« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver.
Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)


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 Heroine Shikkaku [pv - Dazai Osamu]

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Heroine Shikkaku [pv - Dazai Osamu] _



________________________________________ 2021-01-12, 19:52


ヒロイン失格
L
es pages plastifiées du magazine tournent, entre ses doigts, à mesure qu’elle en lit les lignes, décrypte les images, les unes après les autres, des critiques au bord des lèvres. Autour d’elle, l’effervescence du bar ne la dérange pas. Elle est concentrée sur les tenues, les mouvements figés des mannequins, sur leur podium. Un instant, elle s’arrête sur une photographie, sur les cheveux rouges, flamboyants, de la pétasse qui la fixe du regard.

Laide, affreusement laide, péquenaude qui se prend pour une citadine, pense-t-elle, avec un sourire satisfait. Car ça fait d’elle quelqu’un de mieux, qui vaut dix fois celle-ci. Elle aussi, un jour, elle aura sa tête sur tous les magazines. Ses longs cheveux roses qui ondulent sur toutes les pages du matin au soir. Les regards, qui se tourneront vers elle, n’attendront rien d’autre qu’une seconde d’attention. Ils auront l’espoir qu’elle s’intéresse, qu’elle s’arrête, qu’elle tende la main, peut-être.

Et elle minaudera comme personne ne l’a jamais fait, avec une fausse modestie inventée seulement pour elle. Mana vaut cent fois ces femmes-là.

Les yeux bleus se lèvent, derrière le magazine, échappent aux pages, aux photographies, pour tomber sur les têtes, dans la salle. Elle sonde chaque client, fait ses propres critiques, juge sans retenue. Elle sait que, eux aussi, ils se permettent de le faire. Derrière leurs sourires innocents, leur petite vie rangée, leurs habitudes. Ils regardent le monde et ils jugent, sans cesse. Alors, elle a décidé de faire pareil.

Jusqu’à ce qu’un regard croise le sien. Un regard noir, ténébreux, qui se fronce sur un nez cassé, un visage menaçant. Manhattan soupire et referme son magazine. Les ennuis arrivent à grandes enjambées et les yeux se détournent sur le passage du propriétaire des lieux. Personne ne veut se mettre en travers de sa route, géant de fer. Il en impose, sait se faire respecter. Les ennuis ne viennent jamais jusque chez lui. Les bagarres sont expédiées sur le trottoir. Les ivrognes, renvoyés chez eux. Le bar a une réputation à tenir.

Sauf qu’il a invité Mana, à entrer dans sa vie. Accrochée aux autres comme une sangsue qui suce leur énergie. La jeune femme a cru bon de se tenir au bras de celui-ci, de réclamer, de lui, logement et travail pour vivre sa vie. Une bonne idée, au fond. Sauf quand ça pète, quand le vase est trop plein et finit par déborder, quand il faut se quitter.

« Je t’ai dit de servir les clients, crache-t-il, en s’arrêtant devant elle.

– Oh. (Ses yeux sondent la pièce.) Ils sont tous servis, répond-elle, avec un sourire innocent. »

La bête gronde parce qu’il sait, au fond, qu’il ne pourra pas forcer Mana à se lever, à bouger son petit cul entre les tables pour travailler, faire ce qu’on lui demande, au moins une fois dans sa vie. Elle a toujours été une feignasse posée dans son coin, à attendre que le temps passe. Tout au plus une jolie fleur que l’on arrose, de temps en temps, d’un peu d’amour. C’est tout.

« Dégage de chez moi. »

Cette fois, Mana referme son magazine et se lève. Parfois, elle regrette ses longs crocs dissimulés entre ses dents. Elle se dit qu’ils feraient moins les malins, s’il lui suffisait de mordre pour se faire obéir, même si toute cette histoire a mal fini. Un chiot, il ne serait qu’un chiot qui bave sur ma route. Mais elle n’a plus ni crocs ni hypnose. Seulement la rage et l’envie de partir, loin, pour ne plus revenir.

« Tu ne peux pas faire ça. »

Au milieu du bar, dans un calme étonnant, commence la scène de ménage. Mana n’a pas prévu ça, comprend son erreur : ne jamais travailler pour son copain. S’il la jette si vite, elle se retrouve au chômage et à la rue. Elle n’aura pas le temps de se retourner, de se refaire, de s’arranger. Direction celui qu’elle ne veut pas voir pour pleurer.

« Laisse-moi au moins un peu de temps. »

Elle soulève ses cheveux roses et les repose sur ses épaules. Elle fait plus vieille que son age, la future actrice, mais elle n’est qu’une jeune femme lancée trop tôt dans les aléas de la vie, poussée hors de l’orphelinat dès que l’age légal l’a permis. Sauf que ses regards de chien battu et ses tenues de femme mature ne marchent plus. Il sait que s’il le lui accorde, il est vaincu.

« Le temps de récupérer tes affaires et de disparaître, accorde-t-il, avant de tourner les talons. »

Dans son coin, Manhattan serre les poings, se retient de bondir sur le dos du grand homme pour le mordre au cou, le lacérer de ses ongles longs, lui faire regretter de l’avoir malmenée devant tout le monde. Elle préfère garder contenance, relève le menton, baisse ses yeux bleus sur la table qui la zieute, juste à côté.

Doigt levé pour montrer son indignation.

Puis elle tourne les talons et slalome entre les tables en faisant claquer ses talons. Elle se vengera plus tard, sans le moindre doute. Quand il aura oublié le mal qu’il a semé en elle, l’ombre mauvaise qu’il a lui-même nourrie. Il ne pourra s’en prendre qu’à lui. Manhattan est innocente. Petit ange tombé du nid.







HRP : Le titre c'est un clin d’œil a un manga qui était drôle au début et a fini par me désintéresser xD qui faisait référence au livre La déchéance d'un homme (Ningen Shikkaku en Japonais)


Dazai Osamu
« The weak fear happiness itself »

Dazai Osamu

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There’s parts of me I cannot hide
I’ve tried and tried a million times
La-da-da-de-da, la-da-da-de-da, la-da-da-de-da ~

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Embracin' the madness
My devils they whisper in my ear
Deafenin' me with all my fears


Welcome to my darkside

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| Conte : Bungou Stray Dogs
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Heroine Shikkaku [pv - Dazai Osamu] _



________________________________________ 2021-01-26, 01:00 « The weak fear happiness itself »


Héroïne Shikkaku
Manhattan + Dazai
Nothing in this world can fill that lonely hole you have. You will wander the darkness for all eternity.
Toujours au comptoir, toujours un verre en main, la même boisson qui plus est. Ce qui change d'autrefois, c'est qu'il est seul. Dazai n'a pas besoin d'être accompagné pour boire, il aime se rendre aux bars pour son propre plaisir de boire de l'alcool et de se reculer du monde qui l'entoure pour se plonger dans un autre. Ici, les Hommes au fond du gouffre se rejoignent avec une aisance déconcertante. Mais chacun son problème, il ne faut pas non plus percer la bulle d'untel de peu qu'il ne vienne percer la notre. Le détective sait qu'une fois passé les portes de l'établissement, il ne se sent plus personne d'autre que lui-même. Et par lui-même, il entend tout ce qu'il traine depuis des décennies. 28 ans d'existence et même si le monde diverge depuis 6 ans, il reste tout aussi lourd à supporter - simplement autrement.
Odasaku avait raison. Les ténèbres attirent toujours. Mais Dazai n'arrive pas à dire si c'est autant qu'avant. Ce qu'il sait, c'est qu'il aime toujours boire.

Alors, il boit. Il observe les gens en bout de comptoir par flemmardise de se retourner complètement pour observer le reste. Il pense à ce qu'ils pensent, tente de deviner leur vie parfois. Elles ne doivent pas être bien passionnantes. Son regard est attiré par le serveur qui essuie les verres à quelques mètres de lui. Celui-ci a soupiré longuement, c'est ce qui l'a intrigué. Dazai remarque qu'il juge quelqu'un, terré dans le silence, et suit son regard pour connaître l'identité de cette personne. Une jeune femme aux cheveux roses, visiblement. Très fine, élancée, mais courbée sur son siège alors qu'elle lit un magazine de mode avec passion. Le détective retourne sur le serveur qu'il interroge un instant, mais ce dernier ne dit rien et de sourcils froncés, retourne à son lavage. Comme si le client fidèle en avait fini avec lui. Dazai Osamu est trop intrigué - ou plutôt trop ennuyé - pour en rester là. Et puis, il est seul, plus très sobre mais toujours plus que ses voisins d'à côté. Quitte à parler à quelqu'un, il préfère que ça soit à celui qui ne causera pas de problèmes autant par bonne conscience que par professionnalisme. Ainsi demande-t-il :

"Qui est-ce ? Et il attend que le serveur redresse les yeux sur lui. La jeune femme. C'est elle que vous regardiez mal, n'est-ce pas ?"

Son nouvel interlocuteur avec qui il engageait discussion est un jeune homme brun à la barbe naissante. Ses iris bleus laissent à peine percevoir tout l'éclat de sa couleur, ternies par des cernes et de larges sourcils foncés. Il peste à peine lorsque le client lui pose avec indiscrétion sa question, mais parler avec quelqu'un est bien ce qui lui manque en ce moment. Les disputes qu'il entretient avec les ivres en burn-out n'est pas vraiment ce qui le motive. Dazai ne semble pas ainsi, alors il répond sans retenir un énième soupir.

"Vous n'avez pas envie de le savoir. Dit-il, fixé sur le robinet dont s'écoule l'eau chaude. Elle est censée être une serveuse et la petite-amie du patron, mais ce n'est qu'une profiteuse et je vous parie que dès ce soir, elle n'est plus là."

Le suicidaire retourne son attention sur la jeune fille. Elle zieute désormais les autres clients, semble les juger, elle aussi. Mais avant que leur regard ne se croise, une masse imposante s'interpose pour braver la serveuse dans ses pensées. Dazai n'aurait jamais cru qu'elle en soit une. Si elle n'avait pas été la petite-amie du propriétaire, se dit-il, pour sûr qu'elle n'aurait pas été prise. Elle ne fait rien et comme le serveur, le patron a fini par le remarquer à son tour. Face à sa clientèle, alors que de plus en plus de regards se portent sur le duo, il la vire. Les tons se haussent et la jeune fille aux cheveux roses s'apitoient sur son propre sort d'une moue de chien battue, ce qui agace intérieurement le détective, accoudé sur le comptoir. Il ne rate rien de la scène.

"Et voilà. Ressort une voix de derrière son épaule. Un fantôme de passage."

Elle est pâle et terne comme un fantôme, ce qui rend la comparaison intéressante. Il est même difficile de lui donner un âge tant se marque sur son visage les traces de la vacante qu'elle semble être. Elle fait plus vieille. Plus fatiguée. Sa démarche reste vive mais bancale, Dazai a l'impression de voir un squelette s'être maquillé pour paraître vivant et en bonne santé. Il observe ainsi, comme les autres, l'individu partir le menton redressé, les épaules droites. Il ne lui reste que ça pour ne pas s'écrouler, et encore.

"Dites-moi... Reprend alors l'asiatique en tournant sur son tabouret. L'appartement où vit le propriétaire se trouve bien juste au-dessus, au premier étage ?"

Et son interlocuteur, se doutant qu'il être celui à qui on s'adresse, hoche légèrement la tête de haut en bas.

"Oui, c'est là qu'il hébergeait la gamine. Pourquoi ?"

Dazai sourit en signe de gratitude et se redresse d'un bond de son siège. Son verre à moitié vide repose encore sur le comptoir alors qu'il s'échappe, plongeant les mains dans ses poches.

"Merci !"

***

10 minutes s'écoulent facilement. La nuit est calme, douce et silencieuse. Appuyé contre le mur, le garçon observe la lune blanche qui s'offre à lui devant ses yeux. Elle est croissante, très fine, ce qui la rend discrète mais magnifique. C'est toujours lorsqu'elle n'est pas pleine que Dazai prend le temps de l'observer, à croire que lorsqu'elle est ronde, il a toujours trop à faire pour l'admirer. C'est dommage. Il profite du temps d'attente pour l'observer alors. Une tête rose saurait passer la porte dans un instant, ses affaires en mains si on en croit la dispute du couple. De l'ex-couple. Dazai ne connait pas encore cette enfant, mais outre le profil détestable qu'elle laisse paraître, elle n'a nul part où aller. Du moins, c'est ce que la situation peut laisser entendre.
En tant que "bonne" personne, il suppose, il se doit de vérifier. Maintenant qu'il sait, comment peut-il rester simple témoin des circonstances ?

Son regard se perd dans le ciel, il n'est pas fatigué mais figure apaisé par les quelques étoiles qu'il perçoit au loin, jusqu'à ce que brusquement, une porte se claque à sa droite. Dazai ne bouge pas d'un centimètre, il laisse la jeune fille passer devant lui, histoire de voir quelle direction elle prend. Il ne baisse même pas la tête, fixe un ailleurs, compte les secondes, avant de finalement engager pour que la femme ne s'éloigne trop :

"Tu as quelque part où aller ?"

À ses mots, son regard bascule lentement sur elle. Il se redresse et lui fait face, de près cette fois-ci. Les bruitages, regards et autres parasites sont enfermés entre quatre murs dont ils se sont échappés et or de la scène, Dazai n'a pas l'impression d'avoir affaire à un chien battu. Il tire une moue en la jaugeant de haut en bas.

"Dis-moi, tu ne serais pas une sorte d'escorte qui en échange de services obtient un toit et de quoi manger ? Son attention se porte brièvement sur ses bagages avant d'en revenir à elle. Tu sembles habituée à changer de maisons, ça ne semble même pas te déranger plus que ça. Tu n'aimais pas cet homme et à mon avis, il ne devait pas tant t'aimer que ça non plus, sinon il ne t'aurait pas laissé partir aussi facilement, devant tout le monde. À vrai dire, si on ne m'avait pas tenu au courant de ton travail et de votre relation, je ne l'aurais pas deviné moi-même."

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________________________________________ 2021-01-27, 11:13


ヒロイン失格
J
etée sur le trottoir, dans le caniveau, avec les rats. Elle ne sera, bientôt, plus qu’un souvenir diffus, une tache rosâtre dans un esprit fatigué, soupir mélancolique sur un manque inventé pour elle. Elle sait qu’il se demandera s’il a bien fait, qu’il s’interrogera. Le regard braqué sur la fenêtre, le lampadaire, en bas de la rue, il se dira qu’il n’aurait pas dû. Au fond, peut-être n’aurait-il pas dû. Pour la seconde fois de sa vie, Manhattan est poussée dans la rue. Retour au froid, à l’obscurité qui lui colle à la peau, même baignée par la lumière des projecteurs. Qu’il aille voir ailleurs, elle redresse le dos, traverse la salle.

Manhattan est solide, froide.
Statue de glace qui fond sous les rayons.

Au fond, elle a mal. Un peu. Elle aimerait dire à peine, mais les choses ne sont jamais ce que l’on souhaite. Ce n’est pas la première fois qu’on la jette. Ce ne sera pas la dernière. Elle le sait, elle l’a toujours su, elle n’arrive pas à s’y faire. Pourtant, elle ne fait rien pour être aimée, coincée dans son snobisme bien à elle, dans les jugements qu’elle sème derrière elle pour affronter ceux du monde. Elle sait les murmures, sur son passage, alors elle hurle plus fort pour ne pas les entendre. Elle sait les rires sur sa vie, ses envies, ses tenues. Le mépris d’autrui sur un être incompris. À quoi bon faire semblant d’être une autre ? Elle affronte leur hypocrisie et leur idiotie à grands coups de talons sur le trottoir. C’est toujours mieux qu’une poignée de larmes, faiblesse malvenue pour celle qui a toujours vécu sans personne pour essuyer ses joues.

Elle connaît la solitude. Poison dangereux, souffle glacé qui s’insinue jusqu’à l’âme. Elle la connaît, mais elle n’arrive pas à s’y faire. Abandonnée par ceux qu’elle a aimés, comme une chaussette trouée qui a perdu sa paire. Manhattan pensait que ne pas s’attacher résoudrait ses problèmes, soignerait ses maux, l’empêcherait de flancher. Elle s’est trompée. Rien ne la prépare jamais à la peur de n’être plus personne, de finir sur le côté, oubliée, piétinée par ceux qui n’ont jamais voulu comprendre ses pensées, s’intéresser, questionner. Ce qu’elle ne fait plus non plus, persuadée que le monde finit toujours par décevoir. Les amis trahissent, les ennemis non. Les cons, je gère, mais les autres, elle ne sait plus le faire.

La porte de l’appartement claque, derrière elle.

Manhattan prend une grande inspiration, referme les doigts sur la hanse de sa grosse valise, pleine à craquer de vêtements. Elle n’a que ça pour toute possession, des habits. Des habits et une sucette, aussi, qu’elle s’empresse de déballer pour la déguster. Elle n’est pas à elle, elle est à l’autre, comme une dernière provocation, un besoin de prendre ce qui ne lui est pas destiné, ce qui ne lui sera jamais donné. La boule sucrée roule sur ses dents, se coince sous une canine pointue. Elle a très envie de mordre, de la faire exploser d’un coup de mâchoire, pour se rappeler ce qu’elle a été. Le pouvoir qui roulait entre ses doigts, bille à ne pas laisser tomber. Et qui est tombée.

Lunettes noires posées sur ses cheveux roses, Mana prend le large. Elle aperçoit un homme, sur le côté, qui semble attendre que les poules en viennent à mordre à pleines dents. Attends de voir, chéri, les crocs de la nuit sortis, mais le bout de sa langue ne passe que sur de petites canines qui n’ont plus rien de celle qu’elle fut, à une autre époque, dans une autre vie. Alors, Manhattan passe son chemin, ne s’intéresse pas à lui. Qu’importe, au fond, ce qu’il peut bien foutre ici. Rien à voir avec elle. Elle trace, déterminée, sans savoir elle-même où elle peut bien aller.

La voix claque dans le silence, derrière elle. Eh merde. Un instant, elle se demande si elle ne peut pas faire semblant de ne pas entendre, continuer d’avancer, ne pas se retourner. La seconde d’après, il est déjà devant elle, obstacle indésiré, indésirable, sur la route de Manhattan. A-t-elle quelque part où aller ? Qu’est-ce que ça peut te foutre, à toi ? Malgré elle, elle réfléchit à la question, elle s’interroge. Elle connaît bien quelqu’un, un abruti comme elle en a rarement vu dans sa vie, un homme qu’elle déteste autant qu’elle adore l’embêter. Il lui en rappelle un autre, un autre qu’elle n’a pas hésité à tuer. Mais elle ne veut pas aller chez lui, lui montrer qu’elle n’est qu’un mouchoir usagé que l’on a vite fait de jeter.

A-t-elle un autre endroit où aller, pourtant ?

Il la jauge, de haut en bas, comme s’il est un dieu et qu’elle n’est qu’une fourmi qu’il écrasera. Alors, elle fait de même. Le menton relevé, le regard arrogant et méprisant. Elle le toise, lentement, juge sans se cacher. Les mots, eux, lui arrachent un rire lourd, désabusé, qui s’écrase entre eux. C’est qui, sérieux ? La naïveté bien incrustée sous les ongles, le monde doit être si rose pour un abruti comme lui.

– Pourquoi ? T’es intéressé ? Tu veux des « services » pour oublier que t’as personne avec qui passer la soirée ?

Elle n’est pas une escorte, mais elle comprend l’image, l’impression qu’elle renvoie au monde. Au fond, elle s’en balance. Il peut croire ce qu’il veut.

– Et t’es qui, toi ? Un psy révoqué qui a que ça à faire de traîner dans la nuit pour apprendre sa vie à une pauvre fille comme moi ? Tu veux jouer les héros et ramener l’égarée dans le droit chemin ? Amuse-toi bien, chéri, c’est peine perdue.

Ses yeux bleus brillent d’amusement, se détournent de l’autre pour sonder la nuit, l’obscurité qui ne fait pas peur à celle qui a embrassé les ténèbres depuis longtemps. Mana ne comprend que trop bien la démarche. Lui balancer ses quatre vérités en plein visage pour la faire culpabiliser. Le monde ne s’est pas inquiété d’elle, avant. Il fait semblant de s’en inquiéter, maintenant. L’hypocrisie accrochée aux basques comme une ombre mouvante, tantôt plus sombre, tantôt presque invisible.

– Tu crois que la vie ne se résume qu’à beaucoup d’amour et un peu d’eau fraîche ? ricane-t-elle, un sourcil sombre arqué sur le front. Je ne l’aimais pas, non. Et il ne m’aimait pas non plus. Ça s’appelle une histoire de cul, l’ami, mets-toi à la page. Et crois-moi, il regrettera vite d’avoir tiré une croix sur celui-là.

Grand sourire aux lèvres, en toute innocence, Manhattan hausse les épaules. Il est toujours plus simple, pour elle, de jouer l’indifférence que de montrer que ça la fait chier. Elle ne refera plus la même erreur de profiter du même homme dans son lit et dans sa vie professionnelle.

– À t’écouter fouiner là où ça ne te regarde pas, sans la moindre honte, on pourrait presque te prendre pour un poulet.

Mais non, clairement pas, crie son regard azur glissé de la pointe de ses chaussures à ses cheveux noirs.

– Si je te dis que j’ai nulle part où aller, tu vas faire quoi ?

Curiosité qu’elle maudit intérieurement, enveloppe de jurons pour se forcer, elle-même, à ne pas recommencer. Sauf qu’il a titillé son intérêt, elle se demande ce qu’il est prêt à faire, ce qu’il comptait faire en l’accostant. Au fond, elle se demande surtout… C’est quoi son problème, à celui-ci ?






Dazai Osamu
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________________________________________ 2021-02-09, 00:32 « The weak fear happiness itself »


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Akutagawa, Chuuya, Atsushi... D'autres encore, sûrement. Décidément, le détective a du mal à laisser de côté les âmes perdues. Soit leur cas l'attire d'une manière ou d'une autre, soit il s'ennuie assez dans sa vie pour s'occuper de ce qui ne sont pas ses affaires. Dans tous les cas, en ce bar, Dazai a trouvé nouvelle attache auprès de quelqu'un, mais celle-ci est différente des autres qui ont précédé. Il n'a à la recommander nul part, déjà, parce qu'empotée comme elle semble être, elle ne ferait l'affaire ni dans la mafia, ni dans l'ADA. Ensuite, il ne porte ni pitié ni compassion pour sa personne, simplement de la curiosité et un vague agacement qui saurait s'éveiller un peu plus par la suite. Mais il souhaite en savoir plus, penchant ses motivations sur l'alcool et l'ennui, la nostalgie aussi peut-être. Dehors, sous la lune, il attend qu'une silhouette passe devant lui.

Même dans la nuit, elle paraît si terne, si transparente qu'elle pourrait se fondre dans la masse. Le garçon la dépasse, s'interpose à pas légers, il la jauge, la juge entre autre. Et cela à haute voix. Comme il a pu s'y attendre du regard qu'elle lui jette, la petite se défend et le chiot sort les crocs, à défaut de mordre dans son jouet. Mais ce dernier ne semble pas être ignorant de sa situation, bien au contraire. Une cause désespérée aux premières loges : Tu veux jouer les héros et ramener l’égarée dans le droit chemin ? Amuse-toi bien, chéri, c’est peine perdue. La jeune fille sait bien ce qu'elle vaut aujourd'hui, pourtant Dazai discerne qu'elle tend la main un peu plus haut pour être un peu plus que ce qu'on ne veut d'elle. C'est comme un enfant qui grimpe sur ses talons pour se grandir et passer le mètre qu'on lui reproche de ne pas atteindre. Le détective hésite à sourire avec amusement ou bien à passer son chemin pour que l'inconnue retrouve la solitude dans laquelle elle nage depuis le temps.

"[...]Et crois-moi, il regrettera vite d’avoir tiré une croix sur celui-là."

Mais son intérêt, aussi vacant soit-il, ne s'est pas encore rassasié de toute l'histoire. Tirant une moue boudeuse, dédaigneuse pour ainsi dire, il zieute de haut en bas la jeune fille en répliquant du tac au tac comme pour un bonjour :

"À mon avis, je ne pense pas qu'il regrette de si tôt."

La fille détient un culot assez impressionnant, à s'écouter se complimenter ce que personne ne ferait d'eux-mêmes. Si elle n'est pas fichu de faire le boulot qu'on lui demande, elle sait se faire plaisir quand personne ne lui tend la main. Toute seule, de toute manière, qui d'autre pouvait lui servir de guide ou de supporter ? Qui saurait la voir comme elle se voit dans le miroir ? Dazai sourit, taquin.

"Un poulet a son poulailler, tu me diras. Les chats errants, eux, passent de toits en toits et gobent ce qu'on leur donne. Il la toise d'un regard malicieux. Au début je te voyais comme un chien abandonné, mais finalement, tu uses de tes griffes et tu craches pour te défendre. Alors tu seras un chat ! Son affirmation se fait sérieuse. Tournant les talons pour revenir à la lune, il ferme les yeux. Tu devrais t'en estimer heureuse d'ailleurs, car j'ai en horreur les chiens."

Son écrivain dont il ressort l'explique mieux en une phrase que lui par ses propres mots, mais il est vrai que... Dazai n'arrive pas à apprécier ces animaux, pour ce qu'ils représentent, ce qu'ils renvoient, mais aussi ce qu'ils sont. Parfois, aussi, c'est vrai, il se voit en eux, ce qui ne l'arrange pas forcément. Il n'aime pas les chiens mais il a l'impression de leur ressembler. Des chiens errants... Des Stray Dogs.

Dazai ne se sent obligé de rien, à cet instant. Il sait, et Kunikida le lui répéterait, qu'il ne peut pas héberger le monde entier. Il est détective, pas sauveteur d'animaux abandonnés, et Atsushi avait déjà bien assez fait l'affaire. Même si son supérieur a un idéal assez strict, il sait dans quel monde injuste ils vivent. Ils le savent tous, elle aussi d'ailleurs. C'est aussi pourquoi elle doit s'accrocher à toutes les branches qui s'offre à elle, simplement pour ne pas tomber dans le vide. Le détective, pour être détective il peut se tenter à l'hypothèse, voit dans son regard qu'elle ne se bat pas pour vivre mais qu'elle détient bien un but, un objectif fixe. Ce qu'il voit aussi, c'est qu'elle pourrait bien en perdre la face et le peu de ce qui lui reste d'elle-même. Son regard se fronce à sa question.

"Ce que je vais faire ?"

Il s'approche d'elle lentement, se baisse légèrement pour que son regard soit à la hauteur du sien et de là, il s'approche encore plus près, plus près encore, sans jamais la quitter des yeux. Il semble dur, très sérieux dans son geste, lorsqu'à quelques centimètres de son front, alors que son souffle passe sur ses lèvres, il s'arrête et ferme les yeux.

"Rien du tout. Puis tout son corps se redresse et Dazai repose ses mains dans ses poches en soupirant. Tu n'as rien à m'offrir et puis tu n'es pas mon genre, alors je ne te demanderais certainement pas de commettre un suicide amoureux en ma compagnie. Il hausse les épaules avec ennui. Je pourrais tout à fait te trouver un toit, mais je ne pourrais pas te le payer et il te faudrait un travail. Sauf que si je venais à t'en trouver un, ce que je pourrais très bien faire aussi, je sais déjà que tu ne le tiendrais pas et tu te ferais renvoyer comme pour tes précédents boulots. Il la fixe du coin de l'œil. Car ce n'est pas ton premier essai, n'est-ce pas ?"

Le voici passé d'un tout au tout, sans que personne n'y suive rien. Il regarde à peine la jeune fille désormais, scrutant l'horizon et décalant parfois le regard vers sa silhouette lorsqu'il lui fait mention.

"Même si je venais à t'aider, tu utiliserais mes biens puis tu partirais sans jamais ne rien redevoir à personne. Comme un chat errant... Tu n'aurais aucune reconnaissance pour celui qui t'a nourri ou donné un toit. Il serait injuste de ma part de te laisser penser que c'est comme ça que fonctionne le monde. Ou plutôt... Non, je me corrige : Il tourne les talons vers elle et sourit. Il serait injuste de ma part de te laisser penser que c'est comme ça qu'il doit fonctionner."

À côté d'eux, la vitre est fine et laisse passer les rires qui se dégagent du bar dont l'âme perdue ne fait plus partie. Il est incroyable de savoir qu'entouré, le monde finit par étouffer n'importe quelle affaire triste pour laisser part à la gaieté naïve qui leur évite à tous de couler. C'est normal, question de survie. Ils sont peu, encore, à oser tourner le regard vers les plus désespérés, de peur de couler à leur tour. Et lorsqu'ils voient qu'ils commencent à perdre pieds, ils lâchent le boulet qui pend à leur cheville. Ainsi ne seront-ils pas deux à sombrer.

"Quel est ton nom ?"

Il ne se sent obligé de rien, c'est vrai, mais c'est de lui-même pourtant qu'il poursuit la discussion sagement et reprend les termes de la question de la jeune fille pour formuler la sienne :

"Si je te dis que j'ai quelque part où t'emmener, qu'est-ce que tu vas faire ?

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________________________________________ 2021-02-11, 10:28

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L
a question se pose dans l’esprit, aucune réponse n’est trouvée. Elle ne comprend pas, Manhattan, pourquoi il vient la faire chier. Pourquoi il trouve ça très malin de l’emmerder. Elle a bien envie de le lui faire regretter, de prouver qu’elle n’est pas qu’une pétasse en jupe courte et décolleté, les cheveux roses qui balancent d’un côté et de l’autre, un parfum fleuri qu’elle laisse derrière elle. Elle a envie de lui prouver qu’elle a des griffes, des crocs, qu’elle n’hésite pas à porter le premier coup, qu’elle n’aime pas qu’on lui marche sur les pieds.

Ce qu’il fait sans hésiter. Sa voix l’agresse, son ton lui donne envie de frapper, lever une main, la claquer sur sa joue de gros idiot, de crier qu’il est un abruti et qu’elle ne lui doit rien, certainement pas un peu de temps, dans sa vie. Sauf qu’il aurait gagné. Manhattan ne veut pas laisser ça arriver. Elle préfère crever, encore une fois, que d’avouer qu’elle a perdu, qu’il a réussi à l’énerver. Au fond, elle sait qu’elle peut y arriver, l’exaspérer jusqu’à ce qu’il crache la victoire à ses pieds. Bien fait, ducon, fallait pas chercher la reine des emmerdeuses, c’est ce qu’on lui a toujours dit, au final.

Un tic. Un soubresaut indésiré de la lèvre, sur les dents blanches. Manhattan a envie de cracher, littéralement. À la place, elle reprend sa sucette, la fait rouler sur sa langue, se retient de mordre jusqu’à la faire craquer, exploser. Pour qui il se prend ? Question qui ne manquera pas de tourner en boucle, dans son esprit. L’autre contre-attaque aussi bien qu’elle attaque, elle, persuadée qu’il ne pourra rien répondre. Sauf qu’il le fait, qu’il la pousse à terre et la piétine.

– Personne t’a demandé ton avis.

Dernière défense, moisie, qui laisse un goût désagréable, sur sa langue. La jeune femme veut croire qu’elle a raison, que lui ne sait pas ce qu’il dit. C’est elle, après tout, qui a partagé l’appart de l’autre. Elle sait le regard qu’il posait sur elle, la seule chose, au fond, qui a retenu Mana à côté de lui.

L’autre la cherche, encore. Il entre dans son jeu, s’en sort mieux qu’elle, sans le moindre doute. Il retourne ses mots contre elle, s’extirpe des insultes pour mieux les lui lancer à la figure. Elle a envie de mordre, de lui prouver quel chat errant elle est, qu’il ne faut pas la provoquer. Elle en a frappé d’autres, Manhattan. D’autres qui l’ont abandonnée à la première occasion, sans se retourner.

Elle s’étonne presque d’un point commun entre elle et lui. Un simple sourcil qui se lève un peu plus que l’autre. Mana déteste les chiens. Elle se souvient d’un autre clébard, puant et bavant, à sauter partout dans les rues de Sotoba. Une saleté de bête qu’elle a eu très envie de frapper. Tout comme sa propriétaire. Kaori, un nom qui lui donne envie de grogner, de cracher comme il le dit si bien. À la place, elle passe une main dans ses cheveux roses, envoie valser sa sucette, dans le caniveau, rejoindre les rats, les fourmis, les parasites qui vivent mieux dans l’obscurité, comme elle, mais qui adorent se gorger de lumière.

– Caresse-moi, voir si je ronronne, ricane-t-elle, moqueuse.

C’est tout ce qu’elle trouve pour sauver la face. Accepter les insultes de l’autre, s’en revêtir, frapper de sa lame émoussée. Elle sent, au fond, que lui n’en a rien à péter. Un autre, sûrement, se serait laissé prendre au piège, mais il est une cause désespérée, comme elle. Il a l’air du chien battu qu’il condamne, qu’il aimerait repousser d’un coup de pied. Il n’y a qu’un abruti de chien pour s’accrocher à un chat sauvage, essayer de le pousser du museau, voir s’il mord.

Teste-moi.
Elle mord, oui.

Voilà qu’il approche, qu’il lui donne l’espoir de pouvoir se défouler. Un coup de dents, de mâchoires, un peu de sang. Elle a très envie de lui faire regretter de s’être approché. Alors, elle attend, ses yeux bleus fixés dans ceux de l’autre. Elle attend qu’il se penche, encore, encore. Jusqu’à sentir son haleine sur son visage, ce souffle qui glisse sur sa peau, chaud. Puis il s’arrête. Tss. Si près du but.

Ricanement lourd de mépris qui s’écrase entre eux, à l’instant où il s’écarte pour lui expliquer sa vie pourrie. Mais c’est qui, cet abruti ? Manhattan est pleine de vie. Manhattan n’a pas envie de mourir. Manhattan est déjà morte, ailleurs, à un autre moment, dans une autre forêt que celle d’ici. Elle ne voudrait recommencer que pour avoir le droit de manipuler, d’ordonner à ses victimes et d’obtenir le contrôle de leur vie. Se suicider ? Non merci. Sûrement pas avec lui.

– Bravo, Sherlock, susurre-t-elle, en posant une main sur la hanche. Tu veux un bon point pour avoir tout bien deviné comme un grand ? Alors quoi ? T’es pas assez grand pour te tuer tout seul ? Tu veux emmener une connasse avec toi ? Dans trente ans, t’auras peut-être trouvé une fille assez conne pour accepter.

Ses yeux bleus sont fixés sur lui. Dans la nuit, elle n’a pas besoin de la lumière des lampadaires pour regarder son visage, cette bouche insolente qui se permet de lui déballer sa vie, dans une vieille démonstration de psychologie, balancée sur le trottoir à ceux que ça n’intéresse pas. Elle s’en fiche, de ce qu’il croit comprendre, de ce qu’il croit savoir. Manhattan fait ce qu’elle veut, ce qu’elle peut, parfois. Le monde est ainsi, qu’il le veuille ou non. Ce n’est pas elle qui l’invente. Elle ne fait que s’adapter, consciente que si elle ne prend pas, il ne lui sera jamais rien donné.

– À quoi ça te servirait, de m’aider ? T’essaies de soulager ta conscience de crimes que t’as commis par le passé ? Fais pas l’innocent, l’abruti, tu te sers de moi autant que je pourrais me servir de toi. L’altruisme n’existe pas. Tout n’a toujours été qu’une question d’ego. Si tu m’aides – admettons que j’ai besoin de ton aide – ce n’est que pour te flatter toi-même. Dès que t’auras assez caressé ta bonne conscience, tu tourneras les talons.

Comme tous les autres. Parce que ça a toujours été ainsi, les choses ne changent pas d’un claquement de doigts. La solitude, Manhattan connaît. Elle sait ce que c’est. Le monde est toujours le même, il prend, il ne donne pas. S’il s’intéresse à elle, aujourd’hui, c’est comme un défi lancé à lui-même, un besoin de prouver qu’il peut aider n’importe qui. Pouvoir dire, ensuite, qu’il a été gentil. Admirez le héros, il a fait une bonne action, il a recueilli un chaton.

Le chaton montre les dents, détourne le regard. Elle peut faire face à son mépris, à ses insultes, à sa manière étrange de croire que titiller la première venue est une bonne idée. Dans une ville comme celle-ci. Peut-être est-ce ce qu’il cherche, au fond. Frapper au hasard, dans la population, jusqu’à tomber sur le vilain qui l’aidera à se suicider. Ça fait pitié. Au final, c’est peut-être lui, le chiot abandonné.

Sauf qu’elle n’a pas très envie de le ramasser.

– Tyria.

Elle ne lui retourne pas la question. Rien à péter, de son nom, elle préfère éviter de lui donner l’espoir qu’elle s’intéresse à lui, qu’elle est prête à lui dire oui. Mana n’est pas si désespérée. Ou peut-être que si, au fond.

– Crier au kidnapping ? (Sourcil haussé, sourire moqueur.) Tu serais prêt à m’inviter chez toi ? À quoi ça t’avance ? Je te donne même pas trois jours pour me balancer sur le trottoir comme celui-ci.

Mouvement de menton vers le bar, rancune au creux du ventre. La vengeance aura son heure de gloire, mais pas pour l’instant. Pour l’instant, elle toise l’autre de haut en bas, regarde ces traits qui lui rappelle une autre vie, une autre ville, un autre pays. Ce qui lui a été arraché de force, sans lui demander son avis. Regret amer au creux de la gorge, même si elle sait comment elle finit.

– Je ne sais pas être discrète, je prends énormément de place.

Coup d’œil à sa valise pour dissimuler le mensonge. Ses affaires sont toujours prêtes, dans un coin, au jour où elle devra partir, voleter vers une autre vie, se poser sur une autre fleur. Manhattan n’a pas l’espoir d’un jour se poser pour ne plus s’envoler. Elle sait que le monde n’est pas ainsi. Au fond, elle a toujours un pied sur le trottoir. Ce qu’on lui a reproché, une fois, qu’elle a essayé de nier, en vain, avant de hausser les épaules et de s’en aller. Peu importe ce qu’ils croient.

– Au fond, tu sais que tu vas t’en mordre les doigts.

Lucidité au fond de la cervelle, Mana n’a pas peur d’avouer la vérité. Peut-être n’attend-il qu’elle, pour pouvoir sauter du toit sans être retenu, ne laissant derrière lui qu’un ricanement de mépris. Tant qu’elle peut obtenir un lit sans avoir à supplier un autre abruti, plus con que celui-ci, elle est prête à dire oui. Pour quelques secondes d’attention, un regard braqué sur elle le temps de voir, dans ses yeux, qu’elle est bien là, qu’elle existe, qu’elle a été choisie, elle a presque envie de dire oui.







Dazai Osamu
« The weak fear happiness itself »

Dazai Osamu

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There’s parts of me I cannot hide
I’ve tried and tried a million times
La-da-da-de-da, la-da-da-de-da, la-da-da-de-da ~

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Embracin' the madness
My devils they whisper in my ear
Deafenin' me with all my fears


Welcome to my darkside

•••


| Conte : Bungou Stray Dogs
| Dans le monde des contes, je suis : : Osamu Dazai

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Heroine Shikkaku [pv - Dazai Osamu] _



________________________________________ 2021-03-24, 01:06 « The weak fear happiness itself »


Héroïne Shikkaku
Manhattan + Dazai
Nothing in this world can fill that lonely hole you have. You will wander the darkness for all eternity.
Des chats, il y en a de toutes les couleurs, et le garçon ne pense pas qu'au pelage de ces derniers. Comme les humains, certains sont impulsifs, d'autres plus calmes. Certains cherchent l'attention, d'autres s'isolent et se font discrets. Les chats ont eux aussi leur propre caractère qui les rendent uniques à chacun. Mais, de ce qu'a pu voir Dazai, tous sont plutôt clairvoyants sur le monde... Et sur eux-mêmes. Il n'a pas l'impression de se tromper sur le compte de la jeune sans domicile-fixe dont il a brusqué la rencontre. Sait-elle ce que son regard dit, lorsqu'elle l'écarte du détective, lorsqu'elle le plonge dans le sien comme une attaque à courte portée avant de se replier, vitreux, mais froncé ? Ils sont tous différents, pense le garçon, et pourtant... Pourtant...
Pourquoi les Hommes réussissent ils tous à être semblables à la fois ?

Amusé tout d'abord par le comportement de petite fille auquel il fait face, Dazai s'assombrie légèrement lorsque la sucette avec laquelle elle joue depuis tout à l'heure vole jusque dans les caniveaux. Son sourire s'éteint alors qu'il suit la friandise disparaître de sa vue et, laissant son regard porté vers le sol, il se met à réfléchir. Ceux qui aident les plus démunis, les personnes dans le besoin, sont persuadés d'avoir affaire à d'inoffensives victimes. Elles n'ont rien alors elles n'apportent rien. Comment dire que c'est faux ? Complètement faux. À dire vrai, ce sont des plus démunis dont il faudrait le plus se méfier car c'est eux qui sont à même à retourner leur veste et à mordre jusqu'au sang pour ce qu'on leur a promis. Après tout, plus que n'importe qui d'autres, ils n'ont rien à perdre. Le bas-monde jette comme on les a jeté par le passé. Ils ne font qu'imiter ce qu'ils ont vu et après on vient leur blâmer tout le malheur du peuple alors qu'ils en sont son reflet.

"Caresse-moi, voir si je ronronne."

Le suicidaire lève le visage vers elle, enfin. Il semble la voir d'un tout autre œil qui n'est pas des plus flatteurs. Il sourit finement mais sa vue ne lui donne pas envie d'aller plus loin dans son rire. Cette fille est perdue, aussi perdue que ce qu'elle avait entre les dents il y a une minute. Si cette réplique n'avait pas été pour lui, elle aurait été pour quelqu'un d'autre, et c'est pourquoi Dazai se dit satisfait d'être cette personne. Pas qu'il la sous-estime, elle semble connaître ses proies et dissimule l'hameçon derrière un appât rose girly. Finalement, ça aurait été pour les autres que le détective se serait inquiété. Mais ce n'est pas à eux d'être réparé. Ce n'est pas eux que Dazai a pour habitude d'aider. Jouant le jeu tout d'abord, il s'approche de la jeune fille avec malice, reconnaîtrait presque peut-être le même sentiment dans le regard bleu de l'enfant, mais il s'écarte avant, exposant la fausseté de ses intentions. Il n'est pas de ce genre-là, évidemment. Ses actions ne riment qu'à affiner ses perspectives.

"Dans une autre vie, à un autre temps, avec un autre moi, répond Dazai, hautain, j'ai déjà réussi à en convaincre plusieurs ! Mais elles sont parties sans moi... Il tire une mine boudeuse comme si la faute était à ces jeune femmes qui ne l'ont pas attendu pour passer les portes de l'au-delà alors que c'était seulement lui qui n'arrivait pas à mourir. Un jour, je trouverais. Un sourire s'affiche à nouveau sur son visage. Doux et sensible. Celle qui me tiendra la main lorsque je rejoindrais l'ailleurs..."

Il se fait songeur, sa voix n'impose aucun sarcasme pas plus que de l'ironie lorsque toisant l'inconnue, il se confie de la plus sincère des façons : sans filtre. Il n'attend pas à ce qu'elle comprenne. Qui comprend l'envie de mourir ? Ceux qui sont encore ici sont ceux qui hésitent. Seul lui reste... Égaré comme si le monde le suppliait de rester encore un peu. Il attend. Un jour peut-être partirait-il avec autant de prestance et de beauté qu'un feu d'artifice... Celui qu'il avait vu avec l'Agence à Yokohama. Jusqu'alors, il ne peut que rendre ses jours un peu meilleurs en soutenant ceux qui sombrent, comme le lui a conseillé son vieil ami avant de l'abandonner, lui aussi. La jeune femme peut le trouver étrange - étrangement sincère - mais au moins, il ne fait pas semblant d'être pour qu'elle le suive. On n'approche pas un chat en l'attrapant par surprise. On s'approche et on tend la main pour que celui-ci approche son museau et lise en nous comme dans un livre ouvert. Il ne faut pas le feinter à la couverture, ça ne fonctionne pas avec eux. Ils savent déjà l'essentiel et sauront voir lorsqu'on est infidèle à nous-même. Pourquoi chercher le faux ?

Il est honnête : Dazai veut se suicider et aider la jeune fille ne lui donnerait pas ce qu'il veut, au mieux des dettes ou des problèmes. Peut-être quelques contacts en moins... Mais rien de très motivant. Elle aussi semble en avoir assez conscience pour percevoir l'égoïsme dans les gestes du garçon. Sa critique le fait sourire, mine de rien.

"Tu as raison. Répond-il, toujours d'une sincérité déconcertante. Du moins, pour une partie. Il retourne se positionner au bord du trottoir, face à la lumière de la lune qu'il apprécie tant regarder. Je pense que les personnes altruistes, qui agissent pour le bien des autres sans ne rien chercher d'autre que leur bonheur, existent. Seulement je n'en fais pas partie. Non, moi... Sourit-il au ciel. Je ne fais que les imiter."

Odasaku... Ta voix résonne en moi à chaque fois que je viens en aide à quelqu'un, et je ne peux que te donner raison. J'espère que de là-haut, tu peux encore me voir... La malédiction ne l'a pas ramené, évidemment. Pourquoi faire ? Son ami avait pris sa décision, cela aurait été traître à la vie qu'elle n'aie pas été respectée. La seule chose qu'espère le détective, c'est que même dans un autre monde, il n'oublie jamais l'un de ses seuls amis et ce qu'il lui a appris.

Tyria. On lui demande ce qu'elle ferait si jamais il vient à lui trouver un endroit où dormir, et c'est en crachant - encore - qu'elle répond. Alala, Oda... Pourquoi faut-il toujours que ça soit compliqué ? Le garçon lève les yeux au ciel.

"Qui a parlé de t'inviter chez moi ? Alors qu'un sourire narquois germe, il bascule la tête dans la direction de Tyria, puis tire une moue renfrognée. Sache que je ne laisse pas rentrer n'importe qui dans mon appartement. Il tourne les talons, lève un doigt. Seul mes proches le peuvent et tu es loin d'en faire partie, mais ça ne veut pas dire que je ne peux pas te trouver un toit ~"

Il a déjà quelques idées qui lui viennent en tête. À force de faire des rencontres à Storybrooke, il a pu développer des contacts, en plus de ce qu'il avait déjà de Yokohama. Sous une pointe d'humour, il assure donc à la jeune femme qu'il peut l'aider, sans s'attendre à sa réaction. Celle qu'il a soupçonné depuis le début. Le rejet par la répartie, la provocation, l'esquive, le détournement... Pour une réalité bien plus sombre. Elle sait qu'elle n'est à sa place nul part. Une âme perdue dans une ville trop grande pour elle, et pourtant elle aspire à plus. Elle semble vouloir se faire pousser des ailes, même illusoire, pour donner l'impression qu'elle vaut quelque chose. Pourquoi laisse-t-elle échapper ces critiques envers elle-même alors ? Pourquoi parle-t-elle pour qu'on la repousse alors qu'elle sait qu'elle n'a aucun toit pour ce soir ? Le regard de Dazai s'est légèrement écarquillé à ses mots, tentant de chercher celui de Tyria, d'y voir plus clair dans ses iris. Mais ceux-ci lui échappent. Il fronce les sourcils et dévie son attention sur la vitre pour en fixer le reflet. Pourquoi l'Homme a-t-il besoin d'un miroir pour se voir ? Il n'est que l'imitation de lui-même. Néanmoins, ce qui est bien avec les imitations, c'est que les défauts sont plus perceptibles que les originaux.

"Je vois. Il se laisse un blanc de réflexion. Comme tu voudras."

Il avance vers elle, à côté d'elle, et lui passe devant sans lui prêter attention. Ses pas s'arrêtent dès qu'il ne l'a plus dans son champ de vision.

"Regarde à l'intérieur du bar. Demande-t-il alors, froidement. Qu'est-ce que tu penses que ces gens ont retenu de toi ? Et, plus important : qu'est-ce que tu voulais qu'ils retiennent de toi ? Tu dois déjà le savoir, Tyria, mais on n'obtient rien à se jeter des fleurs pour se paraître au-dessus, tout comme on n'obtient rien à se rabaisser pour qu'on nous aide à nous relever. Ça ne sert à rien. Un souffle d'air se lève et fait légèrement s'agiter les mèches brunes de l'asiatique. Mourir à plus de sens que de vivre ainsi."

Sa marche reprend, lente comme une balade à la belle étoile, sereine comme un couple dans un parc. L'impression donné est un adieu, un au revoir, un "à bientôt, si nos chemins se recroisent". Il tient quelque chose à bout de bras. Alors qu'il parlait à Tyria, il avait pris en main son bagage, le seul à priori que celle-ci a avec elle, et l'emmenait. Si ce n'est maintenant, dans une, deux ou dix secondes, elle verrait son bien porté loin d'elle et, si elle y tient, suivrait le garçon là où il compte la conduire pour la nuit. Où irait-elle, de toute façon ?

(c) princessecapricieuse



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________________________________________ 2021-04-10, 10:51


ヒロイン失格
U
n abruti. Un putain d’abruti. Et un lâche comme on en fait peu, sans doute. Voilà ce qu’elle a devant elle, ce qui gravite dans son champ de vision, moustique qui ne peut s’empêcher de voleter autour d’elle, à la recherche d’un bout de peau sur lequel se poser. Aspirer le sang, c’est sa spécialité, à elle, ce que l’on a fait d’elle sans lui demander son avis. Oh, elle n’a pas détesté ça, au contraire. Les crocs plantés dans les jugulaires, le sourire aux lèvres. Lui n’est qu’un parasite, un insecte qu’on a envie de claquer entre ses mains, de chasser, ensuite, d’un revers. Le cadavre foulé au pied sans y penser, comme une poussière qu’on ne prend pas la peine de regarder.

C’est ce qu’il est, sans le moindre doute. De la même insignifiance et, pourtant, tout aussi emmerdant. Il bourdonne au creux de son oreille et s’approche dangereusement sans oser se poser. Il sent le poison qui coule dans ses veines, qui ne la rend pas tout à fait humaine. Manhattan n’est plus le démon qu’elle a été, mais elle en garde certaines particularités. Elle regrette ses crocs plantés dans les chairs, à manipuler ceux qu’elle a mordus, à tuer ceux dont elle veut se débarrasser. Les doigts croisés pour qu’ils ne reviennent jamais d’entre les morts. L’aurait-elle mordu, celui-ci ? À avaler son sang putréfié. Au fond, il est aussi mort qu’elle, moins vivant encore. Il continue de respirer parce qu’il est incapable de faire le dernier pas. Penche-toi au-dessus du vide, bichon, que j’exerce la dernière pression, les doigts plaqués dans son dos pour le faire tomber.

Ses mots lui arrachent un souffle dédaigneux qui s’écrase à leurs pieds. Un « Ha » qui vient du cœur, de tout le mépris qu’elle a pour lui. Dans une autre vie, elle n’aurait fait qu’une bouchée de lui. Elle serait peut-être, même, allée le chercher en ville, pour le premier repas d’un shiki, le corps balancé dans la forêt, vidé de vie, de sang, d’intérêt. Juste une case dans son histoire, une case de trop. Mais elle n’en dit rien parce qu’elle ne veut pas perdre contre lui, avouer qu’elle a mal quand il parle ainsi, montrer qu’elle aimerait qu’il s’intéresse pour de vrai, qu’il ne fasse pas semblant pour se flatter lui-même. Manhattan se referme sur ses blessures, sur sa solitude. Elle préfère le jeter que d’être jetée, attaquer pour ne plus avoir à se défendre du mal que les autres laissent traîner, sur leur passage.

– L’espoir, c’est pour les vivants, crache-t-elle, avec mépris.

Il n’a pas tant envie de mourir qu’il ne le dit. C’est ce qu’elle comprend de son charabia, en tout cas. Il avoue qu’il en a tué plusieurs, à les persuader de faire comme lui. Un tueur en série qui ne comprend pas, lui-même, le mal qu’il sème autour de lui. Au fond, ça la fait sourire, de ce sourire qu’elle montre rarement, qui dévoile ses petites canines pointues et lui donne un air redoutable, dans la nuit qui les entoure. Il n’est pas mieux qu’elle. Les griffes refermées sur les cœurs battants, prête à susurrer, à l’oreille des vivants, qu’ils doivent se laisser faire, attendre que les crocs se referment sur leurs artères, que le sang coule à flot dans sa gorge, la nourrisse, lui redonne un semblant de vie.

– Donne-moi les détails croustillants, dis-moi combien tu en as tuées en les manipulant et je te donnerai, peut-être, les miens.

Elle n’a pas compté ses victimes, le démon, la soif au ventre chaque fois qu’elle quittait le sommeil, à la nuit tombée. Manhattan peut, peut-être, ajouter à son palmarès, les deux abrutis qui ont jugé bon de lui donner ce prénom, de se disputer pour elle, de changer de chaussée et de passer sous un camion. Encore une fois, comme une fatalité à laquelle elle ne peut pas échapper. Megumi doit mourir écrasée. Ça a été écrit pour elle, mais elle résiste, elle a survécu à l’accident. Elle fait mine d’avoir tout oublié, de ne pas avoir peur de ce qui aurait pu être son dernier souffle de vie.

Imiter les altruistes, elle n’en comprend pas l’intérêt. Elle a l’impression d’une excuse, jetée à son visage, pour lui faire croire qu’il n’est pas si mauvais. Dans tous les cas, à la fin, il finira par la jeter, la pousser dans les poubelles et lui crier de se démerder. Pourquoi faire semblant, maintenant, de s’intéresser à elle ? Mana a l’habitude, elle saura rebondir, trouver un endroit où rester, une autre âme à vider de son énergie jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus le supporter. Elle apprend de ses échecs, la jeune femme aux cheveux roses. Elle ne refera plus la même erreur. Séparer professionnel et personnel, ne pas laisser l’un empiéter sur l’autre, toujours garder, à portée de main, une porte de sortie à enfoncer, dans l’urgence.

Il n’est pas cette porte.

Coup d’œil jeté au brun. Dédain, moue dégoûtée. Elle a un dernier espoir de trouver le moyen de s’inviter chez lui, de le forcer à lui ouvrir la porte, pour ne plus avoir le choix. Pour l’instant, coincée dans le poison qui lui vient d’une autre vie, elle n’a pas le droit de poser un pied dans son appartement. Alors elle force, elle insiste, elle essaie de manipuler l'asiatique pour obtenir, de lui, les mots qui le condamneront à jamais. Un petit effort, l’abruti, rien qu’un tout petit, mais il crache aussitôt ses espoirs à ses pieds.

Manhattan relève la lèvre, sur ses dents blanches, et se retient de tchiper, en détournant le regard. Il ne veut pas d’elle chez lui. Tant mieux, elle ne veut pas aller chez lui. Depuis quand est-elle n’importe qui ? Elle vaut mieux que ça, tout de même. Mais Mana n’a plus la force de faire semblant. Sa main ne vient pas secouer ses cheveux roses, son menton ne se lève pas d’arrogance. Elle garde ses yeux clairs fixés dans la nuit, loin, pour ne pas le regarder lui. Tout sauf lui. Pour ne pas montrer, au fond de son regard, la lueur mauvaise qu’il pourrait y voir. Un peu du désespoir qu’elle cache derrière son maquillage, ses couleurs extravagantes et ses sourires d’idiote seulement bonne à remuer les hanches sur le rythme de la musique, dans les bars.

– Crache le morceau, cesse de tourner autour du pot, ça nous évitera d’avoir à nous supporter plus que nécessaire, toi et moi. (Elle sourit pour oublier la déception d’avoir été poussée sur le côté.) Ne faisons pas semblant : tu me détestes déjà.

Elle ne fait pas grand-chose pour qu’il l’apprécie, mais elle est ainsi. L’orpheline n’a pas le pouvoir d’intéresser le monde, quand la beauté ne suffit plus à s’attirer des mains tendues pour l’aider à traverser, à grimper les marches vers son seul et unique but : se barrer d’ici, loin, le plus loin possible. Ne plus jamais recroiser ceux d’ici. Ne pas prendre le risque de voir, dans les rues, ceux qui l’ont méprisée, toute sa vie. Ses deux vies. L’orpheline laissée dans son coin, trop mauvaise pour être adoptée. N’est-ce pas ce que le monde a fait d’elle ? Manhattan a, de la rose, toutes les épines, pour se protéger des mains qui voudraient couper sa tige.

Il passe devant elle et elle hésite à tendre la jambe, se parer d’innocence, la main plaquée sur la bouche, pour le regarder s’étaler sur la route. Pour qu’on l’écrase comme elle a été écrasée avant lui. Mais elle n’en fait rien. L’espoir est pour les vivants. Pour les débiles, aussi, mais il est bien accroché à son ventre. Elle a besoin qu’il lui dise oui, qu’il ne passe pas son chemin, qu’il cesse de lui tourner le dos pour revenir sur ses pas, s’emparer de la main de Mana et l’obliger à accepter l’aide qu’il lui donne. Elle n’est pas un chiot égaré, elle a la fierté du chat sauvage, de celui qui ne peut s’empêcher de présenter les crocs pour mordre les doigts des imprudents.

Mais il passe et elle pince les lèvres, sans savoir comment le retenir. Puis il s’arrête et l’espoir revient au galop, la force à serrer les poings, les mâchoires. L’envie de frapper pour se défouler, pour que le monde comprenne qu’elle n’est pas une victime apeurée, qu’elle ne sait pas que se défendre, mais aussi attaquer. Frapper jusqu’à se perdre, les poings en sang, à attendre qu’un autre soigne ses phalanges. Sauf qu’ils se sont tous barrés. Il n’y a plus qu’elle. Et le brun qui reprend la parole, à quelques pas d’elle.

– Mais je suis déjà morte, moi, avoue-t-elle, avec un sourire mauvais.

Pour ne pas montrer que ça la touche plus que ça ne le devrait, pour ne pas prouver qu’elle regrette celle qu’elle a été, qu’elle n’a jamais été plus aimée morte que vivante, même s’ils ont continué à la mépriser. Et il s’éloigne, l’abruti, en emportant sa valise avec lui. Où tu crois aller, machin ? Ses dents grincent, la mâchoire serrée sur l’invitation qui n’en est pas une. Il a confiance en lui pour être certain qu’elle sautera sur ses talons, qu’elle viendra lui bouffer dans la main. Mais quel choix lui laisse-t-il, en vérité ? Aucun, elle le sait bien.

Alors, elle mord à l’hameçon.

Manhattan se jette sur sa trace, sautille pour le rattraper et s’empare, de force, du bras qui ne tient pas son bagage. Elle le serre de ses deux mains et se cale sur ses pas, comme s’il venait d’être allée la chercher à la gare, après un long voyage loin de son cher et tendre. Ha. Dans tes rêves, peut-être, jamais de la vie, l’abruti. Dans les siens, à elle, elle le détruit.

– On n’obtient rien de rien, alors. Éclaire donc l’ignorante que je suis, vas-y, explique-moi ce qu’il faut faire pour obtenir quoi que ce soit. (Elle détache l’une de ses mains pour la poser sur son épaule et poker sa joue, d’un index tendu.) C’est pas en étant grognon à longueur de temps qu’on obtient quelque chose non plus, tu sais. Et ne viens pas me dire que tu n’as besoin de rien. Tu as besoin d’une idiote pour te pousser à mourir, puisque tu n’es pas capable de le faire tout seul, comme un grand. (Elle glousse comme l’idiote qu’on attend qu’elle soit.) Dans une autre vie, à un autre temps, avec une autre moi, j’aurais, peut-être, accepté de t’aider à crever. Et je t’assure que tu aurais adoré.

L’ongle rose de son index vient, soudain, pointer son cou, appuyer sur l’artère saillante, sous sa peau claire, et Manhattan recule de quelques pas. Il aurait, sans doute, été plus appétissant que les vieux péquenauds de son village. Ce qu’elle préfère garder pour elle, ne pas dire à haute voix. C’est mieux comme ça.







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I’ve tried and tried a million times
La-da-da-de-da, la-da-da-de-da, la-da-da-de-da ~

Heroine Shikkaku [pv - Dazai Osamu] Km2l

Embracin' the madness
My devils they whisper in my ear
Deafenin' me with all my fears


Welcome to my darkside

•••


| Conte : Bungou Stray Dogs
| Dans le monde des contes, je suis : : Osamu Dazai

| Cadavres : 724



Heroine Shikkaku [pv - Dazai Osamu] _



________________________________________ 2021-05-01, 16:43 « The weak fear happiness itself »


Héroïne Shikkaku
Manhattan + Dazai
Nothing in this world can fill that lonely hole you have. You will wander the darkness for all eternity.
Au beau milieu de la nuit, c'était là que se faisaient, il semblait, les plus surprenantes rencontres. Derrière un verre dans un bar vide, sous la pleine lune au milieu de la forêt, dans un conteneur lorsque celui-ci servait encore d'appartement, ou bien... À la sortie d'un appartement, sous les bruits des roues d'une petite valise, dans une rue passante que personne, pourtant, ne semble emprunter à cette heure. Personne sauf Dazai. La nuit lui rappellerait-il des souvenirs ? Ceux d'une autre vie beaucoup plus obscure où à travers la violence, les coups, la vengeance, le complot - à travers la nature profonde de l'homme, il trouverait une raison de vivre.
Il l'avait dit et il maintient : ça ne marche pas comme ça. Aujourd'hui, lorsque détective avance dans la pénombre, il est seul. Il ne vient pas pour tuer et il ne part pas avec du sang sur les mains pour s'isoler dans l'ignorance complète de ce que vaut son existence. Il vient à la rencontre des plus faibles, des plus égarés. À chaque pas se fondent ceux de son ami dans lesquels il marche. Le seul qui aie pu jusqu'à aujourd'hui lui donner une raison de continuer avant que lui ne parte sans ne jamais se retourner. Dazai suit ses traces, il ne veut pas que ceux-ci disparaissent, il ne se le permettrait pas.

Mais avant d'être qui il est aujourd'hui, peut-il ignorer ce qu'il a fait par le passé ? Il n'en a jamais eu l'intention, il sait que la vérité finit par éclater un jour ou l'autre et puis, ça ne fait que plus signifier à quel camp il n'appartient plus pour le combattre à la place. Il est aussi intéressant de voir les réactions, puisqu'après tout Dazai dans son emballage ne ressemble à rien d'autre que l'oxymore de l'idiot intelligent. On se demande ce qu'il fait la plupart du temps, on le critique pour son manque de sérieux mais à la fin, il est toujours le dernier debout. Lui et ceux qu'il veut bien à ses côtés. C'est pourquoi à la demande de Tyria, l'asiatique tire une moue surprise. Ça y est, son regard se perd en l'air tandis qu'il lève une main à son menton. Combien ?

"Tu veux dire, dans le cadre d'un suicide amoureux ou en général ? Je n'ai jamais manipulé qui que ce soit à mourir avec moi, elles le faisaient parce qu'elles en avaient envie et moi aussi. L'ambiguïté de sa réponse existe mais il n'y a pas prêté attention. Son regard plissé se détend et un sourire s'éclaircit sur son visage alors qu'il reprend sa position initiale. Par contre, j'ai déjà organisé des éliminations sans que ça ne soit spécialement des suicides - mais je n'ai jamais compté combien de morts en a résulté... Ébranlé d'une idée, son regard s'écarquille. Oh, attends..."

Dans un empressement inconnu, il sort son téléphone portable et commence à tapoter sur l'écran pour effectuer une recherche. Dazai Osamu, personnage de Bungou Stray Dogs... Pire qu'un annuaire lorsque le monde de Storybrooke est déjà affiché sur tout l'internet, traversant la Terre entière sans que personne ne soit affolée. Toute une vie exposée par delà les réseaux, et - parmi elle - des statistiques.

"Ah, voilà. Il lit : 138 complots en vue de meurtres, 312 extorsions et 625 fraudes et autres crimes divers. Il s'étonne lui-même de la précision des résultats. Ils ont même divisés en catégories les délits et meurtres que j'ai pu commettre. Et sans plus de recherches, il range son téléphone d'un rire quasi-complice porté à la jeune femme à qui il vient se confier à cœur ouvert. Heureusement que je ne suis plus à Yokohama, je serais déjà arrêté depuis longtemps sinon !"

Toi aussi, dit son sourire, partage son regard. Non pas comme une menace ou une bête provocation - serait-il bien placé pour après s'être exprimé sur sa propre position ? - mais plutôt sur ce qui peut les rassembler par l'infime et peut-être unique point qui les définissait ensemble. Comme un mot de passe à l'entrée d'une soirée privée, un badge d'appartenance, un surnom significatif ou un geste idéologique. Le détective vient du monde du jour aujourd'hui mais cela ne signifie pas qu'il y a toujours été. Je ne suis pas touriste à ton univers morbide, qu'il peut laisser planer dans les airs comme le son du silence.

"Et toi ?" Renchérit-il d'une tête légèrement inclinée de curiosité.

À cette inconnue toxique dans sa personne et ce qu'elle renvoie, Dazai lui propose un toit. Pas le sien, c'est évident, il sait dans quel problème il pourrait s'engouffrer et il est loin - très loin - d'en avoir envie. Elle est habituée à s'accrocher aux hommes qui ont le pouvoir de la contenter mais il refuse d'en faire partie. Il n'aime pas lorsqu'on s'attache à lui comme une sangsue, ça l'agace, l'irrite. Et là, oui, il peut lâcher en partant du principe qu'elle trouvera autre branche sur laquelle se rattraper. Bon samaritain - Pourquoi pas - mais il y a des limites à ses dispositions. Déjà le détective pose-t-il ses limites sous les airs renfrognés de l'enfant. Il ne sait pas son âge mais au fond, ce n'est pas ce détail qui ferait grande différence. Elle a un comportement d'enfant, saupoudré de jugements et d'attitudes de façade. Tu me détestes déjà. Le garçon lève les yeux au ciel pour la... combientième fois déjà ? Il n'a pas compté, évidemment, mais sa réponse non-verbale en dit beaucoup de ce qu'il pense. Il pourrait ne pas l'apprécier, elle en a tous les atouts - ça ne signifie pas pour autant que c'est le cas. Il lui faut plus que des faux-semblants pour venir à haïr, ça ne percera pas le vrai.

Elle dit qu'elle prend trop de place, qu'elle ne sait se faire discrète, qu'il la jettera dehors et qu'elle n'est pas supportable. Il prend les avertissements comme le refus de sa proposition, peut-être qu'elle regrettera alors de s'être si peu vendue ou bien lui la remerciera-t-elle de lui avoir fait éviter le pire. Je vois, comme tu voudras, il ne va pas se battre pour elle - au moins qu'elle réalise sa position opposée à la sienne. Lui, lorsqu'il prend une direction, c'est pour rentrer sous un toit. Le sien, en l'occurrence. Elle... C'est le hasard des rencontres qui guide ses pas et peut-être la soif d'écraser, un jour, sous ses talons hauts ceux qui ont osé la sous-estimer. La jeune femme peut se dire morte, la vie transparaît dans ses iris, ses mimiques, ses gestes provocants. Elle vit de faim et de soif... Elle s'attaque aux vivants qu'elle semble vouloir trainer de son côté du bord pour les faire basculer. Peut-être qu'elle était morte, oui, mais le Sort Noir n'a pas souhaité la laisser à sa place. L'âme a été remis dans le bocal, parmi les autres poissons.

Celui qui part avec ses affaires, elle le rattrape en deux battements de nageoires, elle se jette sur son bras et celui-ci est pris dans la bascule pendant un instant. Il se repositionne sans un mot et laisse Tyria jouer avec lui en fixant l'horizon obscur, l'horizon qu'on ne voit pas mais dans lequel on se plonge malgré tout. Quelle est la différence entre Yokohama et des personnes aux pouvoirs insoupçonnés et ici ? Ici, ce n'est pas les pouvoirs qui sont les plus inquiétants, parce que les pouvoirs, ça se gère - lui les annule, c'est pour dire. Mais lorsqu'on amène à la vie non pas un créateur mais la création de celui-ci, qu'on laisse s'échapper les personnages d'esprits dérangés et cela sans la laisse d'un scénario pour les arrêter... Comment savoir ? Comment savoir ce qu'ils vont, à leur tour, imaginer ? Comment savoir ce à quoi Tyria pense lorsque son ongle s'enfonce dans la peau de Dazai même si lui ne réagit pas à la pression, concentrant son attention sur la discussion qui reprend de plus belle.

"Vraiment ? Il n'y croit pas une seconde et pour corriger un silence erroné d'une marche qui amène l'image d'un jeune couple devant qui le monde s'ouvre, il reprend d'un sourire qu'il ne dirige même pas à la concernée. Laisse-moi te dire alors que même si tu en avais eu l'occasion, tu n'aurais pas été à la hauteur pour me venir en aide. Et finalement, son regard daigne se baisser vers elle, comme pour récupérer au vol l'irritation qu'il aurait pu inciter. Mais tu peux encore le devenir si ça t'intéresse tant."

Le suicidaire rêve de trouver celle qui pourrait mourir à ses côtés mais il n'est pas certain de voir en elle la candidate idéale - pour une fille qui fait tout pour survivre. Il sait que s'il venait à mourir, ce ne serait pas avec Tyria, mais si l'idée lui vient de vouloir le tuer, alors il ne refuserait pas. Du moins, il ne refuserait pas qu'elle tende le bras pour essayer. Un but, une motivation... Quelque chose d'autre que la manipulation dans les décombres, qu'un fantôme errant chez les plus faible. Il a déjà fait ça : inciter quelqu'un à se dépasser même si cela signifiait s'opposer à lui. Malheureusement, il n'a pas su le faire de la bonne manière. Les coups, la pression, le menace et le rabaissement ne sont pas des solutions.

"Tu ne corresponds pour le moment à aucun de mes critères de sélection. Poursuit-il en haussant les épaules. Il rêvasse dans un instant de blanc, il songe à ce qu'elle lui a dit un peu plus tôt. Si tu étais vraiment morte, j'aurais beaucoup aimé que tu m'emmènes avec toi dans l'au-delà dont on ne revient pas... Mais soupire ensuite d'une grimace. Malheureusement, tu es vivante et tu ne renvoies pas du tout l'image d'une jeune femme qu'on voudrait suivre. Double soupir, il fait le dos rond. Je vais devoir chercher ailleurs celle qui saura combler mon vide..."

Attitude de bouffon avec des pensées profondes. Il se redresse calmement et tend son bras pour relever sa manche. Une montre accrochée autour de son poignet, éclairée par les lampadaires, lui indique l'heure. Tard, entre autre. Il espère que son contact répondra et qu'il le laissera entrer. Il espère qu'il acceptera ce que Dazai va proposer mais il sait déjà ce qu'il pensera lorsqu'il lui présentera Tyria.

(c) princessecapricieuse



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Heroine Shikkaku [pv - Dazai Osamu] _



________________________________________ 2021-05-19, 09:27


ヒロイン失格
D
ans le cadre d’un suicide amoureux, envie de rire coincée au fond de la gorge. Qu’y a-t-il de romantique dans la mort ? À quoi bon s’aimer pour se tuer ? Elle ne veut plus aimer personne, elle, accrochée à ses amours impossibles, à ces idiots qui l’ont méprisée de haut, de loin, l’ont poussée à la véritable mort. Celle dont on ne revient jamais. Dans ses souvenirs, ça n’est pas arrivé, mais Manhattan sait. Les pages pincées entre les doigts, le besoin de tout déchirer pour faire semblant que ça n’a pas existé, que ça ne devait pas se passer comme ça. Elle a vu, l’autre, grand, si classe, dans son long manteau à carreaux, l’appeler sur le bas-côté. La forcer à se retourner pour se faire tuer. À quoi bon aimer ? L’amour trahit, la haine reste fidèle à elle-même.

Il dément la manipulation et elle détourne le regard. Elle n’en croit pas un mot. Il ne se rend peut-être pas compte, mais elle sait ce qu’il en est. Elle sait ce que c’est. Les mots sont vicieux, les pensées parasites, l’aura contagieuse. L’envie, le besoin de plaire, de faire comme les autres, de leur montrer qu’on est pareils. La manipulation est silencieuse, plus dangereuse, encore, quand elle n’est pas volontaire, quand elle s’installe comme si sa place avait toujours été là et qu’il ne pouvait pas en être autrement. Mais elle ne juge pas, Mana. Elle s’en fiche, au fond. Il peut faire ce qu’il veut de toutes ses pétasses. Elle ne se laissera pas prendre au jeu. L’envie de vivre, de croquer la vie à pleines dents, le besoin de vengeance, aussi. Manhattan est trop vivante pour sombrer avec lui, alors qu’il ne sombrera jamais avec elle. Elle est lucide, elle. Elle a connu pire que lui.

Et voilà qu’il parade.

Elle le regarde lire ses méfaits, déballés sur l’internet, sans aucune intimité pour ceux qu’ils ont été. Elle s’inquiète, soudain, de ce qu’on pourrait trouver sur elle, de ce qui a été dévoilé, noté, détaillé. L’idiote méprisée par celui qu’elle aime, le goût du sang sur ses lèvres, l’envie de les tuer, les uns après les autres, pour leur faire regretter toutes les critiques sur son dos. Elle rêvait de villes, de grandes affiches en haut des buildings. Elle n’a eu que les pins, immenses, dressés au-dessus de son corps vidé d’énergie, vidé d’un quart de sa vie. Combien de vies a-t-elle prises ? Combien en a-t-elle épargnées dans la peur qu’ils ne reviennent d’entre les morts pour continuer à l’emmerder ?

Quelles sont ses statistiques ?

Manhattan se détourne de la question retournée contre elle, les lèvres hermétiquement fermées sur la vérité. Elle a bien vu ce sourire. Elle a entendu son rire. Elle ne veut pas être rangée dans la même case que lui, mais il ne soupçonne pas la moitié des choses qu’ils partagent. Elle ne veut pas, non plus, avouer qu’elle le jalouse un peu. Qu’elle aurait aimé, elle, voir Yokohama, Tokyo, Kyoto, n’importe quelle ville qui soit loin, très loin de son village moisi, perdu dans les montagnes, coupé du monde entier. Déambuler sur les trottoirs en faisant claquer ses talons, ses yeux sombres levés sur toutes les pancartes lumineuses, les vidéos publicitaires, la foule qui se presse dans les rues, sans la voir. Là où elle aurait pu briller, elle aussi, sans finir sous les roues d’un pick-up.

Aucune réponse. Elle préfère le laisser mariner dans le silence, le temps qu’il s’enfuit avec ses affaires et qu’elle le poursuive, de quelques bonds, pour venir se serrer contre lui, comme s’ils étaient de grands amis. Douce illusion pour le monde. La rivalité est là, posée à leurs pieds, accrochée à leurs chevilles. Elle en a marre d’être jugée, Manhattan, rangée dans la boîte qu’il a créée pour elle. Qu’ils ont tous ouverte pour l’y ranger, sans chercher à creuser la vérité. Il est trop tard, désormais, pour gratter la surface, essayer de comprendre ce qui se cache derrière ses jugements, ses regards baissés sur les autres pour les mépriser comme on l’a méprisée, sans raison. Qui a besoin d’une raison pour être méchant ?

Dans une autre vie, elle l’aurait croqué, peut-être. L’information est posée entre eux, incompréhensible pour celui qui ne connaît pas son monde, les monstres qui se dissimulent dans les ombres. L’ongle pointé sur son artère, elle regrette de ne plus pouvoir lui prouver que, contre elle, il n’aurait rien pu faire. Une fois que les crocs sont plantés, le pantin n’est qu’un petit chien docile entre ses mains. Il obéit quand elle ordonne. Serait-il revenu à la vie, celui-ci ? Elle ne l’espère pas pour le monde.

Elle attend qu’il ait fini de déblatérer ses conneries, les yeux clairs fixés dans la nuit, percent l’obscurité qui n’a plus de secret pour elle. Il la sous-estime, comme tous les autres, la foule au pied sans la moindre honte, sans même s’en rendre compte. Il méprise tout ce qu’elle est et a été, sans chercher à comprendre ce qu’elle dit, ce qu’elle a fait, ce qu’elle pourrait faire. Ce sont ceux qui n’ont plus rien à perdre qui sont les plus dangereux. Ceux qui dansent dans le caniveau dans lequel on les a jetés. Heureusement pour eux, elle s’est écartée de lui, a lâché ce bras qu’elle a serré contre elle comme une peluche pour combler sa solitude, elle aurait, sinon, planté ses ongles dans la peau si fragile de sa main, pour lui faire regretter de planter, coup après coup, un pieu dans son cœur. De toucher à tous les coups.

– Peu importe combien j’en ai tués, décrète-t-elle, pour répondre à la question restée sans réponse. J’ai été la première mort à hanter un village entier. À pousser les idiots à l’insomnie, à l’hystérie. À leur faire regretter de m’avoir méprisée, parce qu’ils ne savent rien faire d’autre que cracher sur ceux qui n’ont rien demandé.

Son regard se détourne de lui, du poison qu’il insinue en elle, à la forcer, ainsi, à briser ses propres murs, à avouer ce qui l’a poussée à se réfugier dans la méchanceté, la violence, le besoin de mépriser pour ne pas être méprisée. Ce qui n’a pas fonctionné. Même dans la mort, elle n’a pas connu de répit. Les critiques balancées sur sa route, sans chercher à la connaître, à la comprendre. Elle était trop jeune pour s’en défendre. Plus maintenant. Maintenant, elle peut affronter le monde. Maintenant, elle sait à quoi s’en tenir. Ne plus s’accrocher inutilement aux autres.

– Crois-le ou pas, je m’en fiche, mais toi et moi, on vient du même endroit. J’aurais aimé connaître Yokohama et je peux t’assurer que personne ne m’aurait arrêtée. Ne me range pas dans le même sac que toi.

Après tout, depuis le temps qu’elle sévit, personne n’a arrêté celle qui a tout commencé. Une simple gamine, bloquée dans sa jeunesse, les crocs les plus cruels et les plus tristes que Manhattan ait jamais connus. Mais elle n’aurait pas été aussi bête que Sunako, elle. Megumi n’aurait jamais essayé de fonder une communauté de revenants. Elle sait qu’il ne faut, jamais, dépendre de personne, toujours obtenir les choses d’elle-même, sans avoir besoin d’aide, sans réclamer d’aide.

– T’aider ? (Elle ricane d’un rire sombre, froid.) Ne te moque pas de moi. Tu n’as pas envie d’être aidé. À quoi bon me fatiguer pour un abruti dans ton genre ?

À quoi bon aider le monde, alors qu’il profite de la première occasion pour la laisser tomber ? Manhattan a compris que la gentillesse n’existe pas. Il n’y a que les intérêts personnels, qui passent avant tout le reste. À une autre époque, sûrement, elle aurait pu donner sa vie pour un autre. Maintenant, elle a compris, elle a ouvert les yeux, elle ne se laissera plus berner par les mensonges du monde entier. Elle préfère, aussi, ignorer la moitié de ses mots, pour ne pas s’énerver sur le mépris qu’il crache à ses pieds, cette façon toute à lui de la sous-estimer sans la connaître. Comme tous les autres, au final, il n’a rien de plus qu’un masque différent de celui que porte le reste du monde.

– Tu ne comprends pas, souffle-t-elle, avec un ricanement désabusé. Ou tu refuses de comprendre, c’est à ton choix, ça ne change rien au résultat. Je suis morte, oui, mais je ne serais pas venue avec toi dans « l’au-delà dont on ne revient pas ». Je t’y aurais poussé avec plaisir, comme tous les autres. Mais rien ne jure que tu ne serais pas revenu à la vie, toi aussi. (Elle passe, pensivement, la langue sur ces dents qui ne sont plus celles d’avant.) Et crois-moi, tu n’aurais pas eu le choix. Il aurait suffi d’une fois pour que j’obtienne tout ce que je veux de toi.

Une seule petite morsure, au creux de la gorge, du coude. Ses crocs profondément plantés dans sa chair pour lui faire comprendre qu’elle n’est plus une victime. Sauf qu’ils ont été limés, arrachés à ses mâchoires par le Sort Noir. Est-elle redevenue une victime ? Elle ne veut pas y croire, les lèvres pincées sur la vérité, alors qu’il regarde sa montre avec insistance, jure qu’il devra en trouver une autre. Ses mots lui font mal et elle essaie, tant bien que mal, de ne pas le montrer, de garder le menton levé sur son indépendance. Sauf qu’elle n’a jamais été indépendante. Abandonnée sur le trottoir, oui, mais les mains toujours tendues vers le premier qui passe.

Et, cette fois, c’est lui.

Alors, elle tend les doigts, les glisse entre les siens, tire pour qu’il cesse d’avancer sans elle. Elle relève des yeux durs sur lui et prie tous les dieux du monde pour que l’obscurité l’empêche de voir autre chose, au fond de son regard. Quelque chose qui ne doit pas être dit, montré. Il ne soupçonne pas la moitié des choses qu’ils partagent, elle continue de le penser. Au fond, ils ont le même vide dans l’âme. Sauf qu’elle sait, elle sent que le sien, à lui, est choisi, comme une illusion posée sur lui pour qu’il continue d’être un autre, de se parer d’une armure qui ne lui va pas. Elle, elle n’a rien demandé. Il est juste naturel de l’abandonner.

– Tu vois, tu veux déjà te débarrasser de moi, feint-elle, en désignant la montre qu’il vient de regarder. Alors cessons de traîner, tu ne marches pas assez vite.

Les ongles à peine plantées dans la peau de sa main, elle fait mine de l’avoir prise pour le tirer en avant, en accélérant le pas. Se cacher a toujours été sa spécialité. Le jeu est rôdé, même si la carapace est fissurée. Elle préfère se tenir un pas devant lui, continuer de tirer sur cette main qu’elle ne lâche pas, pour ne pas voir la compréhension au fond de ses yeux noirs. Il vaut mieux qu’elle se persuade qu’il ne comprend rien.

– Tu te trompes, tu sais. Si tu étais vraiment vide, comme tu le dis, ce n’est pas la mort que tu chercherais si désespérément. C’est plus accommodant, pour toi, pour les autres, de faire croire qu’il t’en manque une partie, qu’on ait envie de se dire pauvre garçon, où est donc la dernière pièce de son puzzle ? (Elle exagère la compassion de ceux qu’elle méprise, avant de jeter un coup d’œil par-dessus son épaule pour le regarder de haut en bas.) Tu es trop plein et tu sais pas comment le gérer. Joue pas les victimes, t’es clairement le bourreau de ton histoire.

Elle hausse les épaules, innocente, et reprend sa contemplation de la route, alors même qu’elle n’a aucune idée de l’endroit où ils vont. Regarder les ombres, c’est ne pas risquer de croiser son regard, de voir si elle a raison, si elle a tort, qu’il voit dans le sien qu’elle ne sera jamais, elle, le bourreau de son histoire.







Dazai Osamu
« The weak fear happiness itself »

Dazai Osamu

| Avatar : Ji Chang Wook

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| Dans le monde des contes, je suis : : Osamu Dazai

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________________________________________ 2021-05-25, 02:56 « The weak fear happiness itself »


Héroïne Shikkaku
Manhattan + Dazai
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Sa vie et celles de ses congénères exposées sur la toile aussi facilement que la photo d'un couché de soleil et voilà qu'il en riait ~ Pourtant lorsqu'il avait appris l'existence des centaines de pages internet à son nom, peu après la levée du Sort Noir, il avait été loin - très loin - d'en rire. La découverte, au contraire, n'avait été pour lui qu'une vulgaire moquerie, l'accent sur son statut de marionnette fictive avec laquelle on jouait, on s'extasiait. Très amusant. Le bouffon, ce n'était pas pour faire écho à l'auteur qui le hantait qu'il l'imitait ainsi mais bien parce qu'au fond, observé de tous dans un monde factice, il l'était. Beaucoup de fois, ce schéma s'était répété dans sa tête... Puis finalement il vint se demander ce qu'était vraiment la réalité. Qu'est-ce qui la qualifiait ? Et si cette réalité dans laquelle il vivait et qu'on prônait désormais de réelle, de vraie, d'unique, n'était toujours pas celle à laquelle on croyait désespérément ? Le détective s'était demandé ce qui faisait d'une réalité la réalité, et de comment ils évoluaient à l'intérieur. Il est certain que si Dazai Osamu l'auteur et Dazai Osamu le détenteur de pouvoirs étaient tous les deux nés dans un monde, le fait que celui-ci diffère d'un autre justifie deux évolutions bien distinctes qui, désormais, les séparaient. Aujourd'hui, le dernier en date ne voyait plus l'univers manga comme une création superficielle au fandom agité. Le produit d'une subdivision ne valait pas moins que la division elle-même.

Parfois, même, les statistiques lui sont utiles. Très utiles. Il en avait lu multitudes depuis qu'il avait recouvré la mémoire et s'amusait encore à jouer avec les données qu'il trifouillait avec joie. Tyria lui avait demandé des comptes et n'ayant pas envie de se vanter d'un passé sombre, il avait laissé tout simplement sa page Wikia s'en charger pour lui. Le nombre importait dans les circonstances actuelles, beaucoup n'est pas suffisant comme approximatif. Contrasté à l'innocence qu'il affiche, les chiffres sont encore plus grisants à dire. Il les assume même s'il en oublie le tiers, il ne s'est jamais intéressé à ses victimes, il est passé à autre chose, un autre chemin, et conte le précédent comme un voyage lointain dont il ne retient que les leçons - quelques souvenirs de passage - et, enfin, le tournant qui l'a fait changé de "pays". Une étape retenue mais par laquelle il ne se voit jamais repasser. Plus maintenant. On lui a donné une autre problématique et il se tend à la résoudre, s'attache et s'occupe d'elle comme il ne l'a jamais fait auparavant. Grâce à elle, il est là.
Avec cette fille.
Comme quoi, il n'y a pas que du bon dans son travail. Soupir.

Elle s'était vantée de l'ancien temps où il aurait pu lui faire passer l'arme à gauche si elle avait été avec lui. Dazai, grimaçant, n'a pas caché qu'il ne l'aurait pas souhaité. Mourir, oui, mais pas n'importe comment. Il y avait eu un temps où il n'y songeait pas, avant qu'on lui mette en tête certaines idées et qu'ils finissent par s'en préoccuper : il ne mourrait pas simplement car quelqu'un se proposerait à le tuer. Il a ses principes, Tyria semble s'y opposer en tout point.

Lorsqu'elle image par de grandes lignes encore trop larges, quel personnage elle a pu être par le passé et le mal qu'elle a pu faire de son côté, le détective laisse la réponse à sa question se fondre dans le noir - et n'ajoute rien à cela. Trop tard ? Trop tôt ? Non, il n'a simplement rien à dire. Il n'est personne pour juger et il ne se le permettrait pas. Il note néanmoins l'information dans un coin de sa tête, sachant qu'elle est de la part de la jeune femme une confession importante sur son passé, celle qu'il attrape à la volée au cas où aucune autre ne s'ensuive. Quant à la suite, il se fait intrigué :

"Qu'est-ce que tu entends par même endroit ? Tu parles du conte ? Du reste, il expire avec plus de nonchalance. Tu peux toujours t'y rendre mais la ville n'est pas celle que j'ai connu de mon côté. Elle n'a pas cette singularité qui attirait tant, l'équilibre du jour et de la nuit..."

Cet équilibre, seuls certains la connaissaient, à vrai dire, pour y avoir participé. Une balance qui donnait tout son charme à la ville. Sans ça, elle n'aurait sûrement été que banalité... Ou destruction. Aujourd'hui elle est vide, sans intérêt, et toute la balance se fait ici, à Storybrooke. Et ici, elle est très mal organisée. Beaucoup plus d'âmes perdues auprès desquels Dazai pourrait faire mine de se complaire - mais ce n'est pas le cas. Comme tous les autres, ils préférait ce qui était autrefois. Peut-être oui, qu'il aurait pu, là-bas, rencontrer une personne similaire à Tyria - et il est persuadé l'avoir déjà fait - mais tout le contexte aurait été différent. Là où il emmène la jeune fille, c'est un toit pour une ou plusieurs nuits, pas de quoi monter une entreprise ou trouver une raison à sa vie. Lui-même n'a pas le contrôle sur ça, désormais. À Yokohama, encore, pouvant appeler la ville sa maison, il sentait avoir ce droit de guider, d'indiquer un chemin moins boueux et plus éclairci. Ici, lui-même ne savait pas trop à quoi s'attendre...
Alors à quoi bon ?

"Ah parce que tu me connais assez pour savoir ce dont j'ai envie maintenant ? Répond-t-il avec sarcasme. Ce n'était qu'une simple proposition, tu n'es pas obligée de l'accepter évidemment. Puis suite à un silence, fin, présent assez longtemps pour faire réagir le garçon, un rire, léger, étouffé, s'échappe finalement de ses lèvres alors qu'il sent la situation évoluer. Ne t'en fais pas." Rassure-t-il avec distance.

Qu'est-ce qu'il dit exactement ? Cette phrase est si facile à compléter, elle aurait pu l'être de bien des manières. Ne t'en fais pas, dans quelques jours, si je t'écoute, le crétin que tu me penses être n'aura plus aucune nouvelle de toi. Ou bien, ne t'en fais pas, tu trouveras des gens pour qui te fatiguer, un jour. Ou peut-être, encore : Ne t'en fais pas, tu n'es pas seule à être perdue ici. Il y a milles sujets sur lesquels réconforter mais aucun ne lui a semblé nécessaire à aborder. Lorsqu'il s'est engagé, il pensait terminer avec plus d'élégance dans les détails... Finalement, tout est laissé en suspend, réalisant à quel point aucun de ses réconforts n'auraient de sens ni à ses yeux, ni à ceux de Tyria. Ne t'en fais pas, n'a et n'aura jamais sa fin et il en est peut-être mieux ainsi.

Elle enchaine les et si, ceux qu'on utilise pour changer le monde dans notre tête sans qu'il n'y ait d'impact dans la réalité. Elle semble, par ailleurs, assez fière de cet univers alternatif où elle mènerait la danse et terminerait à sa façon la vie du suicidaire sans qu'il n'y ait moyen d'y échapper. À comment elle le décrit, l'idée ne le fait pas rêver de son côté - il se satisfait donc que ça ne soit plus possible aujourd'hui et l'écoute - le regard pendu à l'horizon - tirer le tableau à voix haute. Pour ne pas faire la sourde oreille, il répond néanmoins un vague...

"Je n'en doute pas."

Il semble las - et encore plus de dos puisqu'aucun trait n'indique le contraire. Il est pensif, surtout, par ce qui doit s'ensuivre. Étrangement, il réfléchit plus à l'ami à qui il va demander service qu'au service en question qui traine à quelques pas derrière lui. Il est tard... Se dit-il en silence. Son visage, un temps, croise son reflet dans la vitrine d'une boutique fermée. Il tire la tête à sa vue, comme l'impression d'y voir le spectre de son passé. Je marche dans tes pas, regarde ce que tu me fais faire... Ou peut-être... Peut-être ai-je toujours été comme ça. Quelque chose frôle ses doigts refroidis par la température extérieure et son attention se détourne, incitée de curiosité alors que l'étreinte prend de l'ampleur. Il s'arrête. Son regard balance jusqu'à sa main qu'il sent emmêlé dans celle de l'âme égarée. Évidemment, Dazai n'en cache pas un certain étonnement, montant silencieusement l'attention sur elle, sourcils légèrement froncés d'une question suspendue. Elle confie à nouveau le peu d'intérêt qu'il pourrait porter en elle - du fait de sa montre, de son empressement. Mais elle aspire à aller plus vite. Plus vite ce sera fait, plus vite il pourra partir. Plus vite ce sera fait, plus vite sera-t-il libéré d'elle. Est-ce ce qu'elle se dit ?

Le détective, hors de ses fonctions, se laisse tirer comme un chien en laisse. Par rotation, c'est lui qui se trouve derrière désormais et elle qui mène vers une destination qu'elle ne connait même pas. Ne pouvant chercher des réponses dans le regard de celle en qui il voit une enfant, il pose le sien sur sa main qui tient la sienne. Inconscient, peut-être, mais indicatif : Elle ne le lâche pas et l'empêche de s'échapper. Non, nuance, elle se rassure... Qu'il soit toujours à la suivre. Qu'elle ne poursuive pas le chemin seule dans le noir comme une idiote alors qu'il est le seul à savoir où ils vont réellement. Elle ne fuit pas physiquement en partant devant, tête abaissée, seul ses émotions sont dissimulées, mais elle ne fugue pas du cocon que lui propose sa nouvelle rencontre. Il n'est qu'une branche, celle qu'il a fait exprès de tendre en se laissant attraper pour qu'elle ait quelque chose à mordre dans la nuit.

Puis quelques instants plus tard, Tyria reprend la parole. On ne sait plus qui apprend à l'autre à vivre, on ne sait plus qui aide qui, mais Dazai écoute tout aussi attentivement qu'on croirait qu'il découvre réellement de la jeune fille qui il est. Ses yeux s'écarquillent légèrement, il toise la coiffure teintée qui la devance, hésite à savoir quoi répondre et finalement s'arrête.

"Est-ce que tu parles de moi ou bien est-ce que tu fais référence à toi ?"

Deux mains restent attachées l'une à l'autre, car sans que celles-ci ne se délient naturellement sous la gravité ou l'éloignement de la jeune fille, Dazai ne pense pas qu'il soit une bonne idée de mettre un terme à la connexion qu'elle a formé précédemment. Ce serait un signe de départ alors qu'il n'y en a pas lieu d'être. Le jeune homme aimerait que Tyria lève le regard vers elle non pas par peur qu'il lise en elle, mais plutôt pour qu'elle lise en lui. Il demande confirmation, il aspire à la confirmation : est-ce donc ce qu'il inspire ? Le trop-plein plutôt que le vide ? Alors pourquoi a-t-il l'impression de suffoquer comme s'il manquait d'air ? Pourquoi cette impression de se noyer dans un océan sans surface ? Est-ce ça, le trop-plein dont elle parle ? Un univers limpide dans lequel lui-même semble disparaître ? Ce vide, qu'il ressent, est ce qu'il cherche mais ne trouve pas. Un manque, un creux, un trou béant - un trou noir qui aspire tout ce qui pourrait le combler. Il attend, il voit mais rien ne change. Son regard s'absente en un même ton obscur lorsqu'il y songe quelques secondes.

Et finalement, il se réveille de son voyage dans l'espace et tourne la tête vers sa droite, pointant du menton une résidence dont le portail se trouve à quelques mètres d'eux.

"C'est ici."

Sans rajouter un mot, il s'avance près de la propriété, et alors qu'il s'éloigne, son bras menace de tirer sur l'étreinte que Tyria lui porte en son bout. Il ne serre pas plus que cela, il sait - et ose penser qu'elle le ressent - que si elle n'emboite pas le pas, leur deux mains se détacheront comme deux fils fins entrelacés qui n'ont jamais été noués. C'est ce qu'on peut dire des connaissances - relations légères -, opposé à l'entourage propre. Ça n'empêche pas, dans n'importe quel cas, au détective de poursuive son chemin jusqu'au portillon métallique. Il appuie sur la poignée et l'ouvre en invitant Tyria à poursuivre.

"Après toi. Lance-t-il poliment. Tu verras, c'est un bon logement ici. Le propriétaire est un ami à moi, il continue en avançant à la suite de la jeune femme, arrivant sur le seuil. Il sourit avec un peu d'humour. Toujours prêt à rendre service ~"

S'il dit cela, c'est surtout car ce n'est pas la première fois que Dazai fait le coup à l'homme qui ne tarde pas, bientôt, à leur ouvrir. Juste après qu'il ait sonné, le temps d'attente se fait court. La lumière s'allument de sous la porte, ils entendent les pas s'approcher de celle-ci. La clé pénètre dans la serrure et finalement est tournée sur elle-même à deux reprises. Quelques secondes durant lesquelles, du côté extérieur, le suicidaire a le temps de murmurer à lui-même, un sourire indescriptible posé au coin de ses lèvres :

"Peut-être que je suis le bourreau, finalement. L'éclairage de l'entrée les aveugle, le sourire de Dazai s'étend à perte de vue à l'ami pantouflé qui les accueille avec surprise. Good Eveenniiing ! - l'accent n'y était forcément pas -. J'avais peur que tu dormes, mais je suis ravi de savoir que ce n'est pas le cas !

- À vrai dire, ça n'allait pas tarder..."

L'homme âgé de la trentaine passée - bientôt la quarantaine - est représenté sous son "meilleur" jour, lunettes arrondies à la monture rouge, cheveux tantôt bruns parsemés de quelques mèches grises et barbes de deux jours qu'il n'apprécie jamais raser de près. Son regard vert émeraude a vite fait de se poser sur la silhouette qui se tient aux côtés de Dazai. Il plisse les paupières un temps, entrouvre la bouche sans savoir quoi en sortir, puis en revenant à son ami, hésite à comprendre.

"Qu'est-ce qu'il se passe ?

- J'aurais besoin d'un de tes appartements pour la nuit. C'est pour elle. Présente-t-il d'une main. Je te présente Tyria.

- Enchanté Tyria. L'homme reste perplexe. Tu me refais le même scénario que la dernière fois ?

- Je savais que tu allais dire ça !
Le détective semble faire le fier de l'avoir deviné. Mais non, ce n'est pas la même chose, ne t'en fais pas.

- En quoi est-ce que c'est différent ?

- Cette fois-ci, assure-t-il, je m'en porte entièrement garant.

- C'est aussi ce que tu avais dit la dernière fois...

- Ah ? Il fait mine de réfléchir. Peut-être, je ne m'en souviens pas très bien."

Mais son regard de merlan frit prend vite le dessus sur la situation et la discussion n'est plus à son avantage. Lorsque le propriétaire lui tend enfin une clé, il répète qu'il sait où il vit et où il travaille avec un ton de menace similaire aux précédentes demandes. Dazai ne peut qu'acquiescer, depuis le temps, heureusement qu'il sait...

La porte se referme, l'obscurité reprend sa place et dissimule les masques. Le garçon éteint, comme la lumière du couloir sous leurs pieds, un sourire mielleux. Il quitte le seuil et s'éloigne en plongeant les mains dans ses poches de veste.

"Suis-moi."

(c) princessecapricieuse



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