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 Christmas, actually ☀ HYPERION

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Eurus J. Holmes
« Good and bad are fairytales. »

Eurus J. Holmes

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"Ce nouveau design, c'est juste pour moi ?"

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Christmas, actually ☀ HYPERION _



________________________________________ 2021-12-03, 19:05 « Good and bad are fairytales. »



“At Christmas, you tell the truth.”

☆ ★ ☆
Le taxi s’arrêta un peu avant le petit pont en pierres menant au cottage Boréal. Je payai le chauffeur puis descendis du véhicule, en prenant soin de ne pas coincer ma jupe dans la portière. A la main, je tenais un sac contenant divers cadeaux pour les habitants de la demeure. Hypérion m’avait invitée au Réveillon de Noël ; je devais donc faire bonne impression, même si je connaissais déjà tous les occupants.

Je franchis le pont en pierre en rapides foulées - le froid hivernal était bien trop saisissant – puis me précipitai jusqu’à la porte afin de sonner. Hypérion avait proposé de venir me chercher, mais je trouvai plus adéquat de venir par moi-même. D’un geste machinal, j’effleurai mes cheveux figés dans un brushing parfait. Ils m’arrivaient au-dessus des épaules. Mon front était ceint d’un bandeau argenté, dans le style des années 20. Ma robe noire aux broderies argentées épousait vaguement le même style, tout en ayant une coupe plus actuelle. J’avais souhaité faire à la fois simple et recherché.

Un peu nerveuse, j’attendis que l’on m’ouvre. La minute passée dans le froid de la nuit, avec les étoiles scintillantes au-dessus de ma tête, laissa le loisir à mes démons de surgir. J’avais revu Hypérion quelquefois depuis l’épisode de la Convention à Magrathéa, mais quelque chose était différent. Il me semblait avoir ignoré un indice important. Je détestais quand cela m’arrivait - c’était si rare ! Il fallait que cela concerne le titan si cher à mes yeux. Lors de la Convention, il avait changé d’apparence, retrouvant celle d’un vieil homme aux yeux rieurs. J’avais souligné que je le préférais ainsi. Il avait été flatté et semblait attendre autre chose. Longtemps après, je m’étais posée cette incessante question : qu’avais-je manqué ? Qu’est-ce qui m’échappait ?

Le Coffre m’avait laissé en paix. Plus d’apparition fantomatique, plus de sueur froide. En revanche, mes maux de crâne avaient redoublé. Par un heureux hasard, ils me laissaient en paix ce soir-là. J’avais donc bien l’intention d’en profiter. Comme s’il n’y avait pas de lendemain. J’avais appris à vivre ainsi. Il se pouvait que je me réveille avec la mémoire effacée. A partir de là, comment et pourquoi faire des projets ? Il n’empêche qu’avant de m’évanouir dans le néant, je voulais comprendre ce qui m’avait échappé chez Hypérion. Ne pas savoir est la pire des tortures pour une Holmes.

La porte s’ouvrit enfin et un sourire radieux illumina instantanément mon visage. Une musique de Noël un peu jazzy passait en fond sonore, mais la personne en face de moi avait tout sauf l’esprit de Noël épinglé sur la figure. Morose, Socrate annonça :

— Vous tombez mal.

J’ouvris la bouche pour en demander la raison, quand des exclamations outrées me parvinrent depuis le salon. Sans plus attendre, j’entrai tandis que Socrate levait les mains au ciel en signe d’impuissance. Il alla se réfugier dans la cuisine pendant que je me rendais jusqu’au salon. Un sapin immense et magnifique trônait près de la cheminée allumée. Juste à côté, une jeune femme blonde enguirlandait le titan.

— Vous devriez avoir HONTE, Hypérion !

Intriguée, je décidai de ne pas signaler ma présence, même si Anatole l’avait sûrement perçue.

— C’est indigne de vous ! poursuivit Astrid, les joues rosies par la colère. Comment osez-vous décorer ce cadavre ?

Cadavre ? Je fronçai les sourcils, avant de suivre son doigt accusateur et de comprendre. Oh. Hypérion était dans de beaux draps. Qu’avait-il donc pensé ?

— C’est épouvantable ! Ca me fait beaucoup de mal. Et vous imaginez ce qu’a ressenti ce sapin au moment d’être coupé dans la fleur de l’âge ? Vous êtes... vous êtes...

De toute évidence, elle cherchait un qualificatif suffisamment fort sans le trouver. En dépit de sa petite taille et de son pull montrant un diplodocus coiffé d’un bonnet de noël et d’une écharpe rouge, elle était presque intimidante.

— Vous participez à la déforestation mondiale ! Jamais je n’aurais cru ça de vous ! Oh, ça non ! Ne m’adressez PLUS JAMAIS la parole !

Sur cette réplique, elle tourna les talons pour quitter la pièce comme une furie. Dans son sillage, elle laissa un parfum de pain d’épices. A cet instant seulement, je m’approchai du sapin pour y déposer mes cadeaux, sans un mot ni un regard vers Hypérion. Puis, me reculant vers lui, je déclarai, toujours en observant le sapin :

— Je le trouve magnifique. Mais un peu mort, effectivement. Voyons monsieur Cassini, qu’avez-vous pensé en faisant une telle acquisition ? A mon sens, c’est de la provocation.

Voulait-il éloigner le petit dinosaure du cottage en ce jour de fête ? Cela aurait été méchant de sa part. Je tournai enfin la tête vers lui et lui adressai un regard faussement sévère.

— Faites attention, je pourrais encore vous reprendre votre cadeau.

Un petit sourire espiègle effleura mes lèvres.
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« Maîïîtreuuuh !!! »

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espèces de papillons... »


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les mois, mais les moments.
Ce qui lui confère suffisamment
de Temps pour vivre, ressentir, aimer. »



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________________________________________ 2021-12-08, 09:06 « Maîïîtreuuuh !!! »


« On vous souhaite un...
Happy Christmas !»
▼▲▼

Je voulais lui expliquer. Je n'avais qu'une envie, c'était de lui dire de quoi il en retournait. Mais le petit dinosaure, à peine entré dans la pièce, avait hurlé au scandale sans me laisser le temps de lui dire quoi que ce soit. Peut-être pensait-elle que je me fichais d'elle avec mon petit sourire ? Mais ce n'était pas le cas. Ce sourire était là uniquement vis à vis du pull qu'elle portait. Je l'avais trouvé lors d'une de mes escapades pour chercher des cadeaux de Noël, et ce matin, je l'avais déposé aux pieds du lit d'Astrid. Au lieu de lui offrir ce soir, je préférais qu'elle le porte pour la soirée. Elle ne m'en avait pas encore touché mot, mais rien que le fait de la voir le porter, me remplissait de joie. Elle était adorable avec. Du coup, pendant qu'elle m'enguirlandait et ne me laissait pas le droit à la parole, moi je souriais.

Tournant la tête vers la nouvelle venue, je souriais une nouvelle fois. Ses cheveux étaient coiffés d'un brushing aussi parfait qu'elle. Ils lui arrivaient au-dessus des épaules. Sur son front se dressait un bandeau argenté que je trouvais amusant et classe à la fois. Elle portait également une robe noire aux broderies argentées qui lui allaient comme un gant. Et surtout, je remarquais la présence de nouveaux cadeaux sous le sapin. Au moins avec Eurus, je pouvais parler librement. On ne me coupait pas la parole sans cesse et on m'autorisait surtout à la prendre.

« J'ai tenté de lui expliquer, mais elle ne m'a pas laissé parler. » me justifiant auprès de notre invité, je m'étais tourné en direction du sapin et je le fixais droit dans les épines. « Tu aurais pu dire quelque chose. » lui dis-je.

On vit le sapin légèrement frémir.

« Tu l'as laissé me parler ainsi. Tu sais ce que ça signifie ? Que je peux te renvoyer au service client. »

Je sentais d'ici le regard de Socrate. Il pensait sans doute que j'étais un peu cinglé. Et il n'avait pas totalement tord, mais pas à ce moment précis.

« Désolé... » entendis-je à travers les branches de l'arbre qui se tenait face à nous.

En quelque secondes, deux boules dessus se rapprochèrent et on les vit s'ouvrir, formant ainsi deux yeux.

« C'est que je suis un peu timide... »

Je ne pu m'empêcher d'afficher un air perplexe avant de soupirer.

« Il vient de Magrathéa. C'est un Pinacea. »

« Je m'appelle Abies. Bonjour et merci de m'avoir choisi. »

Je le toisais une nouvelle fois, faisant une petite moue. Il aurait pu dire cela quelque minutes auparavant pour calmer le petit dinosaure. N'empêche, il avait raison sur un point. Il semblait très timide, car à peine je lui avais adressé ce regard qu'il s'était reculé d'un petit pas de sapin et qu'il en avait fait tomber une boule. Pas celles qui lui servaient pour les yeux, fort heureusement.

« J'aurai pu lui expliquer si elle m'avait laissé l'occasion d'en placer une. »

« Il est vivant ? » demanda Socrate, intrigué.

« Je suis vivace. » répondit Abies. « J'hiberne les trois quart de l'année pour éviter de mourir prématurément. On est une espèce à une durée de vie très courte. »

« Je lui ai promis de le planter dans le jardin une fois la période des fêtes passés. Il hibernera toute l'année et il viendra nous rendre visite à l'intérieur à chaque Noël. »

« Oh oui ! C'est très généreux de votre part ! »

Le sapin semblait réellement ravis. Il reprit sa forme d'origine avec ses boules, tandis que j'adressais un petit regard à Eurus.

« T'ais-je vue déposer des cadeaux sous le sapin ? Il y a le miens ? C'est lequel ? Le plus grand ? Le plus petit ? Le bleu ? » insistais-je. « Si tu permets, je vais te laisser seule quelque minutes. J'aimerais aller régler une petite affaire avec la furie qui est partie vers la cuisine. Je n'ai pas envie qu'elle se venge sur la nourriture. Surtout que... je n'ai pas de réelles explications pour la dinde. » avouais-je.

Car oui, il y avait bel et bien une dinde pour Noël. Je cherchais une raison valable de justifier cela auprès d'Astrid, sans en trouver aucune, si ce n'était que j'avais envie de fêter Noël comme il se doit. Mieux valait arranger l'histoire du sapin, avant d'entamer celle de la dinde, ou alors le petit dinosaure pourrait bel et bien quitter réellement le Cottage.

« Je vous laisse prendre vos aises très chère, je reviens de suite. »

A peine j'avais quitté Eurus, que j'avais retrouvé Astrid dans la cuisine. Elle finissait de couper des carottes avec un grand couteau, bien trop grand et bien trop pointu. C'était risqué de lui parler à ce moment précis, mais d'un autre côté, je ne risquais pas grand chose si elle venait à me poignarder. Sans attendre qu'elle me coupe une nouvelle fois la parole, je lui avais tout avoué sur monsieur Sapin. Son nom, son origine et le fait que j'avais accepté qu'il crèche dans notre jardin pour le restant de l'année.

« ... tu vois ? Je n'aurais jamais fait de mal à un arbre, qui plus est sous le toit d'un adorable petit dinosaure. » lui dis-je avec un grand sourire, avant de baisser la tête en direction de son pull. « Je vois que tu as trouvé mon cadeau. Il te va comme un gant. Il y en a un autre sous le sapin, vue que celui ci était offert un peu prématurément. »

Quand je revins dans le salon, Eurus venait de raccrocher son téléphone. Qui étais-ce ? Voulait-elle inviter quelqu'un à la fête ? Je n'avais pas songé à lui demander.

« CADEAUX ! On laisse passer ! » s'exclama un petit monsieur avec un bonnet de Noël sur la tête.

Oui, Atlas venait d'arriver. Il faisait partit des personnes que j'avais convié à la fête.

« Soso, pousse toi de mon chemin ! Et interdiction de déballer le tiens avant les autres, même si il se met à fumer ! »

Le chat semblait offusqué de la façon dont venait de lui parler le Titan, mais au mot "fumé", il se calma aussitôt et zieuta en direction de son paquet cadeau. Pensait-il qu'il s'agissait de saumon ou quelque chose de ce genre ? Je savais que Atlas le charriait.

« Oula. Que vois-je ? On a invité une Princesse à la fête ? J'aurais du prévoir un cadeau... » dit-il en regardant Eurus. « Je plaisante ! C'est le petit tout en rose. Je me doutais qu'Hyperion ne pouvait plus se passer de toi, du coup j'ai amené ce qu'il fallait. Et d'ailleurs... n'hésites pas à me dire ce que t'en penses quand vous l'aurez utilisé tous les deux. » acheva t'il d'une voix bien plus basse à l'intention de la jeune femme.

Mais qu'est ce qu'il lui avait offert comme cadeau ?!

« Bon ! Où est la dinde ? Je meurs de faim ! »

Astrid venait tout juste de nous rejoindre avec le plateau d'entrée. J'espérais qu'elle n'avait pas entendu sa question, ou alors on allait de suite partir dans une nouvelle dispute. Fallait que je trouve une bonne raison à la présence d'une dinde sur la table ce soir.

Tout en réfléchissant à cela, je remarquais la présence de quelque chose sur le haut de mon crâne. Tournant la tête vers Atlas, je pouvais voir d'ici un petit sourire sur son visage.

« Tout le monde doit avoir son chapeau ! C'est Noël ! »

Je trouvais cela amusant, pour cette raison que je l'avais laissé là. Après tout, ce n'était qu'un chapeau de Noël et j'étais persuadé qu'il m'allait comme un gant.

« Et le vin ? Où est le vin ? » enchaîna t'il avant de se pencher une nouvelle fois vers Eurus. « J'ai amené un petit quelque chose à glisser dedans. On va faire des folies ce soir ! »

J'aurais pu tendre l'oreille et entendre ce qu'il avait dit, mais je ne le souhaitais pas. J'étais sûr que ça me plairait pas de toute façon...

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Dans la Nature, rien n'est parfait et tout est parfait. Les Arbres peuvent être déformés, pliés de façon bizarre, et ils sont toujours beaux.

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Eurus J. Holmes
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________________________________________ 2021-12-15, 21:30 « Good and bad are fairytales. »



“At Christmas, you tell the truth.”

☆ ★ ☆
Décidément, Hypérion était plein de surprises. Je le savais et c’était l’une des raisons pour lesquelles j’appréciais sa compagnie. Avec lui, la monotonie n’existait pas. Malgré ses airs de personne calme et rangée, il se passait toujours quelque chose de trépidant autour de lui. A croire qu’il attirait les “ennuis”, ou plutôt les rebondissements.

J’avais souri lorsqu’il m’avait dit qu’il souhaitait parler à Astrid. C’était préférable avant que la situation s’envenime. Tandis qu’il s’absentait, je pivotai vers le sapin et déclarai :

— Enchantée, Abies. Je suis Eurus Holmes.

Délicatement, je saisis l’une de ses branches afin de le saluer comme il se doit.

— Bien sûr, je sais qui vous êtes ! répondit-il en frétillant de toutes ses épines.

— Vraiment ? m'étonnai-je.

— La grande Eurus Holmes à l’intelligence flamboyante ! A Magrathéa, vous êtes plus célèbre que votre frère ! Comment s’appelle-t-il, déjà ?

Un mince sourire triomphant étira mes lèvres. C’était agréable de savoir que Sherlock était moins célèbre que moi dans un autre monde. Il se gaussait beaucoup trop d’être “le meilleur”. D’un côté, il était préférable que je passe inaperçue sur Terre, puisque j’effectuais régulièrement des transactions peu conventionnelles considérées comme illégales par beaucoup de pays.

Mon téléphone sonna, me sortant de mes pensées. Je m’excusai auprès du sapin puis décrochai. C’étaient mes parents, qui insistaient pour que je passe Noël avec eux. “Ne pas déroger à la tradition, être reconnaissante, et blablabla...” J’écoutais d’une oreille distraite puis finis par couper court. Argument ultime ? Je n’avais pas passé tous les réveillons avec eux, loin de là. J’étais beaucoup moins assidue que mes frères sur ce point. A de nombreuses reprises, des affaires m’avaient retenue loin de la demeure familiale. Mes parents avaient semblé déçu mais ce qu’ils pouvaient ressentir ne m’atteignaient pas : ils avaient érigé une barrière entre eux et moi le jour où ils m’avaient envoyée au pensionnat. Lorsque j’étais enfant, ils avaient voulu me changer. Sans doute n’étaient-ils pas satisfaits de la fillette que j’étais. Trop individualiste et manipulatrice. Au final, ils m’avaient permis d’aiguiser mon esprit ainsi que mon aptitude de marionnettiste envers les autres. On récolte ce que l’on sème. Le proverbe ne pouvait pas mieux leur seoir.

Pivotant vers l’embrasure du salon, je souris à Hypérion qui venait de revenir, puis rangeai mon téléphone dans la pochette noire assortie à ma robe. J’allai la poser sur un rebord de fenêtre, de sorte à ce qu’elle ne dérange aucune décoration. A cet instant, un petit homme énergique fit irruption dans la pièce. Coiffé d’un bonnet de Noël, il posa ses nombreux cadeaux au pied d’Abies puis me réserva un accueil des plus particuliers, en soulignant à quel point le présent qu’il me réservait était spécial et servirait également à Hypérion. Amusée et intriguée, je me contentai de sourire. Voir le titan embarrassé valait tout l’or du monde. Soucieux de mettre de l’ambiance, Atlas coiffa Hypérion d’un bonnet de Noël.

Quant à moi, je me dirigeai vers le tourne-disque et posai le bras sur la platine. Un disque s’y trouvait déjà. La musique qui envahit le salon me laissa dubitative. Un silence suivit les premières mesures. Atlas, Socrate, Astrid et Hypérion clignèrent des yeux. Comprenaient-ils les paroles ? J’avais quelques notions en français. Il n’était pas difficile à comprendre que c’était le temps de l’amour, le temps des copains et de l’aventure. Je posai le regard sur Hypérion. Décidément, il était un éternel romantique. Comme il fallait s’y attendre, Atlas se plaignit de la musique.

— C’est quoi ce truc vieillot ? Eh ben dis donc, t’es pas fortiche pour mettre l’ambiance.

— J’aime bien, c’est joli
, rétorquai-je.

Atlas ouvrit des yeux ronds puis lança à Hypérion sans aucune discrétion :

— La lâche pas, celle-là.

Estimant qu’il était temps de faire une sortie remarquée, je lançai :

— Je vais me mettre en quête du vin.

C’était une invitation à ne pas me suivre, bien que j’étais certaine qu’Hypérion me suivait des yeux. Je me rendis jusqu’à la cuisine déserte et fis un pas vers la porte de la cave quand quelque chose attira mon attention. Une sorte de loir blanc m’observait de ses petits yeux noirs, perché sur la table de la cuisine. Près de lui se trouvait une bouteille de vin. A la bonne heure.

— Bonsoir Pantalaimon, le saluai-je. J’ignorais qu’Hypérion vous avait invités, Lyra et toi.

— Vous ignorez beaucoup de choses sur Hypérion
, répliqua-t-il d’un ton pondéré.

Son museau rose humait l’air, comme s’il cherchait quelque chose. Intriguée, je penchai la tête vers lui. Son comportement me fascinait. Je ne l’avais rencontré qu’une fois, mais j’adorais observer les daemons. Surtout que Lyra et lui pouvaient demeurer loin l’un de l’autre sans que cela ne les affecte.

— Vous ignorez tout de sa déclaration, l’autre fois.

Mes sourcils se froncèrent. De quoi parlait-il ? Il enchaîna comme s’il avait entendu ma question mentale :

— A Magrathéa, lors de la Convention, il s’est ouvert à vous. Et vous n’avez rien écouté. Trop nombriliste, mademoiselle Holmes. Ça vous a déjà joué des tours par le passé.

J’ouvris la bouche mais il sauta en bas de la table pour disparaître à l’étage. Etrange. Comment pouvait-il savoir cela ? Hypérion s’était-il confié à lui ? Mais surtout, m’avait-il vraiment ouvert son cœur ? Ce jour-là, j’avais été happée par mes vieux démons. J’avais occulté beaucoup de choses sans le vouloir. Se pouvait-il que, ironie du sort, il ait eu le courage de se déclarer à ce moment-là ? Comme j’aurais voulu pouvoir remonter le Temps !

Une main posée sur la table, je réfléchissais. Était-ce de bon ton de raviver ce souvenir sans doute pénible pour lui ? Non, mieux valait faire bonne figure et provoquer le destin d’une autre manière. Troublée, je ramenai une mèche derrière mon oreille. Un sourire illumina mon visage mais je me mordis les joues afin de le faire disparaître ; inutile de paraître trop joyeuse. Cela aurait pu sembler suspect.

D’un geste confiant, je m’emparai de la bouteille de vin et esquissai une expression amusée en voyant qu’un ballon rouge avait été accroché au bouchon. Décidément, Hypérion ne faisait rien comme tout le monde.

Je retournai au salon et tendis la bouteille à Atlas afin qu’il l’ouvre - et glisse à l’intérieur ce qu’il souhaitait. Après quoi, je me rendis jusqu’à Hypérion. J’aurais pu mentionner Pantalaimon mais je n'en avais pas envie. Il y avait eu beaucoup trop de contretemps jusqu’à maintenant. Et surtout, nous avions perdu beaucoup trop de Temps.

— Vous dansez ?
proposai-je non sans glisser ma main dans la sienne, comme pour lui faire sous-entendre qu’il avait déjà accepté.

Il était Temps de passer aux choses sérieuses.
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________________________________________ 2022-01-06, 10:16 « Maîïîtreuuuh !!! »


« On vous souhaite un...
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Reprenant légèrement mon souffle, je m'approchais de la porte d'entrée, afin de l'ouvrir. Un invité mystère s'était donné la peine de toquer au lieu d'entrer directement. Ca devait être quelqu'un de bien et respectable pour respecter encore un peu l'intimité des autres, ce qui était rare de nos jours. Surtout quand on logeait dans la même maison qu'une certaine Astrid Littlefoot.

Une fois la porte ouverte, je restais un petit instant sans rien dire. Etais-ce une hallucination ? Le mélange de la danse, des danses... du vin et du breuvage d'Atlas ? Qu'est ce qui pouvait m'avoir provoqué cette vision qui se tenait face à moi ?

« Joyeux Noël Anatole ! » s'exclama Malcolm d'un ton débonnaire.

« Comment es-tu arrivé ici ? » lui répondis-je du tac au tac, tout en voyant qu'il tenait dans ses mains un paquet long et un plus petit.

« C'est une longue histoire. » répondit-il avec une petite moue.

« Eh bien, la politesse se perd... » marmonna Asta.

Je baissais les yeux en apercevant le petit chat roux.

« Hum... Joyeux Noël Asta. » dis-je sans trop de contrariété dans la voix, avant de lever les yeux vers Malcolm. « Joyeux Noël Malcolm. » ajoutais-je. « Comment êtes vous arrivé ici ? » insistais-je une nouvelle fois.

J'étais quelqu'un de très hospitalier... reconnus-je pour moi même.

« Il se peut que... » débuta t'il avec une petite grimace. « ...que les sorcières aient trouvés le moyen de créer un portail entre nos deux mondes. »

J'étais sur le point d'ouvrir la bouche pour répondre, quand Malcolm me coupa la parole. Et après on disait que c'était moi le malpolis.

« Ne croyez pas que j'ai profité de cette occasion pour me promener ici. Si je suis là, c'est avant tout pour guérir mon père d'une maladie incurable dans notre monde. Il suit un traitement depuis plus d'un mois et nous obtenons déjà de très bons résultats. »

« Un mois ? » m'exclamais-je en ouvrant de grands yeux surpris. « Et votre père est ici, avec vous ? »

« Il suit un traitement sur le non contrôle de tout ce qui l'entoure. Faut l'excuser. » nous coupa Atlas. « Quand il apprend qu'on lui cache des choses, ça le perturbe. Mais ça lui passe rapidement d'ordinaire. Au pire, je lui ferais son injection avant de le mettre au lit. »

Je foudroyais du regard mon frère. Comprenait-il la gravité de la situation ? Et pourquoi approchait t'il sa main de celle de Malcolm ?

« Atlas. Enfin pour toi ça sera Seigneur Tout Puissant et Grand Guide Atlas. » affirma t'il avant de sourire. « Joke. Tu peux m'appeller comme tu veux. Mais pas At. Quelqu'un a essayé une fois. Et personne ne se souviens de lui. » acheva t'il avec un petit clin d'oeil. « Il est mignon ton petit chaton. »

Asta grogna.

« Elle est mignonne ? » demanda t'il, surpris par le grognement.

Malcolm lui serra la main d'un air embarrassé avant de lui répondre à voix basse.

« Elle n'aime pas qu'on la traite de petit châton. Quoi qu'il en soit, enchanté. »

« Hum... elle a du caractère. J'adore. » répondit-il avec un nouveau petit clin d'oeil destiné cette fois ci au... petit chaton.

« Vous n'avez pas jugé utile, ni l'un, ni l'autre, de venir me voir et de me raconter tout cela plus tôt ? »

« Je vous pensais très occupé et vue qu'il n'y avait pas de problèmes, je ne voulais pas vous importuner inutilement. »

« Lui ? Occupé ? Très même. C'est pas tous les jours qu'il drague quelqu'un d'aussi inapprivoisable que mademoiselle Holmes. Il doit y concentrer tous ses efforts. »

Se moquait-il de moi ? Malcom souria.

« Dans ce cas, j'ai été bien avisé de ne pas le déranger avant ce soir. »

Je les foudroyais tous les deux du regard à tour de rôle.

« Je crois que nous devrons avoir une discussion dès demain matin, Malcolm. D'ailleurs, vous logez où tous les deux ? »

Non, je n'allais pas entrer dans ce jeu là, à leur proposer de revenir au Cottage. Leur présence ici, non pas chez moi, mais dans ce monde, n'était pas judicieuse. C'était risqué ! Allez savoir ce qu'avaient fait ces fichues sorcières débutantes... !

« Alexis nous a gentiment prêté un de ses appartements. »

« Alexis ? » répétais-je. « Mon Alexis ? » ajouta t'il, tandis que Atlas posa une main sur mon épaule.

« Laisse moi en au moins une. » me taquina Atlas avant de retirer sa main voyant le regard que je lui adressais.

Malcolm eu l'air un peu emprunté. Il me montra les cadeaux qu'il portait dans ses mains, d'un air hésitant.

« J'ai apporté des cadeaux. »

J'allais riposter une nouvelle fois, mais face à cette offrande, je ne voyais pas quoi lui reprocher. Tout le reste par contre...

« Je prend ça. Je lui laisse les chocolats. » indiqua Atlas en prenant la bouteille emballée et en laissant derrière lui, après son départ, la petite boite.

Des chocolats ? Songeais-je.

« Ne traînez pas dehors. Il fait froid. Et Eurus va pas tarder à revenir avec les bouteilles secrètes. Qui plus est, on n'a pas encore touché au nectar. Je vous invite le petit chaton et la carotte. »

« Oh c'est très gentil à vous, mais mon père m'attend. Je ne peux pas le laisser seul le soir de Noël. »

J'aurai pu inviter son père aussi à entrer, pour suivre l'invitation d'Atlas, mais je n'en avais rien fait. Mieux valait qu'on s'accorde un petit battement avant de mettre tout cela à plat. Du coup, je m'étais contenté de prendre le paquet.

« Je n'ai rien pour vous deux. Mais je ne m'attendais pas à cette visite... pas que cela me dérange, mais dans ces circonstances un peu. Et combien y'a t'il de chocolats dans cette boite, vue le poids ? » demandais-je, faciné par le paquet.

« Ouvrez le, vous verrez bien. »

J'hésitais, mais j'avais plutôt besoin de m'éloigner un peu de Malcolm pour la soirée.

« Pantalaimon et Lyra dorment également chez Alexis ? » demandais-je.

« Hum... non. Ils n'ont pas traversé avec nous. »

Je fus surpris par cette révélation. Pourquoi n'étaient ils pas venus ? N'avaient-ils pas envie de me voir pendant que Malcolm détruisait la structure entre nos deux univers ?

« Deux personnes sages et avisés. » me contentais-je de répondre. « Bonne soirée, vous deux. » ajoutais-je avant de me tourner pour retourner à l'intérieur, la porte se fermant derrière moi.

*

Malcolm et Asta se regardèrent après mon départ.

« Ca aurait pu être pire, bien que je m'attendais à beaucoup mieux. » laissa échapper Malcolm tandis qu'ils marchaient vers le portail extérieur.

« Très grossier. Il nous reproche d'être venu, mais il accepte malgrès tous nos cadeaux comme un enfant capricieux. »

« Il a sûrement ses raisons. » lui répondit Malcolm, soucieux.

« Ca lui passera. » les rassura une petite voix.

Malcolm et Asta se stoppèrent. Ils regardèrent autour d'eux, à tour de rôle, sans trouver l'origine de la voix.

« Tu as entendu ? » dirent-ils d'une même voix.

« Qui est là ? » ajouta Malcolm.

Aucune voix leur répondit. Aucun murmure. Ils quittèrent le domaine sans avoir la réponse à leur question. Si ce n'est qu'une petite brise légère les accompagna discrètement jusqu'à la sortie du domaine. Une petite brise similaire à un battement d'ailes.

*

« Qu'est ce qui te tracasse tellement ? » Me demanda mon frère une fois que je le rejoignais dans le salon.

Socrate venait de tendre un paquet cadeau à Astrid. Il s'agissait d'un grand paquet sans réelle forme qui devait contenir quelque chose de mou. Le paquet était rouge avec un beau noeud.

« Northern Lights est un monde qui se trouve dans un autre univers. On n'en connaît pas toutes les facettes. Et je suis assez méfiant envers les sorcières qui le peuplent. »

« Northern Lights ? » Répéta t-il avec un air sceptique.

« Ça m'est venu comme ça. Tu n'approuve pas ? »

« Si si, bien sûr. Quoi qu'il en soit y'a pas de raisons à s’inquiéter. Si tu ne voulais pas qu'ils viennent tu aurais tout fait pour qu ouvrir un passage leur soit impossible. »

Je me mordis les lèvres. Atlas l'avait sans doute remarqué.

« Ou du moins tu aurais essayé... » Enchaîna t-il.

Ce que j'avais mis en place lors de notre passage pour rentrer n'avait semble t-il pas suffit. J'espérais en tout cas ne pas regretter de ne pas avoir tout simplement fait disparaître le passage afin d'empêcher toute arrivée non désirée.

« J'ai bien aimé te voir danser avec la petite. »

Je sortis de mes pensées. Il me rappela le moment qui avait précédé la venue de Malcolm. On avait débuter par quelque chose de léger avant d'enchaîner avec du Charleston. J'étais surpris que Eurus sache le danser. Et je me doutais qu'elle l'etait tout autant me concernant. J'avais mis un vinyle que Diane m'avait offert par le passé.

« C'était... Amusant. » répondis je au titan avec un petit sourire amusé.

« Elle te change Hyperion. » ajouta t-il. « Elle te rajeunis. »

Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire. J'étais déjà très jeune. Mais j'acceptais le jugement qui était à mon avantage. Et un peu beaucoup à celui de la jeune femme. D'ailleurs ou était elle ?

Je scrutais la pièce sans la voir. Astrid venait de déballer une peluche dinosaure que lui avait offert Socrate. Aucune trace de Eurus dans les parages.

Soudain, les paroles de Atlas me revinrent. Elle était descendue dans la cave chercher des bouteilles secrètes. Bien qu'il n'y avait rien de secret dans ma cave.

Un doute s'empara tout de même de moi. Mes protections à Northern n'avaient pas marchés. Qu'en était-il de celles d'ici ?

« Oh Eurus. Te voilà. » Dis je en la voyant revenir. « Il est l'heure de déballer les cadeaux je crois. Apparemment Socrate n'a pas attendu pour offrir les siens. »

J'avais hâte de voir quelles surprises mettaient réservées.

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« Good and bad are fairytales. »

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________________________________________ 2022-01-24, 23:01 « Good and bad are fairytales. »



“At Christmas, you tell the truth.”

☆ ★ ☆
Je m’étais proposée pour aller chercher d’autres bouteilles de vin. L’ambiance de la soirée était au beau fixe. En me rendant dans la cave, je me dirigeai tout naturellement vers les bouteilles entreposées dans une étagère quadrillée. A cet instant, je crus entendre un bruit. Je pivotai sur moi-même, observant le sous-sol d’un œil accru, puis haussai les épaules. C’était sûrement un effet de mon imagination. Ou peut-être avais-je bu un peu trop de vin ? Je pris les deux bouteilles demandées par Atlas et retournai au rez-de-chaussée. Je trouvai les deux titans en grande conversation. Je me doutais qu’ils pouvaient sentir ma présence, mais je ne parvins à m’empêcher de prêter une oreille attentive à leur discussion :

— Elle te change, Hypérion. Elle te rajeunit.

Un petit sourire apparut à la commissure de mes lèvres. N’était-ce pas un peu flatteur ? Hypérion cacha son embarras en observant le salon duquel parvint bientôt un cri extatique : Astrid venait d’ouvrir le cadeau offert par Socrate. Il s’agissait d’une peluche diplodocus. Elle la serra contre elle en sautillant sur place puis sauta au cou de l’homme-chat qui ne trouva aucune répartie. Il lui tapota gauchement le dos puis, lorsqu’il s’écarta, je remarquai qu’il avait les joues un peu roses. Était-ce dû au baiser qu’Astrid avait piqué sur sa joue ? La jeune femme avait un sourire jusqu’aux oreilles et ne lâchait plus sa peluche.

C’est le moment que je choisis pour sortir de la pénombre conférée par la cuisine. Hypérion m’aperçut et déclara qu’il était l’heure de déballer les cadeaux. Était-ce un effet de mon imagination ou semblait-il anxieux ? Quelque chose l’inquiétait. Mon objectif : lui changer les idées. Et je savais précisément comment m’y prendre...

D’une démarche légère et assurée, je me rendis jusqu’au sapin. Abies frétilla des branches en me voyant si près de lui. Je caressai quelques-unes de ses épines puis me redressant, je retournai jusqu’à Hypérion avec un paquet bleu nuit surmonté d’un ruban doré.

— Voici pour vous, dis-je en lui tendant.

Curieux comme il l’était, il ne mit pas longtemps à l’ouvrir, découvrant une boîte de chocolats. L’emballage ne payait pas de mine. Sans attendre la lueur de déception qui allait incessamment briller dans son regard, je glissai ma main dans la sienne et murmurai :

— Suivez-moi. Ce n’est que la première partie du cadeau.

Avec un sourire mystérieux, je l’incitai à me suivre, sans lâcher sa main. Atlas laissa échapper un petit sifflement éloquent.

— D’abord on déballe, ensuite on s’emballe... commenta-t-il.

J’étouffai un petit rire tout en continuant de m’éloigner. J’entrainai Hypérion jusque dans la cuisine dont je fermai la porte. Puis, je lui indiquai de prendre place à table.

— Nous devons nous asseoir l’un à côté de l’autre.

Mon intonation était neutre, ne donnant aucun indice sur la suite des évènements. J’attendis qu’il se soit installé pour glisser la main dans la poche de ma robe, une poche à peine perceptible, très utile pour cacher un objet plat et peu volumineux. Délicatement, j’en sortis un bandeau rouge en soie.

— Vous avez confiance en moi, n’est-ce pas ?

Je me plaçai derrière lui afin de placer le bandeau devant ses yeux et le nouer à l’arrière de son crâne.

— La seconde partie du cadeau, c’est la découverte des saveurs. La quête des sens.

J’ouvris la boîte de chocolats posée sur la table, puis attrapai une chaise afin de m’asseoir à côté d’Hypérion.

— Ces chocolats sont spéciaux, voyez-vous. Ils viennent de Magrathéa. Il paraît qu’ils ont des effets... surprenants. Je me demande si ça agira sur vous ou pas. Quoi qu’il en soit, ils sont savoureux. Un gourmand tel que vous devrait y trouver son compte. Le but du jeu est de deviner la composition de chaque chocolat que je vais vous faire goûter. On commence ?

Je saisis un chocolat noir entre l’index et le pouce puis l’approchai de la bouche d’Hypérion. Ensuite, je lui demandai quelles saveurs il reconnaissait. Je comparai avec la feuille glissée dans la boîte, qui se référait à la composition.

— Attention, si vous faites un sans-faute, vous aurez le droit de me demander un vœu que je ne pourrais refuser, déclarai-je d’une voix douce.

J’approchai un second chocolat, praliné cette fois-ci, puis écoutai ce qu’il avait à en dire. Lorsqu’il eut fini son analyse, je restai silencieuse. Je n’allai certainement pas lui dire s’il avait juste ou pas ! Il aurait le décompte à la fin de la dégustation. A ce moment-là seulement, il saurait s’il avait gagné. J’avais bien l’intention de mettre son tempérament joueur à rude épreuve.

A l’instant où j’allai plonger ma main dans la boîte, je laissai mon geste en suspens. Hypérion était assis, immobile, les yeux bandés. A ma merci. Je me mordis brièvement les lèvres. J’avais une très vilaine idée en tête. Après tout, pourquoi ne pas en profiter ? Il s’agissait d’une dégustation. Le sens de ce mot était vaste. Et qui étais-je pour résister à la tentation ?

Aussi, je me plaçai sur le bord de ma chaise et m’approchai de lui, avec lenteur. J’inclinai mon visage vers le sien, fermai les yeux et déposai un baiser sur ses lèvres, qui avaient le goût du chocolat. Le contact ne dura que quelques secondes, histoire lui donner l’eau à la bouche. Sans m’écarter, je chuchotai alors :

— Souvenez-vous : un sans-faute et vous aurez droit à un vœu.

Je soulevai les paupières, observant son visage si près du mien, et l’ombre d’un sourire mutin fendit mon visage. C’était peut-être mal, inapproprié mais... j’en avais terriblement envie.
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________________________________________ 2022-02-13, 10:20 « Maîïîtreuuuh !!! »


« Les Vents de l'Hiver,
emportés par un Vent d'Est. »
▼▲▼

Je me posais des questions vis à vis de Socrate. Il avait à de nombreuses reprises depuis sa création, montré une certaine réticence à côtoyer les personnes qui l'entouraient. Il y avait bel et bien quelques exceptions, comme ça avait été le cas pour Ellie, mais ces exceptions n'étaient pas nombreuses. Là, alors que je pensais qu'il éprouvait une certaine réticence à avoir cette jeune femme chez nous, le fait qu'il lui avait offert une peluche qui l'avait émerveillé, me fit penser le contraire. Astrid était d'humeur joyeuse. Passionnée. Parfois même un peu trop. Elle n'était pas facile à vivre, mais elle n'en restait pas moins adorable. Est ce que Socrate avait vue en elle toutes ces qualités ? Je l'espérais. Ou alors il pouvait percevoir en elle, une infime partie de l'aura de Ellie qu'elle dégageait, vue qu'elle était à l'origine de la création de la jeune femme. Quoi qu'il en soit, j'étais plutôt satisfait de la tournure que prenait les événements entre eux deux.

Une question demeurait pourtant sans réponses. Que voyait-elle chez lui ? Socrate m'avait toujours voué un respect absolu, même si parfois on n'était pas d'accord sur certaines choses. Il savait où était sa place et avec qui il pouvait se permettre de dépasser les bords, ce qu'il excellait d'ordinaire. Ca lui arrivait très souvent de se prendre la tête à Olympe, avec Jules, mais je savais qu'au fond de lui c'était quelqu'un qu'il appréciait. A dire vrai, de tout temps on n'avait eu que très peu de désaccords. Mais c'était souvent assez houleux quand ces derniers se présentaient. Il n'y avait eu qu'une seule et unique fois où cela avait déparé... le jour où j'avais été trop loin avec lui. Où je lui avais demandé d'accepter quelque chose d'inacceptable et où à défaut d'avoir pris mon partit, je l'y avais contraint. Je le regrettais encore aujourd'hui, à chaque instant, quand je le regardais et que je voyais dans ses yeux cette lueur de doute. Il était une partie de moi, ma création. Il devait ressentir mieux que personne que quelque chose clochait. Que quelque chose bloquait son esprit... ses souvenirs. Je m'en voulais réellement... mais je n'avais pas eu le choix.

Quand Eurus était remontée de la cave, je songeais à cette chose. Car elle faisait toujours partie de nos vies aujourd'hui.

La jeune femme avait déposé dans mes mains un paquet bleu nuit surmonté d'un ruban doré. J'avais laissé disparaître mes doutes et mes inquiétudes pour me concentrer sur ce présent. Le papier était très beau et je me demandais si le choix du ruban n'était pas sans rappeler la couleur du soleil. Un petit sourire avait illuminé mon visage tandis que je m'empressais de découvrir ce qui se trouvait à l'intérieur. Ma surprise fut grande en y découvrant des chocolats.

Je n'étais pas déçu, bien au contraire, car j'adorais grignoter. Et ces chocolats avaient déjà rien qu'à l'odeur, une promesse de ventre bien remplis. Je n'arrivais pas à distinguer toutes les senteurs mais j'étais pressé de m'en délecter. Cela dit, j'avais passé plusieurs jours à réfléchir à quel cadeau offrir à la jeune femme et je me demandais également ce qu'elle m'offrirait. Il y avait eu une foule d'idées qui m'avaient traversés l'esprit. Elle pouvait se montrer réellement surprenant. Les chocolats n'en faisaient pas partit. Mais tout bien réfléchis, voilà qui était justement très surprenant.

La jeune femme glissa sa main dans la mienne, l'intimant de la suivre. Pourquoi donc ? N'étais-ce que les prémices d'un cadeau encore plus savoureux ? J'entendis d'ici le commentaire de Atlas qui eu pour effet de me faire secouer la tête. Il s'imaginait toujours un tas de choses qui n'étaient pas très digne d'une personne de son rang. Ne pouvions nous pas donner une image des Titans comme celle d'êtres évolués, capable de contenir leur émotions et de ne pas s'adonner constamment aux habitudes des mortels ?

Arrivé dans la cuisine, je m'étais assis à table. J'avais pris place sur une chaise, tandis que Eurus s'était assise juste à côté de moi. Son intonation était neutre, ne donnant aucun indice sur la suite des événements. La boite de chocolats reposait sur la table, juste devant nous. Je vis la jeune femme glisser sa main dans la poche de sa magnifique robe et en sortir un bandeau rouge. Surpris, je la laissais faire.

« Bien sûr. » lui répondis-je quand elle me demanda si j'avais confiance en elle.

Après tout, je ne risquais pas grand chose. N'est ce pas ? On était amis. Et les amis se protégeaient. Ils ne se faisaient pas de mal entre eux.

Elle était venue se placer juste derrière moi, entourant ma tête et cachant mes yeux avec son bandeau rouge. Une nouvelle fois, je la laissais faire. Puis, je l'entendis ouvrir la boite de chocolats et elle m'annonça que la seconde partie du cadeau était de découvrir chaque saveur. Si je m'en sortais bien, je repartirais avec un voeux. Celui que je souhaitais. C'était surréaliste comme récompense. Que pouvais-je bien demander que je n'avais pas déjà ?

Au premier chocolat, elle m'annonça qu'il venaient de Magrathéa.

« Est-ce que je vais avoir des tentacules qui vont me pousser ? » lui demandais-je avec un sourire amusé.

Je savais et elle savais aussi ce que Magrathéa pouvait provoquer chez les personnes. Je me rappelais d'ailleurs d'un cocktail que j'y avais goûté. Ces êtres étaient vraiment très étranges, mais aussi adorable que ma petite Astrid.

« Soit. Je me laisse tenter. » dis-je en ouvrant la bouche et en la laissant y déposer un chocolat, noir à en croire l'odeur.

C'était une odeur amer. Amer comme le chocolat noir. Mais il y avait aussi quelque chose d'assez surprenant. Bien trop surprenant pour être de Magrathéa, car il s'agissait de menthe. Ils n'avaient pas fait dans le très sensationnel, même si le résultat était délicieux. Peut-être qu'elle avait trouvé une chocolaterie à peu près normale. Le second chocolat était une nouvelle fois un noir, mais avec cette fois ci un goût se rapprochant de l'amande. Il y avait aussi quelque chose de moelleux à l'intérieur. Je n'arrivais pas à distinguer ce que c'était, jusqu'à ce que quelque chose effleura mon esprit.

« Un marchmallow ? »

Chocolat noir, amande et marchmallow ? C'était vraiment très inattendu. J'avais hâte de découvrir la troisième saveur. J'entendis Eurus bouger une nouvelle fois. Ouvrant délicatement les lèvres, je laissais la saveur s'emparer totalement de moi. Elle était douce. Délicate. Légèrement humide.

Au lieu de croquer comme les deux précédentes fois, j'avais légèrement accompagné le mouvement. Je n'aurais pas pu définir précisément de quelles saveurs il s'agissait. J'avais encore en bouche le goût du chocolat, même si je sentais s'y ajouter quelque notes fruitées.

Quand la dégustation s'arrêta, je restais là quelque instants, sans rien dire, sans bouger. J'aurai voulu empêcher ce petit sourire de transparaître sur mon visage. Il allait maintenant falloir l'expliquer. Se justifier. Répondre à la jeune femme en donnant la réponse qu'elle attendait. Mais qu'elle était cette réponse ? Je commençais à connaître Eurus. A cerner qui elle était réellement. Et pourtant, il m'arrivait encore de me tromper sur son compte. Je la voyais comme quelqu'un qui aimait s'amuser. Qui aimait se distraire de diverses manières. Une personne intelligente, élégante, raffinée. Quelqu'un capable d'obtenir ce qu'elle désire et quand elle le désire.

J'avais cru à un moment que lui dire certaines choses permettraient de clarifier ces moments que nous passions ensemble. Mais elle les avait balayés d'un geste de la main. Je n'avais pas bien compris où elle voulait en venir et encore moins maintenant qu'elle agissait de la sorte. Qu'est ce qu'elle cherchait ?

Je tentais de la sonder, sans même la regarder, mes yeux cachés derrière mon bandeau. J'avais reconnu le goût de ce baiser. Celui de la passion, de l'affection, de l'ambition, avec une touche d’amertume. Quelque chose de réservé, de détaché, de prudent.

Je la sentais se rapprocher ou alors ce n'était que mon esprit qui imaginait cela. Peut-être que c'était moi qui rompait l'espace qui me séparait d'elle. Nos lèvres s'étaient une nouvelle fois rencontrés. Je me délectais de ce doux parfum, de cette éphémère sensation.

« Le glaçage a totalement fondu ! » s'exclama une jeune femme qui venait de franchir le seuil de la cuisine.

J'ouvrais les yeux, sans qu'il y ait la moindre différence avec avant, vue que je portais toujours le ruban. Le retirant rapidement, j'avais remarqué ce que je savais déjà. Quand mes lèvres s'étaient approchés de celles d'Eurus, je l'avais sentie bouger, se déplacer et venir s'asseoir sur moi.

Je n'avais pas su la repousser, car je n'en avais pas eu envie. Au contraire, j'avais accentué d'avantage le baiser sans même me rendre compte de ce que je faisais réellement. Mes mains s'étaient posés sur le haut de ses cuisses sans réellement savoir où elles devaient se mettre. D'ordinaire j'étais maître de moi même, mais là, il y avait quelque chose qui m'empêchait d'agir comme d'habitude. Peut-être étais-ce le chocolat. Elle avait mis quelque chose dans ces chocolats qui avaient de l'effet sur un Titan. Elle aurait pu en être capable. Mais je savais que cette réaction venait de moi et non d'elle.

Je l'avais simplement embrassé. Je l'avais simplement laissé faire. J'avais simplement laissé la passion, l'affection et l'ambition prendre de le dessus sur tout le reste. C'était à ce moment là et précisément à ce moment là qu'elle était entrée. Celle qui n'aurait pas du se trouver ici. Ôtant le ruban et laissant Eurus se relever, j'avais tourné la tête vers le petit dinosaure.

Elle fixait la table où se trouvait un gâteau dont le glaçage avait légèrement fondu sur le dessus. Avais-je fait augmenter la température de la pièce sans m'en rendre compte ? Ce n'était pas dans mes habitudes. Et je doutais que cela vienne de moi. Quoi qu'il en soit, les faits étaient là. Le glaçage avait fondu.

« Il ne s'est rien passé du tout. » enchaîna Astrid, tandis que je la regardais toujours de la même manière.

Je m'étais à mon tour relevé. Je voulais justifier ce qui s'était passé mais je ne trouvais pas les mots, me contentant d'observer la boite à chocolats qui se trouvait toujours là. Elle pouvait aisément comprendre que le responsable était l'un de ceux qui avaient occupés ces espaces vides. C'était évident...

Pourquoi Astrid semblait plus perturbée par son gâteau que par ce qu'elle venait de voir ? Et qu'avait-elle réellement vue ? Elle venait de se passer une main dans ses cheveux, tout en continuant à fixer le gâteau.

« Je peux arranger tout. Il suffit que je prenne les ingrédients nécessaires et le tour est joué. »

Alors pourquoi ne bougeait-elle pas ? L'avais-je choquée ? M'étais-je choqué moi même ? Je risquais un regard en direction de mademoiselle Holmes. Je ne savais pas quoi lui dire, ni comment lui dire. Est ce que j'avais été trop loin ? Je ne me posais jamais ce genre de questions. Et d'ordinaire je n'avais pas besoin de remettre en question mes agissements ou de me sentir gêné par quoi que ce soit.

« Il... attend... » nous coupa Socrate en entrant dans la pièce.

Je vis Astrid le regard sans pour autant que leur regard se croisent. Qu'est ce qu'ils avaient tous les deux ? Voilà qu'il agissait de même. Pourtant, il n'était pas entré au moment où avec Eurus nos lèvres se touchaient.

« Qui attends ? » demandais-je étonné par le fait que quelqu'un nous attendait et qu'ils étaient venu à deux pour nous avertir.

« Le Seigneur Atlas. Il est dehors avec le nouveau venu. »

Le quoi ? Voulus-je demandé, sans réussir à prononcer la moindre parole.

« Vous n'avez rien entendu ? » s'interrogea Socrate.

Il était vrai que j'étais pas dans mon état ordinaire et que j'étais plus concentré sur la jeune femme avec laquelle je me trouvais que sur ce qui m'entourait. Aurais-je du entendre quelque chose ? Je n'osais plus décrocher un regard à l'intention de Eurus et encore moins envers Astrid. D'ailleurs elle aussi semblait fuir le regard de qui que ce soit.

« On a rien fait ! » s'indigna t'elle.

Mais vis-à-vis de quoi ?

« Je suis sûr que nous ne sommes pas responsable de cela. » affirma Socrate.

« Evidemment. Comment pourrions nous l'être ? On était juste sur le perron à ce moment là. On a rien déclenché du tout. Et mon glaçage est tout fondu. »

Socrate semblait déboussolé, perturbé et une fois encore il évitait le regard de la jeune femme. Je tentais de tout remettre en place pour tenter de comprendre ce qui se passait. Ils avaient parlé d'un nouvel arrivant ? Autant débuter par cela.

« Bien. On va voir qui est ce nouvel arrivant et en quoi mon frère a besoin de moi. »

Ca allait me permettre de remettre les idées en place. Après tout, j'en avais bien besoin je crois. Même si en étant tout a fait honnête, j'aurais bien voulu poursuivre la dégustation.

Quand j'avais quitté la pièce, sans inviter Eurus ou qui que ce soit à me suivre, j'avais entendu Astrid dire à voix haute :

« On n'est pas responsable. » ou plutôt le répéter une nouvelle fois.

Avait-elle les cheveux légèrement en pagaille quand je l'avais quittée ? Ca ne lui ressemblait pas.

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