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 Apprenons à rallumer [pv - Alec Sacabeu]

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Apprenons à rallumer [pv - Alec Sacabeu] - Page 2 _



________________________________________ 2021-03-10, 10:25




Apprenons à rallumer



E
lle est perdue, Liliann, plus perdue qu’elle ne l’a jamais été de sa vie. Même ce jour où l’autre a tendu les doigts vers les siens, les a glissés entre les siens, a caressé leur douceur, admiré leur longueur, décrété qu’ils étaient beaux, les plus beaux qu’il ait vus, sans doute, Lili ne s’est pas sentie si perdue. Elle s’est gorgée de l’intérêt qu’il a eu pour elle, s’est rassurée sur sa vie, à penser que, pour une fois, quelqu’un voulait vraiment d’elle, quelqu’un voyait, en elle, autre chose que la femme qui danse pour tous les yeux qui paient, pour les mains qui ont plus d’argent. Même quand il lui a demandé de l’épouser, Liliann s’est contentée de dire oui, comme toujours dans sa vie, sans prendre le temps de se poser, de peser le pour, le contre, de réfléchir à la question. En a-t-elle eu envie ?

De son mari, sans doute non. Elle l’a fait par habitude, parce que c’était ce que l’on attendait d’elle, d’une bonne femme, d’une future mère qui se doit de donner un héritier, à la famille. Une magnifique fille. De son mariage, non plus, elle n’a pas vraiment voulu. La bague, au doigt, comme un objet inconnu, une donnée non-identifiée qui lui grattait la peau, lui susurrait, parfois, de la retirer, qu’elle ne l’a jamais méritée. Il n’y a que sa fille qu’elle a aimée de toute sa vie, sur laquelle elle a déchargé tout l’amour qu’elle n’a pas su donner à son mari, à celui qui l’a épousée en faisant semblant de l’aimer, celui qui n’a toujours vu, en elle, que la richesse du père qu’elle a fui. Tout le reste était faux, mu par l’habitude, par un besoin de dire oui, sans savoir dire non. Elle ne s’est même pas posée la question. Elle n’a pas pris le temps de faire ce qu’elle demande à Alec de faire : réfléchir, se donner le droit de dire ce que l’on veut, de faire que ce dont on a envie.

Si elle l’avait fait, à l’époque, serait-elle toujours à New York ?
Et Béryl serait-elle morte ou n’aurait-elle jamais vécu ?

Face à Alec, tout ceci semble, soudain, clair, net, précis. Elle sent que les choses ont été ainsi, pas autrement, et qu’elle ne peut pas plus s’enfoncer dans le déni. Le déni n’est bon ni pour elle, ni pour lui. Devant celui qui a été son collègue, le seul homme qu’elle ait, un jour, aimé comme une femme aime un homme, elle se rend compte de ses propres mensonges, de ce qu’elle s’est elle-même cachée pour ne pas souffrir. À cette époque, elle aurait pu dire non, refuser les avances, se soustraire aux doigts qui, à travers elle, ont cherché son père. Elle aurait pu pour se raccrocher au souvenir d’un autre. Peut-être s’est-elle, même, perdue dans les cheveux noirs de l’autre pour penser à lui, à Alec, à ce qu’il faisait, ce qu’il était devenu, à l’espoir, en elle, qu’il ait trouvé quelqu’un pour le sortir de la vie qui était la sienne. Désormais, elle n’est plus sûre de rien. Ses certitudes s’étiolent pour dévoiler les mensonges, les choses dissimulées, ce qu’elle a pensé, tout bas, si bas qu’elle n’a pas su s’entendre elle-même.

Il ne reste que la certitude qu’elle aurait préféré que ce fut lui, son mari.

Elle le sait, maintenant. Elle le lui dit autrement, incapable de l’avouer en ces termes. Elle préfère se réfugier derrière Béryl, jurer qu’elle aurait aimé qu’il soit le père, que tout ce qu’ils ont partagé, même sans le vouloir (elle ne sait pas qu’ils l’ont tous les deux voulus, à ce moment-là), ait pu donner vie au plus précieux des joyaux. Ce qui est vrai. Elle sait qu’elle y a pensé, Lili, plus d’une fois, penchée sur le berceau de son Bébé, à caresser les joues rondes de la belle enfant, à se perdre dans ses longs cheveux noirs, dans ses grands yeux sombres. En vérité, Liliann s’est plusieurs fois demandé si elle aurait eu les mêmes peurs, face à Alec, qu’elle n’a eues face à son mari. Si, avec lui, aussi, elle se serait réveillée en pleine nuit, la boule au ventre, incapable de se rendormir sans vérifier qu’il n’a pas touché à son bébé, qu’il ne lui fera jamais de mal, qu’il n’aura pas, dans le crâne, dans le cœur, les mêmes envies que son père n’en a eues pour elle. Elle a envie de croire que non, la brune, qu’avec lui tout aurait été différent, que Béryl aurait pu les soigner tous les deux, panser leurs plaies et prendre toute la place, dans leur vie.

Maintenant, elle se dit que oui, que tout ceci aurait été possible avec lui, qu’elle aurait dû prendre les devants, cesser d’attendre, dans son coin, qu’il remarque celle qu’il ne voyait pas. Pour la première fois de sa vie, elle se surprend à regretter de ne pas avoir été le centre d’attention, de ne pas avoir su prendre sans demander son autorisation. Elle se dit qu’il est trop tard, désormais, qu’ils ne pourront plus retourner dans le passé, qu’ils ont continué leur vie et qu’il ne voudra jamais de celle qu’elle est, complètement brisée, incapable de relever le menton pour respirer. Et, au fond, elle se dit que c’est mieux ainsi, qu’elle n’aurait, sûrement, pas supporté d’être rejetée, qu’elle sait, pourtant, qu’il ne l’aurait jamais accueillie contre lui, qu’il n’en a jamais eu envie. Et c’est ainsi qu’elle l’a aimé, dans cette indifférence qu’il avait pour elle, dans cette retenue pour celle qu’il a vu trop jeune, pour celle qu’il a voulu guider comme une sœur. Celle qui n’a jamais voulu être sa sœur. Celle qui, désormais, ne veut même plus se donner des allures de mère.

Elle ne veut pas de cela, entre eux.

« Alors nous sommes deux idiots qui n’ont rien compris… souffle-t-elle, un léger sourire aux lèvres. »

Un bon résumé de leur situation alors qu’il avoue avoir eu envie d’être avec elle, quand elle avait envie d’être avec lui, alors qu’ils étaient tous les deux persuadés de l’inverse. Les doigts qu’il glisse sur son cœur comprennent qu’il ne ment pas pour les apparences, pour le besoin de soigner Liliann de sa solitude, d’aller dans le sens des envies qui bouillonnent en elle. Il ne dit pas cela pour elle, il dit cela pour lui et Lili appuie plus fort, sur sa poitrine, comme lui l’a fait, sur la sienne. Elle a envie de plonger entre ses côtes, de se réfugier contre ce cœur si chaud, si vivant, de le serrer contre elle et lui dire que tout ira bien, maintenant, qu’il peut continuer de battre, qu’il en a le droit et que plus personne, désormais, ne doit l’empêcher de le faire. Elle n’en fait rien parce qu’elle est sale, Peau d’âne, sale de tout ce qu’elle a fait, dans la vie, de tout le mal qu’elle a semé derrière elle, de ce qu’elle n’a pas fait, non plus, et qui aurait pu arranger leurs vies. À voir celui qu’elle a aimé continuer d’être ce que l’on a fait de lui, lui crie à l’oreille qu’elle est responsable, qu’elle aurait dû faire l’effort de le retenir, de lui dire ce qu’elle pensait de lui, ce qu’elle continue de penser, d’ailleurs. Mais elle n’a plus aucune légitimité, elle n’a pas le droit de le guider.

Alors qu’il pose la tête sur son épaule, Liliann glisse les doigts dans ses cheveux noirs, le caresse doucement pour le rassurer, lui dire que tout ira bien, qu’il n’a rien fait de mal, qu’il ne pouvait pas savoir. Elle essaie, par ce simple contact, de le rassurer, lui faire comprendre que ce n’est pas grave, que cela n’a rien à voir avec lui. Qu’il n’a pas besoin de répondre, non plus. Elle sait que ses désirs ne sont pas ceux du monde, qu’elle y a pensé, oui, mais qu’elle sait pertinemment qu’il ne l’a jamais vue ainsi. Elle ne nie pas qu’il ait pu avoir un certain attachement, pour elle, mais cela n’a rien à voir avec ce qu’elle avoue, du bout des lèvres, avec toute la conviction dont elle est capable en un souffle. Du moins est-ce ce dont elle essaie de se persuader, comme une carapace mise sur ses épaules pour se protéger de ce qu’il pourrait lui dire, de la manière dont il compte la repousser. Sauf qu’il fait tout l’inverse.

Dans un soupir qui glisse sur l’épaule de Peau d’âne, il avoue qu’il aurait aimé aussi, être le père de cet enfant qu’elle a vu naître et mourir, en un rien de temps. Et la main qu’il glisse sur son ventre lui brûle la peau, sous sa robe rouge. Liliann n’a plus de souffle, au creux de la gorge, tant de battements, au fond du cœur, qu’elle en a peur. Elle se surprend à la pire envie du monde, qui lui crève le corps, perce un trou profond dans son âme : elle aimerait qu’il glisse ces mains sur un ventre rond, aussi rond que le jour où elle a donné vie à sa fille. Et cette envie lui fait mal, affreusement mal. Lili ne peut pas en supporter davantage, cette fois, les larmes glissent de ses paupières et roulent sur ses joues, lentement, les unes après les autres.

« Tu n’aurais pas aimé que je sois la mère de ton enfant, crois-moi. »

Un aveu qui lui échappe doucement, comme un poison qu’elle crache à leurs pieds et qui les contamine instantanément. Elle sent les battements de son cœur se calmer, le souffle revenir, dans ses poumons. Il est celui qu’elle aurait aimé voir au chevet de Béryl, celui qu’elle aurait pu regarder, tendrement, avec son joyau entre les bras, à s’amuser de ses babillements, lisser ses cheveux noirs, d’un doigt, prendre le temps de lui limer les ongles, délicatement, pour qu’elle ne se griffe pas les joues par mégarde. Parce qu’elle sait, elle, qu’il y a beaucoup de douceur, en lui, qui ne demande qu’à sortir, prouver au monde qu’il n’est pas la bête que l’on a fait de lui. Sauf qu’elle n’a jamais été faite pour être mère, elle.

Elle écarte toutes ces pensées de son esprit pour se concentrer sur les mots de celui qu’elle ne sait plus comment appeler. Doit-elle continuer de croire qu’il est son ami ? Ou chercher quelque chose de plus qui pourrait, à l’un et à l’autre, faire plus de mal que de bien ? Elle n’en a pas la moindre idée, pour l’instant, perdue dans toutes les envies contraires qui se battent en elle, incapable d’identifier clairement les envies d’Alec lui-même. Sauf que lui, pour la première fois depuis qu’elle le connaît, ose enfin dire qu’il veut quelque chose, donner des mots à ce qu’il a envie de faire. Et ce qu’il a envie de faire…

Cette fois, Liliann ne peut pas empêcher ses joues de rougir, de se parer d’un rouge qu’elle n’ont plus connu depuis longtemps, très longtemps. Comprend-elle ce qu’il essaie de dire ou essaie-t-elle de se persuader d’une chose fausse, parce qu’elle a longtemps rêvé qu’il lui dise ce genre de choses ? Elle n’en a pas la moindre idée, elle est perdue, suspendue dans un autre temps, à l’arrêt, sans savoir dans quelle direction avancer. Puis ses yeux s’écartent des siens, glissent dans la salle, cherchent à savoir si on les a remarqués et Liliann pince les lèvres, se demande ce qu’elle doit comprendre de cette soudaine fuite, de cet intérêt pour les autres qu’elle a, elle, oubliés depuis longtemps. Elle se fiche de ce qu’ils peuvent penser.

Alors elle se lève, persuadée qu’elle a mal compris ce qu’il essaie de lui dire. Le déni revient se loger au fond de son cœur, oui. Elle ne veut plus réfléchir aux baisers échangés, à ceux d’aujourd’hui, à ceux du passé qui lui ont échappés, parce qu’elle a toujours voulu de ses lèvres sur les siennes, seulement des siennes. Elle ne veut pas comprendre qu’il ne l’a jamais repoussée, qu’il a toujours répondu, inconsciemment, peut-être, aux caresses trop insistantes de Peau d’âne, à ce qu’elle a essayé de lui arracher sans lui demander s’il le voulait aussi. Elle veut, pour l’instant, tant qu’elle n’aura pas avoué ses crimes, penser qu’il ne lui demande pas de se tenir à ses côtés, de glisser les doigts entre les siens, mais seulement d’être son ami, d’être là pour elle, de la soutenir dans l’espoir de voir ce qu’elle ne sera plus jamais.

« Danse avec moi, demande-t-elle, une main tendue vers lui. »

Danser avec elle, et non pas pour elle. Une nuance qu’elle offre naturellement, aussi simplement qu’elle lui vient en tête depuis le temps qu’elle le connaît, depuis le premier jour où il s’est occupé d’elle. Quand il accepte sa main, elle referme les doigts sur les siens, le tire à elle et s’écarte de la table, à peine, pour se donner plus de place. La musique, derrière eux, est douce, tranquille, les plonge dans un monde qu’ils n’ont jamais connu, habitués à des sonorités plus brutales, des rythmes endiablés. Tout aussi naturellement, Liliann glisse les mains sur les épaules d’Alec et relève ses yeux noirs vers les siens. Elle ne le force pas à poser les siennes dans le creux de ses reins, mais elle sent, au fond d’elle, qu’elles y trouveraient leur place, comme si son corps n’avait attendu qu’elles toute sa vie.

« Je me suis mariée à un client, avoue-t-elle, doucement, consciente qu’elle ne pourra pas répondre à sa question sans lui avoir avoué sa vie, avant. Je sais que c’était idiot, que je n’aurais pas dû. Mais je l’ai fait. Et nous ne nous sommes pas aimés, lui et moi. »

Un constat qu’elle pose entre eux, comme pour minimiser le mal de son aveu, pour rassurer Alec sur ce qu’elle lui a dit, déjà, pour lui assurer qu’elle n’a pas menti. Au fond, Liliann a toujours su qu’elle n’a aimé que lui.

« À travers moi, il pensait pouvoir atteindre mon père, sans comprendre que je n’ai plus de lien avec lui, que je n’ai pas changé de nom pour rien. Quand il a compris, il m’a demandé de reprendre le piano, de jouer sur scène, pour lui. Je n’ai jamais aimé ça, mais j’ai dit oui, encore. »

Son regard dérive, un instant, sur la scène du gala. Peut-être, ce soir, pourra-t-elle en avoir envie pour la première fois de sa vie, aimer cela comme elle n’a jamais aimé le piano. Elle n’en sait rien, pour l’instant, bloquée sur son envie de tout lui expliquer. Lui donner les informations nécessaires pour la juger. Et elle est coupable, Peau d’âne, et ses yeux le lui crient, même s’il ne peut les voir, à l’instant où elle revient se plonger dans les siens.

« Je suis tombée enceinte. Une fille, Béryl. Si tu avais vu comme elle était jolie… Trois ans, c’est tout ce qui m’a été donné pour en profiter, pour l’aimer de tout mon cœur. Mais ça n’a pas suffi. Je ne suis pas une bonne mère, Alec. Je ne le serai jamais. Mais toi… je suis sûre que tu seras parfait. Je souhaite de tout cœur que tu puisses trouver celle qui pourra te donner ce bonheur. »

Est-ce qu’à cet instant, alors que ses crimes sont à demi-avoués, elle a très envie de l’embrasser, comme la dernière fois à tout jamais ? C’est bien cette envie, oui, qui fait battre son cœur un peu plus fort, à ce moment précis. Elle n’en fait rien, pourtant, consciente qu’elle n’en a pas le droit. Qu’elle ne doit plus salir Alec de sa noirceur. Il a toujours mérité mieux qu’elle.


Alec Sacabeu
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Alec Sacabeu

| Avatar : Joe Manganiello

Personnage abandonné

| Conte : Barbie Coeur de Princesse
| Dans le monde des contes, je suis : : Hervé

| Cadavres : 628



Apprenons à rallumer [pv - Alec Sacabeu] - Page 2 _



________________________________________ 2021-03-10, 21:04




Apprenons à rallumer



A
lec était perdu. Peut être pas autant que la jeune femme. Il n’avait pas autant de déni dans son cœur. Lui il avait des certitudes. Des choses qu’il avait ancré dans le marbre, ou encré dans la peau… comme un tatouage que l’on ne pourrait effacer même avec de l’huile de coude. Il avait des certitudes qui le rendaient fébrile ici. Il n’avait pas l’impression d’être Alec le gigolo avec elle… il avait l’impression d’être Alec l’homme … Et l’homme était une personne avec une prestance bien différente que celle du gigolo. Elle était peut être plus petite que la poudre aux yeux d’un prostitué, mais elle était aussi plus forte, plus droite, plus puissante. Alec se sentait moins visible, moins exposé devant les yeux de la jeune femme. Il se sentait … un brin plus … il ne pouvait pas le décrire…Mais il avait toujours eu cette sensation avec elle. Et cette sensation n’avait pas disparu avec le temps. C’était peut être pour ça qu’il pouvait lui sourire autant, à elle. Malgré son manque de visage. Il voulait lui sourire. Le sourire qu’il ressentait dans son cœur, et non pas celui qu’il avait appris à faire pour les autres.

Tout était différent ce soir.

Et Alec n’était pas sur de bien comprendre l’importance de cette soirée encore. Il le comprendra que ce soir. Dans sa solitude, certaines choses lui sauteront au visage, le mettront à taire, l’étoufferont et le feront suffoquer. Il se sentira peut être con. Il va se sentir seul. Il va se sentir différent. Il ne le savait pas encore bien sur… Bien qu’il pouvait le deviner. La jeune femme laissait toujours sur lui une trace, une marque au fer rouge, imposé sur son cœur. Et elle ignorait elle-même cette force qu’elle avait. Ce pouvoir qu’elle avait sur lui. Il n’avait jamais voulu changer, mais quand il était avec elle, il rêvait d’être un autre.

Un homme bien ? Un père ? Un mari ? Il ne pouvait même pas s’imaginer cela. C’était quelque chose qu’il avait envoyé bien loin dans son esprit. Pour lui, cela avait le goût d’un mythe, d’une légende … que l’on raconte aux enfants pour leur donner un rêve à atteindre. Mais qui bien sur ne sera pas atteins. C’était une motivation stérile pour les faire avancer… Mais Alec n’avait jamais pensé l’éventualité d’être un vrai père ….ou pire un vrai mari.

Dans sa tête, être un père c’était être le géniteur d’un enfant. Et bien qu’il fût le genre à prendre ses responsabilités, il comprendrait que la femme ne le veuille pas. Être un mari ? Cela voulait dire que la femme devait être consentante à passer le reste de sa vie avec lui … et ça il trouvait cela bien plus aberrant, et impossible, que de mettre sa graine dans le terreau d’une femme.

- Deux idiots, en effet, mais au moins nous avons commencé à comprendre maintenant non ?

C’était mieux d’être deux idiots comprenant un jour leurs idioties, que d’être deux idiots qui ignoraient l’être … en tout cas c’était ce qu’il pensa alors qu’il observait la jeune femme. Vaut mieux tard que jamais aussi avait apparu dans son esprit, mais il ne préféra pas analyser la situation. Alors qu’il faisait un câlin tendre, dans la tristesse et l’amour qui étaient communes à leur deux cœurs, Alc sentit les larmes. Il les sentit tomber contre ses joues, et il releva les yeux. La phrase qu’elle lui donna ainsi était étrange.

Comme une tâche dans un tableau. Comme un mensonge au milieu de vérité. Comme une marée noir dans le bleu de la mer. Cette phrase tombait comme une fatalité qu’Alec ne voulait pas entendre. Alors … aussi naturellement qu’elle avait parlé, il répondit.

- Je n’aurais pas vu de meilleur personne pour être la mère de mon enfant.

Il y avait Vanessa. Sa mère à lui. Sa mère qui n’était de mère que le papier dans lequel elle l’avait reconnu. Vanessa était une femme. Mais elle n’avait jamais été une mère. Une femme d’affaire bien plus. A contrario, il y avait elle. L’essence même de la mère, de la femme qui a de l’amour à donner. Et Alec savait qu’elle n’aurait pas besoin d’enfant pour être une mère. Elle était le genre à vouloir donner tout ce qu’elle avait dans le cœur. Il posa ses mains sur ses larmes. Il ne voulait pas voir de larmes sur ce doux visage.

Elle finit par observer autour d’elle … et il se demanda ce qui a pu attirer son regard. Il approcha son visage d’elle et essaie de suivre la direction de ses yeux. D’un coup, elle se leva. Il se demanda qui elle avait pu voir, sentir, entendre, pour avoir cette réaction. Il l’écouta ensuite. Tranquillement. La main tendu de la jeune femme vers lui, il sourit. Et il prit doucement sa main, se relevant à son tour alors qu’il se déplacer déjà pour aller avec elle sur la piste de danse.

- Avec grand plaisir. Je danserais avec toi. Pour toi.

Oui. Il n’avait pas compris. Mais il avait envie de danser pour elle. Lui n’aimait pas plus danser que cela … et il ne connaissait pas beaucoup de danse ce salon pour tout avouer … bien qu’il connaisse des danses à faire dans un salon. Mais ce n’était pas la même chose. Bien sur qu’Alec, une fois levé, mit ses mains là où il fallait. Parce que c’était là où ses mains trouvaient sa place. Naturellement. Il ne voulait pas briser cette bulle dans laquelle ils étaient tous les deux. Il voulait se réconforter à l’intérieur. Oublier le monde, son extérieur, ses personnes, ses clients. Il ne voulait pas sortir de ce moment de sérénité qu’ils possédaient enfin. Dans les bras de cette femme, il se sentait toujours différent… et assez étrangement, il se sentait encore plus à sa place maintenant que des barrières de non-dits avaient été affaissé entre eux. C’était un moment de bonheur presque absolu.

Presque absolu. Parce qu’elle continua à parler. Et Alec ne pouvait que l’observer. Que la regardait. Que …. Attendre la suite ? Il fit une grimace. Il était un peu triste pour elle. Il se demandait comment elle avait du souffrir…. Et ça lui faisait du mal aussi.

- Est-ce qu’il t’a fait du mal ?

C’était la première question à poser. Il ne voulait pas réellement savoir s’ils s’étaient aimés. Peut être ne s’aimait il pas du tout ? Mais il voulait comprendre la nouvelle façon de fonctionner de la jeune femme. Elle avait … grandit ? Non. Ce n’était pas ça l’idée… Elle avait prit une tristesse en plus dans son cœur.

- Il t’a forcé … ? Je veux dire … pour le piano.

C’était ainsi qu’il le voyait en tout cas. Pour lui, il avait forcé la jeune femme à faire ce qu’elle ne voulait pas. Il l’avait manipulé par sa gentillesse. Elle était bien trop gentille pour dire non. Pour ne pas vouloir faire ce qui arrangerait tout le monde. Elle le faisait par amour pour les gens. Puis, elle parla de sa fille … et son cœur déjà serrer par tous les aveux déjà dit, se serra à nouveau. Il fut triste de l’entendre parler de la mort de sa fille. Il déplaça une de ses mains et la posa sur son bras pour lui prendre doucement la main.

- Je suis sur que tu es une bonne mère. Liliann …

Il remonta sa main, qui avait touché celle de la jeune femme, et la remonta le long du bras de la jeune femme, puis sur son épaule, puis sur sa joue et la caressa dans une délicatesse qu’ils se connaissaient bien maintenant.

- Je n’ai pas envie de vivre ce bonheur avec quelqu’un d’autre que toi.

Il venait de dire ça comme ça. Nature, peinture. Il venait de dire ce qu’il pensait… Ce qu’elle semblait ne pas avoir compris… et que lui aussi n’avait pas compris jusqu’alors. Il sourit alors, dansant doucement avec la jeune femme. Il ne savait pas réellement danser mais il la suivait dans un sourire.

- Désolé. Tu n’as pas à me répondre tout de suite, ni même à répondre d’ailleurs. Je voulais juste dire que tu sous estimes peut être ta propre capacité à donner envie aux gens de toucher le bonheur… et tu es la première personne a me donner envie de toucher ce bonheur. Je ne vois personne d’autre pour le faire comme toi.



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Apprenons à rallumer [pv - Alec Sacabeu] - Page 2 _



________________________________________ 2021-03-18, 20:29




Apprenons à rallumer



E
lle ne sait plus, Liliann, ce qu’elle dit, ce qu’elle avoue, ce qu’elle doit continuer de dire et ce qui ferait mieux d’être tu. Elle balance tout, sans distinction, sans plus réfléchir, incapable de réfléchir. Elle a envie de tout lui dire, comme sa dernière défense pour qu’il la jette, ou le dernier obstacle, entre eux, pour qu’elle se jette contre lui. Elle n’arrive plus à s’y retrouver, elle-même, dans toute cette complexité. Elle veut qu’il comprenne ce qu’elle a fait, ce qu’elle a été, mais elle ne lui demande pas son avis, s’il en a envie. Peut-être ne veut-il pas l’entendre dire qu’elle a été mariée, touchée, frappée, qu’elle a tué sa fille par sa négligence. Peut-être ne veut-il rien entendre. Peut-être ne reste-t-il face à elle que par le contrat qui les tient liés pour la soirée. Peut-être, oui.

Et ses peut-être s’envolent en éclats à l’instant où elle repense aux baisers échangés. À la douceur d’Alec sur elle, ses mains sur son ventre, ses lèvres sur les siennes. Personne ne l’a forcé à faire cela et elle sait, au fond de son cœur, qu’il ne l’a pas fait pour elle, qu’il ne s’est pas forcé pour lui faire plaisir. Parce qu’elle a été comme lui, accrochée au même métier, prête à faire beaucoup de choses, mais peu de baisers. C’est ainsi. Comme une règle inviolable qu’elle n’a, pourtant, pas hésité à violer avec lui, plus d’une fois, dans cette vie et dans l’autre, à n’en jamais reparler comme si rien n’était arrivé. Sauf qu’elle s’en souvient, elle, comme d’aujourd’hui, pendue à ses souvenirs indélébiles qui, d’habitude, lui pourrissent la vie. Cette fois, ils sont doux, chaleureux. Elle veut les serrer contre elle et ne pas les lâcher. Elle sent qu’ils pourraient en effacer d’autres, remplacer les mains dont elle ne veut pas, dans son dos.

C’est peut-être pour cela qu’elle s’écarte, qu’elle ne répond pas à ses mots, à cette assurance dont il fait preuve pour jurer qu’il n’y aurait pas eu meilleure qu’elle, pour lui, pour devenir la mère de son enfant. Et dans cette certitude, soudain, elle trouve un passé qui la ronge, qui la force à pincer les lèvres, à croire que ce n’est plus le cas aujourd’hui, qu’il a raison de se détourner de cette impression. Maintenant, elle n’est plus qu’une ombre, un fantôme qui rôde dans les coins sombres. Elle n’a plus rien de la mère qu’elle fut. Il ne veut plus d’elle, désormais, pour être la mère de son enfant et elle s’étonne, elle, de ne pas savoir si elle l’aurait voulu, si elle aurait été capable de dire oui ou, pour la première fois de sa vie, de dire non avec toute sa conviction. Et ce doute la perturbe plus que de raison. Elle aurait aimé avoir une réponse à donner, jurer sur ses vies qu’elle ne peut plus avoir ce rôle-là, que sa chance est passée, qu’elle ne peut pas faire cela à son Bébé. Pourtant, le doute est là. Le oui accroché aux lèvres non pas par incapacité à dire non, mais bien par envie de dire oui.

Pour se séparer de ces idées qu’elle n’aime pas, de son soudain besoin, aussi, de lui expliquer sa vie, après son départ. Ce qu’elle a fait, ce qu’elle a vécu, ce qui a amené, sur ses épaules, une charge de plus. Pour tout mettre de côté le temps qu’il la juge, Liliann se lève et lui propose de danser avec elle. Avec elle et non pas pour elle, comme d’autres le lui demandent, sans cesse, et le paient pour cela. Elle ne veut pas, elle, qu’il range cette danse dans la même catégorie que les autres. Elle ne veut pas qu’il accepte parce qu’il est payé pour le faire. Elle veut qu’il puisse lui dire non, la repousser, lui expliquer que c’est bien mieux s’ils restent à leur table, s’ils ne se dressent pas au milieu de toutes les autres pour attirer les regards de ceux qui ne dansent pas. Mais il dit oui. Et il dit ce pour dont elle ne voulait pas.

Les lèvres pincées, Liliann ne sait pas quoi lui répondre. Elle a presque envie de reprendre cette main qu’elle lui tend avant qu’il ne l’attrape. Avant qu’il ne soit trop tard. Elle veut revenir sur ses mots pour qu’il comprenne ce qu’elle lui demande. Mais elle sait, tout en même temps, qu’elle a besoin de cette danse pour lui avouer ce qu’elle a fait après lui. Alors, elle ne dit rien, elle se contente de sourire un peu, à peine, de refermer ses doigts sur les siens, quand il lui prend la main. Peu importe, au fond. Ce n’est que la vérité, la base de leur relation, de cette soirée. Elle s’est perdue dans d’autres idées, dans d’autres pensées, dans d’autres passés. Elle a cru ce qui ne pourra jamais arriver, parce qu’elle a besoin des autres, de leur compagnie, de s’accrocher à eux pour survivre, même si elle a toujours voulu se persuader du contraire.

Ils sont amis, rien d’autre.
Et elle ne le paiera pas pour le reste, pas elle.

Elle en rêvera peut-être. Comme une certitude qui s’enracine au fond de son cœur, à l’instant où les mains d’Alec glissent dans son dos, au creux de ses reins, là où elles ont leur place, les seules mains qui ne la font pas frissonner de peur. Cette certitude, en revanche, lui fait un peu peur. Elle n’a plus d’envie depuis tant de temps, ni de rêve qui ne finisse pas en cauchemar, qu’elle ne sait pas comment réagir, comment faire. Elle se demande comment c’est possible. En si peu de temps, Alec a bouleversé sa vie, tout mis sens dessus dessous, tout chamboulé pour qu’elle ne sache plus s’y retrouver. Sa vie merdique, obscure, qui prend soudain des couleurs et chatoie doucement. Il n’a eu besoin que de quelques mots, des gestes gentils, de seulement se tenir là, devant elle, comme une ombre surgie de son passé. Il lui a suffi d’être lui, de sourire, d’accepter qu’elle revienne dans sa vie. Ce n’est pourtant rien, même pas plus que ce que d’autres ont fait, avant lui, pour elle, mais tout semble différent, avec lui.

« Il n’était pas méchant, non, le rassure-t-elle, il ne m’a jamais frappée. »

Peut-être a-t-il eu, pour elle, une tendresse qu’elle n’a pas comprise ? Elle en doute, Peau d’âne, persuadée qu’il ne l’a pas plus aimée qu’elle ne l’a aimé. Elle s’est accrochée à une idée, à une envie de s’extirper de son métier, à la possibilité de plaire à un autre, qui a été doux, au final. Plus doux que d’autres. Jamais plus doux que lui et sa façon toute à lui de s’inquiéter, d’abord, du mal que son mari aurait pu lui faire. Elle ne sait pas si elle doit conclure qu’il se fiche de l’amour qu’ils auraient pu avoir, l’un pour l’autre, son mari et elle. Elle ne sait pas si elle doit croire que cela ne le touche pas. Elle sait, au fond, qu’il ne l’a jamais aimée comme elle l’a fait, de son cœur détraqué. Elle sait que cela n’arrivera jamais.

« J’ai dit oui. »

Un aveu qu’elle pose là, entre eux, comme l’évidence qu’elle se doit d’être. Liliann n’a jamais su dire non et Alec le sait, il l’a vue faire. Elle continuera ainsi toute sa vie, sans doute, incapable de retrouver, au fond de son cœur, la mère qui sait froncer les sourcils, tendre un doigt autoritaire et exiger que l’on fasse une chose pour elle. Cette femme n’a eu que trois ans pour exister avant d’imploser.

« Ça lui faisait plaisir. Il disait qu’il aimait ma musique, que j’avais de beaux doigts. C’est idiot, n’est-ce pas ? À défaut de pouvoir l’aimer, je voulais faire ça, pour lui. Je voulais qu’il soit fier de moi. (Elle soupire, sourit à peine, de manière un peu crispée.) Ça n’a pas été très réussi. »

Elle ne sait pas comment lui dire qu’elle l’a quitté, qu’elle ne veut plus en entendre parler, qu’elle a peur de le voir, parfois, dans les rues de Storybrooke. Elle ne saurait pas quoi faire, si elle le croise, s’il vient à se rendre compte qu’elle est revenue, sans le lui dire. Elle espère qu’il est parti, qu’il ne reviendra jamais, lui.

Ses pensées sont détournées de ces préoccupations, à l’instant où la main d’Alec quitte son dos pour se poser sur sa main. Liliann plonge ses yeux dans les siens, se demande ce qu’il pourra dire avec cette douceur dont, soudain, elle veut se défaire, persuadée que les mots ne lui plairont pas. Elle reste immobile, pourtant. Elle attend, en apnée, qu’il lui donne sa sentence. Et quand elle tombe, Lili sent les larmes qui reviennent, au bord de ses yeux. Elle a envie de le démentir, de lui dire de parler au passé, que ce n’est plus sa vérité, que cela ne l’a jamais été.

Les mots se bloquent dans sa gorge, coincés par l’assurance avec laquelle il le lui souffle, par la main qu’il glisse sur son bras, jusqu’à sa joue. Elle se gorge de sa douceur, se demande comment il peut lui dire, encore, qu’il n’a jamais été doux. Il n’est que douceur, avec elle, une douceur comme elle n’en a jamais connu ailleurs, même chez ceux qui se croyaient doux, avec elle. Et ses doigts ont l’air si chaud, sur sa peau froide, essaient de lui redonner un peu de leur chaleur. Ils y arrivent presque, en vérité, comme personne n’y est arrivé avant lui. Elle appuie même sa joue contre sa main pour le sentir un peu plus, contre elle, alors que ses yeux noirs n’osent plus regarder les siens. Elle a peur de ce qu’elle pourrait y avoir.

Et soudain, le feu ne vient plus de ses doigts, mais de ses joues, alors que Liliann relève le regard vers Alec, essaie de savoir si elle a bien entendu, si ce n’est pas une illusion de son esprit, emporté par la danse, la musique. Elle n’est pas certaine de ce qu’il insinue, mais son cœur essaie d’en croire ce qu’il veut, de lui dire qu’elle a bien compris, que c’est bien à elle qu’il le demande, pas à une autre, que cela n’a rien à voir avec la soirée, le jour qu’elle a choisi pour lui donner rendez-vous, le payer pour avoir un peu de son temps pour elle. Mais elle n’arrive pas à le croire, bloquée dans son besoin d’être coupable, de ne rien mériter, surtout pas un homme comme lui.

« Je… Je… Tu… »

Totalement prise au dépourvu, elle ne sait plus ce qu’elle dit, les mots s’emmêlent dans sa bouche et rien n’en sort d’intelligent, d’intelligible. Elle ne sait pas ce qu’elle doit répondre, totalement perturbée, bousculée dans sa zone de confort. Elle a soudain envie de son manteau poilu, de se réfugier dessous, de disparaître, se jurer qu’elle n’a rien entendu, qu’il n’a rien dit, que tout ceci est faux, inventé, imaginé. Elle essaie, alors, de se persuader qu’il y a un autre sens à ses mots, qu’il ne lui demande, peut-être, que d’être le ventre pour porter son enfant, rien de plus. Ce qui est déjà trop, au fond. Elle sait qu’elle ne peut pas, même pour lui, même si elle a envie de lui dire oui.

Et il s’excuse et Liliann est encore plus perdue. Elle ne sait plus ce qu’elle doit comprendre, ce qu’elle doit mettre de côté, ce qu’elle doit garder. À quoi doit-elle répondre ? À quoi ne doit-elle pas répondre ? Combien de temps a-t-elle pour réfléchir ? Réfléchir à quoi ? Ne peut-elle se contenter de dire oui, comme toutes les autres fois de sa vie ? Elle n’en a pas envie. Et elle sent que, pour la première fois, ce n’est que parce qu’elle veut, vraiment, se poser, prendre le temps de comprendre, de peser le pour et le contre. Parce qu’elle sent qu’elle a le droit de dire non, qu’on lui demande vraiment son avis. Alors… elle rit. Un tout petit rire, léger, qui n’est qu’un souffle entre ses lèvres sombres. Aussitôt, sa main vient se poser devant sa bouche, cacher ce rire qu’elle n’a plus eu depuis longtemps, tant de temps qu’elle ne saurait plus dire à qui elle a donné le dernier.

Un petit rire un peu gêné, mais qui est, tout de même, amusé.

« Tu ne sais pas danser, Alec. Je pensais que… que tu l’aurais déjà fait. »

Parce qu’elle l’avait imaginé dans les bras d’une autre, tout serré contre elle pour un slow langoureux, doux et sensuel, plein de tendresse. Parce qu’elle pensait qu’il avait, peut-être, aimé une femme. Que ces choses se font, pour un couple. Mais c’est à peine s’ils bougent, avec la grâce d’un éléphant, alors même qu’ils sont, tous les deux, capables de choses que personne, dans la salle, ne pourrait soupçonner en les regardant, à cet instant. Alors, Liliann cesse de bouger, les mains bien à plat sur les épaules de son ami. Il reste une trace du rire qu’elle a eu, sur ses lèvres fendues d’un sourire. Ses doigts glissent finalement sur le visage d’Alec, caressent ses joues comme elle a tant aimé le faire, autrefois.

« Tu ne sais pas ce que tu dis, souffle-t-elle, en perdant peu à peu son sourire amusé pour celui, triste et tendre, dont elle a l’habitude. Tu es perturbé par tout ce que je t’ai avoué, tout ce que j’ai fait pour t’avoir pour moi, ce soir. Tu regretterais vite tout ce que tu dis, après réflexion. Tu ne vois personne parce que tu n’as pas encore pris le temps de regarder autour de toi. Tu n’as pas à t’excuser, c’est normal. Je pense que j’ai agi comme toi, avec mon ex-mari. »

Parce que ses mots sont tombés au bon moment, parce qu’il l’a un peu poussée quand elle en avait besoin, quand elle n’en pouvait plus sans le savoir elle-même. Parce qu’il était là, tout simplement. Elle ne doute pas, Liliann, qu’il en va de même pour Alec. Qu’en d’autres circonstances, il n’aurait, sûrement, pas accepté cette sortie, aujourd’hui, qui doit lui promettre moins d’argent que d’autres soirées de Saint-Valentin bien arrosées, même si Lili a gonflé la note autant que possible, sans que cela ne devienne suspect. S’il a accepté, elle devine qu’il ne voulait pas travailler, qu’il est ici pour s’éviter le reste. Elle est tombée à pic, elle, avec ses promesses de liberté.

« Ce n’était pas de l’amour et ça a très mal fini. C’est ainsi. »


Alec Sacabeu
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Alec Sacabeu

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Apprenons à rallumer [pv - Alec Sacabeu] - Page 2 _



________________________________________ 2021-03-20, 22:30




Apprenons à rallumer



A
lec avait l’impression d’être une boite de conserve que l’on met au bout d’une voiture après un mariage. C’était quelque chose d’heureux, de magnifique, et pourtant il subissait un peu les évènements… C’était l’impression qu’il avait, bien que moins douloureux. Il avait l’impression que quelque chose se jouer d’eux …

En faite, c’était plutôt l’inverse. Depuis qu’il était né, il avait l’impression d’avoir des trous dans les mains et dans les pieds … il avait l’impression que quelqu’un jouer avec des fils sur son corps pour en faire une marionnette … que chaque pensée qu’il avait, chaque désir, chaque besoin, chaque chose qu’il avait fait depuis le début de sa vie avait été manipulé par une autre personne qui tirait les ficelles. Il avait cette impression, tenace, et toujours présente, tellement présente qu’il la sentait encore partout, tout le temps …

Il se disait que peut être, la jeune femme aussi sentait quelque chose sur ses membres. Pouvait elle avoir été manipulée comme lui. Le destin avait fait deux des jouets, des poupées au bout des fils… Mais…. Il avait l’impression d’avoir coupé ses fils… ou alors le destin en avait eu marre de jouer de lui ? Il s’était lassé de jouer avec lui ? Lui laissant des choix.

Comme celui de venir ce soir avec la jeune femme.

Il lui laissait le choix, et il avait prit le choix qui lui plaisait le plus… et même si les fils tendaient vers l’opposé, Alec n’avait pas envie d’être ailleurs. Il ne voulait plus lâcher la main de la jeune femme, plus lâcher son corps qui dansait doucement. Ils ondulaient. Ils étaient une vague à la mer, mais ils avaient leur propre conscience, les envies… Alec dans les bras de la jeune femme avait l’impression non plus d’être cette boîte de conserve, mais la personne qui conduit. Celui qui avait pris les choix de sa vie pour le mener à un « oui » qui transforme sa vie.

Ce « oui », il l’avait dit quand il avait accepté ce contrat, mais il ne le savait pas. Ce « oui » il continuait de le dire quand elle proposa de danser… Et il ne pensait aucunement à une danse contre un bar quand il disait qu’il voulait danser pour elle… Non, il voulait dire qu’il était tellement heureux, qu’il pourrait danser par envie, pour elle. Parce qu’elle était la raison de son bonheur actuelle, et que rien n’y personne ne pourra changer cela.

Il ne se sentait jamais ainsi. Avec personne. Liliann avait une magie bien plus puissante que la plupart des gens … et il se demandait Alec comment personne n’avait pu le voir, le sentir, le ressentir … elle avait le pouvoir de donner envie de faire des choses pour soi. Elle donnait envie de vivre, tout simplement. Alec savait cela déjà depuis un moment pourtant. Il savait cela depuis qu’il l’avait rencontré …

Mais à l’époque, il avait fait en sorte d’enfermer les sentiments qu’il ressentait. Il avait toujours les fils sur lui, et il n’avait pas essayé de s’en soustraire. Mais ce soir, il en avait envie. Il avait envie de tout lâcher, de sortir de la scène grotesque dans lequel il se donnait en spectacle pour aller vivre dans la vraie vie.

Cette soirée était bien plus importante qu’un contrat. Cette soirée avait le goût d’un renouveau étrange. Une nouvelle sensation adorable dans lequel il avait envie de se plonger, de se calmer, de se reposer. Un peu du moins. Et rien, de son passé, ne pourrait faire changer ce qu’il pense d’elle.

Qu’elle avait été mariée, maman, qu’elle pense avoir fait du mal à son enfant, toutes ses choses …il pouvait les entendre et les comprendre. Et il savait que son passé était lourd. Plus lourd que la plupart des personnes … Mais Alec savait aussi qu’elle avait compris son passé à lui, sans forcément en connaitre tous les détails… Si quelqu’un pouvait accepter un passé comme le sien, alors lui le pouvait aussi pour elle. Il n’y avait rien qui pourrait le détourner de cette idée. De cette quiétude qui l’habitait.

Sauf peut être si elle lui jetait au visage qu’elle ne le supportait pas et ne voulait plus jamais le voir … Echo de son passé qu’elle préférait oublier … Alec accepterait cela, même s’il ne comprendrait pas … Mais une voix, assez forte, dans sa tête, lui dit d’arrêter d’être un abruti… elle avait déjà tout dit. Elle avait dit qu’elle l’avait aimé … et Alec savait que le sentiment avait été partagé …

Les baisers. Ils les avaient partagés depuis des années déjà.

Alors Alec savait qu’elle avait une place spéciale dans sa vie. Liliann avait un statut étrange. Elle était une femme avec qui il se sent bien. Elle n’était pas une femme qui le paierait pour coucher avec … et pourtant il en avait envie. Une réalisation qui le rendait un peu nerveux. Il ne faisait, et n’avait fait, que baiser. Le terme était dur, mais c’était un fait. Il baisait. Sauf avec Liliann.

Avec Liliann, il avait fait l’amour. Il s’était senti bien avec elle, dans ses bras, en froissant les draps pour se faire du plaisir mutuellement… Et cette sensation si douce, il ne l’avait connu, et chercher, qu’avec elle … alors il pouvait l’avouer. Cela lui manquait. Il avait envie de la toucher. De toucher son corps, d’entendre ses soupirs ou ses sourires dans les gestes qu’il faisait contre sa peau… Il avait envie d’elle d’une manière si tendre, comparer à son travail … Il se sentait encore un peu sale. A imaginer cette femme dans son lit, il avait envie de se laver, de frotter son corps pour ne pas tâcher la jeune femme. Il ne voulait pas la marquer de la saleté qu’il avait mit des années à s’incruster dans sa peau…

Alec s’était inquiété d’abord sur le fait qu’il l’avait frappé … parce que c’était quelque chose qu’il n’aurait pas pardonné notre étalon …il ne pardonnerait jamais à une personne qui frappe une femme, encore moins cette femme. Savoir s’ils se sont aimés ? Il se disait que la jeune femme était bien trop belle, intérieurement, pour risquer de blesser quelqu’un qu’elle aime, actuellement. Et son passé lui appartenait … il serait même heureux Alec de savoir que pendant un temps, elle avait été heureuse, et amoureuse…

Mais là encore, il avait l’impression que ce n’était pas le cas… qu’il n’avait pas besoin de le demander … si elle aurait préféré qu’il soit le père de sa fille, c’était que l’homme qui était en effet le père de sa fille n’était pas dans son cœur … ou en tout cas, qu’Alec le supplanter, et il rougit encore une peu… la javel pourrait il laver la crasse qu’il avait ? Pour se donner la permission de la toucher ?

Il resta silencieux quand elle dit avoir dit Oui. D’un coup, il ne voulait plus que le mot de son renouveau soit « oui ». Il préférait un autre mot, un autre terme. Quelque chose d’aussi puissant mais sans être relier à un « oui » si emplit de tristesse. Il la regarda. Il regardait dans les yeux de cette âme si incroyablement pure et belle… Malheureusement, ça aussi appartenait à son passé. Et il se fit la promesse de ne jamais… Jamais… lui laisser lui dire oui, si elle ne le voulait pas du plus profond de son cœur. Il laissa sa main se perdre dans celle de la jeune femme. Caressant du bout des doigts, cette main que son ex trouvait belle. Il était d’accord. Il avait aussi aimé les mains de la jeune femme.

Même s’il les avait connus sur des zones biens plus chaudes que les tousses en épicéa du piano. Le corps d’Alec était bien plus chaud que cela. Il se demanda alors s’il devait dire ce qu’il pensait … mais la jeune femme aimait l’honnêteté, elle aimait cela d’Alec non ? Il avait été souvent honnête avec elle. Alors avec lenteur, il approcha la main de la jeune femme de sa bouche et y déposa un doux baiser.

- Malheureusement, je dois lui donner raison. J’aime tes doigts aussi. J’aime la manière dont ils ont de caresser les choses, de toujours toucher les choses avec légèreté, comme si tu avais peur de casser les choses. J’aurais été heureux à sa place, et chaque musique que tu as faite pour lui, j’en suis fière parce que je sais que c’était avec toute la tendresse du monde.

Il voulait l’entendre jouer un jour. Entendre ses mains toucher les touches de cette manière qu’il imaginait tellement bien. Comme quand elle touchait tout dans sa vie. Cette douceur ne venait pas du marionnettiste, elle venait d’elle. Emanait d’elle. C’était juste parce qu’elle existait que les fils firent lâcher. Son renouveau n’était pas un « oui » c’était « Liliann ». Juste elle. Et il sourit alors qu’il reprit sa position pour rester à ses côtés pendant la danse.

Alors il la touchait du bout des doigts. Il touchait sa joue avec sa main. Main sur laquelle la jeune femme fit plus de contact, doucement. Il la regardait alors qu’il venait de lâcher une phrase qu’il ne pensait même pas avoir en lui … et pourtant… il y pensait. Il pensait de plus en plus. Et nier ne servait plus à rien. Pourquoi nier les choses qui étaient si évidente … Il lui avait juste fallu un peu de temps pour le comprendre.

En faite, il fallait juste la voir. La retrouver. Pour se rendre compte. Il aurait pu la retrouver n’importe quand. Le lendemain de la fin de la malédiction ou dans 10 ans, cette sensation, son bonheur ne pouvait que se faire sentir. Même s’il aurait été dommage d’attendre 10 ans pour retrouver ce bonheur. Il sent bien qu’il a mit son esprit sans dessus dessous. Il l’entend aussi à sa manière d’être un peu perdu … mais lui ne fait que la regarder. Droit dans les yeux.

Son excuse était pour le désarroi qu’il venait de poser … pas du tout pour s’excuser de ses paroles. Il pensait chacune de ses paroles avec une force qu’il ne connaissait même pas. Il les pensait, et il pouvait les répétait. Mais il attendait d’abord de voir ce qu’elle disait, faisait, voulait, avant de continuer à parler. Il ne voulait presser cette femme. Il ne voulait pas qu’elle se sente … coincer.

Et d’un coup, il réalisa qu’il ne s’était pas encore laver. Il devait se laver avant …pourrait il le faire ensuite ? Pourrait il laver son passé, sa souffrance, ou la garder en lui, sans qu’elle ne le touche… avait il la permission de toucher le bonheur avec Liliann, alors même qu’il risquait de lui faire du mal sans le vouloir par sa simple présence. Il se dit qu’il en parlera plus tard avec elle… Qu’ils parleront de cela. Que pour le moment, ce n’était pas d’actualité. Il ne lui ferait jamais de mal. Il ferait en sorte que ça n’arrive jamais.

Quand elle rit, il attendait le verdict … il attendait doucement qu’elle parle et lui réponds. Même si c’était pour lui dire qu’elle avait besoin de réfléchir … mais non, elle ne parla pas du tout de ça… il pencha la tête sur le côté … et il lui sourit.

- J’attendais la bonne partenaire pour m’apprendre.

Une phrase qu’il lança, et son sourire était tendre vers elle. Cela voulait clairement dire que la bonne partenaire, il pensait l’avoir trouvé, si elle acceptait. Et qu’il pourrait peut être s’améliorer avec une bonne professeur. Il la regarda. Et elle s’arrête de bouger. Et il s’arrête aussi. Coincé sur le côté de la piste de danse, leur arrêt ne dérange personne. Alec peut rester les yeux dans ceux de la jeune femme sans plus penser à ce que les autres pouvaient voir.

Et elle lui dit qu’il ne sait pas ce qu’il dit. Alors il l’écoute. Attentivement. Il l’écouta et ne dit rien quelques secondes. Secondes utilisés pour la jeune femme pour rajouter une nouvelle phrase. Il la regarda … et …

- Viens avec moi.

Il prit sa main pour la déplacer dans une zone, pas loin du tout, mais à l’abri des regards. Là où l’ombre était obscure et que les imaginations débordantes pourront en imaginer milles monstres. Il était bien sur doux. Il s’arrêta là. Il se déplaça. La jeune femme était dos au mur, et lui en face d’elle. Et d’un geste rapide mais décidé, il s’approcha d’elle et il l’embrassa.

Il avait une main qui avait retrouvé sa place sur ses reins, et en profiter pour le rapprocher de lui. L’embrassant comme on n’avait pas le droit d’embrasser pour une autre raison que le désir, la tendresse et l’amour. Il l’embrasse. Il n’avait pas eu besoin de chercher ses lèvres avec ses mains. Il avait su où les trouver. Il avait su, et il savait encore. Il se décala à peine d’elle. Il avait le souffle court.

Il ne voulait pas la blesser. Un baiser volé était violent elle avait dit … avait il était violent ? Il se prenait encore la tête, il ne le voulait plus. Il planta son regard dans ses yeux. Il était sur qu’il voyait ses véritables yeux là. Il en était certains. Nez contre nez. Il répondit enfin.

- Je sais exactement ce que je fais, et ce que je dis. J’avoue enfin ce que je veux. Je te veux dans ma vie. Tu m’as tellement manqué que je n’ai pas voulu y penser… Mais maintenant que tu es là, que je peux te toucher… Je ne regretterais aucun de mes mots, aucun de mes gestes. J’ai assez vécu pour te certifier que je ne ressens cela qu’avec toi.

Il se sépara un peu d’elle … si elle voulait lui donner une gifle pour ce nouveau baiser volé, et ce kidnapping, elle le pouvait. Il ne regrettait pas. Il sentait en elle tout ce qui était pur et doux. Et il ne comptait pas regretter.

- Je suis sur que ça peut mieux finir tous les deux. Alors je te demande juste … d’y réfléchir. D’accord ?

Il lui tendit à nouveau sa main… Si elle la prenait … alors ils pourront continuer la soirée, et laisser la jeune femme profiter, et réfléchir sur ce qu’elle voulait faire de lui… il attendrait. Il le savait. Si elle ne la prenait pas … C’était qu’elle ne voulait pas de lui …et peut être aurait il besoin de quelques instants seul pour pleurer sur ce qu’il savait avoir perdu.



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Apprenons à rallumer [pv - Alec Sacabeu] - Page 2 _



________________________________________ 2021-03-25, 09:18




Apprenons à rallumer



C
es doigts qu’il prend dans les siens, elle a soudain envie de les lui arracher, de les reprendre pour elle et de les cacher, pour qu’il ne voit pas toute la crasse sur la peau de Peau d’âne, tout le mal qu’elle a fait, qui a taché son âme. Elle veut qu’il cesse de les caresser, de les embrasser, comme s’ils étaient fragiles, délicats, porcelaine qui ne doit pas tomber à terre, au risque de briser. Pourrait-elle se briser contre le sol, voler en éclats ? À une autre époque, elle s’est heurtée à la terre plus de fois qu’elle ne l’aurait dû. Sans cesse repoussée, jusqu’à ne plus vouloir se relever, ne plus en trouver la force, au fond de son cœur. Aujourd’hui, elle ne sait pas ce qu’elle deviendrait, à terre. Des cendres qui s’éparpillent dans le vent, sans doute. Qui collent à la peau des vivants, à défaut de pouvoir vivre elles-mêmes. Une poussière que l’on chasse d’un revers de main, sans y penser vraiment.

Mais ces doigts, il continue de les caresser, il ose même les embrasser, du bout de ses lèvres si chaudes, sur la peau sombre de la pianiste. Elle se surprend à le regarder faire, la bouche pincée sur le besoin de lui dire d’arrêter, de ne pas le faire, de la lâcher. Un besoin tu par son envie qu’il continue, qu’il aille plus loin. Par la soudaine volonté, au fond de son cœur, de lui prouver que ces mains savent faire autre chose que toucher les corps, les doigts refermés directement sur les cœurs. C’est si triste, Lili, résonne la voix, au fond de son crâne. Ses mélodies ne sont pas bonnes pour tout le monde, bloquées dans ses vies passées, à devoir ployer l’échine pour être pardonnée. Dans l’espoir d’un pardon qui n’arrive jamais.

Et il ose, alors, lui donner les mots qu’elle a, quelques fois, aimés entendre dans la bouche d’un autre, pour la nettoyer, à peine, de toute la saleté qui recouvre sa peau. Il les donne avec une tendresse qu’elle n’a jamais entendue avant, pas même de la bouche de celui qui a été son mari. Alec ne les aime pas pour les notes qu’ils arrachent au piano, pour le talent d’une enfant entraînée depuis sa naissance. Il les aime pour ce qu’ils sont devenus, du choix de leur propriétaire, pour la douceur qu’elle veut donner au monde, comme pour oublier la violence qui a été la sienne, pendant l’enfance. Il les aime, tout simplement, et les touche comme s’il pourrait, lui, les briser, les réduire à néant. Elle sait qu’il a peur pour rien, qu’il ne pourrait jamais lui faire de mal. Et elle se demande s’il a raison, s’il est question de tendresse, dans ses mélodies, s’il n’a pas, plutôt, toujours été sujet de tristesse, d’un désespoir sans fin, comme un puits sans fond, dans lequel l’écho résonne éternellement.

« J’ai rêvé qu’on me les brise, avoue-t-elle, du bout des lèvres. Qu’ils ne puissent plus jamais jouer, pour ne plus avoir à dire oui. Je l’aurais regretté, si je n’avais plus pu te toucher, m’assurer que tu es bien là, devant moi, que ce n’est pas une illusion. »

Parce qu’elle ne lui a sûrement pas tout dit de sa vie, encore, de sa folie. De cette façon toute à elle de plonger dans le passé, de le superposer au présent pour vivre, sans cesse, un pied dans l’un, un pied dans l’autre, à ne plus savoir regarder derrière ou devant. Si elle n’avait pas la certitude qu’il est bien là, dans son présent, à ses côtés, prêt à caresser ses doigts de cette façon, de danser avec elle un slow qu’il ne sait pas faire, Liliann se serait, sans doute, tournée à nouveau vers des années lointaines, le regard perdu dans le vague, à respirer un souffle d’autrefois. Sauf qu’il est bien là, avec elle, une main posée au creux de ses reins, une autre sur ses doigts, à la regarder même s’il ne la voit pas, comme si elle était la plus belle chose au monde. Elle sait que c’est faux, elle, qu’il changerait de regard s’il pouvait la voir, constater le malheur au fond de ses yeux noirs. Elle n’a jamais autant regretté d’être aussi laide, Peau d’âne, que ce soir-là, à imaginer celle qu’elle fut, celle qu’il aurait sûrement préféré voir, avec sa peau de porcelaine, ses longues boucles blondes, ses grands yeux bleus comme deux pierres précieuses. Une princesse qu’elle n’est plus depuis longtemps.

Le rire qui lui échappe lui fait du bien, la débarrasse d’une jalousie qu’elle ne se connaît pas. Une jalousie poussée, entretenue par le désespoir, ce manque de confiance, en elle, qui la pousse à croire qu’il mérite mieux qu’elle, qu’il ferait mieux de regarder ailleurs, de ne pas perdre son temps avec elle. Elle n’a jamais été l’héroïne de son histoire. Elle en a eu l’envie, pourtant. Bien cachée au fond du cœur, l’indifférence de Nahid comme masque, posé sur son visage. Qu’auraient-ils pu devenir, avec plus d’honnêteté, lors d’une vie qui n’a pas été vécue, mais écrite pour eux ? Un constat qui, soudain, jette un froid sur l’âme de Peau d’âne. Elle sait qu’elle a pensé à lui après, une fois que le livre s’est refermé sur les pages rédigées par une autre, pour s’ouvrir sur ses propres feuilles, vierges de mots, tachées de sang et de larmes. Mais lui, que pense-t-il de ce qu’ils ont partagé, de ce qui n’a jamais vraiment existé ? Elle n’est, soudain, pas sûre de vouloir le savoir, mais elle le pousse à cette réflexion, lui assure qu’il n’a pas pris le temps de regarder autour de lui, qu’il doit y avoir tant de jolis cœurs, en ville, prêts à tendre une main vers les siennes pour l’accompagner dans sa nouvelle liberté.

Ce qu’il aurait dû faire depuis longtemps, mais n’a jamais été le cas, visiblement, alors qu’Alec semble si perdu, entre les bras de Liliann, incapable de savoir de quelle façon danser avec elle. Elle a appris, elle, au bras d’un autre. Elle aurait préféré que ce soit avec lui, persuadée qu’il savait déjà tout de la vie. Tout sauf cela. Vierge de sentiments qu’aucune femme, qu’aucun homme n’a réussi à faire naître en lui. Pourquoi y arriverait-elle, elle ? Pourquoi en a-t-elle envie ? Elle n’en sait rien. Elle a envie de le contredire, de lui dire que ce n’est pas elle, la bonne, qu’elle ne peut pas lui apprendre ces choses-là. Pourtant, elle ferme ses lèvres entrouvertes sur les protestations, fronce à peine les sourcils et baisse le regard, à terre. Elle n’a pas la force de le repousser, égoïste, lâche, incapable de lui faire ce mal, même si ce n’est que pour son bien.

Elle essaie, tout de même, de lui faire comprendre les choses, les enjeux qui se jouent entre eux. Elle est lucide, Peau d’âne, sur la situation qui est la leur. Il se libère tout juste de l’emprise que le monde a sur lui, des fils qui le retiennent prisonnier d’autres mains, d’autres volontés. Il pense, enfin, à tirer de son côté, à aller où il en a l’envie, sans s’inquiéter des voix qui ordonnent derrière lui. Elle, elle s’est plantée sur sa route, au bon moment, la main tendue pour l’aider à briser ses liens, à s’extirper de leur emprise une bonne fois pour toutes. Tout comme son mari l’a poussée à cesser d’être ce qu’elle était, Liliann aide Alec à se sortir de sa propre vie.

Rien de plus.

Pourtant, il n’a pas l’air d’accord avec elle. Il l’écoute sans rien dire et elle se demande ce qu’elle doit comprendre, de quelle manière interpréter ce silence. Puis il l’emmène, soudain, à l’écart, loin des regards indiscrets, à l’abri du reste du monde. Pourquoi faire ? Elle n’en a pas la moindre idée, persuadée qu’il va, peut-être, lui dire qu’elle a raison, qu’elle n’est rien, qu’elle ne sera jamais plus qu’une collègue, une gamine croisée dans la pire situation. Tout au plus, il a, pour elle, un attachement coupable, une envie de croire qu’il aurait pu l’aider sans le faire. Rien d’autre. Peut-être un peu de curiosité, comme un nouveau jouet que l’on tourne et retourne pour en connaître tous les secrets, parce qu’elle a été la première à ne pas réclamer, de lui, mais à attendre qu’il la voit et vienne à elle, de sa propre envie.

Dos au mur, pour la première fois de sa vie, Liliann ne se sent pas prise au piège, mais protégée du monde. Elle relève ses yeux noirs vers les siens, à l’instant où il approche, d’un geste décidé, pour, une nouvelle fois, l’embrasser. Bien malgré elle, Lili frissonne de la main qu’il glisse au creux de ses reins, pour l’approcher de lui. Non pas par peur, mais par envie que cela aille plus loin, comme elle n’en a jamais eu envie dans sa vie, sauf avec lui. Est-il véritablement volé, ce baiser ? Ou a-t-elle eu envie de le lui donner sans retenue ? Elle n’a pas besoin de se poser la question, Lili, lorsqu’il se recule, le souffle aussi court que le sien. Bien malgré elle, ses doigts se referment un peu plus fort sur le t-shirt d’Alec, comme pour lui dire de ne pas partir, de ne pas la priver de sa proximité, de ne pas l'abandonner.

Puis, elle a aussitôt envie de disparaître, qu’il cesse de la regarder comme s’il la voyait vraiment, pour la première fois de leurs vies. Parce qu’elle sent, à ses joues, le rouge de la vie qu’elles n’ont plus eu depuis longtemps. L’ont-elles jamais eu autrement qu’après l’effort de ses danses, de ses instants de perdition entre les bras de celui qui ne la voit pas ? Sa peau la brûle de honte, de plaisir, du désir de croire qu’il a raison, qu’il pense ce qu’il dit, qu’il dit ce qu’il pense, que leur vérité est là, jetée entre eux, qu’aucune autre vérité ne peut exister.

Pourtant, elle doute encore.
Et elle le laisse s’écarter, ses grands yeux noirs posés dans les siens.

L’air est froid, entre eux, sur son cœur qui souffre, d’avance, de ce qu’elle se doit de dire. La seule et unique vérité est celle qui se précipite sur ses lèvres sombres, celle qu’elle aimerait faire taire, retenir en elle, bloquer à ses lèvres en se calant, à nouveau, contre les siennes. Comme la seule place qui soit véritablement la sienne. Mais elle reste immobile, elle expire ce souffle glacé qui s’est emparé de ses membres, qui roule dans son sang, qui s’écrase à terre et lui arrache un frisson. Un frisson de peur, cette fois, d’avoir raison. Et elle sait, au fond, qu’elle a raison.

« Mais tu ne m’aimes pas. »

Aveu lancé entre eux, elle sourit doucement, d’un sourire tendre, plein de tout l’amour qu’elle a un jour eu pour lui, qu’elle continue d’avoir et qu’elle aura pour toujours. Liliann le sait, elle l’a toujours su. Sauf qu’elle ne veut pas, la brune, se tenir aux côtés d’un homme qui finira par en aimer une autre, qui n’a d’affection que pour l’image qu’il a d’elle, à un instant T, et qui disparaîtra un jour ou l’autre. Pour un homme qui mérite mieux qu’elle et qui trouverait mille fois mieux ailleurs, s’il s’en donnait le temps. Ce n’est pas ça qui manque, en ville, les jolies dames, douces et gentilles, qui pourront donner à Alec tout l’amour dont il a besoin, et qui feront peut-être naître, en elle, un peu de jalousie, oui. Mais elle aura le sourire aux lèvres, Lili, devant le bonheur de son ami.

« Tu es beau, Alec. (Et sa façon de le dire signifiait bien qu’elle ne parle pas de son physique, tandis que sa main se pose sur son cœur.) Là, il y a une beauté que tu ne soupçonnes même pas. Un homme pur qui a besoin d’être chéri pour enfin s’épanouir. J’aurais aimé pouvoir être cette personne, pour toi, vraiment. Mais je n’ai plus rien à offrir. Je suis cassée, Alec, et je ne veux pas te faire souffrir. Je veux que tu sois heureux. Même si, pour ça, il faut que ce soit sans moi. »

Elle souffle sa vérité, Liliann, d’une traite, sans s’arrêter, avec sa douceur habituelle pour ne pas le brusquer. Elle ne lui veut aucun mal, mais elle sait qu’elle ne pourra pas faire autrement. Elle n’a jamais été quelqu’un de bien, au fond. Tout ce qu’elle a fait subir à son mari, par exemple… l’a-t-il un jour mérité ? Il n’a jamais montré la moindre envie de faire du mal à leur enfant, mais elle n’a pas pu s’empêcher de s’en défendre, de le tenir loin de sa fille, d’en faire des cauchemars, la nuit. Elle a dû le faire souffrir par son manque de confiance, par ses nombreux traumatismes. Elle a beau vouloir croire que les choses seront différentes avec lui, Alec, elle ne peut pas se voiler la face inutilement. Si elle en vient à le repousser, par peur du mal qu’il ne fera jamais, alors elle ne se le pardonnera pas non plus.

« Viens jouer avec moi, demande-t-elle, en s’emparant de sa main, de peur qu’elle disparaisse à jamais. Là, sur scène, pour qu’aucun autre enfant n’ait la vie que nous avons eue. »

Ses doigts glissent entre les siens, de sa délicatesse habituelle, pour lui laisser le droit de lui échapper, de dire non, de ne pas vouloir monter sur scène, avec elle, pour jouer au piano devant l’audience, récolter quelques dons pour des enfants qui en ont besoin. Comme ils en ont eu besoin, eux, sans personne pour les sortir de leur enfer. Elle fuit peut-être un peu, Lili, mais elle n’est pas sûre qu’elle puisse continuer de lui dire non, s’ils restent ici, cachés des autres, dans l’ombre, si près de lui qu’elle aimerait se réfugier dans ses bras, oublier le reste et ne plus écouter que les battements de la vie, au fond de sa poitrine. Ce qu’elle ne fait pas. Elle n’en a pas le droit.


Alec Sacabeu
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Alec Sacabeu

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Apprenons à rallumer [pv - Alec Sacabeu] - Page 2 _



________________________________________ 2021-03-25, 11:52




Apprenons à rallumer



A
lec avait l’impression … étrange … qu’il marchait sur des œufs. Aurait il préféré être ailleurs ? Non. Il était bien ici avec la jeune femme … mais marchant comme il le faisait sur … Non, ce n’était pas des œufs, c’était des mines. Il pourrait exploser, et cette situation avec lui, s’il ne faisait pas attention à ses mots, ses termes, ses gestes. Il sentait dans leur contact une fragilité qui n’avait rien à voir avec l’un ou avec l’autre. Etait il faible ensemble ? Comme un mur dans lequel on rajoute des fissures ? Et que pouvait il bien y avoir derrière ce mur ? C’était la question. La question qui ne pourrait être répondu quand prenant le risque… Il avait envie de prendre ce risque. De toute façon, depuis le début de cette journée, il ne prenait que des décisions guidées par ses envies et non la logique.

La logique aurait voulu qu’il ne soit plus là depuis longtemps. La logique aurait voulu qu’il aille dans une salle remplit de personne à combler qui l’aurait payé gracieusement. Au lieu de quoi, il était venu ici. En sachant qu’il ne serait pas aussi bien payé pour peut être le même travail … et maintenant qu’il avait les doigts de la jeune femme prés de ses lèvres …il savait aussi qu’il ne pourrait pas supporter d’être payé par elle …

Même à l’époque, il n’avait pas pu le supporter. Quand il lui faisait un « cours », qui n’avait de cours que le nom, il avait l’habitude de demander à donner sa prime à la jeune femme sans qu’elle ne le sache … parce qu’il ne pouvait pas gagner de l’argent sur le dos de cette femme. Il ne pouvait pas la penser comme une corvée, ou comme une cliente… et encore moins comme une élève. Il l’a voyait comme une femme. Si cours il avait donné, c’était souvent qu’il parlait avant de commencer, et ensuite les baisers et les caresses effaçaient le devoir qui l’incomber … Il pouvait tout oublier dans ses bras … et Alec avait plusieurs fois fini la nuit avec elle à ses côtés … en réalisant ne pas du tout avoir fait ce qu’il aurait du faire en réalité …

Il avait juste passé un bon moment. Ce genre de moment que l’on passe avec quelqu’un que l’on respecte, que l’on apprécie... et que l’on aime aussi.

Alors il ne pouvait se détacher d’elle en l’instant. Il ne pouvait voir que ce sentiment qui avait grandi à ses côtés, mais qu’il avait été obligé d’étouffer de la plus dure des manières. Alec n’avait pas le temps de penser à l’amour. Il n’avait pas le temps de penser à la tendresse. Son corps était fait pour monter sur plusieurs juments à la fois pour récupérer le plus d’argent possible pour ses frères. A l’époque, même s’il appréciait Liliann plus qu’il n’osait le dire, il n’aurait jamais rien fait comme cette nuit. Il n’aurait pas touché la jeune femme, pas embrasser ses mains, pas embrasser tout court d’ailleurs. Parce qu’il avait des responsabilités avec ses frères … il avait des choses à faire. Il n’avait jamais pu penser à ce qu’il voulait lui… Mais maintenant, il le pouvait.

Il pouvait toucher ses mains délicates et les prendre dans les siennes. Il pouvait aussi arrêter de penser à ses devoirs … Le pouvait il réellement ? Oui. Alors qu’il touchait ses mains, Alec savait ce qu’il avait toujours su. Le contact humain le dégoûte. Il déteste qu’on le touche, déteste toucher. Il déteste le sexe. Il déteste les corps. Il ne trouva pas cela beau, sensuel ou intime. Le sexe était un métier qu'il faisait. Il déteste tout ce qui a un rapport à son métier. Sauf Liliann.

Il avait aimé la toucher, et il n’était pas dégoûté de la toucher, il ne le serait jamais. Une autre femme, il l’aurait toucher pour son métier, mais même s’il pouvait bien mentir, il n’aurait eu aucune envie de plus, aucun désir ... aucune ... palpitation dans le coeur. Pas de vibration à l'intérieur même de son âme. Liliann … il aimait qu’elle le touche, il aimait qu’il la touche … il aimait ce moment de pur plaisir d’être dans ses bras, qu’elle caresse ses cheveux… et même s’il n’avait pas pu voir son visage, il savait qu’elle l’avait trouvé vraiment belle quand ils avaient fait l’amour. Les palpitations et les vibrations, il les avait ressenti à chaque fois... et il avait eu un plaisir bien plus coupable à profiter d'elle sans qu'elle le sache qu'à lui faire l'amour. Il n'était pas coupable d'aimer être avec elle, corps contre corps.

Et là était toute la différence entre les autres et elle. Il baisait les autres pour de l’argent. Il faisait l’amour à Liliann parce qu’il l’aime. C’était difficilement acceptable pour la plupart des gens quand il en parle d’ailleurs. Personne n’avait compris qu’un prostitué pouvait ne pas aimer le sexe. Après tout, il était toujours prêt à travailler dans son pantalon… mais ce n’était pas de l’envie, c’était mécanique. Il le faisait parce qu’il le fallait … mais avec Liliann il avait envie de le faire parce qu’il en avait envie.

- Je l’aurais regretté aussi. Que tu ne puisses plus me toucher. Je suis sur que de telle main pourrait apaiser la plus cuisante des brulures. Si l’envie te reprends de les briser, viens me voir, je les protégèrais.

Il ne savait pas comment mais il le ferait. Peut être simplement en posant sa main sur son cœur ? Pour lui rappeler que quelque chose battait pour elle ? Il savait qu’elle ne pouvait pas arrêter d’y penser comme ça … Ce genre de pensée avait la dent dure et restait ancré dans la plupart des esprits, même une fois que tout allait bien. Il ne voulait pas qu’elle se brise les doigts parce qu’il ne voulait pas qu’elle souffre. Cependant, lui, il ne l’obligerait jamais à faire du piano et à jouer si elle n’en avait pas réellement l’envie. Il ne l’obligerait pas à faire quoi que ce soit, avec lui, pour lui, ensemble. Rien n’était une obligation. Et il espérait qu’elle le savait déjà. Il ne voulait juste pas qu’elle souffre de ce qu’elle pourrait perdre … et il comptait bien la protéger autant qu’il le pourra.

Alec n’avait pas de « type ». Il ne pourrait pas dire les femmes qu’il trouve « belles » ou non. Il pensait que toutes les femmes pouvaient être belles. La corpulence l’importait peu. La couleur des cheveux non plus. La couleur des yeux, la forme du visage … tout ça pour lui n’était que des moyens de reconnaître quelqu’un dans la rue, quand il pouvait le voir. Pour lui, Liliann n’était pas belle que pour son physique, elle était belle aussi pour son âme. Et c’est ça qui faisait toute la différence. Alec pourrait bien être le gigolo de la Miss Univers qu’il ne la trouverait pas aussi belle qu’elle. Liliann avait cette petite chose au-delà de tout, qui faisait d’elle la femme la plus belle de toute.

Et si elle ne pourrait jamais le croire si Alec venait à lui dire.. il pourrait lui rappeler son ancien métier et elle n’aurait plus aucun argument. C’était tout. Et c’était aussi pour ça qu’il l’avait amené dans le coin sombre … Parce qu’il avait besoin de lui faire comprendre … par des gestes… par des actes. Ne dit on pas qu’une action vaut milles mots ? Non c’était une photo … mais il préférait clairement sa version de l’expression…

Alec sait ce qu’elle pense. Il le devine à sa manière de tendre son corps alors qu’il le touche encore. Ses muscles se bandent d’un déni féroce, écrit dans son code génétique certainement pour avoir cette puissance… Elle pensait qu’elle n’était qu’un « tremplin » vers une autre vie. Elle n’arrivait pas à comprendre que ce n’était pas un tremplin. C’était elle, pour toujours. Elle ou rien. Si elle venait à le repousser vraiment … à ne pas vouloir de lui… vraiment … que ferait il ?

Il n’avait jamais connu de refus … de refus romantique … parce qu’il en avait demandé un… il n’avait jamais refusé personne non plus … parce que tout le monde savait ce qu’il était. Il n’avait jamais menti, et la « romance » n’avait jamais été un thème de son histoire … et pourtant là, il ressentait quelque chose … Il savait que c’était ce sentiment si étrange écrit dans la plupart des romans d’amour.

C’était aussi pour ça qu’il l’avait embrassé… par cette envie de … d’être avec elle. De lui faire comprendre, une fois pour toute, que le sentiment qu’il ressent pour elle n’était que pour elle. Elle le savait non ? Qu’il n’embrasse jamais personne. Elle était l’exception … elle avait toujours été l’exception. Et il sentait en elle l’envie d’être avec lui aussi. Qu’il ne parte pas … l’envie d’être ensemble … d’être tous les deux, même sur une piste de danse bondait … alors pourquoi avait il l’impression qu’il allait devoir frapper ce mur plein de fissure ? Que le contact entre eux deux ne suffira pas à faire exploser le mur en milles morceaux ?

Et ce qu’elle pense de lui tomba alors entre eux …et c’est lui qui se sentit fracasser contre un mur. Il fronça les sourcils, et même son âme avait arrêté de bouger en lui… comme une statue. Pétrifier par la froideur de cette réponse qu’il n’aurait jamais pu imaginer. La seule chose qui le fit comprendre être toujours apte à se mouvoir, et que donc, il n’était pas une statue, fut qu’il sentit l’air frais dans sa nuque … ou alors était ce un frisson d’horreur ?

Il eu dû mal à écouter la suite. Ou même à répondre tout de suite … son « tu ne m’aimes pas » avait eu un effet étrange sur lui. Comme une tempête de colère qui n’était pas dirigé vers elle. Bien sur qu’il l’aime ! C’était une idée con de pensée qu’il ne pouvait pas l’aimer ! Bien sur que si ! Il la regarda. Toujours immobile alors qu’il essayait de remettre tout ça en place.

Pensait-elle vraiment qu’il embrasserait aussi passionnément, et avec envie véritable, une femme qu’il n’aime pas ? Pensait-elle vraiment qu’il pourrait y avoir une autre qu’elle ? Clairement, il avait eu envie de bouder sur ce qu’elle pense de lui. Et il avait simplement pu empêcher ce sentiment parce qu’il écouta la suite. Il se pinça les lèvres.

Merde. Merde. Merde.

Elle venait de lui sortir une autre énormité et il avait juste envie de hurler ! Il ne savait même pas qu’il pouvait avoir ce sentiment dans son cœur, qu’il pouvait avoir envie de crier quelque chose, à tout le monde, pour qu’enfin la personne qu’il désire l’entende.

Elle faisait vraiment naître en elle des sentiments nouveaux. Et il avait envie de la secouer, ce qu’il ne ferait pas parce qu’il tient trop à elle, pour qu’elle voit la vérité en face. S’il devait être éconduis, il préfère que cela soit parce qu’il la dégoute, qu’il est sale, pas pour une raison aussi idiote que « tu trouveras mieux ailleurs ». Elle sous estimait tellement sa propre force que cela en était inquiétant.

- Je ne suis pas beau.

Avant qu’elle ne puisse reprendre il remonta sur lui des yeux noirs… et emplit de la souffrance qu’il ressentait en ce moment … De la tristesse. Il n’y avait plus de colère. Il n’y avait été là que pour se punir lui-même … et jamais cette colère ne pourrait atteindre la jeune femme. Il reprit la parole sans lui laisser le temps de parler.

- Je ne suis pas beau. Pourquoi le croirais-je alors que quand je fais tout pour te faire comprendre ce que je ressens et que je veux vivre quelque chose avec toi, tu ne me crois pas en me disant que je ne t’aime pas ? Moi, je veux de cette personne cassé que tu décris. Parce que c’est la seule personne qui a réussi, un jour, à me faire ressentir quelque chose de … plus … que mon dégout que j’ai pour l’humanité dans son ensemble.

Il fallait que ça soit elle. Il fallait qu’elle soit celle qui soit à ses côtés. Cela n’avait pas de sens si ce n’était pas à … Cela ne pourrait plus jamais avoir de sens s’il la laissait partir, s’enfuir, se soustraire de lui … il ne pouvait la laisser avec cette idée idiot qu’il ne puisse pas mettre des mots sur ce qu’il ressent. Bien sur qu’il l’aime. Il ne l’avait juste par ses mots, mais il avait espéré que le reste suffise. Doucement, il « baissa les bras »… littéralement. Ses bras vinrent prés de son corps et il réfléchit à une allure folle. Il s’approcha doucement d’elle à nouveau et lui dit un doux bisou sur la joue.

- Je t’aime Liliann.

Et avant qu’elle ne puisse lui dire autre chose, s’enfoncer dans le déni ou autre, il rajouta.

- Et pas en amie, ou en sœur, ou en quoi que ce soit d’autres qu’un je t’aime romantique et amoureux.

On savait jamais avec elle, il valait mieux biiiiien préciser les choses pour qu’elle ne puisse pas sortir une nouvelle aberration… Il ne pourrait pas être plus clair que ça. Alors il enroula sa main autour de la main de la jeune femme. Il ne savait pas ce qu’elle voulait dire par « jouer », lui ne savait utiliser aucun instrument de musique … peut être le pipeau, mais c’était plus pour la blague que pour autre chose….

- Jouer .. à quoi ?

Il ne voulait pas être une .. Honte pour la jeune femme devant son incapacité à faire quelque chose de ses 10 doigts… il avait été élevé pour être un outil de commerce du sexe. Il avait été élevé pour donner du plaisir à des gens … et ça depuis qu’il est tout petit.. Il n’avait jamais connu que ça … et Liliann avait était son souffle d’air à une époque… elle l’était encore maintenant qu’il l’avait revu… Et … pour une fois il n’avait plus envie d’être lui.

Il voulait être une autre personne, quelque chose de mieux, ou simplement de différent … mais il avait été élevé pour ça … Alec ne savait rien faire d’autres. Oh il parlait aux animaux c’était son pouvoir, mais il ne le faisait jamais réellement. Il ne savait pas ce qu’il pourrait faire de sa vie … il savait déjà que pour récupérer Gisèle, sa sœur qui est toujours dans l’orphelinat, il avait besoin d’un emploi stable…. Il le savait mais il n’avait jamais trouvé un travail qui l’accepte avec le néant désertique de son CV.

On ne pouvait pas mettre dans un CV « vends son corps depuis 1986 jusqu’à 2021 » … personne ne le prendrait au sérieux et on pourrait lui demander ce qu’il faisait les premières 10 années de sa vie …Il empêchait sa mère de tuer ses frères et soeurs ... C'était peut être assez bien pour être polivier ? Non… clairement il était dans une impasse qui lui faisait peur, lui broyer l'esprit et le coeur. Et il n’avait pas envie d’y penser tout de suite. Il trouverait bien à ce moment là …. Il allait trouver quelque chose … un travail qui lui permettrait d’aider ses frères sans vendre un rein ou donner son corps, un travail stable qui lui permettrait d’avoir Gisèle … un travail qui permettrait d’être plus propre pour Liliann … Il trouverait, il s’en faisait le serment muet alors qu’ils étaient revenus dans la lumière… mais pas trop loin pour ne pas dire qu’ils avancent trop vite. Alors qu’ils allaient revenir avec tout le monde, il s’arrêta doucement.

- On en reparlera si tu le souhaites. Pas ce soir. Ce soir profitons de la soirée sans … sans tout ce qui nous fait douter. Juste profitons et amusons nous ensemble, cela te conviendrais ?

Il ne savait pas comment aller finir cette soirée … il ne savait même s’il avait envie qu’elle finisse alors qu’il se sentait bien ici … mais il savait qu’ils ne pouvaient pas passer toute la soirée dans ce sentiment d’incertitude, de doute et de déni. Ils finiront par exploser à nouveau … et le mur resterait intacte …

- Pour le reste… Maintenant que je t’ai retrouvé, je ne compte plus te lâcher, alors je n’ai pas peur de l’avenir pour une fois. On aura le temps pour revenir sur notre discussion... et que je te fasse comprendre tout ce que je veux te dire.

Et dans sa douceur toujours à lui, il approcha la main de la jeune femme de ses lèvres pour lui donner un autre bisou sur le dos. Les baisers langoureux étaient un message. Un message assez claire. Il voulait d’elle, charnellement et tendrement, et pas pour son travail… les baisers comme celui-ci étaient tout aussi claire pour lui … et il espérait que la jeune femme le comprenne, que c’était qu’il voulait d’elle romantiquement et purement. C’était son âme qui voulait d’elle, pas son corps. Et il espérait que le message soit assez fort.


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Apprenons à rallumer [pv - Alec Sacabeu] - Page 2 _



________________________________________ 2021-04-08, 14:53




Apprenons à rallumer



T
out ceci va beaucoup trop vite pour Liliann. Il n’y a pas si longtemps, elle était persuadée qu’Alec la disputerait, penserait qu’elle n’est qu’une menteuse, une égoïste, qu’elle n’a pas le droit de faire ce qu’elle a fait, même si elle garde, au cœur, l’excuse de le faire pour son bien à lui. Elle s’était préparée à le voir lui tourner le dos, repartir ailleurs, pour une soirée plus intéressante financièrement parlant. Elle sait ce que c’est, Lili, même si elle a été protégée par son club, la plupart du temps. On lui en a toujours demandé moins qu’à un prostitué qui n’est rattaché à aucune boîte, aucun maquereau aux doigts sertis d’or. Ce qui ne l’empêche pas d’être lucide sur le sujet, de savoir qu’il aurait pu perdre son temps ailleurs, entouré d’une dizaine de célibataires prêtes à fêter leur célibat en bonne et due forme, le jour de la Saint-Valentin. C’est bien pour lui éviter cela, qu’elle l’a invité en se faisant passer pour une autre, persuadée qu’il ne viendrait pas, si cela venait d’elle.

Maintenant, elle se tient devant lui, incapable de savoir ce qui est vrai, ce qui est faux, ce qui est acheté et ce qui est gratuit. Ce qu’il donne parce qu’il est forcé et ce qu’il donne parce qu’il en a envie. Elle ne peut pas le déterminer, elle les a tous les deux coincés dans cette étrange réalité, dans cette soirée viciée, polluée par l’argent qu’elle lui donnera pour le récompenser de son temps, de ces heures perdues à ses côtés. Elle a envie de croire qu’il s’est, un peu, amusé, qu’il ne regrettera qu’à moitié. Elle a envie de penser qu’elle a pu le pousser, le bouleverser assez pour qu’il se sorte, lui-même, de ses problèmes de cette vie qui ne doit plus être la sienne. Liliann veut le voir s’échapper, briller ailleurs, dans un autre métier, là où il pourra, enfin, faire ce dont il a envie, dans sa vie.

Sauf qu’elle s’est perdue et qu’elle ne sait plus retrouver son chemin, dans l’obscurité. Doit-elle tout arrêter, lui expliquer une bonne fois pour toutes que tout ceci n’est pas loin d’une manipulation mentale, d’un rêve éveillé qu'il finira par fuir sans se retourner ? Doit-elle se laisser aller à ce qu’elle n’a jamais osé demander, avant, quand elle en a eu envie, sans oser se l’avouer à elle-même ? Le déni au fond du cœur, Liliann sait que Nahid s’est protégée de lui, de ce qu’il faisait naître, en elle. Elle sait qu’elle ne devait pas tenter, oser le toucher plus que demandé. Même si elle s’est laissée aller à ses bras, lors de leçons dont elle n’a jamais eu besoin, elle a dû, tout de même, retenir une partie de ce qu’elle ressentait pour ne rien briser. Pour ne pas être rejetée.

Aujourd’hui, c’est elle qui le rejette avec la force qui est la sienne, parfois, avec cette conviction qui lui serre le cœur et lui permet, tout à la fois, de se protéger du monde extérieur. Ne pas le laisser entrer dans sa vie, c’est ne pas prendre le risque qu’il comprenne ce qu’elle est devenue, ce qu’elle a fait, quel genre de mal lui bouffe le cœur et à quel point elle est brisée, de si loin, si profondément, qu’elle ne pourra jamais être recollée. Elle ne le veut pas, en vérité. Persuadée qu’elle mérite le désespoir qui la ronge, qu’elle doit se laisser aller au jour où elle ne pourra plus respirer. Pour se nettoyer, un tant soit peu, de tout le mal qu’elle a causé.

Elle le rejette, mais elle regrette aussitôt, se demande pourquoi elle ne peut pas dire oui, tout simplement, pour la première fois de sa vie. Alors qu’elle en a envie. Elle veut pouvoir l’avoir à ses côtés, enfin tester ce que cela fait, de marcher avec ses doigts entre les siens. Mais la jeune Nahid, au fond d’elle, n’est plus là pour le rêver et Liliann sait que cela ne doit pas arriver. Ils ne peuvent pas déambuler dans les rues de Storybrooke, main dans la main, comme si rien ne les touchait. Elle ne peut pas laisser son ombre malsaine traîner dans celle d’Alec, le garder près d’elle et l’empêcher, en un sens, d’évoluer comme il l’entend. Elle ne fera que le retenir en arrière, le coincer dans le souvenir de celui qu’il a été, ce qui risquerait de l’empêcher de se concentrer sur l’avenir, sur celui qu’il veut devenir.

Alors, elle lui dit qu’il ne l’aime pas, parce qu’elle sent que c’est sa vérité, que cela doit être ainsi. Elle l’a aimé dans sa naïveté mal placée, dans son besoin d’être touchée par des mains douces, pour changer. Elle l’a aimé parce qu’il est grand, il est tout ce qu’elle ne sera jamais, plein de confiance en lui, prêt à faire tout ce qu’on lui demande, sans broncher, avec ce sourire aux lèvres qui les fait toutes craquer. Toutes sauf elle, en vérité. Ce n’est pas ce sourire qu’elle aime, comme elle le lui a avoué, c’est l’autre, celui qu’il lui a donné, déjà, celui pour lequel elle s’est laissée tenter. Celui qui est dangereux, entre eux, qui lui donne tant envie de lui dire oui, d’arrêter de faire l’idiote, d’accepter qu’il puisse l’aimer.

Mais comment cela pourrait être possible ?

Elle n’est qu’une gamine trouvée dans la rue, ramassée sale et mal-nourrie, prête à faire des choses que personne n’a envie d’imaginer, contre quelques billets. Prête à se laisser toucher par Alec, le premier jour, dès leur rencontre, sans même sourciller de honte. Liliann n’a eu que des figures fortes, dans sa vie. Un père autoritaire qui a fini par la maltraiter, une deuxième mère qui la méprisait, un patron dont elle a aimé le sourire, mais qui n’a pas hésité à faire d’elle ce que personne ne veut d’une mineure, un mari rusé. Puis Alec, dans la beauté de ses principes, qui n’a pas voulu faire ce qu’on lui demandait, qui l’a touchée parce qu’il y était obligé, de cette douceur qu’il ne voit même pas, en lui-même. Comment ne pas craquer ? Mais elle, elle n’est qu’une fille comme les autres, une danseuse au même titre que toutes celles qui étaient dans le même club, et il n’a pas eu plus de regards pour elle que pour les autres.

Pourtant, il dément, il jure qu’elle dit n’importe quoi, qu’elle ne voit pas l’évidence qu’il essaie, d’agiter devant ses yeux noirs. Est-elle aveugle ou est-ce lui ? Qui est dans le vrai ? Qui est dans le faux ? Elle ne sait plus, elle est totalement perdue. Peut-elle croire qu’il a vraiment partagé, un jour, cet attachement qu’elle a eu pour lui ? Pourquoi sont-ils restés coincés dans leur solitude, dans leur idiotie profonde, alors ? Comment n’ont-ils pas pu s’en rendre compte avant ? Elle a beau réfléchir, Peau d’âne, elle n’est pas sûre d’avoir bien réussi à cacher ce qu’elle pensait, à l’instant où Alec acceptait de tendre les doigts vers elle, pour lui apprendre un métier qu’elle connaissait déjà sans le dire.

Et il le lui jure avec plus de force, encore, alors qu’il pose, entre eux, les mots interdits. Sur la joue de Liliann, la pression de ses lèvres prend feu. Elle se sent comme une adolescente devant son premier crush, à ne plus savoir ce qu’elle doit dire ou faire pour lui répondre. Oui ou non ? Telle est la question… La précision qu’il force, qu’il pose derrière elle pour l’empêcher de reculer, lui fait un peu peur. Elle ne peut mentir et jurer qu’elle n’aurait pas pu lui dire qu’il ne l’aime que comme elle aime un ami dont elle veut le bonheur. Elle y a pensé à l’instant où il a prononcé ces quelques mots pour elle. Elle est forcée, maintenant, d’accepter la vérité.

Sauf qu’elle a pris le temps de fuir, avant, de lui proposer autre chose pour ne pas avoir à répondre tout de suite, lui avouer qu’elle n’a jamais cessé, elle, de lui garder une place toute à lui dans son cœur. Elle ne comprend pas ce qu’il peut voir, en elle, pour avoir envie qu’elle lui dise. Ou peut-être est-ce cela, le problème : puisqu’il ne la voit pas vraiment, il ne comprend pas ce qu’il demande, à qui il le demande, à quel point elle est détruite et incapable de se reconstruire. Elle est un boulet qui le tirera en arrière, alors que le brun a besoin d’une poussée vers l’avant.

Elle reste silencieuse, Liliann, bloquée dans un méli-mélo impossible de pensées. C’est à peine si elle arrive à suivre Alec, alors qu’ils reviennent dans la lumière, dans le monde, vers la piste de danse et la réception. Elle n’arrive même plus à parler, Lili, depuis quelques minutes, déjà, ses yeux noirs levés vers ceux de son ami. Est-il toujours son ami ? Est-il plus ? Que doit-elle faire ? Que doit-elle dire ? Comment lui faire comprendre que le temps ne changera rien ? Ce soir, demain, dans un an, Liliann sait qu’elle n’arrivera pas à comprendre ce qui est arrivé, les enjeux de cette soirée. Réfléchir, ce n’est pas trouver une solution, c’est se poser toujours plus de questions.

Alors, elle cesse de réfléchir.

Liliann referme les doigts plus forts, sur ceux d’Alec, comme réveillée par le nouveau baiser qu’il a posé dessus. Elle aime quand il embrasse ses doigts fins, quand il l’embrasse elle, aussi, évidemment. Elle ne peut empêcher son esprit de se demander quels sont ses doutes, à lui. Alors elle se ferme à ses propres pensées, elle cesse de réfléchir, elle fait, seulement, ce qu’elle a envie, ce qu’elle lui a demandé, ce qu’il n’a pas compris.

« Viens. »

Sa voix n’est qu’un souffle qui s’échappe entre ses lèvres sombres, alors qu’elle prend les devants. Elle traîne Alec derrière elle, sans lui demander son avis, même si la pression de ses doigts, sur sa main, ne l’empêche jamais de se séparer d’elle, de dire non et ne pas le faire. Liliann les emmène le long de la scène et s’arrête devant les petits escaliers, au bout. Là, elle lâche Alec pour lisser sa robe rouge, vérifier que tout est en place, remettre un peu d’ordre dans sa coiffure qu’il s’est amusé à décoiffer plus qu’elle ne l’était déjà. Puis elle se tourne vers lui, remonte ce petit foulard, qui lui tire un sourire amusé, lisse les quelques plis de sa veste et reprend sa main. En quelques enjambées, ils montent sur scène, la traversent pour atteindre le grand piano sur lequel elle glisse les doigts, avant de prendre place sur le banc. Ses yeux noirs se dressent vers Alec et elle tapote la place à côté d’elle. Liliann a, totalement, oublié le reste de la salle, les yeux braqués sur elle, à l’instant où il la regarde, elle et personne d’autre, de cette façon toute à lui de voir sans voir.

« Assieds-toi, passe une main dans mon dos et laisse-moi faire. (Elle pince les lèvres.) C’est la Saint-Valentin, alors je nous ai inscrits pour un morceau de piano, mais… il faut donner l’impression de le faire à deux, tu comprends ? Je sais que tu ne sais pas jouer, fais-moi confiance. »

Elle attend qu’il accepte de faire ce qu’elle lui demande, bloquée sur l’appréhension, dans la peur qu’il ne tourne les talons et lui échappe à jamais. Mais il s’assied, il passe son bras au creux de ses reins et Liliann s’en empare, le tire vers le clavier du piano et se rapproche de lui pour qu’il puisse atteindre les touches, en passant derrière elle. Puis elle place ses doigts sur les touches et tourne la tête vers lui.

« Reste comme ça et laisse-moi faire, tu n’auras qu’à appuyer dès que je touche tes doigts. »

D’un petit sourire, elle essaie de lui dire que tout ira bien, qu’il ne doit pas s’en faire, qu’il ne doit penser à rien que la pression de ses doigts, sur les siens. Elle essaie, elle, de ne pas penser à la chaleur de son bras, dans son dos, de la pression qu’il exerce, sur sa taille, pour pouvoir se poser sur le clavier. Ainsi serrés l’un contre l’autre, quel déni peut-elle encore avoir ? Comment peut-elle continuer à dire non ? Liliann détourne le regard pour se concentrer sur la mélodie qu’elle arrache au piano, en glissant les doigts sur les touches, d’abord doucement, puis de plus en plus vite, pour un air triste, comme à son habitude, qui a pourtant quelques notes de joie. Une gaieté qui ne vient que des doigts d’Alec, à chaque fois qu’elle lui indique d’appuyer sur les touches, devant lui.

Quand les notes prennent fin, Lili sait qu’elle ne peut plus mentir. Ni à elle, ni à lui, ni à aucun témoin, dans la salle de réception. Parce qu’elle a donné, là, dans ces quelques notes, tout ce qu’elle a sur le cœur, toute la détresse de la mère qui n’a pas su protéger sa fille, de la femme qui n’a pas su prendre soin de ses amis, avec, de temps en temps, une touche d’espoir, chaque fois qu’Alec appuyait sur ses touches. Son espoir, bien caché, d’avoir le droit de lui dire oui, qu’il ne se soit pas trompé, qu’il soit sûr de lui. Alors, elle relève ses yeux noirs sur lui.

« Si tu es sûr de toi, si tu n’as pas peur d’être déçu, alors nous n’avons pas besoin de réfléchir davantage, toi et moi. Tu ne crois pas ? »

Et, comme elle n’a jamais pris de sa vie, Liliann décide de ne plus être spectatrice de sa propre vie. Elle veut prendre les rennes, un peu, de cette façon bien à elle de prendre les choses en les touchant à peine. Pourtant, cette fois, sa poigne se fait plus forte, sur le poignet qu’Alec a passé à côté d’elle et elle tire, vers le bas, pour l’obliger à se pencher sur elle, pouvoir atteindre ses lèvres sans quitter leur petit banc. Sans plus de cérémonie, Lili pose la main sur sa joue et l’embrasse tendrement, bien loin de ses petits baisers innocents du début, à mille lieues, aussi, des baisers passionnés d’Alec. Un baiser qui n’attend rien de plus que lui prouver qu’elle a, au fond, toujours rêvé de ce jour, même sans vouloir se l’avouer.


Alec Sacabeu
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________________________________________ 2021-04-08, 16:48




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A
lec savait qu’il se jouait devant lui bien plus qu’une histoire, ou qu’une fin… le monde était un nombre infini de fils qui sont tirés, coupés, ficelés ensemble pour faire la vie de chaque personne. Et Alec avait l’impression pour une fois de faire une nouvelle histoire avec la jeune femme… bien qu’elle ne veuille pas de lui … bien qu’elle lui dise que ce n’était pas de l’amour…il ne voyait clairement pas ce que cela pourrait être d’autre que de l’amour. L’amour était étrangement nouveau pour lui. C’était comme un brasier dans son cœur. Comme un feu qui ne faisait que réchauffait son cœur, et ne se laissait pas aller à l’embrasement. L’embrasement, il l’avait ressenti, tout à l’heure, dans l’ombre à l’abri des regards…

Il avait ressenti la chaleur d’un braiser qui brûle, qui prends la place, qui augmente et ne pouvait que tout dévaster. La jeune femme y avait jeté une douche froide, mais elle n’avait pas réussi à l’éteindre… comme pourrait elle éteindre quelque chose qui était si fort ? Si puissant ? Ce n’était pas possible. Il n’y avait rien de plus fort que ce sentiment … et malgré tout ce qui pourrait être dit, Liliann est, avait, et serait la seule qui pourrait lui faire ressentir ainsi.

Elle avait réussi à lui faire ressentir de l’amour, beaucoup d’amour puisque le feu était une passion amoureuse brûlante et chaleureuse. Elle avait réussi à lui faire ressentir du désir, étrangement, dans son corps qui se demandait comment il pourrait la toucher pour la faire soupirer de plaisir. Elle avait réussi à lui mettre du désespoir, dans sa manière tout à elle qu’elle avait eu de le rejeter. Il ne voulait pas être rejeté, qui le voulait ?

Mais au-delà de ça… il ne pouvait pas être rejeté par elle. On pouvait le rejeter de partout, on pouvait le haïr, sa mère pouvait ne pas l’aimer, ses anciens patrons se détournaient de lui et le laisser en sang dans la rue, il ne ressentirait pas de tristesse à leur perte. Bien qu’il avait un sentiment étrange envers sa mère, qui lui avait appris à être ce qu’il est, elle était morte, et il s’en fichait. Liliann, elle lui avait manqué, et rien que d’imaginer ne plus pouvoir la voir à nouveau, la touchait, lui parlait, ça lui donnait une impression de détresse qu’il ne voulait pas ressentir.

Vouloir.

Il la voulait … et elle lui avait dit de faire ses envies non ? Mais comment faire si son envie était contraire aux désirs de la jeune femme ? Si la jeune femme ne voulait pas de lui, alors comment pourrait-il avoir ce qu’il veut, faire ce qu’il veut, et être qui il veut. Il avait dans son cœur un poids qu’il avait l’impression de ne pas pouvoir laisser couler dans la mer … qu’il allait couler avec en réalité. Alors il avait proposé de laisser la jeune femme réfléchir … de ne pas repousser ses avances, et de lui laisser le temps de réfléchir pour voir ce qu’elle voulait faire. En tout cas, il n’avait pas caché ce qu’il voulait lui.

Alors il était parti avec elle. Suivant la jeune femme alors même que ses mains étaient liées. Il sentait la pression sur ses mains. Il observa la main de la jeune femme avec la sienne. Il se disait que peut être, la jeune femme ressentait sa main rugueuse contre la sienne ? Est-ce que cela la dérangeait ? Peut être ne le sentait elle-même pas ? Il rêverait de savoir ses réponses, de se caler dans sa tête et de voir, de comprendre ses pensées. Il ne savait pas ce qu’elle voulait faire, mais il avait l’impression que s’il l’arrêtait maintenant, il louperait une partie de sa vie.

Alors il se laissa faire, il se laissa lisser pour monter sur scène… on pouvait voir dans ses yeux qu’il ne savait pas du tout ce qu’il allait devoir faire … Il se doutait qu’elle ne voulait pas une danse exotique… Cependant était-ce la seule chose qu’il savait faire sur scène. Son cœur tapait fort dans sa poitrine alors qu’il se demandait encore ce qu’il allait faire quand elle tapotait la place à ses côtés.

Il s’assit. Pouvait-elle voir la panique dans ses yeux ? Son incompétence dans « le show » pour une soirée comme ce soir, était proche du 100%. Il s’assit à ses côtés. Il observa son regard sur, son regard déterminé, et il lui sourit. Le sourire qu’elle aime. Juste pour elle. Il la regardait qu’elle, et tout comme Liliann il oublia tout le monde. Même s’il n’était qu’une tâche dans cette soirée, il savait qu’ici, en cet instant, il était exactement à la place qu’il devait. Il écouta la voix de la jeune femme.

Il passa sa main dans son dos, en profitant pour toucher son corps, se rappeler les courbes de son corps. Elle n’était pas comme avant. Son corps était plus femme, et il pouvait le sentir à travers le tissu rouge. Il pouvait le sentir, ce qui était déjà plus que quand il avait pu la voir. Il fit un hochement de tête pour lui dire qu’il se laisserait faire. Elle pouvait avoir son corps, son âme, son esprit et tout de lui sans le moindre souci.

- Je …. Je comprends.

Dit il plus pour la forme que pour répondre. La jeune femme pouvait le voir dans son regard. Il avait une confiance totale en elle, et il n’avait qu’une envie, qu’elle soit heureuse. Il voulait la voir sourire, il voulait l’entendre rire, il voulait la voir contre lui, il voulait qu’elle fasse du piano pour lui…. Et cette dernière pensée le brisait un peu. Surtout en sachant que la jeune femme venait de lui dire qu’elle ne voulait pas, pour son ex mari…, mais elle le faisait pour lui. Et il se sentit heureux. Il sentit alors la jeune femme se mettre en place pour jouer. Il ne pouvait détacher les yeux d’elle. Il ne pouvait la lâcher des yeux. Il sentirait ses doigts contre ses mains, et il savait qu’il n’avait qu’à toucher la touche en dessous.

Il pouvait donc jouer du piano tout en la regardant. Il laissa le son venir, la musique prendre la place et emplir le reste de la place qui était vide. Eux deux et la musique. Alec la regardait. Il ressentait tellement de sentiment quand elle jouait. Son cœur ratait encore et encore des battements, et il jouait comme il le pouvait. Il jouait comme elle lui disait. Ses mains faisaient ce que Liliann lui demandait sans jamais avoir à descendre les yeux sur les touches.

Liliann était belle. Alec avait envie de se taper de ne pas pouvoir lui dire clairement, de ne pas pouvoir lui hurler qu’elle était magnifique. Mais à l’image de sa musique, elle était magnifique, elle était belle, puissante, forte. Alec se demandait encore comment il avait pu vivre aussi longtemps sans cette femme dans sa vie. La musique prit fin, et Alec avait juste envie de lui dire tout ce qu’il ressent, mais il n’avait même pas de mot pour tout ça.

Comment pourrait-on expliquer l’amour de la manière le plus pur, l’envie de douceur, le cœur qui sort de la poitrine mais qui reste pourtant à l’intérieur de sa cage thoracique. Comment pouvait-on expliquer ce que l’on ressent quand on savait que ce n’était que des images. Alec avait l’impression que son monde ne pouvait plus tourner rond sans elle dans ses bras. Sans sa main contre son corps et ses lèvres contre les siennes. Et pourtant, le monde continue de tourner rond.

Il écouta alors la phrase de la jeune, il l’écouta et essaya de réfléchir. Il était sur de lui, comme jamais auparavant. Il était sur d’absolument tout. Lui, il n’avait pas eu envie de réfléchir, et il l’avait embrassé pour cela, c’était elle qui avait eu besoin de le repousser. Même s’il le comprenait bien.

Puis, elle l’embrassa. Et même s’ils avaient déjà échangé plusieurs baisers depuis le début de cette soirée, bien trop pour croire qu’ils ne sont que des amis … ce baiser là avait un goût différent. Ce baiser là avait un goût de certitude, de nouveauté, de bonté, d’amour, de … tellement de chose en réalité. Ce baiser était quelque chose qu’il voulait sentir tous les jours en se réveillant, qu’il voulait donner tous les soirs en s’endormant. Alors il se permit de prendre la jeune femme dans ses bras.

Derrière eux, on se mit à les applaudir. Alec savait bien qu’on n’applaudissait pas pour lui, mais pour la femme qui était dans ses bras. Mais il n’avait aucune envie de la partager tout de suite, il y aurait déjà le repas pour devoir la partager, il ne pouvait pas la rendre tout de suite aux yeux du monde. La jeune femme dans ses bras, il glissa à ses oreilles doucement.

- Je n’ai jamais été aussi sûr de toute ma vie.

Et il se recula pour lui faire son sourire rien qu’à elle. Celui qu’il avait envie de lui faire, celui qui naissait de son cœur et qui faisait naître une envie de sourire encore plus, et plus, pour elle. Seulement pour elle. Il savait qu’il ne pourrait pas être déçu. Doucement, il sourit alors qu’il mit sa main, toujours trop rugueuse pour toucher la jeune femme, contre sa joue, et qu’il toucha ses lèvres du pouce.

- Je suis heureux Liliann, heureux comme je ne l’ai jamais été.

Il ne lui demanda pas si c’était le même cas pour elle. Elle avait eu un enfant, et Alec savait qu’avoir un enfant était le plus grand des bonheurs. Il ne voulait pas risquer qu’elle dise être heureuse en cette instant, comme jamais, comme lui, alors qu’elle avait un autre bonheur plus puissant dans son monde, mais il lui dépose un petit bisou sur les lèvres avant de sourire.

- Je suis content d’être venu à cette soirée.

Sa main libre vient prendre la main de la jeune femme et l’apporta à ses lèvres pour avoir, elle aussi, son petit bisou mignon. Il se releva doucement en la gardant lié à lui, pour se montrer aux personnes qui étaient toujours là … et les gens applaudirent à nouveau. Alec avait passé son autre main dans le dos de la jeune femme, et il sourit à tout le monde. Comme un bien heureux. Qui ne le serait pas ?

Il descendit le premier de la petite scène et aida la jeune femme à descendre aussi… toujours en train de sourire. Les questions de « comment être un petit ami ? » ça sera une question dont il réfléchira plus tard. La question de ce qu’il allait faire dans sa vie aussi. Pour le moment il ne voulait que profiter de l’instant présent et de tout ce que son monde lui montrait.

Il voyait les couleurs, mais pas les visages, et pourtant en cet instant il eu l’impression d’avoir des nouvelles couleurs devant ses yeux. De voir les couleurs plus vives, plus attirantes. Et la couleur la plus attirante de toute était le rouge que porter Liliann. Il sourit en posant un regard vers elle alors qu’il s’assit à côté d’elle sur la table. Gardant sa main dans la sienne. Il ne voulait pas être en face d’elle, mais à ses côtés. Posa un regard sur elle, il eu l’impression que pendant une demi seconde son visage se figea dans une immobilité parfaite, il en eu le souffle coupé. Mais le visage reprit son mouvement et il ne pu savoir s’il avait rêvé ou non.

- Liliann …. Je n’ai pas envie de te quitter ce soir. Après la soirée. Est-ce que tu … …. Serais où aller pour que nous restions tous les deux encore une peu ?

Il prévoyait en avance ? Oui. Est-ce qu’il oserait lui proposer de venir chez lui ? non. Pourquoi ? Parce qu’il y avait bien plus que du désir dans ce battement de cœur qu’il sentait en lui. Il y avait de l’amour. Et il avait un peu peur que Liliann, dans toute sa bonté et sa peur de ne pas être celle qu’il veut lui, se fasse des films peut être ? Il ne savait pas. Il voulait juste qu’elle reste avec elle, mais il savait que normalement c’était pas le premier soir … était ce leur premier soir ? Etait ce son premier rendez vous amoureux ? Etait il bien à la hauteur ? Oh …merde … le voilà qu’il commence à stresser.


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________________________________________ 2021-04-28, 15:28




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L
e déni n’a plus sa place entre eux. Liliann a essayé, du mieux qu’elle a pu, de repousser cette histoire, de cesser les battements de son cœur, au fond de sa poitrine. Elle a voulu ignorer la main tendue, ne pas s’insérer dans la danse et reprendre, brusquement, le rythme du monde qui tourne sans elle, depuis trop de temps, désormais. Sauf qu’elle ne peut plus se leurrer, fermer les yeux sur la vérité. En ouvrant les paupières, elle ne peut que constater le résultat : elle est déjà tenue des deux côtés, elle avance avec les autres et ne peut plus reculer. La chance d’une nouvelle vie s’ouvre devant elle, l’appelle à elle, lui susurre de se laisser tenter.

La brune a, soudain, un pincement au cœur qui lui fait mal. Elle sent qu’elle n’en a pas le droit, qu’elle doit reculer, se soustraire à tout ceci, ne pas regarder du côté de cette lumière éblouissante qui l’appelle tout bas. Peau d’âne a commis trop de crime pour avoir le droit d’être pardonnée. Elle n’a que trop semé le mal pour se permettre de refermer les doigts sur un soupçon de bonheur, sur un amour qui ne devrait pas être tourné vers elle. Elle n’a pas le droit de se soustraire à son malheur, d’oublier ce qui a fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui : une âme en peine, sans doute, mais une âme condamnée à payer pour le reste de sa vie.

Comment peut-elle faire cela à Béryl ?

Ses yeux noirs se lèvent vers Alec qui caresse, du bout des doigts, ses lèvres sombres. Elle sait qu’elle l’aime, que cela a toujours été le cas, que ses sentiments ne changeront pas d’un claquement de doigts. Elle sait, aussi, qu’elle n’en a pas le droit, pas après l’avoir abandonné à son sort, s’être persuadée qu’il n’existait pas. Elle sait qu’elle a commis le pire des crimes et qu’elle doit se faire pardonner le reste de son existence, sans jamais atteindre ce pardon qu’elle ne mérite pas. Ce pardon dont elle n’a jamais voulu. Jusqu’à maintenant.

Face à Alec, à ce regard qu’il pose sur elle, Lili se pose la question, s’interroge sur ses droits, ses devoirs, ses crimes et sa punition. Elle se demande si elle peut prendre une grande inspiration, souffler sa peine pour prendre un nouveau départ, sans oublier le précédent. Garder, au creux du cœur, le souvenir de l’enfant rayonnante, de ses longs cheveux noirs, de ses grands yeux curieux, mais avancer vers l’avenir, vers un futur qui se joue sans elle. Sans lâcher sa main pour autant, ses petits doigts potelés bien calés dans sa paume, mais avoir le droit, enfin, de tendre la seconde à un autre, à un cœur qui bat, qui emmènera Liliann vers la vie qu’elle n’a jamais réussi à quitter. De retour parmi les vivants.

Elle est fière, Lili, de cette assurance au fond de son regard, de cette certitude qu’il lui donne dans un souffle. Elle sait qu’elle ne pourra jamais en faire de même, coincée dans ses questions, ses contradictions, ses hallucinations. Elle sourit tout de même, touchée par ce qu’il lui dit, un peu de rose sur sa peau sombre. Elle aimerait lui jurer qu’il en est de même pour elle, qu’elle a, au fond du cœur, un bonheur sans nom. Ils savent tous les deux que ce serait un mensonge. Elle est heureuse, certes, la poitrine gonflée de chaleur, de bons sentiments, mais elle garde, sur ses talons, une ombre glacée qui la retient en arrière, lui susurre de ne pas trop se laisser aller. Les malheurs sont si vite arrivés…

Que lui fera-t-elle, à celui-ci ?

Liliann ne veut pas y penser. Elle pince les lèvres sur ses mauvaises pensées et détourne le regard, se concentre sur le chemin à faire, entre les tables, pour rejoindre celle qu’ils ont quittée. Elle est contente, elle aussi, qu’il ait accepté de venir, malgré la nature de son invitation, malgré le mensonge. Elle n’en dit rien, ses yeux noirs fixés sur le bas de sa robe rouge, alors qu’elle descend les escaliers, avec l’aide d’Alec. Elle n’ose se demander ce qu’il serait arrivé, s’il n’avait pas accepté, s’il était parti ailleurs, en ville, pour répondre à une autre invitation. Pour être mieux payé.

La question du payement s’impose soudain à elle. Liliann ne trahira pas sa promesse : il aura son argent. Elle se demande, néanmoins, s’il compte continuer dans cette voie, désormais. Elle ne peut pas croire qu’il a suffi de sa main, de ses doigts entre les siens, pour qu’il cesse du jour au lendemain. Elle ne le lui demande même pas. Lili n’a rien d’une femme jalouse. Elle est prête à le laisser faire ce qu’il a toujours fait, si c’est ce dont il a envie. Elle est presque plus effrayée à l’idée de l’inverse, de le voir tout plaquer pour elle. Si c’était aussi simple… pourquoi n’a-t-elle pas tendu la main à Alec beaucoup plus tôt ?

La question se pose dans un coin de son esprit et Liliann reprend contact avec la réalité, à l’instant où Alec lui adresse à nouveau la parole. Elle caresse, pensivement, les doigts du brun, contre les siens, et se demande ce qu’elle doit répondre, ce qu’elle doit comprendre, pourquoi il ne se contente pas de la raccompagner chez elle ou de l’inviter chez lui. Cette question, au fond, est à l’image de sa douceur, de cette tendresse qu’il a avec elle. Elle sait qu’il ne veut pas la brusquer, la froisser, l’effrayer, mais Lili, non plus, n’a pas envie de le quitter, ni de rentrer. Elle ne veut pas penser à ce qu’il retournera faire, si elle n’est plus là pour lui tenir la main, pour lui rappeler qu’elle existe, qu’elle se tient devant lui, qu’elle n’est pas partie.

La reconnaîtra-t-il, quand elle sera partie ?

« Je ne veux pas non plus, souffle-t-elle, tout bas. Mais je ne peux pas t’emmener chez moi, je vis chez un ami. »

Elle marque une pause, ses yeux fixés dans les siens, se demande ce qu’il pensera, de cette colocation, à son âge. Liliann ne peut pas retourner vivre chez son père, elle n’en a pas la force, pas l’envie. Elle ne le lui a pas encore dit, mais elle sait qu’elle le fera, qu’elle lui expliquera tout comme il se doit. D’ailleurs, elle envisage de l’emmener là-bas, de lui montrer ce qu’elle veut faire de cet endroit. Mais elle s’effraie des fantômes du passé, dans la grande maison, et n’ose le lui proposer.

« Je ne serais pas contre beaucoup de calme, après ce repas. Rien que tous les deux, si tu le veux bien. »

Ses doigts échappent à ceux d’Alec pour mieux se glisser entre chacun d’eux. Elle n’en montre rien, la brune, sur son visage fermé sur la tristesse qui est toujours la sienne, mais elle a une boule au ventre, la fatigue qui se pose sur ses épaules. Le stress, le trop-plein de sentiments. Elle est vidée d’énergie, elle a besoin d’oublier les autres, de se retrouver seul avec lui, pour ne plus penser à rien. Ne surtout pas se laisser aller aux souvenirs du passé, aux autres mains qui ont glissé sur sa peau.

« Ce n’est pas grave, si tu préfères que nous repartions chacun de notre côté. Je comprendrai. Je t’en ai fait assez voir de toutes les couleurs pour la soirée. »

Elle s’en veut un peu, Liliann, de lui avoir dit non tout ce temps, d’avoir trouvé toutes sortes d’excuses pour ne pas céder. Alors que Nahid, au fond, a cédé depuis longtemps. Une Nahid qui, soudain, rappelle à Lili ce qu’ils ont partagé, ce qui lui manque, alors qu’elle n’a jamais aimé cela plus que cela. Comme un automatisme, une habitude insérée entre elle et les hommes, quelque chose qu’elle faisait sans y penser. Désormais, elle a, soudain, l’envie de s’allonger à ses côtés, même sans aller plus loin qu’une étreinte chaste, pour sentir sa chaleur contre elle et se perdre à penser qu’il ne la quittera plus jamais.

« Nous avons encore un peu de temps pour y penser, sourit-elle, en se rasseyant au fond de sa chaise. Il est l’heure de profiter de la soirée. »

Son sourire un peu triste aux lèvres, Liliann lâche la main d’Alec pour s’emparer de ses couverts et accueillir le plat comme il se doit. Comme à son habitude, la brune n’a pas faim, mais elle fait mine d’en avaler quelques bouts, pour qu’il ne s’inquiète pas pour elle.


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________________________________________ 2021-04-29, 19:15




Apprenons à rallumer



A
lec savait que leur histoire, bien qu’incroyablement rapide en ce jour, ne s’arrêterait pas comme elle avait commencé. Il allait falloir du temps pour que, l’un et l’autre, se pardonne de ce qu’ils ont fait. Le plus étrange dans ce simple fait c’est qu’Alec n’en veut pas à Liliann. Même pas une seule petite seconde. Bien au contraire, il est heureux qu’elle a pu, elle, se trouvait un autre bonheur. Un meilleur avenir que celui qu’il avait eu. Il ne lui en voulait pas d’être parti, de l’avoir oublier, d’avoir pensé qu’il n’était qu’une ombre dans un souvenir inventé. Il ne lui en voulait pas. Mais il savait qu’elle, elle s’en voulait. Il pouvait le voir dans ses grands yeux. Il se dit alors tout simplement qu’il prendrait le temps pour que ça devienne une évidence. Ne jamais aller trop vite, prendre le temps de petit à petit arrivé à un bonheur sans culpabilité. C’était ce qu’il voulait, ce qu’il désirait le plus au monde. Alec observa la jeune femme. Il avait besoin de sentir un contact entre eux. Elle lui dit alors qu’elle ne voulait pas le quitter non plus. Et il ne pu que sourire. Même si la suite de la phrase ne donnait pas de solution, le fait est qu’elle ne voulait pas le quitter… et ça lui faisait plaisir.

Il avait l’impression qu’il n’avait connu pareil étrange bonheur. La jeune femme lui disait exactement ce qu’il ne savait même pas rêver d’entendre. Il pinça ses lèvres … pouvait il l’inviter chez lui ce soir ? Est-ce que cela ne serait pas trop … trop tôt ? Il voulait prendre le temps pour effacer la moindre culpabilité de leur cœur, ensemble … mais il n’était pas sur de résister à l’envie de la toucher à nouveau. Il fit un nouveau sourire.

- Je le veux bien. Oui. Et ça serait même avec plaisir.

Un peu de calme … juste tous les deux… il venait juste de penser que c’était peut être pas une bonne idée, mais il s’était dit « et après ». Il n’avait pas envie de se priver de la présence de la jeune femme par peur de mal faire. Il ne pourrait pas le supporter.

- En effet, j’ai vu de magnifique couleur pour cette soirée, mais je suis heureux d’avoir pu les voir. Mon monde se résume à beaucoup de teinte de gris, maussade, tu es un arc en ciel dans cette obscurité. Je n’ai absolument aucune envie de te quitter.

Doucement, il refermait les doigts autour de la jeune femme. Il lui sourit aussi. C’était une vérité qu’il n’avait aucune envie de cacher. Il n’avait pas envie de la voir disparaître ce soir. Il ne voyait tout simplement pas la moindre solution pour qu’il soit sans elle pour le moment. C’était embêtant, parce que ça arrivera pourtant bien à un moment ou à un autre, mais il ne voulait pas y penser.

- Oui en effet, nous pourrons y penser plus tard.

Il tenait ses mains et caressait du bout des doigts la peau de la jeune femme. Il la laissa partir quand les plats furent proposés. Oui, il l’observa manger. Et il eu un sourire alors qu’il l’observait. Il fit même un petit rire. Il n’avait jamais su « voir » les visages, mais il savait déjà ce qu’il allait se passer là. Il allait trouver qu’elle ne mange pas assez. Comme à une époque révolue ou il s’était fait la même réflexion. Lui était un grand mangeur, quand il pouvait se le permettre. Il espérait en tout cas qu’elle mange à sa faim.

Mangeant en silence, et ne parlant surtout pas la bouche pleine, il laissa sa tête et son esprit pensait à tout ce qu’il ne devait pas penser pour le moment. Il pensa à ce qu’il allait dire, faire … comment le faire … comment le dire. Il prit une gorgée d’eau alors qu’il laissa la nourriture couler le long de son gosier.

- Je … tu sais, je ne suis pas très … euh … comment dire …

Il se mit à rougir alors qu’il essayait de mettre en ordre les pensées qui pouvaient se heurter dans son esprit. Il ne savait même pas comment faire … il n’était pourtant pas le genre à rougir pour des choses comme cela … mais son inexpérience en la matière l’obliger à douter de lui.

- C’est la première fois que j’ai envie d’être avec .. une femme comme … comme j’en ai envie avec toi. Donc n’hésite pas à me dire si je fais quelque chose de mal, ou si …. Si je ne m’y prends pas comme il faut.

Il rougit encore. C’était la vérité. C’était la première fois de sa vie qu’il voulait « sortir » avec une femme. Il ne voulait pas faire une erreur… comme … comme les erreurs qu’on pouvait faire quand on était en couple et qu’on se foirer …. Il ne voulait pas risquer quoi que ce soit. Il lui sourit alors qu’il faisait de la purée de la nourriture dans son assiette alors qu’il fuyait son regard en rougissant de plus belle. Peut être n’était ce même pas ce qu’il fallait dire ?

La chose la plus proche d’une relation amoureuse qu’il avait eu l’honneur d’observer … C’était dans les films, pour la plupart, et il n’avait pas compris la plupart des nuances. Pourquoi commencer une relation dans un mensonge ? Alors qu’il se mit à réfléchir, il ne voyait absolument aucun mensonge à lui avouer tout de suite. Il ne savait pas quoi dire. Savait elle qu’il était un ancien cheval ? Il ne savait plus. Son cerveau avait grillé alors qu’il rougit de plus belle en mettant une nouvelle bouchée dans sa bouche. Des fois il vaut mieux se taire.

- En tout cas, chez moi ça sera un peu le bazar, j'espère que ça te dérangera pas trop.

Oui parce que monsieur pour lui il l'avait invité chez lui tout à l'heure, même si c'était pas exactement une invitation ... et qu'il préférait prévenir tout de suite du bazar... Malgré lui, c'était comme une évidence que si la jeune femme ne pouvait pas l'inviter chez elle, alors c'était chez lui que tout se jouerais. Il avait une appréhension douce et puissance dans le coeur, et il préféra continuer à maltraité son plat, tout en la regardant pour lui montrer son sérieux le plus total, et rougissant.



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