur ? Demanda-t-elle avant de se reprendre. Pardon, je suis parfois bien trop curieuse pour mon propre bien. S’excusa-t-elle avant de revenir à un sujet plus neutre. Je comprends l’idée. En plus c’est tout de même assez sympa, parce que même si la rénovation n’est pas totalement finie, vos clients vont pouvoir assister aux touches finales et ça fait toujours plaisir de voir un endroit qu’on apprécie évoluer. Dit-elle avant de se mettre à réfléchir. Vous devriez jouer avec des petits miroirs de différentes formes. En général, le Wallmark a ça, il y en a de différentes formes et il suffit de les coller au mur. Ainsi, vous pourrez gagner en luminosité et ça donnerait un effet de profondeur à la salle. Proposa-t-elle. Quant aux couleurs… Vous aimez quoi comme couleurs pour commencer ? Demanda-t-elle au barman.

C’était important qu’une pièce où on passait les trois quarts de notre temps nous plaise. Eliana avait aménagé son atelier et tout le reste de sa maison pour s’y sentir comme dans un cocon, ce qui avait assez bien fonctionné. Donc pour aider Mike et le conseiller au mieux, il lui fallait quelques infos en plus.

Elle lui demandait comment il avait pu savoir que la despé mojito lui conviendrait, cette question l'amusa et il répondit machinalement.

- C'est mon métier que de savoir ce qui plaît aux clients et en particulier aux belles jeunes femmes. Elles ont en général un goût prononcé pour le mojito en cocktail.

Il lui lança un franc sourire avant de se détourner, craignant de s'être trop révélé. Car Mike souriait d'une façon dans ce genre de circonstance qui ne serait pas sans rappeler celui qu'il avait été. Il fit semblant de laisser échapper le torchon afin de pouvoir râler et ainsi couper court à tout trouble qui aurait pu naître. Mais la belle se montrait plutôt curieuse et voulait en savoir plus à son sujet. Raiponce dans toute sa splendeur ! Une caractéristique attendrissante et agaçante à la fois. Heureusement, elle s'excusa et changea rapidement de sujet. Cela lui permit d'éviter de mentir.

Elle continuait de parler, cette fois-ci à propos de l'auberge et des aménagements restant à faire. Décidément, même dans ce monde, cette femme restait un tourbillon qui ne le laissait pas indifférent.

- Vous êtes décoratrice d'intérieur ?

À son tour de se montrer curieux. Il comprenait que ce lieu pour elle devait lui paraître bien trop sombre. Elle aimait la lumière, les couleurs et surtout le soleil ! Ce n'était pas vraiment le cas ici. Elle lui demandait les couleurs qu'il aimait et cela le fit sourire.

- Je ne me dévoile jamais aussi facilement. Mais si vous acceptez que je vous invite à dîner à l'endroit de votre choix, je veux bien vous révéler certaines choses sur moi.

Il se mordit aussitôt la lèvre après avoir lancé cette invitation. Grave erreur ! Il devait s'éloigner d'elle mais être de nouveau en sa présence, c'était enivrant...

Cette fois, c'est moi qui t'ai trouvé...

Eliana & Mike

Te souviens-tu de moi ?

Aux belles jeunes femmes ? Elle faisait donc partie de cette catégorie ? Comprenant cela Ellie piqua un fard, qu'heureusement le barman ne vit pas puisqu'il s'était détourné, ayant apparemment laissé échapper son torchon. Bon. La jeune femme se reprit, savourant plutôt une gorgée de la bière que Mike avait posé devant elle. L'ancienne princesse but directement au gulot, comme c'était d'usage. Certaines bières demandaient d'être bues dans un verre, pas la despé. Un truc qu'elle avait appris alors qu'elle faisait ses études dans le grand monde, dans ce monde dont elle ne ferait jamais totalement partie.

Cela dit, Eliana n'avait pas loupé qu'il ne lui avait pas répondu. Dans un sens, c'était normal : ils se connaissaient à peine. Pourtant, elle avait la sensation de le connaître, et très bien en plus. C'était franchement étrange. Mais étant plutôt confiante de nature, elle ne s'appesantit pas là-dessus, passant plutôt à autre chose. Elle eut un rire joyeux en l'entendant lui demander si elle était décoratrice d'intérieur. Vu les questions qu'elle lui avait posé sur son établissement, elle pouvait comprendre. C'était plutôt l'idée d'elle, toujours assez vive et donc maladroite, en décoratrice d'intérieur à manipuler des choses cassantes... Oh oui, cela la faisait bien rire.

- Non, pas du tout. Répondit-elle une fois calmée. Je suis peintre. Et restauratrice de tableaux. Ajouta-t-elle. J'ai l'oeil pour les couleurs. Mais ne me demandez pas de manipuler des choses fragiles, en dehors des tableaux, j'ai tendance à être un peu maladroite. Expliqua-t-elle en souriant.

Avant de le regarder, surprise. Sérieusement ? Il était mignon, surtout avec son petit sourire en coin. Attirant était un mot plus juste pour le décrire. Mais un rencard, comme ça ? Etait-ce même un rencard ? Ellie n'avait jamais fréquenté qui que ce soit depuis Flynn. Et même si elle se considérait comme non mariée - c'était trop compliqué de se dire mariée alors qu'ils avaient été séparés assez rapidement après leur mariage -, elle n'en était pas moins "prise" à ses yeux. Devait-elle accepter ? Un tel dilemne... Puis quelque chose, une petite voix en elle, lui conseilla d'accepter.

- Rendez-vous est pris alors. Accepta-t-elle avec un sourire. Enfin, si c'était vraiment une proposition et pas une plaisanterie. Précisa-t-elle en le voyant plus aussi sûr de lui d'un coup.

Cela lui mit un petit coup au moral supplémentaire : non seulement elle le prenait pour son compagnon, mais en plus, elle avait apparemment compris la plaisanterie de travers... Décidément, elle n'en ratait pas une aujourd'hui.

Il apprit le métier de la jeune femme. Cela ne le surprit pas. Elle avait toujours eu un goût prononcé pour l'art. Continuait-elle à dessiner des soleils ? Il brûlait d'envie de lui poser la question mais cela risquait d'attirer l'attention de la jeune femme sur sa véritable identité. Il n'accepta pas encore sa proposition, malgré son envie. Une voix lui dit de refuser, tout simplement. Alors qu'il avait pris la décision de s'éloigner, plus il restait à son contact, plus il avait envie de révéler la vérité. Quitte à se faire gifler pour avoir menti et jouer avec les sentiments de la belle.

Elle lui laissa une porte de sortie, une occasion de s'échapper de cette proposition de rendez-vous. Il hésita sur la marche à suivre. Le plus sage aurait été de sauter dessus, de se montrer lâche, de refuser. Il se définissait comme un homme courageux, qui ne reculait devant rien. Certes il souhaitait cacher son identité mais il avait une raison pour cela. Enfin, c'était ce qu'il croyait. Il n'en était plus très sûr à présent.

- Non... Non... C'était bien une proposition. Seulement... Je suis revenu à Storybrooke depuis peu et je ne suis pas certain de connaître un bon endroit sympa pour vous inviter.

T'es ridicule, mon pauvre vieux ! Pitoyable ! Et sa voix détachait chaque syllabe du dernier mot, accentuant ainsi sa réflexion déplaisante. Il avait envie de prendre un pastis, une boisson du Sud de la France qu'il avait découvert lors de son dernier voyage. Il appréciait son goût anisé et l'effet de l'alcool. Se saouler, se mettre minable, voilà ce qu'il avait envie de faire maintenant... Et d'embrasser Raiponce. De la sentir entre ses bras. De respirer son parfum si apaisant. Satanée malédiction qui lui avait brisé sa vie !

- Cette soirée sera en tout bien, tout honneur. Je préfère vous avertir avant que vous ne tombiez inéluctablement sous mon charme, je suis gay. Bon nombre de demoiselles ne s'en sont pas remises...

Et tu penses que tu vas t'en sortir avec ça ? Il avait envie de pousser un soupir et de se frapper. Il affichait un grand sourire, en haussant les épaules comme pour exprimer qu'il était désolé de ce fait. De peur de succomber aux charmes de la restauratrice d'art, il s'inventait une sexualité qui devait le protéger. Il se demandait pourquoi il avait dit ça. Et en plus, il avait montré un aspect de sa personnalité qui pourrait rappeler Flynn à Eliana. Il allait devoir abréger rapidement cette conversation avant de se monter davantage ridicule.

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Eliana & Mike

Te souviens-tu de moi ?

C’était vraiment étrange… Elle était persuadée qu’ils se connaissaient. C’était stupide puisqu’ils ne s’étaient jamais croisés à Storybrooke. Mais quelque chose lui soufflait qu’il était véritablement Flynn. Idiot n’est-ce pas ? Quel intérêt aurait-il eu à lui dire l’inverse ? Non, elle devait se bercer d’illusions, tout simplement. C’était pareil pour le rendez-vous, Eliana n’aurait pas voulu le forcer à concrétiser la chose s’il s’agissait d’une simple plaisanterie.

- Bah, ici c’est sympa non ? Pourquoi aller ailleurs ? Répliqua-t-elle en regardant autour d’elle. Après, si vous avez besoin d’un coup de main pour la peinture des lieux, je vous propose mes services. En bénévolat. Quoi que… Je ne serais pas contre le couvert les jours où je viendrais peindre. Ajouta-t-elle en souriant.

A voir tous ces murs attendant d’être colorés, la princesse sentait son imagination crépitée. Ses doigts la démangeaient. Elle retrouvait des sensations oubliées depuis longtemps. Enfin presque. La jeune femme les avait ressenties quand elle avait peint les murs de sa petite maison… Peindre sur toile ne lui offrait pas autant de fantaisie et elle se rendait compte que cela lui manquait cruellement.

En l’entendant revenir sur leur rendez-vous précisé avec autant d’envie de convaincre, Eliana plissa les yeux. Pourquoi revenir là-dessus ? Faire autant de précision ? De quoi avait-il peur en fait ? Quand elle l’entendit dire qu’il était gay, la princesse ne put s’empêcher de douter de cette affirmation. Un gay ne s’amusait pas autant à charmer les femmes. Cela n’avait pas de sens…

- Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que c’est plus vous que vous cherchez à convaincre que moi. J’ai même l’impression que vous êtes en train de me mentir… Dit-elle en croisant les bras. Mais. Puisqu’on ne se connait pas vraiment, je vais plutôt me dire que je me fais des idées. Décida-t-elle. Vous pensiez mettre quoi comme couleur dans l’entrée ? Demanda-t-elle, changeant complètement de sujet.

Elle découvrirait bien la vérité tôt ou tard. S’il était vraiment gay, ce serait dommage pour elle et si ça n’était pas le cas, elle apprendrait bien vite pourquoi il avait donné cette excuse. Dans tous les cas, cela ne servait à rien de s’appesantir là-dessus.

Plus le temps passait, plus Mike se sentait mal à l'aise en compagnie d'Eliana. Il était à la fois si proche et si loin de sa Raiponce. Il avait envie de la prendre, de la serrer dans ses bras et dans le même temps, de la séduire encore une fois. Sauf qu'il faisait tout l'inverse. Il risquait d'être ridicule s'il continuait sur la voie du mensonge. ll se contenta de sourire, à cette façon qu'il avait en étant Flynn, avant d'en changer rapidement pour laisser l'impression d'être quelqu'un d'autre.

Elle lui proposa de manger ici plutôt que d'aller dans un autre endroit pour leur première soirée. L'idée était bonne, ce serait plus intime, mais il allait devoir faire la cuisine. En soi, ce n'était pas un problème, mais il aimait bien n'avoir rien à faire lorsqu'il passait du temps avec une jeune femme. I aurait pu se contenter de se faire uniquement beau, ou du moins rester au naturel, sans une seule tâche de cuisine.

- Très bien. Lundi soir prochain, ça vous va ? C'est le seul soir où je n'ouvre pas.

C'était son seul moment de répit. Même le lundi midi il était au travail. Il préférait servir plutôt que de s'accorder des loisirs depuis son retour. Storybrooke avait gâché sa vie et plus il passait de temps au bar ou dans sa cuisine, moins il réfléchissait. Surtout lorsqu'il commençait à s'en filer des Ricard. D'ailleurs, il lui faudrait embaucher une serveuse prochainement pour qu'il puisse rester loin du comptoir lorsqu'il devait rester en cuisine... Mais une jolie, de quoi se rincer l'oeil et inciter la clientèle à venir. Une qui accepterait qu'il puisse lui mettre la main aux fesses sans se retrouver avec le hashtag #balancetonporc... Comme quoi, le modernisme tue le plaisir... Bon d'accord, s'il était avec Raiponce, l'idée ne lui aurait même pas traversé l'esprit... Enfin pas longtemps.

- Pas de problème pour le couvert les jours de peinture. Au moins vous verrez que je suis bon cuisinier. Par contre, pour les couleurs je ne sais pas trop. Que me conseillez-vous ?

Il attrapa une autre Despe et la décapsula comme par magie, tellement il était habitué à le faire rapidement.

- Mais nous pourrions plutôt en parler pendant le dîner. Ce serait mieux. Et puis j'ai des choses à faire.

Il se montra plutôt abrupt. Il ressentait le besoin de mettre un terme à la conversation.