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Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
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 Le ciné de la peur (Manhattan)

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Victor J. Lovecraft
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Victor J. Lovecraft

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Le ciné de la peur (Manhattan) _



________________________________________ 2021-03-20, 21:24


Le ciné de la peur
L'effroi des salles obsures

Assis chez moi devant un grand bol de popcorn, je profitais d’une soirée bien calme pour regarder le film d’horreur que l’on m’avait recommandé. J’aimais beaucoup cette initiative du cinéma local. Il avait eu l’idée d’organiser une sorte de club de lecture mais version films à visionner. Tous les mois, nous nous trouvions devant un choix d’une dizaine de films que nous pouvions regarder. Ces derniers pouvaient être classés par genre, nom de réalisateur, année de sortie etc. C’était réellement une activité en or et bien sûr, fou de cinéma comme j’étais, je m’étais inscrit à ce club dès le moment où j’en avais entendu parler. Des occasions pareilles de partager nos passions avec d’autres, cela ne courrait pas réellement les rues. Nous étions une petite cité et en tant que tel, il était très important de savoir conserver d’excellentes relations avec ses voisins. C’était une chose que j’avais tenté de me faire entrer dans le crâne, même si je devais avouer qu’au début la partie était loin d’être gagnée.

Il faut dire que les gens d’ici n’avaient pas tout à fait la même notion que moi des éléments qui composaient une relation de bon voisinage. J’avais vécu tellement d’années dans la magnifique Halloween Town que mes valeurs en avaient été bouleversées. Oh certes avant même mon arrivée dans le monde des limbes, mon comportement n’avait rien de très normal J’avais toujours détesté la normalité et mon véritable grand plaisir était de faire l’éloge de la bizarrerie et de l’étrange. Après tout, le monde n’existait véritablement riche que de ces différences qui rendait chacun de nous véritablement unique. C’est pourquoi j’avais trouvé immédiatement ma place dans la belle ville d’Halloween. Les relations avec ses voisins étaient alors des plus simples. Notre amitié, nous la consolidions dans les blagues que nous nous faisions les uns aux autres. Nous causer de belles frayeurs, faisait véritablement le sel de nos vies et nous permettaient de nous sentir plus vivant que jamais.

Or dans cette ville pour se faire des amis, il était inutile de se faire des blagues. Le sens de l’humour était finalement une chose très culturelle et très peu de personne vous disaient merci après s’être fait mordre par un piège à loup ou avoir trouvé des asticots dans son assiette en lieu et place de spaghettis. Je ne manquais pas de compatir au sort de ces pauvres malheureux. Leur vie devait être bien mornes ! C’est sans doute pour cette raison qu’ils éprouvaient un grand plaisir à découvrir des vies trépidantes au cinéma. Oh pas que leur vie était si vide que cela. Après tout nous vivions à Storybrooke et il était très rare que l’on vienne à s’ennuyer dans cette ville. Il y avait tellement d’aventures et de missions particulières qui nous attendaient à chaque coin de rue. Je me rappelais encore aujourd’hui cette curieuse histoire qui m’avait conduit à explorer les bas-fonds de la société expéditive d’Amazon. Mais ces belles histoires n’empêchaient certes pas que les gens soient d’autant plus intéressés par toutes les histoires qui sortaient du commun.

Pour moi le cinéma offrait ces belles possibilités. Il était une magnifique fenêtre ouverte sur le monde et qui nous permettait d’observer par le biais d’un écran les us et les coutumes des habitants de ce monde. Ils étaient si différents de nous et dans bien des domaines. Admirer leur vie était une manière pour nous d’en apprendre d’aventure sur chacun. Chose plus importante pour moi durant ce mois, je pouvais en découvrir plus sur leurs peurs et leurs phobies. Malgré les origines stories parfois bien étrange sur les monstres qu’ils présentaient, c’était un véritable régal de découvrir les peurs qui animait chacune des cultures et des civilisations de cette planète. On constait rapidement que ce qui effrayaient les Américains, ne faisait pas réellement peur à un Japonais et inversement. Ces différents films traduisaient les peurs les plus intimes enfermées dans le cœur de chacun et qui jouerait avec leurs émotions. C’était donc une mine d’information prodigieuse pour l’ambassadeur de la magnifique fête d’Halloween que j’étais.

J’avais donc profité de ce moi pour dévorer chacun des films d’horreur qui nous avait été proposés. Oh bien sûr, il n’y avait aucune obligation à le faire. Les organisateurs s’attendaient simplement à ce que nous puissions en voir un minimum de trois durant la période qui nous était impartie. Cela dit, je ne pouvais pas m’en lasser. Chaque soir, je passais du temps devant ma télévision. Muni d’un bloc note, j’écrivais scrupuleusement des détails qui me semblaient réellement essentiels dans la compréhension de ce dernier et bien sûr, dans mon cas, comprendre le mécanisme de ce genre de cinéma. Le travail que les réalisateurs faisaient été à peu de choses près celui qui m’était dévolu à l’époque où j’étais encore un amuseur public. Cette belle époque où j’avais réuni sous un chapiteau les êtres les plus étranges qui avaient un jour foulés cette planète. Chacune de leur apparition et de leur numéro avaient été codifiés et scénarisés afin de réaliser ma promesse d’effrayer les spectateurs jusqu’au fin fond de leurs tripes. Notre travail était donc similaire, même si le mien s’était limité aux terres d’Irlande. Je finis par me mettre à rêver de pouvoir devenir un jour moi-même réalisateur. Créer quelque chose d’uniques avec les monstres qui peuplaient ma cité rendraient le rendu de mes films encore plus effrayants. Peut-être qu’un jour j’aurais une telle possibilité ?

Soudain, j’entendis le téléphone de mon appartement sonné. Il s’agissait d’Annabelle, mon adorable petite démone. J’avais rencontré la petite démone dans notre monde originaire d’Halloween Town. Son côté à la fois diabolique et enfantin m’avait véritablement fait craquer. Possédant une certaine candeur juvénile, dû au fait qu’elle était morte très jeune, elle savait pourtant mieux que personne organisés des tours qu’elle pourrait jouer aux autres. Elle était tout à la fois piquante et malicieuse. Mais il existait également une part de crainte en elle, celle de se retrouvée abandonnée de tous. Vulnérable, elle s’était accrochée à moi pensant que je pourrais réellement lui apporter le soutien et la collaboration dont elle avait besoin pour trouver une confiance en soi dont elle avait bien besoin. A Storybrooke, nous continuions à nous voir très régulièrement. Ne travaillant qu’à mi-temps, il lui arrivait de venir travailler dans ma boutique d’évènements et de farces et attrapes. Elle venait m’aider à chaque fois qu’elle avait l’impression de s’ennuyer et sa collaboration m’avait été bien précieuses dans certaines festivités qui nécessités une créativité encore plus piquante que la mienne. Parmi tout ce que nous partagions, il y avait également notre inscription pour le cinéma. Elle regardait toujours avec beaucoup de bienveillance les films qui nous étaient proposé. Elle prenait également énormément de plaisir à participer à nos réunions. Mais ce soir, elle semblait bien plus remontée que d’habitude et je savais que cela n’annonçait rien de bon pour les personnes qui vivaient dans le même immeuble qu’elle. Ses colères ne présageaient jamais rien de bon.

« Je te jure Victor que si jamais j’avais le malheur de croiser ce maudit Leonetti, je lui fais la peau directe. Que l’on cultive mon image je veux bien, mais je trouve absolument scandaleux qu’ils n’aient rien trouvé de meilleur que de faire de ma poupée un objet aussi risible. Je vais demander à récupérer les droits d’auteur. »


Bien sûr, Annabelle faisait référence à la poupée du même nom dont la légende avait été popularisée par les chasseurs de l’occulte Ed et Lorraine Warren et qui était le fil conducteur de tous l’univers Conjuring qui faisait un véritable carton au box office des films d’horreur. Car Annabelle était en réalité la petite démone qui possédait la poupée. Elle était réellement attachée à ce jouet et estimait que ses compétences en matière d’horreur et ses blagues valaient bien mieux que celle des films. Je tentais malgré tout de la réconforter, craignant qu’elle n’en vienne réellement à prendre sa revanche sur lui. Je savais à quel point elle pouvait être dangereuse.

« Voyons Annabelle, tu sais les choses ne sont pas graves que ça. Après tout, tu avais beaucoup aimé le premier Conjuring et les origines d’Annabelle. Ne monte pas sur tes grands chevaux. »

« Ouais c’est facile de dire ça pour toi… ton personnage fait partie des plus aimés de l’univers Disney et tu n’as pas à rougir de tes apparitions. En tout cas je te préviens qu’il est hors de question que je reste stoïques demain soir pour la réunion. Je ne compte pas laisser des cinéphiles critiquer ma poupée… qui est tellement plus mignonne que cette espèce d’épouvantail qu’ils ont crées pour le film. »


« Eh bien, j’imagine que cela ne posera pas de problème, tant que tu ne mets pas le feu à la salle de cinéma comme tu l’as fait à Boston. »

« Pfff tu parles, il l’avait cherché eux aussi ! Mais je… enfin je te promets que je ferais attention demain. Je ne me mettrais pas en colère. J’ai simplement que tu sois à mes côtés pour me soutenir et m’aider à ne pas m’énerver. »

Je lui dis alors que je serais présent. J’avais tellement hâte de découvrir l’avis de chacun des membres de notre club de cinéma. J’étais persuadé que cette soirée serait haute en couleur et je ne voulais en aucun cas la manquer. Nous organisions tous les détails nécessaires pour notre rendez-vous et je retournais à mon visionnage nocturne, me plongeant avec délice dans un monde de grands frissons et de moments de rire.

Le lendemain, alors que l’heure avait sonné, j’avais rejoint ma rouquine préférée à l’entrée du cinéma. S’habillant spécialement pour cette occasion, elle portait une petite robe à fleur et des bas rayés rouge et blanc. Elle n’était pas vulgaire bien au contraire. Sa tenue était à la fois classe et sexy, comme seule elle avait pouvoir de le faire. Elle s’était coiffée de deux nattes rouges qui descendaient le long de ses épaules. En un mot comme en cent, elle était vraiment très jolie et je ne manquais d’ailleurs pas de le lui faire remarquer. Cette réflexion la fit rougir et cela m’amusa d’autant plus.

Après s’être acheté un paquet de chewing-gum, elle partit se refaire une beauté aux toilettes en attendant que la séance ne commence. De mon côté, j’avais rejoint la salle de réunion ou une dizaine de personnes étaient déjà rassemblées. Les deux organisateurs quant à eux se tenaient pour le moment debout et mettait un point d’honneur à préparer le projecteur et à mettre en place les différentes collations auxquelles nous aurions le droit durant la soirée. Ils regardaient de temps en temps l’heure pour s’assurer qu’ils ne se mettraient pas en retard et comptaient également le nombre de personnes déjà présentes. Une des choses que j’appréciais avec leur manière d’organiser ces séances cinéma était de toujours vérifié qu’aucun des participants ne soit laisser de côtés. Chacun était invité à prendre la parole et à exprimer son opinion. Ils mettaient donc également une grande importance au fait de commencer au moment où tout le monde serait là. Je ne m’inquiétais donc pas pour Annabelle qui avait toujours tendance à prendre du retard.

Regardant alors autour de moi, je réservais deux places et me retrouvais aux côtés d’une jeune femme que je n’avais jamais remarqué auparavant. Était-ce dont la première fois qu’elle venait ici ? Je l’ignorais et je décidais de prendre la parole pour faire connaissance.

« Bonsoir, je m’appelle Victor. Je ne vous avais jamais remarquée auparavant. C’est la première fois que vous venez à l’une de ces séances ? »


Comme à mon habitude, je décidais également de prendre la parole. Après tout, elle aussi avait le droit d’en connaître plus sur moi et je me fis un malin plaisir d’en faire des caisses, comme à chaque fois que je rencontrais une personne qui m’était inconnue.

« Personnellement, je suis un inconditionnel du club cinéma depuis plus de trois ans. J’aime tellement les films qu’ils proposent. Ils sont toujours si bien réalisés et de très bons goûts. J’ai découvert beaucoup de choses grâce à eux et particulièrement des films que je n’avais encore jamais vus. Il faut dire que ce monde sait raconter des histoires comme personne. C’est sans doute pour cette raison que les auteurs et les artistes savaient autant de choses sur nos mondes respectifs. »


Après ce flot ininterrompu de paroles, je finis par lui accorder enfin le plaisir de me parler. Il y avait tellement de question qui me venaient à l’esprit qu’obtenir des réponses serait vraiment le bienvenu.

« Vous appréciez les films d’horreur, vous ? Je sais que ce genre de films ne fait pas forcément l’unanimité »


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Le ciné de la peur (Manhattan) _



________________________________________ 2021-04-09, 16:23


Le ciné de
la peur
R
ouge aux lèvres, noir aux yeux, rose dans les cheveux. Manhattan secoue ses mèches et replace le tout sur ses épaules, dans une cascade ondulée qui rebondit à chaque pas. Elle remonte le débardeur rose, sur son buste, laisse tomber l’épaule de la chemise blanche sur son bras et vérifie que sa jupe courte, parsemée de minuscules têtes de mort, n’ait aucun pli. Comme à son habitude, son allure est parfaite, à ses yeux de pétasse aussi dangereuse qu’un lion en cage. Elle aime mélanger ses couleurs exubérantes à des designs plus sombres, sur lesquels il faut se concentrer, pour les voir vraiment. Parfois, ils sont plus évidents, jetés face au monde pour lui faire comprendre qu’on peut être bête et mauvaise en même temps.

C’est ce qu’on attend d’elle, en tout cas.
Et elle prend son rôle très au sérieux, la future star.

Satisfaite, Manhattan tourne les talons. Ils claquent sur le carrelage de la salle de bain. Sa langue rouge passe sur ses petites canines, loin de ce qu’elles furent, à une autre époque. Les crocs sortis pour mordre à pleine dents, manipuler, tuer, se nourrir de sang jusqu’à plus soif. Les ricanements de la morte-vivante résonnent encore dans sa ville natale. Elle donnerait beaucoup, Mana, pour retrouver ses crocs de shiki, mordre à outrance et imposer sa supériorité aux débiles qui pensent pouvoir la contrôler.

Mais elle n’a plus que ses canines humaines, un peu plus pointues que la moyenne, qui se posent sur sa lèvre, quand elle sourit. Des dents minuscules qu’elle aime refermer sur la peau des vivants, de ceux qui osent l’emmerder, la provoquer, croire qu’ils peuvent la frapper. Ils peuvent essayer. Mana n’a de pétasse que l’apparence. Au fond du cœur, la lionne rage, grogne, aime refermer les poings sur ses ongles roses et frapper, frapper, frapper encore. Besoin de violence au creux du ventre. Elle n’a pas peur des coups qu’elle prend, en échange.

De retour dans le salon, la jeune femme aux cheveux roses sourit, se jette sur le canapé. La jupe se soulève, dans le mouvement, attire le regard de ceux avec qui elle traîne. Un garçon qui reluque ses jambes blanches. Une fille qui jalouse sa confiance et lui souhaite tout le malheur du monde, chaque fois que leurs regards se croisent. Une tache dans la vie de Mana, une connasse dont elle rêve de se débarrasser. Un accident est si vite arrivé, elle est innocente, la rose, elle n’aura rien fait si l’autre tombe dans les escaliers.

Promis, juré.

Pour le moment, elle est sage, Manhattan. Elle ricane aux blagues moisies de ses compagnons du soir. Elle penche la tête, quand elle doit singer de ne rien comprendre. Elle s’entraîne à ses mensonges d’actrice, à jouer le rôle qu’on a écrit pour elle : la petite idiote qui ne refuse jamais d’être poussée dans un coin sombre pour un peu de passion. Il peut toujours essayer, l’abruti, les dents bien vite refermées sur la peau de son cou, il regrettera de l’avoir touchée sans son autorisation.

Elle n’attend que cette jolie occasion, en vérité, pour faire tout péter entre les deux qui lui font face. Crier à tous, la larme à l’œil, de quelle manière il l’a traitée, qu’elle ne veut plus lui parler. Le hurler assez fort pour que ça tombe dans les oreilles de l’autre conne. Pleure, pleure, chérie, ton crush est un abruti. Et Manhattan est la reine des emmerdeuses, l’épine qu’on ne peut pas retirer, la lame de la guillotine, brandie au-dessus de la nuque. Elle adore frapper pour faire regretter au monde de l’abandonner.

La pétasse s’indigne un peu que personne ne l’écoute. Mana ricane, s’excuse avec une mine innocente et lui propose, d’une voix douce, de se rendre au cinéma, avec elle, dès que l’autre sera parti travailler. Une séance au calme, pour un film sympa, une soirée entre filles, à glousser devant les acteurs en caleçon. L’appât lancé au milieu du salon, l’idiote mord à l’hameçon, minaude comme une adolescente et jure qu’elle ne peut pas dire non à un tel programme. Oh si, chérie, tu aurais dû dire non. Mais Mana sourit, lui tape dans la main pour sceller le deal.

Elle sait bien, la rose, que l’autre n’aime pas les films d’horreur. Tout comme elle sait que, ce soir, il y a une séance spéciale, au club. Manhattan adore emmener les emmerdeuses voir des films d’horreur. Plus c’est gore, plus ça la fait rire, elle. Les regarder sursauter, dans leurs fauteuils, plaquer les doigts devant les yeux pour ne pas voir le sang gicler. Pousser des couinements apeurés, chaque fois que le tueur apparaît derrière les rideaux, l’arme brandie pour s’acharner sur les héros.

Elle ricane, elle. Les yeux bleus fixés sur l’écran, à voir couler le sang. Elle ricane parce qu’elle a connu pire, parce qu’elle a fait pire, parce que le mal ne vient pas des monstres, mais des hommes. La guerre sur le point d’exploser, dans son village, entre les rangées de sapin. Elle sait comment elle finit, dans l’histoire, Manhattan. Comment ils finissent tous pour n’en laisser plus que deux vivants. Les films d’horreur ne lui font pas peur. C’est la vraie vie qui est effrayante, la facilité avec laquelle la folie se propage, dans un village tranquille, chiant à mourir.

La fiction n’est que fiction.
Ou presque.
Elle rêve du jour où Sadako sortira de l’écran.
Les poings serrés pour lui apprendre ce que c’est, d’être méchant.

Le gars part, salue les filles, s’attarde un instant sur Manhattan, mais ne dit rien. Elle sourit, amusée, et s’empare de la main de l’autre pour la forcer à la suivre. Elle n’a pas le droit de se débiner, de refuser maintenant qu’elle a accepté. Dans les rues, la rose fait claquer ses talons, s’invente un air guilleret pour rejoindre le cinéma. L’autre lui demande si elle est sûre de ce qu’elle lui a proposé. Mana l’ignore royalement. Tu verras bien, l’idiote, sourire aux lèvres pour la rassurer. Entre amies, les coups bas n’existent pas. Pourquoi Mana aurait menti ? Ce n’est pas son genre, vraiment.

Douce ironie.

Manhattan force l’autre à la suivre, quand elle se rend compte de la supercherie, l’air innocent. Oh non, tu n’aimes pas les films d’horreur ? Elles s’assoient l’une à côté de l’autre et la rose hausse les épaules. Tant pis, tant pis, maintenant qu’elles sont ici. Chewing-gum entre les dents, Mana mâche doucement, se prépare à faire éclater ses bulles aux pires moments. Pour tous les voir sursauter, s’excuser avec sa belle auréole sur la tête, et ricaner intérieurement. Son petit bonheur, à elle, pendant les films d’horreur.

Un homme prend place à côté et Mana ne lui accorde qu’un regard en biais. Elle ne pense pas qu’il voudra lui parler jusqu’à ce qu’il lui adresse vraiment la parole. Les yeux bleus de la rose glissent sur lui, le regardent de haut en bas, sans se cacher. La bulle explose, entre ses lèvres rouges. Qui c’est, celui-ci ? Mais elle sourit.

– Bonsoir Victor, fait-elle, faussement enjouée. On dirait l’introduction d’une réunion AA, non ? Ne le prends pas mal, je te taquine un peu. (Petit clin d’œil, nouvelle bulle sur ses lèvres.) Je ne viens qu’aux séances normales, d’habitude. Mais j’ai eu envie de tester le club. Un film d’horreur, comment refuser ?

Elle glousse un peu et détourne le regard pour écouter la suite. Tant de mots, dans une seule bouche, elle retient un soupir. Elle préfère sourire, faire semblant d’être intéressée. Les paupières qui papillonnent sur ses iris azur. Elle attend qu’il ait fini, qu’il n’ait plus rien à raconter de sa vie pour répondre à ses questions, même si elle n’en a pas envie.

– Oh non ! Ça fait beaucoup trop peur pour moi ! Mais c’est ce qui fait leur charme, non ? On aime les frissons, l’impression de danger.

Manhattan se penche un peu. Les mèches roses glissent sur ses épaules et elle sourit, dévoile ses petites canines qui n’ont rien de menaçantes, dans ce monde.

– Tu y as cru ? demande-t-elle, plus bas. Je les trouve ennuyants. Les intrigues sont courues d’avance, les héros plus cons que leurs pieds et les méchants plus débiles encore ! Heureusement que la vraie vie est plus complexe que ces films, plus effrayante, aussi. Plus sanglante, parfois.

Inconsciemment, elle passe la langue sur ses canines, en teste le bout pointu et se rappelle de son monde, de ses belles robes, de ses yeux rouges et de ses crocs saillants. De tout ce sang, au village.

– La véritable horreur vient des hommes, pas des démons. Tu ne savais pas ?

Après tout, elle a été, elle, un démon cadavérique, une morte ramenée à la vie pour sucer le sang des vivants, leur ordonner de danser au creux de sa main. Prête à tout pour profiter de sa nouvelle vie. Pour pousser cette idiote de Kaoru à se pisser dessus.

– Mais si ce film correspond à tes attentes, qui sait… je serais peut-être tentée de venir plus souvent.



HRP : Désolée pour le retard ! S’il faut modifier quelque chose ou rajouter un bout, n’hésite pas à m’envoyer un petit MP <3






Victor J. Lovecraft
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________________________________________ 2021-05-26, 19:14


Le ciné de la peur
L'effroi des salles obsures

Quelque chose chez cette jeune femme m’intriguait et m’attirait réellement, comme un papillon devant la flamme d’une lanterne. Je ne savais pas réellement à quoi je le devais. Peut-être que c’était son look atypique qui me faisait comprendre qu’on ne devait pas s’ennuyer à ses côtés. Ou peut-être était-ce autre chose ? Quelque chose de plus mystérieux et caché derrière son joli visage. Je croyais sentir une sorte d’aura l’entourer, une énergie que je n’avais réellement connue que chez les habitants de ma belle ville d’Halloween Town. De quoi s’agissait-il ? Je n’en avais aucune idée mais j’avais décidé de lui parler pour voir si mes soupçons pourraient finir par se confirmer. Je ne lui en parlais d’ailleurs pas directement. C’était à elle de se confier à moi si elle désirait réellement le faire. En attendant, je choisis de faire connaissance en lui parlant d’un sujet que nous connaîtrions tous les deux puisque c’était pour cette raison que nous avions rejoint ce club.

L’horreur ! Ce domaine qui m’avait toujours passionné. Quoi de plus naturel après tout, j’étais né pour faire ressortir la peur chez les autres. C’était cela mon super pouvoir. Je souris en voyant qu’elle approuvait totalement mes paroles. Cela faisait véritablement du bien de savoir que je n’étais pas le seul à approuver ses dires. J’avais beau être entouré de certains de mes anciens sujets, cela n’était jamais la même chose que de vivre dans mon royaume. Les avis concernant le cinéma d’horreur et l’épouvante de manière générale était si différents dans cette ville. Nous avions certainement les origines les plus variées de toutes les villes de cette planète. Dans certaines circonstances cela pouvait s’avérer être une chance. Connaître des gens venus de tant de mondes différents nous permettait d’être toujours surpris face à ce que nous allions découvrir de nouveau. Mais cette découverte de nouveauté s’accompagnait également très souvent d’un parfum de nostalgie qu’elle laissait traîner derrière elle. Les gens d’ici n’aimaient bien souvent la peur que le soir du 31 octobre et préféraient ne pas être totalement secoués les autres jours de l’année. Faire de mauvaises blagues paraissait pour le commun des mortels des plus inapproprié. Voilà pourquoi il était si agréable de parler avec des gens qui partageaient au moins ce point commun avec nous.

Lorsqu’elle prit la parole, je découvris qu’il n’y avait pas que se singularité capillaire qui la rendait unique. Elle avait également un langage terriblement piquant qui me plaisait beaucoup. Cela me rappelait les discussions que je pouvais avoir avec certains de mes anciens concitoyens et cela me plaisait vraiment beaucoup. D’ailleurs je crus bon de le lui signaler.

« Oh ne vous excusez pas ! Au contraire, j’aime la franchise et l’honnêteté. Ce sont deux qualités qui manquent tellement aujourd’hui. On a trop tendance à verser dans le politiquement correct alors qu’il n’y a aucune raison de le faire. Nous vivons dans un monde tellement aseptisé je le crains. C’est pour cette raison que l’horreur fait beaucoup de bien. »

Je finis par lui tendre une main chaleureuse et revint sur ses derniers propos. J’avais toujours la fâcheuse tendance à partir dans des réflexions personnelles qui m’éloignaient des choses les plus importantes sur le moment. Je poursuivis alors adoptant son tutoiement. Ce n’était pas une chose à laquelle j’étais vraiment habitué avec des inconnus mais dans son cas je voulais bien faire une exception. Après tout, nous semblions être sur un pied d’égalité tous les deux.

« Mais laissons cela de côté pour le moment. Tu as bien fait de venir, c’est toujours intéressant de pouvoir rencontrer des personnes nouvelles. Sois la bienvenue ! J’espère que tu te plairas parmi nous. Mais en fait, comment t’appelles-tu ? Il ne me semble pas que tu me l’aies déjà dit, n’est-ce pas ? »

J’approuvais ensuite en un mouvement de tête la suite de ses propos. Il est clair que partageais totalement son point de vue sur l’utilité de l’horreur dans nos vies.

« Je suis bien d’accord avec toi ! C’est d’autant plus difficile à vivre lorsque l’on vit dans ce monde-là. Dans la ville où je viens l’horreur était nichée à chaque coin de rue et tous les habitants en étaient très heureux. Mais ici tout est différent et je pense qu’il y a beaucoup trop de personnes attachées à ce côté fleur bleue et monde de Bisournours. Il y a de l’aventure également mais ce n’est pas la même chose… une chance qu’il reste les films pour que nous puissions nous évader dans ces univers. »


Je souris alors d’autant plus lorsque je perçus les petites canines qu’elle portait au coin de ses lèvres. Ainsi donc j’avais bien raison. Elle cachait bien un petit secret qui confirmait cette impression d’aura surnaturelle que je ressentais autour d’elle. Je ne manquais alors pas de rire légèrement, plutôt fier de ma trouvaille.

« Cela dit, je suis certain que tu le comprends mieux que quiconque, non ? »


Je concluais ma petite réflexion par un clin d’œil, espérant qu’elle ne prendrait pas ombrage sachant que j’étais parvenu à la percer un jour. J’écoutais alors avec plaisir la suite de son discours qui me laissait percevoir sa propre vision de l’horreur. Un sourire toujours marqué au coin de mes lèvres, j’approuvais encore vivement ses dires qui m’amusèrent beaucoup.

« Je suis tout à fait d’accord avec toi. Ils ont encore beaucoup à apprendre pour toucher du doigt ce qu’est la véritable horreur à l’état brut. Mais à mon avis, ils ne sont pas encore prêts pour cela. Ne le penses-tu pas ? C’est vrai que les hommes peuvent parfois être bien plus cruels que les monstres. Mais j’imagine que cela doit avoir un aspect rassurant pour eux. Au moins, c’est écrit sur leur figure qu’ils sont sensés être les méchants. Dans la vraie vie, il y a tellement peu de choses qui différencie les gentils des méchants. Cela a un aspect effrayant pour des gens qui ont eu tellement l’habitude de vivre dans un cocon bien douillet et aseptisé. »


Je savais ce qu’elle voulait dire par là. Je me rappelais encore du cirque extraordinaire que j’avais crée dans le monde des contes. Mon imaginaerum ! Certes, les gens qui vivaient sous le chapiteau pouvaient avoir un aspect repoussant voir même effrayant mais cela n’avait rien à voir avec la cruauté dont avaient fait preuve les humains qui les avaient repoussés. Que pouvait-il y avoir de plus horrible d’être tabassé ou brûlé vif par des personnes que l’on cherchait simplement à effrayer et amuser un peu ? Ecartant ces vilaines pensées, je tâchais de me concentrer davantage sur mon interlocutrice. Cela me fit très plaisir de savoir qu’elle serait toute disposée à revenir si je pouvais lui prouver que le club de film d’horreur avait beaucoup plus à lui offrir que des monstres en carton-pâte et des imbéciles d’acteurs.

"Eh bien cela va être mon défi de ce soir ! Te prouver que dans ce cinéma on peut y trouver des perles insoupçonnées. Oh d’ailleurs, je n’ai pas pensé à te poser la question. Tu es venue seule ce soir ? Je suis là avec une de mes grandes amies. Si tu veux, tu peux te joindre à nous pour le visionnage du prochain film. Qu’en penses-tu ? »

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