« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver.
Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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 Le cauchemar s'arrête au réveil ... en temps normal ! } feat Mary Bates

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Nathanaël V. Van Dort
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Nathanaël V. Van Dort

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Le cauchemar s'arrête au réveil ... en temps normal ! } feat Mary Bates _



________________________________________ 2019-08-19, 01:15





Nath' & Mary

Le cauchemar s'arrête au réveil ... en temps normal ! #ClubDesDepressifsPasAnonymes




Une douce musique jazzy résonnait dans le grand appartement de Nathanaël. Il n’était pas loin de 6h30 du matin, et pourtant la lumière était allumée. Le jeune homme ne dormait point, s’étant réveillé beaucoup plus tôt, comme à son habitude en semaine. Après avoir prit un rapide thé au pamplemousse et déjeuner quelques tartines, il s’était mis dans sa petite routine, à savoir vérifier le planning de sa journée avant de partir faire un peu d’exercices, faisant le tour de la ville en courant. Il appréciait le fait de n’avoir personne dans les rues, encore tous endormies vu l’heure plus que matinale. On ne l’apostropheait pas, on ne lui parlait pas, il était entouré de silence et parfois de brouillard, c’était parfait. Puis il rentrait pour se prendre une bonne douche chaude, pensant au sens de la vie pendant que l’eau coulait sur son dos, enlevant la sueur. Il pouvait y rester cinq minutes comme une demi heure, selon l’intensité de la déprime qu’il avait sur le moment. Aujourd’hui, allant plutôt bien, il ne resta qu’un petit quart d’heure, pour reprendre un café en lisant le journal qu’il avait au préalable acheté avant de revenir. Jetant un coup d’oeil à son téléphone, voyant qu’il n’avait pas encore de messages d’Emily, et que l’heure se rapprochait pour partir, il en profita, fermant quelques temps les yeux, dodelinant de la tête en rythme. Il appréciait ces moments de paix, de calme avant la tempête. Il se ressourçait avant une journée bien chargée à l'hôpital de Storybrook. Cette ville avait un taux d’admission aux urgences bien supérieur à la moyenne, avec toutes les choses étranges et magiques qui s’y passaient. Encore avant hier, il avait reçu la petite bande de Fairy Tail, ainsi que l’adjoint au commerce et un autre jeune homme qu’il ne connaissait point, qui étaient bien tous amochés. Il avait du batailler pour examiner Queenie, qui comme à son habitude ne voulait pas entendre raison. Elle était sacrément blessée, affaiblie, avec plusieurs fractures mais Madame faisait comme si tout allait bien. S’il était souvent admiratif de la puissance de feu de la jeune femme, il ne pouvait pas non plus faire comme si tout allait bien vu que ce n’était pas le cas. Heureusement que Livio était arrivé, le chef du service d’hématologie ayant plus de pouvoirs que lui sur la jeune femme indomptable. Il avait pu s’occuper du reste du groupe, les écoutant avec une oreille attentive sans rien dire. Il essayait de se tenir prêt, à chaque fois, d’une catastrophe imminente, lui causant une nouvelle source de stress et d’angoisse. Et quand la fin de la journée arrivait, sans qu’une apocalypse ait eu lieu, il était rassuré. Ainsi, il réfléchissait à ce qui pourrait l’attendre aujourd’hui, priant tous les dieux - même s’il n’était pas très croyant- pour que rien de spécial ne se passe, ne s’étant pas totalement remis du stress que lui avait causé Fairy Tail.

Pliant son journal, rangeant dans sa maniaquerie sa table déjà débarrassé, et le lavabo aussi propre qu’un bloc opératoire, il décida que c’était l’heure pour lui de se rendre à son travail. Certes, le trajet ne serait pas long à la vue de l’heure qui l’était, mais il détestait le retard, préférant arriver toujours une demi heure à l’avance. On ne pouvait prévoir les imprévus à l’avance, et prudence était sa mère de sûreté. Une fois arrivé dans le grand complexe médical, il ne se rendit pas immédiatement dans son service. Il passa comme tous les jours, au service de réanimation, pas seulement pour saluer les infirmières et ses collègues, mais pour aller voir Mary. Quand il avait apprit pour son accident, une semaine auparavant, il avait faillit faire une crise de panique. Non, il avait fait une crise de panique en plein dans le supermarché, étant de repos ce jour là, quand Benett l’avait appelé pour le lui dire. Il avait tout lâché, laissant Emily pantoise, pour se ruer à l'hôpital. Spécialisé en traumatologie, il avait presque exigé de jeter un oeil à ses radios pour voir que tout allait bien, laissant par la suite Benett prendre le relais. Même si Mary affirmait le contraire, ils étaient amis. De très bons amis ! Les quelque rares qui arrivait à le supporter. Il avait été son interne, et ils avaient gardé contact malgré tout, quand elle était partie. Elle était importante et si jamais il lui arrivait malheur, il savait très bien dans quel état il allait être. Déja qu’il avait repris ses anxiolytiques…. Visiblement, rien n’avait changé. Elle était toujours là, allongée dans son lit, branchée à la machine. Il poussa un petit soupir avant de prendre la direction de son bureau. Il avait l’impression de revivre son propre accident. Il était resté six mois dans le coma et personne ne s’était préoccupé de lui mise à part Emily. Comble de l’ironie en sachant que c’était elle qui l’avait percuté parce qu’il n’avait pas fait attention à la priorité … à cause de sa mère lui hurlant dessus à travers le téléphone que Gwen’ tenait. En se réveillant, il avait eu l’impression qu’un monde s’écroulait autour de lui, qu’il avait râté tellement de chose, pensant même qu’il aurait peut être fallu qu’il y reste... Mais au final, il s’était rendu compte qu’il pouvait le voir autrement, comme une nouvelle opportunité, de rayer un trait sur son passé, sur ce mariage forcé dont il ne voulait pas, sur toutes les critiques qu’on lui faisait parce qu’il ne rentrait pas dans la norme, qu’il n’était pas conforme à ce que les Van Dort ou les Everglott attendait. Il avait prit ça comme un tremplin vers l’avenir, plaquant tout pour faire ce qu’il voulait vraiment, pour prendre sa vie en main et vivre, au lieu de simplement vivoter et survivre. Il espérait du fond de son coeur que Mary ne tarde pas à se réveiller, pour que le temps ne passe pas sans elle. Au moins, elle était stable, elle n’avait pas de trauma important. Malgré tout un peu rassuré, il s’assit dans son fauteuil pour analyser le dossier du premier patient qu’il allait recevoir en consultation, vu qu’aujourd’hui était le jour des rendez vous, chassant au loin ses pensées personnelles pour se focaliser sur son travail.

La matinée passa à une vitesse folle, les patients s'enchaînaient à une cadence soutenue, tous avec une pathologie différente. Il jeta un petit coup d’oeil à sa montre quand son estomac commença à lui faire signe qu’il serait bien qu’il fasse une pause, au moins de café. Il se promit d’aller dans la salle de repos pour s’en faire un bien corsé après les prochains patients. Il s’agissait d’une jeune fille de 14 ans qu’il suivait pour une scoliose de type 3 depuis deux ans, qui l’obligeait à porter un corset. L’opération n’était pas encore envisageable et il espérait justement la lui évitait grâce au corset et à la rééducation. Se levant, passant les mains sur sa chemise noire comme s’il l’a repassait, chose qu’il avait bien entendu fait quand elle était sortie de la machine à laver, il alla ainsi chercher les parents et la jeune fille pour les faire rentrer dans son bureau. Toujours souriant et chaleureux, il connaissait la souffrance et il essayait ainsi de l’apaiser déja rien que par le contact. Une communication réussie aidait beaucoup les malades dans le chemin de la guérison. D’un naturel calme, malgré son stress inhérent, rien que sa présence rassurait. Strict mais en même temps compréhensif, professionnel tout en étant adaptable. Nath’ arrivait à se faire aimer de ses patients sans même le vouloir. Il était connu pour être très compatissant sans tomber dans la pitié. Son oeuvre dans la ville au sein des associations de maraudes, et son bénévolat au centre des plus démuni pour offrir des soins gratuits devant certainement aider à cet aura de clémence qu’il avait autour de lui. Pourtant, il ne demandait rien, juste à être compétent dans le chemin de vie qu’il s’était choisi, celui d’aider les autres. Ainsi, il écouta la jeune fille racontait les différentes douleurs qu’elle pouvait avoir, au collègue, où encore chez elle, comment elle arrivait à se débrouiller toute seule pour le mettre et que parfois, elle reconnaissait qu’elle l’enlevait, ne le supportant plus du tout. Il allait lui répondre que c’était normal, que c’était très difficile et qu’elle était courageuse quand des coups brutaux se firent entendre à la porte de son bureau. Tout le monde sursauta, y compris lui. Une voix étouffée l’appela et il fronça les sourcils, faisant un sourire désolé à ses patients. Ce genre de situation ne lui était jamais arrivé, contrairement à ses collègues, qui avaient eu à se plaindre de patients mécontents, l’un ayant même agressé Oscar, le pharmacien. Il était tout juste entrain de se lever de la chaise, ayant mis la main devant en faisant un petit signe pour aller voir quand la porte s’ouvrit à la volée face à une furie. Nathanaël écarquilla des yeux, tellement qu’ils auraient pu sortir de ses orbites. “M...Mary !” Il resta un moment silencieux avant de bégayer le prénom de la jeune femme, qu’il était pourtant sur d’avoir vu dans le coma le matin même. Il n’arrivait pas à décrypter les signaux que son cerveau lui envoyait, l’angoisse de voir Mary crier sur cette pauvre famille le paralysant. D’un coté, il était tellement heureux de voir qu’elle était -visiblement- en bonne santé. Il s’approcha doucement d’elle, déglutissant alors que les parents s’étaient levés, commençant eux aussi à crier. “Stop, stop, tout le monde se calme.” En bon médiateur, -qui pourtant n’avait qu’une seule envie, celle de fuir- il se plaça entre les trois personnes, les mains en l’air comme un dresseur de vélociraptor. Elles tremblaient fermement, mais pourtant son visage affichait sa bienveillance habituelle. “Monsieur et Madame Wherys, je suis vraiment désolé de cette situation mais je …” “Elizabeth tu es là !” Benett rentra dans la pièce, observant la situation. Nath rejeta quelques instants la tête en arrière alors que Mary s’avançait vers lui, passant même derrière son bureau. Toujours les bras en l’air, il fit une petite moue à Benett qui soupira. “C’est bon, je m’en occupe ! Je … j’ai été dans cette situation auparavant, je suis le plus amène pour comprendre.” Benett allait répliquer mais le regard noir - car oui, il savait en faire- que Nath’ lui lança le fit taire. “Monsieur et Madame Wherys, comme vous le voyais j’ai … une … une … urgence … dite à Lison de vous donner un rendez vous n’importe quand dans la semaine.” Bon sang, il avait envie d’aller se cacher sous son bureau tant le sentiment de honte et l’angoisse qu’il avait étaient forts, commençant même à le refaire bégayer. Heureusement, les parents partirent avec leur fille, non sans que le père n’est traité Mary de folle furieuse, souhaitant bien du courage aux médecins, faisant grimacer Nath’, qui n’appréciait pas ça, mais qui pouvait comprendre. “Ne t’inquiète pas, Mary est entre de bonnes mains.” “Oh je ne m’en doute pas … mais ce n’est pas ton rôle ! Tu as d'autres patients qui t'attendent !” “Ecoute, nous n’allons pas discuter de choses pareilles, il … il y a plus important. Donc … juste … fais … fais moi confiance !” Benett soupira et sortit en fermant la porte. Nath’ s’autorisa à souffler avant de se retourner vers Mary, qui n’avait pas bougé. Oui, il avait d'autres patients, mais clairement, même si Mary n'avait pas été ... et bien Mary son amie, il aurait fait exactement pareil ! Il ne pouvait pas abandonner une personne qui venait lui réclamer de l'aide où le voir, car même si elle ne le dirait pas, ce n'était pas pour rien qu'elle était venue là. Il l'observa pendant quelques secondes, un peu perdu, ne sachant pas trop quoi faire. Il n’était pas très tactile de base. C’était souvent les autres qui lui faisaient des câlins et il y répondait, ayant toujours peur de gêner en vérité -alors qu’il adorait ça-. Il s’approcha d’elle, posant juste sa main sur son bras avec un sourire doux. “Je suis vraiment heureux de te voir !” Il essayait de contrôler les tremblements de sa voix, prenant un ton calme. “Est ce que … tu … tu veux boire quelque chose ? On t’as dé..ja ...donné à manger ?” Il se souvenait qu’il avait eu très soif à son réveil, et qu’Emily lui avait apporté des tas de biscuits qu’elle avait volé dans le secteur des aides soignants préparant les repas. “Comment te sens tu ? C’est … c’est le plus primordial ! Tu ...tu peux t'asseoir sur ma chaise si tu le désires !”
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Mary Bates
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Le cauchemar s'arrête au réveil ... en temps normal ! } feat Mary Bates K7I0yaM7_o

“I wish I were a girl again,
half-savage and hardy, and free.”


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Le cauchemar s'arrête au réveil ... en temps normal ! } feat Mary Bates _



________________________________________ 2019-09-27, 09:34


And I wished it was a bad dream
I'd wake up like nothing happened
And everything would be alright.


Son réveil avait été ponctué par plusieurs phases. D'abord l'anéantissement, douleur étrange qui lui comprimait encore la poitrine maintenant et dont elle ne parvenait pas à se débarrasser. Puis le refus, si violemment exprimé par ses plaintes de désespoir aux intonations mystiques et ses pleurs inhabituels que son corps n'avait pas réussi à encaisser le choc et était retombé dans une douce inconscience l'espace de quelques minutes. Il y avait bien cette femme à ses côtés, aux cheveux brillants aveuglants, mais elle l'avait repoussé avec toute la force qu'elle pouvait encore avoir (autant dire qu'elle était équivalente à celle d'un enfant de deux ans) et l'inconnue avait eu l'intelligence de ne pas insister. Quant à Bennett, c'était une autre histoire. Il s'acharnait, il l'étouffait, il l'agaçait. Il ne cessait de répéter les mêmes mots, les mêmes conseils, la même réalité dont elle ne voulait pas. Finalement, l'esprit de Mary finit par parvenir à prendre le dessus sur son corps faible et inapte.

La rage avait toujours été son moteur, force frénétique et terrible qui avait été sa seule compagne pendant tant d'années qu'elle ne pouvait avoir confiance qu'en elle. Elle lui permettait de s'accrocher et d'avancer. Cette colère à la frontière du délire était à la fois son fardeau et sa raison de vivre, une amie qu'elle gardait proche tout en la maudissant. Mary restait après tout un véritable paradoxe, morte vivante dont les pieds foulaient le sol de cet hôpital et dont la pâleur était comparable à ceux des murs des couloirs dans lesquels elle se traînait. Elle ne savait pas vraiment où elle se rendait, elle n'agissait que par automatisme de survie. Il demeurait quelque chose de plus profond que la violence, tout au fond, qui l'animait d'une façon dérangeante et aidait son coeur à supporter chaque battement qui la maintenait dans ce monde. Une sorte de fil maigre et tenace. Un espoir. Une tragédie.

Elle soupira en arrivant à la porte du bureau contre laquelle elle frappa plus éperdument que jamais. Mary n'attendait rien de personne, jamais, elle se débrouillait seule et n'accordait sa confiance à quiconque, puisque personne ne la méritait et qu'elle finirait brisée si elle osait. Pourtant, une part d'elle-même avait conscience qu'elle ne pouvait parvenir à son but sans le moindre soutien. Elle avait... besoin qu'on l'aide. Elle détestait cela. Sa mâchoire se décrispa uniquement pour prononcer le prénom de cet ancien collègue qu'elle voyait comme l'unique individu qui pourrait tenter de la comprendre, dans cet hôpital où elle se retrouvait enfermée. Il allait l'écouter, au moins. N'est-ce pas ? Il ne la laisserait pas dans cet état. Il était foncièrement bienveillant. Il n'était pas rare qu'elle le taquine à ce sujet, qu'elle le juge intérieurement en le plaignant presque de son existence si bien rangée, et pourtant il était le premier auquel elle avait pensé. Pour une fois, elle remerciait cet imbécile d'être ce qu'il était.

La porte finit par céder, sans qu'elle ne sache comment, et le soulagement passa brièvement sur son visage avant de laisser place à son ordinaire mécontentement. Ses poumons se vidèrent de tout air lorsqu'il prononça son nom à son tour et elle fut prise d'un vertige, une seconde à peine, avant que ses yeux emplis d'irritation ne se posent sur les patients qui se trouvaient ici eux aussi. Ce n'était pas leur place. Ils n'avaient rien à faire là. Ils pouvaient attendre dehors, son cas était plus urgent que le leur. Elle ne voulait pas qu'ils assistent à cela, surtout. Elle ne voulait pas être vu dans cet état. Et s'en sans rendre compte, au lieu de simplement penser ses choses, Mary les vociférait à haute voix, avec le timbre cassé et la sécheresse laissée par ses pleurs irritant sa gorge de plus belle. Toute cette agitation frappait dans sa tête à lui en donner la migraine.

Il lui sembla qu'une éternité s'écoula avant que le calme ne revienne et elle se réfugia derrière le bureau pour y appuyer ses mains tremblantes. Elle ignora l'intervention de Benett, prête à lui cracher dessus si jamais il osait s'approcher d'elle encore une fois. Cet homme était une vermine. Tout était de sa faute, elle en était persuadée. Ou de la faute de ces gens qui la prenaient pour une cinglée avant d'enfin quitter la pièce comme elle le leur avait demandé. A moins que ce ne soit à cause de cette ville, tordue au possible et qui n'apportait que des problèmes. Elle aurait du partir dès que l'occasion s'était présentée. Mais elle ne pouvait pas. Elle était trop... pourquoi elle ne pouvait pas ?

Ses sourcils se froncèrent et sa tête se baissa pour observer la main de Nath posée sur elle. Ce contact n'avait pas été anticipé et son esprit était incapable de cerner s'il s'agissait d'une agression ou d'un geste réconfortant. Elle n'arrivait plus à rien différencier. Elle était fatiguée, tellement fatiguée, elle voulait que tout s'arrête.

"J'ai besoin d'un verre. De plusieurs." articula-t-elle en accrochant sa main libre à la blouse immonde que le personnel avait dû lui faire revêtir.

Bien évidemment qu'il lui refuserait toute sorte de spiritueux. Il était un médecin consciencieux, pas comme celui qui la fournissait en morphine et autres pilules fortement dosée. Il n'allait pas lui offrir un grand verre de whisky même si elle se mettait à le supplier - et elle n'était pas encore tombée aussi bas. Attrapant la chaise qui était à portée, elle la fit grincer contre le sol avant de s'y laisser tomber, puisque ses jambes commençaient à vaciller sous son poids, incapable de la tenir plus longuement debout. Instinctivement, sa main se porta à hauteur de son ventre, mais s'arrêta avant de le toucher. Le dégoût fut alors l'unique chose lisible sur ses traits tandis qu'elle sentait son rythme cardiaque augmenter de nouveau.

"J'ai mal, j'ai besoin d'un anti-douleur, n'importe lequel." grogna-t-elle, les yeux plissés, alors qu'elle commençait à ouvrir les tiroirs avec difficulté et fébrilité à la recherche de quoi que ce soit capable de l'apaiser, en vain.

Aucune sorte de drogue ne pourrait de toute manière parvenir à la calmer à cet instant. Rien n'était déjà assez fort en temps normal, alors que faire face à ce qui lui arrivait maintenant ? Elle déglutit péniblement, abandonnant l'idée de trouver une substance pour traiter sa souffrance. A la place, elle fouilla le dessus du bureau même. Des ciseaux, un coupe papier, un stylo... n'importe quoi ferait l'affaire. Si son corps n'était pas habitué à une automutilation aussi direct, elle était persuadé qu'il survivrait et s'en remettrait. Il avait traversé bien pire déjà.

"Benett est un connard sans coeur. Il est stupide et incompétent. Pourquoi est-ce qu'il n'a pas encore été viré ?" poursuivit-elle en secouant sa tête, si légèrement que le mouvement était à peine perceptible. "Tu n'es pas comme lui, toi. Je le sais. Tu peux faire quelque chose pour moi. Tu vas faire quelque chose."

Son ton ne laissait place à aucune protestation tandis qu'elle relevait son regard dans sa direction. Il restait toujours cette pointe de fureur dans le fond de ses iris azurés, perdue dans l'océan de détresse qu'ils dégageaient pourtant maintenant.

"Je ne peux pas rester... comme ça." prononça-t-elle d'une voix plus basse qu'à l'accoutumée, avec autant d'incompréhension que de lassitude.

C'était une sorte d'état constant, chez elle, cependant elle n'était pas du genre à l'admettre si aisément. A l'admettre tout court, en vérité. Qu'elle laisse échapper ces mots - avec sincérité, pour une fois - n'était ainsi qu'une nouvelle preuve démontrant que sa condition devait être plus que critique.

Ses jambes se mirent à trembler et elle perdit presque l'équilibre, accrochant sa main au bord du bureau tandis que l'autre allait s'agripper à la blouse du médecin à ses côtés, avec cette force que l'on prêtait au désespoir. Elle se laissa tomber sur la chaise à portée plus qu'elle ne s'y installa vraiment, un grognement s'élevant de sa gorge douloureuse dans ce mouvement. Chacun de ses muscles subissaient une torture sans nom à être exploité de la sorte après un trop long moment de repos.

"Planifie une chirurgie. Le plus vite possible." ordonna-t-elle sans que sa conviction ne soit profonde. "Ce ne sera pas long comme intervention et je paierai ce qu'il faut, à toi, à l'hôpital, ça ne s'ébruitera pas. C'est promis."

Son inconscient connaissait les règles relatives à une telle opération - et Bennet avait bien raison les concernant. Pourtant, elle ne pouvait admettre qu'il était trop tard et c'était presque suppliante qu'elle se montrait à présent. Elle était pitoyable.

D'un geste brusque, elle attrapa le poignet de Nathanaël et l'incita à se baisser davantage, allant jusqu'à le forcer à poser sa paume contre la bosse à peine visible qui se formait au niveau de son ventre. Elle n'osait même pas la regarder, ni même l'accepter. Elle considérait cette déformation comme une extension de son corps qui ne lui appartenait pas. Ce n'était pas possible autrement.

"Tu dois me débarrasser de ça." murmura la jeune femme avec répulsion, ses doigts crispés contre la peau du docteur. "Je ne demande jamais rien, mais cette fois... J'ai besoin de toi."

Elle ne reconnaissait pas le timbre de la voix qui sortait de sa bouche, empli de sanglots étouffés qui ne daignaient pas s'exprimer. Ses cheveux tombaient sur le côté de son visage, dissimulant quelque peu l'expression qu'il arborait, et c'était une bonne chose. Elle sentait ses yeux humides à nouveau, cette pression qui l'étouffait et cette crainte mêlée de haine qui rendait sa respiration difficile. Sa tête se mettait à tourner à nouveau, comme si l'inconscience était la seule solution qui puisse permettre à son corps d'encaisser le choc que son esprit ne voulait pas accepter.

"S'il te plaît. Ne me laisse pas comme ça."

Elle qui pensait avoir déjà tout subi, elle avait probablement atteint une nouvelle étape dans son existence tourmentée. Il devait s'agir de l'évolution logique de sa situation, elle avait trop profité jusque là pour ne pas être punie pour son inconscience. Quelle sotte. Quelle idiote naïve. Elle n'avait pas changé, finalement.
black pumpkin
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Nathanaël V. Van Dort
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Nathanaël V. Van Dort

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________________________________________ 2019-10-22, 21:10





Nath' & Mary

Le cauchemar s'arrête au réveil ... en temps normal ! #ClubDesDepressifsPasAnonymes



Il regarda Mary avec un mélange de craintes et de soulagements. Un paradoxe assez étrange. Soulagement, parce que son amie était dans le coma depuis quelques jours, que ses confrères lui avaient dit que ses constantes étaient basses , ce qui n’était pas vraiment normal et qu’ils ne savaient pas quand elle se réveillerait, comme dans tout coma bien entendu. La médecine avait fait des progrès, mais elle ne pouvait prévoir quand le corps accepterait de libérer l’esprit de sa prison. Pour avoir été lui même par le passé, dans le coma, il comprenait parfaitement l’inquiétude des proches, dont il en était. Craintes. Craintes parce qu’il voyait bien qu’elle était totalement déboussolée, qu’elle était perdue, et donc par conséquence totalement imprévisible. Et une Mary imprévisible n’était pas une bonne chose. Il avait déja assisté à ses colères foudroyantes, quand il était encore l’un de ses internes, et son petit coeur était bien trop fragile pour supporter ça. Déja que là, il avait frôlé l’arrêt cardiaque quand elle était rentrée. Tout le monde se posait la question sur ça. Comment faisait il pour donner un visage lisse et placide alors que ce n’était pas un secret de polichinelle qu’il vivait d’angoisses et de stress. Alors Nath’ puisa dans ses réserves de patience, essayant d’écarter au loin les fameuses angoisses qui lui vrillait les tempes. Elle avait besoin d’aide et de réconfort. Il était là et serait toujours là pour elle. Quand elle lui demanda un verre, il s’empressa de lui servir de l’eau, parce que de toute façon il n’avait que ça. À son regard, il comprit qu’elle aurait voulu quelque chose de plus fort, et même s’il était contre, il n’avait pas ça en stock. Chez lui, il aurait pu lui servir un très bon whisky, mais ils n’étaient pas chez lui mais à l'hôpital. Allant lui servir un deuxième verre, il lui jeta un coup d’oeil pour voir si tout allait bien. Il aurait bien voulu l'ausculter, surtout quand elle grimaça, au point d’en avoir envie de vomir, mais il n’osa pas lui demander, préférant aller à son rythme. Quand elle se releva dans un bond pour fouiller dans ses tiroirs, Nath’ s’approcha d’elle, réitérant son geste. “Laisse moi t’aider.” Il la fit s'asseoir à nouveau, prenant son pouls au passage, rapide, beaucoup trop rapide. Il lui lança un regard qu’il se voulait sévère, pour éviter qu’elle ne se relève comme ça. Il n’avait pas envie de la voir tomber dans les pommes devant ses yeux juste parce qu’elle ne voulait en faire qu’à sa tête. Tout en cherchant l’anti-douleur adéquat, vu que Madame ne lui avait pas dit là où elle avait mal, et qu’il y faisait en aveugle, il la laissa parler, exprimer sa rage. Bon, elle n’avait pas totalement tord. Benett était un abruti. Il n’était clairement pas son ami, même si ce dernier faisait comme si c’était le cas, mais il le respectait en tant que collègue. Incompétent, c’était un peu moins vrai. Même si, il y avait beaucoup à dire par rapport à son professionnalisme, -coucher notamment avec ses patients- , il obtenait de bons résultats, et gérait bien son équipe au service de réanimation. Il n’était pas le meilleur, mais il n’était clairement pas le pire de cet hôpital, mais Nath’ se retena fort bien de le dire, ne voulant pas déclencher encore plus la colère de la jeune femme, qu’il sentait vive. Il eut un petit sourire tout en se redressant, vu qu’il s’était baissé pour attraper une sorte de cagette. Mary n’était pas connu pour être la bienveillance et la gentillesse incarnée. Néanmoins, Nath’ savait que sous ses airs de monstre effrayant, elle était beaucoup plus gentille qu’elle ne voulait le faire croire. Alors il prit ça comme un compliment, lui renvoyant un sourire doux en hochant de la tête. “Bien sur Mary ! Je ne vais pas te laisser comme ça voyons ! J’ai énoncé le serment d’Hypocrate tout de même !” S’il savait le pauvre. S’il savait qu’en réalité Mary ne parlait pas du tout de maladie mais d’autre chose. Mais non, il ne savait pas. On ne lui disait jamais rien aussi.

Le fait qu’il lui dise encore une fois qu’il allait l’aider, lui donna du courage. Il leva les yeux au ciel dans un petit mouvement de tête qu’il se voulut discret en la regardant se parcourir la pièce et revenir vers lui, comme si elle cherchait quelque chose. Sauf que comme il l’avait prédit, elle était encore faible, même si elle ne voulait pas l’admettre. Passant sa main dans son dos, il lui donna une petite pression pour qu’elle aille s'asseoir dans son fauteuil. Au moins elle y serait plus à son aise. Saisissant le gobelet en plastique sur la table, il lui donna au creux de la main deux comprimés de codéine. “Ça devrait le faire, en attendant que j’en sache plus.” Allant lui aussi se servir un verre d’eau, évitant de boire à la bouteille, il fronça les sourcils quand elle parla de chirurgie. Puis ses yeux s'écarquillèrent d’interrogation. “Comment ça me payer à moi ?” Si Nath’ avait fait ce métier, ce n’était en aucun cas pour l’argent. Non, c’était pour aider les autres. Pour aider les personnes ayant subi des traumatismes, comme on l’avait aidé, enfant, quand il tombait de maladresse, quand ado, son père mentait en disant qu’il s’était fait mal tout seul. Il se retient de pousser un cri quand elle l’attrapa, son visage à quelques centimètres du sien. Il ne comprenait plus rien du tout. “De quoi tu me parles Mary ?” Profitant qu’il était à coté d’elle, il commença à l'inspecter. Avait elle une tumeur dont ils étaient passés à coté ? Quelque chose de si horrible qu’elle ne pouvait pas supporter ? Il hésita véritablement à lui tâter les seins. C’était le seul endroit qui lui vint directement à l’esprit pour qu’elle soit dans cet état là. Il savait plus ou moins que Mary avait une vie sexuelle active. D’ailleurs, quand Jefferson lui en avait parlé, il s’était étouffé avec le thé qu’il lui avait servit, mettant bien une dizaine de minutes avant de pouvoir respirer correctement. Il n’était pas curieux. Il n’était pas une commère. Il ne voulait absolument pas savoir ce genre de chose. Ça ne lui regardait pas et il n’allait pas chercher plus loin. C’était la vie privée des gens, et il appréciait aussi quand on faisait de même avec lui. Mais aujourd’hui, il pensa à ça. Le cancer du sein mettait à mal la féminité, elle brisait le corps et c’était la seule explication dans sa tête pour qu’elle se mette dans un état pareil. Où alors elle avait un kyste quelque part, mais c’était impossible qu’elle l’eut découvert maintenant. S’accroupissant, pour se mettre à son niveau, il essayait d’être le plus rassurant possible. “Mais Mary, je te l’ai dis, quoi qu’il se passe, je ne te laisserai pas tomber.” Nath’ n’était pas comme ça. Il était foncièrement bon, cherchant à aider toutes les personnes qu’il croisait. Ce n’était pas pour rien qu’il s’était retrouvé marié à une morte. Alors il préférait se répéter des dizaines de fois plutôt qu'elle comprenne l'inverse. Il lui caressait doucement le genou, dans un signe d’apaisement, avant de lui relever la tête. “Sauf que pour t’aider, j’ai besoin d’information. Alors …” aide moi à t'aider ! Il se mordit la lèvre, tout en se levant, pour aller lui chercher un mouchoir propre. Il avait vraiment mal au coeur de la voir dans un état pareil. “Soit tu me laisses t’examiner pour voir de quelle chirurgie il s’agit et comme ça on en parle à personne, je n’ai pas besoin d’aller chercher ton dossier médical.” Il savait que dans une situation pareille, il ne fallait pas acculer. Il fallait laisser le choix, permettre un échappatoire à la personne. “Soit tu me dis ce que tu sais. Visiblement je ne suis pas au courant de tout.” Parce qu’il y avait ça aussi. Après tout, Mary avait passé toutes une série d’examen pendant son coma. Il ne s’en était pas plus préoccupé parce que déja elle n’était pas officiellement sa patiente, que Benett ne lui avait pas dit qu’il y avait quelque chose de grave, et parce qu’il respectait ses confrères en ne se mêlant pas de leurs dossiers. Or là, il se disait qu’il aurait peut être du...


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Mary Bates
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“I wish I were a girl again,
half-savage and hardy, and free.”


| Conte : Folklore
| Dans le monde des contes, je suis : : Bloody Mary

| Cadavres : 323



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________________________________________ 2019-11-17, 18:08


And I wished it was a bad dream
I'd wake up like nothing happened
And everything would be alright.


« Mais Mary, je te l’ai dis, quoi qu’il se passe, je ne te laisserai pas tomber. »



Elle aurait pu en pleurer. Véritablement. Mais Mary se contentait de dévisager le médecin face à elle avec autant d’incompréhension que de soulagement. Elle n’était pas habituée à inspirer la compassion ou la générosité chez quiconque et cela lui convenait parfaitement, elle qui était écoeurée par toutes les sortes de formes de sympathie. Cependant, la douceur dont Nath faisait preuve avec elle, cette attention qu'il lui portait, cette sensibilité dont il était doté… Elle sentit son estomac se retourner et ses sourcils se froncèrent de perplexité. Sa méfiance naturelle restait exacerbée et, même si elle ne doutait pas de la naïveté de cet homme dont elle avait pu être témoin tant de fois, ou encore de son excessif intérêt pour autrui qui allait forcément le détruire un jour, elle accusait ses hormones affolées de la rendre trop sensible à l’égard qui lui portait.

Elle ferma ses paupières un instant et baissa la tête vers la blouse d’hôpital dont elle était toujours vêtue, sa lassitude face à l’incompréhension de son interlocuteur n’étant surpassée que par sa rage envers son corps qu’elle haïssait tant à ce moment. Elle avait toujours vu cette enveloppe charnelle comme un fort impénétrable sur lequel elle avait tout contrôle, même si elle le détruisait petit à petit en lui faisant traverser maintes épreuves et en lui imposant un rythme de vie que peu d’autres auraient réussi à supporter. Elle ne voyait ce nouvel événement que comme une manifestation de plus du conflit qui opposait son esprit à son corps, mais elle craignait de ne pas parvenir à mener la bataille seule. Il avait raison, même si elle peinait à l’admettre : pour avoir de l'aide, il fallait parfois y mettre du sien. Elle n'y était simplement plus habituée.

Avec lenteur, elle commença à se redresser du fauteuil sur lequel il l'avait installé, son regard se posa sur lui avec une légère appréhension. Elle ne souhaitait pas regarder ce qu'elle s’apprêtait à lui montrer, c'est pour cette raison qu'elle ne le lâcha pas des yeux alors que de ses mains tremblantes à cause de son état physique discutable, elle s'appliquait à détacher le cordon qui retenait encore le vêtement dans son dos. Mary n'était dotée d’aucune pudeur, c’était un fait. Et si en général cela se manifestait dans sa vie privée, il s’agissait cette fois d’une toute autre sorte d'affaire. Elle savait que Nath serait normalement mal à l’aise si elle décidait de faire l’indécente en sa présence, mais il était aussi professionnel à un point qui en était presque effrayant. Il pourrait au moins se vanter d’être le seul dont Mary aurait écouté l'avis, elle qui évitait toutes les auscultations qu’on avait voulu lui imposer, ou tous les rendez-vous médicaux qu'on lui avait préconiser par le passé. Et c'est donc sans la moindre hésitation qu’elle laissa tomber le tissu au sol, se mettant littéralement à nue devant le médecin qu’il était, sa poitrine se soulevant à intervalle irréguliers tandis que sa respiration demeurait faible.

« Tu comprends, maintenant ? » grommela-t-elle, les bras le long du corps tandis qu'elle demeurait droite face à lui.

Son ventre quelque peu rebondi ne laissait aucun doute quant à la problématique qu'elle affrontait. Elle n'avait pas besoin de l’effleurer pour savoir que sa peau était moins souple à cet endroit. Son bassin la faisait souffrir et, pour avoir déjà connu cette expérience il y a fort longtemps, elle percevait même les légers mouvements de cet intrus qui se trouvait à l’intérieur d'elle. Ils étaient subtils, presque imperceptibles, mais Mary se connaissait trop bien pour ne pas les remarquer.

Sa mâchoire se crispa tandis qu'elle relevait ses yeux vers le plafond pour ne pas observer cette évidence que personne ne pouvait ignorer en l’observant un peu trop longuement.

« Je veux que ça disparaisse. » insista-t-elle à nouveau, d'un ton sec et décidé. « Et ce n'est pas la peine de me demander si le père est au courant ou d'accord avec mon choix, je ne le connais pas. »

Elle n'était qu’indifférence en lui partageant cette information, estimant simplement qu'il s'agissait d'une bonne raison supplémentaire pour se débarrasser de cette chose qui l’encombrait. Personne n'avait de toute façon à donner son avis, elle pouvait encore faire ce qu’elle souhaitait de son propre corps non ? Et elle n'avait pas envie qu'on vienne s’y imposer. Elle sentit un haut le coeur soulever de nouveau son estomac à cette pensée.

« Je sais que ce n’est pas éthique. » précisa-t-elle malgré tout, sachant à quel point le personnel qui travaillait dans ce domaine vaste et humain qu'était la santé pouvait se retrouver confronter à des luttes morales qui pour elle étaient des plus insignifiantes. « Mais c'est mon choix. Ce n’est pas grand chose, en plus, il suffit d’ouvrir, de retirer ce qui est en trop et de refermer. C'est comme se débarrasser d'une tumeur. »

C'était exactement de cette façon qu'elle le voyait : enlever l’abcès, la grosseur, ces cellules qui n'avaient pas leur place à cet endroit. Et ne plus en parler ensuite. Il n'y avait rien de plus simple et, si elle avait pu s’opérer elle-même, elle n’aurait pas hésité.

« Bennett a refusé de faire la moindre intervention, comme tu peux t'en douter. La réputation de l’hopital en pâtirait si ça s'ébruitait. Je pourrai toujours trouver un praticien au mode opératoire douteux sur internet mais… Je ne veux pas me faire charcuter par n’importe qui. »

Cela pouvait sembler immonde, aux yeux d’autrui, qu'elle vienne demander un tel service à ce pauvre Nath qui n'avait rien demandé. Mais de la part de Mary, il s'agissait de l'ultime preuve de confiance. Elle était prête à se laisser endormir pendant qu’il ferait son travail, ce n’était pas rien venant d’elle. En même temps, elle détestait tellement cette situation dans laquelle elle se trouvait qu’elle était prête à faire des concessions, il ne fallait pas non plus qu'il s’y habitue.

« Alors ? » persévéra-t-elle, pressante et à cran. « Tu vas faire quelque chose, n’est-ce pas ? »

Il ne l'avait pas promit, mais c'était tout comme. Il ne pouvait la laisser ainsi.

« Et ne me parle surtout pas d’adoption, l'autre blonde qui me suit partout comme un petit chien m'a déjà fait un résumé de toutes les options. »
soupira la jeune femme avec une irritation prononcée. « Je ne veux pas de cette grossesse. Je n’ai pas envie de la mener à terme. Il n'y a pas à discuter davantage, je m’allonge sur la table d’opération dès que tu es prêt à intervenir. »

Elle était tenace, Mary, et têtue. Deux traits de son caractère qui n’allaient pas faciliter la tâche au médecin face à elle, et au fond, elle était presque désolée de lui infliger cela… mais elle n'avait personne d’autre. Il était sa seule chance.
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