Vile flatteuse. Je devais avouer que ça me plaisait bien, même si c'était également une façon de me signifier qu'elle ne comptait pas non plus m'appeler Votre Altesse, alors même que c'était un titre qui m'allait parfaitement bien au teint. Elle n'avait cependant pas tort : je portais extrêmement bien mon prénom parce que, lui aussi, je l'avais choisi moi-même. Je me rappelais encore de cet éclair de génie qui, une fois n'est pas coutume, m'avait spontanément traversée tandis que nous découvrions que nous étions partis pour rester des humains jusqu'au bout. Je n'avais pu m'empêcher de faire en sorte que mon nom soit un clin d'œil à celle que j'étais réellement - et que je serai toujours, tel un indice pour les plus malins (et comme il y en a assez peu en ville, ça va, je suis tranquille de ce côté-là). Il n'y avait guère que les personnes présentes ce jour-là qui avaient pu entendre la réflexion ingénieuse derrière ce choix.
Des choix, d'ailleurs, nous en faisons à chaque instant et Meredith Poppins ou quel que soit le nom qu'elle avait pris, ne faisait pas exception. Le passé, notai-je en arquant un sourcil, peu surprise que sa réponse soit aussi vague. De la part d'une femme qui n'explique jamais rien, il fallait de toute façon s'y attendre. Je notais cependant que comme tout le monde elle raccordait visiblement pas mal de ses décisions à sa vie d'avant, celle de ce qu'ils appelaient le monde des contes. Pour certains, oui, ça devait en être un. Mais je n'appellerais pas ma version de San Francisco un "monde des contes" parce que les princesses ne travaillent pas chez Starbucks et qu'un conte se passe dans un château, pas un pavillon de banlieue, entre autres choses. Un monde avec Riley, éventuellement.
- C'est certain qu'un tableau a, a priori, moins de possibilités pour vous désobéir. Sauf à ce que vous les ensorceliez, ajoutai-je en coulant un regard en direction de ma statue de cire qui opina. Les tableaux ont sans doute de la chance de vous avoir, même s'ils n'ont pas suffisamment de conscience pour le comprendre.
Vous n'avez pas rêvé, ce que je venais de dire ressemblait à s'y méprendre à un compliment. Mais un compliment amer, d'autant que nos situations, pour ce que j'en comprenais (finalement, Meredith avait oublié de ne jamais rien expliqué et sur la fin avait tout simplement exposé les faits comme si j'étais son psy, ce qui, en soi, ne me dérange pas, j'adoooore les ragots), étaient similaires. Et c'était peut-être ce qui m'agaçait.
Qu'aurait dit Riley si j'avais pu rentrer chez nous pour lui apprendre que Mary Poppins avait décidé, à cause d'un échec, de ne plus être Mary Poppins ? J'sais pas ce que vous en pensez mais je crois qu'elle aurait été choquée déçue.
- Je sais pas si vous êtes au courant parce que vous vivez peut-être encore dans les nuages mais personne n'a pu protéger personne du Sort Noir, vu que c'était le but. Mais si ça vous convient pas, je vous conseille d'aller vous plaindre à Regina Mills. J'suis sûre que personne lui a encore jamais fait le coup des CGU toutes pourries. En fin de compte, la malédiction a été rompue, repris-je plus calmement. Pas par vous, certes, parce que vous pouvez pas toujours être la star, mais s'il y a une chose que le Sort Noir nous a appris c'est que les conneries du genre "le bien triomphe toujours et les gens se retrouvent" c'est peut-être pas tant des conneries que ça. C'était peut-être ça la leçon que devaient retenir les Banks. Et vous. Après la pluie vient le beau temps, le morceau de sucre qui aide la médecine à couler, les choses qui ne sont pas disparues mais déplacées. C'est pas vous qui chantez ces machins-là ? Bah je vais vous dire : votre fille, comme la mienne, est encore quelque part.

( De cire et d'ego ) Un petit sourire naquit sur mon visage lorsque la rouquine énonça le fait que les tableaux avaient sans doute moins de possibilités de me désobéir. Oui c’était clair que m’occuper des tableaux était bien plus calme que m’occuper des enfants mais c’était aussi beaucoup moins «distrayant » et ce n’est pas ce que j’aimais des masses mais je m’y faisais, après tout, ce fut mon métier pendant toute la malédiction alors c’était comme ça et je n’allais pas m’amuser à changer ça « merci…enfin je crois. » Voilà qu’à présent, je me mettais à parler de ma vie, de mon passé, pour moi qui n’expliquait jamais rien, je dévoilais un peu trop des faits de ma vie mais ça me faisait du bien, je crois que j’en avais besoin, surtout depuis la rupture de la malédiction, quand je n’étais pas au boulot ou à l’orphelinat, je ne cessais de trouver tous les moyens possibles et imaginables pour retrouver ma fille. Je savais qu’elle n’était pas morte. Mon regard dévia sur Deborah avant que je ne reprenne finalement la parole « je sais. » dis-je avec un léger sourire « je sais qu’on a tous été emmenés par le Sort mais au fond de moi, je me pensais capable de pouvoir protéger les Banks de ce fichu sort mais bon.. » avouais-je. Je ne me tenais pas pour autant vaincu, je savais que toute chose arrive parce qu’elle doit arriver et comme je le dis si bien aujourd’hui ou jamais, telle est ma devise. Mon regard bleu ne quittait pas la rousse des yeux, je me revoyais un peu en elle et c’était tout ce qu’il y a de plus plaisant en vérité. Même si ça voulait clairement dire que je n’étais pas la seule « a peu de choses près parfaite en tout point », un petit rire m’échappa finalement lorsqu’elle remis sur le tapis les fameuses chansons que je chantais aux enfants « Oui c’est vrai…les chansons…je m’étonne que vous sachiez tout ça même si je ne doute pas de l’origine de votre savoir. » dis-je finalement avant de reprendre « je sais que ma fille est quelque part, qu’elle n’est pas morte, je le sens au fond de moi mais je ne sais même pas si elle se trouve à Storybrooke ou ailleurs… » me mordant la lèvre inférieure, voilà que je me mets à chantonner « can you imagine that… »

( Pando )

Oh oui, elle pouvait me dire merci. J'aurais même tendance à dire que c'était vivement conseillé quand je dispense ma sagesse comme je venais de le faire. Un peu de gratitude, ça ne fait de mal à personne, surtout quand elle est dirigée vers moi. Quand c'est l'inverse, bizarrement j'aime moins.
Mais comme les gens ont tendance à me prendre pour leur psy (la preuve, Miss J'aime Pas Parler de Mo venait quand même de me confier qu'elle avait une fille, chose que personne ne doit savoir au sujet de Mary Poppins) et que je n'ai pas ce travers, la gratitude allait dans le sens qui me plaisait le plus. C'était tant mieux, bien que je me serais passée des chansons, tant qu'à faire.
D'aucun diraient que j'avais lancé le sujet (ce qui n'est pas totalement faux) et qu'en plus j'adore les comédies musicales (ce qui est carrément vrai). Mais quand même.
- Moins de chansons et plus de recherches, voilà ce qu'il vous faut, décrétai-je soudainement. Puisque vous avez le sentiment qu'elle ait quelque part, suivez-le ? C'est pas vous qui prenez tout au pied de la lettre et vous baladez dans des tableaux ? Si on part là-dessus, vous pouvez certainement suivre un sentiment… Sauf si votre fille n'est plus que dans votre cœur et vos souvenirs, dans ce cas vous risquez de tourner sur vous-mêmes. Remarquez, ça pourrait être marrant à voir, commentai-je, l'air songeur, avant de retrouver mon sérieux. En tout cas, je vous souhaite sincèrement d'avoir plus de chance que moi.
- Elle le pense. Vraiment, précisa ma statue, sans que je trouve cette intervention particulièrement nécessaire.
- Evidemment que je le pense ! m'offusquai-je d'un air dramatique. Je suis Dégout, pas Sans Cœur. Espèce de copie.
Je terminai cette énième punchline en secouant ma crinière de feu d'un air hautain pendant que mon double en cire croisait les bras, la bouche pincée. Y avait pas à dire, les sculpteurs avaient remarquablement saisi mes expressions.

( De cire et d'ego ) Etrangement, je commençais à bien m’entendre avec Deborah, ce qui aurait pu passer pour de la moquerie cachée sous un gentil compliment était bien loin désormais, je donnerais ma main à couper qu’on aurait la possibilité de devenir amie si le temps nous le permettait. Mon regard se porta sur Deborah avant que je ne reprenne la parole. « Je ne sais pas… » commençais-je. Elle avait raison. Si mon intuition me disait que Nina était en vie quelque part, je devais continuer à chercher mais ils me disaient tous que je me fatiguais pour rien, qu’elle était sans doute morte depuis longtemps mais étrangement, je sentais son coeur battre dans ma propre poitrine, j’entendais encore ses gazouillis, je revoyais ses beaux yeux bleus. Me perdant dans mes pensées, je reprends finalement contenance. « Je me balade dans les porcelaines aussi. » dis-je avec un petit sourire avant de reprendre « plus sérieusement, je crois que vous avez raison, j’ai mon instinct de mère qui me dit de continuer de la chercher, que je vais finir par la retrouver. Je sais que ma fille n’est pas morte mais le seul problème, c’est de savoir si elle est quelque part dans ce monde ou ailleurs… » énonçais-je. Etrangement, ma raison me disait qu’elle était sans doute morte, la voix d’Oncle Albert raisonnait dans mon esprit « ne la cherche pas, ça ne sert à rien. Elle l’a sans doute tuée » mais la mère en moi me disait de continuer, de suivre mon instinct, mes aspirations. Un petit sourire naquit sur mon visage lorsque je vis Dégout parlait à sa « copie » avant de reprendre finalement la parole. « Je suis sûre que Riley est là, quelque part… » énonçais-je dans un murmure qu’elle seule pouvait entendre avant de reprendre, levant le regard vers elle « elle vous manque ? » demandais-je finalement.

( Pando )

Mary Poppins qui ne sait pas ou, pire, Mary Poppins qui ne fait pas semblant de ne pas savoir pour que les enfants trouvent la réponse seuls. C'était presque choquant. Car son ignorance était bien réelle et cela se lisait sur son visage diaphane. Je coulais un regard vers mon ersatz de perfection (comprenez "vers ma statue") qui avait l'air de penser la même chose. Les grands esprits se rencontrent, surtout quand ils n'en forment qu'un !
Je l'écoutais reprendre du poil de la bête, me vantant mentalement (pour le moment, une fois rentrée j'irai évidemment rendre les autres émotions jalouses - mais aussi tristes, en colère et apeurées en fonction de chacun) d'être mine de rien en train d'aider Mary Poppins herself. Et de bien le faire, n'en doutez pas ! J'aime le travail bien fait car ça prouve encore mieux que je suis un génie.
Et un génie n'aime assurément pas être interrompue pendant qu'il est un génie (c'est à dire tout le temps) pour qu'on veuille prendre des nouvelles de sa vie personnelle ! Qui plus est de Riley ! Le pire étant qu'elle n'avait même pas l'air de le faire par impertinence, ce qui, d'une certaine façon, la rendait d'autant plus… impertinente.
Mais c'était aussi, vaguement, de ma faute. J'avais quand même glissé deux trois indices qu'il n'était pas dur de saisir pour peu qu'on ait au moins deux neurones à connecter. Et comme elle en avait plus, fallait bien qu'au milieu de son chagrin maternel elle fasse les connexions logiques toute seule comme une grande sans qu'on lui prenne la main. A la vérité, ça fait un peu de bien que des gens comme ça existent encore. Ca donne comme qui dirait de l'espoir dans le genre humain, ce que j'ai rarement. Cela dit, rien ne prouve que Mary Poppins soit réellement humaine. Ca serait même pas si choquant que ça d'apprendre que c'est une Dame du Temps, si on y réfléchit. Et des gens qui y ont réfléchi, sur internet, y en a plein !
Bref. Bon, revenons en au fait. Je n'aime pas parler de Riley et je n'aime pas qu'on me parle d'elle. Plutôt : j'aime contrôler la façon dont on parle de Riley et je n'aime pas qu'on me pose des questions sur elle. Mais comme c'était fait… j'allais répondre, à ma sauce.
- Est-ce que je vous demande si votre fille - on va l'appeler Madeleine, ça sera plus simple pour tout le monde et j'éviterai les périphrases - vous manque ? demandai-je non sans impertinence (car elle est peut-être impertinente mais je le suis tout autant). Non, parce que c'est évident que oui. Bah moi c'est tout pareil, très chère. Mais c'est comme ça. Ca m'a permis d'évoluer dans le monde des humains, de constater que j'étais mieux qu'eux et de m'insatisfaire de 95 % de leurs représentants. Je vais de l'avant en… la gardant dans mon cœur, je suppose. Mais je n'aime pas cette formulation, c'est cliché. J'ai juste pas mieux sous le coude, là, tout de suite, me défendis-je.

( De cire et d'ego ) Je commençais à apprécier Deborah, c’est con mais c’est vrai. Je l’aime bien et je ne pensais pas pouvoir arriver là à un moment mais c’était bien le cas. Et je crois que c’était surtout sa statue qui nous avait mises d’accord. Même si ça avait été plus ou moins cahotique il y a quelques temps, voilà qu’à présent, on commençait même à parler et que je me rendais compte qu’elle m’écoutait, l’une des rare qui était sans doute apte à le faire d’ailleurs, et c’était vraiment plaisant. Je ne la quittais pas des yeux lorsqu’elle répondit à ma question. Un léger sourire naquit au creux de mes lèvres, un sourire qui se voulait rassurant plus qu’autre chose. Le nom qu’elle avait trouvé me fit même rire avant que je ne me reprenne « vous avez raison. Désolée de vous avoir parlé d’elle, ça ne me regarde pas. » repris-je avant d’ajouter « ma fille s’appelle Nina, enfin s’appelait…s’appelle…en fait, j’en sais rien du tout. Ça m’énerve de ne pas savoir. » avouais-je. Etrangement, je ne me sentais pas moi-même. Avant je savais tout, je faisais même semblant de ne pas savoir pour laisser les enfants et les adultes trouver la solution mais là pour le coup, j’étais plus que décontenancée. Je respire longuement tout en regardant la rouquine. « Vous voulez un café ? » demandais-je. Je voulais à tout pris m’éloigner du cas Nina, je ne voulais pas parler de ma fille, elle était le seul élément auquel je n’avais pas de réponses…je ne savais plus quoi penser la concernant. Elle me manquait tellement.

( Pando )

- Nina c'est mieux que Madeleine, admis-je sans difficulté.
C'était pas tellement difficile de s'en rendre compte, à moins d'avoir une otite externe bilatérale (ce qui est rare), d'être sourd et illettré (ce qui est probable mais reste rare), ou vraiment beaucoup de cérumen (ce qui est vraiment, mais vraiment dégoûtant). Par chance, je n'étais dans aucun des cas mais j'ajoutai pour le sel :
- C'est pas aussi bien que Deborah, cela dit, mais personne peut être aussi parfait que moi, de toute façon.
Je m'arrangeai alors pour croiser son regard et lui adresser un sourire mesquin. Puis je repris mon sérieux :
- Je comprends que ce soit frustrant. Mais si pour vous c'est Nina, alors c'est Nina. Au pire, si vous avez tort, vous en ferez un surnom dans le futur. C'est cool les surnoms. Les enfants adorent et la plupart des adultes aussi.
Moi-même je ne coupais pas à l'exception : Debbie. C'était comme ça que mes plus proches amis m'appelaient depuis que j'avais cette apparence. Et j'appréciais ce surnom mais je ne laissais pas tout le monde l'utiliser. Aspirateur Walters, par exemple, n'y aurait pas droit. Faut quand même pas déconner !
Faut pas non plus déconner avec les souvenirs douloureux. C'est vrai que comme je suis l'émotion la plus géniale, je suis Dégout, pas Tristesse. Mais j'ai eu mon lot de malheurs et déconfitures donc je maitrise un peu le sujet quand même, sans compter que je fréquente la reine de la déprime tous les jours. Ca aide aussi, c'est certain. Il faut aussi dire que je suis une personne perspicace et subtile qui fait attention aux signaux sociaux que les gens renvoient. Et bref, pour vous la faire courte des fois que votre cerveau soit à deux doigts de se déconnecter de mon raisonnement qui n'est pourtant pas si compliqué, j'avais bien capté que Poppins n'avait pas envie d'en parler 150 ans, de sa Nina.
L'idée soudaine qu'elle tenta de lancer naturellement et joyeusement n'en était qu'une preuve de plus. Et j'allais accepter. Socialement, c'était un bon compromis et comme annoncé plus haut : je ne suis pas Tristesse, je n'ai donc pas envie de toujours gérer toute la misère du monde.
- D'accord pour le café mais vous payez. Me dites pas que vous êtes surprise sinon je serais déçue, ajoutai-je en prenant déjà la direction de la sortie.
Je fis quelques pas et me tournai, à la fois vers Poppins et ma statue.
- Oui, j'aime vraiment bien ton emplacement, ersatz de moi. Je repasserai te voir.
- T'as plutôt intérêt ! rétorqua-t-elle en une parfaite imitation de moi.

( De cire et d'ego ) Un petit sourire naquit sur mes lèvres lorsque Deborah confirma que Nina, c’était déjà mieux que Madeleine. Sincèrement, je me serais mal vu appeler ma fille Madeleine, ça donne envie de manger et je sais pas…c’est clairement pas un prénom qui sonne juste, c’est fou. « Hum… » lâchais-je avec un petit rire sans rien dire de plus quand elle énonça le fait que personne ne pouvait être plus parfaite qu’elle-même. J’étais Mary Poppins, à peu de choses près parfaite en tout point, elle le savait alors je n’allais pas encore lui rappeler. Je vins à croiser son regard, répondant à son sourire mesquin tout en écoutant attentivement ce qu’elle me disait, car après tout, qu’est-ce-que j’avais de mieux à faire ? Au fur et à mesure de la conversation et me rendant compte qu’on allait pas rester trente ans dans le musée, j’en vins à proposer un café à la rousse, qui répondit par la positive avant de me dire que c’est moi qui payait. « Je vous ai proposé le café, c’est pas pour vous faire payer par la suite. » Je lança un clin d’oeil à la statue avant de bouger très légèrement la main, lui redonnant son air du début, avant que je ne lui permette de prendre vie. Me tournant vers Deborah, je repris finalement la parole. « Allons-y. »

( Pando )

Mary Copperfield fit un dernier tour et nous quittâmes le musée. De toute façon je n'avais plus rien à y faire : ma mission y était accomplie. Désormais, chaque habitant de la ville, quand il déciderait de se cultiver un peu, n'aurait d'autre choix que de me voir et, dans le meilleur des cas (c'est-à-dire pour les plus intelligents d'entre eux) de se rappeler qu'il n'était pas à la hauteur de l'œuvre qu'il contemplait. Je serai, en somme, telle la Victoire de Samothrace que le Louvre abrite, à la différence près que mon double de cire est encore entier.
Trouver un café acceptable, dans le centre de la ville, c'était plutôt facile. Qu'il soit fréquenté uniquement de personnes acceptables était plus difficile mais j'avais appris à m'y faire. Nous entrâmes. Deux jeunes femmes superbes qui faisaient leur entrée dans un lieu, surtout quand l'une des femmes était moi, ne pouvait que susciter des coups d'œil admiratifs.
Je claquai des doigts et un serveur s'empressa de nous placer à la meilleure table, au lieu de rester planter là à ne rien faire si ce n'est essuyer des verres. Bien que femme de l'ombre à la mairie, j'avais acquis une petite réputation (peut-être aussi parce que monsieur le maire aimait à se plaindre que je le faisais trop travailler, sans doute parce qu'il s'était imaginé qu'être maire c'était une partie de plaisir) alors si on faisait bien son travail on évitait de me faire attendre.
Une fois installée, je parcourus la carte, déjà décidée à accompagner ma boisson d'une succulente pâtisserie française afin de transformer ce café en un goûter. C'était pile poil l'heure, en plus. Raison de plus.
- Un chai latté et un éclair à la framboise, énonçai-je quand le serveur reparut pour noter les commandes dans son petit calepin noir.
Il nota aussi celle de Poppins et s'en alla d'un pas vif, désintéressant immédiatement mon attention qui se reporta naturellement sur Poppins, de loin la personne la moins ennuyeuse alentours. A priori.
- Alors c'est ça votre manière de nounou anglaise pour vous faire de nouvelles copines ? D'ailleurs : Mary Poppins a-t-elle des copines ou est-elle trop occupée à vivre sur un nuage en se poudrant le nez ? Les ramoneurs-dessinateurs-hommes à tout faire ne comptent naturellement pas dans la question, précisai-je. Ou alors vous aviez juste un petit creux ? C'est vrai que manger seul ça fait un peu pitié et que c'est l'heure du goûter. Peur que j'investisse une autre pièce du musée ? Ne vous en faites pas, mon portrait de 4 mètres sur 3 n'est pas encore terminé.

( De cire et d'ego ) Et dire qu’au début, je pensais que je n’apprécierais pas Deborah, finalement on se ressemblait toutes les deux plus qu’on ne l’imaginait, autant l’une que l’autre. Un sourire naquit sur mon visage lorsqu’on quitta le musée en direction d’un bar de la ville pour boire un café et mangeait quelque chose parce que mon ventre commençait à crier famine, un peu trop même. Nous nous installâmes à une table de libre avant de regarder un peu la carte, la rouquine passa commande avant que je ne fasse de même « un thé citron et une part de tarte aux pommes pour moi s’il vous plait. » dis-je avec un sourire avant de laisser partir le serveur. Mon regard revint sur la jeune femme « On peut dire ça comme ça oui. » déclarais-je avec un petit sourire avant de reprendre « Oh Bert est plus qu’un ami…enfin bref, on va dire que j’ai eu plus de facilités à me faire des amies ici à Storybrooke que dans…l’autre-monde si on peut appeler ça comme ça. Mais je dois avouer que c’est quand même assez compliqué de trouver quelqu’un de sympa. » avouais-je. Au début, entre nous, ça n’a pas été tout ce qu’il y a de plus sympa mais au final, on avait fini par se comprendre elle et moi « et aujourd’hui, je me poudre le nez devant mon miroir et plus sur mon nuage. » déclarais-je en riant « j’ai hâte de voir ce portrait. » déclarais-je avec un petit sourire « et oui, j’avais aussi un peu faim donc autant faire d’une pierre deux coup comme on dit. » Buvant un peu d’eau vu qu’on avait une carafe à portée de main, je pose mon regard sur la rouquine. « En fait, on se ressemble beaucoup plus qu’on ne le pense vous et moi. » déclarais-je.

( Pando )