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Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
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 La maison est derrière, le monde est devant [Fe]

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Lily Olyphant
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La maison est derrière, le monde est devant [Fe] _



________________________________________ 2016-05-01, 20:07



La maison est derrière, le monde est devant.




    « La maison est derrière, le monde est devant. Nombreux sentiers ainsi je prends. A travers l'ombre, jusqu'à la fin de la nuit, jusqu'à la dernière étoile qui luit. Brumes et nuages, tout va se mêler. » murmurais-je en lisant le texte qui était noté sur mon petit cahier à spirale, où des éléphants ornaient la couverture.

    Je m'étais stoppée, parce que j'avais entendu un bruit venir du rez de chaussée. J'avais d'abord observée le contour de la porte à demi ouverte, puis un petit coup d'oeil vers la fenêtre m'avait indiquée que personne était en train de passer par là. Il faisait encore jour au dehors et comme on me l'avait toujours dit, il ne pouvait rien arriver de mal en pleine journée, car les monstres ne sortaient que la nuit. Je m'étais du coup remise dans la lecture des notes que j'avais prises précédemment, avant d'entendre une nouvelle fois du bruit provenir d'en bas et un juron à peine audible.

    J'aurai pu appeler de l'aide, je le conçois. J'aurai pu le faire si à cet instant précis j'avais eu peur. Mais ça n'avait pas été le cas, car je savais très bien qu'il n'y avait absolument rien de dangereux dans ma maison. J'étais toute seule en pleine après midi et c'était uniquement pour cette raison que je m'étais armée d'une brosse à cheveux avant d'entreprendre la descente du grand escalier. Auparavant j'avais tout de même pris soin d'enfiler une paire de chaussette pour ne pas faire de bruit en marchant sur le sol. C'était bien plus prudent de surprendre la personne qui était chez moi, plutôt que l'inverse.

    Arrivée en bas des marches le plus discrètement possible, j'avais jetée un petit coup d'oeil vers la gauche où se trouvait le salon, qui semblait à première vue entièrement vide. Puis un autre petit coup d'oeil en direction de la cuisine qui ne semblait pas beaucoup plus remplie que le salon. Il n'y avait pas l'ombre d'une personne et pourtant j'avais bel et bien entendu du bruit et un juron. Je n'avais pas reconnu la voix, car il avait été prononcé bien trop bas, mais tout portait à croire qu'il s'agissait d'une fille. Ellie n'était pas du genre à dire ce genre de choses et encore moins ma fille. Peut-être que Robyn était venue déposer un gâteau, mais vue qu'on avait en quelque sorte rompu, j'en doutais. Cependant, par instinct, c'était dans la cuisine que j'avais décidée de me rendre.

    « Je suis armée ! J'ai euh... une arme très dangereuse et... violente. J'ai d'ailleurs déjà retiré la sécurité enfant. Enfin la sécurité arme dangereuse qui bloque l'effet et qui du coup ne sera pas bloqué, vue que j'ai retiré le blocage de l'effet bloqué. »

    Je m'étais mordue les lèvres en me rendant compte que je n'avais rien d'impressionnant. De toute façon je ne possédais qu'une brosse à cheveux. Si j'avais été dans le salon, j'aurai pu y prendre une de ces choses à côté de la cheminée qui aidait à l'entretenir. Dans les films c'était souvent de ce genre d'objets dont se servaient les gens pour faire fuir leur agresseur. Mais pour l'instant, arme ou pas, il n'y avait aucune trace d'un quelconque intrus dans la maison.

    « Robyn ? Si c'est toi... hum... je suis désolée, vraiment. J'étais énervée quand j'ai appris pour Elliot et Nora et... je t'aime. Je t'aime beaucoup, je tiens beaucoup à toi et je n'ai pas envie de perdre. Je suis véritablement désolée et... C'est quoi ? » dis-je d'un air émerveillé en voyant une main surgir de derrière moi avec un magnifique mouchoir blanc. J’eus à peine le temps d’émettre un sourire, que le mouchoir était venu se placer sur mon nez, bloquant ma respiration et... je ne me souvenais plus du reste.

    Plusieurs heures avaient dû passer, car quand j'avais ouvert à nouveau les yeux, j'étais mains liées dans une voiture, allongée sur la banquette arrière. J'avais un mal fou à respirer du nez, vue que cette chose qu'on m'avait fait respirer devait encore être coincé dans mes narines. J'étais très fragile du nez et j'avais un odorat sur-développé. Enfin, je pouvais sentir une odeur de cookies bien chaud à une maison à la ronde. C'était quelque chose qui m'avait beaucoup servis, quand je vivais encore dans l'auberge de Granny et que je me réveillais tout en douceur le matin, avec cette bonne odeur.

    J'avais tentée de me redresser sur la banquette, mais avec les mains liées et quelque chose sur la bouche m'empêchant de l'ouvrir, c'était pas ce qu'il y avait de plus facile. Quoi qu'il en soit, une voix était venue jusqu'à mes oreilles. Sans doute la jeune femme qui conduisait, car je pouvais enfin voir réellement de qui il s'agissait. Je ne l'avais pas encore vue, mais quelque chose me disait que je la connaissais, ou que j'étais censée la connaître. Elle avait une longue et magnifique chevelure brune. Ses bras étaient découverts et ils ne semblaient pas très musclés, mais sa peau était d'une blancheur agréable au regard, légèrement bronzée par endroits. J'aurai voulu lui demander qui elle était, mais je ne pouvais pas parler. Il ne me restait plus qu'à attendre qu'on arriverait à destination. Je me demandais bien où elle allait me conduire. C'était une surprise ? Je pris une mine tout aussi réjouie que quand j'avais vue ce beau mouchoir blanc.
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________________________________________ 2016-05-02, 23:40


Choose your last words.
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'Cause you and I... We were born to die

Tous les requins sont carnivores. Certaines espèces, comme le requin-tigre, sont opportunistes, mais la grande majorité cherche des proies spécifiques et varie rarement son régime alimentaire.

Mes mains serraient si fort le volant que les jointures de mes doigts étaient toutes bleues. Je fixais la route, tétanisée. Bordel... qu'est-ce que j'avais fait ? Non du calme, Melody. Tu gères totalement. Tu viens de kidnapper Lily Olyphant, la femme d'Elliot, la protégée d'Aphrodite. Tu as réussi. Personne n'a encore sonné la cavalerie. Il n'y a qu'elle et toi. Je pris une grande inspiration alors que je tentais de calmer mes palpitations cardiaques. J'avais réussi. Je n'y avais cru qu'à moitié. En fait, j'avais agi en désespoir de cause, mais contre toute attente, un enlèvement des plus banals était un franc succès.

Le requin pélerin se nourrit essentiellement de zooplancton, à la façon des grandes baleines. D'autres espèces, comme le squalelet féroce, prélève de gros morceaux de chair à de grands poissons et mammifères marins avec ses dents inférieures particulièrement pointues.

Lily était mon plancton. J'avais cru pendant longtemps que je faisais partie des requins les plus redoutables, mais en réalité, pour le moment, je devais me contenter de peu pour parvenir à mes fins. Inutile de me casser les dents contre les armures des dieux, je devais commencer par dévorer les plus petits. Leurs protégés.

Les anges de mer et les requins-tapis utilisent un camouflage pour guetter et aspirer des proies dans leur bouche.

J'avais observé la demeure pendant des heures sans trop en avoir l'air. Aucun dieu n'était venu me chercher. Ils devaient tous me croire trop faible ou trop incapable pour tenter quoi que ce soit. Pourtant, j'étais là. Je n'avais absolument rien laissé au hasard.

Et cela avait fonctionné. J'avais kidnappé Lily Olyphant dans sa propre voiture. Si je n'avais pas le coeur au bord des lèvres, j'aurais hurlé de joie. Pour le moment, je me contentai d'enfoncer la pédale d'accélération au maximum. Storybrooke était déjà loin derrière nous. Cela faisait des heures que je roulais, si bien que la fatigue commençait à se faire sentir. Pourtant, je voulais continuer d'avaler la route, d'augmenter le compteur kilométrique. J'avais l'impression que je ne serai jamais suffisamment loin. C'était vrai, de toutes façons. Dès l'instant où Lily se réveillait, j'étais fichue. Il lui suffisait d'appeler n'importe quel dieu par la pensée et je finissais à la prison d'Olympe, ou pire encore.

Pourtant, rien ne m'avait arrêté. J'en avais assez d'avoir peur, de me cacher. Je voulais un affrontement. Je voulais que le sang coule, que les silences se brisent dans des hurlements de chagrin et d'agonie.

Lorsque Lily s'agita un peu et se redressa à moitié sur la banquette arrière, je fis une légère embardée avec la voiture. Mes doigts craquèrent contre le volant. J'étais de plus en plus tendue. Je lançai un regard anxieux dans le rétroviseur, marmonnant, la mâchoire contractée :

"Ah, tu émerges enfin. Pas trop tôt."

Le moteur de la voiture vrombissait. Je n'étais pas habituée aux vieilles américaines. Pour tout dire, je n'étais pas familière de la conduite, car d'habitude, je voyageais clandestinement à bord de trains ou de bateaux, quand j'étais trop épuisée pour nager. Je n'avais pas mon permis. Dans les différents foyers où j'avais mis les pieds, les instructeurs ne jugeaient pas utiles de nous le payer. Puis je m'étais habituée à Flotsam qui me téléportait partout où je le souhaitais. Il me manquait terriblement. Pas seulement pour ça... Pour tout le reste aussi. Depuis l'épisode de Neverland, je n'avais plus eu aucun contact avec lui, comme s'il m'avait oubliée. Lui était-il arrivé quelque chose ? C'était atroce d'être coupée des siens de cette façon.

"Tu diras à ton mari que sa caisse est à chier."
dis-je en piétinant sur l'accélérateur. "C'est quoi une Delorean ? C'est même pas un nom. En plus, elle pue le camembert."

La voiture vrombit de nouveau et prit de la vitesse avec bien du mal. J'en avais ma claque. Je donnai un coup de poing sur le volant et freinai brusquement pour me garer -très mal- sur le parking d'un dinner, au bord de la route. Il tombait à pic, celui-là. J'avais un petit creux et visiblement, madame Eléphant n'était pas pressée de sonner la cavalerie divine.

Je me tournai vers elle et déclarai d'un ton agressif, tout en tendant la main vers elle :

"Si tu cries, je te cogne si fort que tu vas perdre le peu de cerveau que tu as. Fais-moi confiance : je frappe fort."

J'hésitai un instant, plantant mon regard d'acier dans le sien, tellement niais, et enlevai le gros scotch qui lui fermait la bouche. Elle grimaça sous la douleur et un rictus satisfait déforma mes traits. Si tu savais ce que je te réserve... Tu savourerais cette souffrance ridicule.

Après quoi, je donnai un coup de pied dans la portière qui se gondola légèrement sous la violence de l'impact et qui se leva façon "caisse futuriste". Non mais je rêve... c'est carrément ridicule. Je sortis du véhicule et attrapai sans ménagement l'Eléphant. Elle n'avait même pas l'air de se débattre. Qu'est-ce qui clochait chez cette nana ? Il lui manquait beaucoup plus de cases que je ne l'aurais cru.

"Je vais te détacher, parce que ça ferait louche si tu entrais dans le restau comme ça. Mais au moindre geste brusque, je te saigne. Compris ?"

Je dégainai un canif et me plaçai derrière elle pour couper ses liens. Puis je l'attrapai par le bras pour l'entraîner avec moi dans le dinner. Je jetai des coups furtifs de tous côtés. Pas tranquille. Certaine de voir la silhouette d'un dieu. Ou d'un autre. Mais non, personne. Juste des gens normaux qui mangeaient.

"Tu te rends compte ?" m'esclaffai-je d'un air mauvais. "Tu as tellement peu d'importance pour eux qu'ils ne viennent même pas te chercher. C'est ça, les dieux : ils ne pensent qu'à eux. Quand tu mourras, ils passeront à autre chose."

Je la fis asseoir à une table juste à côté de la vitre et pris place en face d'elle. Après quoi je claquai des doigts plusieurs fois pour faire venir le serveur. J'avais rapidement parcouru la carte et honnêtement, je me fichais de ce que j'allais manger, du moment que ça allait vite.

"Je vais prendre un filet de merlu snacké avec la ratatouille. Et elle, elle a pas faim."
fis-je en désignant Lily.

Le serveur nous observa d'un air sceptique puis s'éloigna. Nerveuse, je me mordillai les ongles, le coude posé sur la table. Mes yeux frénétiques étudiaient chaque recoin du dinner. Tout en évitant soigneusement de croiser ceux de Lily.

Qu'est-ce que tu attends pour appeler quelqu'un ? Qu'est-ce que tu attends ? QU'EST-CE QUE TU ATTENDS ?

Cette idiote me rendait dingue.
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________________________________________ 2016-05-05, 08:57



La maison est derrière, le monde est devant.




    J'avais la sensation qu'on me forçait à faire des choses que je ne voulais pas. D'abord elle était entrée chez moi par effraction, ensuite elle m'avait attachée et mise dans sa voiture, et maintenant on était devant un restaurant alors que je n'avais même pas faim. Bien que quelque chose grondait au fond de mon estomac. Un petit air triste était passé sur mon visage, car quand je sentais que j'avais un petit creux, je pensais immédiatement au gâteau à la cacahuètes que Robyn me préparait. Qu'est ce qu'elle pouvait me manquer. Je voulais aller la voir, lui parler, lui dire que je m'excusais mais à chaque fois que j'arrivais devant sa maison avec une pâtisserie, un bouquet de fleurs, le dernier livre de Gordon Ramsay, je me trouvais ridicule et je finissais par faire demi tour.

    Du coup je me retrouvais ici, à passer la journée avec Melody, une sirène en manque de famille. Elle m'avait faite sortir de la voiture, puis elle m'avait détachée à l'aide d'un petit canif. Je m'étais massée les poignets, car c'était assez douloureux de rester dans la même posture aussi longtemps. Melody m'avait attrapée par le bras et elle m'avait entraînée avec elle dans le dinner. Je l'avais sentie me tirer un peu plus fort une fois devant la porte, car je m'étais stoppée pour regarder la carte. De toute façon c'était pas un soucis, il y en avait aussi à l'intérieur. Mais je n'aimais pas entrer dans un endroit sans savoir ce qu'on pouvait nous y servir. Et si il y avait de l'éléphant au dîner ? Vous imaginez ?

    « Je sais. » avais-je répondu quand elle avait dit que quand je mourrais, ils passeront à autre chose. Elle ne supportait pas les dieux, elle les haïssait et je ne comprenais pas vraiment pourquoi. Artémis m'avait parlée de Poséidon le jour où je l'avais vue, et j'avais décidée que je ne l'aimais pas. C'était quelqu'un de mauvais qui d'après les dires de la déesse était pire que Dolos et... non, je ne préférais plus penser à ce dieu, plus jamais.

    « Bonjour, je m'appelle Lily. Il est magnifique votre soleil sur la carte dehors. »

    Je n'avais pas pu lire la carte au dehors, mais j'avais remarqué qu'il y avait des dessins à côté des noms des plats, et juste en haut un magnifique soleil. Ils avaient pris soin de faire une belle carte. Melody m'avait tirée une nouvelle fois un peu plus fort pour m'amener à une table. Je n'avais pas pu continuer à vanter les mérites de la carte à la serveuse. Une fois à table, c'était un serveur qui était venu pour prendre notre commande. Comment Melody pouvait savoir que je n'avais pas faim ? Et puis j'avais tout de même un petit creux. Peut-être que juste des cacahuètes ou alors des frites, voir un peu de sa ratatouille et du merlu pourquoi pas, pourrait me rassasier.

    « Le merlu c'est du poisson ? »

    Je m'étais posée la question en entendant le nom, car ça me disait quelque chose. Ca signifiait que la sirène mangeait du poisson ? C'était bizarre pour un animal marin de manger ses semblables. Pour ma part je ne pourrai pas manger d'éléphant. Ca serait méchant et en plus trop bizarre. J'avais étendue mes mains sur la table pour les poser sur ceux de la sirène, qui m'avait fusillée du regard avant de les retirer aussi rapidement que je les y avais mise. Elle me prenait pour une folle, c'était évident.

    « Pourquoi tu m'as amenée ici ? On a de nombreux dinner chez nous à Storybrooke. Ca t'aurait évité de faire un trop long voyage. Bien que j'aime bien voyager. Tu sais que quand j'étais dans le monde des contes, on faisait que ça de voyager ? On allait de ville en ville pour y produire le cirque. C'était merveilleux et il y avait foule qui venait à chaque fois. Tu sais ce qui me manque le plus ? Je crois que ce sont tous ces voyages. »

    Je m'étais enfoncée dans la banquette et le serveur était arrivé pour apporter son repas à Melody. Il avait également déposé une assiette de frites devant moi en prétextant que c'était un cadeau de la maison. Je lui avais adressée un magnifique sourire tandis qu'il s'éloignait.

    « Il est plutôt mignon. » avais-je dit à la sirène qui me fixait d'un drôle d'air. Puis, j'avais piquée une fritte dans l'assiette. Mon dieu que c'était divin ! C'était des frites maison !

    « Ce sont des frites maison ! »

    Des frites maison comme en faisait Granny quand j'habitais dans son auberge.

    « Les même que chez Granny ! » m'étais-je exclamée avant d'en prendre une autre et encore une autre, puis de tendre l'assiette à Melody.

    « Prend en une, tu verras. Elles sont excellentes ! C'était une trop bonne idée de nous amener ici ! »

    Elle savait choisir les bons dinner.
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________________________________________ 2016-05-10, 17:53


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Un rictus déforma mes traits en entendant sa question ingénue. J'écartai mes ongles de ma bouche et me redressai sur la banquette pour la jauger d'un air méprisant.

"Tu crois que je t'ai emmenée ici pour qu'on se fasse une bouffe ? T'as rien compris. On est en cavale. Je t'ai enlevée et je te lâcherai pas d'une semelle jusqu'à ce que j'obtienne ce que je veux."

Elle n'avait pas l'air effrayé, malgré ce que je disais. Comme si elle s'en moquait. N'avait-elle pas envie de vivre ? Cela lui était-il égal de mourir ? Elle se doutait bien que je n'allais pas prendre soin d'elle, à moins qu'elle soit complètement débile ? En tous cas, avec moi, elle allait voir du pays.

Le serveur revint avec mon repas et je me jetai dessus un peu trop sauvagement. Je mangeais très peu et rarement. Je craignais trop de faire de mauvaises rencontres. En plus, je n'avais plus beaucoup d'argent. Il fallait que j'économise, en conséquence je ne faisais qu'un seul repas par jour. Je jetai un regard mauvais à l'assiette de frites qu'il avait donné à Lily. Sans doute qu'il avait vu sa corpulence et qu'il s'était dit qu'elle avait besoin de s'engraisser davantage. C'est que ça mange, un éléphant !

Elle me tendit l'assiette et je me retins de l'envoyer valser. Si je ne l'avais pas fait, c'est uniquement parce que mon ventre criait famine. Il ne fallait pas gâcher. J'avais déjà englouti la moitié de ma propre assiette et je terminai le reste en silence, surveillant de temps à autre l'éléphant, des fois qu'elle ait envie de s'enfuir ou de prévenir un serveur que je la retenais prisonnière. Mais non. A mon grand étonnement, elle resta docile.

"C'est dans ton cirque qu'on t'a appris à rester sage même si on a de mauvaises intentions envers toi ?" demandai-je d'un ton sarcastique. "T'as vraiment des yeux de pachyderme. Ou de poisson-clown. Aucun doute : tu viens bien d'un cirque. Tu ne sais que courber l'échine et attendre qu'on te fouette. Si je te frappe, tu vas me faire un numéro avec tes oreilles pour me remercier ?"

Je m'esclaffai tout en piochant quelques frites dans son assiette. Je terminai de mâcher et frottant mes mains l'une contre l'autre pour en enlever le sel, je repris d'un ton moqueur :

"Je comprends pourquoi tu es mariée au Dieu de la Renaissance : ça t'est égal qu'il nous détruise tous. Tu n'as aucun caractère, aucune envergure. Tu as troqué le maître de ton cirque contre un mari aliéné et tu te plies à ses caprices. Il n'apporte que le chaos partout où il passe et toi, tu secoues encore la trompe pour l'applaudir. Tu l'encourages."

Mon regard perçant croisa le sien et je me levai de la banquette avant de la prendre par le bras pour la forcer à se mettre sur ses pieds.

"C'est pour ça que je t'ai enlevée : je lui ai arraché sa principale source d'inspiration. Quand on prive quelqu'un de sa muse, il ne crée plus rien."

Je la jaugeai de haut en bas avant de murmurer avec un petit sourire mesquin :

"Tu crois que tout ce qui s'est passé au Comic Con se serait produit si tu n'avais pas été là ? Non, bien sûr que non. C'est à cause de toi s'il a été trop loin."

C'est toujours à cause de ceux que nous aimons que nous faisons des erreurs, songeai-je amèrement.

Je fermai les yeux brièvement avant de les rouvrir et de la pousser hors du dinner, après avoir réglé la note.

"On reprend la route, alors souris : on continue de voyager !"
grinçai-je en la dirigeant vers la voiture sans ménagement, mes ongles plantés dans son bras.
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________________________________________ 2016-05-16, 14:30



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    « J'ai eu une pensée, chérie
    Assez effrayante,
    A propos de cette nuit,
    Les insectes et la terre
    Pourquoi creusais-tu ?
    Qu'as-tu enterré,
    Avant que ces mains me tirent
    De la terre ? »


    Je sentais Melody crispée au volant. Elle m'avait mise à l'arrière mais sans prendre le temps de m'attacher. Du coup j'étais assise, observant le décors qui défilait dehors et tentant de détendre la jeune femme en poussant la chansonnette. Ca ressemblait plus à une berceuse qu'une véritable chanson rock comme je l'avais imaginée dans ma tête. Like Real People Do, un cd de Hozier qu'un employé du zoo m'avait passé il y avait quelques jours de cela et que j'écoutais en boucle.

    « Je ne vais pas te demander d'où tu viens,
    Je ne vais pas te demander et tu ne devrais pas non plus. »


    Quand j'écoute une chanson, j'aime me la passer en boucle pour apprendre les paroles, mais aussi pour les comprendre. On pouvait interpréter une mélody de différentes manières. En parlant de Melody, celle qui conduisait la voiture, je n'avais pas encore réussie à en percer les mystères. Pourquoi c'était cette chanson et pas une autre qui était venue ? Sans doute parce qu'elle me faisait penser la situation qu'on vivait actuellement. Il était question d'une jeune femme qui avait une pensée pour une autre femme. Une pensée effrayante à propos de la nuit qu'ils avaient passés ensemble. Là il était question non pas de la nuit, mais de la journée. La jeune femme creusais la terre pour y enterrer quelque chose que je voyais comme une vie passée et des souvenirs. Mais je n'arrivais pas à comprendre lesquels. Elle était venue ramener mes propres souvenirs à la surface et ça avait fait mal.

    Je me demandais d'où elle venait, où elle comptait aller et pourquoi elle avait décidée de me prendre avec. Je ne voulais pas lui demander pourquoi elle avait fait ça, préférant tenter de le comprendre par moi même. Mais quelque chose n'allait pas chez Melody et je comptais bien y remédier. Je voulais être présente pour elle, l'aider et peut-être que grâce à moi, pour une fois dans ma vie, j'arriverai à rendre le sourire à quelqu'un. Il était très facile de faire sourire une personne heureuse, mais beaucoup plus difficile quand il s'agissait de quelqu'un qui souffrait à l'intérieur de sa tête.

    « Ma puce place seulement tes lèvres contre les miennes
    On devrait juste s'embrasser comme les vraies personnes
    font. »


    La voiture avait freinée rapidement, s'enfonçant dans le sable qui jouxtait la route. Je sentais que la jeune sirène était énervée. Je ne comptais pas chanter la chanson jusqu'au bout et peut être que les dernières paroles n'étaient pas les plus appropriées, mais est ce que c'était une raison suffisante pour manquer de nous faire avoir un accident ? Qui plus est, je n'aimais pas trop avoir quelque chose sur la bouche. Ce qu'elle m'avait mis avant de redémarrer, c'était pas ce qu'il y avait de plus agréable. En tout cas, même si je ne pouvais plus chanter à voix haute, je pouvais toujours fredonner, même si ça semblait la mettre toujours autant en colère. On ne pouvait rien faire dans cette voiture... Heureusement qu'on s'était arrêté une petite heure après à proximité d'un hôtel assez lugubre, un peu en retrait de la grande route.


La maison est derrière, le monde est devant [Fe] Latest?cb=20140209184304

    « Tu dors du côté gauche ou du côté droit ? » demandais-je à la jeune femme après qu'elle m'ait retirée ce qu'elle m'avait collée sur la bouche pendant le trajet.

    « J'aimerai bien qu'on ait une chambre qui donne vue sur la prairie derrière, plutôt que la grande route. Tu crois qu'il y a des animaux le soir ou le matin ? Ca serait marrant de se faire réveiller par le son d'un coq. »

    J'avais passée une main sur mon ventre, tout en observant les alentours et en me demandant ce que Melody pouvait bien attendre pour entrer à la réception.

    « Je meurs de faim. Tu as une pièce ? »

    Il y avait un distributeur au loin qui possédait sans doute des cacahuètes ou quelque chose de ce genre. J'aurai préférée un repas chaud, mais quelque chose de ce genre pouvait très bien faire l'affaire.

    « Oh non... On a pas pris de vêtements. J'ai pas mon pyjama éléphant, ni... mon éléphant ! »

    Comment j'allais pouvoir dormir sans le Dumbo que Robyn m'avait amenée de Disney ? Il allait falloir trouver une solution et rapidement, car je commençais déjà à me gratter la tête et c'était véritablement pas bon signe.

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La maison est derrière, le monde est devant [Fe] _



________________________________________ 2016-05-25, 20:09


Choose your last words.
This is the last time

'Cause you and I... We were born to die

Il ne pouvait pas fermer sa bouche, l'éléphant de mer ? Je n'aurais pas dû allumer la radio. J'avais envisagé l'idée de l'éteindre, mais je me disais que ça n'empêcherait pas à cette cruche de chanter. En plus, elle avait une jolie voix, ce qui m'agaçait encore plus. Finalement, j'avais freiné brutalement, le temps de lui coller un sparadrap contre la bouche afin de la faire taire.

Puis, j'avais repris ma route. J'aurais aimé avaler plus de bitume, mais au bout d'une heure, je m'étais stoppée, gagnée par la fatigue. Nous étions à proximité d'un hôtel miteux, mais il faudrait s'en contenter pour cette nuit. De toutes façons, avec mes maigres économies, je ne pouvais espérer mieux. Je me garai sur le parking désert et enlevai à regret le sparadrap sur la bouche de l'éléphant. Elle recommença aussitôt à parler.

"Tu dormiras par terre."
tranchai-je sèchement. "Ca règle la question."

Elle pensait vraiment que j'allais partager mon lit ? J'ignorai le reste de ses paroles et la tirai brutalement par le bras afin de la faire sortir. Après quoi, je claquai la portière et l'entrainai vers l'hôtel.

"Tu déconnes, là ?" fis-je en l'entendant me demander une pièce pour le distributeur du coin. "Je sais que les pachydermes mangent leur poids en nourriture, mais franchement, si tu meurs de faim, je m'en fous. Au pire si tu crèves, j'accrocherais ton cadavre comme un trophée au-dessus de ma cheminée."

Sauf que je n'avais plus de cheminée, plus de chez-moi. Une fois de plus. Tout ce qui m'appartenait m'avait été arraché. Ou plutôt, je ne pouvais pas y retourner tant que les dieux respiraient encore. Si j'allais à l'hôtel Blackstorm de Portland ou dans le manoir de Londres, je risquais de tomber sur l'un d'entre eux. On me pistait. On avait déjà cherché à m'attraper par le passé. La clé de ma survie résidait dans le fait d'être toujours en mouvement. Même si j'en avais assez de bouger et que je préférais les affronter cette fois, en leur volant leur petite protégée. Je tremblais de plus en plus à mesure que je m'avançais vers l'hôtel, car je savais que le moment approchait. Une petite pluie tombait sur mes épaules nues, me faisant frissonner. Le Maine était vraiment l'endroit le plus pourri de la terre. Même en Belgique il ne faisait pas aussi mauvais.

Je poussai Lily à l'intérieur et pénétrai à mon tour dans l'atmosphère glaciale et humide de l'accueil. C'était vraiment vieux et ça sentait le renfermé. Je m'élançai vers le comptoir derrière lequel un homme à l'allure étrange nous toisait. Il avait une coupe de cheveux très vintage, avec une rai de côté, et des lunettes à grosses montures. Il portait un costume en tweed.

"Une chambre." grommelai-je en ramenant mes cheveux mouillés sur mon épaule gauche.

Sans attendre, je sortis quelques billets froissés de mon short en jean et les tendis au gars qui n'avait toujours pas bougé d'un pouce.

"Eh, ducon ! Tu nous files la clé ou tu attends qu'on prenne racine ?"

Le type cligna des yeux et se leva de son siège pour aller chercher une petite clé argentée parsemée de taches de rouille. L'hôtel semblait totalement vide car toutes les clés hormis la nôtre étaient accrochées contre le mur. Je me mordis les lèvres et remarquai alors deux chiffres affichés au-dessus des clés.

"Ca correspond à quoi ?" demandai-je en les montrant du doigt.

L'homme prononça enfin ses premiers mots depuis que nous étions arrivées, et à la réflexion, j'aurais préféré qu'il reste silencieux :

"Oh, c'est le nombre de suicides que compte l'hôtel depuis son ouverture."

Je plissai des yeux sur les chiffres : quarante-deux. Je haussai un sourcil. C'était une blague ? Autant de morts sans que personne n'enquête ? Sans que ce lieu ne devienne célèbre pour son côté extrêmement glauque ? Et pourquoi cet homme se vantait de ça en affichant fièrement le nombre de suicides ?

"Je viendrai vous apporter de quoi vous restaurer directement dans votre chambre. C'est la maison qui offre."
dit-il avec un sourire aimable qui me glaça le sang. "Maman aime soigner ses hôtes. Je vais lui dire que vous êtes là."

La chaise grinça alors qu'il la poussait pour se rendre dans la pièce d'à côté. Les billets froissés tremblaient dans ma main. Je les rangeai dans la poche arrière de mon short, me tournai vers Lily, plus qu'anxieuse. Nous pouvions encore faire demi-tour et nous barrer jusqu'au prochain hôtel. Cependant, en lisant la peur dans les yeux de l'éléphant, un sourire torve se dessina sur mes lèvres et me fit oublier la mienne.

Je la pris brusquement par le bras et l'entraînai vers l'escalier en colimaçon qui craqua sous nos pas. Une fois sur le palier, je lus le numéro presque effacé sur la clé et me rendis jusqu'à la porte. J'introduisis la clé avec bien du mal et poussai le panneau de bois qui grinça comme dans un film d'horreur, bien évidemment.

La chambre était terne et exiguë et sentait le vieux. Les rideaux fanées et jaunâtres se soulevaient très légèrement sous l'effet d'un courant d'air invisible. Je fronçai le nez mais jetai Lily sur le lit, soulevant un nuage de poussière.

"Finalement, tu prends le lit." décidai-je. "Je dormirai dans la baignoire."

Je me sentirais plus rassurée si j'avais la tête sous l'eau. Je m'enfermai donc dans la salle de bains minuscule, songeant que j'allais laisser l'éléphant se débrouiller avec le type lorsqu'il viendrait apporter de quoi manger. Idiote comme elle était, elle le laisserait sûrement entrer. Tant pis pour elle.

Je ne l'avais pas attachée au lit car nous n'étions pas dans un cliché. Je fis couler l'eau et abandonnai mon short pour me plonger dans la baignoire. Mes nageoires orangées apparurent quelques secondes plus tard, caressées par l'onde tiède. C'était incroyablement relaxant. Je me laissai glisser sous l'eau mais ne parvins pas à faire abstraction des bruits étranges qui survenaient de toutes parts. Des claquements, des miaulements furieux, des murmures...

J'ouvris les yeux sous l'eau, paniquée. Cet endroit était-il véritablement hanté ?

Je me redressai d'un bond et me cramponnai au rebord sale de la baignoire. Je me concentrai pour retrouver mes jambes et sortis vivement de la salle de bains, enroulant à la va-vite une serviette autour de ma taille. Je glissai sur le plancher vermoulu et me rattrapai sur le lit, tombant dessus et manquant d'écraser l'éléphant -ce qui aurait été parfaitement ironique.

Encore trempée et tremblante, je me pelotonnai au-dessus de la couverture poussiéreuse, dos à Lily. Mes nageoires réapparurent d'elles-mêmes, car j'étais incapable de contrôler ma véritable nature, trop assaillie par les bruits et les murmures. Les entendait-elle aussi ? Plutôt crever que de lui demander. Je ne voulais pas qu'elle croit que j'avais peur.

"C'est pas confortable, la baignoire."
dis-je pour toute explication concernant mon retour sur le lit.

Ma queue de poisson battait par intermittences contre le matelas, montrant les signes de ma nervosité. Elle claquait par moments contre les pattes de l'éléphant. Rien à faire.

Je me cramponnai aux rebords de ma serviette, les yeux grands ouverts sur la chambre plongée dans le noir. Depuis quand la nuit était-elle tombée ? C'était comme si le temps avait été mangé par quelque chose d'invisible...

Je frissonnai de plus belle et étouffai un gémissement à travers mes lèvres violacées.
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________________________________________ 2016-05-28, 18:00



La maison est derrière, le monde est devant.




    « Tu es tellement belle. » m'exclamais-je en voyant les nageoires de la jeune femme battre par intermittences. J'avais jamais vue de sirène de toute ma vie et par conséquent, c'était la toute première fois que je voyais des nageoires de cette taille. Ca devait être géant de pouvoir nager sous l'eau avec ça à la place des pieds. Et puis elle devait onduler tout le temps. Je lui aurai bien proposée d'aller à la piscine avec moi une fois, mais j'étais pas sûre qu'elle soit réellement intéressée.

    « J'ai lu beaucoup de choses sur les sirènes et j'ai vue le dessin animé. Il est magnifique ! Attends, c'était quoi encore les paroles ? »

    Je m'étais assise sur le lit, tout en prenant bien soin de retirer le drap de sur ses nageoires pour les admirer d'avantage.

    « Moi je voudrai parcourir le monde... Moi je voudrai, voir le monde danser. Le voir marcher sur ses... comment ça s'appelle ? » chantonnais-je en donnant la parole à Mel, mais elle n'était pas très réceptive. Peut-être qu'elle ne connaissait pas les paroles.

    « Si l'homme marche, si l'homme court, s'il peut sur Terre rêver au grand jour... comme j'aimerai, si je pouvais partir là bas ! »

    J'avais achevée le refrain en me laissant tomber sur le côté. Je pouvais continuer à l'observer dans cette position et un immense sourire était venu se loger sur mon visage.

    « Il y a la scène de la fourchette aussi qui est géniale. Mais attends... Ca veut dire que Ariel c'est ta maman ? J'aimerai beaucoup la voir. Tu crois que ça serait possible un de ces quatre ? On pourrait s'organiser une grande journée avec nos deux mamans. Enfin, la tienne et Aryana. C'est un peu comme une seconde maman pour moi. Oooooh ! Attends ! Ca me revient ! »

    Je fis mine de réfléchir quelques instants, avant de me lever d'un bond et de me mettre hors du lit.

    « Je ne sais pas pourquoi je t'aime, mais je suis prête à t'aimer quand même. » chantonnais-je une nouvelle fois, avant d'éviter un cousin qui m'avait un peu trop violemment foncé dessus. Est ce que ça signifiait ce que je croyais ? Je l'avais pris, avant de me jeter sur le lit pour donner un coup de coussin sur Melody qui poussa un râle.

    « Tu ne voulais pas faire une bataille de coussins ? »

    Elle ne semblait pas être partante. Pourtant c'était elle qui m'avait lancée le coussin la première. Quoi qu'il en soit, de toute façon, il allait falloir remettre ça à plus tard. Je m'étais relevée du lit une seconde fois, avant de me diriger vers la salle de bain.

    « Pipi. » murmurais-je avant de disparaître derrière la porte.
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________________________________________ 2016-05-28, 22:46


And there's no remedy for memory

Your face is like a melody. It won't leave my head
Your soul is haunting me and telling me
That everything is fine but I wish I was dead.

Visiblement, l'éléphant n'entendait pas les bruits étranges qui perturbaient la quiétude de la nuit. Les murmures semblaient suinter des murs. Je les entendais distinctement même si j'essayais d'y rester sourde. Comment faisait-elle pour les ignorer ? Pourquoi étais-je la seule cible de leurs insistances ? Pourquoi moi ? Elle avait l'air paisible, comme si l'atmosphère glaciale de la chambre ne la troublait pas outre mesure. Même si je n'étais pas spécialement sensible aux fluctuations de température, l'ambiance qui se dégageait de ce lieu m'emplissait d'angoisse.

J'étais presque -je dis bien presque- soulagée qu'elle se mette à chanter. Au moins, je n'entendais presque plus les bruits insolites. En revanche, elle aurait pu s'abstenir de choisir la BO de la Petite Sirène. Elle me cherchait ou quoi ? Déjà qu'elle bavait tellement sur mes nageoires que j'avais craint qu'elle essaye de se tailler un steak de thon dedans...

Elle ouvrit le chapitre concernant la mère et je me retins de lui décalquer la tronche. En plus, elle proposait de faire une journée shopping avec Aryana. Oui vraiment, elle me cherchait. Je ne voyais rien d'autre, à moins qu'elle soit encore plus idiote que je ne le croyais. Parce que pour citer ma pire ennemie, il fallait le faire. Ne savait-elle pas que j'avais contribué à son enlèvement dans le Triangle des Bermudes ? Que j'avais tout fait pour qu'elle meure sans possibilité de revenir ?

Finalement, trop agacée par ses vocalises, je choisis le coussin le plus lourd et lui jetai dessus, si fort qu'il manqua de faire tomber le mur à côté d'elle. Manqué.

Elle fit alors une chose étrange : elle récupéra le coussin et sautant sur le lit, me donna un coup avec. Je me hérissai et me redressai sur le flanc en lui décochant un regard incendiaire. Puis je haussai un sourcil. Une bataille de coussins ? Elle croyait que j'avais cinq ans ou quoi ? Malgré tout, cette proposition me rappela les jours heureux en compagnie d'Aaron. Il nous arrivait de nous amuser de cette façon, tous les deux. Et avec Egéon aussi, même si cela se terminait d'une manière plutôt... différente.

Un nouveau frisson me parcourut alors que Lily s'absentait dans la salle de bains pour un besoin pressant. Je roulai des yeux et laissai tomber ma tête contre le coussin.

"Je ne t'en veux pas, tu sais."

J'ouvris les yeux, fixant la lézarde au plafond d'un air tendu. J'avais clairement entendu ce chuchotement, et je savais à qui il appartenait. Jamais je n'aurais pu oublier sa voix. Son timbre désinvolte qui avait une nuance soucieuse en cet instant.

La mort ravage tout et le temps estompe les souvenirs. Ils deviennent flous ou bruts, perdent leurs couleurs ou au contraire, deviennent plus magnifiques.

"Je ne t'en veux pas. Je sais que tu ne m'as pas oublié. Et... je ne t'en veux pas non plus pour toutes les décisions que tu prends. Tu as tes raisons."

Je me mordis les lèvres jusqu'au sang, sans cesser de fixer cette foutue lézarde. Cette brèche entre deux mondes. Une faille par laquelle il s'était glissé pour me parler quelques secondes.

"Enoch..."
chuchotai-je à la nuit.

J'aurais été si différente s'il était resté en vie. Je me le répétais souvent, surtout depuis que tout avait basculé dans l'obscurité. Je m'imaginais une autre existence, sous l'aile bienveillante de mon ange gardien. Je serais devenue quelqu'un d'autre. Quelqu'un de bien, peut-être.

Il ne voyait que ma lumière, jamais ma part d'ombre. Il transformait tout ce qu'il touchait en paradis.

Il avait chassé les murmures nuisibles de la chambre. Désormais, je me sentais bien. En sécurité.

"Reste... s'il te plaît." l'implorai-je d'une voix fluette.

"Ca serait cool, mais on m'attend ailleurs." répondit-il d'un ton détaché mais soucieux malgré tout. "Un jour, on se reverra, ma Melody. Tu es magique. Ne l'oublie pas."

Je battis des cils et sentis une larme glisser le long de ma tempe. A nouveau, je plongeai dans un désert de ténèbres. La chambre m'oppressait comme auparavant.

Lily m'observait d'un air plein de curiosité. Je déglutis et passai rapidement une main sur mes yeux en reniflant.

"Alors, c'était bien ?" grommelai-je.

Puis, me souvenant qu'elle était juste allée aux toilettes, j'ajoutai :

"Tu sais ce que ta chère Aryana a fait aux créatures de mon père ? Elle les a transformées en monstres. Mes nageoires que tu trouves si jolies, au départ, étaient juste un moyen de rendre des jeunes femmes parfaitement hideuses. Mais vas-y, continue de faire du shopping avec elle. Considère-la comme ta maman. Après tout, c'est un véritable modèle de perfection."

J'avais achevé le tout d'un ton cinglant, avec un petit sourire méprisant. Puis, je savourai son expression déconfite. Satisfaite de semer le trouble dans sa jolie petite tête, fière de la faire se poser des questions sur son grand modèle.

Cependant, j'avais un peu de mal à rester froide et hautaine alors que le fantôme d'Enoch flottait toujours dans la chambre. Avais-je rêvé cet interlude ou avait-il vraiment été là, pendant ce fugace instant ? Je m'y raccrochai de toutes mes forces comme à une bouée de sauvetage. Une sirène qui parle à un mort, un naufragé du paradis, cela était-il logique ? Je m'en fichais. Ca me faisait du bien d'espérer.

"Tu crois que les fantômes peuvent parler ?" demandai-je à voix basse.

Je ne perdais rien à avoir une discussion philosophique avec un éléphant atrophié du cerveau, car je ne comptais pas la garder en vie. Cela faisait longtemps que je ne réfléchissais plus à si Enoch apprécierait mes actes ou pas. De toutes façons, il n'avait sûrement pas prévu que je le tue en l'aimant trop fort. Malgré tout, j'observai l'éléphant d'un oeil perçant avec une once d'anxiété. Voulais-je vraiment l'ajouter à ma liste de fantômes ?

Je suis allée trop loin. réalisai-je avec horreur. Je ne peux plus reculer. Je ne peux pas l'épargner. Je... je suis pas faible.


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________________________________________ 2016-06-03, 21:00



La maison est derrière, le monde est devant.




    Si Aryana avait transformée les créatures de Poséidon en sirènes, et leur avait donnée des nageoires c'était sans doute pas sans raison. Il avait dû faire quelque chose de véritablement grave. J'hésitais à demander à Melody, car elle prendrait sans doute partie pour son père, sans pour autant me donner la véritable raison. Mieux valait en parler directement avec la maman d'Elliot, dès que j'en aurai l'occasion. Quoi qu'il en soit, je n'aimais pas me faire influencer sur mes fréquentations et je préférai en rester là, plutôt que de m'étendre sur le sujet.

    La jeune femme se mit à me parler des fantômes. Elle se demandait si ils pouvaient parler et sans doute si ils étaient capable de nous entendre. Je ne connaissais pas la réponse à sa question. Mais il m'arrivait très souvent de me la poser. Je l'avais observée quelques instants avant de regarder le sol, puis de venir m'allonger à côté d'elle et de prendre un coussin tout contre mes bras.

    « Je ne sais pas. » avouais-je. « Mais j'aimerai croire que oui. »

    Je fixais mes pieds tout en serrant un peu plus fort le coussin contre mes bras. Il y avait quelque chose que je n'avais jamais dit à personne, et qu'avec le temps j'avais préférée secret. Mais il allait bien falloir un jour ou l'autre en parler avec quelqu'un, et extérioriser ce lourd secret. C'était peut-être le bon moment. Melody semblait avoir elle aussi un bagage un peu trop lourd à porter. Si je m'ouvrais à elle, elle finirait sans doute par en faire de même et je pourrai enfin l'aider.

    « Il m'arrive parfois... Quand je suis toute seule à la maison... »

    C'était sans doute pour cela que j'aimais avoir du monde chez moi. Quand Elliot partait, il m'arrivait de dormir au zoo et de ne pas rentrer du tout. J'y avais aménagée un petit endroit au calme. Il était parfois un peu trop difficile de rester toute seule dans la grande maison remplie de souvenirs.p

    « ... d'entendre des pleurs. Ca provient de la chambre voisine à la nôtre avec Elliot. Et... ce sont des pleurs d'enfants... »

    Je sentais mes yeux devenir petit à petit humide, mais en même temps ça me faisait du bien de dire cela et pour la première fois, à voix haute.

    « D'un enfant... d'un petit garçon... » continuai-je en passant ma manche sur mes yeux.

    « J'ai perdu un enfant à cause d'un dieu et je ne pourrai plus jamais en avoir. Je ne l'ai jamais dit à personne mais... je crois qu'il est là quelque part, autour de moi. Comme si il veillait sur moi. Du moins je le croyais au début, puis j'ai compris petit à petit que ses pleurs c'est peut-être pour me faire comprendre qu'il est malheureux... »

    Je fit une petite pause avant de poursuivre.

    « Il est mort par ma faute. » ajoutai-je en serrant un peu plus le coussin tout contre moi.

    « Tu vois, tu te trompes... On n'a pas besoin d'être un dieu pour se comporter comme un monstre. » avouai-je d'une toute petite voix remplie de colère, mais je ne voulais pas le montrer.

    Il était temps de prendre sur moi, une fois encore et de m'essuyer mes larmes. Je n'avais pas de pyjama, je ne pouvais pas dormir ici et je n'en avais de toute façon pas envie. J'avais passée une journée agréable avec la sirène, mais ma famille me manquait. Je m'étais promis de ne plus quitter la ville, de ne plus voyager. J'avais trop souvent jouée les imprudentes à explorer le monde ou divers autres mondes. Il m'était même arrivée de partir dans l'un d'entre eux avec mon petit bébé. On avait failli se faire tuer par une méchante sorcière, même si au début elle s'était montrée très gentille en voulant simplement nous nourrir du mieux qu'elle pouvait. Désormais c'était fini tout ça. Il fallait que je me comporte en adulte responsable et que je m'occupe de ma famille.

    « Je veux rentrer à la maison. » dis-je sûre de moi, avant de lever les yeux rouges en direction de la sirène. « Tu peux venir avec si tu veux. »

    Je m'étais mordu les lèvres à la fin de ma phrase. Elliot allait sans doute m'en vouloir de proposer à Melody de venir chez nous, mais elle ne semblait pas avoir d'endroits où se rendre et elle avait l'air si malheureuse. Peut-être que des amis... une famille, ça lui ferait du bien et ça la rendrait meilleure.

    « On a assez de chambres et tu seras la bienvenue. On est amies maintenant. »

    J'avais approchée ma main pour prendre la sienne qui était posée sur le lit, tout en restant prudente, car on ne savait jamais. Mais elle m'inspirait confiance.

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| Conte : La Petite Sirène 2
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________________________________________ 2016-06-06, 16:58


Family Portrait

Okay, ils sont tous tarés dans cette famille.

Je sentais encore la présence d'Enoch au plus près de moi, même si elle s'évaporait subrepticement. Bientôt, il ne resterait plus rien de lui. Je courais après l'écume des jours désespérément, tout en sachant très bien que rien ne pourrait jamais me le rendre. Je l'avais tué et d'autres avaient suivi après lui. On ne pouvait pas changer ce qui était.

Voilà que l'éléphant de mer m'ouvrait son coeur. Je découvris, bien déconfite, qu'il était aussi profond que l'océan. Qui aurait cru que cette nana vivait des choses aussi difficiles ? Je déglutis avec peine tandis que je l'écoutais parler, prenant un air méprisant pour ne pas montrer que sa douleur était partagée. Aucun enfant n'était mort par ma faute, mais j'avais tant de fantômes à compter avant de m'endormir...

Un dieu avait blessé Lily au point qu'elle ne puisse plus avoir de bébé. C'était absolument révoltant. Comment pouvait-elle rester de leur côté après un tel aveu ? Comment faisait-elle pour se regarder en face ? Quelque chose ne tournait vraiment pas rond chez cette fille.

J'étais restée silencieuse tout le temps où elle avait parlé, fixant la couverture élimée. Mes nageoires ne battaient plus par intermittences contre le matelas. J'étais douchée par ses révélations. Pourquoi me disait-elle ça à moi ? Elle avait sans doute trop honte de se confier à un proche. Elle essuya ses yeux rouges et ajouta qu'elle voulait rentrer chez elle. Un sourire sardonique décrispa mon visage. Elle prenait ses désirs pour une réalité. Jamais je ne la ramènerai. Lorsqu'elle me précisa que nous étions amies, je levai brusquement la tête, croyant qu'elle se moquait de moi. Mais non, elle semblait tout à fait sérieuse.

"Tu crois vraiment que je vais crécher chez toi et pioncer dans un lit avec Elliot dans la pièce d'à côté ? Je suis pas timbrée, moi. Je préfère rester loin de ce danger ambulant qu'est ton ma..."

Le dernier mot mourut sur mes lèvres alors que j'aperçus une jeune femme apparaître juste derrière elle. Je la reconnus aussitôt, car je l'avais vue sur plusieurs photos, dans les dossiers d'Egéon. Lily remarqua mon air de poisson rouge car elle se retourna et renifla en voyant la dénommée Neil. Cette dernière avait les yeux aussi rouges que sa mère même si elle se retenait à grand-peine de pleurer.

"Je... je ne savais pas." dit-elle d'une voix peinée, signifiant qu'elle avait tout écouté.

Lily l'avait forcément appelée, à moins qu'elle ne nous ait pisté depuis le début. En tous les cas, j'étais mal. Sous mon regard ahuri, je vis la fille prendre la mère dans ses bras et l'étreindre un long moment. C'était comme si je n'existais plus. Quelque part, j'en étais soulagée. Elles étaient tellement "débordantes d'amour" qu'elles ne faisaient plus attention à moi.

J'en profitai pour retrouver mes jambes et me glisser en bas du lit. Sans prendre le temps de remettre mes Rangers, je me faxai par la porte entrouverte et traversai le palier à vive allure, dévalant l'escalier branlant quatre à quatre. Je savais qu'il était dérisoire de fuir : Neil allait me choper en deux secondes grâce à sa téléportation minable, mais je voulais me battre jusqu'au bout. Je ne souhaitais pas avoir honte dans la mort. De plus, si j'étais suffisamment rapide, si je trouvais un cours d'eau, je pourrais nager et rejoindre peut-être un fleuve... Dans l'eau, j'avais remarqué que les divins rencontraient plus de difficultés à me localiser, comme si l'onde brouillait leurs "traceurs". Hélas, j'étais loin de la mer.

Une fois hors de l'hôtel, je courus aussi vite que possible jusqu'à la voiture -très mal- garée dans le parking désert et obscur. Une silhouette humaine était penchée sur la roue avant gauche et maugréait quelque chose. Sans reprendre mon souffle, je m'écriai :

"Eh connard ! Tire tes sales paluches de là ou je me fâche !"

J'avais pris mon ton le plus hargneux afin de faire peur à l'intrus qui convoitait ma caisse. A une heure pareille, c'était forcément un voleur. En tous cas, un type louche. Le gars sursauta et se redressa juste assez pour que son visage soit éclairé par la pâle lumière des étoiles. Il avait l'air très étonné.

"Ah ben... je comprends mieux pourquoi tu m'as volé ma Delorean."
fit-il, à mi-chemin entre la sympathie et la réprobation. "T'es une fan aussi !"

Que me chantait-il là ? Une fan de quoi ? Je serrai des poings car je l'avais reconnu, lui aussi. J'étais cernée. Neil était venue chercher sa mère pendant qu'Elliot Sandman m'empêchait de m'enfuir au volant de sa voiture.

"T'aurais pu faire gaffe, tu as rayé l'aile !"
fit-il d'un ton bougon. "Tu te rends compte à quel point ça a été difficile de reproduire à l'identique la Delorean de Doc ? Des heures de recherche, de peinture au millimètre près !"

Je haussai un sourcil tout en restant prudemment à plusieurs mètres de lui. Il était extrêmement dangereux. Il avait déjà tué deux dieux alors une petite sirène ? Il allait me bouffer comme une sardine. Même si en l'entendant parler, j'avais à peine à croire qu'il s'agisse du même Elliot qui faisait trembler les créatures divines des profondeurs aquatiques.

"Attends... t'es sérieux ?" trouvai-je le courage de répliquer. "J'ai kidnappé ta femme et tout ce qui t'intéresse, c'est ta voiture ?"

Les mecs et leur bagnole, une grande histoire d'amour. Dans le cas actuel, ça me donnait carrément envie de vomir.

Elliot me décocha un regard pensif avant de balayer ma phrase d'un revers de main.

"Non mais c'est bon, Cassandre est avec elle. Et puis toi, tu es là, donc tu ne risques plus de lui faire du mal. Entre nous, tu es de la petite friture."

Mes poings se serrèrent davantage au point de sentir les ongles s'enfoncer dans ma chair. Je me mordis les lèvres violemment et sentis bientôt l'odeur métallique du sang dans ma bouche.

"Alors, qu'est-ce que tu attends ?" lançai-je d'un ton revêche. "Déglingue-moi. Enlève-moi les arêtes, désosse-moi ! T'es venu pour ça après tout, non ?"

"Tu veux que je te défonce ?"
fit-il, éberlué.

P*tain, en plus il était complètement débile. Bien assorti avec l'éléphant de mer, en tous cas.

Nos regards se croisèrent dans la nuit. Il avait l'air si naïf que l'envie de lui coller mon poing dans la tronche était presque irrésistible. Pourtant, je restai toujours à plusieurs mètres de lui, trop tendue à l'idée qu'il me pulvérise.

"Je suis pas là pour te transformer en brandade de morue."
déclara-t-il en s'écartant enfin de sa voiture adorée. "Tu me prends pour qui ? T'as déjà pas eu trop de chance dans la vie, en plus t'es plate comme une limande et tout... pour une sirène, ça craint."

Il avait dit ça en désignant ma poitrine et je plissai les yeux davantage. Oh bon sang... je résistai vraiment à lui sauter dessus pour le griffer et le mordre. Tant d'arrogance...

"Mais t'en fais pas, tu ne t'en sortiras pas indemne." me promit-il et l'éclair de rage qui passa dans ses yeux les embrasa un court instant.

Je me mordis les lèvres de plus belle pour les empêcher de trembler de crainte. J'avais enlevé sa femme et je me doutais qu'il me réservait un sort tout particulier...

Il attendit quelques secondes, le temps que sa phrase fasse son petit effet, puis il désigna sa voiture :

"Déjà, tu vas payer les réparations. Comme ça, tu apprendras la vraie valeur des choses ! On ne kidnappe PAS une Delorean de collection !"

Le pire, c'est qu'il avait l'air sérieux, le gamin de vingt-trois ans.


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