« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)
Ouvrant les yeux, je respire profondément. Depuis le début de ma grossesse, je passais des nuits assez complexes. Je me réveillais toujours très tôt, peut être même trop tôt. Bert travaillait tardivement et généralement, il rentrait au petit matin ou partait parfois en fin de nuit. Me levant, je me rends dans la salle de bain avant de me passer de l’eau sur le visage. Mon ventre était développé, l’accouchement était prévu pour bientôt et disons que j’avais juste envie de changer d’air.
L’année scolaire venait de redémarrer depuis peu et je savais parfaitement que j’allais devoir me faire remplacer après l’accouchement pendant mon congé maternité mais ça m’inquiétait un peu parce qu’au fond, j’appréciais mon travail. Me résignant à ne plus dormir, je me rends dans la cuisine avant de me faire chauffer de l’eau pour me faire une tasse de thé. Attrapant le post-it sur le frigo, je souris légèrement en voyant l’écriture de mon époux
appel d’urgence. Passe une belle journée, je te retrouve ce soir. Je t’aime. B.
Me faisant couler une tasse de thé anglais, je me rends dans la grande pièce du salon et m’installe près de la fenêtre pour profiter du lever de soleil. La maison était tournée de telle manière que nous avions le lever de soleil le matin et qu’il ne faisait pas trop chaud l’après midi. C’était agréable. Attrapant mon portable, une idée me vient soudain. Nous étions samedi et donc qui dit samedi, dit week end et de cette façon, pas de travail aujourd’hui. Tapotant rapidement un message sur mon portable, je l’envoie à Deborah.
J’avais besoin de changer d’air et de voir une amie. Cependant, pour changer d’air, quoi de mieux qu’une ballade dans les peintures. Généralement, on y rencontre des personnes peu communes et je voulais simplement sortir un peu de Storybrooke mais avant ça, je lui avais proposé un bon repas. Verrouillant mon téléphone, je monte à la salle de bain pour me préparer. Vu les temps rafraichissant de septembre, j’enfile une tenue automnale mais très chic, choisie d’ailleurs par Deborah qui m’avait aidé à refaire ma garde robe lorsque ma grossesse avait été trop voyante pour me permettre de porter mes autres tenues.
Profitant de la matinée pour préparer le repas, j’installe une jolie table dans le salon, allume la cheminée pour qu’il fasse juste bon comme il faut à l’intérieur et mets le gratin de pommes de terre au four avant de vérifier la cuisson de la viande. Finalement, l’heure du repas arrive et la sonnette de l’entrée retentit. Rangeant un peu, je me dirige ensuite vers l’entrée avant d’ouvrir à Deborah.
« Salut Debbie, je suis contente que tu ai accepté de venir. » la saluais-je avant de me pousser pour la laisser entrer.
Les bébés, ça n'a jamais été mon truc, principalement parce que : 1 - c'est très laid (quoiqu'en disent les jeunes parents tout émus de découvrir la petite horreur qui va leur pourrir les nuits pendant les six prochains moins) 2 - ça bave tout le temps (et déjà que j'aime pas la morve de Tristesse mais que je la supporte parce que c'est Tristesse, je vais pas non plus supporter la morve d'un chiard) 3 - c'est chauve et y a qu'à Bruce Willis ou Dwayne Johnson à qui la calvitie ça va réellement 4 - c'est disproportionné : une énorme tête et un tout petit corps 5 - ça n'a aucune conversation parce que ça ne sait pas parler et en plus ça n'a pas de dents. 6 - Etc. etc. Quoiqu'en disent la plupart des gens, il existe des TAS de raisons de détester les bébés. Même si je n'en ai citer que cinq, c'est pas la question. Cela dit, il faut reconnaitre que c'est quand même un peu utile si on veut garantir la survie de l'espèce. Malheureusement, puisque l'eugénisme est toujours interdit, c'est aussi idéal pour perpétuer : 1 - la connerie humaine 2 - la laideur humaine 3 - le manque de goût de la plupart des humains 4 - les travers humains 5 - le patrimoine génétique peu avantageux des parents. Etc. Etc. Je vous refais pas le laïus mais il y a EVIDEMMENT tout un autre tas de raisons que j'aurais pu ajouter. Non, vraiment, je suis bien comme ça, juste avec moi-même et mon unicité. Certes, mon statut d'émotion rendue humaine ne me permettrait de toute façon pas de procréer même si j'en avais envie, mais ça non plus ce n'est pas la question. J'aurais jamais eu envie de procréer car seuls Papa et Maman étaient en mesure de créer quelqu'un qui vaille le coup : Riley. Et par extension moi, qui suis Perfection comme chacun sait. Pourtant, quand mon amie Brianna m'avait annoncé être enceinte, j'avais fait ce que tout le monde fait dans ces cas-là : j'avais souri, je l'avais félicitée, j'avais demandé si tout se passait bien (vraiment j'avais juste fait ça par politesse : en vrai, c'était pas le sujet de conversation dont j'avais le plus envie à ce moment-là). Et c'était passé. Evidemment que c'était passé, puisque je maitrise les codes sociaux encore mieux que ceux qui les ont inventé. Si, c'est possible, je vois pas pourquoi ça le serait pas. Forcément, maintenant qu'elle avait décidé de faire pousser un être humain dans un de ses organes, elle avait moins de temps pour me profiter de la chance immense qu'elle avait d'être mon amie et je m'en accommodais plutôt bien étant donné que JE continuais de toujours aussi bien profiter d'être moi. Je fus cependant agréablement surprise, ce samedi matin-là du début de l'automne (la saison idéale pour mettre ma chevelure de feu en valeur) je reçus un texto me demandant si j'étais disposée à la voir, j'acceptai. Manifestement elle avait besoin de se changer les idées et d'arrêter de n'être qu'un incubateur à bébé et s'était rappelée que j'étais le meilleur moyen de faire ça. J'étais évidemment flattée, même si elle ne faisait que penser la vérité. Le pan était de commencer par le déjeuner (et je ne dis jamais non à un déjeuner s'il est pris dans un endroit chic et raffiné et encore moins si en plus c'est pas moins qui paye ou qu'au moins ce n'est pas moi qui cuisine mais l'autre, comme ce serait le cas dans cette situation) puis d'aller se balader dans des peintures. J'étais carrément sceptique quant à la deuxième partie de son projet, prête à croire qu'il s'agissait d'une lubie de femme enceinte (et en cela presque pardonnable) mais pourquoi pas. Au pire elle pleurerait abondamment toutes ses larmes de femme enceinte bourrée d'hormones quand je lui dirai que son idée était, a posteriori, franchement nulle. Et au mieux j'apprécierai la balade. Mais notez quand même que c'est très dur de me convaincre quand j'ai un fort a priori négatif sur quelque chose - et encore plus sur quelqu'un. Vêtue d'une sublime tenue automnale qui soulignait aussi bien mes formes que ma rousseur, je me rendis chez Brianna et sonnai à l'heure précise, aussi ponctuelle que la montre suisse à mon poignet. Elle ne tarda pas à m'ouvrir, emportant avec elle la bonne odeur de la cuisine qu'elle me préparait. Je la sentis quelques instants en fermant brièvement les yeux pour me concentrer sur les odeurs et deviner ce que nous allions manger, puis les rouvrit (les yeux, pas les odeurs) pour scruter Brianna des pieds à la tête. - Salut Bree, contente de voir que tu ne ressembles pas encore à une baleine échouée sur la plage. Et que tu suis mes recommandations de mode, ajoutai-je, avec un sourire satisfait. Aloooors, repris-je en pénétrant dans la demeure pendant qu'elle fermait la porte, toujours aussi joyeuse d'être un incubateur à bébé ? Pas trop chamboulée par les hormones ? Pas d'envies alimentaires bizarres ? Parce que je te préviens : c'est pas sous prétexte que toi maintenant tu manges du thon au Nutella que je vais aussi prendre ça au dessert. Ca ou toute autre association étrange typique des gens dans ton état. Enfin, au détriment, ça sent plutôt bon ce que tu nous prépares, alors tu n'es peut-être pas totalement rentrée dans le cliché...
Brianna M. Newton
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Un léger sourire perle sur mes lèvres lorsque mon regard croise celui de la rousse.
« Tu as vu ? J’ai bien retenu tes leçons. » énonçais-je alors quand elle me complimente sur le fait que vestimentairement parlant, je ne suis pas à plaindre. En même temps, j’ai la meilleure pour m’aider à trouver des tenues parfaites qui en tant que femme enceinte ne me fasse pas paraître affreuse.
Passant une main dans ma chevelure blonde, je laisse la jeune femme entrer avant de refermer la porte derrière elle. L’invitant à entrer au salon, je finis par reprendre la parole afin de pouvoir répondre à ses questionnements.
« Pour tout t’avouer, j’ai quand même hâte qu’elle se décide à montrer le bout de son nez parce que c’est vrai que les nuits commencent à être plus complexes. A moins que je commence déjà à m’habituer à avoir des nuits pourries pour les dix huit prochaines années. » énonçais-je en me grattant l’arrière du crâne « Mais en vérité, je suis heureuse de devenir maman. » avouais-je alors.
M’humectant les lèvres, je m’occupe du feu de la cheminée avant de proposer à Deborah de s’installer dans le sofa, ayant déposé quelques temps plus tôt de nombreuses choses à grignoter sur la table basse ainsi que deux verres avec différentes boissons pour se servir.
« Ne t’inquiètes pas, j’ai aucune envie alimentaires bizarre. » énonçais-je avec un petit rire avant de reprendre « J’ai fais de la viande avec un gratin de pommes de terre. » expliquais-je à la jeune femme « Et une tarte aux pommes pour le dessert, j’espère que tu aimes. » ajoutais-je avant de m’installer dans le fauteuil « Je ne savais pas trop ce que tu souhaitais alors je te laisse te servir ce qui te fais envie. Comment vas-tu ? » énonçais-je à la jeune femme.
Elle avait intérêt à retenir mes leçons, oui ! On parle quand même de mes leçons, pas de n'importe quoi ! Heureusement pour Brianna, quand c'était elle qui était à l'origine qu'une formulation maladroite à mon égard, j'avais tendance à ne pas lui en tenir rigueur. Je lui répondis par un simple sourire satisfait et la suivit au salon, sans oublier de poser mes yeux absolument partout pour tout observer. Un intérieur en dit toujours long sur son propriétaire et que je connaisse Brianna depuis des années n'y changeait rien : on n'était pas à l'abri d'un revirement rococo inspiré par une poussée d'hormones et, globalement, j'aimais avoir l'œil pour apercevoir ce qui était nouveau chez les gens (d'autant que je suis experte à ce petit jeu). Maintenant qu'elle était devenue un incubateur vivant, je guettais les premiers changements notables dans l'organisation de la maison, espérant que la maternité ne la rendrait pas sénile de la décoration d'intérieur (une maladie bien trop peu connue et encore moins bien soignée que les Afro-américains dans notre pays, si vous voulez mon avis). Pour l'instant rien, tout était encore impeccable, à l'image de l'Anglais coincée et nounou préférée des bambins qu'elle avait jadis été. Bien, ça me convenait. La perspective de parler bébé de plus en plus au fur et à mesure que la grossesse de Brianna progressait me convenait vachement moins mais, la politesse aidant, je l'écoutais avec attention rajouter de l'eau à mon moulin, ou plutôt des bullet points à ma longue liste contre la grossesse. - Si tu as de la chance ta gamine fera ses nuits avant ses dix-huit ans, répondis-je, pince sans rire. Pour moi, le sommeil, c'est important et ça ne se fait pas n'importe comment. Généralement ça se fait dans des draps en satin, dans un lit queen size, avec plein d'oreillers bien rembourrées, un édredon moelleux et le SILENCE. Bref, ma vision du sommeil n'est pas compatible avec la vision du sommeil d'un nouveau-né. Hors de question donc que je me reconvertisse en babysitter. Même si cohabiter avec Tristesse, Peur et Colère peut parfois s'y apparenter. - Si tu es heureuse, c'est le principal. Ou le signe que tu es sadomasochiste, ne pus-je m'empêcher d'ajouter d'un air nonchalant vis-à-vis des mauvaises nuits et autres joyeusetés qu'elle connaitrait bientôt. Et puis c'est pas comme si tu n'avais pas l'habitude de gérer des enfants. Tu feras certainement ça très bien, ajoutai-je pour sincèrement l'encourager (même si Brianna ne donnait pas l'impression d'avoir besoin d'encouragement) sans toutefois m'appesantir sur la question. Jugeant que les politesses d'usage étaient faites, je pris la décision de m'asseoir près de la table basse et de me servir un verre de vin blanc sans lui en proposer un et trouvant ainsi un autre désavantage à la grossesse : l'impossibilité de boire et manger tout ce qu'on veut, quand on le veut. La pauvre, ne pus-je m'empêcher de penser vaguement en portant le verre à mes lèvres. - Ca m'a l'air d'un menu convenable, repris-je en reposant le verre dans un bruit mat sur la table basse. Comme plein de gens, j'adorais les pommes de terre et les tartes aux pommes. Mais si Brianna comptait sur moi pour sauter de joie sur le canapé en découvrant le menu, elle était mal tombée. - C'est gentil de t'inquiéter de ma soif, mais t'en fais pas, je suis une grande fille. Et clairement pas du genre à attendre qu'on la serve quand elle a soif, ajoutai-je en faisant tournoyer le verre entre mes doigts d'un air pensif. Tiens, ça te manque pas trop, d'ailleurs ? L'alcool. Le café. Les sushis. Les trucs cool qu'on est pas censé manger quand on est enceinte, quoi... Si ça lui manquait, je ne pourrais rien lui conseiller à part de prendre son mal en patience ou d'avorter tardivement, une option qu'elle ne trouverait probablement pas convenable. Mais mon sens de la conversation avait été plus fort que l'aide que je pouvais éventuellement apporter sur ce point. En revanche, pour ce qui était de parler de moi, je pouvais TOTALEMENT l'aider : - Disons que la vie suit son court, résumai-je avant de détailler (parce qu'elle se doutait bien que j'allais détailler). Je suis toujours la plus sublime, la plus parfaite, en un mot, la meilleure et ça horripile toujours quantité de gens. Pas de liaison sentimentale actuellement, si c'était ce qui t'intéressait. Sauf si l'amour inconditionnel que je me porte compte, ajoutai-je en levant le menton. Je n'en ressens pas tellement le besoin et puis, tu sais, je suis une femme très occupée, lui rappelai-je. Tellement de conseils à donner, de punchlines à distribuer, de relookings à effectuer, d'ascensions sociales à assister... Parfois, honnêtement, je me demande comment je fais pour avoir encore du temps pour moi. Puis je me rappelle que je suis géniale et que c'est donc normal que j'en trouve. Non, la vraie question c'est de savoir si toi tu trouveras encore du temps pour toi quand tu auras cessé d'incuber la vie. Il parait que c'est pas simple... mais c'est sans doute mieux que les vergetures et la peau qui pendouille, remarque. Mentalement, j'ajoutai ces arguments évidents à ma liste de raisons contre la grossesse.
Brianna M. Newton
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J’arrivais à la fin de ma grossesse et clairement, je commençais à trouver le temps long. Bert était souvent de sortie pour pouvoir faire de l’argent afin qu’on ne manque de rien, une fois la venue de notre fille. Bien sûr, en tant que proviseure du lycée, je gagnais assez bien ma vie pour qu’on ne manque de rien mais il aimait son travail alors comment l’en dissuader. Bien sûr, il choisissait ses contrats afin de ne jamais être trop loin de moi, juste au cas où. Cependant, aujourd’hui, j’avais décidé de passer du temps avec Deborah afin de l’inviter à déjeuner à la maison et lui proposer ensuite une petite balade dans les tableaux mais ça, encore faudrait-il qu’elle accepte. Pour l’instant cependant, nous en étions encore au repas, ou plutôt à l’apéritif.
Deborah était entrée dans la maison avant que je ne referme la porte derrière elle. J’ai bien vue qu’elle zieuté les lieux, comme pour vérifier sans doute qu’il n’y avait aucun dérapage de déco dû à un excédent hormonal lié à ma grossesse dira-t-on. Un léger sourire pris naissance sur mes lèvres « espérons le. » énonçais-je alors avec un léger sourire. Je me préparais à devoir me lever à des heures pas possibles pour pouvoir la bercer, la nourrir, changer sa couche ou que sais-je encore. Bien sûr, Bert serait là lui aussi mais…vous avez saisi le principe.
Un éclat de rire m’échappe avant que je ne reprenne tandis que nous nous rendons dans le salon « C’est sûr…pour la première partie de ta phrase hein, pas la seconde. » quoi que le fait que Bert sache bien ramoner aide beaucoup -non je ne sous entend pas du tout quelque chose de sexuel là dedans bande de dégoutants-. M’installant sur le fauteuil, je respire profondément « Effectivement, même si ces enfants là n’ont jamais été les miens. » avouais-je alors. Oui j’étais la nurse anglaise la plus aimée de tous les enfants mais ces enfants là, même si je les aient tous fait rêvés n’ont jamais été mes enfants et si je me débrouillais mal avec ma fille, et si ça n’allait pas… Tant de questions auxquelles je finirais simplement par répondre avec le temps.
« Et dont l’entièreté peut être mangé par une femme enceinte qui plus est. » énonçais-je à Deborah. Parce que oui, depuis le début de ma grossesse, j’adaptais tous mes menus avec les choses interdites qui devaient être retirées. Disons que pendant les neuf derniers mois, les choses étaient devenues assez complexes et je ne doutais aucunement que Bert profite de travailler pour pouvoir dévorer des burgers ou que sais-je encore qu’il ne peut pas manger chez nous « D’ailleurs je me dis que si mon époux choisit d’autant travailler, c’est pour profiter de ses pauses déjeuners pour manger tout ce qu’il ne trouve pas ici, sans doute de la malbouffe comme des burgers aussi par exemple… » énonçais-je alors.
Attrapant mon verre, je le remplis d’un jus de pomme frais avant de le porter à mes lèvres pour en boire une gorgée « Parfois si… » avouais-je alors « Quand je passe devant Starbucks, je me damnerais pour pouvoir boire un macchiato bien chaud. » avouais-je alors « et disons que le bon whisky me manque aussi. » j’avais toujours été une fervente du bon whisky et ça, la jeune femme le savait pertinemment. Posant mon verre sur la table basse, je souris légèrement. Deborah ne changera jamais et c’est justement ce que j’adore chez elle. Elle est unique en son genre « Oh t’en fais pas pour ça, après tout, je suis à peu de choses près, parfaite en tout point. Je devrais trouver le moyen de retrouver cette perfection une fois que ma fille sera venue au monde. » énonçais-je alors à l’émotion « Et je compte faire ce qu’il faut pour éviter les vergetures et la peau qui pendouille parce que c’est pas ce qu’il y a de mieux pour le summer body. » ajoutais-je « Dis…Je sais à quel point tu A.D.O.R.E.S les enfants mais… je voulais te demander si tu accepterais de devenir la marraine de ma fille ? Je crois que je ne trouverais clairement personne de plus parfait que toi, sauf moi bien sûr mais je suis sa mère, ça compte pas. Tu ne seras pas obligé de la babysitter bien sûr mais je sais que tu seras la mieux placée pour la conseiller sur beaucoup de choses. » énonçais-je alors.
- Il a bien raison, approuvai-je, dégoûtée à la seule idée qu'un tas de cellules en cours de développement dans un de mes organes non vitaux puisse me priver des petits plaisirs de la vie. Et puis quoi encore ? C'est pas comme si je l'avais dit et redit que je ne suis PAS altruiste. Mais s'il faut le répéter : je ne suis PAS altruiste. Je laisse ça à la Croix Rouge et aux Restos du Cœur. L'altruisme, je laisse ça aux gens comme Brianna puisque ça a l'air de tellement leur faire plaisir... Mais le plaisir, justement, on le perd quand même un peu (beaucoup) quand on tombe enceinte et même Mary Poppins en personne ne pouvait pas le nier. - Au moins tu ne te voiles pas la face, soupirai-je, vaguement désolée pour elle. En revanche, il était clair qu'elle se voilait la face quant au retour de sa ligne et de son corps de jeune première une fois qu'elle aurait expulsé le bébé ainsi que le placenta qui va avec. Ne tenant toutefois pas à détruire toutes les illusions d'une femme chamboulée par des tonnes d'hormones, j'eus, une fois n'est pas coutume, la délicatesse de la laisser parler en faisant semblant de ne pas avoir entendu qu'elle disait une connerie aussi énorme qu'elle (ce qui n'est pas peu dire quand on parle d'une femme ENCEINTE). Mais entre nous soi dit : quand elle aura accouché, elle sera aussi obèse que Bridget Jones. Voire plus. Tandis que j'étais occupée à penser des méchancetés sur, pourtant, l'une des femmes que j'estime le plus au monde en dehors de moi, les yeux de Brianna avaient commencé à se remplir d'étoiles émotives sans que je n'y prête réellement attention, trop occupée que j'étais à m'écouter penser à défaut de m'écouter parler. A ce moment-là, elle et moi n'étions pas sur la même longueur d'ondes. Je dirais même que nous n'étions pas dans la même galaxie de pensées mais son approche un peu hésitante me fis progressivement revenir dans son univers de future maman, d'abord méfiante puis carrément étonnée, bien que farouchement décidée à ne rien laisser transparaitre. Comprenons nous bien : je me suis certes TOUJOURS considérée comme approximativement cent fois mieux que la Marraine la Bonne Fée de Cendrillon et environ dix mille fois plus compétences que les trois débiles de fées qui s'occupent de la Belle au Bois Dormant. Je sais aussi que personne n'a autant de talent que moi pour, disons le franchement, à peu près tout en matière de survie sociale et esthétique. Enfin, je n'ai jamais douté de ma perfection qui n'est pas "à peu de choses près" parfaite comme pour certaines mais absolument parfaite en tous points. Et pourtant, jusqu'à aujourd'hui, jusqu'à ce repas, jusqu'à cet instant, je n'avais jamais imaginé qu'on me demanderait de réellement être la marraine de quelqu'un. Evidemment, je le mérite mais un enfant qui n'est pas encore né me mérite-t-il ? C'est plutôt ça, la vraie question. Du moins était ce plutôt la question que j'avais envie de poser à Brianna histoire de donner le change. La véritable question était si je me sentais capable de m'attacher - ou d'avoir envie de faire l'effort de m'attacher - à une autre enfant que la mienne, ma Riley, le tout dont j'avais, jadis, était la partie. Je proclamais toujours que je détestais les enfants mais ce n'était pas tout à fait vrai. En fait je déteste tous les enfants sauf Riley, ce qui, maintenant qu'elle n'est plus de ce monde revient pour ainsi dire au même et m'a toujours grandement satisfaite. Pourquoi aurais-je donc besoin de m'attacher à une morveuse qui ne saura pour ainsi dire rien faire quand je peux n'être attachée qu'à ma propre perfection ? Ca va m'apporter quoi si ce n'est plus de dépenses pour Noël et les anniversaires, voire, dans le pire des cas, des sentiments positifs à l'égard d'un autre être humain et peut-être même l'envie de pleurer quand il lui arrive malheur ? Je n'ai pleuré qu'une fois dans ma vie et c'est quand Riley est morte. Autant vous dire que l'expérience m'a suffi. Sadie pense que j'ai tort, que je devrais davantage me laisser aller à mes émotions et à la soi-disant empathie qui serait enfouie quelque part dans mon âme, sous des couches et des couches de dégoût pur mais généralement quand elle embraye sur ce genre de sujet je fais semblant d'être devenue temporairement sourde. La tristesse, je lui ai assez donné de mon temps et je la lui laisse volontiers puisqu'elle l'aime tellement. - D'accord, répondis-je toutefois d'une voix neutre alors que le silence instauré par la question qui m'avait prise de cours n'allait pas tarder à se faire trop long pour être supportable. De toute façon, ça ne se fait quasiment pas de refuser d'être le parrain ou la marraine de quelqu'un. Et si elle espérait que je refuse eh bien tant pis pour elle : sa fille devra se contenter de la meilleure et personne d'autre ! Pour tout vous dire, je ne sais pas exactement pourquoi j'ai accepté cette proposition presque absurde mais, je dois bien l'avouer, un peu touchante. Je serai parfaite pour cette gamine. Je le sais parce que je suis parfaite pour tout. Elle va avoir la classe et les meilleurs conseils du monde. Alors pourquoi ça m'ennuie autant de me projeter dans cette histoire ? Je n'oublierai ni ne remplacerai jamais Riley. Si nous avons bien UN point commun c'est celui d'être irremplaçables. Et extraordinaires, donc ça fait au moins deux points communs. - C'est gentil de proposer, repris-je d'un ton plus nonchalant, maintenant que la surprise était suffisamment derrière moi. Un peu étonnant quand on connait mon DEGOUT des enfants, poursuivis-je en ponctuant la conversation d'un sourire mesquin, mais flatteur. Cette gamine m'a l'air bien partie dans la vie. Par contre, oui, PAS de babysitting de ma part, la prévins-je, le regard presque noir. Et puis quoi encore ? Changer ses couches ? Non mais vous m'avez vue ? Je m'occuperai de cette enfant quand elle saura aller toute seule aux toilettes. Ce genre de joyeusetés, je le laisse volontiers aux parents. - J'ai voix au chapitre pour le prénom, du coup ? demandai-je ensuite en gratifiant Brianna d'un sourire faussement angélique et véritablement plein de dents très blanches.
Brianna M. Newton
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Un petit rire m’échappe au fait que Deborah confirmait que Bert avait bien raison de profiter de ses pauses repas pour déjeuner hors de la maison et se faire des petits plaisirs qu’il ne pourrait pas trouver à la maison, étant donné qu’étant enceinte, il y avait pas mal de trucs que je ne pouvais pas manger.
« C’est sûr. » énonçais-je alors.
De toute manière, ça ne servait clairement à rien de se voiler la face parce que les choses demeuraient ainsi. Oui j’étais enceinte et oui les choses ne seraient sans doute jamais comme avant et peut être même que mon corps aussi mais peu m’importait, après tout, en moi, je portais la vie, mon bébé, ma petite fille. La discussion dévia bien rapidement. Oui j’avais réfléchie, longuement, vraiment longtemps et il m’était clairement apparu comme une évidence que pour ma fille, il n’y aurait personne de mieux qualifié que Deborah pour pouvoir être la marraine. Oui elle est particulière, parfaitement particulière et j’avoue que parfois elle m’intrigue mais je l’estime vraiment et je sais qu’elle saurait être de bon conseil pour ma fille quand moi je ne pourrais l’être.
Attendant la réponse de la rousse, je respire profondément et calme les légers tremblements de ma jambe droite avant d’entendre la voix de Deborah qui se répercute dans mes oreilles. D’accord. Elle était d’accord pour être la marraine de ma fille. Un grand sourire perle sur mon visage mais dans toute la grâce et la perfection qui me sied, je suis contentée d’hocher la tête positivement.
« Merci d’accepter Debbie. » répondis-je avec un sourire.
Attrapant mon verre, je bois un peu avant de le reposer sur la table basse.
« Tu sais, tu es sans doute l’une des rare personnes à qui j’ai facilement réussi à accorder ma confiance et je sais que tu ne me décevras pas. Après tout, n’est pas Deborah Gust qui veut. » énonçais-je avec un clin d’oeil et un sourire avant de reprendre « C’est noté pour le baby-sitting. » ajoutais-je alors.
Oui je savais bien qu’elle ne voudrait pas faire du baby-sitting et cela m’importait peu parce que de toute façon, je serais assez souvent à la maison et puis, je connais nombre d’adolescentes qui seraient ravies de se faire un peu d’argent de poche. Terminant mon verre, je ramène mon regard sur la jeune femme avant de finalement reprendre la parole.
« Tu as le choix du second et tu peux me conseiller pour le premier, j’ai même l’accord de Bert pour qu’on s’en occupe, il m’a dit qu’il acceptera quoi qu’on choisisse sauf si c’est un prénom tout pourri mais te connaissant et me connaissant, cette gamine frôlera la perfection donc le prénom ne peut qu’être parfait. » énonçais-je avec un sourire « bon, installons nous à table, je vais chercher le repas. » énonçais-je en lui faisant signe de s’installer vu que l’odeur du repas me confirmait que c’était prêt.
La réaction physique de Brianna ne cadrait pas réellement - pour ne pas dire pas du tout - avec ce qu'elle était intérieurement en train de ressentir mais peu importait. Je sais qu'une dame se doit de garder un certain standing en toutes circonstances tout comme je sais qu'en son for intérieur elle remerciait Dieu pour ma réponse. Ce qui est idiot - elle a bien le droit de m'appeler Deborah depuis le temps. Là où la plupart des gens se seraient fendus d'un "inutile de me remercier" ou "mais de rien, je le fais vraiment avec plaisir / avec bon cœur / par charité chrétienne" (rayez la mention inutile), je lui répondis que, oui, elle avait bien raison de me remercier. Mine de rien je venais d'à jamais me lier à un être qui n'existait même pas encore et de m'engager à m'occuper d'elle si jamais Brianna ET Bert mouraient en même temps avant sa majorité. Très franchement, si mort il devait y avoir j'espérais vraiment qu'elle n'emporterait que l'un des parents. Je n'avais pas envie de signer pour devenir mère de substitution surtout que je le suis déjà de trois boulets irrécupérables. - Je te fais confiance aussi, admis-je en réponse à sa flatteuse confidence. Et tu as raison, je ne déçois jamais. Ja-mais, répétai-je plus lentement pour insister sur cette information (des fois que la maternité rende temporairement sourd, sait-on jamais). Je n'étais pas réellement flattée que Brianna me laisse le choix du second prénom, prenant ce fait pour acquis au point de ne même pas avoir demandé la permission, mais plutôt étonnée que Bert soit si peu investi dans le choix du prénom de sa propre fille. OK, "tout pourri", c'est une caractéristique essentielle à éviter quand on baptise son enfant, mais quand même ! Si ça avait été moi, jamais de la vie je n'aurais laissé une autre personne choisir. Pas même le géniteur, en fait. Qui pourrait bien avoir meilleurs goûts et meilleures idées que MOI ? - Pour le deuxième prénom c'est tout vu, lui annonçai-je, catégorique. Ca sera Deborah et rien d'autre. Ici je n'espérais pas surprendre Brianna. J'espérais même que c'était le contraire, qu'elle me connaissait suffisamment pour s'être attendu à pareille réponse. - Pour le premier, je te soumettrai une liste. Ou alors mieux, me corrigeai-je après réflexion. Commence, toi, puisque tu es légèrement plus concernée que moi, par faire une liste et emaile là moi. Je te ferai un retour avec mes commentaires et je rajouterai les bonnes idées auxquelles tu n'auras pas pensées. Quant aux mauvaises idées, voici déjà quelques conseils : évite les prénoms de marque d'électroménager - je connais un DEBILE PROFOND très laid qui en porte un, évite les prénoms d'aliments, référant à des objets, à des fleurs moches, les prénoms composés EVIDEMMENT parce que tout le monde sait que c'est trop long et trop moche et proscrit les hommages aux parents et autres proches disparus. C'est débile et de toute façon le mort reste mort donc il en saura jamais rien. Tu peux aussi directement bannir l'idée d'une Brianna Jr. OK t'as un joli prénom mais c'est pas une raison suffisante pour le semer aux quatre vents. Sur cette réflexion que j'espérais marquante je marquai une pause avant d'ajouter, l'air satisfait : - Ne me remercie pas, c'était gratuit. Pour une fois, précisai-je en haussant un sourcil. Oh et, encore une chose, tu pourras reprocher à Bert de ma part de ne pas être suffisamment investi dans la recherche de ce prénom et aussi l'en remercier parce que ça arrange bien mes affaires. C'est tout. Par cette conclusion particulièrement hautaine, je lui signifiais que notre conversation à ce sujet était terminée. D'ailleurs, Brianna s'arrangea pour m'inviter à table à cet instant précis, ce que j'acceptais volontiers. Effectivement, elle joignit le geste à la parole et apporta de quoi nous sustenter. Lui laissant le soin de faire le service et le dressage (l'un n'allant, de mon point de vue, pas sans l'autre), je lui demandai sur le temps de la conversation : - Tu regardes les émissions de cuisine à la télé ? Si oui, tu as dû voir Gordon Ramsay faire pleurer des hommes plus endurcis que moi. Eh bien... sache juste que je suis encore pire que lui quand il s'agit de juger la cuisine des gens. Tu pourras pas dire que j'ai pas prévenu, conclus-je en attrapant mes couverts.
