« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver.
Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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 Pour que ce jour compte ! } Erwin [FE]

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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


Alexis E. Child

| Avatar : Kaya Scodelario

Pour que ce jour compte ! } Erwin [FE] Oflm
Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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Edition Octobre-Novembre 2020

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Pour que ce jour compte ! } Erwin [FE] _



________________________________________ 2020-10-16, 21:44 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Pour que ce jour compte...


A travers le Miroir, j’avais fini par poser la touche finale sur mes lèvres, un rouge à lèvre brillant plutôt nude, qui allait parfaitement avec ma tenue, une robe magnifique, toute en légèreté et en transparence. Je n’avais pas l’habitude de porter des robes aussi élaborées. Je n’avais pas non plus l’habitude d’en acheter. Mais je l’avais découvert dans “ma” valise après mon retour de Paris. Un cadeau que j’avais pris avec plaisir et lorsque le faire-part d’Hadès était arrivé, j’avais souri à l’idée de la porter. Elle était magnifique et malgré sa longueur, je me sentais presque nue, le double tissu ne couvrant que l’important. Tout le reste de ma peau était en trompe l’oeil entre les perles et la soie fine. C’était joli. Je m’étais cassée la tête pour finalement trouver des chaussures à talons qui iraient avec et une jolie broche de j’avais placé dans mes cheveux pour attacher les petites mèches rebelles, laissant le reste de ma chevelure lâchée. J’avais voulu être jolie, parce que la soirée était importante. Je l’avais tout de suite compris en lisant le faire part de la “mairie”. C’était une fête d’anniversaire déguisée, rien de plus, rien de moins et j’avais bon espoir que celle-ci serait meilleure que celle de 2018 qui avait fini en désastre complet. Cette pensée m’avait renvoyé à mon costume de l’époque et mon cavalier, Elliot. Il avait eu un super costume de Jack dans l’Etrange Noël de Monsieur Jack tandis que j’avais été sa Sally, Lily ne pouvant venir, clouée au lit par son Rhume. Avec un sourire, j’avais attrapé mon portable pour envoyer un message à mon meilleur ami :

Hey, vous êtes là ce soir ? 😊


Mon regard vers mon téléphone m’avait également fait remarquer que je n’avais pas de message en attente. Pas que j’y pensais constamment, juste par moment. Cela faisait deux jours que je n’avais plus de nouvelle, que je n’en envoyais pas non plus, remarque. Il n’était pas pot de colle, une qualité que j’appréciais même s’il arrivait par moment que ses messages me manquaient. On ne se prenait pas la tête, on ne se l’était pas dit mais c’était venu naturellement. J’avais été surprise de le voir débarquer dans ma librairie après notre voyage à Paris. J'avais pensé que cela ne resterait qu’une parenthèse, surtout après le désastre de la fin. Mais il avait par apparaître, comme dans un film et pas comme dans un film, j’avais paniqué et j’avais envoyé Danny le conseiller. Malheureusement (ou heureusement ?) il avait fini par lui demander un conseil tellement pointu que le jeune homme était venu me chercher en panique. Il avait alors fallu affronter la vérité et ça s’était plutôt bien passé. Il avait fini par m’inviter chez lui, un appartement bien placé et bien décoré, ce qui ne m’avait pas surpris. Il semblait se complaire dans son célibat sans le moindre souci, ce qui avait tendance à me rassurer. Les hommes qui avaient besoin de trouver une compagne au plus vite me faisait paniquer. J'avais besoin d’être libre et d’aimer à mon rythme, qui n’était pas toujours effréné. Il y avait des jours où nous parlions beaucoup, d’autre où nous parlions moins et ce soir, nous étions à 48h sans nouvelle. Mon téléphone avait alors vibré et j’avais observé le téléphone, Elliot, qui me répondait :

Ouais on est dans les starting blocks!


Avec un sourire, j’avais verrouillé mon portable avant de le placer dans mon petit sac comme le reste de mes affaires. Il était fort à parier qu’ils utiliseraient la téléportation donc mieux ne valait pas traîner. J’avais récupéré le cadeau d’Hadès que j’avais emballé avec soin, un livre ancien et rare de contes écossais pour enfants qu’il pourrait lire à Autumn, mon manteau et j’étais sortie non sans dire au revoir à Pétunia qui ne m’accorda même pas un regard. Cette foutue école désaffectée était toujours l’un des endroits les plus glauques de la ville et je regrettai l’époque où tout se passait à la véritable Mairie. Pourtant, l’intérieur avait été bien décoré pour l’occasion et j’avais souris en pensant à Violette qui avait dut faire ce boulot de dingue. J’étais allée déposer mon manteau au vestiaire avant de déposer mon cadeau avec le reste de la pile. Apparemment, tout le monde avait suivi le faire-part à la lettre, ou presque et cette pensée m’avait fait rire. Mon regard s’était alors posé au loin sur Hadès qui semblait assez ravi de sa fête d’anniversaire en avance et je décidais d’aller dans la direction opposée à la sienne pour éviter qu’il m’accapare dès le début de soirée. J'avais aussi un peu envie de profiter et il était toujours compliqué de profiter quand il s’agissait d’Hadès.

- Un verre, mademoiselle ? Ce serait idiot de rester sobre à une si belle fête... vous risqueriez de rentrer seule...

Un peu surprise, je m’étais retournée pour lui répondre d’aller se faire voir chez les grèques mais j’avais vu le visage de mon ancien collègue du Rabbit Hole et mon visage s’était soudain illuminer :

- Thomaaas ! Mais t’es con punaise tu m’as fait peur !

Je lui avais donné un coup sur le torse et il avait éclaté de rire en me prenant dans les bras.

- Ca me fait trop plaisir de te revoir, ça fait un bout de temps qu’on s’est pas vu...
- Ouais c’est vrai... Comment ça se passe au Rabbit Hole ? Avec tous les changements, c’est pas trop compliqué ?

On avait commencé à parler ensemble du Rabbit Hole, de la librairie, de nos vies et je ne l’avais pas vu arrivée, bien trop occupée à écouter mon ami. C’était comme si rien n’avait changé. On avait toujours été très tactile l’un avec l’autre, déjà parce que je n’étais pas du genre à en être gênée quand il n’y avait aucune attirance particulière pour la personne, ensuite parce que le métier le voulait aussi. On prenait l’habitude de faire des shows ensemble et à force à force, on en arrivait à une relation étrange qui pouvait s’apparaître à de la drague osée de dehors mais qui n’était rien d’autre que des gestes amicaux pour nous. J’avais récupéré un verre de Gin Tonic, assez impressionnée par le choix de service ainsi qu’un morceau de cake au jambon qui semblait fait maison tandis que Thomas m’accompagnait, son bras sur mes épaules. J’avais alors retrouvé d’autres anciens collègues, tout à mon aise de parler avec chacun d’entre eux.

- T’as cru que tu passais la soirée dans un frigo ou quoi ? C’est quoi tout ce tissu ?
- Ben quoi ? Elle est pas jolie ?
- Si... mais on pensait que tu viendrais avec du plus court... comme au bon vieux temps.
- Je suis une femme respectable maintenant.

J’avais pris un air faussement guindé en prenant une gorgée de mon cocktail avant d’éclater de rire avec les autres. Je n’avais jamais considéré ce métier comme un sous-métier. Je l’avais fait par choix, j’en avais eu cette chance incroyable comparés à certains qui n’avaient pas d’autre choix. J’en avais apprécié chaque minute. Et j’avais pu m’en sortir le jour où j’avais estimé m’être trouvé suffisamment pour aller voir ailleurs. La valeur des gens ne s’estimait ni à leur travail, ni à leur “petite vertu”, j’en étais persuadée et c’était sans doute ce qui avait plu à mes anciens collègues, à ces gens qui restaient des copains. De loin, Elliot avait alors attiré mon attention, j’avais pris congé du groupe avant de courir vers le jeune homme, de dos. J’avais posé mon verre sur la table la plus proche avant de faire de grands signes de bonjour à Lily qui m’avait vu arriver avec un sourire. Elle était en train de parler un peu plus loin. Sans doute perturbé par les signes de sa femme, Elliot avait amorcé un demi-tour pour en comprendre l’origine mais j’avais collé mes mains sur ses yeux avec un sourire, à moitié sur la pointe des pieds malgré mes talons.

- Devine qui c’eeeeest...

Je l’avais laissé se tourner vers moi en plaçant mes mains derrière mon dos avec un grand sourire :

- Je suis trop contente de te voir, comment tu vas ? T'es pas habillé en Jack Skellington cette fois ?

Je lui avais lancé un sourire moqueur, lui rappelant notre soirée d’Halloween de 2018 en lui tapant un petit coup sur le bras. Il était habillé très sobre, avec un beau costume, classe et distingué. C’était plutôt étrange de le voir comme ça, bien que ce n’était pas la première fois mais à chaque fois je ressentais une bouffée de fierté. Il était beau comme un camion, mon meilleur ami.

- Naaan j’ai fait soft. Et puis Halloween c'est la semaine prochaine. D'ailleurs t'as pas répondu l'autre fois : on se fait un déguisement assorti comme l'année dernière ou pas ?

J’avais cligné des yeux, l’œil hagard. L’autre fois ? Quelle autre fois ? Je n’avais plus du tout souvenir de ça... Enfin pendant un court instant. Et soudain l’appartement du notaire m’étais revenu en mémoire, lui, moi, le canapé, le son de mon téléphone que j’avais choisi d’ignorer. Je l’avais lu quelques minutes plus tard, en attendant le notaire qui nous avait servi un verre mais je n’avais pas eu le temps d’y répondre. La suite m’avait fait oublier tout le reste. Il avait le chic pour m’envoyer des SMS à CHAQUE FOIS que j’étais avec lui et pourtant on n'était pas souvent ensemble. A croire qu’il le sentait, c’était fou cette histoire. Tentant de reprendre mes esprits, j’avais rajouté, un peu trop vivement pour paraître naturelle :

- Ah euh... Ouiii ! Pardon, OUI j'ai oublié, j'ai vu ton message et au final je... enfin j'ai oublié ! Ben écoute ouais, avec plaisir si ça te tente ! Et si ça va à Lily !

Je m’étais un peu penchée sur le côté pour la faire entrer dans mon champ de vision mais elle était bien trop absorbée par sa conversation pour nous voir. C’était con, mais je me sentais toujours mal à l’idée de la mettre à l’écart. Pourtant elle n’était pas jalouse et il n’y avait absolument aucune raison qu’elle le soit, ni d’un côté, ni de l’autre. Mais Elliot l’oubliait souvent dans ce genre de délire et ça me mettait mal à l’aise quand même.

- Trop cool ! Et c'est bon pour Lily. De toutes façons ça la tentait pas de faire Scooby Doo! Donc moi je serai Sammy et toi tu seras Scoody ! Tu vas être top en chien !

Il m’avait tapoté l’épaule d’un air assuré et j’avais éclatée de rire, complétement extatique. C’était stupide, nous n’étions plus des enfants et pourtant, à chaque fois que j’étais avec lui, j’avais l’impression de retomber en enfance, de sentir que mon âme n’avait pas grandie. C’était comme si le Temps s’était arrêté, qu’on était revenu en arrière. J’oubliais qui j’étais, ce que je devenais en grandissant. Il restait juste les délires... et le bonheur. C’était fou comme sensation. Je n’aurai sans aucun doute pas pu me déguiser en chien avec n’importe qui d’autre que lui et pourtant, avec Elliot c’était une évidence, il était Sammy et j’étais Scooby.

- Mais carrééééémment ! J'ai presque tout le costume ! Franchement je regrette pas qu'on ait échangé avec Pétu, elle fera une bien meilleure Daphnée et moi un meilleur Scooby !

J'avais ouvert la bouche pour rajouter quelque chose mais il était brusquement apparu dans mon champ de vision, me coupant le souffle, la parole, tout. C’était la surprise, assurément. Pendant une fraction de seconde, je m’étais même demandé s’il était réel. C’était inattendu et pourtant c’était bien son visage que je voyais au-dessus de l’épaule du jeune homme. Inattendu... l’était-ce vraiment ? Après tout, les cartons d’invitations avaient inondé la ville, c’était une grande fête à la mairie et pourtant... C’était comme si tout s’était figé, comme si le bruit environnant s’était tut et en une seconde, tout s’était accéléré pour reprendre sa place normale sur le fil du Temps.

- Bonsoir...

C’était sorti tout seul, tant mieux d’ailleurs, ça m’évitait de rester avec le visage d’une biche prise dans les phares d’une voiture mais j’en avais presque failli m’étouffer. C’était panique à bord. Lui, Elliot, dans la même pièce, au même instant, au même endroit, non c’était beaucoup trop, je n’étais clairement pas prête pour ça. J’avais vu mon meilleur ami se tourner pour comprendre qui je pouvais bien saluer. C’était trop tard. J’avais résisté je ne savais comment à l’envie de l’empêcher de se tourner, faisant face à mon destin. Du calme Alex’, c’était pas marqué ni sur son front, ni sur le mien, ça pouvait rester entre nous encore un certain temps. Pitié... faites que ça reste entre nous encore un certain temps. Parce que lorsqu’Elliot mettait le nez dans mes relations, non seulement il n’y avait jamais quelqu’un d’assez bien mais en plus de ça, on le délogeait plus. Il avait été heureux pour Jack néanmoins. Mais ça avait été une autre histoire et depuis il m’avait brisé le cœur.

- Vous allez bien ? Euh...

J'avais tourné de grands yeux vers Elliot, dans un cas pareil c’était sans doute à moi de faire les présentations. Tournant à nouveau les yeux vers le notaire, j’avais tendu ma main en direction du jeune homme pour le présenter :

- Erwin, je vous présente Elliot Sandman, mon meilleur ami. Elliot je te présente Erwin Dorian, le v... Le notaire qui... qui était avec moi à Paris.

On avait pris beaucoup trop l’habitude de l’appeler “le vieux” quand je lui avais raconté notre voyage à Paris en omettant volontairement l’essentiel. Ça avait failli sortir tout seul, moins parce que je le pensais que parce que ça pouvait aider Elliot à le remettre. Je m’étais rattrapé juste à temps, il était même possible que personne n’eût entendu le “v”. J’avais tourné vers le jeune homme un regard insistant pour l’aider à se souvenir et lui intimer de pas faire de bourde et celui-ci avait tendu sa main au notaire pour la lui serrer :

- Salut.

Il avait ensuite tourné vers moi un regard inquiet :

- Ça va? Tu as l'air toute cheloue d'un coup.

Il s’était penché vers moi, m’embrassant de son aura, comme pour prévenir une espèce de malaise ou je savais pas quoi. C’était lui qui allait le provoquer mon évanouissement s’il continuait. Je m’étais décalée vivement pour reprendre un peu de distance avec lui, me sentant rougir tout en replaçant nerveusement une mèche de cheveu derrière mon oreille :

- Quoi ? Non non tout va bien, cheloue de quoi ? Je suis pas cheloue ?

J’avais senti mes joues rosirent sous le feu du malaise tandis que je croisais mes bras sur ma poitrine, me refermant comme une huître. C’était généralement le signal qui lui disait de me foutre la paix et comme tout bon Elliot qu’il était, c’était sans compter sur son insistance permanente :

- Si si t'es extra cheloue d'un coup !

Il l’avait dit d’un ton tellement assuré que je n’avais pas osé le contredire. Il s’était un peu plus penché vers moi, me murmurant à l’oreille tandis que je croisais le regard du notaire :

- Je te connais Alex' depuis le temps. T'as mangé un truc qui passe pas ? Si tu veux aller péter les toilettes sont par là.

Il m’avait pointé une porte à l’autre bout de la salle et je lui avais tapé sur la main d’un geste sec pour la forcer à la baisser en lui chuchotant d’un air énervé :

- Arrête, t’es con. Je te dis que CA VA.

Reprenant à voix normale, j’avais observé de nouveau les traits d’Erwin avec un sourire :

- J’ignorais que vous viendriez ce soir...

C’était une situation des plus compliqué. J’avais envie de parler avec les deux. Mais pas comme ça, pas, ensemble. Il allait bien falloir que l’un des deux décide de partir... Comment faire comprendre à Elliot qu’il pouvait me laisser sans qu’il se vexe ? C’était sans doute le choix le plus logique dans la mesure où Erwin avait fait le pas de venir vers nous, je ne pouvais pas le repousser, ce n’était pas poli et je n’en avais aucune envie. C’était comme un rêve étrange, un de ceux qui met mal à l’aise car il mélange doux rêve et cauchemar... L’idée qu’il vienne vers moi après 2 jours de silence était plutôt bon signe. L’idée d’avoir Elliot pour nous épier l’était beaucoup moins. Il était beau, élégant, c’était la seconde fois que je le voyais en tenu de soirée. Il avait un certain goût pour l’habillement quoi qu’il arrivât, mais inexplicablement, les tenues de soirées étaient encore différentes de ce qu’il avait l’habitude de porter. Mon regard avait glissé sur le reste de son corps, sur toute sa tenue et j’avais souri, faiblement du coin des lèvres. C’était comme à Paris, j’étais de retour sous un Soleil brûlant, juste en dessous de la surface de l’eau.


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Merry Christmas to Everyone

Just hear those sleigh bells jingle-ing
Ring ting tingle-ing too
Come on, it's lovely weather
For a sleigh ride together with you


ANAPHORE
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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

Erwin Dorian

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________________________________________ 2020-10-20, 21:45 « If the crown should fit, then how can I refuse? »




Les vrais hommes créent eux même leur chance



Dans la pièce voisine, son oreille percevait les bruissements de tissus provoqués par sa femme, sûrement en plein essayage, tandis qu’il réajustait une nouvelle fois ses cheveux sombres machinalement. Il avait hâte. Toute le gratin de Storybrooke serait là, amassé, enjoué prêt à sauter sur la moindre occasion, et lui saurait saisir la moindre miette de pouvoir. Il détestait pourtant par principe le Maire de la Ville, un vulgaire clown divin, aux méthodes et idées fantasques, un être médiocre incapable de discernement mais se sentait prêt à le trouver spirituel si cela lui rapportait grandement. Sa main se pressa sur le paquet contenant le « cadeau » à offrir. Le choix revenait à sa femme et il devait être admettre qu’il se trouvait ravi de lui avoir laissé le champ libre des emplettes. Il haïssait cela lorsque l’objet de l’achat n’était pas lui-même, trouvant cela d’un ennui monstre. Au moins, Genevieve cernait-elle plus facilement et avec un intérêt qui le laisserait toujours pantois, les besoins d’autrui. Là, elle avait jeté son dévolu tout enthousiaste sur une ravissante petite maison d’enfants en bois, regorgeant de meubles réduits et de détails précis, à destination de la fille du maire et une broche pour homme en argent massif en forme de kunée.

- « Je me suis documentée, c’est souvent vu comme le symbole d’Hadès au regard mythologique… Oh j’espère… Tu penses que c’est une vérité historique ? » s’était-elle enquit soudainement inquiète après lui avoir désigné le bijou fait sur mesure qui étincelait dans son écrin.
- « Eh bien maintenant, espérons-le. Cela me peinerait d’avoir gaspillé une fortune pour créer un outrage. »

Puis il avait ponctué son discours d’un léger baiser sur le poignet délicat de sa femme pour chasser l’apparente critique qui ruisselait sous son sourire.
A présent, néanmoins, il appréciait ses efforts qui apparaissaient réussis malgré l’accueil snob qu’il leur avait réservé. Tout le monde savait que le Maire adorait son enfant. L’école désaffectée en guise de mairie achevait de prouver selon lui son dévouement là où Erwin n’y voyait que la preuve flagrante d’une incompétence évidente. Mais au moins, cela permettait à Georgia d’être efficace. Tout aussi innocente qu’elle pouvait être, elle restait la dirigeante douée dans le protocole international qu’elle avait toujours su être. Ses relations politiques avec ses alliés avaient toujours été excellentes. Sur un bon nombre de points, la reine possédait un bon sens mondain et une éloquence polie qui faisait mouche. Si elle s’associait avec lui, bien entendu. Seule, elle n’aurait pas fait illusion, songea-t-il avec suffisance.

- « Tu es prêt ? » s’enquit la voix de Georgia de la pièce d’à côté, puis des talons tintèrent légèrement sur le parquet et une porte se ferma, annonçant son arrivée.
- « Bien évidement ».

Il tourna la tête, vers elle, agacé. Ce n’était pas parce qu’il se regardait dans le Miroir qu’il n’était pas prêt. Sauf erreur de sa part, c’était ELLE qu’il attendait. Certes, il avait dépassé un peu le temps en changeant de montre à la dernière minute parce qu’il trouvait que le cadran de la précédente ne rendait pas suffisamment avec la couleur de son costume mais évidement ce genre de préoccupation lui passait au dessus, à ELLE.
Et pourtant, ELLE l’observait, un peu adossée à entrebâillement de la porte, la joue posée contre le bois, la main sur le mur. Comme une pause digne d’une photo officielle d’un couple royal. Mais il n’allait pas lui dire, pourquoi donc énoncer des évidences, bien évidemment qu’il ne l’aurait pas épousée si elle ne dégageait pas un minimum de prestance. Sa robe de soirée, échancrée sur une épaule, de soie d’un mauve très pâle, lui allait bien. C’était raffiné et simple à la fois, et la manière dont elle avait frisé le bout de ses cheveux rendait l’ensemble des plus sophistiqués. La voir si...royale l’agaça, elle possédait une manière de se tenir, de sourire..

- « Ca te va bien… Tu es magnifique, comme toujours » commenta-t-elle pourtant en s’approchant de lui, pour replacer le col de son costume et il se laissa faire bien que sachant que son col était déjà impeccablement placé et que le geste de son épouse n’était effectué que par plaisir. « Y allons nous ? »
Il n’attendait que cela. Partir, se joindre à la joyeuse farandole des manigances… Et pourtant, il s’entendit répondre.
- « Oui. Mais dès que tu aurais changé de boucles d’oreille, celles-ci ne se voient pas assez. Mets plutôt les opales, chérie.»

Georgia eut un geste de recul, et il se trouva satisfait d’avoir brisé une seconde son allure princière. A présent, elle rassemblée à une femme déçue, touchant les anneaux avec dépit.

- « Mais celles-ci sont très bien. Tu me les as offertes et... »
- « J’apprécie le geste mais crois-moi non. » coupa-t-il délicatement, en rabattant la main de son épouse vers le bas. « Fais-moi confiance. Tu dis toujours que j’ai du goût, alors écoute-moi. »

Que se pouvait-être horripilant que d’être en permanence au côté d’une femme qui pensait plus à faire plaisir à autrui qu’à se mettre en valeur elle-même, ne comprenant pas que la première chose qu’il attendait d’elle restait d’être irréprochable du point de vue de l’apparence. Ce n’était pas vers elle que les conversations se braqueraient ce soir, ça serait lui. Uniquement LUI. Elle…. Ce n’était qu’un joli ornement à son bras, une présence utile, un bijou indépendant. Elle était reine et il était roi mais à présent, elle n’existait dans la haute société que parce qu’il le voulait bien. Rien de complexe à comprendre.
Et il avait sourit lorsqu’elle s’était obtempéré. Il aurait pu piaffer d’impatience, mais cela lui offrait une seconde supplémentaire pour s’admirer encore, alors comment refuser ?
Il comprenait l’admiration de Georgia lorsqu’il tournait son regard sur le reflet superbe qu’il offrait au miroir. Entièrement auréolé du vert vif de son costume, il avait agrémenté et adouci l’effet par une chemise immaculée froufroutante où crépitait sur le jabot une unique mais gigantesque émeraude, et assorti l’ensemble d’un gilet vert tendre. Les nuances ensorcelaient cependant moins que sa beauté naturelle. Si ses cheveux avaient encore été blancs, il aurait pu admirer le reflet verdoyant onduler sur ses mèches, les colorant fugacement. Un magnifique spectacle. Assurément le plus beau de toute cette petite sauterie en l’honneur du maire.
Georgia revenant, ils partirent donc jusqu’à l’école abandonnée qui faisait à présent office de mairie, pour mieux se garer sur le parking de la mairie.

- « Lugubre non ? » chuchota Georgia en désignant du menton l’entrée.
- « Hormis pour les cancres, je ne vois rien là de particulièrement effrayant, ma chérie ».

Mais ce devait être sa constitution faible qui l’éprouvait déjà si faiblement. Non pas qu’il considéra que Georgia soit faible de nature, à vrai dire et à son plus grand dépit, elle ne l’était pas. Influençable oui, faible non. Elle disposait même d’une force mentale considérable sur quoi un non averti pouvait facilement se briser les os. Mais il était averti, non ?
Ils finirent par pénétrer dans l’endroit, la main de Georgia posée sur son bras, et Preminger balaya rapidement les lieux de son regard malveillant. Il cherchait et finirait par trouver…. Alors, son attention sauta d’abord sur un individu louchant sur le banquet vers Amélia l’ancienne pâtissière fraîchement promue à l’équipe municipale. Qui l’eut cru ? Il ne voulait même pas savoir quelle mouche avait piqué le maire hormis l’hypothèse plausible que ses gourmandises aient séduit jusqu’au palais d’Hadès. Après tout, il ne serait pas le premier a tenter de mettre le grappin sur une nouvellement veuve. A l’opposé de lui, le Ciel l’en préserve, Lena Davis discutait tout sourire avec James Olsen, trop loin de son champ de vision pour l’apercevoir en retour mais Erwin aurait décelé sa désagréable silhouette entre mille autres. Par ailleurs, Preminger la trouva bouffie dans sa robe qui avait l’allure d’un vieux rideau rapiécé. Sûrement en avait-elle travaillé un à la hâte pour tenter d’appeler ça « tenue ». Qui racontait encore que les femmes enceintes étaient radieuses ? Elle lui rappelait l’allure que prenaient les ballons d’enfants mal gonflés. Pi-to-ya-ble. Son air béat n’attendait qu’à être flétri… Mais plus tard. Oui. Plus tard. Ricanant intérieurement, il écouta Georgia lui vanter la décoration de la salle, qui visiblement suffisait à lui faire oublier le lieu où elle se trouvait pour le moment, puis louvoya habilement pour saluer quelques connaissances communes, les yeux toujours en alerte. Il cherchait la cible. Hadès.
Mais ce ne fut pas lui qu’il trouva en premier. Ce fut elle. A quelques mètres pourtant. Sa voix d’abord puis son allure.
Et l’assemblage fragile du château qu’il avait commencé à bâtir autour d’elle trembla en lui.
Si elle l’apercevait avec Georgia…
Un agacement hautain monta en lui. Avant tout… Qu’est-ce qu’elle faisait donc ici ? Jamais encore ne l’avait-il vue dans une soirée mondaine….Alors, pourquoi, maintenant ? Pourquoi ce soir ? Hadès.
Ils venaient pour la même personne, non mués par les mêmes raisons. Même si visiblement elle semblait s’être trouvé un petit groupe d’amis aux allures débridés et un peu vulgaires… Elle faisait tâche parmi eux avec sa tenue élégante et son port de tête, mais…pourquoi donc s’évertuait-elle à traîner avec les gens les moins élégants de la soirée. Où donc avaient-ils dégotés une invitation d’ailleurs ? Avec un peu de chance, elle aurait envie de terminer la soirée en leur compagnie et partirait avec celui qui la collait un peu plus que les autres. « Allez donc ! » ordonnait-il mentalement à sa silhouette ! Qu’elle le fasse donc. Mais à quoi bon s’évertuer à gaspiller une seconde à cette idée fantasque… Il savait qu’elle le ferait pas. Il en était la raison. D’ordinaire cela l’aurait entièrement satisfait, mais à vrai dire, dans la situation présente, il préférait presque qu’elle suivisse le bellâtre sans saveur ailleurs plutôt que de risquer de causer un drame inutile.
Aaaah Ciel, Pourquoi était-il si….inoubliable ?
Bon, puisqu’elle décidait de se complaire à cette soirée où elle n’était pas souhaitée, il fallait qu’il agisse vite. Qu’il sorte de son champ de vision. Et avec soulagement, il aperçut le moyen et l’excuse idéal.

- « Viens donc ici, mon ange, je souhaite absooooolument éviter de croiser cet inopportun de rouquin. »

Le pire des navrants roméo de comptoir, se trouvait non loin d’Alexis, celui qui n’avait même pas eu la décence de mourir chez lui. De toute manière, toute cette situation désespérante, tout ceci était sa faute…! Sale petit cafard.
Georgia avait suivi son regard et s’était tendue un peu. Elle pouvait. Après tout, si elle avait eu un minimum de décence, serait-il actuellement en train de louvoyer pour éviter une...libraire ? Peut-être. Après tout, elle consistait en un moyen utile d’atteindre ce qu’il désirait. Et puis, sa compagnie était... divertissante.
Mais un coup d’oeil vers Léo suffisait pour le rendre hautement agacé, si bien qu’il n’avait même pas besoin de forcer pour feindre le mécontentement.

- « Qu’est-ce que cet...homme fait ici ? »
- « Il est à la fête d’investiture ».
répliqua innocemment Georgia

Ce genre de commentaire méritait le cachot ! Pour qui se prenait-elle ? Pour qui LE prenait-elle ? Pour un idiot ? Un homme sans mémoire qui aurait oublié où ils se trouvaient actuellement ? Il avait tourné vivement la tête vers elle, le regard offensé, agacé de devoir légèrement lever la tête :

- « Tu as compris Georgia. Mais si tu le veux, pour toi seule, mais dans ce cas ne me reproche pas mes propos, je vais reformuler…Qu’est-ce qu’un individu de sa sorte fait à une fête d’investiture. Qu’est-il ? N’était-il pas bêtement barman ? Je sais qu’une pâtissière peut obtenir un poste à la mairie mais un…individu dans son genre ? » Il l’avait marmonné de peur de faire naître chez sa femme une réaction en cascade qu’il ne désirait pas puis avait ajouté pour la culpabiliser « Il est encore là pour nous tourner autour. C’est évident. Penses-tu réellement Georgia qu’il est là pour le Maire ? Non, bien évidement que non...  »

Et cela avait fonctionné évidemment. Bien évidement, elle n’imaginait pas son….son quoi...son « ami »...être capable de faire cela mais elle avait cru qu’il le pensait. Et s’était radoucie.

- « Erwin ... » elle avait soupiré son prénom en fermant les yeux « Il n’y a que toi. Léo est fiancé et sa fiancée est enceinte. »

Mais elle l’avait laissé la guider ailleurs, un peu fautive de son sentiment d’homme « bafoué ». Il savait que si Léo venait vers eux, elle ne l’éviterait pas pour lui, elle possédait bien trop de principe pour renier ses amis… Et cela lui mettait les nerfs à vif, bien qu’il parvienne encore à le dissimuler facilement sous une mine affable. Que le Diable l’emporte elle et sa générosité de bas étage…
Au moins avait-elle accepté de disparaître du champ de vision d’Alexis. Et Léo au loin, il se détendit un peu plus. Pour distraire sa femme, il lui offrit un hors-d’oeuvre en opérant un baise-main, souriant à son accord, la tête pensive.
Bien, il avait éliminé le danger immédiat, restait maintenant à décider de la suite…. A croire que cette soirée se révélait être une compilation de bombes à désamorcer. Lena, Léo, Alexis… Même s’il savait que la première se tiendrait tranquillement à moins qu’il ne l’active, que la seconde n’aurait aucun effet...restait la dernière. Alexis Child…
Comment avait-elle pu oublier de lui dire qu’elle se trouverait là ? Au minimum lors de l’une de leurs conversations ne pouvait-elle pas glisser ce fait ?
La voir lui rappela soudain qu’il avait complètement occulté de lui répondre la dernière fois… Voyons, depuis quand datait leur échange, déjà….hum...deux jours ? Un? Il ne savait plus. De toute manière, il ne les relisait pas, aucune information intéressante n’y était contenue…Il préférait leurs rares entrevues plus...distrayantes. Leurs conversations, ne lui apprenaient rien, du temps de perdu qu’il dispensait à la va-vite. Et puis, le silence était efficace pour créer le manque.
Il répondait à Georgia, réfléchissant toujours. Non, il ne pouvait pas s’assurer de l’éviter toute la soirée. Impossible. Sinon cela sonnait le glas de sa volonté de s’afficher rutilant et superbe aux côtés de sa femme, d’attirer les regards et les opportunités. Il valait mieux….aller à sa rencontre et trouver un prétexte pour l’encourager à quitter la soirée. Oui. C’était faisable, c’était possible et au moins, cela éviterait un contact oculaire incongru.

- « Erwin ! Georgia ! »

Il tourna la tête, un sourire satisfait sur les lèvres découvrant MIDAS voguer vers eux, vêtu d’un costume noir très élégant, la barbe visiblement fraîchement coupée et soyeuse, et fort heureusement sans charmante compagnie encore. Ce qui laissait présager une énième rupture « amoureuse ».
Georgia n’avait pas attendu son mari et s’était précipitée pour saluer Jérémie dans une étreinte brève et amicale avant de se retourner vers Erwin :

- « Je te laisse avec ton ami associé ? Je vais nous chercher des coupes ? »

Il approuva de la tête- bien que les deux adjectifs soient faux Midas n'étant ni son associé hormis sur le plan juridique ni son ami-, non sans vérifier que le rouquin ne se trouvait pas à proximité. Une fois seul, il rendit l’accolade respectueuse que lui offrit son ancien animal.

- « Tu tombes à pic. Tu vas m’aider.  » déclama-t-il sans appel.
De toute manière, il ne pouvait pas se permettre de perdre du temps.

- « Que faut-il que je fasse ? »

Une des raisons pour lesquelles il appréciait Midas restait son absence totale de contestation de ses ordres. Il ne perdait aucun temps, il exécutait toujours avec une docilité admirable… Mais c’était le propre des chiens.

- « Gardes-moi Georgia pendant un petit temps. Sous aucun prétexte, tu ne dois la quitter des yeux, la perdre et plus encore j’exige qu’elle ne me cherche pas. Elle doit simplement te parler. Je pense que ça ne devrait pas être si difficile, tu es censé être éloquent, toi aussi. Tu l’es depuis ces dernières années. »

Il plissa les yeux narquoisement suite à sa pique, habitué à ce que Midas ne réplique pas. Midas savait qu’il avait beau le dire, il l’appréciait un peu plus qu’autrui. Les liens entre les animaux et leurs propriétaires possédaient une force qu’on ne pouvait pas expliquer.

- « C’est à cause d’elle ? » interrogea Midas en fronçant les sourcils.

- « Elle ? Il va falloir être un peu plus explicite, très cher. Elle peut renvoyer à beaucoup et essentiellement, j’en vois deux. Toutes deux ici. Mais présentement je te parle d’Alexis ».

Midas avait été stupéfait d’apprendre et sûrement quelque peu jaloux d’avoir appris sur le tard le caprice qui l’avait saisi à Paris, mais il ne lui avait rien reproché, soufflé sûrement de voir l’extrême audace de son roi. Preminger n’avait jamais été un homme vertueux même s’il paraissait prude même autrefois et Midas en savait forcément beaucoup pour ne pas s’en étonner trop.

- « Elle est ici ? »
- « Elle connaît le maire. Du Rabbit Hole sûrement. » il l’avait dit dans un ricanement de mépris puis ajouta «  Je vais aller la saluer, je suis persuadé qu’elle sera ra-vie de me voir »
- « Juste la saluer ? »

La remarque railleuse de son chien, fit hausser les épaules du Ministre.

- « Que crois-tu ? J’aime jouer avec le feu mais uniquement dans un décor qui en vaille la peine. Tu le sais. Tu me connais… »

A nouveau, il la chercha dans la foule, la retrouva par hasard, n’ayant pas noté sa tenue. Pourtant elle valait le coup d’oeil. Comparativement à celle de Lena, déjà…A présent, elle tenait compagnie à deux individus habillés chiquement, ayant finalement rejeté les avances du bellâtre comme il fallait s’y attendre. L’occasion idéale…
Il prit néanmoins le temps de goûter à la coupe que lui tendait Georgia, d’échanger quelques banalités avec Jérémie puis les planta là, sous couvert de saluer une personne du bureau et d’aller déposer ses cadeaux à l’endroit prévu. Georgia approuva. A Midas de jouer, à présent. Il saurait le faire, Preminger n’en doutait pas le moins du monde. Et puis qu’il se débrouille. Que Georgia le voit discuter auprès d’Alexis ne causerait aucun problème, que la brune le voit parader auprès de sa blonde femme posait plus d’ennuis.
Alors, il traversa la foule, déposant son paquet puis évita les couples et les rires, pour se diriger vers Alexis toujours à sa discussion enjouée. Fort heureusement, il ne croisa personne de sa connaissance lors de cette traversée et bientôt fut-il à proximité de l’imprudente.
« Vous ne devriez pas être là ». Il ne lui dirait pas…
Pourtant dans sa discussion, elle avait dévié la tête pour entrer dans la lumière de son regard et lui, lui avait sourit hautainement, sans dévier les yeux. Elle coulait à nouveau dans son piège ambré et étrangement la perspective de sa présence ne lui déplut plus autant qu’auparavant. Elle rajoutait, à présent, un piment supplémentaire à la soirée et une dose de flatterie insoupçonnée sur son narcissisme. Après tout, pourquoi s’inquiéter ? Il était Preminger, il pouvait parfaitement gérer cette situation.
Lorsqu’ils s’étaient quitté suite à leur nuit parisienne, il avait laissé s’écouler le Temps. Un long moment. Profitant du contexte particulier de leur retour.
Puis sans crier gare, pour ce qui avait du consister pour elle en une volte-face subite, et qui n’était le fruit d’une profonde réflexion de son esprit, il s’était présenté à sa librairie.
Sa « longue absence » avait été mise à profit pour réfléchir au plan qu’il lui destinait, la manière qu’il utiliserait pour l’amadouer, pour s’insinuer progressivement dans son existence sans qu’elle ne constitue un poids ou un risque pour la sienne. Puis, ils s’étaient vus. Ailleurs. Chez « lui », en vérité dans l’une de ses propriétés storybrookiennes qu’elle avait sottement pris pour sa maison. Comme si il pouvait se satisfaire de si peu. Comme s’il aurait pu se satisfaire d’une vie comme ça. Mais il avait pris ce qu’elle lui avait offert une nouvelle fois cette nuit-là. Ce qui était déjà à lui.
Si bien qu’ils se voyaient très peu. Preminger ne trouvant aucune utilité à sa compagnie quotidienne et quant à elle, il savait pertinemment que le manque finirait par s’installer.. Visiblement, au vu de son regard, c’était déjà le cas.

- « Bonsoir... »

Il n’adopta pas une mine moqueuse à l’entente de sa voix et pourtant… Se contenta de hocher la tête, lui offrant un salut, policé que ses yeux démentaient un peu :

- « Bonsoir »

Sa voix avait glissé, lentement, comme un long serpent, autour de son esprit, prolongeant l’instant.
A vrai dire, pour la première fois qu’il la voyait dans un espace public, il ne regrettait pas d’être venu la saluer. C’était comme un jeu dangereux, à son hommage, qu’ils suivaient tous d’eux et dont ils étaient seuls à détenir le secret.Et encore… lui plus qu’elle. S’il avait su que paraître lui causerait tant d’émoi, il serait empressé de venir à son chevet pour en recueillir les effets. La proximité d’autrui galvanisait sûrement ses ressentis. Lui parfaitement à l’aise souriant encore.

- Vous allez bien ? Euh...
- « A merveille. »

Ce qui n’était pas son cas, il ne pouvait que remarquer son malaise de plus en plus flagrant, la rougeur qui emplissait ses joues dénotant avec la pâleur du reste de son corps que la robe suggérait agréablement. Le coin de ses lèvres tressaillit un peu, avant de tourner un visage plus neutre vers celui qu’elle lui présentait. Elle le désignait comme son meilleur ami mais lui ne retenu que le nom l’identifiant totalement. Elliot Sandman. Chronos. Le fils d’Hadès aussi. Il l’examina rapidement. C’était un jeune homme au visage très fin, expressif, au nez imposant, qui lui donnait une allure singulière mais pas nécessairement dans le mauvais sens. Bien qu’il était inutile de préciser que Preminger restait, bien évidemment, le plus beau des deux.

Elle accrocha un peu son nom, sembla vouloir dire autre chose qu’il n’identifia pas mais créa un écho lointain en lui, qu’il se promit d’élucider. Il aurait juré...qu’elle voulait dire « v... » comme « vicomte » ? Il aurait été assez déçu qu’elle choisisse l’équivalent de l’avant dernier rang de la noblesse mais pourquoi pas. Lors de la malédiction et encore à présent, certains le pensaient encore noble. Ils avaient sûrement depuis appris qu’il était Roi.
Elle se rattrapa et le désigna comme le notaire précisant leur escapade parisienne, là où elle aurait pu simplement mentionner son titre.
Alors, tout juste se contenta-t-il de couler vers Alexis un visage entendu :

- « Oh, je suis avant tout votre notaire, non ? Après tout, ce n’est pas comme s’il y avait énormément de concurrence en ville ».

Il parlait, bien entendu, de son métier… En autres. Il envoya valser quelques mèches de ses cheveux noirs dédaigneusement de la tête, avant de reprendre une expression amusée et « modeste » comme illustrant une « bonne plaisanterie » qui n’en n’était pas une...

- « Enchanté de faire votre connaissance » déclama-t-il à Eliott sans prendre ombrage du minuscule « Salut » qui reçu en retour.

Une piètre façon de saluer une personne aussi importante que lui. Mais hors de question de se mettre à dos ledit individu pour le moment, il pouvait être une pièce maîtresse dans l’avenir et la fin des Temps était sa cause et il ne tenait pas à être emporté dans cette entreprise. Il ne pouvait pas, il avait lui-même des projets bien plus...titanesques que la fin des Temps. Alors, il le toisa cordialement, se demandant ce qui découlerait de cette rencontre moins anodine qu’il n’y paraissait et peut-être plus déterminante qu’ils pouvaient le prévoir.
Mais l’attention d’Eliott ne lui était pas destiné. A vrai dire, il s’inquiéta soudainement beaucoup plus pour Alexis, dont l’esprit du notaire avait presque déjà occulté la présence, pour se retourner vers elle, lui faisant remarquer son allure dans un mot qui signifiait… « louche » si les souvenirs de Preminger était bon.
Et c’était vrai. Et le spectacle était tellement flatteur que lui-même s’y plongea pour un autre motif que l’affolement qui habitait à présent le futur Ennemi commun. Bien loin de se soustraire, il l’observa à nouveau, sans sourire, mais intensément, se demandant si cela suffirait pour que ses jambes se déroba. Oh cela attirerait sûrement un peu l’attention sur eux, mais sûrement pas l’entièreté de la foule. Tandis que le sang lui montait à la tête, Alexis continuait vainement de surnager pour éviter de se vendre, rejetant les interrogations craintives de son meilleur ami, qui s’était posté comme prêt à la rattraper au moindre fléchissement. Pourtant, il ne devait guère peser lourd. On eut pu être interrogatif de comment un jeune homme filiforme causerait le grand Mal tant redouté mais la Magie devait expliquer cela. Ou alors cela s’expliquait par une partie de l’Histoire non encore écrite. Et ce qui n’était pas écrit pouvait être effacé...ou modifié.
Eliott se penchait vers Alexis, lui murmurant quelconque chose à l’oreille qu’elle n’appréciait pas, car bientôt lui tapa-t-elle sur la main en haussant la voix. Etait-ce par rapport à lui ? Sans aucun doute. Sûrement avait-elle parlé en long en large et en travers d u fait que son partenaire de voyage était beau et superbe, sans lui préciser le principal et sûrement encore venait-il de glisser une phrase du genre « Tu m’avais dit qu’il était beau mais je m’imaginais pas que ça soit à ce point à en perdre la tête ». Oui. Ce genre de chose. Évidement. Il avait indubitablement l’air d’une pierre précieuse brute sortie de son écrin et les nuances d’émeraude qui tournaient autour de lui renforçaient cet attrait.
Elle le pensait aussi, il le voyait rien qu’à sa manière de lui sourire faiblement, vaincue par sa beauté :

- « J’ignorais que vous viendriez ce soir... »

S’il n’avait pas été si maîtrisé, il en aurait explosé de rire. Vraiment ? Lui ? Ne pas venir ? A un événement pareil ? A une mondanité ? Décidément, qu’elle le cernait mal, c’était hilarant. Hilarant. L’imaginait-elle préférer la compagnie d’un ouvrage à une brassée de visages admiratifs posés sur lui ? Mais aurait donc choisi cela hormis un sot ? Lui était un homme du monde, le Monde lui appartenait alors il offrait son image à ce Dernier. Il inspirait le commun des mortels, eux se rapaîtraient de son apparition. Pour beaucoup, il était plus Divin que les Divins eux-mêmes… Hadès en étant l’exemple le plus frappant. Nul doute que beaucoup se rendaient aux soirées dans le seul but de l’appercevoir et de gagner un sourire ou une miette de son attention et sûrement certains les observaient, avec envie, actuellement. Il ne tourna pas la tête pour vérifier, c’était un fait.

- « Oh mais je n’allais pas manquer cela. La fête d’investiture de notre cher Maire. Quatrième mandat, je crois... » il l’avait dit songeusement alors qu’il en était sûr puis tourna la tête vers le fils prodige « vous devez être fier de votre paternel. Cela vous donne-t-il envie de marcher dans ses traces ? »

C’était l’occasion idéale pour lui parler alors Erwin avait harmonieusement choisi sa voix, proche de celle qu’Alexis avait entendue la première fois qu’elle l’avait rencontré. Amicale, posée, amenant aux confidences. L’important restait de poser un climat de confiance, n’est-ce pas. Même s’il ne souhaitait pas donner plus d’importance à ce jeune homme, son Destin s’inscrivait dans le Ciel lui-même… Il devait simplement agir en conséquence.
Il n’avait pas tellement du produire un effet négatif, car le jeune homme s’esclaffla :

- « Oulah non ! La politique, très peu pour moi ! D’ailleurs, je comprends même pas P’pa fait ça. Enfin si ça l’amuse ».

Pour un futur despote voilà qui était désolant, si peu d’intérêt en la matière et si peu de compréhension politique…. Curieux futur…Aussi le regard qu’il posa sur lui fut infantilisant :

- « Certains ont l’ambition de vouloir guider le quotidien de tout à chacun….pour leur bien évidement » ajouta-t-il après avoir laissé un bref moment de flottement « mais concernant votre père, vous avez raison, personne ne peut nier qu’il semble, avant TOUT, énormément s’amuser »

Pendant qu’il se faisait cette lumineuse réflexion, le dénommait Elliot sembla s’animer, comme s’il le voyait pour la première fois. Cela se produisait assez souvent, aussi Preminger ne s’en inquiéta pas. Il avait l’habitude que le cerveau humain de tout à chacun ne parvienne pas à réaliser immédiatement que la Perfection se trouvait devant eux. Certains mettaient un temps considérable à assimiler l’information, certains vivaient dans le déni… Aussi ouvrait-il les oreilles, tout sourire pour recueillir le compliment qui n’allait pas tarder à franchir les lèvres du jeune homme :

- « Vous vous êtes pas trompés ? La Saint Patrick, c’est en mars. »

Il lui fallu deux secondes pour qu’il réalise. Très bien. Cela serait visiblement le déni donc. Ou alors, l’avait-il trop ébloui de couleur pour que l’on prenne intérêt à son lustre ? Il jeta un coup d’oeil vers Alexis. Non. Non, non ça fonctionnait pour elle…pourtant. En même temps, qu’est-ce qui n’aurait pas fonctionné sur elle ?
L’égo revitalisé, il lui dédia un sourire plus grand, un peu plus tirant sur les muscles de son visage :
- « Non je suis juste friand de toute ce qui est haut en couleur »

Par simple plaisir de créer une flatterie là où son propros n’était en réalité qu’orienté sur lui-même, il dévia le regard subrepticement pour accrocher celui, bleu, d’Alexis l’espace de deux secondes puis revint entièrement à Elliot, comme si cet échange n’avait pas eu lieu
Il choisissait d’en rire. Il était vrai que plus de la moitié des individus dans cette salle abhorraient le vert. Parce qu’ils ne savaient pas le porter. Deborah l’aurait approuvé. Elle serait sûrement de la partie aujourd'hui d’ailleurs…

- « Vous ressemblez à un haricot vert géant » répliqua Elliot sans réfléchir « C’est cool d’oser les couleurs. Surtout à votre âge ».

Premier choc. Il avait senti ses dents se serrer l’une contre l’autre, dans un sourire figé qui n’avait que peu de naturel. Et l’autre encore lui dédiait un sourire sans aucune méchanceté… L’air content qu’il affichait devant son nez, lui fit reprendre un peu le dessus de l’irritation qui menait d’enclencher un danger. Bien évidemment qu’il n’avait pas l’air ridicule. Finalement, il ne s’agissait pas de déni mais de jalousie. Sûrement en plus d’être complètement estomaqué par tant de prestance, vivait-il mal que sa meilleure amie s’en évanouissait presque. Pourquoi être surpris ? Il faisait toujours ces effets parfois difficiles à vivre pour les autres. Il est vrai que leurs égos devaient en prendre un coup colossal. Surtout pour un futur Titan-Roi plus immature que qu’intimidant. Sa peau avait verdi un peu sous l’effet mais reprenait déjà ses couleurs :

- « Oh je pensais plus au château d’émeraude du pays d’Oz…. Cela me semble plus flatteur et approprié… vu la qualité du costume et du modèle » il avait complété par cette flatterie en dirigeant une nouvelle fois son attention sur Alexis, comme plaisantant. Elle trouverait la métaphore très juste, n’est-il pas ?
La description du pays d’Oz avait bercé sa « fausse enfance », l’impressionnait de sa rutilance et de son éblouissement… Les pavés de briques jaunes ne pouvaient être que des lingots et le château une authentique et immense émeraude… L’enfance était passée, la malédiction aussi mais ce souvenir là restait présent et prenant dans sa mémoire….
Il n’occulterait pas pour autant la réflexion qu’avait fait le fils du maire concernant son âge. Pourquoi disait-il cela ? Une fois n’est pas coutume, il se mit à rire, un peu plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu, :

- « A vous écouter, une fois l’adolescence passée, les hommes actifs ne peuvent plus porter de couleur ? C’est un luxe de cette jeunesse ? C’est dommage, mais vous n’avez pas tort, beaucoup osent beaucoup moins. Regardez, celui-ci. »

Sa main désigna dans un mouvement élégant un homme vêtu d’un bête costume noir, d’une petite trentaine d’années pour s’arrêter sur un autre couple plus jeune tout de noir vêtu. Ils étaient indiscernables. Ordinaires. Oh, bien sûr, posté non loin du tissu, aurait-il pu deviner le coût à la coupe, à la matière, mais le style avant tout ne démontrait qu’un amas de banalité… Pour cela les femmes se trouvaient plus audacieuses à cette époque. Là où à la sienne, les extravagances touchaient tous les sexes.
Le petit prince du chaos portait à voix haute cette étrange conviction que toute personne dépassant...sûrement 25 ans vu qu’on devait LUI donner tout au plus trente ans...était un individu fini incapable d’originalité. Mentalité assez pathétique… On aurait pu penser que la Menace serait un peu plus cultivée, intelligente, voir même dangereuse. Cela prouvait au moins que si venait le jour où Chronos inspirait la Peur, un jour, viendrait celui où Preminger inspirerait la Suprématie.
En attendant, Elliot avait suivi son mouvement vers la foule pour revenir baisser les yeux sur son propre costume :

- « Le noir, c’est classe. Ca fait James Bond » Il levait le nez, d’un air pincé « Mais si vous préférez ressembler à un château d’émeraude c’est votre affaire. » il fit une pause, l’esprit encore focalisé sûrement sur les individus qu’il avait désigné « Les vieux peuvent porter de la couleur, c’est juste que ça ne leur va pas forcément. Faut savoir avoir du style » déclama-t-il en tirant sa veste de costume dans un petit effet raté…Selon Erwin.

L’esprit du notaire occultait la fin du discours, focalisé sur un mot. Un mot qu’il l’avait déjà entendu prononcer, indirectement, sur un autre continent, dans un autre contexte. Et instinctivement ses yeux dorés s’étaient plissés en observant Alexis. Pour lui, les plus de vingt-cinq ans étaient des vieux… Ben ouais... mais t’es avec le vieux, nan ? Elle n’avait rien répondu alors… Mais un soupçon se posa sur elle ; sur le bafouillement qu’elle avait eu alors… « v.. ». Non. Non. Mais…si sûrement.
Alors il ne dévia pas son visage d’elle, la fouillant son âme sans beaucoup moins de ménagement qu’il avait eu jusqu’alors. Si elle en venait à suffoquer, à tomber encore, tant pis. Peut-être se précipiterait-il, pour l’ensevelir encore plus. Il savait, sentait son effet… Mais il stoppa tout à fait, presque malgré lui, attiré par une autre opportunité, pour dévisager le meilleur ami avec une tranquillité non feinte. Et sa voix sonna plus âcrement mielleuse, s’amusant de son air piqué. Chacun son tour. Et encore, il jouait « édulcoré » ce soir…

- « Le noir à l’image de l’élégance auprès d’autrui car il va avec tout. C’est assez simple à porter en définitive. Vous n’êtes pas d’accord, Mademoiselle Child ? Que préférez-vous ?» il avait eu un sourire entendu « Mais le style, c’est l’essentiel. Les années vous rattraperont, le Temps toujours s’écoule, quel grand drame !»

Il l’ajouta doucereusement. Après tout, il pouvait très bien ignorer qui se trouvait en face de lui. Mais le sachant, l’occasion était parfaite. L’Ennemi du Temps… Au final, cela lui convenait bien ; une difficulté à mettre les expressions en adéquation avec les âges des gens ; une dérision incisive…. L’Ennemi du Temps, quelle sottise. Il ne fallait pas mettre fin au Temps. Il suffisait d’en être Maître. Sur Preminger le Temps ne possédait aucune emprise. Il ne se hâtait ni se pressait, il l’attendait, immuable. C’était une promesse. Les années défilaient sans lui causer une ride, sans que l’ombre du Temps ne vienne caresser son visage, Il le choyait. Son Temps viendrait.
Et lorsque adviendrait l’Heure, il serait là.
Mais il n’était guère le seul à philosopher, vu que sa cisaille, loin de passer inaperçue, fit réagir son interlocuteur, comme espéré. Tout ce qui consistait sa bonhommie, son entrain fut avalé soudainement, ne laissant qu’un individu désabusé :
- « Ahaa, j’en connais un rayon sur le Temps…. Je sais même à quoi je ressemblerai quand je serais vieux mais…. Je préfère ne pas y penser. Il y a toute une histoire de fin du monde, qui va avec. C’est pas jojo » Une grimace parcourut son visage, tandis qu’il s’ébrouait comme parcouru d’un grand frisson.

- « Oh vraiment ? Passionnant... » avait d’abord répliqué le ministre avant de forcer sa voix à se distendre, tandis qu’Elliott sombrait dans la « mélancolie soudaine »…
« Parfait. Contemple donc ton œuvre, ton avenir… Souffre, vois, pressens et tremble » songea l’ancien Preminger Ministre dans un sursaut d’enthousiasme. Pour peu, il en aurait bâti des mains, mais cela aurait semblé plus que curieux… Et un peu trop étrange pour quelqu’un soudainement empli de frayeur. Cela n’aurait pas tardé à poser questions….
Alors, avait-il seulement ajouté, d’une voix égale, pensive :« Je n’ai jamais eu l’occasion de voir mon reflet futur ».

Peut-être l’avait-vu, lui ? Il mourrait d’envie de le demander. Mais à quoi bon ? Sa vision s’arrêtait à la fin du Temps. Pas ensuite. Bien évidement qu’il en survivait. Bien évidement que sa Destinée à lui serait bien plus lumineuse.

De son côté, Elliot poursuivit cependant, un peu rasséréné de son aller-retour dans son futur :

- « Le mieux, c’est de rester jeune. Quand on ne peut pas l’être en apparence, on l’est dans sa tête, hein ? » tout en tapant l’épaule d’Erwin comme pour le prendre à partie.
- « Oui, votre père l’applique bien ».

Sans lâcher la force de son regard, il avait sourit à Alexis, doucement. Il s’était soudainement souvenu que sa présence ici ne se justifiait pas par Chronos, mais bien par elle. Et fort heureusement, il ne l’avait dénigrée, s’était contenté de tenter de sympathiser avec son meilleur ami. Y était-il arrivé…. Le rire du jeune homme laissait sous-entendre qu’au moins, il ne l’avait pas foncièrement braqué…

- « C’est clair que P’pa a zéro complexe à afficher ses rides ! En même temps, je préfère cette apparence-là à celle qu’il a quand il il est jeune. Pas vrai Alex ? »

Il lui avait donné un coup de coude complice et à nouveau le notaire avait croisé le regard de la brune. Il avait insisté une nouvelle fois, pressant. « Je veux vous voir seul » voilà ce qu’il voulait qu’elle pense. Et c’était réussi, n’est-ce pas ? Alors, il ne doutait pas qu’elle saurait se débarrasser de son ami. Autant lui laisser le plus gênant... Pourquoi s'en priver?


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« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


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________________________________________ 2020-10-21, 23:25 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Pour que ce jour compte...


- Oh, je suis avant tout votre notaire, non ? Après tout, ce n’est pas comme s’il y avait énormément de concurrence en ville.

Elliot avait coulé un regard vers moi qui signifiait clairement “depuis quand t’as un notaire toi ?”. J’avais serré les dents, ne lui ayant pas raconté ma mésaventure avec Crafty pour éviter de l’inquiéter ou qu’il aille exploser je ne sais quel truc pour être certain que ça n’arriverait plus. J’avais balayé son interrogation muette d’un geste de la main :

- C’est... une histoire compliquée et chiante à mourir, je t’assure ça vaut pas la peine. Mais, je n’en ai eu besoin qu’à ce moment-là... J’ignorai...

J’avais tourné la tête vers Erwin avec un sourire :

- Que j’avais véritablement gagné un notaire pour me suivre... c’est bon à savoir...

J’avais eu un regard plein de sous-entendu en portant mon verre à mes lèvres. Ça avait été un peu difficile de me stabiliser de toutes ces surprises mais je sentais que j’y étais enfin et c’était tout de même mieux que d’entendre Elliot me parler de mon transit... même si mon apaisement allait être de courte durée... nous avions commencé à parler de la soirée et de l’investiture d’Hadès et il s’était hasardé à une supposition que j’avais corrigée poliment :

- Deuxième en réalité... même si je vous l’accorde avec Hadès le temps semble toujours plus long.

J’avais éclaté de rire de bon cœur, le pensant sincèrement. Et vu le désastre de leur première rencontre il devait estimer que je n’étais pas loin de la vérité... J’avais tout de même précisé avec un peu plus de noirceur que je l’aurai voulu dans la voix :

- Enfin troisième si vous comptez la période de transition qu’il y a eu au moment du départ subit de Jack Frost...

Mes yeux étaient partis dans le vague le temps d’un instant, tandis qu’il avait repris la parole pour s’adresser à Elliot. Qu’ils parlent donc, ça me permettait de me plonger tranquillement dans mes pensées... et d’en sortir. J’avais chassé cette pensée en buvant une nouvelle gorgée de ma boisson en me concentrant une nouvelle fois sur les deux hommes à mes côtés. Mon stress et ma surprise ne m’avait pas fait prendre pleinement conscience de sa tenue jusqu’à présent. J’avais profité de son absence d’attention à mon égard pour le dévisager des pieds à la tête avec un petit sourire. C’était... vert. TRES vert. TROP vert ? J’arrivais pas à déterminer. Sur quelqu’un d’autre, peut-être, sur lui... ça allait avec sa personnalité. Il avait cette folie inattendue que j’avais entraperçu lors de notre réveil à Paris et une ou deux fois lors de nos retrouvailles. Une folie que je ne lui avais pas d’abord imaginé, le voyant bien plus proche de sa profession avec cette classe austère que les financiers et les légalistes avaient souvent. Mais Erwin, c’était finalement une personnalité haute en couleur, qui les aimait bien plus que n’importe quel homme. C’était unique. Ça lui était propre et je trouvais ça touchant. Il aimait les couleurs et tout ce qui brillait... comme les enfants. Mais avec un acharnement pourtant bien adulte. Et si le vert rappelait la couleur, l’émeraude soulignait clairement le côté clinquant. Était-ce parce qu’il avait été roi que Regina lui avait donné une grosse fortune ? J’avais du mal à croire qu’un notaire puisse gagner autant, il y avait donc sans doute une espèce d’héritage sous couvert de malédiction dans le lot. Une chose était certaine, la couleur lui allait bien au teint et mettait ses yeux en valeur...

- Vous vous êtes pas trompés ? La Saint Patrick, c’est en mars.

J’avais étouffé un rire dans mon verre, manquant de m’étouffer avec la gorgée de liquide que je venais de prendre. Elle avait été si bien trouvée et si vite sortie que je n’avais pas pu me retenir. Elliot. Du grand Elliot. Dans toute sa splendeur.

- Désolée...

Je l’avais marmonné sans même vérifier qu’on me prêtait une quelconque attention tandis qu’ils reprenaient leur joute verbale de plus belle. J’avais tenté de calmer Elliot quand il avait parlé d’haricot, lui tapotant le bras d’un air tendu. Le sourire figé d’Erwin ne disait rien qui vaille et si je me souvenais comme il n’avait fait qu’une bouchée de l’ambassadeur à Paris, il était primordial pour moi que les deux gardent à minima une entente cordiale. J’avais ouvert la bouche pour sauver le navire mais le notaire avait été plus rapide. Je lui avais souris quand il avait parlé d’Oz. Regina me l’avait lu en boucle quand j’étais gamine. Et elle l’avait lu à Henry et le lisait maintenant à Daniel. Elle était bloquée sur ce conte je crois... et elle avait bouclé sa boucle en devenant Dorothy Gale quelques mois auparavant. Même si le souvenir de ce passage dans le monde des contes ne me laissait pas qu’un bon souvenir, son allusion avait réveillé en moi une part d’enfance que je chérissais. Une enfance qu’Elliot avait balayé d’un bon coup de pied en comparant James Bond et le château d’Emeraude. J'avais juste envie de calmer le jeu, de préciser qu’ils étaient aussi beau l’un que l’autre mais je ne pouvais pas faire un truc pareil parce que si c’était pas la première fois que je le disais à Elliot, ni même la première fois que je le disais à Erwin, il était hors de question que mon meilleur ami se demande comment je pouvais trouver mon “vieux” “notaire” beau. Et pourtant c’était effectivement sans compter sur le vieux et beau notaire puisqu’il décidait clairement de me prendre à partie et de me faire trancher. Je l’avais regardé avec un regard électrisé, digne de lui lancer la foudre, droit dessus tant je lui en voulais de me faire ça. J’avais dégluti en évitant soigneusement le regard d’Elliot et en regardant Erwin droit dans les yeux avec un sourire crispé :

- Je pense que ce que je préfère n’a pas d’importance. Disons que la beauté d’un vêtement ou d’une couleur ne s’éveille qu’avec la personne qui la porte. Vous semblez avoir une personnalité plus proche de porter des couleurs et elles vous vont très bien. J’aime la symbolique du château d’Oz. Et toi, tu as la personnalité d’un James Bond depuis toujours et ce costume te va comme un gant aussi.

J’avais souri à Elliot en lui rajustant sa veste d’un air attentionné. Il était peut-être temps de rajouter une touche d’humour en dégonflant l’atmosphère lourde de tension.

- Et pour être honnête, je vous préfère chacun dans vos costumes respectifs que l’inverse.

J'avais eu un petit rire... c’était sympa, mais ça n'avait pas duré. La conversation avait dévié sur Elliot ou plutôt Chronos, quoi que toujours Elliot et je n’avais rien osé dire, me concentrant subitement beaucoup sur le sol. Fort heureusement, mon meilleur ami avait eu plutôt tendance à prendre ça à la rigolade, comme s’il avait parlé d’un tout petit truc plutôt que d’une fatalité et le ton était redevenu plus amical, dérivant alors sur Hadès... et la jeunesse d’Hadès qu’Elliot me rappelait soudain. J’avais rougi, n’ayant pas que de bons moments avec cette version-là de son père, beaucoup trop porté sur une attirance sexuelle qui n’était pas réciproque et qui s’était souvent apparentée à des avances forcées.

J'avais ouvert la bouche pour tenter de répondre quelque chose mais je m’étais stoppée subitement, l’esprit happé par le bruit fracassant que faisait Norbert en tapant dans ses mains. Elliot me signifia d’un tapotement d’épaule qu’il allait rejoindre Lily et j’hochais la tête d’un air entendu, soulagée d’être sauvée par le gong. Son regard semblait insistant comme s’il ne comprenait pas pourquoi je ne le suivais pas et d’un geste flou, je lui fis comprendre que j’allais venir, que je restais encore quelques secondes là... avec le notaire. Il acquiesça et disparut dans la foule. Me détournant d’Erwin, j’avais fait volte-face pour observer la scène où se tenait la créature et le dieu, visiblement ravi d’être là. Il s’approcha du micro pour commencer son discours :

- Merci à tous d'être venu pour mon anni...

Il s’était stoppé brusquement et j’avais pouffé de dire tout en suivant son regard. Je m’étais mise sur la pointe des pieds pour voir une Violette atterrée de le voir vendre la mèche aussi facilement après avoir eu tous les efforts du monde à le cacher. Je lui lançais un regard compatissant qu’elle ne pouvait pas voir et me promettait d’aller voir mon amie juste après le discours pour en rigoler et l’aider à décompresser. Mais en attendant, nous n’étions pas au bout de nos surprises puisqu’il persévérait, pire, il signait :

- ...une fête de la nouvelle Mairie ! Nouvelle, parce que... elle est neuve. Et nouvelle aussi, parce que... on a refait la peinture du plafond.

Il leva les yeux pour observer le travail et je ne pus m’empêcher de rire de plus belle, silencieusement, en collant ma main sur mon front, tout en secouant la tête de gauche à droite. Elle avait tout prévu... hormis peut-être le discours du maire... ou alors qu’il ne le lirait pas...

- Cette année sera une grande année ! Déjà, parce que Autumn, ma fille viens de passer le cap des 3 ans, et marche sur ses 4 ans. Mais aussi parce que Elliot, mon fils, va détruire le monde.

Il avait eu un grand sourire en observant l’assistance, peut-être pensait-il avoir fait une belle blague mais non... il n’avait récolté que le silence médusé et perplexe de l’assistance. De mon côté, mon sourire s’était évanoui en une seconde. Ce n’était vraiment pas cool d’afficher Elliot comme ça... les sourcils froncés, je m’étais mis à le chercher dans la foule pour tenter de voir comment il avait pris la nouvelle. Ne le trouvant pas, je m’étais contenté de récupérer mon téléphone dans ma pochette et d’écrire “Oublie. C’est un gros naze. De toute façon on a stipulé que ça n’arriverait que lorsque tu m’auras enfin battu aux jeux vidéo... c’est pas prêt d’arriver quoi 😛”. Ça valait ce que ça valait, mais je me sentais au moins mieux à l’idée d’avoir tenté de lui remonter le moral. Rangeant mon téléphone, je tentais de reprendre le fil du discours que je n’avais pas véritablement écouté :

- J'ai une vraie blague par contre. C'est un juif, un hindou et un...

J’avais juste sursauté en entendant un horrible grésillement de sono, comme si on venait d’arracher un câble de son terminal. Hadès parlait toujours mais de là où il l’était, on ne l’entendait plus. Il tourna alors une nouvelle fois la tête vers Violette qui tenait un fil en main, l’air innocent. Son regard croisa le mien et je levais un pouce en l’air avec un sourire avant d’ajouter en exagérant mon articulation pour qu’elle lise sur mes lèvres “IMPEC !”. Pas déboussolé pour autant, le Maire avait alors repris de vive voix.

- Amusez-vous bien tous ! Et que la fête commence !

Des ballons rouges étaient apparus au plafond et ils s’étaient mis à tomber en pluie légère sur tous les invités. Des foutus ballons rouges. Pourquoi fallait-il TOUJOURS que ce soit des ballons rouges ? Et était-il vraiment nécessaire qu’il y en ait autant ? Si j’avais souri, amusée, pendant les premières secondes, j’avais vite commencé à paniquer quand je voyais que la pluie de ballon ne s’arrêtait pas et commençait même à me submerger, comme une vague inéluctable qui m’emporterait au loin... très loin. Trop loin. En panique, j’avais tenté de brasser l’air de mes bras pour les dégager de ma vue tentant de marcher vers l’avant. J’avais failli perdre l’équilibre et mon talon s’était alors posé sur l’un d’entre eux. Il avait éclaté sinistrement, me faisant lâcher un petit cri de surprise. Il fallait sortir de là. J’avais tenté de me retourner, Erwin n’était pourtant pas loin derrière moi quelques secondes avant mais j’étais incapable de le voir. Tournant de nouveau la tête vers l’avant et, ce que j’espérai être la sortie, j’avais alors aperçu de la lumière. Une lumière claire et vive, comme celle d’un beau matin de printemps. C’était absurde, il faisait nuit et pourtant, j’avais envie de la suivre, d’y croire...

- Tout va bien madame ?

J’avais sursauté en sentant le poignet froid de la jeune femme se poser sur mon bras. Un peu déboussolée, je tournais la tête dans sa direction, clignant des yeux à plusieurs reprises. Y’avait un problème, un gros problème. La femme à mes côtés était tout droit sortie de Downtown Abbey. Elle était rousse avec des yeux verts et habillée dans une tenue de bonne absolument ancienne, robe noire, tablier blanc par-dessus, chapeau de service dans les cheveux. Avec douceur, j’avais tenté de retirer mon poignet de son emprise mais elle se penchait déjà sur moi, inquiète. J’avais remarqué qu’elle m’avait parlé en français avec un accent légèrement germanique. Avec une voix d’outre-tombe j’avais fini par lui dire, dans un français parfait et que j’espérais encore maîtrisé malgré le choc :

- Oui... Oui je crois que ça va... vous... vous pouvez me lâchez, s’il vous plaît ?

Pour toute réponse, elle s’exécuta en baissant la tête, les mains jointes, en signe de pardon. C’était quoi ce foutu délire ? Un peu paniqué, j’avais observé les alentours, me rendant compte du luxe dans lequel je baignais désormais. Je m’étais retournée pour observer les vitres et avancée lentement vers elles... L’océan. L’océan à perte de vue, c’est tout ce qu’on voyait. J’étais sur un bateau. Un paquebot pour être plus précise. Et ce décor... Combien de fois l’avais-je vu ? 50 fois ? 100 fois ? J’avais tant regardé Titanic que je ne parvenais même plus me souvenir au combientième visionnage j’en étais. Un peu plus loin, je voyais le bel escalier de bois, l’horloge... Et derrière les portes ouvragées devant lesquelles j’étais placée, je pouvais voir qu’un restaurant avait été aménagé en chapelle de fortune. C’était comme si j’étais sur le Titanic. Mais c’était impossible, pas vrai ? Je devais être sur une réplique, ou un autre type de bateau comme le Mauretania... après tout, certains décors du film s’étaient aussi inspirés de ce bateau alors c’était totalement probable. Comment j’en étais arrivé là, je l’ignorais. Et à quelle époque ? Tout le monde semblait venir d’une autre époque, du début du 20e siècle.

A mesure que je prenais conscience de mon environnement je me rendais aussi compte que j’avais un mal fou à respirer. Une main fébrile posée sur ma poitrine m’avait fait sentir quelque chose de rigide qui s’apparentait à un objet que j’avais porté dans une autre vie, mais sans aucun doute en beaucoup moins sexy : un corset. Il ne me tenait pas tant que cela au ventre ceci dit, ce qui était assez étrange en soit. Mes yeux s’étaient alors posés sur mes mains, gantées de blanc et sur ma tenue, une robe bleue au tissu fin qui laissait apercevoir un tissu plus épais, rose poudrée qui donnait la forme de la robe ainsi que des manches longues sur les manches courtes de la voilure bleue. Un magnifique motif perlé débutait sur mon ventre et remontait jusqu’à mon entre seins. C’était joli, féminin et j’aurai sans doute grandement apprécié la surprise si seulement elle n’avait pas été accompagnée de tout ce remue-ménage. J’avais tourné mon regard vers la vitre qui menait vers l’intérieur du restaurant et j’avais aperçu mon reflet. Mes lèvres étaient rosées, mes cheveux savamment attachés en un chignon compliqué quand lequel on voyait quelques perles et rubans. J’étais devenue à mon tour une véritable femme du 20e siècle et je n’avais qu’une envie : hurler. Ou pleurer. Ou les deux. Et si c’était le retour du Clown ? Et si tout ça n’était qu’un horrible cauchemar ? J’étais seule, toute seule. Aucune façon de revenir en arrière...

- Madame... je suis désolée de vous importuner mais Monsieur...
- Vous... vous me rappelez votre nom s’il vous plaît ?
- Emma, madame...

Elle semblait véritablement interloquée que je lui demande et j’avais tenté de me rattraper.

- Désolée... je ne suis pas encore très réveillée de cette folle soirée que nous avons passée...
- Oui... et pourtant vous n’avez pas bu une seule goutte d’alcool, j’y ai bien veillé...
- Je vous remercie, la fatigue sans doute.
- Léontine !

Le prénom avait été prononcé si proche de moi que par réflexe, je m’étais retournée en sursautant. Une femme, aussi imposante par son aura que par sa corpulence et sa tenue me regardait avec un grand sourire. Apparemment je m’appelais donc Léontine. Un peu déboussolée, je lui avais souri à mon tour, commençant à supposer qui elle pouvait être, ce qui n’avait rien de plus rassurant. Je n’avais pourtant pas eu le temps d’ouvrir la bouche qu’elle avait déjà passé son bras sur mes épaules avec une familiarité qui me poussait encore plus vers ma conclusion avant d’ajouter d’une voix tonitruante :

- Où donc est, ce cher Benjamin ?

Benjamin ?! Benjamin qui ?! Une chose était certaine, il était temps de revenir à l’anglais, avec un véritable soulagement. La femme ne semblait pas parler un seul mot de français.

- A l’intérieur... je crois...

J’avais posé les yeux sur “Emma” qui devait donc être ma femme de chambre. Celle-ci me confirma mes dires d’un petit signe de tête discret.

- Et bien alors allons le rejoindre ma chère. On ne devrait pas laisser les hommes seuls trop longtemps, vous devez le savoir mieux que quiconque très chère.

Elle avait un sourire plein de sous-entendu que je n’avais bien sûr pas compris. Je m’étais contenté de sourire bêtement à son clin d’œil tandis qu’elle m'emmenait à l'intérieur, scandant déjà sous les regards courroucés de la première classe :

- Ce chère Guggenheim ! Vous avez de la chance, j’ai retrouvé votre... “amie” toute seule à l’entrée. Un véritable gentleman ne laisserait pas une fleur pareille toute seule... vous devriez faire attention mon cher.

C’était comme si je venais de prendre une balle en pleine tête. Tout devenait clair, limpide même. Aussi clair et limpide que devait l’être l’eau glaciale tout autour de nous. Benjamin. Guggenheim. Benjamin Guggenheim. Je connaissais ce nom. Rose le présentait à Jack le soir du dîner. Il était celui qui avait embarqué sur le Titanic avec sa maîtresse, laissant femme et enfant à la maison. Et j’étais donc cette fameuse maîtresse, Léontine... Aubart donc. Ça faisait beaucoup à encaisser d’un coup. Surtout que l’idée d’être la maîtresse d’un riche mania de l’acier ne me disait absolument rien qui valait, je n’avais pas pour habitude de “piquer” les hommes des autres. Même s’il fallait être deux voire trois dans un adultère je refusais toujours d’être cet élément de discorde, cette chose qui empêchait le couple de tourner en rond. C’était contre mes valeurs, ma vision des choses. J’étais déjà gênée quand j’étais en présente de Lily et que Elliot se montrait un peu trop démonstratif alors là... maîtresse et à la vue et au su de touuuus les foutus passagers de ce putain de paquebot qui allait couler d’une minute à l’autre. C’était peut-être pas le Titanic. Il ne fallait pas paniquer. C’était peut-être juste un autre bateau... il n’avait pas fait d’autre voyage avec sa maîtresse lui ?!

- Oh dieu merci !

J’avais poussé un véritable soupir de soulagement en croisant enfin le regard de “Benjamin”. Je crois que c’était bien la première fois que j’étais AUSSI heureuse de le voir. Non pas que je ne l’étais pas à d’autres moments, mais là c’était juste une délivrance. Je n’étais finalement pas si “seule” que ça. Erwin était là, devant moi et j’avais lu dans ses yeux la même surprise que la mienne, à la différence que la mienne avait été un peu plus vocale. Je préférai mille fois être la maîtresse d’Erwin que d’un parfait inconnu, après tout, y’avait une certaine part de vérité dans cette version au moins, nous avions bel et bien une relation. Les autres m’avaient regardé surpris, surtout que je venais juste de blasphémer avant une messe et je m’étais reprise brusquement :

- Veuillez m’excuser, je... j’ai eu un moment d’absence. Je... je craignais de vous avoir perdu !

C’était complétement con. On était sur un bateau. Comment j’aurai pu le perdre sur un bateau ? Mais je n’avais rien trouvé de mieux à dire. Il y avait eu des petits rires et j’avais eu un air satisfait, tentant de faire croire que la blague était volontaire. Tandis que je me plaçais à côté de lui, j’avais coulé un regard sur sa tenue vestimentaire, nettement plus sobre qu’il ne l’était précédemment. Mon regard effrayé avait croisé le sien tandis que je récupérai mon livre de prière et de chant sur ma chaise, le commandant venant de faire son apparition. Les messes sur les bateaux ne se faisaient que le dimanche. Le Titanic avait coulé un dimanche. Pitié... faites que nous n’étions pas sur ce maudit bateau. Pitié...


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Merry Christmas to Everyone

Just hear those sleigh bells jingle-ing
Ring ting tingle-ing too
Come on, it's lovely weather
For a sleigh ride together with you


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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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________________________________________ 2020-10-25, 22:30 « If the crown should fit, then how can I refuse? »




Les vrais hommes créent eux même leur chance



Rencontrer le Chronos du futur suffisait à confirmer au notaire qu’il ne craignait rien. Il voyait difficilement comment un être tel que lui aurait pu décemment trembler devant un individu comme Elliot. Oh, redoutable, il le serait sûrement mais une menace pour lui, non. Il saurait le détourner, le combattre ou s’en attirer les bonnes grâces aisément.Et mieux valait choisir la seconde option pour le moment, ne serait-ce que pour conserver auprès d’Alexis une aura de bienveillance auprès de ceux qu’elle aimait. Ainsi s’en sentirait-elle reconnaissante.

Un claquement de mains assourdissant les fit se retourner vers l’estrade, d’un seul corps pour y découvrir...Norbert, le Minotaure, fier comme un coq, d’attirer l’attention du public pour l’attirer ensuite vers Hadès. D’une certaine manière, le Maire disposait d’un simulacre de Nick et Nack en moins stupide pour le premier mais moins prompt à l’action que le second. Cette distraction permit à Elliot de rejoindre sa dulcinée et Erwin aperçut dans le coin de son champ de vision, qu’Alexis était demeurée à ses côtés. Parfait. Même s’il aurait été plus correct de faire l’ouverture de la cérémonie aux côtés de Georgia...Preuve s’il en fallait qu’il s’était distrait à faire la causette au futur despote là où aurait du régler d’abord le problème de la présence d’Alexis.

Ses yeux dédaigneux se posèrent sur la figure enjouée du Maire à qui il n’avait pas fallu longtemps pour s’emparer du micro :

- «  Merci à tous d'être venu pour mon anni.. »

Là où Alexis pouffa, les lèvres du notaire s’étaient bornées à découvrir ses dents nacrées, dans une mimique presque propice à la méchanceté. Il ne fit cependant aucune remarque. Cela aurait été vain, sa voix se serait perdue, masquée par la puissance du son qui diffusait la voix du Maire dans les baffles installées aux quatre coins de la salle.

« ...une fête de la nouvelle Mairie ! Nouvelle, parce que... elle est neuve. Et nouvelle aussi, parce que... on a refait la peinture du plafond. »

Les yeux du maire avaient contemplé le plafond aussi vite que ceux d’Erwin mais non causés par la même impulsion. Ciel, qu’avait-il fait à l’existence pour voir un être aussi incompétent se pavaner ainsi ? Malgré tout, il ne parvenait pas à s’en offusquer, là où plus d’un ambitieux s’en serait outré. Lui, n’y voyait qu’une possibilité. Plus le puissant était sot et plus il était...atteignable. L’esprit d’Hadès, simple, voguait d’idées en idées, fantasque mais stupide. Inoffensif donc. Comme il fixait le plafond, il nota, qu’effectivement, ce dernier semblait avoir subi un rafraîchissement récent qui devait avoir été effectué pour la cérémonie mais dont le maire n’avait pas été informé. Quelle importance, après tout ?

- « Cette année sera une grande année ! Déjà, parce que Autumn, ma fille viens de passer le cap des 3 ans, et marche sur ses 4 ans. Mais aussi parce que Elliot, mon fils, va détruire le monde. »

Il fallait avouer que là, un fin filet de rire aussi bas qu’un murmure s’était cette fois échappé des lèvres d’Erwin. Oui… La Fin des Temps. Il demandait à voir, finalement. A part changer le ciel, il n’avait pas souffert d’énormes changements en ce qui le concernait… Alexis en revanche, peinée de voir son meilleur ami aussi publiquement affiché, tapait à présent à toute vitesse sur son téléphone portable. « Quel noble coeur », songea ironiquement Preminger. Pourquoi s’excuser ? Si on admettait croire au Futur, alors le Maire ne faisait que déclamer des faits, sans forcément réfléchir à leurs impacts. Mais au moins, cet aspect de l’élu ne lui déplaisait pas. Il appréciait ce cynisme involontaire, qui lui ressemblait tout à fait. A la différence notable qu’Hadès n’était poursuivi par aucune malice à la différence de lui. Lorsque Preminger énonçait quelque chose, la critique fusait, blessante, mordante, par le dessein de l’être. Si preuve utile, le poids de ses mots avait du atteindre le cerveau lent du maire, si bien qu’il s’évertua à se rattraper en s’empêtrant encore plus dans son ridicule :

- « J'ai une vraie blague par contre. C'est un juif, un hindou et un.. »

Mais qu’était définitivement cet homme ? Une potiche ? Un bouffon ? Un peu des deux… Et pas grand-chose d’autre, d’ailleurs. Et visiblement, une personne décida que la démonstration ayant été faite dans un temps record, cela suffisait pour ce soir, car le micro se débrocha brusquement, laissant Môsieur le Maire dans son moulin de paroles distillé dans le vent… Une certaine hilarité parcouru la salle. Pantins, tous autant qu’ils étaient pourtant. On leur avait imposé ce maire, il n’avait même pas été élu,, personne n’ignorait pas l’impopularité de l’individu qui gesticulait ridiculement devant eux… Et pourtant personne ne s’élevait pour protester outre mesure. Le peuple restait asservi, un jour jusqu’à toujours. Au final, d’une certaine manière, cela servait ses intérêts, alors pourquoi s’en plaindre hormis pour pointer du doigt le fait qu’il serait tellement plus légitime à sa place à lui.

- « Amusez-vous bien tous ! Et que la fête commence ! »

Malgré tout, la voix du maire qui portait bien parcouru l’ensemble des invités pour lui permettre d’obtenir le dernier mot quitte à le hurler, devina Preminger avec une pointe de pitié… Enfin, de dédain était plus juste. Il n’avait jamais pitié des autres, il les méprisait comme les insectes qu’ils étaient pour lui, à grouiller autour pour des miettes insignifiantes dans un bourdonnement incessant.
Une clameur surprise l’incita à lever les yeux au plafond, ou une centaine, que disait-il des milliers de ballons rouges soudainement apparus, dégringolaient sur eux dans un ballet fascinant. Il fallait l’admettre, l’effet était au rendez-vous et l’Ancien Ministre leva une main pour toucher le premier qui viendrait à sa vue. Oubliant le reste l’espace d’un seul instant. Les ballons restaient plus ordinaires, moins élégants qu’une pluie de paillettes étincelantes et dorées mais…, la masse parvenait à apporter un effet à ce lâcher. D’ailleurs… Cela commençait à faire énormément. Plus que le toucher, Erwin tenta d’expulser au loin la masse de ballons qui virvoltaient dans son air, sans cela ne fasse réellement effet. Il leva la tête, se protégea instinctivement, dans un piaffement agacé. Mais personne ne savait faire cesser ce tour ? Il ne voyait plus rien qu’une masse rouge et flottante autour, au dessus, en dessous de lui. Où se trouvaient les autres ? Alexis ? Georgia ou même Midas.. Indiscernables, à présent, dans cette dense nuée rougeâtre, si bien qu’il tenta de se muer hors de là, maudissant être ses dents l’illustre idiot que le peuple laissait proliférer dans un siège qui aurait du lui revenir. « Soit disant, il ne possédait aucun pouvoir ! » marmonna-t-il tandis que ses chaussures claquaient ans ménagement les ballons présents au sol. Il fallait qu’il trouve la sortie… Il finissait par s’angoisser de tout ce ballet flottant sans fin, l’air pourtant présent lui manquant soudain. Non. Il ne fallait pas céder à la panisue. La sortie… Et lui sembla la discerner soudain, entre les ballons rouges, qu’il envoya valdinguer avec de plus en plus de force tandis que tout son être tendait...tendait vers cette lumière presque irréelle. Il pouvait. Il pouvait l’atteindre. Et il ferma les yeux un bref instant, aveuglé.

- « Alors Benjamin, déjà lassé de votre charmante amie ? »

Qu’est-ce que…. ? Un INDIVIDU d’une soixantaine d’années, longiligne, inconnu, arborant une fière moustache châtaine moins sombre que ses cheveux, souriait brusquement à son côté, tandis qu’un petit groupe tous richement vêtus de vêtements passés de mode l’observaient d’un air curieux. Là où les ballons se trouvaient, figuraient à présent un amas d’hommes et de femmes, composant une salle comme attendant le commencement d’une réception. A l’exception de trois choses et non des moindres.
Il ne retrouvait en aucun cas le moindre visage familier sous ces traits tous engoncés dans des vêtements d’un autre temps.
Le décor aussi s’était modifié. Le grand préau réorganisé pour une fête communale avait laissé place à un lieu chic, hautement soigné et riche, un grand restaurant si son impression était la bonne.
Trois, il semblait que ledit restaurant avait été revisité non pour préparer un discours mais pour célébrer...une messe.
Etait-il mort ?
Dire qu’il avait blêmi aurait été un euphémisme. Preminger était un homme du monde, il savait par conséquent se maîtriser. Mais il restait intrinsèquement un courtisan et donc un individu des plus démonstratifs. Si bien que le mélange ajouté au choc fit un effet inédit au Ministre, qui eut un geste de recul instinctif qui lui valut de rencontrer dans son dos…

- « Benjamin... »

Pendant qu’il reculait, l’individu moustachu avait esquissé un geste vers lui, le retenant par la manche… Ce qui était d’ores et déjà voué à l’échec. Si bien qu’il heurta sa ménagement...

- « Vous pourriez faire attention » grommela une voix de derrière localisée à l’endroit exact où son dos avait rencontré une masse conséquente.

Ni une ni deux, il avait pivoté, toisant l’importun de toute sa hauteur. On ne se refaisait pas. Comme le « reconnaissant », l’individu n’avait rien ajouté et s’était éloigné, quelques pas plus loin, emportant la femme accrochée à son bras un peu plus loin dans la pièce en marmonnant des mots parmi lequel il discerna « arrosé », « mauvaise compagnie », « débauche ». Décidant de ne pas se focaliser sur cela, qui n’était pas le plus étrange de tous les événements actuels, il reprit sa position habituelle, essayant de remettre de l’ordre dans ses pensées.

- « J’ai trébuché » s’entendit-il proférer d’une voix...plus ou moins égale à elle-même, Dieu merci, en attendant d’avoir la moindre idée de ce qui se passait autour de lui.

Visiblement. « Benjamin » s’adressait à lui. Son prénom. Un prénom banal. Pathétiquement banal. Mais pire existait encore en ce monde. Enfin, quelque part de là où il se trouvait. C’est-à-dire...Perdu dans une sorte de début du XIXème s’il se fiait à sa connaissance des costumes. Bien. Bien. Ne pas paniquer malgré son envie de hurler et d’exiger retourner à l’instant même au creux de la cérémonie d’anniversaire d’Hadès. Evidemment, il n’y était plus, c’était une évidence. Où se trouvait-il à présent.
Visiblement, dans une « réalité » (?) passée. Où tout le monde semblait le connaître sous une fausse identité… Possédait-il encore le même physique ? Passant une main lasse sur son visage, il soupira de soulagement en retrouvant ses traits dont il connaissait les contours par coeur. Il avait retiré sa manche de l’étreinte du moustachu, notant sans piper mot que son costume avait repris un style bien plus neutre, noir et chic. Une chaîne d’or passait sur son coeur, reliant sûrement une montre de poche. C’était bien la peine de faire faire un costume sur mesure pour une occasion si c’était pour se retrouver si...élégamment sobre dans une REDINGOTE. Il nota pas ailleurs que sa seconde main tenait dans sa paume une canne d’acajou et un haut de forme noir. Bien. Bien. Il inspira le plus discrètement possible.
Son acolyte inconnu continuait de le fixer, toujours perplexe mais animé d’une bienveillance qui le rangea dans la catégorie des alliés.

- « Vous sentez-vous bien, mon brave ? C’est un peu tard pour avoir le mal de mer »

Le mal de mer ? Pourquoi faisait-il allusion à … Il dirigea lentement son regard vers la première vitre, se concentrant pour garder quoiqu’il arrive un air neutre. Enfin, si cela était possible. Bien évidement la question « Oh serions-nous sur un bâteau » aurait-été des plus ridicules. Alors il ne la posa pas et préféra vérifier par lui-même. L’horizon bleu qu’offrait la fenêtre acheva de confirmer les propos de l’individu., le rendant brutalement vaseux. L’eau…. A perte de vue… De plus en plus bizarre. Par quel sortilège ? Mais, compte-tenu des circonstances, il reporta son regard vers son « ami » :

- « Disons, que j’ai l’esprit contrarié, j’ai…. »

- « Léontine ? » coupa d’un air entendu le moustachu « Ah vous pouvez dire que vous avez fait sensation. d’ailleurs où est-elle ? C’est un peu tôt pour la répudier, attendez au moins le débarquement. »

Le petit groupe au coeur duquel il se trouvait eut un rire commun, et il se surprit à sourire, tranquillement, dans l’ambiance. Il paniquerait après, d’abord, il fallait s’imprégner de l’ambiance. «La « charmante amie » et « Léontine » devaient consister en une seule et même personne. Une femme. Avec un peu de chance Georgia ? Il ne pouvait pas être seul coincé dans cette sorte de réalité, non. Ou alors rêvait-il. Dans l’expectative, autant jouer le jeu pleinement et essayer de mettre la main sur cette fameuse Léontine.

- «Non. Mais elle se fait attendre, c’est le propre des femmes…. » Cela convenait au siècle non? Il tira la montre de sa poche, admirant l’or dont elle était composée et contempla l’horaire qui se reflétait sur le cadran, incompatible avec celle réelle de leur soirée. 10H25 du matin qui coincidait avec la clarté environnante et l’horaire de la messe. « Elle est en retard, cela serait des plus malvenus pour un office religieux »

- « Benjamin, ce n’est pas à vous que nous apprendrons que la bienséance de sa seule présence à cette messe peut être discutée en effet » explosa d’un rire tonitruant un autre HOMME plus ventru et blond.

D’autres limitèrent. Décidant de ne pas s’en offusquer, le climat régnant autour de lui semblant à la fois taquin mais dénué d’animosité, il haussa les épaules dans le même ton, sen fendant d’un sourire goguenard:

- « Que voulez-vous, je suis malgré tout un gentleman. »


Ce qui fit son petit effet, et accentua son sourire. C’était comme obtenir sa petite cour autour de lui, riante et pleine de considération même si intérieurement son esprit demeurait des plus perplexe. Il feignait bien mais n’occultait pas. Une femme de chambre proposa soudain :

- « Souhaitez-vous que j’aille la chercher, Monsieur ? »
- « Si vous savez où elle se trouve, le pire serait de vous en priver. » répliqua-t-il dans un froncement de sourcils avant de se replonger dans le petit groupe qui se formait à présent.
Une FEMME arborant un splendide chignon complexe, désigna les places de fortune installée de ça de là, dans un geste incitatif :

- « Le mieux serait-il sûrement de prendre place en attendant que l’office commence. Qu’en pensez-vous ? »

Il ne rechigna pas, approuva de la tête, l’esprit néanmoins pressé d’apercevoir cette fameuse Léontine. S’il ne la connaissait pas, alors peut-être rêvait-il. S’il la connaissait, alors…. Alors, rien ne serait expliqué mais au moins saurait-il faire la part entre le rêve et la réalité aussi curieuse qu’elle pouvait être. Le groupe se répartit entre les rangées de fortune, continuant de deviser, gaiement, parlant de chasse, d’import, export, de sujets différents que le notaire connaissait tout en ayant l’impression de redécouvrir sous une nouvelle forme. Une nouvelle époque. Si cela se trouvait être un rêve, alors pourquoi cet environnement ? Il ne l’aurait jamais choisi. Son esprit, ses rêves, ses désirs le ramenaient instinctivement, inlassablement là-bas. A ses dérives de fêtes, de bals, de raffinement qui lui manquaient tant, à tout ce qui composaient encore et à jamais son être. Son manque aussi.
Il ramassa le livre de prière et de chant figurant sur son siège, l’ouvrit pensivement, machinalement.
Figuraient à la page, les mots suivants, lui sautèrent aux yeux :" L'homme gonflé d'orgueil est léger comme un ballon gonflé de vent. On peut sans difficulté l'envoyer de tout côté, et surtout vers le haut. "Ils sont devenus vains dans leurs pensées; se vantant d'être sages, ils sont devenus fous" (Romains 1.21-22). »
Il referma le livre d’un geste sec, dans un sursaut d’angoisse . Les ballons flottaient dans l’air… Non ce n’était qu’une coincidence. Coincidence dans ce monde curieux où il se retrouvait soudainement sans raison apparente. Un purgatoire. « Non. Je rêve. Ce n’est qu’un rêve ». Mais plus les secondes passaient, plus l’impression d’être piégé dans un environnement d’apparence inoffensif l’oppressait. Une pointe d’effroi grandissait en lui, détruisant le récent contrôle qu’il avait su retrouver. Et pourquoi ne retrouvait-on pas cette Léontine ? Il désirait voir son visage si impérieusement que tout son esprit l’appelait, tout aussi détendu qu’il s’acharnait à paraître. Geneviève, pitié, que ça soit Geneviève. S’il devait être piégé quelque part qu’il ne soit pas seul.

- Ce chère Guggenheim ! Vous avez de la chance, j’ai retrouvé votre... “amie” toute seule à l’entrée. Un véritable gentleman ne laisserait pas une fleur pareille toute seule... vous devriez faire attention mon cher.

Une voix nasillarde et forte s’était élevée de l’entrée, tonitruant un message à un destiné Guggenheim… Et soudain, quelque chose avait fait sens chez le notaire. Comme le premier assemblage d’un puzzle complexe possédant une infinité de cases toutes semblables. Guggenheim. Benjamin. Benjamin Guggenheim. Il connaissait ce nom. D’abord pour l’avoir déjà entendu dans un film bien connu de sa chère épouse. Et l’étendue d’eau qui coulait invisible sous ses pieds renforça subitement sa terrible impression. Un Paquebot richissime. Une messe… Benjamin Guggenheim. Bien sûr. Lui revinrent en tête le respect qui émanait de ses pairs, les allusions aussi, sans sournoiserie mais malgré tout nettes et peu déguisées.
Un magnat du cuivre nommé Benjamin Guggenheim avait embarqué avec sa maîtresse Léontine sur...le Titanic.
Impossible.
Il se sentait blêmir à nouveau, les jambes coupées d’un élan qui lui proposait de se précipiter à l’instant hors de cette pièce. Tout lui semblant brutalement bien plus appréciable que ces décors trompeurs et perturbants, cette vie autour de lui. Il n’était pas Benjamin Guggenheim. Alors pourquoi ? Qu’est-ce qui se passait ? Dans d’autres circonstances, seul, se serait-il pris la tête pour réfléchir posément, si tant et cela que cela fut possible, mais là, entouré d’inconnus qui pourtant agissaient comme s’ils le connaissaient depuis toujours, il ne pouvait et ne devait pas perdre la face. Alors, que tout s’ébrouait en lui, il demeura l’homme placide et altier qu’il s’évertuait d’être depuis son...arrivée, remisant ses interrogations existentielles à plus tard, sans pouvoir réellement les empêcher.
Une femme corpulente et rousse fendait la foule, s’attirant quelques regards courroucés de l’assistance et son ascension vers lui, fit trembler davantage ses entrailles. Il avait déjà vu son visage. Margareth Brown. Une parvenue passagère du Titanic…. L’impression que le sol se dérobait sous ses pieds se renforça encore et il accentua son sourire, crispant ses mains sur le livre de prière. « Pitié ». Pitié ? Pitié Qui ? Pitié pourquoi ?
L’attention maladive qu’il avait prêté à la femme aurait presque pu occulter l’autre qu’elle tenait fermement par l’épaule. Mais il la vit soudain comme si l’ensemble autour d’elle s’estompait dans des contours flous.
Ce n’était pas Georgia. C’était Alexis. Il ne rêvait pas. Et un soulagement et une joie sincère remplit le corps du ministre. Ainsi, n’était-il pas piégé dans cette effrayante réalité seul. Et le responsable de toute cette situation improbable possédait un sens de l’humour certain. Benjamin Guggenheim et Léontine Aubart. Dans d’autres circonstances s’en serait-il esclaffé. Et peut-être la perspective de sa compagnie et de l’échange qui suivrait lui permettait de le faire…
Elle, en revanche, ne tenait pas le masque. Pâle, comme d’outre-tombe, son visage s’était accroché au sien comme à une bouée de sauvetage, l’incarnation de son Salut et il avait deviné son instinct primaire de se jeter à son cou, comme soulagé. Mais il ne devait pas l’encourager dans ce transport d’émotions. Son « couple » défrayait suffisamment la chronique pour donner du grain au moulin. Et surtout, devaient-ils donner une certaine illusion.
Elle récolta des regards courroucés quant à l’évocation naturelle de Dieu qu’elle venait d’invoquer avant une messe puis des rires moqueurs ou amusés, selon l’assistance lorsqu’elle tenta de reprendre maladroitement constance.

- « Ce qu’elle peut être distraite parfois ! » émit-il à l’assemblée dans un gloussement avant de désigner la chaise vide accolée à la sienne, d’’un signe de tête « Mais je vous avais gardé un siège. A mes côtés, toujours. » ajouta-t-il à la destination d’Alexis seul plongeant ses yeux dans les siens.

Sa manière à lui de faire, en même temps, scandale avec une indolence notoire. Il la laissa venir à lui, s’installer à ses côtés, ouvrir son livre comme si tout lui paraissait à lui, normal. S’il dévoilait quoique ce soit, peut-être cela l’inciterait à se livrer, se vendre aux yeux de tous et au regard de l’étonnant contexte dans lequel ils évoluaient, il ne pouvait affirmer avec certitude si cela était une excellente idée. Benjamin Guggenheim possédait une place bien assise dans la bonne société au point où même ses frasques sentimentales et sexuelles pourtant bien scandaleuses pour l’époque lui étaient pardonnées par ses pairs. Certains même l’observaient avec une surprise teintée d’admiration. Sûrement enviaient-ils cette sorte de dédain, de pied-de-nez aux bonnes mœurs qu’il brandissait ostensiblement à la vue de tous. Et ce jeu là, l’amusait énormément.. Et il s’y plongea de fait beaucoup plus si cela lui permettait d’occulter encore la sensation de frayeur qui l’avait parcouru quelques secondes plus tôt. Elle était à ses côtés, il n’était pas seul. Pas fou.
Un bruit de porte s’en suivit, laissant pénétrer un individu en costume, qu’il devina être le capitaine, qui prit bientôt place au premier rang, deux rangs précédents, le sien, alors qu’un orchestre entonnait les premières notes de « Nearer, My God, to Thee ». Il chantonna en parfait bon catholique les couplets figurant dans son petit livre de chants, sans un regard pour Alexis, mais leurs épaules se touchant presque. Il n’osait pas la regarder, la devinant aussi peu entièrement consacrée à l’office religieux qu’il devait l’être actuellement.
Alors que leurs mains descendaient le livre, il glissa sa main droite contre la sienne, agrippant les deux derniers doigts de sa main, fugacement.
Le contact le rassura. Mais loin de l’apaiser, son esprit foisonna de plus belle. La présence d’Alexis donnait des indications, rajoutait de nouvelles interrogations. Ils n’étaient plus à Storybrooke mais l’entièreté de l’assistance se retrouvait-elle ici ? Un Paquebot – il refusait de poser le mot Titanic une nouvelle fois sans risquer de s’évanouir- pouvait comporter facilement mille personnes. Donc bien plus que l’assistance du maire…. Mais dans ce cas, pourquoi donc Georgia ne se trouvait-elle pas à sa droite à la place d’Alexis ? Par leur proximité physique au moment de… la quoi téléportation ? Etait-ce pour autant à dire que Georgia ne se trouvait pas là ? Elle devait forcément y être...sinon où serait-elle ? Où étaient-ils et surtout pourquoi ? Et pourquoi eux seuls se trouveraient ici ?
Mais las, cela ne servait à rien de s’en angoisser inutilement.  Même si tout son être s’était brutalement tendu en dépit de son apparente tranquillité. Peut-être se trouvaient-ils sur le Mauretania. Oui. Guggenheim y avait voyagé…
Mais il n’avait fait, si son souvenir était le bon, qu’un seul et dernier voyage en compagnie de Leontine Aubart…
Un magnat du cuivre nommé Benjamin Guggenheim avait embarqué avec sa maîtresse Léontine sur...le Titanic après l’avoir rencontrée à Paris...
Un frémissement plus sourd le prenait entier là, tandis que le prêtre récitait son sermon sous un silence austère, les paroles entrèrent en lui comme des cisailles :
- « Comme dit Ecclésiaste 1:14 « J’ai vu tout ce qui se fait sous le soleil ; et voici, tout est vanité et poursuite du vent ». Que l’Homme contemple son œuvre avec l’esprit clair et la modestie face à l’oeuvre du Tout Puissant . De l’orgueil vient le dénigrement…. »

Si cela se continuait encore, il finirait par se faire porter mal. A quoi rimait donc tout ceci ? A une déplorable petite farce ? Trouvait-on amusant de tenter de ...quoi au juste ? Toute cette pantomime ne trouvait aucun sens… Et l’ensemble de cette désastreuse situation continuait de tourner, tourner, inlassablement dans son esprit. Sans trouver de réponse. Sans trouver de sens hormis l’effroi et l’incompréhension.
Si bien que la messe s’écoula finalement, sans qu’il n’y prenne gare, ne tienne à le faire, et le retentissant son des violons clôturant la cérémonie ne lui arrachant aucun sursaut de surprise. Il vivait les événements comme un film étrange dans lequel il se trouvait spectateur et acteur sans emprise. Mécaniquement.
Et elle devait être tout aussi déroutée, sinon plus que lui. La fin de la cérémonie sonnant, il lui proposa son bras, dans un sourire placide, sans la moindre complicité.

- « Mon Dieu Benjamin, quels traits tirés avez-vous là ! » souligna la femme au chignon en réajustant son châle, lui causant une humiliation supplémentaire. Elle tourna son air scrutateur sur Alexis « et votre amie est si pâle. »
- « Les journées et les soirées sont éreintantes à bord, il faut l’avouer » commenta son ami apparemment attitré à bord.

Preminger ignorait son identité et s’en désolait encore, craignant de faire la moindre incartade en s’adressant à lui. Mais pourquoi l’aurait-il donc fait ? Il n’avait pas pris la place de Benjamin Guggenheim, il ETAIT Benjamin Guggenheim aux yeux de cet individu inconnu. Cette perspective effrayante lui tourna la tête, aussi la baissa-t-il vers sa chaise pour ramasser sa canne qui s’accoudait à celle de gentilhomme ; Dans un geste souple, il ramassa la canne et son chapeau, tranquillement. Il ne devait pas perdre la face. Jamais. Il ne pouvait pas le faire. Il était Preminger.

- « Je vais retourner à notre suite. Après ces accablant propos, j’ai bien besoin du confort de ma suite, pour absoudre mes péchés et je pense que Léontine a envie de faire, de même, n’est-ce pas, mon amie ? » il porta le bout des doigts d’Alexis à ses lèvres et les embrassa longuement, exquisément, un sourire narquois aux lèvres pour les autres convives, se rassasiant par la même occasion de son contact. Puis coiffa son chapeau et les autres au poteau dans un mouvement élégant.

- « Vous nous rejoindrez tout de même dans le fumoir ensuite, Benjamin ? »
- « Pardi ! Bien évidemment qu’il viendra ! Il m’a promis de discuter affaire et de la dernière acquisition de la « Steam Pump Compagny », vous m’en promettiez monts et merveilles, je n’attendrais pas une journée de plus »

Dans un rire appuyé, Erwin tapota l’épaule du blond, puis amorça son départ. La tension qu’ils avaient noté à la fin de la messe ayant totalement disparu.
Il nota que la femme de chambre qui s’était proposée pour retrouver Alexis les suivait encore. Ainsi donc, elle devait être à leur service… Ce qui pouvait être utile à tous deux pour leur permettre de retrouver...leur suite dont il ignorait l’emplacement.

- « Pourriez-vous ouvrir la marche, très chère ? Laissez-nous un peu d’espace, voulez-vous. »

Toujours de ce ton emprunté et courtois mais sans l’ombre d’une seule hésitation. Comme si les choses en avaient toujours été ainsi. Comme si Preminger, Alexis, Georgia n’existaient pas.
Elle les précéda alors, emprunta bientôt un escalier somptueux de bois desservant un admirable couloir. Le frémissement n’avait pas quitté l’ancien Premier Ministre, il le contrôlait seulement mieux.
Tout. Tout cet attirail lui rappelait ce maudit paquebot. Son destin sinistre. Il sentait la présence d’Alexis sur son bras, accrochée, se rappelait la pâleur de ses traits son désarroi. Mais pourtant pas un seul mot ne franchit ses lèvres jusqu’à la fin de leur périple. Il lui semblait que s’il parlait maintenant, à la vue de tous, ça en serait fini de leur couverture, et peut-être d’eux. Il ne pouvait pas prendre le risque. Ils s’arrêtèrent devant une porte, indiquant le n°B-82 et il fouilla ses poches, ne se surprenant pas de trouver par miracle la clef. Elle ouvrait l’ensemble évidement et découvrit un valet basané s’affairant sur quelques papiers attablé à un secrétaire Ce n’était pas Midas, constata Erwin avec une note de dépit.

- « Monsieur Guggenheim ! Mademoiselle Aubart » salua le valet dans un anglais où résonnait quelques accents italiens.

Définitivement encore un parfait étranger parfaitement à l’aise dans cette identité. Encore un allié de moins dans cette épreuve curieuse. Il en pris garde en apparence, leva sa canne, dans un geste théâtral :

- « Oh, vous tombez à pic, il semble que j’ai malencontreusement échangé ma si ravissante canne avec celle de ce cher, le nom m’échappe, je suis si distrait ce matin... »
- « Le Colonel Archibald Gracie, Monsieur. » compléta la femme de chambre, de sa voix fluette de derrière son dos, comme il l’avait espéré.
- « Voilà. Pourriez-vous aller lui porter, très cher ? Et récupérer la mienne, cela va de soi. Quant à vous, vous pouvez vaquer à vos occupations, dans votre propre suite, j’ai besoin de m’entretenir avec ma charmante colombe seul. »

Cela suffit visiblement à la convaincre de les laisser et bientôt, la porte se referma sur eux seuls. Lui et elle. Erwin Dorian et Alexis E Child. Edward et Marie Smith. Benjamin Guggenheim et Léontine Aubart. Erwin Preminger et Enora Child. Et efin il laissa tomber le masque pour la regarder enfin. Ses bras ayant capturé les siens, comme une évidence, pour se réchauffer du sien et ses mains caressèrent ses pommettes doucement :

-  «Je suis si heureux de vous voir. De vous savoir saine et sauve. »

C’était sûrement excessif mais cette fois il n’exagérait même pas. Qui sait ce qui venait de se passer. Ce qui était arrivé aux autres. Ce qui aurait pu lui arriver. Aussi maintenant ne serait-il pas seul. Ses lèvres se posèrent sur les siennes. Elle en avait sûrement besoin, c’était évident. Il fallait qu’il la canalise. Qu’elle ne flanche pas. Même si le baiser échangé lui apprit que lui aussi en avait eu besoin. Ses sens avaient recherché ce contact, avidement comme pour s’ancrer dans la réalité, en réaliser l’horreur et sa présence à ses côtés.

- «Je ne devrais pas abuser des sens d’une jeune femme désorientée.  Mais je préférais vérifier que vous n’étiez pas le fruit de mon imagination » commenta-t-il en séparant ses lèvres des siennes. Cela l’avait rasséréné un peu. Sans la lâcher, il l’entraîna jusqu’au meuble où il venait d’apercevoir un contenant à cognac assorti de quelques verres. Libéra sa main pour leur servir des boissons, puis s’asssis, lentement dans le canapé de velours, son cognac à la main.

- « Alexis. Il faut que nous raisonnions intelligemment et promptement. » déclara-t-il d’un ton le plus méthodique possible, l’oeil fixé au loin sur la bibliothèque qui ornait le mur leur faisant face. « Je ne sais pas pas ce qui se passe, ni ce qui s’est passé. J’ai l’impression que les ballons nous ont amené… Dans cette sorte de passé qui n’a aucun sens vu qu’il semble que nous ayons pris la place de réels personnages historiques ».

« Un magnat du cuivre nommé Benjamin Guggenheim avait embarqué avec sa maîtresse Léontine sur...le Titanic après l’avoir rencontrée à Paris... . »
Pourquoi tout lui revenait en tête progressivement ? Pourquoi cela s’accompagnait toujours de cet effroi intrinsèque qui ne se lisait pas sur son visage mais paralysait son corps à l’intérieur ? Etait-ce pour lui ? Cette similitude qu’il avait pris pour un ironique clin d’oeil du destin. Pourquoi un « ironique clin d’oeil du destin » dans une occasion pareille ? Il inspira, continua de sa voix méthodique encore :

- « Si vous disposez de plus amples éléments que moi étant donné vos accointances plus renforcées que les miennes avec...les divinités en charge de la mairie, c’est le moment d’en parler. Tout comme, je ne vous cacherai rien de ce que je peux savoir sur notre situation, bien qu’à mon grand dépit, me concernant le tour sera vite fait. » ajouta-t-il en avalant une gorgée du cognac qui lui brûla les lèvres. Il passa sa langue sur celles-ci, pour en rattraper le goût, puis ajouta « je suis attendu dans le fumoir dans une demi-heure au minimum, ce qui nous laisse une bonne heure de tranquillité, ce cher Benjamin a sûrement d’autres préoccupations chronophages... »

Il se mit à rire, puis reprit dans sa main libre celle d’Alexis, plantant dans ses yeux un constant froid. Il ne servait à rien de tourner au tourner autour du pot. Alexis était une femme assez censée, assez futée, ce qui expliquait qu’il avait accepté de l’intégrer durablement dans son plan. De plus, si elle était là, autant qu’elle soit utile, alors il était inutile de la couver ou de la protéger. Il était le seul qui méritait de l’être. Une partie ne se terminait que lorsque le roi était échec et mat. Peu importait la reine, le cavalier ou le fou, tous travaillaient pour lui. Peu importait l’Ennemi, il userait des pions qu’on lui autoriserait. Alors, déclama-t-il :

- « Mon trésor, il faut que nous envisagions la possibilité, qui n’a peut-être pas effleuré votre tendre esprit… » il déposa son index sur sa joue doucement lâchant un bref instant sa main « ...que nous soyons sous peu...confronté à un péril de mort imminent. » il avait réussi à le dire c’était plus facile ainsi, s’accrochant à son propre ton, à son assurance pour se gargariser de sa propre personne. « Et étant donné les...similitudes que nous avons avec nos….nouvelles identités respectives...je propose que nous tentions avant tout de nous assurer de l’endroit où nous sommes dans un premier lieu, puis dans un second temps d’une survie obligatoire avant de réfléchir au pourquoi du comment. Même si je pense qu’il y a là une réflexion intéressante à mener. »

Son habituelle verve, son habituelle flamboyance lui revenait aussi. Evidemment. Il s’en sortirait. Son Destin n’était pas de couler dans une époque qu’il n’avait pas connue. Il était insubmersible, non ?

« Un magnat du cuivre nommé Benjamin Guggenheim avait embarqué avec sa maîtresse Léontine sur...le Titanic après l’avoir rencontrée à Paris... où il venait pour faire l’acquisition d’objets d’arts. Et où il avait fait la connaissance de cette chanteuse de cabaret.  » Comme l'homme gonflé d'orgueil est léger comme un ballon gonflé de vent.


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« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


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________________________________________ 2020-10-29, 23:08 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Pour que ce jour compte...


Et on avait commencé à chanter. Nearer, My God, to Thee. L'orchestre jouait merveilleusement bien. Et en regardant droit devant moi, j’avais senti les premières larmes me monter aux yeux. Cette musique, c’était beaucoup de choses, pour moi. Beaucoup d’émotion, de vérité. Le symbole même de la fin tragique qui nous attendait tous, inexorablement. En entendant les premières notes, ma gorge s’était serrée, j’avais été incapable de chanter, entendant simplement la voix d’Erwin à mes côtés, plus que n’importe quelle autre. Léontine était une chanteuse émérite, je me devais de lui rendre hommage, de chanter comme elle l’aurait fait, comme elle l’avait sans doute fait. Je n’avais pas à me plaindre de ma voix. Mais en cet instant, il était impossible pourtant d’articuler un seul mot. Chanter faisait vibrer mon âme, mais les notes mélodieuses qui parvenaient jusqu’à mes oreilles la faisait vrombir plus que je ne pouvais le supporter. J'avais juste envie de partir, d’être seule, loin de tout le monde, loin du bruit. Seule, protégée. Le chant m’avait d’abord rappelé cette scène du Titanic où l’eau prenait d’assaut le paquebot, de toute part, bien décidée à l’engouffrer dans ses profondeurs et le néant. Je revoyais la maman conter une histoire à ses enfants, les deux vieux amants, s’enlacer une dernière fois dans leur lit, Thomas Andrews, réglant l’heure de sa mort, le capitaine contemplant son œuvre et sa fin, l’orchestre, jouant jusqu’au bout. Et puis les cris, la peur, le noir et la mort. C’était ce qui allait arriver. Ce soir. C’était ce qui allait nous arriver. Et alors nous ne serons jamais aussi proches de Dieu.

Et puis à l’image de Dieu s’était superposée l’image de Maman. Les larmes m’étaient monter instantanément, sans que je ne puisse les arrêter. Je les avais alors sentir couler sur mes joues et je n’avais rien fait pour les arrêter. J’avais horreur d’écraser mes larmes en public, terrorisée que ce geste parasite si significatif ne se remarque. Pleurer en public était une véritable torture pour moi, je préférais encore faire comme si de rien n’était, de toute façon personne n’était censé tourner les yeux vers moi en cet instant précis. Et mes yeux à moi, bien que toujours rivé sur le décor en face de moi, étaient rivés vers le passé, tandis que mes larmes coulaient, toujours plus. C’était la musique de leur enterrement. L'enterrement de mon père. L’enterrement de Maman. Le jour où elle avait gagné le repos éternel. Le jour où j’étais devenue une autre, sa suite, parce que “mon sang ne saurait mourir”. Et en cet instant précis, je me rendais désormais compte que mon sang s’arrêterai sans doute avec moi, ici, sur le Titanic, dans cet anachronisme ahurissant. Je ne pensais pas souvent à Maman, sauf quand j’étais dans une détresse telle que celle-ci. Je me demandais toujours ce qu’elle ferait, ce qu’elle dirait. Je priais pour avoir sa force, son courage... et sa protection. Il fallait garder la tête froide. La peur n’était pas un sentiment, c’était une réaction. Et cette réaction, il fallait que je l’empêche de sortir de moi. A mesure que les secondes s’égrainaient sur les notes de violon, je prenais de plus en plus conscience de l’horrible vérité : nous étions sur le Titanic. J’aurai pu douter Guggenheim avait forcément fait d’autres voyages avec sa maîtresse, mais sur combien y avait-il eût également Molly Brown ? La tête froide donc, sortir de son corps, faire voyager son esprit, vers d’autres horizons et vers la solution.

J’avais failli sursauter en sentant les doigts d’Erwin rencontrer les miens. Il les avait serrés dans les siens, fugacement. Le contact m’avait alors donné un nouveau souffle d’air, une chaleur inespérée. Je n’étais pas seule. Ce n’était pas la première fois que j’étais dans une situation dangereuse mais nous étions toujours un groupe, ici pourtant nous n’étions que deux et pendant quelques minutes j’avais tant cru être seule que mon moral avait eu du mal à assimiler Erwin. Et pourtant ce contact, si doux et désirable me le rappelait à présent, non, je n’étais pas seule. Ma gorge s’était alors déployée et je m’étais mise à chanter avec les autres, écrasant rapidement et discrètement les dernières traces de larmes sur mon visage. Je n’étais pas seule. Et nous allions mourir à deux si je ne faisais rien. Si j’acceptais de lâcher prise sur ma propre vie, je refusais de le faire sur la sienne.

Mais la panique qui m’était montée au visage avait du mal à effacer ses traces, aussi on remarqua la pâleur de mon visage à la fin l’interminable messe que nous avions eue. Je m’étais contentée de sourire aux remarques, visiblement gênée, ne souhaitant pas en dire plus. L’époque voulait aussi que bien souvent une femme tienne sa langue face à son mari ou ce qui faisait office de “compagnon” dans mon cas, aussi laissais-je Erwin mener la danse. J’avais remarqué à son sourire placide qu’il n’était pas plus à l’aise que moi, qu’il avait aussi sans doute compris où il était. C’était la première fois que je le voyais ainsi, une coquille vide, sans aucune animosité. Pourtant il n’avait pas manqué de redevenir lui-même lorsqu’il avait s’agit de faire scandale, un caprice que je lui connaissais désormais depuis l’ambassadeur italien à Paris. Un très qui, loin de me déplaire, me faisait sourire, m’amusait et le rendait encore plus séduisant à mes yeux. Il avait ce franc parler, ce goût du scandale parfaitement maniait que j’admirai, même si en faire l’objet me gênait également. Il avait porté mes doigts jusqu’à ses lèvres et j’avais eu un mouvement de lèvre, très léger, comme pour le stopper dans son élan. Mais aucun mot n’était sorti de ma bouche, sentant déjà le contact de ses lèvres sous mes doigts, me gorgeant de ce contact si doux qui me rassurait, me faisait du bien et semblait lui en faire également à la lueur du regard qu’il me lançait. Je remarquais alors son sourire goguenard, sans aucun doute dirigé vers le reste de l’assistance et je ne pus m’empêcher d’avoir également un sourire mutin. Le Temps me sembla brusquement long. Il se repaissait de mes doigts avec une longueur qui en devenait à elle-même scandaleuse et qui commençait à échauffer mes sens malgré notre situation. C’était sans doute le goût du risque, la peur de mourir.

Le contact cessa pourtant et nous avions pris la rouge en direction de notre suite. Je l’avais regardé d’un air anxieux tandis qu’il cherchait la clé dans ses poches mais un soulagement monta brusquement lorsqu’il parvint enfin à ouvrir la porte. J’avais eu un signe de tête poli pour le valet avant de me précipiter dans la chambre, afin de souffler enfin. J’avais détourné le regard en prenant une grande goulée d’air mais au même moment, j’avais senti ses mains se poser sur mes bras et j’avais toujours la tête vers lui. Les posant ensuite sur mes joues, je l’avais observé droit dans les yeux, sondant la même peur qui me tenaillait le ventre. Le toucher de ses pouces sur mes pommettes m’apaisa quelques secondes mais se fut véritablement le baiser qu’il m’offrir qui me revigora. Comme pétrifiée de ce que nous vivions, j’avais brusquement repris vie, posant ma main dans sur sa nuque pour approfondir le baiser, rapprocher mon corps du sien. C’était comme si je me reconnectais brusquement à la réalité, comme si tout ce qui m’attendait me semblait soudain moins compliqué car j’en avais la certitude, je n’étais pas seule et l’élan d’amour qu’il venait de me donnait valait tous les mots du monde. J’avais senti dans sa propre fougue qu’il avait besoin de ce baiser autant que moi et cela avait fait naître au fond de mon cœur une petite flamme que je n’avais pas encore véritablement aperçue jusqu’alors. J'avais ri des paroles qui avaient suivies, amusée par l’idée qu’il puisse en abuser alors que je semblais plus que consentante et touchée par son besoin de me sentir réelle à ses côtés. Moi aussi j’avais ce besoin et c’était sans doute pour cela que sans prévenir, j’avais refusé de m’éloigner plus, posant ma tête sur son torse, mes mains glissants dans son dos. Les yeux fermés, j’avais besoin d’un instant de plus, juste un petit, comme ça, en silence, à sentir son cœur battre, son parfum effleurer mes narines. Je n’étais pas seule.

Je l’avais ensuite suivi jusqu’au bar qui s’offrait à nous et je m’étais assise à ses côté sur le canapé de velours, tenant à deux mains le verre de cognac qu’il m’avait tendu. J’avais qu’une envie, le vider d’une traite mais me soûler n’était peut-être pas le meilleur moyen de sortir d’ici vivante. Je l’avais écouté avec attention, hochant la tête avec sérieux lorsqu’il m’avait précisé que nous devions réfléchir. Je l’avais laissé parler, longuement. C’était presque instinctif. J'avais senti que je ne devais pas l’interrompre, pas parce qu’il me l’aurait reproché, mais parce qu’il avait besoin de poser sa propre réflexion. Il semblait l’avouer lui-même, tout ceci était plus nouveau pour lui que pour moi et je savais à quel point l’adaptation pouvait être difficile. Poser des mots sur les problèmes aidait. Rien ne pressait, j’allais lui répondre, mais il fallait déjà qu’il aille au bout de son raisonnement, que cela le conforte, le calme peut-être aussi. Avec douceur, ma main était venue se poser sur la sienne pour l’aider à poursuivre. Il l’avait alors prise dans la sienne avant de continuer sur sa lancée. J’avais ris avec lui lorsqu’il avait parlé des habitudes chronophages de Guggenheim et j’avais également prit une gorgée de Whisky pour tenter d’apaiser mes sentiments sans pour autant les anesthésiés. J’avais manqué de m’étouffer de rire lorsqu’il avait parlé de notre mort éminente, un rire nerveux, qui appuyait ce qu’il pensait. Notre mort éminente était plus que certaine, effectivement. Mais le voir reprendre ses empressements et sa flamboyance habituelle m’avait été à ne pas flancher. Avec douceur mais avec une voix sans appel, je lui avais alors répondu :

- Nous sommes le 14 Avril 1912, à bord du Titanic et je vous confirme que si nous ne trouvons pas rapidement une solution, tout ce truc va nous engloutir au fond de l’eau.

J’avais levé les yeux vers le plafond avec un signe de tête pour lui présenter le paquebot dont je parlais. J'avais préféré opter directement pour la chose la plus dure à attendre, une fois le choc passé, on pourrait au moins réfléchir correctement. Je l’avais laissé assimiler ce que je venais de dire en le regardant droit dans les yeux, comme pour m’assurer qu’il allait bien. Mon regard glissa alors verre qu’il tenait dans la main et mes doigts virent se poser en dessous du cristal pour envoyer une impulsion vers le haut.

- Vous devriez en reprendre un peu. Juste un peu. La nouvelle passera mieux.

Comme pour appuyer mes mots, j’avais moi-même plonger mes lèvres dans le liquide ambré, de mon verre avec un petit sourire qui se voulait encourageant. Une fois le liquide de feu avalé, je précisais :

- Tout va bien se passer, d’accord ? Il se trouve que je connais beaucoup de choses sur cet évènement historique et que l’un des films sur le sujet, bien que très romancé et l’un de mes préférés, ce qui signifie que je le connais par cœur. Bon, première chose...

J’avais claqué mon verre sur la table basse en chêne dans un bruit sec. Retirant mon gant, j’avais alors tourné ma paume en direction du plafond tout en observant mes doigts. J'avais eu beau me concentrer, pas un simple éclair n‘était apparu. Inspirant une grande bolée d’air, j’avais remis mon gant tout en lui expliquant :

- Je n’ai plus mon pouvoir. Ça arrive souvent quand je pars en mission avec les divins donc ça peut peut-être aussi expliquer ce qui nous arrive... Nous ne sommes pas nous-même non plus, je suppose que ça doit jouer.

Je ne lui avais pas précisé pour autant qu’on m’avait aussi bloqué mon pouvoir pendant plus d’un an et que c’était peut-être Hypérion qui recommençait à jouer avec l’interrupteur. C’était bien trop long et inutile. Je m’étais plus concentrée sur tout ce qu’il m’avait dit pour tenter d’y répondre méthodiquement.

- Les ballons rouges ne sont jamais vraiment bon signe... Vous connaissez “Ca” de Stephen King ? Bon livre si vous aimez le style, quand on sera sorti vivants d’ici, je pourrais toujours vous le suggérer à la librairie.

Je lui avais souris, complice. Je voulais qu’il comprenne que je ne lâcherai rien, que c’était évident que nous sortirions de ce mauvais pas. Je m’étais levée pour commencer à faire les cent pas, c’était plus simple pour moi de réfléchir en mouvement.

- Et bien disons que nous avons eu un truc assez similaire à Storybrooke il y a quelques années. La première fois, il est venu à travers les rêves de certaines personnes. La seconde fois, il était là en chair et en os et avait pris possession du corps de Lily. Je ne sais pas trop ce qu’est ce monstre, si c’est un truc divin ou un alien comme chez King mais il prend l’apparence d’un Clown. Il est là depuis des années... il était... déjà là quand j’étais enfant.

J’avais eu un frisson, me souvenant de ce jour où je l’avais vu avec Lily, aussi petite que moi, sur ce banc. Il n’avait pas voulu jouer avec moi, juste avec elle et je m’en remerciais tellement à présent.

- Les ballons rouges sont un peu sa marque de fabrique alors... j’ai assez vite pensé à lui. Ce que je ne comprends pas encore c’est si nous sommes dans un rêve ou... non. Ah oui et j’ai failli oublier ça aussi !

J’avais claqué des doigts en pointant mon index sur lui, moins par manque de politesse que parce que j’étais complétement plongée dans mes pensées. Je m’étais stoppée à ce moment-là et j’avais repris de plus belle ma “balade” juste après cela.

- Pourquoi je pense que nous sommes sur le Titanic ? Vous êtes Benjamin Guggenheim, j’ignore ce que vous connaissez de ce monde et ce que votre malédiction vous a donné comme informations mais c’était en quelque sorte un riche magnat de l’acier. Il était sur le Titanic avec sa maîtresse, Léontine Aubart, une chanteuse de cabaret qu’il a rencontré à Paris. Elle avait son petit publique d’ailleurs à l’époque et ça c’est... moi en l’occurrence. Ce n’est pas le seul voyage qu’ils ont fait ensemble mais le seul je crois qui les réunis avec Molly Brown, c’est la dame qui m’a amené jusqu’à vous, avec la voix puissante, vous vous souvenez ? Le Colonel Archibald Gracie, l’homme à qui vous avez pris la canne, très bien joué au passage faisait aussi partie des passagers du Titanic. Je pense que la coïncidence est beaucoup trop grosse pour que nous ne soyons pas sur ce paquebot qui coula le 14 Avril 1912... un dimanche. Les messes sur un bateau n’ont lieu que le dimanche ce qui veut dire à la vue de ce que nous avons écouté tout à l’heure, que nous sommes dimanche. Des questions ?

J'étais essoufflée. Pourquoi j’étais autant essoufflée ?! Je crevais de chaud aussi, foutu corset ! J'avais enlevé mes gants d’un geste vif tout en l’observant, désormais plantée devant lui. J’en avais aussi profité pour remettre une mèche de cheveu derrière mon oreille en faisant attention de ne pas détruire au passage la si savante coiffure que je portais et que j’étais clairement incapable de reproduire de moi-même. J’avais volontairement évité le passage “vous mourrez normalement mais pas moi, cool non ?” afin d’éviter de le faire paniquer. De toute façon, il n’allait pas mourir. Aucun de nous deux. Nous allions nous en sortir.

- Vous m’excusez deux secondes ?

Je m’étais dirigée vers la porte qui menait à la salle de bain. J'avais alors attrapé un gant de toilette qui traînait là, objet drôlement utilisé dans cette période mais qui était tombée en désuétude de nos jours. Je l’avais passé sous l’eau froide avant de l’essorer et de le passer sur ma gorge, sur ma poitrine, juste au commencement de mes seins. J’avais alors croisé son regard dans le grand miroir qui me faisait face et en instant, j’avais l’impression d’être de retour dans cette chambre à Paris, om tout était pourtant plus simple. Les joues rosies par l’émotion que ce souvenir faisait naître en moi, je passais ma langue entre mes lèvres, juste pour les humidifier avant de préciser :

- Je suis désolée, tout ceci me donne incroyablement chaud et il n’était visiblement pas bon pour une femme de s’énerver à cette époque, ce truc est beaucoup trop serré, je ne respire plus...

D’un signe de tête, je lui avais montré ma poitrine, lui faisant comprendre par la même occasion que je parlais en réalité de mon corset.

- Ça... Ça vous ennuierait de le desserrer légèrement, s’il vous plaît ? Je pense que je serai plus à l’aise pour ce qui nous attends...

Sans attendre sa réponse, j’avais remonté la soie de ma robe avec lenteur et douceur, craignant de l‘abimer pour l’enlever par le haut. Avec douceur, je l’avais alors posé le tissu bleuté sur le rebord de la baignoire avant d’enlever la seconde robe, rose poudrée et de la poser par-dessus. Mon corset blanc était désormais la seule chose qui me servait de haut, s’apparentant bien plus à un objet de torture qu’à de la lingerie fine que j’avais pu porter dans d’autres lieux ou d’autres occasion. Faisant face au miroir, je lui offrais entièrement mon dos pour qu’il puisse me défaire de mes liens, légèrement. Je l’avais observé avancer vers moi avec un sourire, la tête légèrement penchée sur le côté, tout en précisant :

- Vous n’aimez peut-être pas la sobriété, mais cette dernière vous va très bien. Vous êtes tout aussi élégant dans votre costume vert que dans celui-ci... comme quoi...

J’avais eu un sourire mutin, ne terminant pas ma phrase. “Elliot avait raison”, c’était bien sûr ce que je sous-entendais mais avais-je vraiment besoin de le préciser ? L’idée de le ramener à cette querelle n’était peut-être pas la meilleure des idées, surtout que je gardais le fol espoir qu’un jour mon meilleur ami puisse l’accepter dans ma vie. Sentant sa présence toujours plus proche dans mon dos, j’avais posé les mains sur le marbre qui s’étendait devant moi. La faïencerie des lavabos était richement ornée d’or pour ce qui était robinets, j’avais observé l’architecture des sanitaires avec une certaine tristesse, glissant le bout de mes doigts sur la pierre :

- Ils sont drôlement beaux ces lavabos... Comme tout le reste de ce paquebot... Tant de travail, d’artisans, de petites mains... tout cela pour qu’il ne parvienne même pas à destination. Un faste qui finira ce soir au fond de l’océan, pourrissant entre deux courants glacials...

J'avais senti ses mains se posaient sur mes hanches. A chaque fois que celles-ci le faisaient, un miracle naissait après. J'aimais follement ce contact, parfois doux, d’autres fois plus brutal, à mi-chemin entre la caresse et la possession. Durant nos moments d’oublis, l’idée même d’acquisition ou de sanguinité ne me dérangeaient pas. Cela faisait partie des passions, des folies que le plaisir pouvait offrir. En douceur, mes mains s’étaient posées sur ses siennes. Je les avais décrochés de mes flans pour les remonter lentement sur mon ventre, puis mes seins jusqu’à ce qu’elles atteignent mes lèvres. Tandis que les doigts de ma main gauche étaient venus s’entremêler aux siens, ma main droite avait dirigé la sienne afin que je puisse l’embrasser. D'abord sur le poignet, à la naissance de toutes les veines, puis sur sa paume et enfin la longueur de ses doigts. M’abandonnant un moment à ce contact, j’avais gardé ma main sur ma bouche, les yeux clos. Après quelques longues secondes dans cette position, j’avais fini par me tourner pour lui faire face, l’attirant un peu plus vers moi. J’avais posé mes lèves sur son cou avant de les faire remonter lentement jusqu’à son oreille. Une lecture me revenait de nouveau en mémoire. Je l’avais trouvé si étrange à ce moment-là et aujourd’hui elle me semblait prendre tout son sens pourtant. C’était un article qui expliquait que les gens avaient toujours plus envie de retrouvaille charnelle quand il était question de la mort, aussi aux enterrements, le nombre de copulation post-cérémonie était exponentiel. C’était si étrange de voir la mort et l’amour uni dans un moment pareil et pourtant, là, au seuil de note possible morte, une envie était en train de monter en moi comme un feu ardent. J’avais tout de même fini par lui murmurer à l’oreille :

- Je suis désolée... arrêtons-là pour le moment, nous avons beaucoup trop à faire, je ne sais pas ce qu’il m’arrive...

Désolée, je l’étais sincèrement. Je n’aimais pas spécialement jouer avec l’attisement des hommes que je pouvais avoir eu dans ma vie. Ce n’était même pas un jeu, j’avais juste laissé mes envies me guider avant que la raison ne reprenne fortement le dessus. On avait pas le droit, pas tout de suite, pas comme ça... et pourtant l’occasion était si belle... J’avais tant rêvé de la sensualité de Jack et Rose, de ce décor dans ce paquebot légendaire et j’avais l’occasion inouïe de revivre presque cette même sensualité et la même mort aussi, ce qui me refroidissait quelque peu mais me réchauffait d’autant plus face à cet inévitable. Je refusais de mourir, mais si j’en avais pas le choix, j’aurai encore voulu profiter de mes derniers instants.
Avec douceur pourtant et à contre cœur, j’avais posé mes lèvres sur les siennes dans un baiser tendre d’“au revoir” qui clôturait entièrement le moment avant de me tourner de nouveau pour le laisser desserrer cet objet du démon. Pendant qu’il s’attelait à la tâche, j’avais alors précisé :

- En sommes, je pense que ce ne sera pas si difficile de nous en sortir... enfin de ce bateau je veux dire. Nous avons tous les éléments en notre possession. La bonne nouvelle c’est qu’on va très bien manger, autant à midi que ce soir. Après votre petit amusement au fumoir, nous passerons à table vers 13h. Il nous restera toute l’après-midi pour faire ce que nous voulons. En revanche, le bateau percutera l’Iceberg ce soir à 23h30 environ. Il faudra que nous soyons déjà sur le pont. Il n’y a pas assez de canots mais ils ont se rendre compte de leur erreur que plus tard. Les premiers seront à peine remplis, d’hommes et de femmes fortunés. Nous allons récupérer l’argent que Guggenheim a dut prendre avec lui et nous soudoieront qui de droit. Une fois dans le canot, nous serons saufs. Pensez surtout à prévoir des habits chauds, on va mourir de froid dans ces foutus canots. Après en revanche, j’ignore complétement comment on rejoint notre époque.

J’avais eu un air désolé que j’avais tenté de reprendre très vite à l’aide d’un sourire qui signifiait clairement à travers le miroir “haut-les-cœurs". Désormais libre de mes mouvements, je m’étais tournée vers lui pour prendre son visage dans mes mains :

- Mais chaque chose en son temps, nous serons sauf au moins. Maintenant sortez d’ici que je me rhabille, un peu de pudeur voyons !

C’était complétement moqueur. Je l’avais toisé avec un regard goguenard à la vue de l’époque mais surtout des gestes que nous venions d’avoir l’un envers l’autre. J’avais repassé ma robe toujours avec la même douceur mais en agrafant au passage un bijou que j’avais dans les cheveux. Avec lenteur, je me démêlais de son emprise avant de le replacer avec précision. La fleur de Lys était si jolie, à croire que Léontine se faisait un point d’honneur à rappeler son origine française et à se montrer au-dessus presque faisant partie de la royau...

- Les Ascott !!

J’étais revenue en courant dans la chambre lorsque je m’étais souvenu de cela. J'avais attendu qu’Erwin ne se tourne vers moi avant de lui préciser avec la rapidité de celle qui avait appris sa leçon par cœur :

- Lord et Lady Ascott étaient de riches anglais qui avaient pris une suite sur le Titanic. Ils ne sont jamais montés dessus. Ils s’en sont servi comme passe-plat pour faire transporter toutes sortes d’objets de valeurs... Il FAUT que je rentre dans cette suite...

Je l’avais regardé un instant avec une grande hésitation. Devait-il savoir pourquoi ? Enfreignais-je une quelconque règle en lui expliquant ? Après tout, on ne m’avait pas donné le manuel de “Ce qu’on doit dire ou ne pas dire en présence d’un non-initié dans le cas d’un voyage temporel” alors j’avais le droit d’improviser non ? Et il m’avait demandé de tout lui dire, c’était un travail d’équipe sur on voulait sortir de là...

- Ils.. Ils faisaient partie de l’organisation qui... que... celle qui nous a réuni à Paris. Ce qui veut dire qu’il y a peut-être des informations importantes dans cette suite, des informations qui ont été perdues à tout jamais cette nuit-là et que je peux désormais récupérer... Certaines sont peut-être liées à ma famille.

C’était eux qui auraient dû récupérer la marchandise à l’arrivée du Titanic, ce qui expliquait aussi pourquoi j’en avais su autant. Chaque Templier se devait de connaître son Histoire. Le sang ne saurait mourir. J’avais dégluti avant d’ajouter :

- Ecoutez, ils n’auraient jamais laissé la marchandise seule sur un paquebot comme celui-ci, il y a forcément d’autres personnes de l’organisation sur ce bateau. Ce sont des gens influents donc avec un peu de chance, certains ont pu sortir de là et peuvent nous aider...

J’avais tourné la tête vers le rebord de la cheminée qui était en face de l’énorme lit pour observer l’heure.

- Il va être bientôt l’heure pour vous d’aller au rendez-vous. Le repas est à 13h, il est fort à parier que nous nous y retrouverons directement là-bas. Essayez de lier des liens avec des gens qui sont sortis vivants de ce truc, comme Ismay par exemple. De mon côté, je vais me mêler aux femmes. Après le déjeuner, on ira rejoindre cette suite, ça vous convient ?

On avait alors frappé à la porte et elle s’était alors ouverte à la volée après qu’Erwin y ai autorisé l’accès. Le valet avait fait irruption. Il inclina sa tête en ma direction en signe d’excuse avant de reprendre :

- Monsieur je suis désolé mais vous m’aviez demandé de vous prévenir de l’avancée de votre agenda, hier soir. Il est l’heure de rejoindre les autres au fumoir.
- Allez-y mon ange, je vais encore me reposer quelques minutes avant de faire une balade sur le pont avec quelques amies.

J'avais eu un sourire de circonstance, essayant d’oublier ce “mon ange” qui était sorti tout seul, comme si Léontine avait brusquement pris possession de moi. En quelques minutes je m’étais retrouvée seule avec Emma qui s’affairait déjà derrière moi pour remettre les choses en ordre. Elle avait alors poussé un cri de surprise et j’avais accouru vers elle :

- Emma ? Tout va bien ?
- Madame...

Elle semblait bouleversée, tenant un des verres de cognac à la main, le second toujours posé sur la table basse.

- Et bien ?
- Oh madame, vous n’auriez pas dû faire cela...

Je n’osais pas demander “cela quoi”. Il était évident à son regard que je me devais de savoir de quoi elle parlait. Je décidais de rester impossible, haussant juste un sourcil pour l’inviter à poursuivre.

- Ce n’est pas bon pour le bébé...





- Madame ?! Madame, vous m’entendez ?!

J’avais ouvert les yeux. J’étais allongée sur le lit si douillet et la bonne me passait un linge humide sur le visage.

- Vous vous êtes évanouie... Je... je n’ai pas osé appeler Monsieur... J’avais peur qu’il le découvre...

D’accord... donc en plus Guggenheim n’était pas au courant. Ben c’était parfait, Erwin n’avait pas besoin de le savoir non plus du coup. Je m’étais évanouie... oui c’était plausible vu le coup de massue qu’elle m’avait balancé sur la tête. Le trop plein, l’information de trop. Léontine était enceinte à son arrivée sur le Titanic. Et pourquoi n’y avait-il cette foutu information nulle part ?! Enceinte de quoi ? De combien ? Instinct ment, j’avais posé ma main sur mon ventre. Je comprenais maintenant le corset défait à cet endroit, la volonté d’Emma de veiller à ce que je ne boive pas d’alcool la veille. Je sentais que le bas de mon ventre était légèrement rebondi. C’était extrêmement léger. Je ne devais pas être enceinte de plus de 2 mois, 3 peut-être, j’en savais rien, j’étais pas une spécialiste des ventres de femme enceinte. J’avais envie de pleurer en cet instant. Et j’avais d’ailleurs senti des larmes rouler sur mes joues. Y avait-il plus traumatisant d’apprendre qu’on portait en soit la vie de deux autres personnes sans y avoir été consentante ? Et j’avais failli le tuer en buvant en plus de ça... et je ne me battais désormais plus seulement pour ma vie mais pour la sienne aussi... Il devait vivre puisqu’il avait vécu. Que se passerait-il si j’échouais ? Toutes ces questions avaient été si vertigineuses que l’évanouissement avait été inévitable. On allait s’en sortir mon p’tit gars, je te le promettais, même si je savais pas ce que t’allais donner.

- Madame ?
- Euh.. Oui, oui tout va bien. Vous avez bien fait Emma.

J’avais ressuyé mes larmes d’un revers de manche avant de tenter de me relever. La bonne avait voulu que je reste alitée mais j’avais insisté. Après m’être assurée que personne d’autre qu’elle ne le savait, j’avais récupéré mon châle et j’étais sortie de la suite, préférant oublier cette partie pour le moment. Je n’étais pas enceinte, Léontine l’était, c’était totalement différent. Et une fois que nous serions de nouveau chez nous, tout ceci ne serait qu’un terrible souvenir.



J'étais donc partie pour une petite balade sur le pont avec la Comtesse de Rothes, Margaret Astor et Molly Brown qui s’était invitée au grand désarroi des deux autres. Tout se passait bien pour moi, je me contentais de les écouter parler en riant quand je m'en sentais obligée quand soudain, je devins la cible privilégiée de la Comtesse, m'obligeant à parler :

- Et vous, dîtes moi ma chère, aurons-nous l'honneur d'entendre votre voix ailleurs que dans les cantiques de ce matin...
- Et bien...
- Oooh oui, il parait que vous chantez divinement bien et que vous avez touché le gros lot si vous voyez ce que je veux dire.

Molly avait éclater de rire et je l'avais suivi de bon cœur en voyant le regard scandalisé des deux autres. Voyant qu'elles attendaient tout de même ma réponse, mon rire mourus dans ma gorge. Me sentant rougir je tentais de reprendre confiance :

- Il faudrait que je vois avec l'équipage s'il serait possible d'organiser un petit spectacle. On a les lumières, on a la sono... les paroles c'est pas un problème et la chorégraphie j'vous la fais, j'ai toujours un petit tour dans mon sac que je garde sous le coude pour les grandes occasions.

Ouais... pas très convaincu mais tout ce beau décor coulerait à la nuit tomber alors j'allais pas devoir y penser bien longtemps. En revanche, je m'étais aperçu qu'elles avaient semblé perplexe sur le mot "sono"... forcément, ça n'existait pas encore à l'époque.

- Enfin... la "sono" c'est un mot technique pour parler des arrangements musicaux...

J'avais sourit et ces espèces d'hypocrites avaient hoché la tête à grand coup de "aaaah oui !" comme si elles avaient la moindre idée de quoi je parlais. Nous avions fini par rejoindre le restaurant et j’avais souri en voyant Erwin. J’avais tenu le choc des quelques boutades sur la condition de maître en posant ma main sur celle d’Erwin sur sa cuisse. Son contact m’aidait à tenir. Les pics se faisaient aussi moins présentes de par la condition de Guggenheim mais j’étais mortifiée à l’idée d’être la maîtresse à la vue et au su de tous, surtout en sachant désormais que j’étais enceinte. Je n’avais pas menti, les plats étaient somptueux mais j’en avais un peu perdu l’appétit lorsqu’à la fin du repas on proposa à “Benjamin” un digestif, je me permis d’intervenir.

- Cher ami, allez-y si vous le souhaitez. De mon côté, veuillez m’excuser mais je ne me sens pas très bien, je pense que je vais aller me reposer...

J’avais eu un regard envers Erwin, lui rappelant la suite de notre plan par la même occasion et nous finîmes par enfin quitter ce monde de requin et de superficialité pour rejoindre la suite C65. Comme je m’y étais attendu, la porte était bien entendu fermée. Récupérant une épingle dans ma chevelure, j’avais vérifié que les alentours étaient déserts et je m’étais excusée en l’insérant dans la serrure :

- Désolée ça fait un peu stéréotype de film mais je vous jure que ça marche...

J'étais bien placée pour le savoir, je m’étais éreintée les mains sur des foutus serrures durant ma première année de formation. Après plusieurs secondes de travail, j’avais enfin entendu le cliquetis libérateur. J’aurai presque eu un petit cri triomphant si je n’avais entendu au même moment une voix d’homme derrière nous :

- Excusez-moi mais... vous cherchez quelque chose ?

Je m’étais relevée d’un bond en plaquant mes mains dans mon dos, prête à bredouiller une excuse. Mais Erwin avait été plus rapide que moi. Avec un geste des plus gracieux et des plus impressionnant, il avait frappé de sa canne la tête de l’homme, l’assommant instantanément sous mes yeux médusés.

- Oh la vache punaise... vous avez un sacré revers...

Je m’étais penchée vers le vieil homme au sol pour regarder si tout allait bien. Je dus me rendre à l’évidence que non lorsque je vis une coulée de sans sortir du sommet de son crâne. Tout en déglutissant, j’avais posé ma main sur son poignet pour prendre son pouls :

- Euh... je crois qu’il est mort par contre...


♥°•.¸ Once ☆ Upon ★ a ☆ Time ¸.•*´♥´*•.¸°•.¸ Disney ☆ R ♥ P ☆ G ♥

Merry Christmas to Everyone

Just hear those sleigh bells jingle-ing
Ring ting tingle-ing too
Come on, it's lovely weather
For a sleigh ride together with you


ANAPHORE
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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

Erwin Dorian

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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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________________________________________ 2020-11-02, 22:54 « If the crown should fit, then how can I refuse? »




Les vrais hommes créent eux même leur chance



L’esprit de Preminger tournait inlassablement depuis la révélation qui avait été la sienne. Ils étaient sur le Titanic. Ce qui lui donnait envie de pester méchamment contre ce coup sournois du Sort qui l’effrayait plus qu’il n’était en mesure de le percevoir lui-même. Et inlassablement également, son esprit s’interrogeait sur la raison qui poussait son Destin à lui faire endosser la personnalité de Guggenheim. Il avait toujours su qu’il était destiné à de très grandes choses, dès sa plus jeune enfance d’ailleurs. Une personne avec un esprit aussi éveillé que le sien, avec un physique comme le sien. Il avait compris que le Monde n’attendait que lui et il avait persévéré nonchalamment dans l’ascension inéluctable qu’était la sienne. Avait ragé en découvrant ce que le Sort Noir lui avait volé avant d’en découvrir les attraits. Ce n’était pas un refus, c’était un défi. Mais ce défi là, qui lui ouvrait les bras, il peinait bien plus à en comprendre les ressorts. Bien évidement, il s’en sortirait mais en s’en sortant cela sous-entendait donc que Guggenheim survivrait ce qui ne pouvait advenir pour la cohérence historique… Et cela l’effrayait un peu. Quoiqu’il se moquait grandement de perturber l’ordre naturel des choses.
Il espérait qu’il en soit de même pour Alexis. Au demeurant, il l’amènerait à cet état d’esprit.
Si bien qu’il lui coula dans les mains, son verre de cognac avant de s’asseoir sur le divan de la chambre, en tâchant de rassembler les bribes d’informations fugaces qu’il possédait.
C’était bien maigre, il fallait l’admettre. Aucune justification, aucune porte de sortie. Soit ils se trouvaient dans le vrai monde, des années en arrière et il ne savait absolument pas comment causer l’ouverture d’un portail temporel soit, ils se trouvaient dans un faux monde et dans ce cas, il suffisait peut-être de guetter les incohérences historiques pour tirer partie de la situation.
Il but une gorgée de son breuvage, pour que l’alcool lui brûle la gorge et ravive sa concentration. Il ne forcerait pas. Il ne forçait que rarement, en réalité, cela lui était beaucoup plus destiné. A elle.
Puis feignant patauger et craindre l’inquiéter, il l’invita à s’exprimer sur la situation curieux. Lançant sa manœuvre. Voilà comment il l’aurait. En prétextant la suivre là où il pousserait innocemment le raisonnement jusqu’à l’amener à la solution qu’il cherchait. En attendant, il s’accouda sur le sofa, pensivement, pour mieux l’écouter lui énoncer ce qu’il savait déjà. Et qu’elle avait perçu elle-même. Bien. Au moins, n’aurait-il pas à la convaincre et à affronter ensuite un état de stress au summum. Elle gérait plutôt bien…. Trop peut-être ? Ou plutôt, elle se contenait. Elle était bien plus sensible qu’elle ne le laissait paraître à présent, laissant son statut de… quoi exactement… de sorte d’espionne, prendre le dessus. Ce qui n’était pas pour lui déplaire dans l’absolu, préférant de loin travailler la tête froide.
Visiblement, elle l’imaginait encore bien faible, encore engoncé dans le costume du notaire innocent qu’il n’avait que peu ôté en sa présence, car elle l’incita même à boire une nouvelle gorgée, comme pour l’encourager à prendre des forces. Il faillit jouer le jeu puis décida que cela n’en valait pas la peine, et écarta son verre d’un geste :

- « Je pense pouvoir encaisser le choc, sans cela. »

A la dernière seconde pourtant, sa voix avait repris un ton délicat. Moins méthodique. Et il ajouta un sourire léger, sans la moindre acidité, à son visage, comme pour donner l’image qu’il se faisait d’un individu courageux. Elle l’en admirerait davantage. C’était une de ses qualités exceptionnelles et propres à lui seul que d’être inlassablement admirable.
Les traits de son sourire s’étirèrent, creusant une fossette narquoise, dans sa joue cependant lorsqu'elle enchaîna sur son amour pour le film du même nom et sa grande connaissance du sujet qui en découlait forcément :

- « Oh trésor, tout le monde connaît ce film. Je vous concède en revanche sûrement un plus grand visionnage que beaucoup. Ce qui peut effectivement traduire une plus grande source de connaissance que d’autres. »

Et là, il reprit une goutte de son cognac avant de poser son verre sur la table, pour la regarder soudainement tester son pouvoir, en s’accoudant au divan. Il s’était aussi posé la question et fut quelque peu désappointé lorsque rien en jaillit spontanément des paumes de sa maîtresse.

- « Il fallait s’y attendre… » commenta-t-il d’une voix amère avant de froncer les sourcils « On pourrait penser que cela peut se justifier par le fait que nous avons fait une sorte de... voyage spatio-temporel, à l’époque où la magie n’existait pas dans ce monde mais pas forcément. Cela s’est-il déjà produit ? Je veux dire, en avez-vous déjà fait l’expérience ? »

Pour sa part, c’était la première fois. Mais si l’inverse n’était pas vraie et qu’Alexis en avait déjà fait les frais, peut-être parviendrait-elle à lui donner des points de similitude ou de divergence….
Il braqua son regard sur la jeune femme et ajouta :
- « Je suppose que si vous invoquez votre « avocate », cette fois, cela ne fonctionnera pas ? Ou une autre de ces...personnes particulières de votre connaissance»

Il se rappelait des propos d’Héra dans l’intimité de son bureau lorsqu’elle énonçait qu’elle ne ferait plus rien pour la gamine. Tout en lui demandant de ne pas la mettre en danger. Ce qui pouvait laisser espérer qu’elle viendrait alors si l’imminence du problème se profilait à son esprit… ou non. Si le fait de se trouver dans le passé ou autre brouillait les frontières et les limites du subconscient…
Agaçant. Tant pis. En attendant, il l’écouta encore, tentant de faire le lien avec les événements du soir.

- « Evidemment que les ballons rouges ont un lien, ce sont eux qui nous ont amené ici... » commenta-t-il en reprenant son verre, pour goûter une nouvelle fois de son cognac avant de reposer le verre d’un air dédaigneux «  quant à l’histoire de Ca ? Non, je goûte peu à la nouvelle littérature...mais si vous vous voulez mon jugement, n’hésitez pas à me le soumettre. »

Il avait répondu à son sourire complice, plus détendu. Parler avec détachement l’éloignait du risque. Comprendre les causes permettaient la préparation de la lutte contre les effets.

- « Je n’ai jamais rencontré cet énergumène auparavant…Non » réfléchit-il en creusant dans ses souvenirs « Encore un de ces nombreux soucis propre à cette ville, cette incapacité à empêcher définitivement la nocivité de certains phénomènes... » commenta-t-il après un instant de silence. « Si nous devions combattre cet individu et comment reconnaître ses méthodes ? Hormis le fait de considérer qu’étant clown, ce serait un bien piteux sens de l’humour que de nous envoyer au devant de la mort. Et si nous sommes dans un rêve, dans ce cas s’agit-il d’un rêve commun… Il faudrait donc en conclure que tous les invités du banquet subissent actuellement le même sort… Ici ou ailleurs».

Il songea à Georgia puis à Midas. Où se trouvaient-ils actuellement ? Dans un endroit sécurisé qui aurait donné des bouffées jalouses au Ministre ou à l’inverse allaient-ils au devant d’un danger bien plus grand. Dans la seconde hypothèse, il espéra que son chien soit capable de garder Georgia comme la prunelle de ses yeux, comme toute la puissance et la richesse qu’elle symbolisait. Et si ils se trouvaient ici… Pourquoi donc n’aurait-elle pas été à son bras ?
Ses pensées revinrent au moment présent, tandis qu’Alexis entreprenait de lui expliquer pourquoi ils ne pouvaient être que sur ce bâteau et il la laissa disserter un petit moment sur Guggenheim et Léontine, leur couple scandaleux tout en tâchant de chasser cette désagréable impression que le hasard ne pouvait y être pour quelque chose… Ce fameux clown alors ? Ce misérable petit bouffon qui semblait tant terroriser les autres ? Il se demandait pourtant bien ce qu’il pouvait craindre d’un individu pareil hormis la laideur de son maquillage. Il ne s’effrayait aucunement de ces espèces de petits lutins excessifs qui s’agitaient pour le plus grand plaisir ou frayeur des enfants, les trouvant aussi déconnectés de sa réalité que possible, lui n’éprouvait nul attrait pour ces bambins chétifs ou gras, brailleurs et ignares. Aussi brailleurs et ignares que la populace d’ailleurs…
Oui, forcément qu’il était arrivé à la même conclusion qu’elle. Au moins ne possédait-elle pas un esprit long à la détente. Aussi attrapa-t-il la main dont elle pointa l’index sur lui, dans ses mains avec emphase,

- « Formidable, ma chère. Vous avez un bon sens de la déduction, effectivement, et un bon sens de l’observation aussi » ajouta-t-il dans un sourire fin l’épisode de la canne flottant dans l’air « Je ne pouvais décemment pas laisser cet individu me parler si amicalement sans savoir à qui rendre l’amitié. Un simple principe de bonnes manières...Et de confirmer une théorie » ajouta-t-il finement non mécontent de son effet.

Cependant, réfléchir si intensément pour tenter d’atteindre son niveau semblait avoir affaibli Alexis, si bien qu’elle s’éventa soudain avant de le prier de l’excuser pour se lever vers ce qui devait être la salle de bain.
Il resta un instant seul, pensif. Ressassant ce qu’il avait appris, ce qu’il avait déduit, ce qu’il connaissait aussi. Guggenheim était voué à mourir mais pas Preminger. Qu’importait l’identité qu’on tentait sottement de relier à la sienne, il refusait de la laisser prendre le pas sur sa propre destinée. Il ne se laisserait pas mourir. Pour cela, la première hypothèse improbable restait d’empêcher la collision.. La seconde bien plus censée de s’assurer une place dans l’un des canots de secours mis à la mer… Guggenheim n’y était pas parvenu pourtant. Mais Guggenheim avait sûrement était prévenu trop tard, Preminger lui possédait forcément un temps d’avance non négligeable sur son homologue.
Il se leva pour rejoindre la jeune femme, devinant par avance la justification de son malaise. Un homme de son époque connaissait l’instrument inconnu pour elle qui lui causait sur le moment tant de souffrance. Aussi entra-t-il tranquillement, dans la pièce toute en faïence précieuse, superbe et dorée, comme un éclair fugace du lustre d’antan qu’il avait tant aimé. Il n’y avait rien qu’il ne connût pas dans cette pièce, du corset à l’opulence du marbre… Comme un dernier sursaut avec la Fin ? Il frissonna et rattacha son regard à son propre reflet une nouvelle fois, trouvant dans sa perfection iréelle une force nouvelle et une évidence qui le frappa encore. Bien évidement qu’il s’en sortirait toujours. Alors, détacha-t-il ses yeux de lui-même pour contempler le cou et la gorge d’Alexis imbibés d’eau, sa rougeur soudaine et la langue qui humidifia ses lèvres lorsque leurs regards se croisèrent. S’être vu ravigotait le Ministre et la proximité charnelle soudaine dans laquelle il s’était placé le rattachait davantage à l’Instant Présent. Eloignant l’inexorable plongée dans les abysses qui déroberait son sol prochainement, semblant l’inscrire dans la terre ferme, même, il sourit à la parade involontaire qu’elle offrait à sa séduction naturelle.
Il l’écouta pourtant, adossé un peu nonchalamment à l’encadrement de la porte, observa sa demande, sans pour autant tendre la main. Puis glissa son regard sur l’étoffe qui érafla le long de la peau de la jeune femme, pour mieux découvrir son corps entier et voluptueux qu’il connaissait à présent, remodelé par le corset dans une forme nouvelle, affiné, sculpté selon le modèle de son époque. Sa taille entière se ciselait pour dégager et gonfler sa gorge. Quel dommage qu’ils ne se trouvaient pas à son époque.
Elle se tourna, posant ses mains crispées sur le marbre élégant de l’évier, et il s’avança sereinement pour observer les lacets qui entouraient son dos.

- « - Vous n’aimez peut-être pas la sobriété, mais cette dernière vous va très bien. Vous êtes tout aussi élégant dans votre costume vert que dans celui-ci... comme quoi... »

- « Comme quoi vous avez menti, ma très chère » compléta-t-il dans un rire rusé « je vous préfère chacun dans vos costumes respectifs que l’inverse » répéta-t-il narquoisement avant d’ajouter « en vérité, vous savez bien que tout ce que je porte, vous plaît. »

Les derniers mots, il les avait murmuré juste au dessus de son épaule, avant de la laisser dériver sur le faste des lieux, la déchéance inéluctable qui les attendait, le vide, l’oubli…

- « Le vrai faste ne sombre ni ne pourrit jamais, il perdure au-delà du Temps. » rectifia-t-il.

Et il avait posé ses mains sur sa taille, pour mieux se griser de sa faiblesse, se raccrocher à sa propre vérité, celle qui venait de lui asséner. Qu’étaient Gugghenheim, Léontine Aubart, sinon des fantômes, des vestiges d’un passé à présent, on se souvenait de leurs histoires sans que leur présence ne marque les mémoires, ils traversaient les années, s’effilochant des coeurs, de l’Histoire… Ils n’étaient voués qu’à ça. Pas lui. Lui il était autre chose.
A la minute où ses mains s’étaient déposées sur sa taille, il l’avait sentie vibrer d’une toute autre manière que jusqu’alors, dans un appel différent, ressentant par là, l’intensité de sa séduction. Il ne désirait pas en profiter, il ne le ferait pas, ils n’avaient pas le temps… Mais il ne se dégagea pourtant pas de son étreinte lorsqu’elle posa ses propres mains sur les siennes, l’incitant à parcourir deça delà...d’autres endroits de son corps, plus voluptueux

- « Je doute de la pertinence du moment, ma très chère » proféra-t-il lentement dans son cou même si son corps s’était rapproché du sien, même si ses mains même guidées n’en demeuraient pas moins en reste et même s’il avait de nouveau scruté son propre visage par delà le miroir. Il l’avait laissée le célébrer à sa manière, la laissait embrasser sa main, avec une intensité profonde, descendant l’autre sur laquelle la sienne était venue se superposer jusqu’à sa poitrine.
Il ne fallait pas aller plus loin, il n’avait pas le temps, il devait assurer sa survie avant tout. Le reste viendrait après, mais une part de lui dérivait facilement vers le plaisir, trop satisfait de pouvoir contempler le prestige irrésistible qu’il exerçait sur autrui et sur elle surtout. Et il eut subitement envie de délacer l’instrument pour mieux y passer les mains et achever de la séduire. Il n’en fit rien. Il n’entreprit rien d’autre, la laissant seulement agir, comme pour ne pas inciter plus mais sans pour autant rompre le sort dont il était l’auteur. Il ne le fallait pas. Elle était sa seule alliée, débrouillarde et transie d’amour...loyale.
Elle se tourna alors, pour lui faire face, les prunelles brillantes, le corps admirable, le contemplant avec une intensité dont il gorgeait sa propre arrogance, ses lèvres glissant sur son cou, douces, lisses. Il inspira, un peu. Des envies contradictoires tournant dans sa tête, marquées par le désir de la vie et du plaisir et l’effroi de la mort. Si contradictoire, et si essentiels pourtant.
Elle recula soudain, comme prise de sens :

- « Je suis désolée... arrêtons-là pour le moment, nous avons beaucoup trop à faire, je ne sais pas ce qu’il m’arrive... »

Peut-être avait-elle regretté ses paroles, craignant d’avoir déclenché sur lui, une frustration ridicule là où finalement sa décision rejoignait la sienne.

- « Le trop plein d’émotions » décréta-t-il tranquillement après qu’elle l’eut embrassé, en décollant lui-même sa main de la sienne, pour l’inciter à se retourner « la perspective de la mort est intense et ravive les autres sentiments. C’est humain et ordinaire.  »

Rien d’autre.
A nouveau, elle se tourna pour l’encourager à déssérer son corset et il posa une nouvelle fois ses mains sur son corps. Sur le haut de ses épaules puis fit descendre lentement jusqu’au bas de ses flancs :

- « Vous minaudez, ma chère, ce modèle est bien loin de ceux de mon époque. Eux possédaient...bien plus de consistance. »

Les visions d’autrefois lui revinrent en tête. Ses costumes d’autrefois, les robes des femmes. La manière dont il plaisait déjà et plus encore. Anneliese et sa sotte jeunesse, Geneviève et son inatteignable froideur. Et tout le reste. Son éclat à lui, si puissant et si flatteur.

- « Ils modelaient tous avec perfection. Sensuellement. C’était un plaisir à contempler...et à délacer. » il fit une pause, ajouta « Un art de le porter, vous vous en seriez évanouie. Ou non. Il faudrait en faire l’essai. Etes-vous bien sûre que c’est ceci qui vous coupe le souffle ? » murmura-t-il dans ses cheveux tandis qu’il délaçait la boucle du corset, serrant un peu les liens dans un petit rire d’un main tandis que l’autre se plaquait sur son ventre, la ramenant contre lui « Oh désolé, j’ai inversé. Voilà qui mieux. »

Il finit par lâcher du leste, et cala son visage sur son épaule, cruel, collant son visage au sien, flamboyant

- « Soudoyer ? Oh ma chérie, je vous ignorais si…dénuée de scrupules. »

Quel dommage à présent que son moment d’envie ait pris fin, si elle avait commencé par cela, peut-être ne l’aurait pas encouragé à s’arrêter. Même si lui aussi se sentait gouverné par cette force, cette quête d’absolu.C’était si plaisant que de la voir...impure. Entachée. Lui venait alors l’envie de posséder son corps pour s’y enivrer, s’assurer de sa propre vie, de l’impossibilité de sa mort, en scellant leurs peaux dans une vague de plaisir.

- « Nous n’aurons pas besoin d’en arriver à des gâchis d’argent au demeurant si je parvenais…à « séduire » suffisamment Ismay. Il a survécu, ce fut l’un des premiers à embarquer, c’est évident. Guggenheim ne le fréquentait sûrement pas pour se trouver à ses côtés lorsque le bateau à couler, il faut que j’y remédie. J’ai une entreprise en ma possession, je peux lui miroiter une association. Lorsque tout coulera, je lui promettrai un soutien financier sans faille, un témoignage et une aide, et il m’emportera. Vous, vous nous attendrez au niveau des canots. Vous ferez un joli petit esclandre comme si l’on risquait de vous arracher votre propre coeur et...ça suffira. Et nous serons sains et sauf.  »

Il avait ajouté tandis qu’elle prenait son visage dans les mains, hypocritement, ses mains enserrant ses poignets :

- « Je ne laisserai rien vous arriver, mon trésor ! Rien. Surtout dans votre si fâcheuse posture ici, qui ne vous apportera aucun soutien, aucune aide, vu les mœurs de l’époque.  »

Puis l’avait laissée, non sans déposer une nouvelle fois un baiser léger sur ses lèvres, retournant finir son verre de cognac jusqu’à ce qu’elle débarque à nouveau prise d’une nouvelle idée, qu’il écouta, sourcil levé. Ainsi cette mystérieuse organisation existait déjà et était opérationnelle jusqu’à ici. Sur le bateau. Involontairement elle confirma sa supposition précédente liant sa famille entière  à celle-ci.

- « Dans l’hypothèse où cette organisation croirait à notre théorie des voyages spatio-temporels, comment les reconnaîtrons-nous ? Vous allez peut-être encore m’opposer votre secret mais par pitié, cela peut assurer notre survie ! »

Ils avaient encore discuté un temps puis suite au retour de Victor, sa vraie canne – dans l’hypothèse où les biens de Guggenheim pouvaient être considérés comme les siens - entre les mains, il était sorti non sans un sourire entendu à l’entente de l’appellation d’Alexis. Enfin, ses efforts commençaient à porter ses fruits. Oh elle était diablement amoureuse de lui depuis le premier jour où elle l’avait vue dans son office, comme toutes les femmes qui l’apercevaient, mais...elle s’accrochait de plus en plus. Parfait. Elle n’en serait que plus utile.

Il avait rejoint au fumoir son cher ami le colonel Archibald Gracie, avait lancé des familiarités quelconques et des interrogations sur chaque bribe d’information qui lui échappait, en retenant deux choses. Duff-Gordon était bien plus proche de Ismay que le colonel Archibald Gracie, mais Duff-Gordon étant un familier du second, il accepta d’oeuvrer à les mettre en contact :
- Pourquoi un si soudain intérêt pour Lord Ismay, Benjamin ? » interrogea Duff-Gordon en lissant sa moustache.

Preminger avait vu l’oeil intéressé du magnat et avait précisé avec détachement :

- « Intérêt professionnel. Je compte lui parler de mes affaires. »

Il n’ajouta rien et pris un air profondément inspirant s’attirant ainsi le regard admiratif des convives et presque envieur de Duff-Gordon. Comment aurait-il pu en être autrement ? Il jouait dans une cour différente qu’eux : il était superbe, séduisant, riche, ostentatoirement provoquant et pourtant aisé dans la bonne société. Sur bien des points, Guggenheim lui ressemblait. Et un sinistre pressentiment lui revint, qu’il chassa avec vigueur. Ridicule… Il ne voulait plus craindre rien. Rien. Il était au dessus de tout. Si bien qu’il l’avait laissé paraître lors du repas du midi, où s’était révélé fin, aussi incisif que fourbe, piquant et charmant à la fois. Placé non loin d’Ismay, il avait su s’attirer ses bonnes grâces, discutant actions, entreprises, minerais et métal puis déviant adroitement sur le paquebot idéal sur lequel il se trouvait, glissait bons mots, flatteries, plaisanteries et discussions d’affaire de sorte que l’individu en fut bien vite subjugué.
Presque aurait-il pu s’y laisser griser, oublier l’endroit qui l’emportait au loin. Alexis était revenue plus fragile encore que lorsqu’il l’avait retrouvée mais avait semblé s’accommoder de la situation présente. Elle ne réagissait qu’à peine aux piques qui arrachait un sourire au Ministre, gênée de la place qu’on lui prêtait. « Similaire à celle de la réalité » Elle l’ignorait mais cela ajoutait un plaisir cruel supplémentaire à Preminger, il reprenait des couleurs dans son milieu naturel, au milieu des couleuvres, des rapaces et des prédateurs. Il était de loin, le pire de tous, les contemplant altier derrière sa façade placide. Oh, il rêvait d’un avenir aussi flamboyant. Attablé à sa table royale, entouré de courtisans, coiffé de sa couronne, Georgia à ses côtés, et si elle savait le mériter Alexis dans son ombre.
Ils finirent par prendre congés, leurs pas les guidant vers la cabine dédiée des Astor, la suite C65, non sans obtenir l’information qu’Ismay se rendrait au salon fumoir avant le repas et l’y invitait… Ce qui lui laissait du temps.
Surveillant les environs, il observa Alexis tirer de sa chevelure une épingle pour mieux l’introduire dans la serrure :

- « Désolée, ça fait un peu stéréotype de film, mais je vous jure que ça marche ».

- « Oh...vous m’en direz tant... » ricana-t-il en se penchant sur elle. « Et bien montrez-moi ».

Forcément, il ne l’apprenait guère de sa bouche, lui qui enfant crochetait les serrures sous les regards encourageant de son père. Ses doigts habiles n’auraient fait qu’une maigre bouchée de la serrure, mais il se contenta d’observer la jeune femme et son adresse, sa malignité aussi. Le début enchanteur de son utilité dans son ascension. Le dos tourné, il avait entendu pourtant, les premiers pas derrière eux, avait deviné la silhouette frêle, le bruit feutré et l’interrogation qui dictait ses pas. Alexis trop concentrée dans son œuvre, n’y avait guère prêté attention, mais un si fin reptile que Preminger n’avait pu l’ignorer. Il pouvait donner l’alerte, oui et l’individu se serait hâté de partir en courant. Pour donner l’alerte. Cela ne servait à rien. Il n’y avait qu’un moyen de s’assurer de son silence. Et pour cela, il suffisait de le laisser s’avancer. La main crispée sur sa canne, Preminger eut un sourire satisfait lorsque le déclic de la serrure s’entendit.

- « Excusez-moi mais... vous cherchez quelque chose ? »

Comme il fallait l’attendre, Alexis s’était relevée pour se coller avec crainte contre la porte maintenant ouverte… Mais lui avait été prompt, vif. Sans la moindre hésitation, sa main s’était levée calculant son point de chute et la canne était venue s’abattre, terrible et meurtrière sur la tempe de l’inconnu. Il n’avait aucune force puissante mais possédait l’effet de surprise et sans surprise, l’objet rencontra son but dans un coup bref et efficace.
Et l’homme s’était effondré net.
Mort.
Il n’avait guère besoin d’accourir pour le vérifier. Et le sang qui s’écoulait de sa tempe en témoignait.
- « Oh la vache punaise... vous avez un sacré revers... »
- « Je suis un individu plein de surprises... »

C’était dans ces petits moments fugaces de triomphe que Preminger semblait exhulter. Alors, essuya-t-il son front comme tiré d’un insurmontable effort, laissant Alexis se précipiter vers l’inconnu puis lâcher un petit cri de surprise :

- « Euh... je crois qu’il est mort par contre... » commenta-t-elle en tâtant le pouls du mort dans un cri mortifié.

Tandis qu’agenouillée, là où elle ne pouvait le voir, Preminger laissa échapper un petit sourire cruel, il s’écria d’une voix plus angoissée :

- « Oh… Ciel.. Je… C’est impossible ! »

Il prit la peine d’observer le mort, en s’accroupissant vers l’individu, admirant son œuvre avec une pointe de fierté mêlée de dégoût. Comme cela pouvait être laid. Mais comme il avait été prodigieux. Ses sens guettaient une voix, craintif à la plainte d’Alexis, et la tira en arrière, rapidement, ouvrant d’un geste la porte de la suite C-65…

- « Aidez-moi, mon trésor. Nous devons le cacher là dedans vite, avant que le sang ne se répande et que quelqu’un ne vienne. »

Il lui prit les mains, incitant Alexis à se saisir des jambes, bien plus lourde, glissant parfois son regard sur le défunt avec une pointe d’écœurement qu’il prit soin de transformer en impression catastrophée et rapidement eurent-ils tôt fait d’introduire le mort dans la suite et de refermer la porte, sans que quelqu’un ne vienne. Erwin se laissa tomber contre la porte, contemplant avec un vif agacement le sang qui avait maculé le haut de son costume. Quelques gouttes seulement, à peine visible sur le tissu noir mais un œil aussi averti et aussi esthète que le sien n’avait pu que le percevoir.
L’heure était venue de la mascarade, alors qu’Alexis levait vers lui un regard inquiet, sans doute pour jauger de l’état d’affection que la mort avait causé chez lui. Alors déclara-t-il de la voix la plus blanche qu’il pouvait produire :

- « Je… Etait-il réellement mort ? Je… Oh mon Dieu… Je… Je ne voulais absolument pas. Ce n’était absolument pas prévu..Involontaire..tuer ce pauvre homme ».

Comme il s’y attendait, elle vit son numéro comme un appel, fonçant vers lui pour poser ses mains sur ses bras, le forçant à reculer jusqu’à un canapé en velours :

- « Hé hé...pas de panique. Ca va aller, ça va aller...d’accord ? »

Oh pauvre misérable enfant si naïve. C’était délicieux à voir. Le forcer à s’asseoir, comme veillant sur un individu fragile qu’il n’était pas, proche de lui, inquiète de celui qu’elle pensait qu’il était. Alors, s’accroupit-elle à ses pieds pour se tenir à sa hauteur, saisissant ses mains pour frotter ses doigts avec douceur, comme pour tâcher de l’ancrer dans la réalité, l’empêcher de se noyer :

- « C’était un accident. Ce n’est pas de votre faute. Et puis de toute façon, il était voué à mourir, quoiqu’il arrive, le pauvre bougre d’accord ? »

Elle n’en savait rien, pauvre enfant. Peut-être s’agissait-il d’un initial rescapé. Il l’espérait. Une vie pour une vie. Celle-ci contre la sienne, celle de Benjamin Guggenheim. Bien que sa vie en valait bien mille autres. Son regard avait dérivé sur le cadavre, et il avait senti les mains de son amante se poser sur ses joues, pour la forcer à recentrer son regard vers elle. Pourquoi faisait-elle cela déjà ? Ah oui, le fameux sentiment de culpabilité qu’il était censé ressentir.

- « Regardez-moi… C’est rien d’accord ? » elle lui avait caressé les cheveux doucement avec sa main droite, comme l’apaiser et toute la scène lui parut grotesque et franchement risible.

C’était si pathétiquement amusant ! Alors, histoire d’en rajouter une couche, moqueusement, émit-il un petit rire sans joie, en déviant le regard :

- « J’ai simplement voulu… Vous crochetiez une serrure… Il vous avait vue. Je pense que j’ai simplement pensé au fait qu’il puisse vous dénoncer. Et ça m’était intolérable. »

Là il ne pouvait que toucher en plein coeur ses sentiments si risibles. Tout en lui vendant une vision déformée mais juste et séduisante de la vérité. Elle savait bien tenait la pièce crochetant la serrure, qui avait blémi de culpabilité prise sur le fait. Et lui qu’avait-il fait ? Simplement réagit par peur et par galanterie, craignant un malentendu, dans le seul et unique but d’éviter que ce malotru porte atteinte à la réputation de la jeune femme. Etait-ce suffisamment mièvre pour qu’elle y croit ?
Oui, au regard de la rougeur qui lui macula les joues et l’expression choquée qui persista avec force sur sa figure contrariée. « Comment avait-il pu penser à moi » pensait-elle. Oui...Comment en effet. Et le plus amusant restait que son esprit cherchait, creusait un moyen de se défaire de cette dette, de cet « acte d’amour » mué en tragédie qu’il feignait de lui offrir. N’en trouva aucun.
Alors seulement poursuivit-il rebondissant avec amertume sur le reste de sa phrase, sa tentative « mignonne » de justifier la mort qui s’étendait non loin de leurs pieds, dans toute sa fatalité et sa laideur :

- « Il était voué à mourir, oui. Alors, tous ceux qui le sont, mourront ce soir, n’est-ce pas ? » nota-t-il dans un sourire amer.

Elle savait parfaitement pour Guggenheim, pour l’écume éparse et raréfiée des minutes qui lui restait à vivre. Elle avait cru...l’épargner, le protéger sans doute en lui dissimulant, mais toujours le Sort revenait le hanter. Comme un lancinant appel dans son esprit orgueilleux. Comme une mélodie fatale qui n’attendait qu’à se jouer.
Alexis avait levé les yeux vers lui, désolée, puis prenant la mesure de ses paroles déglutit avant de secouer la tête d’un air rigide de gauche à droite :

- « Non pas tous ».

Elle s’assit totalement à ses côtés, une main posée contre sa cuisse, l’autre venant chercher sa joue pour ramener son visage vers le sien afin de déposer un tendre baiser sur ses lèvres avant de proférer :

- « Nous, on s’en sortira ».

A vrai dire, il fondait de grands espoirs en son implication maximale pour sa survie, autant que lui se démenait au mieux pour le faire. Il ne pouvait pas mourir. Impossible. L’entendre proférer une évidence pourtant, à ce visage trompeur et faussement troublé, atteignit pourtant ses entrailles, dans un sursaut d’angoisse. Et si… ? Comment pouvait-il survivre sans créer une incohérence historique de taille ? Au diable l’Histoire, le Futur et le Destin, s’il le fallait. ..dans l’hypothèse où il pouvait. Mais il était Preminger, il pouvait tout. Il posa sa main, délicate sur celle frêle de la jeune femme. Il l’avait amenée exactement là où il voulait. Si bien que sa bouche ébaucha un sourire avant qu’elle ne détourne la tête pour scruter le cadavre, masquant ainsi son envie de rire tandis qu’elle déclarait :

- « Par contre, lui, il faut qu’on le fasse disparaître ou on va avoir un problème... »

Oh avec la pluie d’ennuis qui tombaient sur lui, le sort d’un cadavre l’indifférait royalement. Le cadet de ses soucis colossaux qui menaçaient son ombre grandiose de conquérir le monde et il aurait pu le lui faire remarquer avec une hauteur digne de son arrogance. Mais une autre part de lui, machiavélique souhaitait en même temps s’assurer de parer au moindre petit danger susceptible de devenir un caillou venant enrailler son magnifique plan.
Pour le moment, il tirait tout de même des profits de cette situation improbable. Situation improbable mais malgré tout instructive. Considérablement en ce qui concernait Miss Child. Sa tenacité, sa dévotion et sa loyauté. « Si elle était capable de rester fidèle à Chronos... » c’était ce qui avait incité son choix, sa loyauté. Une fois donnée, jamais reprise. Il tablait et misait énormément sur sa capacité innée à inspirer la dévotion et l’adoration.
Et ce qui le voyait le satisfaisait grandement, comme une expérience prête à son premier emploi.
Cela flattait son égo, gorgeait son estime personnelle et alors riva-t-il à son tour son regard vers le cadavre, occultant la femme qui tentait par ses caresses d’obtenir son affection.
Pour effacer un crime, l’étape primordiale revenait à se débarrasser du corps. Sans corps, pas de meurtre. Faire disparaître un corps dans un paquebot où les fenêtres ne donnaient non pas sur la mer mais bien sur des ponts d’étage supérieur devenait plus complexe. Il fallait manœuvre pour dissimuler et si le corps ne pouvait être jeté alors pouvait-il être transporté ? Non. Impossible. Ils étaient célèbres, connus, des éminences dans leur genre dont les allées et venues marqueraient bien trop les consciences… De plus, pour aller où ? Il ne connaissait pas le plan du bateau et Alexis tout fan du film qu’elle pouvait être ne détenait pas pour autant un labyrinthe en tête.
Si on ne pouvait se débarrasser du corps, ni le déplacer alors la seule solution envisageable restait de le laisser ici. Dans l’hypothèse où ils ne risquaient aucune visite...

- «  Vos amis de l’organisation utilisent-ils cette cabine ? » interrogea-t-il en détachant sa main de celle d’Alexis pour se caresser la lèvre songeusement « Si oui. Nous ferions mieux de réfléchir à un autre endroit pour déplacer le corps… Si non... » il réfléchit encore un instant puis alla vers la solution la plus avantageuse, déclama son entière idée, les yeux brillants et l’esprit froid « Ici dans un endroit qui ne sera pas fouillé par la femme de ménage et ensuite l’iceberg se contentera de... » il agita la main dédaigneusement « le faire disparaître dans les abysses ».

Soupesant les possibilités, ses yeux se posaient sur les moindres interstices, sélectionnant, éliminant encore, jaugeant la taille, la profondeur, le risque, la sécurité… Oubliant presque la brune dont la réponse lui vint lointaine :

- « Et bien je vous rappelle qu’à cette époque ce ne sont pas encore « mes » amis, vu que je ne suis pas encore née et donc je n’en sais pas grand chose »

« Cela en valait bien la peine » se retint-il de commenter agacé, alors qu’elle poursuivait :

- « Je dirais, à première vue que la cabine devait rester scellée jusqu’à son arrivée, donc on pourrait peut-être le cacher ici effectivement...un placard.. Ou sous le lit… je ne sais pas. »

Un placard ? Sous le lit ? Et pouquoi pas l’installer dedans avec un petit bonnet ? Il eut envie de ricaner, se contenta de lever un sourcil, circonspect et narquois avant de répéter dans un filet moqueur :

- « Sous le lit ? Oh trésor ! » sa voix prenait des accents de miel, tandis qu’il continuait taquinant le bout de son nez de son index  « cet homme se vide de son sang. Si nous le plaçons, là dessous, il y a d’abord un risque en fonction de l’épaisseur des sols et plafonds pour que la cabine du dessous s’en plaigne… Et surtout » il leva l’index de son nez d’un geste impérieux « N’est-ce pas pas les deux premiers endroits qu’une femme de ménage furète ? Elle passera un coup de balais sous le lit et butera sur le corps, voudra s’approvisionner en draps et tombera sur le corps en ouvrant la penderie. Les deux endroits les plus attendus. Les moins préconisés. Non ce qui serait parfait, ce serait l’une de ses malles étanches »

Dans son élan, il se leva, enjamba le corps sans en prendre note pour s’arrêter deux malles entreposées non loin du lit et ouvertes, comme pour simuler un va et vient d’affaires et de toilettes, et tapota leur socle en pivotant vers la jeune femme. :

- Voyez… Elles sont, en plus d’être étanches spacieuses et bien moins risquées. Une servante ne se risquera pas à toucher aux toilettes d’individus qu’elle ne connaît pas, regardez… » il passa un doigt sur le socle et essaya la matière entre le pouce et l’index «  un peu de poussière s’est déjà formée. C’’est idéal. Flagrant sans attirer le regard. Sauf à chercher un cadavre, personne ne viendra le retrouver…. En le pliant, cela lui sera confortable… et... »

Il souleva l’amas de manteaux qui composaient la première valise pour observer l’en dessous, n’y découvrant que des oreillers vides qu’il palpa néanmoins à la recherche d’informations et de documents puis effectua la même opération pour la seconde malle qui révéla cette fois, plusieurs robes serties de perle…

- « Si nous rangeons ceci, en haut de l’armoire, là, ce qui n’alertera personne, ce sera idéal. Qu’en pensez-vous ? »

Il l’avait interrogée par pur réflexe vaniteux que par réel souci de son avis. Que pouvait-elle donc dire de particulièrement brillant qui outrepasserait ce raisonnement idéal ? Et effectivement, elle ne dit tout d’abord rien, se contentant de l’observer un certain moment. Intensément, détaillant chaque trait de son visage et il savait ce qu’elle y cherchait. Le lien avec l’individu perdu, affable mais faible qu’il lui faisait face quelques minutes auparavant. Puis, sans quitter son regard doré, elle finit par articuler :

- « Vous pensez sincèrement qu’une femme de ménage viendra dans une suite qui sert de débarras ? Ca me va... mais je vous préviens, il a intérêt de rentrer tout seul du premier coup, je casse aucun os moi..." déclara-t-elle en considérant la malle d’un air dégoûté.

Qu’essayait-elle donc de faire ? Gênée de son incompétence criminelle essayait-elle de le mettre à défaut ? Oh, elle pouvait toujours essayer. Il s’adossa machinalement au lit à baldaquin, sans la quitter des yeux, la silhouette tendue vers la sienne Sa robe bleue la mettait en valeur de bien des façons diverses, songea-t-il attisé, mais ce qui lui plaisait le plus restait la manière fascinée dont elle contemplait ses traits à la recherche d’une réponse.
Pour tout indice, il lui sourit, balayant sa question d’un geste horizontal et tranchant de la main :

- « Trésor… Je ne détiens pas toutes les cartes, mais ce qui m’intéresse d’adopter c’est la solution qui aménera une probabilité proche de zéro de découvrir ce crime. Effectivement, cette suite sert de débarras. Mais nous raisonnons ainsi en excluant la femme de ménage parce que nous possédons cette carte en main, que d’autres n’ont pas. Sinon, voyez vous-même. Ce n’est qu’une chambre tout ce qu’il y a de plus confortable et agréable. Si vraiment vous pensez que nous ne risquons rien, alors à quoi bon cacher le corps, laissez-le là » il désigna du pied l’individu autour duquel une tâche rouge risquait de se former et poursuivit « Vous l’avez également dit : vous ne connaissez pas vos amis. Vous ignorez leur manière de procéder, s’ils viennent ou ne viennent pas…. Il m’est d’avis que s’ils veulent faire croire que cet endroit est occupé ils laisseront au minimum une bonne aller et venir. »

S’avançant vers le corps, il plissa le nez soudainement écœuré par l’image qu’elle lui avait mis en tête, et frissonna de dégoût :

- « Et Grand Dieu ! Découper un corps, quelle infamie ! Nul besoin qui plus est... un homme aux jambes repliées peut s’y tenir et il suffira de remettre par dessus les manteaux qui la remplissent et personne n’y verra rien... Mais avant cela... »

Il se pencha sur le cadavre, ses doigts sinueux creusant la moindre de ses poches en tirant tout ce qu’il pouvait advenir, carte, passeport, porte-monnaie, l’ouvrit n’y trouva qu’une pauvre pièce, un foulard rapiécé et un élégant briquet, qu’il plaça dans sa poche droite, le temps qu’Alexis ne le rejoigne en haussant les épaules :

- « Alors d’accord » Elle s’était penchée pour attraper le corps puis se stoppa soudain net dans son mouvement, le regardant stoppant le geste du notaire « "Je préfère que vous donniez la première impulsion j'ai... j'ai bien trop peu de craquer ma robe…"

Il lui effleura délicatement le bras, accrochant au passage sa manche à la valise. Saleté. Il s’en détacha d’un geste sec, pour mieux se concentrer sur Alexis :

- « Non vous inquiétez pas c’est...normal d’avoir une appréhension je suis désolé je ne devrais pas vous imposer ça, tout ceci est de ma faute après tout.. si je n’avais pas réagi si violemment pour vous protéger...toutes mes excuses... »...il souffla à nouveau en secouant la tête, guettant néanmoins sa réaction.

Son regard bleu avait suivi son bras et elle rectifia :

- « Pour NOUS protéger... »

Il monta le geste jusqu’à sa pommette et rectifia droit dans les yeux :

- « Oui pour nous….. » puis donna l’impulsion nécessaire à déplacer l’individu complétement plus bas avec sarcasme « Le bougre ne serait pas avachi dans une malle. »
- "Tu m'étonnes…"

Cela ne s’adressait guère à lui aussi aussi ne s’en formalisa-t-il pas. Ensemble, ils déplacèrent et replacèrent les tissus dans l’armoire, puis recouvrirent le corps de deux manteaux de vison sombre et élégants avant d’en refermer le couvercle. Une bonne chose de faite. Puis il dévia le tapis pour l’installer ailleurs, couvrant les tâches sombres dans un effet tout aussi élégant qu’auparavant. Comme si rien ne s’était produit ici. Lors de ses recherches, mis-il la main sur une pochette remplie de documents qu’il confia à Alexis avec dépit ayant découvert que ledit objet surmonté d’une serrure complexe ne permettait aucune ouverture aisée. Et la jeune femme se fit la même réflexion, se plaignant de ne pas disposer sur elle la clef lui en permettant l’ouverture, rappelant à la mémoire la clef ornée de lys qu’il avait aperçue à Paris. Cependant, loin de s’en décourager, elle glissa la sacoche à son épaule et il ne s’opposa pas à son emprunt. Après tout, c’était cette escapade qui justifiait l’ensemble de ces actions….
Tout juste l’a retint-il par les épaules pour l’empêcher de quitter la pièce, lorsque retentit au dehors la voix d’un homme qui chantonnait :

- « On l'a retrouvé mort sous les essieux ; Victime de la mouche à la queue bleue »
Mimant le silence, il écouta progressivement la voix se fondre dans le silence environnant :
- « Quand le vieux Jim a fait le grand bond ; Quand le vieux Jim a fait le grand bond »….
Puis l’incita à sortir, dignement. Arrivé, non loin des escaliers, il fit glisser le porte-monnaie et carte et passeport, regardant la course des objets finir quelques étages en dessous…

- « Si jamais quelqu’un s’aperçoit de sa disparition… Et cet individu est marié selon son passeport, ils chercheront en troisième classe. Où chercher d’autre ? Selon les mentalités de l’époque bien entendu. »

Ils regagnèrent leur suite et Erwin se trouva fort satisfait de ne pas apercevoir dans les environs l’ombre de son valet ou de la bonne tandis qu’il attirait Alexis à sa suite pour l’entraîner dans la chambre, fermant la porte à clef.

- « Dhésabillez-vous…" énonça-t-il sans lui dédier un regarde "Et regardez si par mégarde une tâche de sang a touché votre splendide tenue. Pour ma part, tout ceci est fichu… j’ai tout intérêt à me changer »

S’approchant du feu, il jeta aux flammes les derniers documents appartenant à sa victime, puis leur offrit sa veste entière, bientôt, à la blessure du feu ardent tout en déboutonnant sa chemise avant de se retourner vers Alexis. Un premier constat naquit dans l'esprit d'Erwin: il fallait tenir un temps suffisant pour que la veste ait le temps de se consumer sans risquer que quelqu'un ne la découvre. Et n'existait pas tant de divertissement possible dans une chambre close. Et autant qu'à faire croire quelque chose, autant le vivre. Et les récents événements l'incitaient différemment à succomber à ses désirs. Cela ne serait rien d'autre que poursuivre jusqu'au bout ce sentiment de toute puissance qu'il avait à nouveau ressenti depuis la mort de l'inopportun.
Les épaules rondes et nues, en simple corset, elle, considérait encore sous un œil appliqué sa robe bleue si bien qu’il fit un pas vers elle, instinctivement.

- « Si vous ne décelez rien, alors il n’y a rien, mon trésor ».

Machinalement ses mains vinrent se saisir du tissu, pour le lui tirer des doigts, dans un geste si vif qu’elle n’eut aucune réaction, pour la déposer plus loin. Ailleurs. Désormais vides, ses mains calquèrent les contours de ses épaules rondes et douces, l’attirant vers l’avant, vers lui :

- « Vous avez été des plus téméraire… Même plus que cela. » sa main gauche tomba le long de son dos, donnant une impulsion à sa chair, savourant les contours soyeux du corset « Est-ce que... Cela vous coupe encore le souffle ? »

Sa main droite loin de rejoindre l'autre, se posa sur son coeur:

- « Est-ce que cela vous coupe encore le souffle ? »

Sa main joua avec le lacet de soie, sans délier le nœud pourtant, tandis que son corps plongeait en avant, pour la faire basculer sur le lit, son autre main maintenant sa nuque, stoppant ainsi aussi toute tentative autre que celle qu’il entreprenait. Il ne sentit même pas la collusion, juste un léger rebond et un bruit d'étoffe. Lâchant sa nuque, sans quitter ses yeux bleus du regard, sa main frôla sa clavicule, pour se déposer à la naissance de sa gorge. Sur le haut de sa poitrine, qui se gonfla bientôt sous sa main, sous l'air qu'Alexis inspira à son contact, comme un appel à l'aide.

- «Est-ce que je vous coupe encore le souffle? » susurra-t-il en reculant pour mieux ramener son visage, sur le haut de son corsage, embrassant sa chair lentement.

Les corsets de son époque se déliaient aussi par devant, et il regretta que cela ne soit pas le cas. Il l'aurait éventré avec plaisir, la libérant de ce qui devait être un supplice, la privant de tout air par la même occasion. A défaut, en bas de ses reins, ses mains gagnèrent leur combat contre le nœud solide qu'il avait précédemment, noué, suffisamment pour desserrer l'ensemble. L'attirant alors, la relevant à lui, tandis que ses doigts se repaitraient de cette nouvelle liberté et de l'intimité dévoilée, il ramena vers elle vers elle son visage, collant son front au sien:

- "Alors, maintenant, ne respirez que par le mien"


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« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


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________________________________________ 2020-11-04, 21:58 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Pour que ce jour compte...


C’était vertigineux et pour la première fois depuis Paris, je n’avais pas envie d’y plonger, cherchant juste tant bien que mal à trouver de l’air, à relever la tête hors de l’eau. J’étouffais. De toutes les manières dont je pouvais étouffer. Mentalement. Physiquement. J’étais épuisée. De toutes les manières dont je pouvais l’être. Mentalement. Physiquement. Non content de me laisser me débattre calmement avec le danger qui se profilait à l’horizon de cette mer de glace, aussi lisse que de la soie, il fallait que mon esprit me ramène à mes vieux démons. A cette noirceur que je percevais derrière ses yeux depuis plusieurs mois à présent sans pouvoir véritablement la toucher, comme une ombre derrière des rideaux de velours, à peine perceptible, jamais atteignable, passant sous mes yeux dans des moments fugaces. J’avais l’impression de devenir folle, complétement paranoïaque, prise d’hallucinations terribles et troublantes. Il arrivait que je perçoive parfaitement le monstre derrière le masque, mais en un clignement d’œil, il avait d’ores et déjà disparu. Était-ce alors une véritable vision ? Mon imagination ? Jamais nous n’y revenions. Et puis le Monstre réapparaissait, mais sous une autre forme, me laissant toujours aussi perplexe car je ne pouvais me figurer que je voyais plusieurs fois la même chose, me confortant sur une possible véracité. Non. A chaque fois venait une nouvelle facette, comme si je l’observais à travers un miroir craquelé. Et alors je m’en sentais bien plus seule, bien plus noyée, en train d’étouffer.

Il y avait d’abord eu sa main mise sur le lacet de mon corset. Mes lèvres s’étaient entrouvertes du choc qu’il avait provoqué sur mon corps mais aucun son n’en était sorti. J’en avais le souffle coupé, littéralement. Cela n’avait duré qu’une fraction de seconde, j’avais senti sa main sur mon ventre, j’avais senti mon corps se coller contre le sien malgré moi, comme s’il tenait en ce lacet, les rennes de notre relation, de mon être, mon âme peut-être. Je n’y avais pas pensé tout de suite, bien plus en revenant dans la suite mais ce geste avait été similaire à cette fois où il m’avait lâché à Paris. Il l’avait fait sciemment, volontairement, peut-être un peu sadiquement aussi, avant de finalement se radoucir dans le premier cas, relâcher la bride dans la seconde. Une menace sourde et évidente qui le devenait aussi de plus en plus à mes yeux. Une volonté qu’il ne prenait même pas la peine de vraiment cacher. Peut-être parce qu’il s’en fichait, sans aucun doute même. Une façon peut-être de montrer que je ne valais rien, pas à ses yeux en tout cas. Qu’il pouvait se le permettre, que je ne ferai rien à part accepter. C’était sans aucun doute mal me connaître, ou ne pas avoir une fois de plus, envie de le faire. Mais je n’avais jamais assez de preuve, aussi le geste, en dehors du choc provoqué dans un premier temps, m’avait aussi attisé, avant de me laisser une trace d’amertume dans mon esprit.

Et puis il y avait eu sa façon de me parler, de se moquer, de me prendre pour une sombre idiote par moment. J’étais peut-être trop susceptible et sans doute ne l’aurais-je pas véritablement vu s’il n’y avait pas eu la suite. Ce coup à la tête et cette façon si simple, si froide de sentiment de réagir. Certes, il avait eu un état de choc mais il avait disparu bien vite au profit des moqueries sous capes et de ses connaissances incroyables en la matière. Assez impressionnantes, je devais bien l’avouer pour un pauvre notaire qui n’avait pas l’habitude des excursions comme celles de Paris comme il me l’avait si bien dit. Ce calme à tout épreuve, pour un vol de tableau ou le meurtre d’un homme, ce calme tinté de moquerie comme s’il n’était pas dans une plus mauvaise posture qu’un bon dîner. Je l’avais observé, longuement, tentant de sonder ses traits, son esprit. C’était tout cela qui était vertigineux, tout cela qui me coupait le souffle, j’étais en train de m’enfoncer dans le goudron et cela en devenait de plus en plus douloureux. Si au départ je ne pouvais qu’en douter ou me laisser aller, je commencer à m’en faire une certitude et si mon cœur avait envie de continuer à croire que je faisais fausse route, ma raison me criait de plus en plus distinctement de me réveiller et de fuir.

Et puis il y avait aussi ce moment où il m’avait supposé "sans scrupule" parce que j’avais proposé un soudoiement. Dans un cas pareil, la fin ne justifiait pas les moyens ? Pourtant, ce n’était pas du dégoût que j’avais vu dans ses prunelles, juste un amusement très peu dissimulé par son sourire évocateur. Il y avait aussi son rapport à l’argent des plus étranges. Il parlait de ne pas “gaspiller” l’argent ainsi mais après tout, tout ce foutu fric allait sombrer au fond de l’océan alors qu’est-ce que ça pouvait lui faire qu’il soit gaspillé dans un sens ou dans un autre ? L’argent avait une telle place centrale dans sa vie ? Je m’étais figurée que c’était son rôle de notaire qui parlait et sa propre richesse mais je revenais à présent dessus tandis que je me déshabillais... Toute personne aillant de l’argent ne veillait pas forcément jalousement dessus, tout comme son métier ne définissait pas non plus sa propre gestion de son portefeuille. Et sa façon de me rappeler plus que de surcroît qu’il faisait tout cela pour moi, comme en oubliant totalement sa partie dans l’équation, le fait que le témoignage de cet homme pouvait m’incriminer autant que le sien, comme pour me faire culpabiliser ou me vendre une espèce de dette que je ne devais pourtant pas avoir. Oui il m’avait sauvé d’une dénonciation, mais il s’était sauvé aussi, n’était-ce pas juste le principe d’un travail d’équipe ?

Trop concentrée sur mes pensées sombres, j’en avais presque oublié la première tâche qui avait dut être la mienne : observer ma robe à la recherche de tâches de sang. Cela faisait sans doute un bon bout de temps que je regardais le tissu puisqu’Erwin avait décidé d’intervenir. Au son de sa voix, je m’étais remise à ma tâche jusqu’à ce que le tissu me glisse des mains sans que je ne puisse le retenir. J’avais senti sa main se poser sur le bas de mon dos et mes yeux s’étaient instantanément levés vers les siens.

- Vous avez été des plus téméraire… Même plus que cela.

Il... ne pouvait pas sérieusement songer à cela... là ? Maintenant ? Tout de suite ? Mais on venait de foutre un cadavre dans un coffre, comment il pouvait avoir une envie dans un moment pareil ? Un peu perdue, je m’étais contenté de l’observer, mes yeux bleus plongeant au plus profonds de ses prunelles dorées, y voyant une ombre fugace passer au même moment. L’article que j’avais lu disait-il vrai ? Pouvait-on voir cela comme un enterrement ? Il semblait en ce cas y être plus sensible que moi. J’avais ouvert la bouche pour le ramener à la raison mais il avait été plus rapide :

- Est-ce que... Cela vous coupe encore le souffle ?

Euh... oui... entre autres là présentement. Toute la situation me coupait le souffle pour être honnête mais avant que je ne prenne la parole, il avait posé sa main sur mon cœur, provoquant sous son effet un soulèvement de poitrine. J'avais posé mes mains sur son torse comme pour tenter d’arrêter la situation. Je le sentais jouer avec le lacet du corset, oscillant entre le fait de le défaire et me libérer ou le garder bien serré et moi sous son emprise. J’avais senti tout son corps se pencher sur le mien, m’obligeant à basculer sur le lit avec douceur. Une de ses mains était posée sur ma nuque, j’avais tenté un petit “non” de la tête mais bien trop faible pour qu’il ne soit véritablement perçu. J'étais perdue. Entre sa façon de réagir, la peur aussi qu’il voit mon corps. Et si jamais mon ventre se voyait ? Avais-je envie qu’il le voit dans cet état ? Absolument pas. J’avais été complétement idiote de l’attiser quelques minutes plus tôt. Mais peut-être aussi qu’à ce moment, je ne savais plus vraiment réfléchir, aux prises de mes pulsions. Et ces foutus pulsions reprenaient peut-être un peu le dessus au moment même où j’avais senti sa main glisser délicatement de ma nuque, à ma clavicule, à la naissance de ma gorge.

- Est-ce que je vous coupe encore le souffle?

Il n’y avait rien de violent dans son geste, c’était plutôt même attisant, sentir ainsi le poids de sa main pourtant passive mais intrusive, menace secrète que mon souffle pouvait être sien, plus qu’il n’était désormais mien. Et cela avait une part de vérité, à mesure que ses doigts prenaient possession de ma trachée, des milliers d’idées bouillonnaient dans ma tête, augmentant ma chaleur corporelle, mon envie de respirer que je ne pouvais pourtant pas combler, toujours engoncée dans ce corset.

- Oui...

J’avais suffoqué le mot à la seconde où j’avais senti ses lèvres se poser sur ma poitrine. Leur douceur, leur chaleur et le souffle d’air aussi chaud qu’humide qu’il y déposait à chaque arrêt. C’était... divin. Il devenait de plus en plus compliqué pour moi de penser que tout cela venait juste d’arriver après un meurtre, que mon vendre n’était peut-être pas “visible”, que tout cela n’était qu’une monumentale erreur. Comme à chaque fois qu’il prenait possession de mon corps, il prenait aussi possession de ma tête et plus rien n’existait que le moment que nous vivions. J’avais relevé une main vers sa chevelure tandis qu’il embrassait toujours avec volupté le peu de poitrine qu’il voyait, gonflée par le vêtement. Me mordant la lèvre inférieure, j’avais fermé les yeux, tentant de faire abstraction du feu qui naissait au creux de mon ventre. J'avais alors senti le corset céder sous les doigts habiles de son autre main et j’avais accueilli la nouvelle avec une inspiration bruyante de satisfaction. Il m’avait alors relevé vers lui et j’avais ouvert les yeux pour plonger les miens dans les siens, me gorgeant toujours avec autant de voracité du feu que je pouvais voir dans ses prunelles en cet instant du désir et du plaisir qui naissait aussi au fond de son âme. Je sentais mon front brûlant contre le sien.

- Alors, maintenant, ne respirez que par le mien.

Et j’en avais envie... terriblement. Non. Ce n’était pas une envie. Ce n’était pas un choix. C’était une obligation, une chose que je ne pouvais pas faire autrement. L’instant était vécu bien trop intensément pour cela. A chacun de ses moments, mon cœur battait avec le sien, mon rythme se calquait au sien, mon souffle n’existait que par le sien. Chacun de ses baisers me rendait plus vivante, me ramenant au monde comme l’aurait fait une bouteille d’oxygène. J’avais hoché la tête rapidement, furtivement, avant de poser mes lèvres sur les siennes, l’embrassant langoureusement, avec fougue et douceur, avec envie et volupté. Mes jambes autour de son torse avaient donné une impulsion, l’invitant à se tourner pour s’allonger sur le dos et comme s’il l’avait accepté, voir presque demandé, j’avais senti sa main chaude se poser sur ma cuisse, remontant lentement tandis que je prenais de la hauteur et le dessus sur la suite des évènements, tout en retirant enfin ce maudit corset.






Pensive, la tête posée sur son torse, je regardais les flammes de la cheminé danser devant nous. Les doigts de ma main gauche caressaient négligemment les contours de sa poitrine qui se soulevait et s’affaissait au rythme de ses respirations. Toujours nue, je savourais dans un calme absolu la fraîcheur de mon flanc gauche, livré au reste de la chambre tandis que la couverte soyeuse touchait et réchauffait symétriquement toute la partie droite de mon corps. Je sentais mon ventre se gonfler au rythme de ma propre respiration, me ramenant d’une façon glauque et étrange à tout ce que je vivais. Et ce qu’ils étaient encore là, la veille au soir ? Est-ce qu’ils étaient eux-mêmes avant que nous les remplacions ? Venions-nous de faire cela dans leur propre intimité, là où ils l’avaient sans aucun doute fait avant nous ? Où étaient-ils aujourd’hui ? Où était leur âme ? Et cet être au fond de mes entrailles, se développerait-il dans son ventre à elle lorsque tout redeviendrait dans l’ordre ou mourrait-il ? Le garderais-je ? Grand dieu non... Tout mais pas ça, aussi terrible que pouvait être la seconde option. Et tout ce que nous venions de faire, malgré mes craintes, le début de colère et de doute. J'avais voulu refuser. Pour la première fois. Pas parce que j’avais peur d’accepter. Mais parce que la situation ne me convenait pas. Et j’avais cédé. Est-ce que j’avais au moins cédé parce que je l’avais vraiment voulu ou parce qu’il m’avait inconsciemment forcé ? Est-ce que je n’étais trop excessive tout à coup ?

- Je...

J’avais relevé la tête et m’étais cambrée en arrière, prenant appui sur mes coudes pour l’observer.

- Je vais faire un bain, d’accord ? J'essaye de ne pas être trop longue, j’ai besoin de vérifier quelques trucs...

Je l’avais embrassé rapidement sur les lèvres, les effleurant presque avant de me défaire de son étreinte et de me lever rapidement. Récupérant la sacoche au vol, j’avais foncé droit vers la porte de la salle de bain, avant de m’y enfermer... à clé. Il fallait que je reste calme, j’étais en train de devenir folle, c’était ce truc dans mon ventre qui ne me faisait pas fonctionner correctement, les hormones ou un truc du genre à n’en pas douter. J’avais ouvert les deux robinets de la baignoire à fond avant de me poser à même le sol en déposant la pochette à mes côtés. Prenant ma tête dans mes mains, j’avais fermé les yeux pour oublier les derniers instants, les bons comme les mauvais. Je me contentais de me concentrer sur le bruit de l’eau qui s’échappait des robinets, frappant la faïence avec rage. Toute cette eau... et tellement plus dans quelques heures. Avec ce qui nous attendait, je n’avais rien trouvé de mieux que de me m’immerger dans l’eau. Et pourtant j’en avais besoin... quelque chose me disait aussi que dans quelques heures, que ce soit dans un canot au milieu de l’antarctique ou sur ce paquebot en train de couler, je regretterai sans doute de ne pas avoir tenté l’expérience. Une fois l’eau à bonne hauteur et température, j’avais versé quelques sels de bains et parfums avant de m’y immerger. Une fois mon corps habitué à la chaleur, j’avais fermé les yeux pour enfoncer entièrement la tête dans l’eau, retenant mon souffle... Sous l’eau... De images me revenaient, celles de mes doutes superposées à celles de la passion. Son sourire cruel, moqueur et ses lèvres sur ma peau. Ses yeux vides de remords sur le cadavre et brûlant sur les miens. Ses mains crispées sur sa canne avant le coup fatal et celles qu’il avait posées sur l’entièreté de mon corps.

J’avais pris une grande inspiration en sortant la tête, en apnée depuis trop longtemps. Passant une main sur mon visage, j’avais retiré le surplus d’eau et de sels qui s’apprêtaient à me dévorer les yeux, j’avais plaqué mes cheveux en arrière. Mes mains sur mes lèvres, j’avais étouffé un sanglot qui était arrivé beaucoup trop vite pour que je ne puisse l’éviter. J’ignorais même la raison de mes pleurs. Cette dualité me consumait de plus en plus, il fallait que je sache, mais comment ? J’étais restée ainsi pendant quelques minutes, pleurant de tout mon saoul en silence face à tout ce stress que je vivais bien trop fortement et que je ne m’étais jusqu’alors pas permis d’évacuer. Comment rentrer chez nous ? Allions-nous couler ici ? L’apparence de “seconde femme” aux yeux de tous. Le bébé. Ses mots acides. Puis chaleureux. Ses gestes violents. Puis brûlants. Et je n‘étais sans doute pas encore au-delà de mes peines. Ressuyant inutilement les larmes qui avaient coulés sur ma joue avec encore plus d’eau, j’avais récupéré la sacoche et tandis que je reposais mon dos confortablement sur la baignoire, j’avais commencé à passer en revue les différents documents et écrits, contenus dans des pages volantes ou de petits carnets reliés de cuir. Une lettre avait retenu plus que le reste mon attention.

Mon cher ami,

J'espère que ce long paquetage te sera d’une grande utilité. Il renferme bien des objets et des affaires que nous avons rassemblé entre Paris et Londres. J’espère que tu prendras également soin de Léontine, en espérant qu’elle saura nous donner entière satisfaction notamment de ton côté. Il est désormais avéré que l’homme de fer saura préserver son héritage. Puisses-tu faire perdurer également le tiens. Va dans la lumière cher ami, car c’est au détour d’une ombre que perdure le Mal.

Le sang ne saurait mourir.

Ton ami,
Lord Ascott.

J’avais laissé tomber la feuille sur le sol. Avec tout ce que j’avais lu, beaucoup de choses en codé et qui n’avaient pas encore de sens, j’en étais quand même venue à certaines certitudes. Déjà, truc que je m’attendais pas, il y avait un camp des méchants. Enfin, si on partait du principe qu’on était les gentils. Et dans ce camp des méchants, on trouvait apparemment la famille Guggenheim. La fleur de lys qui ornait ma chevelure n’était apparemment pas là par hasard car Léontine faisait partie des Templiers. Et le bébé n’était pas non plus là par hasard si je déchiffrais bien la phrase “Il est désormais avéré que l’homme de fer saura préserver son héritage.”. C’était bien, c’était juste ce qui me manquait, un peu de pression supplémentaire sur tout ce qui nous arrivait. Léontine avait survécu, ce bébé avait forcément vu le jour. Cette lettre était écrite pour mon ancêtre et il devait apparemment s’occuper de Léontine une fois débarquée... Il était donc prévu que Guggenheim n’arrive jamais à destination. Et si... et si ce truc dans mon ventre était EGALEMENT mon ancêtre ? Ça devenait beaucoup trop vertigineux pour moi. Y avait-il ne serait-ce qu’une chance que je disparaisse de la surface de cette Terre si jamais je ne parvenais pas à le maintenir en vie ? J’avais envie de vomir. Une envie puissante, uniquement dictée par le stress. Il me fallait des réponses et plus vite que ça et des Templiers, y’en avait forcément d’autre sur ce foutu bateau. Ils ne l’avaient forcément pas laissé gérer ça toute seule...

Après m'être lavée avec plus de force que je ne l'avais voulu, comme pour effacer des traces qui me collaient à la peau, je m’étais levée brusquement de mon bain et avait fait disparaître l’eau. Tout en m’enroulant dans un peignoir et en me nouant une serviette autour de la tête, j’avais rassemblé les feuilles et les carnets sur le sol avec mon pied. Une fois habillée et presque déjà sèche, j’avais tout récupéré dans mes bras avant de sortir enfin de la salle de bain. Sans un mot, je m’étais dirigée droit vers la cheminé avant de tout jeter au feu. Ne pas réfléchir m’avait aidé à faire ce que je devais faire. Ces lettres n’étaient jamais arrivées à leur destinataire. Il fallait qu’il en reste ainsi pour ne pas éventuellement modifier le cours du Temps. J’avais regardé un instant le tout partir en fumée avant de me tourner vers Erwin.

- Il faut que je sorte. Je... je dois voir certaines personnes. On... on se retrouve avant le dîner ? Devant le restaurant ? Cela vous laisse le temps de prendre... soin de vous.

Je lui avais souri, persuadée qu’il prendrait ce temps à bon escient de ce que je commençais à connaître de l’homme quand soudain je sursautais en entendant frapper à la porte et la voix d’Emma au dehors :

- Madame ?
- Oui, Emma ?

Elle avait pris ma phrase comme une invitation à entrer et j’avais calé le pied contre la porte pour l’empêcher d’aller plus loin. C’était con, elle était sans doute habituée à voir des chambres dans cet état et l’homme à moitié nu mais moi j’étais pas encore prête à partager mon intimité avec une inconnue.

- Non.. Pardon, ce n’était pas une invitation à entrer. Vous... vous être seule ? J’aurai besoin de vous pour m’aider avec ma tenue...
- C’était pour cela que je venais, Madame, comme tous les soirs...
- Oui ben là on va faire ça dans le petit salon, si vous voulez bien, j’arrive.
- J'ai déjà sortie la robe que vous m’aviez demandé de repriser.
- Parfait, merci beaucoup.

J’avais refermé la porte en me collant la paume de la main sur le front, occultant complétement Erwin. C’était si épuisant d’avoir quelqu’un à son service, comment tous ces riches pouvaient apprécier ça ? J’avais pas besoin d’une baby-sitter, j’avais juste besoin qu’on me foute la paix. Je ne pouvais pas lui en vouloir en même temps, elle faisait ce pour quoi elle était payée. J’avais jeté un nouveau regard vers le foyer de la cheminée pour faire bonne mesure de la disparition des documents. Une fois le tout disparu, j’étais sortie de la pièce sans un mot de plus pour rejoindre Emma, effectivement seule dans le petit salon. Elle me montra une nouvelle pièce qui devait être une sorte de dressing afin que je puisse y récupérer le début de la tenue, ces sous-vêtements particulièrement encombrant et épuisants. J’avais enfilé rapidement le pantacourt ainsi que le corset avant de l’appeler en lui présentant mon dos.

- Ne serez pas trop fort, s’il vous plaît.
- Comme ce matin, madame ?
- Non... encore moins. J’ai... j’ai besoin d’être souple dans mes mouvements, je veux juste qu’il donne une forme à ma robe.
- Mais votre silhouette n’en serait pas aussi fine...
- Ce n’est pas grave, je suis destinée à devenir aussi grosse qu’une baleine alors autant habituer les yeux de monsieur dès maintenant, d’accord ?

J'avais eu un sourire dans le miroir et la femme de chambre s’était aussi autorisé à rire. Je ne pouvais décemment pas lui dire “ce soir nous allons couler, je me dois d’être sûre d’être libre de mes mouvements”. Elle ne devait pas savoir. Et je savais qu’elle serait sauve. Emma Sagësser avait vécu bien après le Titanic, ce n’était peut-être pas l’occasion de tout foutre en l’air en lui disant des choses qu’elle n’était pas censée savoir. Après avoir lacé mon corset comme je le lui avais demandé, elle m’avait tendu ma robe et m’avait aidé à la passer puis elle m’avait installé sur une petite causeuse dans le salon pour m’aider à m’occuper de mes cheveux, qu’elle avait noué de nouveau dans un chignon absolument incroyable, y ajoutant rubans et bijoux. Elle me tandis ensuite deux boites en bois précieux, le premier découvrant un imposant collier de diamants qui était assez court, presque à ras de coup, qu’elle m’aidait à mettre, le second contenait un bracelet aussi richement orné que j’enfilais juste après mes gants. Tout en les rajustant, je lui demandais à voix basse :

- Merci Emma, dîtes-moi... y a-t-il certains de mes amis sur ce bateau ? Des amis que je n’ai peut-être pas en commun avec Benjamin... je sais que vous êtes plus habile que moi pour observer mes alentours...

La jeune femme sembla gênée.

- Madame, vous m’aviez demandé de ne pas en parler...
- Très juste et vous devez continuer dans cette voix, cependant, c’est MOI qui vous le demande...
- Madame... ils sont souvent sur le pont C...

J'avais pris l’information comme une baffe. Bien sûr qu’ils étaient sur le pont C, près de la cabine des Astor, quelle espèce d’idiote je pouvais faire... Je m’étais contenté d’hocher la tête et de sourire.

- Bien sûr... le pont C... Je dois sortir, je retrouverais directement Benjamin au dîner, dîtes-lui bien. Inutile de m’accompagner...

J’étais sortie de la pièce pour rejoindre le pont C à vive allure. J’avais aucune idée d’où aller ni de qui joindre mais j’avais presque la certitude qu’au besoin, ils sauraient me trouver. Je passais entre certains passagers, gratifiant certains d’un sourire ou d’une formule de politesse lorsqu’ils s’adressaient à moi. Au bout d’un moment, je sentis quelqu’un agripper mon bras et m’attirer dans une chambre avant de me plaquer contre un mur en refermant la porte :

- Hééé, je suis enceinte, il s’en souvient plus le primate ?

Je l’avais fusillé du regard tandis qu’il plaquait sa main sur la bouche, m’intimant au silence. Je remarquais qu’ils étaient deux, deux hommes dans cette cabine, apparemment en planque de par l’agencement de la pièce, bien qu’ils devaient aussi profiter du Titanic. Le premier retira la main de ma bouche :

- Mais qu’est-ce que tu fiches ici ? On avait dit que tu ne devais pas t’approcher de la suite une seule seconde... Et non contente de la braquer une première fois, tu reviens par ici ce soir ?! Il t’arrive quoi ?
- J’avais besoin de vous parler...
- Le plan était pourtant simple, pas de contact. Tu te laisses tranquillement vivre jusqu’en Amérique où on s’occupera de toi et du bébé.
- Tu veux dire jusqu’à ce que Child s’occupe du bébé ?
- On en a déjà parlé, Child est quelqu’un de très bien. Famille haut placée dans l’Ordre. Il reste plus qu’à prier que ton enfant soit une fille, ils viennent d’avoir un petit garçon, c’est tombé ce matin...

Une irrépressible envie de vomir m’était monté brusquement. C’était pire que ce que je croyais. En fait, non, c’est ce que j’avais cru. Mais maintenant que c’était avéré, c’était encore pire.

- Il ne faut PAS qu’il se doute de quelque chose... Il ne se doute de rien, n’est-ce pas ?
- Non. Emma est très attentive de ce côté, il m’a offert un cognac tout à l’heure, j’ai dû y tremper mes lèvres pour tenter de le cacher.
- Bien... très bien... s’il s’en aperçoit dieu seul sait ce qu’ils te feront et ce qu’ils lui feront...

Il avait eu un signe de tête en direction de mon ventre et machinalement j’avais posé ma main dessus, complétement choquée. Il sembla pourtant se détendre un instant, risquant un petit rire :

- Mais bon, grâce à toi, on le tient. On va le faire tomber.
- C... comment ça ?

J’avais cillé, un peu abasourdi. Faire tomber qui ? Quand ? Pas ce soir, on était pressés.

- Le moins tu en sauras, le mieux ce sera ! Maintenant file, soit rayonnante et scandaleuse comme tu sais si bien l’être et le reste suivra !

Sans un mot de plus, il avait ouvert la porte, m’intimant du regard à les quitter et j’avais fini par le faire, les jambes flageolantes. Ça faisait quand même beaucoup d’un coup. J’étais remontée jusqu’aux espaces communs avant de m’affaler sur le premier canapé que j’avais trouvé, ayant besoin de quelques secondes pour reprendre mes esprits.

- Très chère, tout va bien ?

J’avais relevé les yeux pour observer un Ismay qui semblait sensiblement s’inquiéter de mon état. Un peu abasourdie de le voir ainsi devant moi, j’avais entrouvert les lèvres. Jusqu’alors il avait bien plus parlé à Erwin qu’à moi et l’idée de le voir en cet instant où j’avais aussi besoin d’être seule n’était pas le mieux venue. Tout en clignant des yeux, j’avais posé ma main sur son avant-bras avec un sourire :

- Oui... oui très bien merci. Il me semble cependant que l’insubmersible me donne quelques émois que je ne m’attendais pas. Il se trouve que j’ai souvent le mal de mer en bateau et je m’étais dit qu’avec un tel paquebot, il était impossible que je ne puisse le ressentir et je me suis donc penchée pour … pour voir les hélices à la poupe... le fait de voir les vagues m’a sûrement tout de même retournée. Comme quoi il n’est jamais bon de tenter le Diable...

J'avais ri tandis qu’il faisait de même, gonfler dans son orgueil. Oui... ce type avait vraiment un problème avec la taille.

- Oooh le Titanic peut de grandes choses ma chère, mais je pense que même le Diable serait tenté par vous et face au Diable, qui sommes-nous ?
- C’est vrai...
- Permettez, je me dois de vous escorter jusqu’à l’entrée du restaurant, j’y ai d’ores et déjà aperçu Benjamin.
- Oh... fort bien, je vous remercie.

J’avais donc pris son bras et nous avions déambulé parmi les autres, non sans s’attirer bon nombre de regards. La tête haute, je les avais affrontés avec une énergie nouvelle. Qu’ils aillent au diable, tous autant qu’ils étaient. Certains mourraient ce soir, d’autres piétinerait le moindre enfant de seconde ou troisième classe pour lui prendre sa place sur un canot, je n’avais pas à rougir devant de tels individus et Léontine non plus. Je comprenais à présent quelle femme elle était. Elle n’était pas seulement une maîtresse, elle avait su s’imposer comme LA maîtresse, pas de celle qu’on efface, celle qui se montre peu importait les conséquences. Elle n’avait pas commencé dans les mêmes milieux et pourtant elle avait récupéré dans ses filets un des plus grands noms de l’époque, nom qui perdurait toujours à mon époque d’ailleurs. Elle avait réussi à récupérer un cadeau des plus important de cet homme, un don qu’elle était prête à élever et assumer seule pour aller au bout de sa quête. Ce monde était rempli de gens formidables et admirables et à mes yeux, elle en faisait désormais partie. Elle était mon ancêtre aussi et à ce titre, je n’avais nulle raison de rougir de sa condition. Elle avait été une femme, une guerrière, là où la moitié de ces godiches se contentaient de s’engoncer suffisamment dans leur corset pour s’empêcher de respirer et donc de s’énerver et de dire ce qu’elles pensaient. Plus qu’un instrument de torture, ce truc était une muselière. De son côté Ismay avait le sourire audacieux. Il était évident que la plupart des gens devaient se dire que la “traînée de Guggenheim” avait fleuré un autre gros poisson et ce dernier s’en contentait parfaitement, ravissant apparemment les projecteurs. On avait pourtant rejoint le reste du groupe et j’avais lâché le bras d’Ismay pour prendre celui d’Erwin :

- Chéri, vous voilà... Votre ami a eu la gentillesse de me raccompagner jusqu’à vous, je me suis sentie mal après ma petite sortie sur le pont.

J’avais récupéré une flute de champagne sur le plateau qu’on me tendait avant de lever mon verre :

- Au courage donc de monsieur Ismay, mon chevalier servant de cette soirée !

J'avais trempé mes lèvres dans le liquide, faisant illusion tout en prenant garde de ne pas en prendre plus que de mesure et j’avais lancé un sourire plein de sous-entendu à “Benjamin”. Je n’avais pas encore véritablement stipulé sur ce que j’avais pensé de lui ces dernières heures mais il y avait bien d’autres choses à voir avant, chaque chose viendrait en son Temps. Je m’étais contenté de me pencher vers son oreille pour ajouter dans un chuchotement moqueur :

- Je crois que le violet est à son goût.

Je faisais bien sûr référence à ma robe et sur le fait que je pourrais sans doute appuyer d’autant plus notre demande de finir dans le même canot comme il me l’avait demandé quelques heures plus tôt. J’avais fait attention de prendre place à côté de ce cher Bruce et nous avions dîner dans une opulence incroyable. Les époux Widener avaient organisé une réception des plus somptueuse et nous avions eu la chance d’y être convié. Pour la première fois depuis tout le début de cette histoire, je prenais un véritable plaisir à dîner, à converser. C’était la dernière soirée du Titanic et je la vivais pleinement. Pas juste à travers un livre d’histoire mais de façon vivante. Je goûtais la nourriture, observait le faste, sentait les parfums et l’extase, entendait la musique et les rires. C’était presque un rêve qui devenait réalité et pour la première fois, je lâchais prise. J’avais évité tout ce que je devais éviter de manger dans un cas pareil. Les normes sanitaires n’étaient pas encore connues à cette époque mais j’étais très investis dans l’avenir de ma future arrière arrière arrière et je sais pas combien de fois arrière-grand-mère.

Après le repas il y avait eu le fumoir... et après le fumoir, les discussions interminables, une partie de bridge. Il faisait beaucoup trop froid pour sortir se balader, l’air était vraiment glacial et juste pour me préparer à l’horreur que nous allions vivre, j’avais décidé d’en faire une expérience pendant quelques minutes. Il faudrait absolument que nous soyons parfaitement couverts. Nous allions mourir de froid... jamais je n’avais senti un vent glacial aussi mordant. 21h...22h... 23h... Le Temps filait, inarrêtable. Nous étions désormais sur le chemin de notre cabine. C’était là que je l‘avais entendue, cette femme, qui commençait sérieusement à désespérer. Une vieille femme :

- Cela fait maintenant plusieurs heures que je vous dit que mon mari a disparu et je n’ai toujours aucune nouvelle. Est-ce qu’il y a encore quelqu’un de compétent ou de censé à bord de ce paquebot ? J’aimerai voir le capitaine...

J’avais resserré ma main autour du bras d’Erwin en l’entendant, pas pur besoin de réconfort. Arrivé dans la chambre, nous étions de nouveau seuls.

- Bon... c’est l’heure... Prévoyez un maximum de vêtement chauds, il fait vraiment très froid...

J’avais ouvert un placard à la recherche des gilets de sauvetage que j’avais récupérer et placé à un autre endroit, plus accessible dans la panique. Les paroles du Templier me revenaient en tête. “Mais bon, grâce à toi, on le tient. On va le faire tomber.” Qu’avait-il voulu dire par là ? Est-ce que cela avait rapport avec le meurtre du petit vieux? Mon cœur s’était brusquement serré dans ma poitrine. Il fallait que j’en ai le cœur net, il fallait que je stoppe ça...

- Il nous reste que 30 minutes... Je reviendrais avant, je dois encore vérifier quelque chose...

Inutile de le faire paniquer plus que de mesure. Sans un mot de plus, j’étais sortie de la chambre et j’avais dévalé les couloirs à la recherche de l’aile C. En arrivant devant, je m’étais stoppée, terrorisée face à la scène qui se déroulait devant moi. J’avais plaqué mon dos à l’angle du couloir, tentant de reprendre mon souffle tout en écoutant ce qui se disait. Les deux autres étaient passés à l’actions. Ils avaient ouvert la chambre à l’équipage, avaient montrés la malle et ils avaient apparemment également de quoi incriminer le coupable. J’entendais que ça discutait beaucoup, quelqu’un ne voulait pas croire en la possibilité, un autre disait qu’on ne pouvait jamais vraiment connaître quelqu’un... et brusquement le déclencheur :

- Ils sont en train de l’arrêter à l’heure actuelle. Nous allons le placer en détention et nous réglerons l’affaire arrivé à New York. Fort heureusement, ce ne sera plus très long maintenant.

Reprenant mon souffle, je m’étais mise à courir dans la direction opposée, faisant chemin inverse jusqu’à notre cabine mais il était déjà trop tard. Trop tard pour tout. En plein chemin, une violente secousse m‘avait fait perdre l’équilibre et j’avais basculé en avant, me rattrapant de justesse avec les mains. Grimaçant, je m’étais relevée en recommençant à courir, ignorant les derniers passagers encore levés qui tentaient de me demander ce qui avait été à l’origine de tout ça. Arrivée dans notre partie du paquebot, la porte de la chambre était ouverte, j’entendais des éclats de voir et soudain, je vis Erwin, menotté, se faire emporter au loin. Un des chefs de bord sortit alors dans le couloir pour regarder l’homme se faire enlever, tenant dans ses mains une petite enveloppe blanche :

- La preuve est irréfutable. Il a entièrement signé son meurtre.

Me plaquant contre le mur, j’avais posé ma main sur mon ventre. J’étais en train d’hyperventiler. Je paniquais, sentant déjà des points lumineux dans mes yeux, annonciateur d’un évanouissement prochain. Je m’étais laissée glisser sur le sol, à l’abri des regards et des gardes et quelques larmes avaient coulés. On était foutu. Erwin était désormais arrêté, la collision avait déjà eu lieu, jamais au grand jamais nous ne serions à temps au bon endroit. Et ça n’allait pas s’arranger si je flanchais maintenant. C’était pas le moment.

- Léontine ! On te cherche partout !

Je reconnaissais l’un des Templiers.

- Mais... qu’est-ce que vous avez fait ?
- On a fait ce qu’on devait faire. Maintenant debout, il faut absolument que tu joues le jeu. Ils n'ont rien contre toi, on a retrouvé que son bouton de manchette à lui, pas de trace de sang sur tes affaires à première vue, alors écoute bien.

Il m’avait dit à une vitesse hallucinante tout ce que j’étais censée dire pour me dédouaner de la situation. Il avait séché mes larmes et m’avait poussé en avant, droit vers ma chambre. Je ne savais pas trop comment la suite s’était passé. C’était comme si j’avais été en pilote automatique. J’avais tout fait comme il se devait, feindre un certain alcoolisme et un certain amusement, la surprise, j’avais spécifié que nous n’avions pas passé une bonne partie de l’après-midi ensemble car j’avais été souffrante, je leur avais montré mes affaires et enfin l’effondrement. Sans doute la partie la plus simple à jouer à la vue de ma véritable façon de vivre les choses. Ils avaient fini par nous laisser seul et juste avant qu’ils ne sortent, un membre de l’équipage était venu nous demander gentiment de mettre notre putain de gilet de sauvetage et de sortir de notre cabine. Machinalement, j’avais tourné le regard vers la première horloge que j’avais eu sous les yeux. Une heure moins le quart. L’alerte avait déjà été bien donnée, la plupart devaient déjà être sur le pont, il avait juste stupidement évité de nos interrompre, comme si la mort de ce pauvre bougre valait encore quelque chose. Les mains tremblantes, j’avais fini par me lever, comme un robot, pour mettre mon gilet de sauvetage. Le valet avait disparu, sans doute tentant de régler les affaires de son “patron” mais Emma était toujours là. Je lui en avais tendu un, le regard vide.

- Nous devons partir, Madame. Pour votre bien et celui...
- Je sais, Emma, je sais. Prenez les devants, je vous rejoins. J’ai besoin de... de quelques minutes à moi.

Et j’en avais vraiment besoin. Elle était partie, non sans un dernier regard pour moi et je lui avais souris gentiment. Avec lenteur, j’étais revenue vers la chambre à coucher. Les draps avaient été remis en place, sans doute ma femme de chambre après notre départ pour dîner. J’avais alors levé ma jambe pour enjamber le lit, un peu comme Il l’avait fait, la toute première fois. J’étais dans un état catatonique, je sentais la pensée poindre en moi et je me détestais de penser ça. Je m’étais alors allongée, en position fœtal, le visage tourné contre Son oreiller, la main dessus. Après un instant à l’imaginer de nouveau à mes côtés, à revoir ses yeux, ses mains, ses lèvres, son sourire si changeant, j’avais attrapé son coussin pour le coller sur mon visage, pour sentir de nouveau son parfum, son terrible parfum. “Alors, maintenant, ne respirez que par le mien” avait-il dit. Et c’est ce que je faisais présentement. Je ne respirais plus que par son souffle, son parfum et il me donnait la force de ne pas faire cette chose irraisonnée que j’avais pensé fugacement faire. Le laisser là. Couler. Mourir. C’était arrivé insidieusement dans mon esprit durant mon bain. Après mes larmes, avant mes recherches. J’avais de nouveau plongé ma tête sous l’eau, en apnée bien plus longtemps et je l’avais vu... imaginé. Et si... si tout cela, tout ce danger cessait ainsi ? Guggenheim devait mourir. Peut-être valait-il mieux éviter tout danger ? Erwin en était peut-être réellement un ? Je ne pouvais pas être aussi folle, je ne pouvais pas imaginer tout ça... cette douceur, laissant cette rage de vivre et de vaincre sous-jacent, cette rage destructrice, cet amour profond qui vouait aux minauderies... Méritait-il la mort pour autant ? C’était comme si Léontine avait pris possession de mes pensées, comme si Maman l’avait fait aussi, cette pensée avait été si fugace et pourtant elle avait germé en moi comme un poison mortel.

- Mettez vos gilets de sauvetage et montez sur le pont s’il vous plaît.

La porte de la chambre était restée ouverte et j’entendais la voix paniquée du membre de l’équipage qui peinait à se faire entendre d’une première classe, presque sûre d’être aussi insubmersible que le paquebot sur lequel ils se trouvaient. Sa voix avait été comme un électrochoc, MAIS QU’EST-CE QUE JE FOUTAIS ?! Je n’allais pas le laisser crever, bordel ! Me relevant brusquement, j’avais jeté le coussin sur le lit avant de me précipiter vers la sortie. Je m’étais enfoncée dans le couloir mais l’homme qui tentait de donner ses instructions m’avait arrêté en m’attrapant le bras :

- Madame il est urgent que...
- NON ! Où est-ce que le maître d’arme emmènerait un homme qui a été arrêté ?
- Madame...
- Soit vous m’aidez, soit vous me laissez tranquille, ce que je fais de ma vie ne vous regarde en rien.

Il avait hésité avant de répondre :

- Prenez l’ascenseur jusqu’au dernier pont, allez à gauche, descendez le couloir de l’équipage puis allez à droite, puis à gauche à l’escalier, vous trouverez un long corridor...

Ok il m’avait perdu... je tentais de me répéter toutes les instructions qu’il me donnait et lorsqu’il eût fini, j’hochais la tête d’un air entendu :

- PARFAIT, MERCI !

Je m’étais alors élancée avant de me stopper net, pensant à quelque chose qui pourrait par la suite lui être utile. J’étais revenue dans la chambre pour récupérer un gilet de sauvetage que j’avais fermement accroché à ma taille sans pour autant le passer. Celui-ci serait pour Erwin. J'avais alors foncé droit vers les ascenseurs. Comme dans le film, le mec était déjà en train de dire qu’il ne pouvait plus utiliser la cabine mais je l’avais attrapé par le col pour le dégager hors de mon chemin :

- BOUGE !

Refermant les portes derrière moi, il m’avait fallu quelques secondes pour comprendre comment le truc fonctionnait et j’avais fini par descendre la cabine. Je m’étais enfoncée, le cœur battant, dans les profondeurs du bateau, là où je n’étais jamais allée jusqu’alors. Arrivée au pont E, de l’eau s’était mise à se déverser dans la cabine et j’avais hurlé en me faisant projeter en arrière. Ce n’était pas encore trop grave, j’en avait à hauteur de genoux et je m’étais pressée à ouvrir les portes pour me libérer de cet ascenseur tout en pestant :

- BORDEL DE MERDE CE QUE C’EST FROID !

Rien à foutre du langage châtié, j’étais en train de paniquer. Paniquer à l’idée de ne pas le trouver, à l’idée qu’on ne puisse pas remonter. Et cette eau... jamais je n’avais éprouvé une telle douleur. Je comprenais à présent tout le malheur de ces pauvres gens. C’était glacial, j’avais l’impression que mes membres inférieurs étaient morts à la seconde où l’eau les avait touchés mais mon cœur était toujours aussi chaleureux et il m’aidait à présent à garder le courage qu’il me fallait pour aller au bout de ce truc. Trouvant la première hache de secours sur mon chemin, je l’avais directement récupérée. J'ignorais si la clé qui aurait servi à l’enfermer était toujours dans la pièce et dans le doute, mieux valait être équipé. Je m’étais alors enfoncée dans les couloirs comme il me l’avait indiqué. J'avais désormais de l’eau jusqu’aux cuisses et cette foutue robe ne m’aidait absolument pas à marcher correctement. Adieu les vêtements chauds, autant pour l’un que pour l’autre, c’était sans aucun doute pas la priorité. La lumière avait vrillé une première fois dans le couloir puis une seconde, plus longuement et j’avais serré ma hache plus fortement dans mes mains, autant que mes dents et ma mâchoire. Si le système électrique pétait maintenant, on risquait juste de finir électrocutés... la joie. Je venais de passer devant le dernier escalier et j’avais tourné à gauche, comme prévu.

- ERWIN ??? EEEERWIIIIIN ???

Je m’étais mise à hurler comme une malade dans le couloir désert, avançant tant bien que mal à travers l’eau stagnante. Au bout d’un moment, j’avais fini par entendre avec un soulagement plus que palpable, sa voix paniquée et étouffée par le couloir :

- Alexiiiiiiiiis
- Oh putain... merci....
- Il y a quelqu’uuuuuuun ?
- Oui, oui, minute papillon !

J’avais expiré en même temps, n’en revenant pas moi-même. Pendant un moment dans mon excursion, j’avais douté de mon sens de l’orientation et de ma faculté à me souvenir de tout ce qu’on m’avait dit et une peur m’avait dévoré le ventre, celle de ne pas aller vers le bon endroit. Ce bateau était le pire des labyrinthes. Je m’étais précipité vers la porte qui dissimulait sa voix et j’avais tenté de l’ouvrir. Première surprise, elle était fermée à clé et ça... c’était pas comme dans le film...

- Je sais pas comment c’est de votre côté mais reculez-vous le plus possible de la porte !

Sans lui laisser vraiment le temps de poser une éventuellement question, j’avais abattue la hache avec violence contre le bois. Celle-ci c’était enfoncée si profondément que j’avais eu du mal à la retirer, manquant de tomber en arrière en la retirant enfin. J’avais ensuite frappé plusieurs coups contre la porte tandis que le bois cédait de plus en plus. Voyant enfin l’intérieur de la pièce et la lumière qui s’en dégageait, je m’étais mise à rire nerveusement, marmonnant plus pour moi-même que pour lui, ayant besoin de l’humour pour me donner de la force :

- Here’s Johnny !!

J’avais abattu de nouveaux coups jusqu’à ce que le panneau du haut de la porte cède complétement. D’un coup de pied, j’avais suffisamment achevé le reste pour me permettre de l’enjamber enfin. J’avais déboulé dans la pièce qui était dans un état aussi désastreux que le reste du couloir. Je l’avais regardé avec un soulagement énorme, riant nerveusement à l’exploit tout en remarquant qu’il n’était pas attaché comme Jack mais que d’une seule main et que de la seconde, il tentait vainement d’attraper un coupe papier. Je m’étais alors jeté sur l’objet pour lui tendre afin qu’il puisse enfin se dégager et comme je ne devais pas m’y attendre et qui ne me choquait pourtant plus vraiment, il était alors parvenu à crocheter la serrure de sa menotte avec une vitesse impressionnante. Mais peut m’importait désormais cette ombre. J’avais fait mon choix, le seul que j’étais capable d’accepter en mon âme et conscience et peu importait ce qu’il adviendrait de la suite, de ce qu’il était, de ce que nous étions. Au déclic, je m’étais précipité sur lui lâchant quelques secondes ma hache sur le bureau pour prendre son visage dans mes mains et l’embrasser à pleine bouche, rapidement, fortement, plus sous l’effet de la peur que de la passion :

- Je suis tellement heureuse de vous voir mon dieu...
- Et moi donc ! Je commençais à désespérer...
- Ah... j’ai... j’ai failli oublier... tenez, c’est pour vous !

Je tentais tant bien que mal de détacher la lanière que j’avais mis autour de ma taille pour lui tendre enfin le gilet blanc en précisant :

- On ne sait jamais... dans le doute, mieux faut trop que pas assez...

Il m'avait rapidement prit le gilet des mains en l'attachant avec la même célérité tout en précisant d'un air solennel :

- Il n'y a jamais assez de précaution

Je remarquais à peine que des larmes de soulagement avaient coulées de mes joues mais une nouvelle baisse de tension me rappela que rien n’était gagné, qu’on était juste au début de l’histoire...


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Merry Christmas to Everyone

Just hear those sleigh bells jingle-ing
Ring ting tingle-ing too
Come on, it's lovely weather
For a sleigh ride together with you


ANAPHORE
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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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________________________________________ 2020-11-08, 22:56 « If the crown should fit, then how can I refuse? »




Les vrais hommes créent eux même leur chance



Tout aurait du parfaitement bien se passer. Son esprit supérieur avec l’assistance physique de Miss Child aurait du lui permettre de conjurer le Sort. Et pourtant voilà qu’il sentait l’Epée de Damoclès lui érafler le bord de ses cheveux, comme une caresse sanguinaire qu’il ne voulait guère éprouver, comme lui chuchotant « La Fin est proche, Preminger ». Mais cela ne pouvait être la Fin. A trop combattre le Passé, avait-il créé ne serait-ce qu’une brèche dans l’espace-temps ? Ou s’était-il voué à s’acharner contre une Vérité qui ne savait se mouvoir ?
Pourtant… Tout semblait lui sourire et tout se passait si merveilleusement bien qu’il n’avait pu dévié la réalité qu’avait dû vivre Guggenheim.
Si on occultait le meurtre. Il l’avait commis avec une indifférence et une lucidité franche, le voyant également comme un pied-de-nez au Destin. Jamais les mains de Guggenheim ne s’étaient maculées de sang, jadis, et le coup fatal porté à l’individu lui rappelait sa propre individualité.
Malgré tout, contre toute attente, c’était cet événement qui l’enracinait à présent à la fatale destinée du magnat du cuivre. Par un infime objet. Un bouton de manchette qui rutilait alors dans les mains de l’individu qui le lui avait présenté. Ses pensées l’avaient ramené, alors à ce moment où sa manche avait éraflé le coffre. La faute d’Alexis. Si elle n’avait pas été si...émotive à soulever un vulgaire cadavre, il aurait pu éviter cette mascarade. Ainsi, lorsqu’on l’avait arrêté, il avait repoussé les accusations avec dédain, rageant son absence. Elle aurait pu confirmé ses dires. Que tout ceci était une vaste fanfaronnade. Qu’ils étaient restés tous deux dans la cabine le reste de l’après-midi. Les domestiques ne les avaient guère entendu rentre auparavant, mais ils les avaient peut-être entendus et vus sortir néanmoins. Cela suffisait à corroborer leur innocence. Eux, des passagers de 1ère classe, l’élite ! On ne pouvait décemment pas lui passer les menottes. Et comme il l’avait clamé haut et fort, son coeur battant néanmoins du temps précieux qui s’écoulait là en balivernes : la présence de ce bouton de manchette ne pouvait avoir que deux justifications plausibles.
Soit visiblement un individu proche avait instigué cette mascarade pour porter atteinte à son honneur. Et son regard avait fustigé son valet, Victor qui s’était alors confondu en clameurs solennelles de loyauté, de confiance, de confirmation de la bienveillance de son employeur, incapable avait-il dit de lever la main sur autrui et encore moins de porter outrage à la vie d’un individu.
Soit alors il l’avait perdu. Et un sans le sou s’était empressé de le ramasser avant de commettre plus vil méfait. Car après tout, pourquoi diantre aurait-il… mué d’une envie irrépressible tué un individu avant de… d’après ce qu’on lui avait raconté… crocheté une serrure… pour dissimuler un corps.. Prenant ainsi le risque d’être découvert par les occupants de celle-ci.
On lui avait objecté que la situation inverse pouvait être vraie et il avait haussé les épaules avec tout le dédain qu’il portait en lui. Oh vraiment ? Et pourquoi donc LUI Benjamin Guggenheim, milliardaire américain aurait-il trouvé bon et utile de cambrioler une suite avant d’assassiner froidement un homme ? C’était une plaisanterie macabre mais une plaisanterie tout de même. Non. Bien évidement que la vérité était tout autre : on avait vraisemblablement tenté de cambrioler une suite, ayant été surpris, on avait ensuite tué le pauvre bougre qui se trouvait non loin de là.
Les hommes du bateau embarrassés avaient alors admis du bout des lèvres, qu’il y avait bien quelque objet disparus encore… Tout en lui rappelant qu’il restait leur premier suspect potentiel, même s’il s’agissait vraisemblablement finalement d’un affreux malentendu. s’excusant presque. Tout en le conduisant dans un dédale de couloirs vers l’antre du paquebot… L’antre de la Bête, songeait-il tandis qu’une erreur lui hérissait le ventre. Sa voix tranchante, crisait encore qu’un simple bouton de manchette ne constituait pas une preuve suffisante, tempêtait à juste raison que ses avocats ferait un procès à quiconque persisterait dans cette odieuse méprise. Il savait qu’il avait raison. Il avait pu perdre un bouton de manchette. Le tueur le lui subtiliser ou le ramasser et le perdre au moment du meurtre…. Pourquoi diantre l’accuser d’avoir tué un homme ? Pour autant, ils avaient tenu à l’emmener, « comme la procédure l’exigeait » dans les cales, jusqu’à ce qu’on mette son témoignage entier à l’écrit. Sous le regard ahuri du colonel Gracie qui lui avait crié qu’il « s’occupait de le sortir de là ! .
Mais on l’avait tout de même emmené jusqu’à une pièce abandonnée qui semblait faire office de bureau, proche bien plus proche qu’il ne pouvait l’admettre du fond du bateau pour mieux l’attacher d’une main à une espèce de conduit malgré ses réticences. Puis la porte s’était refermée sur ses cris bientôt couvert par le silence pesant et crisant que renfermait l’endroit. Et lui l’avait senti… Ce qu’à bien des étages plutôt n’avait du être vu que comme une légère oscillation. Le choc l’avait projeté à genoux sur le dallage froid avant même qu’il n’ait pu envisagé la cause. C’était l’Heure. Comme un souffle glacé et lancinant faisant vrombir les lieux. Bientôt, presque, une main à terre avait-il craint de voir s’ouvrir le sol, ressentant l’impact comme s’il avait eu lieu sous ses pieds là où pourtant de nombreux mètres l’en séparaient encore. Et il avait crié alors, dans un geste d’angoisse. L’iceberg s’insinuait, mortel dans l’Insubmersible et il en ressentait la morsure, comme si elle avait vrombi dans chaque parcelle de son corps. Sa main tremblait sur le parquet, dans l’expectative de l’inévitable achevant de cristalliser son effroi. Le naufrage commençait… Et ici il serait rapidement touché. « L’homme gonflé d’orgueil est léger comme un ballon gonflé de vente. On peut sans difficulté l’envoyer de tout côté et surtout vers le haut ».
Non. Il ne céderait pas à la panique. Ce n’était pas le moment, rien n’était perdu rien du tout. Il se remis sur ses pieds, s’aidant des menottes pour prendre appui et les étudia, rageusement. Elles étaient de bonne facture… Et tirer dessus ne provoquerait rien d’autre que de risquer de s’érafler son poignet si fin.

- « Saleté ! » pesta-t-il entre ses dents, avant de s’essuyer le front, portant le regard sur les alentours.

Le premier tiroir du bureau était accessible de sa main droite et il tenta de l’ouvrir, non sans difficulté, pour en découvrir le contenu. Il n’y trouva rien. Hormis des documents, des plans qu’il jeta au sol, sans considération. Quelle importance ? Ils couleraient de toute façon. Le second tiroir ne contenait rien d’autre qu’une cendrier vide de verre….
Soudain, il dressa l’oreille… Au loin, il lui semblait percevoir…

- « Il y a quelqu’un ? » cria-t-il ne trouvant pas même un écho pour répercuter sa voix.

Et pourtant, il y avait bien quelque chose…. Comme une sorte de….de clapotis ?
Une masse lui étreignit l’ensemble de son être dans un cri d’angoisse. L’eau… L’eau venait à lui.

- « Léontine !  Archibald ! » cria-t-il

Il devait y avoir quelqu’un. Il ne pouvait qu’y avoir quelqu’un. Jamais de toute sa vie longue et remplie de faste, il ne s’était senti au misérablement maltraité. Jamais personne n’avait ne serait-ce qu’osé enfermé Preminger. Il était bien trop précieux, bien trop flamboyant… C’était ce maudit Guggenheim, ce maudit bateau qui entourait de sa funeste destinée tous ceux qui avaient le malheur d’y poser le pied.
Il inspira longuement, fermant les yeux pour ignorer le bruit léger mais qui montait tranquillement, escalant les calles et les escaliers. Que diable faisaient les autres ? La situation à leurs yeux n’étaient pas encore désemparée. Si Alexis venait séant, maintenant, si elle avait eu la finesse d’esprit de ne pas regagner sa cabine mais de venir maintenant, peut-être disposait-il encore d’une chance d’accéder à leur plan. Mais il fallait encore qu’elle se hâte et visiblement elle avait eu l’idiotie de retourner là-bas.
Non. Non. NON. Même si la situation se corsait présentement, non…. « Je ne suis pas voué à mourir ce soir ». se répéta-t-il tâchant d’ignorer l’angoisse qui montait en lui, flagrante, poignante. Personne ne pouvait traiter un gentleman ainsi. Ses amis le sauraient, ils ne tareraient pas à venir… Sauf si la menace du naufrage leur parvenait avant. Mais elle ne pouvait pas leur être déjà parvenue… Si ?
Il hoqueta soudain, saisi d’épouvante, tentant d’un geste là où cela ne possédait aucun sens. Il n’avait rien vers où grimper...Rien pour s’extraire à l’eau qui puissante, venait de s’infiltrer sous la porte.

- « Malédiction » !

Il tira une fois sur sa main menottée, grimaça, sentant la froideur du métal s’incruster dans sa peau. Impossible. Prompte, l’eau était venue toucher ses chaussures, continuant sa course jusqu’au fond de la pièce. Le cuir épais le conservait de sa froideur. Pour le moment.

- « Alexis ! » cria-t-il une nouvelle fois, abandonnant toute couverture.

A quoi bon ? Au pire, on invoquerait le délire…. Mais il ne pouvait décemment rester ainsi. Il ne pouvait pas. Il respira une nouvelle fois longuement, gorgeant ses poumons d’air, occultant le risque qui maculait ses pieds. Non. Evidement, elle viendrait. Comment pourrait-il en être autrement ? Elle l’aimait. Comme toutes. Lui, n’y aurait pas gaspillé une minute mais elle, elle ne pouvait qu’être en train de réfléchir au moyen de le rejoindre.
« Un magnat du cuivré nommé Benjamin Guggenheim avait embarqué avec sa maîtresse, Léontine sur le Titanic, après l’avoir rencontrée à Paris, où il venait pour faire l’acquisition d’objets d’arts. Et où il avait fait la connaissance de cette chanteuse de cabaret. »
Il s’essuya le front, plissant les yeux, les abîmant dans la contemplation du bureau. Il lui sembla… S’il parvenait seulement à ôter la carte qu’on avait dépliée à la hâte sur le bureau, peut-être…. Le bout de ses doigts parvint à la soulever, l’envoyant glisser …. dans l’eau qui recouvrait déjà les précédents feuillets qui flottaient à présent sur le haut du sol.. Non ! Il releva la tête. Ne pas regarder en bas, ne pas regarder en bas…
Là. Sur le bureau, sous un amas de lettres, un coupe-papier… Et il sembla presque que sa vision s’effaçait pour n’offrir que cet ultime point, cet éclat. Il tendit la main, avança :

- « Peste… Ah ! »

La douleur l’avait coupé sur le coup. Non de la souffrance causée par les menottes, non de l’éloignement trop important, de sa main qui se referma sur le vide, non de la morsure glacée que provoquait son mouvement, le stoppant net. Il s’arrêta ; recula frissonna… Non. Non. C’était au-delà de ses moyens… Malgré lui ses yeux se baissèrent, observant ses chaussures à présent immergées. Le tissu imbibé, le froid… A quelle température se trouvait cette eau ?
Il lui sembla entendre un pas, non loin de lui et il hurla, tapant ses paumes contre le bois, pour maximiser le son…

- « Sortez-moi de là »

Mais las, les pas se précipitèrent loin de lui, à la dérobée...dans des cris d’angoisse qui masquèrent ses propres hurlements et bientôt revint le vide. « Maudits ! Maudits soit-ils… Tous ».
Le cendrier vola, sa main l’envoyant valdinguer contre la porte, le faisant exploser dans un fracas de verre. Cela ne le calma même pas. Il s’agitait, manquant de tourner en rond, la souffrance que lui causait chaque pas stoppant ses gestes dans un gémissement d’effroi. Que se passerait-il une fois que ses membres seraient totalement engourdis ? Non…. L’ensemble de son corps se glaçait tant d’angoisse, de terreur que par l’impact de l’eau qui toujours inlassablement s’écoulait encore…
«  Le 14 avril 1912, Benjamin Guggenheim était mort noyé sur le Titanic ».
Non… Cela ne se pouvait… Il n’était pas Benjamin Guggenheim, il ne l’avait jamais été… Mais le destin de Guggenheim était de mourir sur le Titanic comme un gentleman que Preminger n’était pas. N’avait-il pas déjoué ce destin à l’instant même où celle de Guggenheim avait pris un autre tournant ? « Pitié…. » Non. Il était impensable qu’il puisse mourir ici dans cette époque qui n’était pas sienne, dans cette identité qui ne lui appartenait pas, dans cette existence qui ne possédait aucune conséquence ou contour propre…. Lui était fait pour régner. Pour régner sur le monde. Il pliait les autres à sa volonté, à ses envies. Sa vie n’était qu’un composé de victoires…. Comment aurait-il pu finir si...misérablement ? Non. Pourquoi ? Pourquoi le tourmentait donc ? Quelle jalousie divine s’acharnait donc sur lui à présent, prenant plaisir à son calvaire ?
La souffrance le plia en deux et il agita la main dramatiquement, comme pour chasser les effluves gelées qui s’enfonçaient dans sa propre peau, s’accrochant à son lien dans une vigueur désespérée. Il fallait qu’il sorte… Il le fallait… Et resterait la porte ensuite… Fermée. Il fallait… Quel était cet envoûtement ? Ce sortilège maléfique ? Ses pensées le ramenèrent à la justification qu’avait avancé Alexis… Ce clown et ses ballons. Se pouvait-il qu’il soit à l’origine de cet ensemble sinistre et mortifère ? Où diantre se trouvait actuellement Georgia ? Midas ? Même Lena ? Dans une souffrance similaire ? Moindre ?
Mais aucune des idées qui pouvaient lui parcourir la tête ne trouvaient dans son esprit une équivalence à la terreur qui l’habitait entier, grelottant nerveusement de froid et de peur… Il patageait dans la glace, chaque mouvement semblait provoquer une blessure à vif, comme une découpe à vif d’un lambeau de peau. Dans cette situation, glacé jusqu’à la moëlle, il aurait pu implorer grâce à quiconque pour le prix de sa vie. De sa seule vie. Et c’était ce qu’il faisait, ses pensées égoïstes tournant dans son esprit, formant des idées en désordre, des angoisses.

- « Je ne mourrais pas… Je ne mourrai pas… ah...ah »

La jointure de ses paumes devenait blanche, comprimées par la souffrance… Depuis combien de temps, se trouvait-il là ? Une heure ? Que diable faisait Alexis ?
« « Un magnat du cuivre nommé Benjamin Guggenheim avait embarqué avec sa maîtresse Léontine sur...le Titanic après l’avoir rencontrée à Paris... où il venait pour faire l’acquisition d’objets d’arts. Et où il avait fait la connaissance de cette chanteuse de cabaret.   Dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, Benjamin Guggenheim était mort noyé sur le Titanic ».
L’eau prenait possession de ses mollets. Pouvait-il posséder morsure plus sordide ? C’était atroce, une douleur qui lui donnait envie de se laisser tomber, à genoux par la souffrance. Tout en s’en gardant. Le faire aurait été s’imbiber davantage dans cette morsure tétanisante.
Il tenta une nouvelle fois d’atteindre le coupe-feuille. Priant pour parvenir à crocheter sa serrure. Sinon adviendrait quoi ? Certains se coupaient les membres pour s’offrir une liberté mais cette perspective le révulsa si violemment qu’il en hoqueta d’horreur. Non. Se mutiler serait au dessus de ses forces. Il ne pouvait envisager l’idée de porter atteinte à son intégrité, à sa perfection. Sans compter que la douleur serait susceptible de le tuer sur le coup. Il était de constitution bien trop fragile pour y parvenir.
Alors quoi ? Alors il devait atteindre le coupe-papier…
Il tira sur la chaîne... en vain. Et ce constat lui arracha un cri de frustration.
Le meuble était trop loin. Et trop lourd pour que sa main ne puisse le tirer vers lui.
Son poing, de colère, s’affaissa contre le bois.
Il n’eut même pas mal. La blessure que causait chaque mouvement ans l’eau lui causait plus de souffrances que cent poignards plantés dans les mollets… Et lorsque l’eau grimperait jusqu’à ses cuisses…
Ses yeux furetaient inlassablement hagards et sa voix esquintée par ses cris avait rentré sans sa gorge, le privant de tout son. La douleur était inexprimable. Comme si son corps se tordait en lui, mué par une force supérieure à sa volonté et il se mordit la lèvre pour tenter de soutenir l’effort. Si ses jambes rompaient, s’il s’affaissait, s’en était fini de lui. Toute sa gloire brillante, tout ce prestige, cette beauté offerte depuis sa naissance seraient vaines. Sans concrétisation. Il ne pouvait l’admettre.
Et il sentit un autre sentiment prendre possession de son corps, se rassasiant de sa panique. La malveillance. La pensée que d’autres puissent partager à ses dépends un agréable moment lui parut intolérable. Un goût âcre glissa jusque dans sa bouche. Il lui semblait imaginer leurs rires, leurs sourires… Le monde dont il se trouvait à présent privé. Il songea aussi aux canots voguant vers la survie inutile des vies minables qu’ils conservaient. Folie. Folie que de pouvoir penser qu’il périrait alors que d’autres vivraient. Que la Mort le chercherait, préservant autrui… Que le jour se coucherait sur lui en préservant Lena lui était insupportable. Pourquoi faire proliférer la démence au détriment de la Perfection ? Non. L’injustice qu’il vivait se décupla dans une bouffée de haine. S’il venait à mourir...alors tout le monde le suivrait. Il débattrait chaque morceau de ce paquebot pour que dans un souffle ce dernier aspire chacun dans un ultime plongeon. Ce monde ne lui survivrait pas et s’il en avait eu l’opportunité, il les aurait attrapé tous. Chacun dans cette danse aquatique macabre, dans la nuée profonde de l’appel des abysses. Que l’eau recouvre et que la mort ferme ces infinités de regards terrorisés. Qu’il règne sous l’atlantique.
C’est alors que le cœur rempli d’un flot de pensées venimeuses, il l’entendit alors. La clameur. Lointaine. Mais distincte malgré tout… Alors se figea-t-il dans un seul souffle pour concentrer toute son attention vers le bruit… L’intonation, le mot. Le prénom surtout. Le sien. Une bouffée de soulagement et de satisfaction traversa son corps, le réchauffant d’une vigueur nouvelle. Enfin

- « Alexiiiiiiis » hurla-t-il de toutes ses forces, envoyant au diable tout effet de préciosité ou de raffinement dans l’intonation qu’il mettait toujours.

Il fallait qu’elle l’entende. Il fallait qu’elle parvienne jusqu’à lui. Il fallait qu’elle l’aide. La perspective de sa présence, de sa proximité le mettait en joie. Enfin. Elle avait mis le temps, songea-t-il complémentairement rageusement, la haine dominant son état. Mais elle avait fini par parvenir jusqu’à lui. Peut-être n’avait-il pas misé sur le cheval le plus rapide mais au moins se trouvait-il être efficace.
Il avait fini par entendre sa main sur la porte, rassuré quant à sa survie… Puis un sursaut d’angoisse lui avait traversé l’esprit : elle avait bien pensé à cette opportunité, non ? Que la porte puisse être fermée ? Elle se montrait suffisamment ingénieuse d’habitude pour avoir songé à cette opportunité… Il n’aimait guère devoir compter sur autrui, sauf pour mener à bien ses plans, ils étaient si décevants, si limités…

- Je sais pas comment c’est de votre côté mais reculez-vous le plus possible de la porte !

Mais visiblement, elle s’inscrivait dans ses alliés utiles alors il observa sa manœuvre, avec ravissement. Le potentiel. Un bon potentiel, eut-il l’espace d’un instant le temps de penser avant que le courant glacé et mouvant ne le ramène à d’autres priorités, alors il laissa Alexis s’occuper de jouer au bûcheron, pour tenter à nouveau d’attraper le coupe-papier… Lorsqu’une main frêle le lui tendit. Il s’en empara aussitôt, lui tournant le dos pour l’introduire dans la serrure. Fort heureusement, elle ne possédait pas une réelle consistance. Aussi aisée que celles de son royaume. Il entendit un déclic et bientôt sa main gauche se trouva libre. Enfin.
Il pivotait pour savourer sa victoire, qu’une Alexis se trouvait déjà devant lui, agrippant son visage pour l’embrasser avec ardeur. Il la laissa faire, cela serait sa récompense, il était magnanime. Et puis lui-même, y trouvait son plaisir, agrippant ses cheveux dans une caresse abrupte. Le Temps pressait mais elle confirmait par son acte toute la certitude de sa survie.
Il savait qu’elle viendrait. Et elle était venue.

- Je suis tellement heureuse de vous voir mon dieu…

L’entendre l’amusait énormément. Il pouvait se gorger si facilement de l’addiction qu’il provoquait sur autrui. Sur lui-même aussi. Et bien que sa phrase en appelait à l’Éternel, il ne put s’empêcher d’y voir une concrétisation de sa nature divine, une reconnaissance même. Oui. Pour elle devait-il être son Dieu. Cela n’avait rien de surprenant, mais c’était grisant.
Néanmoins… ELLE s’était fait désirer par manque de temps, d’organisation, de sagesse et de sagacité, aussi déclara-t-il

- Et moi donc ! Je commençais à désespérer…

Sa voix ne sonnait pas désagréablement, ses accents rancuniers gommés par un soulagement intense mais tout de même, on ne faisait pas attendre son roi ainsi.
Pour toute réponse, elle lui tendit bientôt un gilet de sauvetage :

- Ah... j’ai... j’ai failli oublier... tenez, c’est pour vous !

Il l’avait passé, rapidement, se retenant presque de le lui arracher des mains pour s’en vêtir et avait par la même occasion glissé le coupe-papier dans la poche de sa veste… Qui sait… Cela pouvait représenter une arme suffisamment sérieuse pour assurer ses arrières. Il fallait qu’il parte. Qu’il se dépêche… Chaque minute supplémentaire rajoutait un risque, un danger plus imminent que l’eau glaciale qui courait jusqu’à ses genoux.
Prestement, il avait esquissé un pas vers la sortie, avant de se retourner et de saisir à pleines mains, le visage mouillé de larmes de son amante, ramenant ses yeux dans les siens :

- « Mon trésor, il est écrit que Léontine survivra ce soir là. Pourtant vous êtes là. Alors que pour ce risque ne soit pas vain, sauvez-moi. Que votre courage ne faiblisse point. Vous l’avez dit. Nous nous en sortirons »

Ce n’était pas une demande, ni une prière, ni un ordre, ni une sentence. C’était un fait. C’était un pacte qu’il lui demandait de faire, pour lui. Comme elle l’avait déjà fait en risquant sa vie pour se trouver à présent devant lui, glacée, terrorisée et affaiblie. L’exemple même d’une dévotion parfaite dont il embrassa les lèvres.
Puis, dans le même geste, comme un signal pour une course contre la montre, contre la Mer elle-même, il saisit son poignet pour l’entraîner, dans l’interstice que les coups de hache avaient dégagés. Peu importait, le risque de salir son costume, il passa dans le trou béant, pour replonger de l’autre côté, dans le couloir désert sous les lampes vacillantes. Le courant tressautait. Il fallait qu’ils sortent. Il fallait qu’il sorte avant que le courant ne disjoncte et qu’ils ne finissent électrocutés. Il avait hésité à s’enfuir en courant, mais avait demeuré, lui tendant la main. Elle connaissait mieux les couloirs que lui, sûrement. Elle s’était saisie sa main et leurs jambes avaient entrepris une course à travers le couloir. Preminger craignait encore que les siennes ne se dérobent sous l’effort, trop statiques qu’elles avaient pu être sous le baiser de la glace et pourtant sa ténacité forçait l’ensemble à se soutenir, à se maintenir dans ce mouvement inlassable, l’ascenseur ne se trouverait plus là… Alors, ils le dépassèrent pour continuer, couloirs après couloirs, portes après portes, mâchoires serrées jusqu’à ce que se profile enfin l’escalier qui les sauverait. Il empoigna la rampe avec rage, s’y hissant ainsi qu’Alexis, se soustrayant avec délice à l’empreinte de l’eau. Puis entendit un bruit sourd venir des profondeurs, le reconnu...en plus terrible, l’odieux craquement du bois…

- « Il faut monter ! » éructa-t-il en commençant la course « nous devons regagner le pont au plus vite avant qu’ils ne cloisonnent les accès aux classes inférieures. »

Dire qu’il escalada l’escalier en moins de temps pour le dire était une claire vérité, Alexis tenait sa hâche et il tenta de ne pas penser que cela risquait d’être pour le moins dangereux si elle lui glissait des mains. Dommage, elle était un joli petit investissement. L’eau dévalait le plancher, comme à leur poursuite, souhaitant se rassasier de leurs corps.. Non. Il vivrait. Même si immuablement, le naufrage accélérait la cadence, s’infiltrant en amont, toujours, partout. Ils atteignirent l’étage supérieur, où à l’inverse, foison de populace s’agitaient dans les couloirs, en course et panique, dans les appartements des 3ème classe. Des enfants pleuraient, des hommes tentaient de se frayer un chemin parmi les autres tenant en bras leur plus jeune bambin, et les femmes abandonnaient valises et toilettes, dans une frénésie de cris, de pleurs, de mouvements et de tissus, une panique diffuse flottait dans l’air, dans un parfum d’incrédulité.
Le bas peuple dans toute sa splendeur et son effroi.
Cependant. L’horreur de la situation restait engoncée dans sa gorge, effroyable. Ils devaient monter. Et… Au plus vite ! Mais dans cette masse, la chose serait plus complexe, moins aisée, s’il fallait les piétiner, les anéantir pour s’en sauver, s’en extirper, il le ferait. Mais plus nombreux étaient les rats, moins il semblait facile de se frayer un chemin parmi eux.
Alexis semblait avoir le même constat, en moins acéré et moins fin. Sa main toujours dans la sienne, elle chuchota :

- On ferait mieux de trouver un endroit où il y a le moins de monde possible pour remonter ou on va se faire piétiner... »

Ce qui était fort juste. A travers ainsi, il ne lui semblait guère envisageable de parvenir à traverser tout en la conservant à ses côtés. Oh, il pouvait la sacrifier mais cela aurait été bien dommage… Après tout, elle saurait être utile dans la vraie vie… Dans l’hypothèse où ils parviendraient à rentrer, bien évidement.
Il grimaça, se rendant compte que l’eau glacée plaquait à présent son pantalon mouillé contre ses mollets, le faisant claquer des dents. Il fallait qu’il s’en sorte. Il le fallait. Et cette souffrance passerait. Oui elle passerait.

- « L’escalier qui dessert le fumoir des secondes classes ? »proposa-t-il après un temps de réflexion, à voix basse « Il nous faudra traverser tout l’étage mais il y a plus de chance que les couloirs soient moins pris d’assauts. Les gens veulent toujours aller au plus simple et parfois,perdent ainsi du temps... »

Alexis hocha la tête d’un air angoissé et entendu et lui dit :

- « Je vous suis... »

Alors, ils firent demi-tour, à contre-courant, traversant d’un pas vif les dédales blancs, sous les craquements effroyables, du bois des portes, qu’ils esquivaient dans un cri, évitant la vague, la main d’Alexis dans la sienne, cramponnée à sa peau. Il se focalisait sur sa chaleur, sur l’assistance qu’elle lui apportait, pour feindre ignorer la souffrance glaciale qui lui parcourait la peau. La chaleur dans l’effroi.
Une femme hurla en désignant la hache d’Alexis et se calfeutra dans son appartement au mépris de l’eau et Erwin laissa échapper un ricanement moqueur.

- « Grâce à vous, cette pauvre femme vit la pire journée de sa vie, la dernière peut-être... » ricana-t-il dans un souffle, en embrassant sa main.

Il n’y avait rien de plus jouissif que le malheur d’autrui. Il temporisait le sien, lui donnait de l’espoir, faisait flamber la bonne étoile qui luisait au dessus de sa tête. Le couperet de Damoclès s’éloignait de son cou, et la lie se rapprochait encore pourtant d’eux… Elle tournait… Il fallait qu’il s’en sorte. Une mère courait, dans le sens inverse, emportant l’un de ses enfants dans ses bras, l’autre trimbalé à ses côtés. Ils étaient arrivés non loin de l’escalier, plus ou moins vide. Alors qu’ils comptaient l’emprunter, l’enfant trébucha aux pieds d’Alexis, sa tête heurtant le sol, dans un cri étouffé. Et elle tourna la tête vers lui, figeant son escalade subite à ses côtés.
Alors, il pressa ses doigts, pour la ramener à lui :

- « Alexis » rappela-t-il d’une voix pressante et flagrante « Chacun joue sa partie. Nous ne pouvons pas les sauver. »

Alors avait-elle tourné un regard vers lui. Et il y lut une dose de surprise. Non pas douloureuse comme il avait pu le présager et comme le cœur passionné et compatissant de Georgia lui aurait lancé mais averti et lucide. Il y lut ce qu’il avait recherché, une tristesse évidente mais un raisonnement clair  :

- « Je sais ».
- « Alors parfait. »

Et pressons nous. Il n’avait pas besoin de l’ajouter. La peur prenait le pas, dans chaque pore de leurs corps, pressant leurs pas, montant l’escalier, vide. Au dessus de leurs têtes, le bourdonnement effrayant des cris augmentait dans leurs oreilles, dans une effusion de cris. Le pire n’était ni au devant d’eux, ni derrière, il était autour d’eux. Il se vivait. Les canots… Pourvu qu’il restât des canots… Mais Ismay serait déjà à bord. Archibald Gracie aussi… Et tous leurs amis. Tous ceux qui partageaient la clique de Benjamin Guggenheim, mangeaient avec lui, riaient avec lui, l’enviaient, l’admiraient, critiquaient Léontine… Tous partis ou voués à périr sans se battre, sans vivre… Des fantômes inutiles. A qui se fier encore ? Qui utiliser ? Qui atteindre pour assurer ses arrières ? Il ne comptait que sur son génie.
L’escalier déboucha jusqu’au fumoir des secondes classes, vide, qu’ils traversèrent pourtant, prenant à peine garde aux chaises et fauteuils qu’il comportait. Flottait encore dans l’air l’odeur du tabac récemment fumé, entourant les lieux dans un souffle chaleureux contrastant avec le vide glacial de la pièce et le crépitement de l’eau. Il y a peu encore, des âmes innocentes occupaient l’endroit et il apparaissait que l’âme qu’avait pu habiter la pièce demeurait encore, éphémère, indifférente au danger qui se profilait, chaque minute de plus plus proche que jamais.
Au fumoir succédait le restaurant où les tables renversées à la hâte, furent des obstacles complexes. Il buta, un instant contre l’autre, se rattrapa à la nappe et à l’extrémité du bois qu’elle cachait en dessous, feignant d’ignorer la douleur. Le froid avait anesthésié une bonne partie de sa jambe et pourtant il lui sembla ressentir plus vivement le coup qui se changerait en bleu. Alexis par déséquilibre avait vacillé et il avait craint que la hâche ne lui tombe des mains. Fort heureusement, cela n’était pas arrivé. Elle possédait une certaine force, il fallait l’avouer, se remémorant fugacement sa silhouette se fondant dans l’obscurité, sa licorne sous le bras…. Combien devait peser ce petit monstre ? Est-ce qu’on devenait friand de questions sans intérêts en péril imminent ?
Au dehors, l’effervescence se renforçait encore et il inspira profondément. Ils avaient passé le premier cap, il restait le second. Et ils ne pouvaient se permettre de rester ainsi. S’ils n’étaient pas sur le pont, aucune chance ne leur sourirait jamais. Cela serait fini. Disparu à jamais dans un paradoxe temporel ridicule.

- « Vite…. Ne perdons pas de temps. »

Pour monter, il tourna vivement, tâchant de deviner l’agencement des portes, des couloirs, glissant entre deux couples, Alexis à sa suite. Inutile de courir et traverser l’ensemble complètement… Si ses calculs se trouvaient bons, l’escalier non loin de là menait directement au pont. La foule s’y trouvait, aussi mais la circulation restait suffisamment fluide pour que cela soit empruntable. Il s’y engouffra, attirant Alexis à sa suite. D’autres couraient à leurs côtés, dans un empressement partagé. Sans le moindre ménagement, il repoussa quiconque, un déluge de bras, de côtes d’épaule, sans la moindre considération de l’âge, le sexe et la qualité. [color:64b5=#A30C0C]« Ma vie vaut sans conteste bien plus la leur, et si la mort m’emporte, elle les emportera tous « . Qu’Alexis tienne le rythme. Mais au fur et à mesure qu’ils avançaient, il le perçut…. Les grilles que refermait sur eux les officiers et les cris de panique et d’indignation des gens qui hurlaient.
Non ! NON ! Sa fin ne serait pas. Repoussant avec hargne un couple, contre le mur, il accéda à l’avant, rejoignant d’autres individus bondissant, vociférant dans un mélange de fureur et d’angoisse comme des singes dans une cage, réalisa l’ancien ministre. Non loin de là, deux officiers, leur ordonnait de reculer, renfermant avec difficulté le mur de fer qui se dressait entre l’eau et l’éventuelle survie.

- « Laissez-moi passer ! » hurla-t-il en agrippant les barreaux, la tête collée aux barres,

Pour toute réponse, l’officier l’observa d’un regard sévère et s’adressa à l’ensemble de la masse, sans lui prêter plus attention que s’il avait été transparent, et affirma :

- « RECULEZ ! RECULEZ TOUS ! »

Non ! Il ne reculerait pas. Mourir noyé, ici dans la masse, avec la populace. ? Pour qui le prenait-on ? Arrachant de ses ongles la main femme paniquée qui tentait de se frayer un chemin sur les barreaux, envahissant son espace personnel, il hurla, le coeur battant de panique :

- « Je vous ORDONNE de m’OUVRIR CETTE PORTE ! »

Ses mains appuyèrent sur les barreaux, se revoyant brutalement quelques minutes plus tôt tirant paniqué sur ses menottes. Tout ça pour ça ? Tout pouvait être aussi cruel que lui ? Impossible. «  Le 14 avril 1912, Benjamin Guggenheim était mort noyé sur le Titanic ». NON. NON. Il n’admettrait jamais la mort. C’était INENVISAGEABLE ! INENVISAGEABLE ! Pour qui le prenait-on ? Il était PREMINGER ! Et personne n’enfermerait PREMINGER pour une fin aussi grotesque et aussi méprisable. Surtout aux côtés de la racaille…. Preminger n’était pas connu ici… Mais Guggenheim si. Aussi hurla-t-il

- « AVEZ-VOUS LA MOINDRE IDÉE DE QUI JE SUIS ?
- « Ta vie vaut mieux que celle des autres ? » hurla-un individu aussi grotesque que graisseux en lui attrapant le col.
- «Hors de mon chemin.. Sale petit miteux… ! »

Il le repoussa d’un air dégoûté, l’envoyant valser contre un enfant, les observant perdre l’équilibre et s’écraser face contre terre dans un brouhaha général. A vrai dire, il n’avait fait que voir la scène d’un œil absent, l’esprit focalisée sur sa peur et sa rage de vivre qui bouillonnait en lui, le faisant se retourner sur les deux officiers, les apostrophant avec hargne :

* SALES IMBÉCILES ! JE SUIS BENJAMIN GUGGENHEIM ! Et je VOUS ORDOOOOOOOOOOOOOONE D’OUVRIR CETTE POOOOOOOOOOOOOOORTE »

- « Guggenheim ou pas vous ne passerez pas !  Tous autant que vous êtes »

Pensait-il que sa vie valait plus que celles des autres ? Oui ! OUI. Bien évidemment que oui ! Mais il prêchait une cause perdue, évidement. Il voyait le regard faussement désemparé de l’agent et ce qu’il cachait en réalité : une satisfaction de pouvoir cloisonner un être aussi superbe que lui et lui attirant de par la même occasion l’hostilité des autres. Mais que pouvait bien lui coûter ou non l’hostilité d’autrui ? Eux qui auraient du être en train de le vénérer, de prier pour lui, de se couper les cheveux en quatre pour l’aider à sortir… « Chacun jouait sa partie » avait-il proféré à Alexis et rien n’était plus vrai à cet instant précis. Chacun s’indifférait au sort des autres à peine teintaient leurs sentiments à une pointe de pitié, tous suivaient son propre fil de survie, avec toute la hargne dont ils étaient capables. Et les grilles ne s’ouvriraient pas.
Pas de l’extérieur en tout cas….
Alors, il tourna son regard vers l’intérieur de la cage, évitant de se focaliser par les remous de l’eau qu’il entendait et ressentait comme une mélodie qui chantait pour lui, pour Benjamin Guggenheim et planta son regard tranchant dans les yeux bleus d’Alexis. Il leur trouva le reflet d’acier qu’il était venu y chercher et la même résolution froide qui faisait corps dans son esprit. Dans un mouvement vif, désigna la porte en criant d’un geste de la main :

- « Détruis ces barreaux ! DÉTRUIS-LES ! »

Il n’avait pas besoin de lui expliquer comment, elle le devinerait sans peine, possédant seul l’instrument qui pouvait effectuer le miracle vers leur liberté. La hache bien dosée pouvait en venir à bout. Il le savait. Il l’espérait surtout. Elle la maniait avec efficacité et il ne l’aurait remplacée pour cette tâche pour rien au monde. Mais à cet instant précis, là où le coupe-papier ne parviendrait à rien crocheter, cette arme de fortune consistait en leur seul espoir. Et il s’y rattacha avec toute la force possible qu’il croyait en sa Destinée.
Il la laissa lui passer devant, tandis qu’elle criait brandissant sa hache :

- « RECULEZ ! MAINTENANT »

Les autres passagers cessèrent un bref instant de faire leur vacarme, faisant cause commune pour la passer. Tous espérèrent et prièrent l’espace de sa montée pour la réussite, suspendus à l’éclat de la hache, qui luisait comme une source de salut. Un bref instant de communion avant que l’individualité ne reprenne le dessus, peut important le résultat de l’exercice. Et se pressèrent contre les parois du mur dans un cri collectif.
Avant néanmoins d’abattre son outil, elle fixa l’officier droit dans les yeux :

- « Ou vous ouvrez cette porte ou je le fais ! »

Alors, l’instrument s’abattit une fois, dans un boucan de fer et d’enfer. Les deux officiers avaient effectué un pas de recul dans une sidération flagrante. Le temps d’un instant, tout le monde sembla oublier le clapotis de l’eau stagnante, le bruit des portes qui sautaient une à une, bien plus bas, dans un déluge infernal. «  Le 14 avril 1912, Benjamin Guggenheim était mort noyé sur le Titanic ». Mais pas Preminger. L’un des officiers comme reprenant ses esprits sembla flancher, esquissant un geste vers la porte.
L’autre le stoppa dans un geste puissant par l’épaule :

- « Madame ! Posez cette hache ! »

Malgré le timbre qui restait constant et l’état de nervosité pour le moins géré de l’ensemble, les deux donnaient l’impression de se retenir de partir en courant d’effroi et de panique.
Ces propos semblèrent faire monter Alexis dans un état de colère froide. Relevant la hache dans un geste contrôlé au dessus de sa tête, elle déclama posément, sous un ton brûlant :

- « Je la lâche à l’instant où vous ouvrez cette porte...je vous le promets. Maintenant, ouvrez là ou laissez lui la clé et partez »

D’un bref mouvement de la tête, elle pointa du menton en sa direction, ce qui déclencha une miette de satisfaction parmi un océan d’angoisse et de colère chez l’ancien ministre. Qui tendit la main à travers la grille, comme un rapace ouvrant ses serres. « Donne… DONNE » intimait son regard et curieusement ce qu’il promettait sembla effrayer d’avantage que l’eau et le naufrage. Les officiers blêmirent et le premier finit par faire un pas en levant les bras :

- « Très bien… Je vous ouvre… JE VOUS OUVRE ! Mais c’est peine perdue... »

Alexis, visiblement soulagée se tourna brusquement vers lui, esquissant le geste de le prendre dans ses bras. Et il se recula brusquement, paniqué de la hache toujours suspendue au dessus de sa tête. Plus qu’une tête en l’air, elle en était peut-être dépourvue…. Pire que l’épée de Damoclès, elle risquait de lui ôter la vie rapidement. Mais fort heureusement à défaut d’une concentration exemplaire, elle était lucide :

- « Pardon...j’étais trop... » sans terminer elle fixa à l’inverse l’officier dans un sourire « Merci  Monsieur, merci infiniment ! « 

Erwin l’observa poser l’arme au sol, avec un mouvement de dépit. Que faisait-elle. Pourquoi avoir négocié ainsi au risque de perdre un outil plus qu’efficace et mortel au besoin. Lui ne parviendrait sûrement pas à la soulever mais d’autres ne se priveraient pas. Comme pour confirmer sa théorie, un jeune homme se penchait déjà, prêt à s’en saisir, stoppé net par le soulier de la brune.

- « Tu la touches et je te mords ! »

Preminger émit un ricanement glacial, satisfait. Elle réagissait parfaitement, rassurant le ministre par sa relative présence d’esprit. Son pragmatisme faisait beaucoup et il ne regrettait ainsi pas de ne pas l’avoir laissée bien plus bas. La porte s’ouvrit et comme parant au mouvement de foule qui les attendait, elle se baissa promptement pour récupérer la hache, lui desservant un regard, dans un haussement d’épaules :

- « J’ai promis que je la poserai. Pas que je la récupérerai jamais. Et on en aura peut-être besoin si on a un autre barrage ».

La marée d’individus déferla sur le pont et Erwin sentit un frisson nouveau le parcourir. L’eau glaciale l’avait portée au supplice quelques minutes plus tôt mais l’air ambiant ne commençait qu’à se refroidir alors. Puis, alors qu’ils grimpaient jusqu’à l’air libre, la course les avait réchauffé. Mais là, la meurtrissure de l’Atlantique claqua sans prévenir sur leurs visages, sous la lune argentée. Le courant tenait encore, illuminant le pont, et il songea un instant à l’obscurité qui viendrait encore avec pour seul contour la lune blafarde.
Ses jambes avaient repris leur galop effréné, malgré leurs douleurs, malgré la fatigue et le point de côté qui risquait de lui couper le souffle. Ils ne pouvaient se permettre de rater les canots…

- « LES FEMMES ET LES ENFANTS D’ABORD » hurlait un officier au loin et bientôt un raz-de-marée humain comme un seul homme prit les devants vers cet ultime échappatoire.

Des visages indissociables, des masses de corps, tout, rien, ou si peu. Il les écartait avec plus ou moins de véhémence, mué par son seul instinct de survie, sans le moindre remords. Son existence entière n’avait été qu’une danse égoïste pour le prestige alors lorsqu’il s’agissait de vivre, pourquoi la moralité aurait-elle alors eu son mot à dire ? Preminger avait affamé, ruiné des familles entières sans contempler son œuvre, sans s’en soucier autrement que par la perspective de sa victoire prochaine. Et là, il lui semblait que la finalité devenait identique. Pour vivre, pour éclairer le monde, peut-être s’agissait-il là d’un autre défi et nul défi n’était à sa mesure. « Ma vie vaut sans conteste bien plus la leur, et si la mort m’emporte, elle les emportera tous. J’échangerai toutes celles-ci pour que jamais la mienne ne cesse. » Cela l’aidait sûrement à zigzaguer dans l’horreur absolue en ne discernant que le propre spectre qui hantait ses jours. Les cris des autres ne devenaient qu’une mélopée unique, dictant, rythmant sa progression. Alexis elle courait tant bien que mal, non loin de lui. Ils s’étaient lâché la main, pour plus de faciliter pour accéder aux canots. Elle le suivrait.

- « RECULEZ ! RECULEZ ! »

Les apostrophions semblaient ne rien permettre et pourtant ils arrivèrent bientôt non loin du bord, là où l’eau noire ne paraissait qu’une masse de charbon dense et menaçante. Au large, la main posée sur le bord, Preminger aperçut au large des canots flottant. Leur plan était tombé à l’eau depuis des heures mais les apercevoir, glaça une nouvelle fois le cœur du notaire dans un sursaut d’effroi. Tout prenait fin et tout recommençait. Ses espoirs de se placer dans un canot…. Et lui effleura la perspective terrible et horrifiante d’affronter le reste. L’électrocution, l’ascension comme un flambeau du bateau dans la nuit noire. Le souffle de la mort au plus près qu’il ne l’aurait jamais pensé mordait son cou….
Il leva les yeux vers la lune où des milliers d’étoiles semblaient le contempler de leur éclat narquois, l’envoyant dans une solitude lancinante. Les abysses. L’eau glacée…. Non.
Un groupe se massait encore non loin des officiers et des coups de feu retentissaient, sous la lumière. Une femme le dépassa blonde, et il eut un sursaut, d’un geste preste sa main avait saisi son poignet au vol, la faisant se retourner, d’un bond, comme paniquée. Il la libéra ; l’espace d’un instant, ses yeux troublés avaient cru reconnaître des traits qui n’étaient pas les siens, qui appartenaient à une autre. Mais personne. Personne hormis lui, lui et Alexis, et l’épave future qui encore combattait le mastodonte d’eau. Un combat de Titans que l’un sans le savoir était voué à perdre.
Puis soudain. Un cri et un déséquilibre. Il n’avait pas besoin d’observer pour sentir le sol sous ses pieds. L’inclinaison légère, l’amorce. Cela avait commencé. La plongée. Il lui sembla que ses boyaux et l’ensemble de son corps fondaient subitement et il se plaqua contre la rampe pour ne pas s’évanouir sous le choc, les yeux révulsés d’horreur.
Portant une main théâtrale à son front, il dévia la tête flottante et ce fut là qu’il les vit. Les ultimes embarcations. Sa planche de salut. La vision lui donna un coup de fouet monumental. Chacun jouait sa partie et la sienne n’était pas terminée.
Saisissant le bras d’Alexis, il fonça vers l’amarre, là où les officiers livides préparaient les manœuvres. Une musique lancinante et poignante lui saisit l’âme, non loin de là-bas. Il la reconnu « Nearer, My God, to Thee ». Le ramenant brutalement à l’arrivée de ce matin. « J’ai vu tout ce qui se fait sous le soleil ; et voici, tout est vanité et poursuite du vent ». Se gorgeant de la dose de haine que la musique distillait à nouveau dans ses veines, il avança jusqu’à l’officier, là où les femmes se pressaient, là où encore beaucoup se mouvaient. Ils avançaient, il y était presque... jusqu’à ce qu’une main ne le retienne brutalement, lui barrant le passage :

- « Monsieur, je regrette… Les femmes et les enfants d’abord ».
- « LAISSEZ MOI PASSER »

Sa voix avait pris un accent suraiguë où la peur et la malveillance fusionnaient dans un étrange résultat. Il sentait son corps faire pression de toute sa rage mais cet étau humain l’empêchait d’accéder à sa sortie, lui dont le corps fatigué peinait à forcer autrui sous l’effet de trop d’émotions. Il tremblait, hoquetait d’une épouvante rageuse

- « Je regrette. » répéta-l’officier
- « Peu m’importe si vous ne vous souciez pas de la survie de votre misérable existence, elle n’en vaut guère la peine, mais vous allez nous laisser passer. Savez-vous qui je suis ? Benjamin Guggenheim... »

La main dans la poche de sa veste, il trouva dans son porte-feuille et en sortit des liasses qu’il glissa dans la poche de l’individu avec un dégoût hâtif. Et sa vue se trouva brutalement brouillée par une pluie de feuillets verts. Que… ? Venait-il vraiment de lui jeter sa fortune éparse à la figure ? La consternation et la rage firent une tempête plissant ses yeux. S’il l’avait pu, il aurait distillé la mort à l’individu à la seconde où sa vision lui permit d’échanger un regard.

- « Mais rien n’empêche Madame d’embarquer » continua stoïque l’officier.

Madame ? De qui parlait-il ? Le regard figé, Erwin tourna la tête pour contempler la personne à qui l’officier venait de s’adresser. La réponse était évidente. Si évidente qu’il ne l’avait même plus envisagée… « Un magnat du cuivré nommé Benjamin Guggenheim avait embarqué avec sa maîtresse, Léontine sur le Titanic, après l’avoir rencontrée à Paris, où il venait pour faire l’acquisition d’objets d’arts. Et où il avait fait la connaissance de cette chanteuse de cabaret. Dans la nuit du 14 au 15 avril 1912… Benjamin Guggenheim était mort noyé sur le Titanic. Léontine Aubart avait monté dans un canot et avait survécu. »
Alexis se tenait devant lui. Il la voyait sans la voir, telle qu’elle était, telle qu’avait pu être et pouvait devenir sous sa coupe. Il revoyait son premier regard, les courbes de son corps, la manière dont ses iris s’accrochaient aux siens et s’accrochaient encore… Il contempla sa robe violette que la lune faisait luire de ses rayons d’argent.
Léontine survivait… Elle survivait toujours. Et Benjamin mourrait. Il mourrait toujours.
C’était son destin d’embarquer, pas le sien.
Pouvait-il l’envisager ?
Non. Il ne la laisserait pas passer. Il ne la laisserait pas partir. « Si la mort m’emporte, elle l’emportera aussi.»
- « Mais Madame n’embarque pas sans Monsieur voyons vous ! Il y a de la place pour deux, sur ce canot »

La voix d’Alexis s’était élevée froide et dure. Parfait. Si en plus elle y consentait… Si elle ne voulait pas de la place, lui ne demandait pas mieux de la prendre mais… L’officier ne l’admettrait pas. A sa ceinture luisait l’ombre de son revolver. Il pouvait s’en servir. Un individu à bout de nerfs pouvait y arriver. Et la bouffée de haine qu’il lui avait manifesté n’avait pas aidé à donner à l’officier une opinion favorable de lui. Il fallait qu’il monte… Il le fallait. Au détriment de tout s’il ne fallait, au détriment de tout. La place était pour lui.
Pendant qu’il tentait d’obtenir de ses pensées éparses une solution favorable, l’officier secoua la tête :

- « Je regrette Madame...Les ORDRES c’est les femmes et les enfants d’abord ! Les places sont pour eux, ce sont les ordres... »
Au moment même où se décidait sur une approche, Alexis inspira un grand coup, hésitante, faisant un pas, les yeux droit dans ceux de l’officier :

- « Et moi Monsieur, il se trouve que je suis ENCEINTE à l’heure où je vous parle et je ne compte pas monter dans ce bateau avec mon enfant sans aucune possibilité de l’élever dans la dignité qu’il méritesi son père ne monte pas avec moi ! Vous voulez peut-être prendre le temps de vérifier ? Après tout, ce n’est pas comme si nous coulions... »

Comme muée d’une férocité nouvelle, ses mains avaient commencé à défaire son gilet de sauvetage, sous l’oeil gêné de l’officier. C’était remarquable, une bonne improvisation… Mais… Une image ramena l’Ancien Ministre à leurs récents ébats, au corsage d’Alexis… Se pouvait-il que… ?

- « Trésor que diable… ? » murmura-t-il

Pouvait-on cesser de lui rajouter un facteur d’inquiétude complémentaire à chaque seconde ? Alexis lui fit face, se détournant complément de l’officier, pour affirmer d’un ton sans appel :

- « Je ne pars pas sans toi, je refuse d’élever cet enfant seule, d’accord ? Alors si je dois être inconvenante, je le ferais.. ! »

Il relâcha la main qui avait saisi son coupe-papier, peut-être était-ce inutile à présent ? Peut-être suffisait-il qu’il touche ce ventre dans un air aussi désespéré que possible, il le faisait à présent, tout en priant que cela ne soit que propre à Léontine, pour attendrir un homme ? Ils devaient avoir l’air fins à s’échanger des regards mélodramatiques, et il se permit même de l’attirer à lui pour ajouter de la tension, tout en retenant son envie de laisser tout pour tenter de filer ventre à terre vers le canot. Non. Il se ferait rattraper avant….
Et qui sait, s’il ne se focalisait pas sur le sol qui tanguait à ses pieds, sur les cris qui s’intensifiaient aux alentours, sur la seule étreinte de la peau d’Alexis, sur l’oeil presque attendri de l’officier, peut-être qu’il parvenait à y voir l’échappatoire qu’il attendait tant…. Tout ce qu’il voulait… Si près, si proche du but…
L’officier ouvrait la bouche… Mais ce fut un autre son qui domina soudain la foule :

- « Léontine ? »

Preminger tourna à peine la tête, pour observer un individu inconnu à ses yeux, fondant la foule, pour s’arrêter devant le spectacle qu’ils offraient aux yeux de tous. Un couple en panique…

- « Que fait-il là ? Pourquoi n’es-tu pas sur le bateau ? » apostropha-l’inconnu d’une voix sèche en direction d’Alexis

Vêtu d’un long manteau chaud et sombre et d’un chapeau long, cet homme ne faisait pas partie de leur cercle. Ne leur avait jamais adressé la parole jusqu’alors et pourtant il semblait les connaître. Très bien même, songea Erwin.

- «  A quoi joues-tu ? Es-tu devenue folle ? Et pourquoi tu te prends pour Jack Nickolson ? »

Jack Nickolson ? Comment diable pouvait-il seulement connaître Jack Nickolson ? C’était impropable, impossible… C’était… Un effet de la distorsion du Temps ! Et peut-être dans un autre contexte cela lui aurait-il arraché de l’espoir. Mais pas à cet instant précis où l’individu les toisait avec une haine sincère. Bien moins intense que celle qui suintait de toutes les pores du notaire mais suffisamment néfaste pour que Preminger sache qu’il avait affaire à un ennemi. Un ennemi de Guggenheim. Plus encore, il le considérait plus qu’avec hostilité mais avec une sidération manifeste, comme si sa présence en ces lieux consistait en une hérésie mystérieuse. Il fulminait… Et ses yeux sombres s’agitaient dans une colère noire, contre eux… mais plus encore. Erwin abaissa le regard sur la cause de son courroux. Sa mine contemplait le ventre de la jeune femme ? Non. Pas le ventre…. Enfin…. Pas seulement. la ventre et sa main.

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La famille est un lieu où tout le monde vous aime, peu importe comment vous êtes, ils vous acceptent pour qui vous êtes.

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« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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________________________________________ 2020-11-11, 10:14 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Pour que ce jour compte...


C’était comme si j’étais passée dans une dimension parallèle, un étrange tunnel noir et glacial avec au fond une douce lumière que je ne parvenais pas à atteindre. J’avais beau courir et me démener, elle semblait toujours aussi loin. J’avais l’impression d’être dans mon pire cauchemar, ce genre de moment où on était poursuivi par un tueur et où on ne parvenait plus à hurler, à appeler “à l’aide”, forcé au mutisme. Et puis ce n’était pas tout, s’ajoutait à l’horreur la force qui diminuait dans nos jambes, cette impression terrifiante de s’épuiser à courir en surplace tandis que le monstre sanguinaire se rapprochait à grand pas. Il n’y avait plus rien que ma terreur et mon envie folle, ce déterminisme à tout épreuve de vouloir m’en sortir. L’eau avait ralenti notre action, puis les gens, puis les meubles. Un cauchemar sans fin empilant les obstacles sur notre chemin les uns après les autres. Il n’y avait que la chaleur de sa main dans la mienne, toute relative qui très souvent humidifiée par l’eau glacée, qui me rassurait un peu. On était une équipe et on y arriverait. J'avais eu un mouvement en enfant pour tenter d’aider un enfant qui s’était effondré au sol, sachant pertinemment que je ne pourrais pas le sauver. On ne pouvait pas défaire ce qui était fait. Et j’avais déjà un enfant à sauver, MON enfant... aussi incroyable que cela puisse paraître. Et la guerrière qui se terrait depuis si longtemps en moi, enfuit sous des couches de peur successives avait fini par atteindre son paroxysme face à la grille fermée et à l’égoïsme cruel de ces deux foutus connards qui avaient sciemment fermés les grilles sur une montagne de personnes, les condamnant sans appel à la noyade.

- Détruis ces barreaux ! DÉTRUIS-LES !

Sa voix avait vrillé dans mes oreilles, un vrombissement puissant qui avait pleinement réveillé la bête en moi. Le visage fermé, froid et déterminé, je lui étais passé devant pour accomplir ce qu’il me demandait. J’avais fini par m’habituer à ses excès puissants de rage, à sa violence envers les autres, cet homme qu’il avait jeté sur cet enfant, sa voix qui n’avait plus rien de séduisante, déformée par la colère et la terreur, ses ongles qui avaient griffé la main de cette femme jusqu’au sang. Je n’avais jusqu’alors pas fait ne serait-ce que le quart de ce qu’il avait fait mais je ne pouvais pas lui en vouloir, comprenant sa panique, sa peur de mourir. Tout le monde ne réagissait pas pareil face à la Mort, à cette chose inéluctable qui arrivait parfois dans d’atroces souffrances. J’avais plutôt tendance à me fermer comme une huître, à rester silencieuse et à agir tant que je le pouvais encore. Il était bien plus vociférant, exubérant et sans aucun doute cruel. L’homme était un animal pour l’homme quand il ne restait plus qu’une place sur le bateau de la Vie. Mais en cet instant, lorsque son regard avant croisé le mien, lorsque son ordre avait transpercé mes tympans, je m’étais sentie proche de lui, comme accordé. Cela était peut-être dû au tutoiement. Jusqu’alors jamais il ne s’était permis cette familiarité et jamais je ne me l’étais permise non plus, comme si, malgré notre intimité, il restait une couche de pudeur, de retenue qui nous empêchait de nous livrer l’un à l’autre, nous montrer sous notre véritable jour. Et en cet instant pourtant, tout avait volé en éclat comme un cendrier de Crystal s’encastrant dans la surface lisse d’un miroir. Il n’y avait plus rien de lisse, il n’y avait que cette torture de terreur qui nous torpillait le ventre, révélant le pire d’entre nous, les choses les plus intimes, celles qui nous permettaient de nous voir et nous rapprocher, faisant exploser tout le vernis pour ne garder que le côté brut de nos âmes.

Nos mains s’étaient pourtant lâchées en arrivant sur le pont et j’avais commencé à courir à sa suite, du mieux que je pouvais, le souffle court par tous ses exercices, tremblant de tout mon être, le tissu de ma robe me collant aux jambes, ralentissant mon allure considérablement. J’avais si froid que mes dents claquaient de façon incontrôlable. Mon corset m’étouffait malgré son détachement, j’avais l’impression que mon cœur allait exploser, se gorgeant de bien trop de sang comparé à ce que je pouvais encore supporter. Et une dernière épreuve se trouvait devant nous, parce que nous n’en avions apparemment jamais assez n’est-ce pas ? Epuisée, à bout de nerfs, j’avais tout de même joué mon rôle de femme enceinte éplorée, choisissant à mon tour le tutoiement, plus dans mon rôle larmoyant que dans un véritable contact implicite. J’avais alors senti sa main se poser sur mon ventre tandis qu’il attirait mon corps contre le sien et j’avais vibré d’une énergie nouvelle, indescriptible et puissante que je n’avais alors jusqu’alors jamais connu. C’était incroyable, imprononçable, ça m’en avait presque coupé le souffle, me faisant monter les larmes malgré moi, trouvant dans son regard toute la surprise de cette nouvelle que j’avais pourtant fait de mon mieux à garder pour moi.

- Léontine ?

C’était comme s’il venait de m’arracher à tout ce que j’étais en train de vivre, comme si d’un coup les hurlements qui s’étaient fondus jusqu’à disparaître dans mes pensées étaient revenus en plus violent, plus sonore. Je sentais de nouveau le sol se dérober sous mes pieds, je sentais moins la chaleur de sa main sur mon ventre. J’avais tourné la tête en clignant des yeux avant d’observer le Templier avec horreur. Oups et lui d’abord qu’est-ce qu’il foutait encore là ?! Il était pas au courant qu’on coulait ?

- Je peux te retourner la question...
- A quoi joues-tu ? Es-tu devenue folle ? Et pourquoi tu te prends pour Jack Nicholson ?
- Qu... quoi ?

J’avais pas rêvé ? Il avait bien parlé de Jack Nicholson ? LE Jack Nicholson qui devrait naître environ 25 ans après ce tragique évènement ? Déroutée, j’avais baissé les yeux sur la hache que je tenais toujours à la main. Mais lui en revanche avait ses yeux qui s’était posé sur bien plus grave, la main d’Erwin posée sur mon ventre. Levant de nouveau mon regard vers son visage, j’avais pu y voir tout le dégoût et la douleur de la trahison.

- Attends... Non... C’est pas ce que tu crois...
- Alors explique-toi... tu as présentement 2 minutes pour le faire...

Le ton était si menaçant que ma gorge en était devenue sèche immédiatement.

- Je me suis sentie mal... il a juste tenté de me rattraper... J’avais une douleur au ventre et il a posé sa main juste pour me venir en aide... sans doute quelque chose que j’ai mangé...
- Vous feriez mieux de monter dans ce bateau madame dans ce cas, il est possible que le bébé ai été touché...

Et sinon il pouvait pas fermer sa gueule, lui ? Je m’étais retournée, sidérée vers l’agent d’équipage qui semblait s’être rendu compte de sa bourde et qui était retourné à son canot. J’avais entendu au loin que son collègue lui annonçait que le canot était presque plein, il fallait agir et vite.

- Laisse-nous prendre le canot, s’il te plaît... tu sais très bien que cet enfant doit vivre...
- Il aurait peut-être fallu y penser avant de le lui dire.

Il avait jeté un signe de tête haineux en direction d’Erwin et j’avais senti des larmes de panique poindre en moi, mon cœur battant la chamade.

- J'ai juste tenté de nous faire monter dans un canot pour le sauver...

J’avais posé ma main sur mon ventre mais il s’était mis à hurler :

- MAIS LUI DOIT MOURIR BON SANG !
- Je...

J'étais à cours d’argument, littéralement. Du coin de l’œil, j’avais vu le canot commencer à descendre, beaucoup plus vite que n‘importe quel canot. Le temps pressait, la proue s’affaissait dangereusement. Il était trop tard pour se jeter dedans... Et vu la foule qui se massait devant et tentait d’en faire de même, il était fort à parier que nous n’y arriverions pas. Le bateau plongeait de plus en plus vers l’avant, vers son inexorable destin et je commençais à avoir du mal à tenir debout. C’était arrivé brusquement, soudainement, j’avais vu le Templier sortir son revolver de la poche intérieur de son manteau et viser Erwin :

- NON !

Sans réfléchir, je m’étais jeté vers l’avant, droit sur lui, levant son bras qui tenait larme en l’air. Le coup partir dans un bruit assourdissant, la balle se perdant dans les airs, tandis que je basculais avec l’homme, moi vers l’avant, lui vers l’arrière. Nous étions tombés dans un bruit sourd et j’avais juste eu le temps de placer mes mains en avant pour protéger au maximum mon ventre que déjà l’homme faisait volteface, m’allongeant sur le dos, à califourchon sur moi. J’avais vu la rage et la haine dans son regard alors qu’il avait posé ses deux mains sur ma gorge pour la serrer au plus fort, oubliant apparemment que je portais l’Avenir. Dans l’émoi, j’avais lâché ma hache et lui le revolver et j’avais agrippé mes mains sur les siennes, tentant de lui faire lâcher prise, suffoquant. Et soudain, sa prise s’était un peu desserrée, ses yeux s’étaient agrandis sous le coup de la surprise :

- Enora ?

Euh... Oui ? Mes yeux s’étaient également écarquillés sous le constat, c’était de plus en plus étrange. Luttant toujours pour la vie, j’avais tenté d’enlever ses mains de mon cou maintenant qu’il serait moins mais il semblait d’autant plus paniqué :

- C’est... c’est impossible, tu... tu ne peux pas déjà être là...

Il m’avait regardé abasourdi et soudain son regard était devenu encore plus noir tandis qu’il serait de nouveau, de plus en plus fort. Je m’étais mise à griffer ses mains, n’entendant presque plus ce qu’il vociférer :

- Nous n’en sommes pas à cette génération de Child, tu devrais être à Storybrooke, c’est impossible... C’est...

PAN !

Sous l’effet du choc, j’avais fermé les yeux, sentant quelque chose d’humide se projeter contre mon visage. Je n’avais pas osé les ouvrir tout de suite, sentant la prise se desserrer et le corps de l’homme me tomber lourdement dessus. D’un revers de main, j’avais essuyé mes lèvres pour me permettre d’ouvrir la bouche, prendre de nombreuses goulées d’air salvatrice qui m’avaient tant manqué. J’en avait la tête qui tournait, je n’étais pas loin de l’évanouissement. Une minute de plus et il en aurait été fini. Ouvrant les yeux je comprenais enfin mon environnement. Sentant toujours le corps de l’homme sur moi, je l’avais soulevé pour observer ses yeux vides, sans vie. J’avais observé ma main pour observer quelques gouttes de sang et j’avais repoussé le cadavre dans un hurlement puissant... aussi puissant que me le permettait ma gorge et ma trachée écrasée. Petit à petit, toutes les infos me venaient à l’esprit, j’avais vu Erwin, le visage plein de rage, debout, la main tendue. Il venait de lui tirer dans la tête, me sauvant la vie au passage. Je l’avais repoussé avec les pieds avant de me relever aussi vite que je le pouvais, observant avec terreur, l’inévitable l’eau qui bouillonnait en face de moi, dévorant le pont à une vitesse hallucinante, se rapprochant de moi. Attrapant la main d’Erwin, je l’avais attiré vers un petit couloir pour passer de l’autre côté du pont :

- Il reste peut-être un canot de ce cô...

Le spectacle était désolant. Il restait effectivement un canot mais ils avaient attendu bien trop longtemps avant de le mettre à flot et ce dernier s’était retourné, se faisant submerger par les flots qui le prenaient de toute part. C’était trop tard. Il ne restait plus que deux solutions... sauter maintenant ou rester sur le bateau le plus longtemps possible, tel Jack et Rose...

- Vous êtes bon nageur ou pas ?!

Il avait secoué furieusement la tête :

- Oui !! Mais... il faut s’éloigner... si tout se brise en deux... l’électrocution... il faut monter...

J’avais hoché la tête d’un air entendu et je m’étais remise à courir avec lui vers le haut du bateau. Si la Fin du Monde devait ressembler à quelque chose, elle ressemblerait sans doute à ça... terrorisée, j’avais tenté de suivre le rythme tandis que le bateau l’inclinait de plus en plus, ralentissant notre course. Les hurlements venaient de toute part, je voyais des personnes qui se battaient, d’autres qui se poussaient avec violence tandis que certains se jetaient par-dessus bord dans un dernier geste désespéré. Nous avions fini par atteindre le centre du bateau et l’eau, inarrêtable poursuivait sa course en notre direction, de plus en plus rapidement.

- VITE VIIIIIIITE !!!

Je m’étais mise à pousser Erwin pour qu’il accélère, l’aidant à déplacer les gens sur notre chemin. La foule se faisait de plus en plus dense à mesure que nous avancions, certains tenaient leurs bagages en mains, dans la folie dérisoire qu’ils s’en sortiraient peut-être et en aurait besoin. C’était irréel. Je continuais à poser les gens, montant l’escalier qui nous amenait au pont suivant aussi vite que je le pouvais, le froid mordant toujours mon visage, mes vêtements de plus en plus glacials. Nous étions presque arrivés à la poupe et j’avais tourné la tête pour voir un groupe de gens agenouillé face à un prête qui récitait ses dernières prières :

- Sainte Marie, mère de dieu, priez pour nous pauvres pécheurs...

J’avais senti un sanglot remonter le long de ma gorge tandis que mon cœur battait à tout rompre. On y était. C’était la Fin... La toute Fin. Il n’y avait plus d’endroit pour fuir, plus d’endroit non plus pour Vivre... j’étais en train de monter le dernier escalier et je sentais que l’ascension devenait de plus en plus dure, le bateau penchant dangereusement vers l’avant à présent...

- Puis je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle.

Poussant de toutes mes forces sur mes jambes malgré mes chaussures à talons, ma main de nouveau dans celle d’Erwin, nous nous étions hissés jusqu’à la balustrade de la poupe. J’avais beau me trouver exactement à l’endroit où Jack et Rose s’était rencontré et avait fini leur course, je n’en tirais à présent aucun plaisir, terrorisée par la suite des évènements. Les lumières vrillaient de plus en plus, s’éteignant à présent pour quelques centièmes de secondes avant de se rallumer, les cris étaient de plus en plus fort. Comme une enfant, plus pour me rassurer que le partager, je l’avais quand même dit, une boule au fond de ma gorge :

- Erwin... j’ai peur...
- Comme tout le monde ici !

Il l'avait hurlé, agressivement, de façon totalement paniqué et je n'avais pas bougé de ma position. Je ne lui en voulais pas. Oui. Tout le monde avait peur. Ca me faisait juste du bien de le dire et lui ça lui faisait peut-être du bien de me le hurler. Il avait pourtant rajouter plus calmement, plus mécaniquement aussi, comme s'il tentait de s'en convaincre, dans un glapissement :

- C’est impossible... impossible! On ne peut pas mourir. Impossible.

Quel miracle pouvait-il nous rester à présent ? Quand est-ce que tout cette horreur allait se terminer ?

- … et il n'y avait plus de mer.

Ooooh que si, il y avait la mer, l’océan même de toute part, nous cernant toujours un peu plus. La poupe se soulevait de plus en plus, de plus en plus rapidement aussi et je m’agrippais à la balustrade comme je me raccrochais à la vie : de toutes mes forces.

- … et Dieu lui-même, Dieu sera avec eux et il sera leur Dieu.

La voix du prête était la seule perceptible dans tout ce tumulte et mon cerveau tentait de s’y accrocher comme pour occulter tous les autres bruis environnants. Plongeant ma tête sur le torse d’Erwin, par-dessous son bras, j’avais fermé les yeux, répétant comme une prière :

- Dis-moi qu’on va s’en sortir, par pitié, dis-moi qu’on va s’en sortir...

J'avais senti son étreinte se faire plus forte. Dans d'autre circonstance, il aurait pu me faire mal, tant il rattachait sa prise, mais pas en cet instant, en cet instant, plus que d'accepter ce geste, je ne prenais tout entier pour m'en soulager.

- On va s'en sortir.

Sa voix était brusque, rigide, comme s'il tentait de s'en convaincre. Elle était blanche aussi, trahissant sa propre tétanie. Il avait marmonné de nombreuses choses au sujet de la "pitié" et de la "destinée" mais je n'avais pas tout compris, se marmonnant plus à lui même que pour moi.

- Et dieu sèchera lui-même toutes les larmes de leurs yeux. Et de mort il n'y en aura plus aucune et de cri il n'y en aura plus aucun et de pleine il n'y aura plus aucune car l'ancien monde aura totalement disparu.

Ce fut la dernière chose que j’entendis. L’arrière du bateau s’était alors levé d’une façon vertigineuse, presque à la verticale et je n’avais pas bougé ma tête, fermant toujours les yeux, les mains si serrées sur la barre que mes jointures en étaient translucides.

- Ne bouge pas, ne bouge pas encore, il va se casser en deux, on va retomber brusquement il faut qu’on reste de ce côté...

Soudain, toutes les lumières s’éteignirent, pour la toute dernière fois. Les ténèbres nous engloutirent brusquement et les hurlements devirent encore plus stridents. Puis il y eût un craquement sinistre et un second, jusqu’à ce que tout ne soit que brisure de bois et déchirure de ferraille, cassage d’os et écrasement de chair, hurlement de terreur et pleurs de supplications. Le navire se brisa alors en deux et soudain, la poupe retomba en direction de l’eau à une allure vertigineuse, m’arrachant un cri de terreur du plus profond de mes entrailles. J’avais l’impression que tous mes organes m’étaient remontés dans la gorge par la chute mais je n’avais pas vraiment le temps de me remettre de mes émotions. A peine avions nous atteins une certaine stabilité que je m’étais éveillé, dans un dernier sursaut de lucidité et de courage.

- ALLEZ, VITE ! C’est maintenant !

J’avais posé mon pied sur la balustrade et avait commencé à l’escalader rapidement et précautionneusement, m’accrochant en même temps au petit mat qui tenait une lumière éteinte à jamais. Une fois de l’autre côté, je m’empressais à passer Erwin de l’autre côté :

- Viens... attention ça glisse. Vas-y, fais moi confiance, je te tiens, je ne te lâcherai pas.
- Ne me lâchez pas... Ne me lâchez pas...

C'était un mélange assez bizarre d'un effroi sourd, d'un ordre violent mêlé à une confiance qu'il semblait m'accorder sur ce que je lui promettais. Je faisais tout mon possible pour accompagner son geste en évitant de tomber moi-même terrorisée à l'idée qu'il glisse car je ne promettais pas de avoir la capacité de retenir tout son poids, même en faisant de mon mieux.
Non sans effort, nous étions passés tous les deux de l’autre côté et mon cœur battait si fort qu’il m’en coupait le souffle. Je n’avais aucune idée de pourquoi je lui disais cela maintenant, ça n’avait absolument aucun sens. Si nous devions aller au bout de ce naufrage, il était fort à parier que nous allions mourir. Que de savoir si mon ancêtre survivrait ou pas n’aurait plus d’importance puisque je ne vivrai plus non plus. Mais l’idée de lui avouait me faisait brusquement du bien, comme si j’acceptais de lui partager mon ultime secret, mon ultime souffle, j’acceptais que mes derniers instants, c’était avec lui que je les passerai.

- Mon ancêtre... Léontine est mon ancêtre. Benjamin Guggenheim aussi. C’est... c’est mon arrière arrière arrière arrière arrière grand-mère que je porte en moi. Elle devait rejoindre les Etats-Unis pour être accueilli par mon arrière arrière arrière arrière arrière grand-père, un Child. Mais ce soir... peut-être que tout est fini... tout est trop tard... je...

J'en perdais mes mots. La poupe venait de nouveau de se lever brusquement, beaucoup plus vite que la première fois. Si vite que j’en avais fermé les yeux de peur, resserrant mon emprise sur la barre. Arrivé à la verticale, il nous semblait que nous pouvions dominer le Monde. Pensée si absurde dans ce moment de Fin du Monde. Mais nous étions si haut, si haut sur l’océan que j’aurai presque pu croire voir l’Amérique au loin. Baissant les yeux, je voyais les corps lâcher prises les uns après les autres. Les hurlements se faisaient de plus en plus faibles, bien qu’encore très puissant, à mesure que les gens perdaient la vie en lâchant leur prise. C’était un cauchemar, un terrible cauchemar de voir tous ces pauvres gens se disloquer comme des poupées de chiffon, se faire engloutir, le corps sans vie, par les remous de l’océan. Pendant 2 longues minutes, il ne se passa plus rien. Plus rien que les cris désespérés, la noirceur de la nuit, la peur au creux de mon ventre. De longues minutes qui me semblèrent pourtant passer si vite au moment où brusquement, la poupe commença à s’envoyer au fond de l’eau.

- Oh mon dieu... oh mon dieu... Oh mon dieuuuuuuu...

Je m’étais mise à hurler à mesure que l’eau dévorait tout le reste du bateau. Posant ma main sur cette d’Erwin comme un dernier geste de tendresse, je tournais la tête vers lui :

- N’oublie pas, ta respiration au dernier moment, le bateau va nous aspirer. Nous avons un gilet. Remonte le plus vite possible à la surface...

Et ensuite... on avisera... sans doute... j’avais senti une larme coulé sur ma joue tandis que je tournais la tête juste à temps pour voir l’eau s’approcher dangereusement de moi, tandis que je prenais une grand inspiration.


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Merry Christmas to Everyone

Just hear those sleigh bells jingle-ing
Ring ting tingle-ing too
Come on, it's lovely weather
For a sleigh ride together with you


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(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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________________________________________ 2020-11-15, 21:26 « If the crown should fit, then how can I refuse? »




Les vrais hommes créent eux même leur chance



Le monde est abîme et le monde s’abîmera…. Il ne resterait rien, rien de cette fragile et colossale plateforme sombrant dans un énorme râle sous les pleurs d’hommes et de femmes… Sur les bras de l’océan immuable, le navire se laisserait couler.

Et il sembla à l’Homme que le Monde devait faire roi qu’un parasite entier venait à présent briser sa destinée. Il y croyait pourtant encore, lorsque l’inconnu les alpagua prenant Alexis à parti. Prêt à foncer, à courir, à sauter, à les abandonner, Erwin l’était. Qu’importait la vie sinon la sienne ?
Mais la vue du pistolet le cloua sur place, interrompant son geste, le forçant à sauter presque pour esquiver le coup. Inutilement, car Alexis avait plongé, déviant la main, pour sauver sa vie...Le condamnant par la même occasion. Sans aucun regard pour les corps qui se débattaient au sol, ses jambes l’avaient soulevé, le propulsant jusqu’à la rembarre… Où ses yeux avaient fait une chute vertigineuse, quelques mètres plus bas :

- « Nooooooooooooooooooooooooooon ! »

Son hurlement s’étouffa de lui-même, alors qu’il semblait que l’ensemble de son corps, de ses espoirs, de ses rêves se brisaient sous le bois du canot à présent hors de portée. Et il sembla que la vie elle-même s’échappait de son corps pour tenter de s’ébrouer hors de lui pour se précipiter dans un saut hasardeux à portée de l’eau. Ses ongles griffaient la balustrade dans un mouvement compulsif. Non. Il ne pouvait pas sauter. C’était trop bas… Trop risqué. Trop mortel… Plus que à présent ? Disons qu’il y aurait là un bref et expéditif dernier voyage. Etait-ce pire que toutes les souffrances à venir ? Non mais au moins était-il encore en vie, pour le moment.
Pour le moment. Comme lointains, des cris étouffés et proches le tirèrent de sa léthargie et il se retourna. A terre se trouvaient les responsables de la débâcle qu’était devenu son plan et une fureur monta en lui, vive et meurtrière. Ce sale petit malotru avait tout fait capoter. A cause de lui, il n’osait même plus envisager ce qui adviendrait. Son seul cerveau s’acharnait soudainement et entièrement à l’envie nette de le faire souffrir et le faire payer. Le revolver cause de son désarroi avait roulé à terre et l’individu n’avait eu aucun geste pour le récupérer bien trop occupé à tenter de refermer définitivement les yeux trop lucides d’Alexis. Ce fut un jeu d’enfant de le récupérer. Et une aisance cruelle et directive dirigea son bras et son jugement. Le temps d’un éclair la détente fut pressée et le coup fusa, mortel.
A celui qui dévie, le jugement le Roi se le réserve.
Il y eut un éclair et l’impact transperça la chair du membre de l’organisation comme les crocs d’un prédateur sur le cou tendre d’une proie, dans une traînée rouge.
L’espace d’une seconde, il hésita à tirer une deuxième cartouche pour une destinataire différente. Après tout. C’était sa faute. C’était elle qui avait suggéré de descendre voir ses alliés, qui avait initié ce cambriolage inutile qui avait débouché sur un mort et la ruine complète de son plan… Sans compter les propos de l’individu. « MAIS LUI DOIT MOURIR BON SANG ! » Elle avait su des secrets qu’elle n’avait pas partagé. Pire encore, elle avait dissimulé des faits à ses yeux… Peut-être n’était-elle même pas étrangère à son arrestation fortuite. Alexis avait fermé les yeux, sous le bruit et c’était l’occasion parfaite de lui faire payer son éventuelle mort.
Mais il ne pressa pas la détente, ne fit même pas le geste. Sur le long terme, s’il s’en sortait aujourd'hui et qu’elle également, il tenait une piste, une voie bien plus importante et florissante… Recommencer du début avec autrui aurait été une perte de temps monumentale… Et puis, elle était venue deux fois, il avait donc payé sa dette. En sauvant sa vie puis en l’épargnant. Et puis sur l’amour qu’elle lui portait, il bâtirait de grandes choses. Si un demain existait, bien évidement.
Machinalement, il avait rangé l’arme dans sa veste, à côté du coupe-papier s’approchant d’un pas de la jeune femme, encore rivée au sol, choquée et secouée qui après un hurlement avait rassemblé toutes ses forces pour lui saisir la main et bondir sur ses pieds. N’ayant pas observé sa manouvre, elle cherchait encore un canot de sauvetage et l’espoir du ministre avait tressailli. Peut-être que dans sa panique, peut-être que sur le coup de l’effroi, de l’ivresse de sa rage, peut-être sa vision lui avait-elle fait défaut ? Peut-être avait-il tout simplement mal vu …
Mais non, il n’y avait plus rien. Ils n’eurent même pas le temps de s’imposer à nouveau ce constat cruel qu’il blêmit soudain encore voyant l’eau s’engouffrer sur le pont, et alors, il n’avait plus été question de colère, de haine, ou d’espoir.
Seulement de survie. Et il s’était mis à courir, en chemin inverse, faisant une course-poursuite contre le Temps, l’Océan, le Monde aussi qui se pressait sous leurs yeux. Autour d’eux dans des cris similaires aux siens, des valises en main, des enfants sous les bras. Certains s’étreignaient tombant à genoux, d’autres se poussaient dans un mouvement de foule, tétanisés ou en transe, d’autres sautaient encore pour embrasser la Mer.
Il les voyait sans les voir, comme il avait toujours considéré les autres, une masse grouillante, informe, compacte, utile mais gênante et ses pas couraient indifféremment à leurs directions, les heurtant, les poussant sans que la moindre compassion ne vienne l’étreindre. Il n’en n’avait jamais eu, aujourd'hui ne serait certainement pas le jour. Pas lorsque sa vie en dépendait.
Alexis le secondait encore, encourageant sa hargne. Il sentait encore parfois le poids de ses mains, impulsés sur son dos, pour l’encourager encore dans ce sprint pour...la Vie ? Ou quelques secondes supplémentaires, il ne savait pas, il ne voulait pas savoir. « Si je regarde en arrière, s’en est fait de moi ». L’eau grouillait non loin d’eux de son étreinte glacée et il veillait à puiser dans chacun de ses muscles insoupçonnés pour continuer la course malgré le bateau lui-même qui se dressait comme une montagne cruelle, renvoyant les individus dans les abysses bouillonnantes de glace qui leur tendaient les bras.
Encore un pas, un autre. Les cris, les autres, l’horreur et la peur. Sa poitrine se soulevait, emplissant ses poumons d’un air glacé, en continu jusqu’à ce qu’il atteigne la proue, la main d’Alexis se glissant à nouveau dans la sienne. S’agrippant à la balustrade de la poupe, il l’avait sentie se blottir contre lui, tandis que dans un geste de panique, il cédait à sa curiosité malsaine pour jeter un bref regard derrière.

- « Erwin, j’ai peur... »

En lui-même, il semblait que sa tête tournait à une vitesse catastrophique, sous l’effet de la pure et radicale panique qu’il vivait à l’heure actuelle et elle avait le CULOT de l’entretenir de ses effrois ?

- « Comme tout le monde ici ! » hurla-t-il agressivement ;

Il était à bout de nerfs. Qu’avait-elle à lui parler de ses misérables états d’âme !? Pour qui le prenait-elle ? Pour un bon samaritain ? Elle osait se plaindre alors que lui, LUI, se trouvait dans la même posture ? Alors qu’elle aurait du pleurer pour lui, s’angoisser pour lui ?

- « C’est impossible… Impossible. On ne peut pas... mourir… Impossible »

Les mots s’entrechoquaient entre ses dents qui claquaient sous le froid et la peur ; tant et tant qu’il lui semblait se dissoudre, se liquéfier encore tant et tant qu’il lui semblait que bientôt Alexis ne se soutiendrait plus nulle part et que lui glisserait jusqu’à la mort, sous le poids de sa peur. Au moins, peut-être tomberait-elle dans le choc, aussi. Et alors suivrait-elle sa promesse d’« Ensemble » . S’il mourrait à défaut de les emporter tous, il l’emportait au moins, ELLE.
Il s’agrippa à la balustrade fermant les yeux, tentant d’oublier le Monde, l’Océan, Tout. Tout sauf cette poigne fragile avec laquelle il agrippait le fer comme jamais il n’avait jamais agrippé l’or… Pitié… Pitié.

- « Et il n’y avait plus de mer…. » psalmodiait le prêtre non loin de là et Dieu lui-même. Dieu lui-même sera avec eux et il sera leur Dieu »

Alors qu’il se trouvait là, parmi les mortels, à attendre l’Heure du Combat, Preminger se reput de ces soudaines paroles qui lui semblèrent promettre...son Ascension ? Il était bien là, parmi eux, avec eux, lui, leur Dieu à tous. Et peut-être cela signifiait-il autre chose. La promesse d’un...retour à la normale. Il crispa ses paupières dans une plainte sourde. Oui, « bientôt il n’y aurait plus de mer et il serait leur Dieu à tous. Bientôt il n’y aurait plus de mer et il serait leur Dieu à TOUS » Peut-être suffisait-il de le penser pour retourner à Storybrooke ? Peut-être qu’au milieu de ce chaos, le Destin lui envoyait un appel, un message, un réconfort.
« Bientôt il n’y aurait plus de mer… « Il le répétait, le murmurait, dans sa tête ou à voix haute, il ne savait pas… Quelle importance, après tout ? « et il serait leur Dieu à tous ».

- Dis-moi qu’on va s’en sortir, par pitié, dis-moi qu’on va s’en sortir… murmura Alexis en glissant sa tête sous son torse.

Alors une de ses mains avait cessé d’étreindre la balustrade pour se rattacher à elle. De son monde, de son passé, il n’y avait qu’elle. Comme unique témoin d’autrefois et comme témoin de cet instant. De ses derniers instants ? Il ne souhaitait pas y croire. Ni y penser… « Dieu lui-même sera avec eux et il sera leur Dieu »…. Ses ongles, ses phalanges, ses doigts avaient refermés son étreinte jusqu’à dans sa chair, comme une prise dans le réel. L’espoir et l’horreur.

- «On va s’en sortir…

Il l’avait annone plus qu’il le pensait mais il s’admirait encore de parvenir à faire des phrases cohérentes. Ses lèvres formulaient des propos et dans un souffle il marmonna :

- « Impossible… ce n’est pas ma destinée, je suis roi, je ne peux pas mourir comme ça...Prenez-les tous autant qu’ils sont...laissez moi...»

Il ne savait pas à qui il adressait réellement sa prière, mais il avait besoin de le dire, de la verbaliser. S’il la cristallisait par des mots, cela cesserait-il ? La peur qui lui étreignait les entrailles, de ce frisson glacé, le flou qui s’emparait de sa vision ? Faites que cela cesse. Faites que cela cesse ! Pitié….

- Et dieu séchera lui-même toutes les larmes de leurs yeux. Et de mort il n'y en aura plus aucune et de cri il n'y en aura plus aucun et de pleine il n'y aura plus aucune car l'ancien monde aura totalement disparu.

Il n’avait que ça à faire ? Sécher les larmes du corps d’autrui ? Ne lui avait-on pas suffisamment arraché tout ce à quoi il tenait ? Son monde ? Ses vêtements d’apparats, la blancheur de diamant de ses cheveux, même son Midas. Dix années de manigances, tant d’années à s’élever à croire en sa destinée, à intriguer, à éliminer, corrompre, tout à pourquoi ? Pour qu’on lui ôte l’Ancien Monde ! Son Monde ! Et maintenant celui-ci…. Tout cela, il l’avait déjà vécu, pourquoi lui imposer ? Quel œil, quel coeur cruel s’amusait de sa déconfiture ? Quelle immense jalousie prenait plaisir à sa torture ? Que ce monde périsse s’il le fallait, il l’échangeait, il en échangeait mille pour ne pas vivre une seconde supplémentaire cette torture mentale….
Comme pour le narguer, ce fut à cet instant que se dressa sur l’eau le navire comme un flambeau dans la nuit noire. Le Titanic étincela d’horreur. Dans un cri, Erwin avait crispé sa main sur le fer du pont, crispant la totalité de son corps, résistant à l’envie de céder à l’évanouissement. Il ne fallait pas. Il ne fallait surtout pas… Un seul faux pas et cela serait la Fin.

- Ne bouge pas, ne bouge pas encore, il va se casser en deux, on va retomber brusquement il faut qu’on reste de ce côté…

¨Rester ce côté… Retomber…. Les lumières sautèrent s’éteignirent, dans un déluge de cris de souffrances et il devina que plus bas, l’électrocution avait trouvé certains. Le grésillement sinistre s’arrêta à jamais emportant avec lui de nombreuses vies.
Puis, tout devint aussi sombre que la nuit, alors que loin de s’apaiser les hurlements s’intensifiaient, montant dans des tonalités jamais atteintes. En lui, son corps s’affolait en panique, lorsqu’un bruit annonça la Fracture…. La fin du Monde…. Il entendait leurs prières, les bruits, les os, les plaintes, les râles et les cris dispersés partout autour de lui. Le reste lui parut confus, il savait qu’il avait crié en se cramponnant à la balustrade comme si elle consistait le Salut, comme si elle possédait le pouvoir de l’emporter au loin. Mais ce n’était pas vrai. Il ne savait que trop bien ce qui les attendait en suite. « Je serais mort à la minute où mon corps entier heurtera l’eau » songea-t-il avec terreur… Il ne résisterait jamais à une telle dose de néant. La froideur l’anéantirait… Sa constitution raffinée se trouvait bien trop frêle, trop précieuse pour une telle douleur… Rien que les mollets et il avait cru mourir…

- ALLEZ, VITE ! C’est maintenant !

Vite ? Quoi vite ? Ses yeux s’étaient posé sur Alexis et il avait réalisé qu’il ne la discernait que très vaguement, que ses contours, la masse… Tout semblait flou. Mais son geste, le comprit-il néanmoins. Escalader la balustrade ? Escalader ? NON ! Il n’y parviendrait pas. Impossible….
« Il faut que tu vives ! » lui incita son esprit, « fais le... » Il posa un pied peu sûr sur la première barre, épouvanté. S’il glissait… Non. Il ne glisserait pas… Son coeur battait à tout rompre dans un chaos monumental, et dans d’autres circonstances se serait-il plaqué la main dessus par crainte qu’il ne lâche. Il ne lâcherait pas. Rien. Il était fait pour vivre. Créé pour vivre. Vivre et régner.
Alexis était passée de l’autre côté et elle lui tendit la main dans une mine défaite par l’effroi :

- Viens... attention ça glisse. Vas-y, fais moi confiance, je te tiens, je ne te lâcherai pas.
- Ne me lâchez pas... Ne me lâche pas... »

C’était un ordre et une confiance à la fois, il n’avait guère le choix, il devait s’en remettre à elle… Sa vie se résumait à elle à cet instant précis. Elle possédait une bonne force.. Elle avait porté une hache jusqu’aux canots à bout de bras, tout comme elle avait porté Pétunia cette fois-là. La première fois où son chemin avait croisé le sien. Ce n’était pas pour rien, ça ne pouvait pas être pour rien. Il se hissa à sa hauteur et l’espace d’un instant alors qu’il passait la jambe par dessus de la rembarre, leurs visages furent proches et il sentit son souffle court et horrifié se mêler au sien. Effroi et peur. Souffrance et panique. Deux âmes proches et pourtant à jamais différentes vibrants dans la même tonalité d’horreur. Il acheva d’inverser sa position et l’accueillit à nouveau contre lui sans répugnance. Sa présence le rassurait... un peu. Un rappel unique de tout ce qu’il avait eu, vécu… Doucement, il posa sa tête contre la sienne, tentant d’ignorer la crampe lancinante qui tourbillonnait en lui… Elle parlait, comme les derniers mots du condamné et il l’écouta révéler le lien sordide qui la liait à Léontine, qui faisant sens avec les mots de l’homme qu’il avait abattu quelques minutes avant le Chaos. Devait-il se livrer aussi ? Devait-il faire l’honneur..ultime de lui livrer sa vie ? La perspective ravivait la terreur de l’entier moment qu’ils vivaient… S’il parlait de tout, c’était comme abdiquer, admettre la Mort…

- « Je….Il y »

Il n’y arrivait pas… Que dire ? Que pouvait-il dire ? Qu’avait-il envie de partager là, à la limite de la Vie et de la Mort, sur la frontière où rien ne comptait plus..

- « J’ai toujours vécu dans l’Absolu. Je ne me suis jamais rien...refusé » sa voix était montée dans une note stridente avant que sa gorge ne le coupe, il ferma les yeux, se serra un peu plus encore à la balustrade, à Alexis, « Alors, non. Cela ne peut être fini, ce soir » croassa-t-il, « Léontine Aubart s’en est sortie puisque vous êtes ici.. Elle est...ailleurs. C’est pour ça que nous allons nous en sortir. Ce n’est pas notre Destin de mourir ici. Pas aujourd'hui...Pas... MAINTENANT»

Il avait hurlé le dernier mot tandis que d’un seul mouvement la poupe se levait… Oh. Oh CIEL ! Dans un mouvement, le bateau était monté à la verticale, les hissant à l’horizontale à des mètres au dessus de l’eau… Et il semblait qu’il avait que son coeur était resté si bas...bien plus bas… Il s’était collé à la barre, et un poème lui avait revenu en mémoire, gravant l’instant terrible par une sincère cruauté. « Je n’aurai pas l’honneur sublime de donner mon nom à l’abîme qui me servira de tombeau. » Pourquoi ? Pourquoi lui offrait-on cette vision sublime du Ciel, des étoiles, de sa place au firmament ? Tandis que sous lui, les corps valdinguaient dans un compte à rebours sinistre, lâchant l’un après l’autre leur survie pour plonger dans leur sombre linceul… Ils rapetissaient jusqu’à se déformer à sa vue, jusqu’à ce que leur dernier hurlement soit avalé, noyé de la main même de leur meurtrier.. Mais eux tiendraient. Encore. Sauvés… Ils n’avaient d’autre choix que de discerner dans la nuit noire leur chute éperdue vers leur trépas ou de s’aveugler à contempler les étoiles luire dans cette nuit froide et sans lune. Et ce fut ce qu’il fit, refusant d’observer encore la laideur du spectacle qui s’étendait sous lui, il leva les yeux sur ce Ciel superbe, suppliant de toute son âme de tout son coeur pour sa vie sauve. Être suspendu sans le moindre mouvement que la reddition mortelle des hommes l’apaisait presque un peu…Il se sentait sauvé peut-être. En apesanteur. Préservé.
Lorsque soudain, la poupe décida de sauter dans le Grand Bain.

- Oh mon dieu... oh mon dieu... Oh mon dieuuuuuuu…

Alexis s’était mise à hurler et il se rendit compte que plus encore, de sa gorge sortait de ses entrailles, un hurlement massif et discontinu, tandis que le bateau plongeait vers les ténèbres. C’était la Fin. L’Horreur 

- N’oublie pas, ta respiration au dernier moment, le bateau va nous aspirer. Nous avons un gilet. Remonte le plus vite possible à la surface…

Il n’avait rien écouté, bien trop cloué dans son effroi catatonique, sa vie défilant sous ses yeux, maculant ses joues de regrets. Son arrivée à la Cour, l’or, les bals, sa demande en mariage… Son arrivée à l’autel… SON Moment de gloire. Il avait fermé les yeux. Et l’eau l’avait recouvert.


Le monde est abîme et le monde s’abîmera….

D’abord était venu le choc thermique. Violent et cruel ! Si vif qu’il coupait le souffle, le corps, l’âme ! Si mordant qu’il saisissait le corps entier pour l’envelopper de son étreinte. Le vide. L’appel mortuaire vers une chute définitive et sans fin, privée de sens, privée de vie. Comme si son âme elle-même avait été sacrifiée en un mille taillades, pour l’absoudre de ses pêchés. Le premier, le pire, le concentré de tous les maux.
Puis l’eau avait empli ses poumons, ses oreilles, son nez, l’assourdissant dans un étranglement unanime et sadique. Sous l’eau, tout semblait paix et fureur… Les corps gigotaient dans une danse macabre, certains glissant vers un lieu, plus bas, bien plus bas que la nuit et l’obscurité dissimulait… Allait-il en faire autant ? Trouverait-il sépulture décente où régner pendant ’Éternité ? Cela semblait si paisible… Et si terrifiant à la fois…
Il se sentait partir… Presque anesthésié de toute souffrance, de toute douleur, tant il en irradiait. « Ne m’abandonnez pas... »
Pourtant, son corps se souleva….comme happé. Était-ce son corps qui prenait le dessus ? Ou simplement ne parvenait-il plus à discerner sa volonté dans ce plongeon mortifère ? « Ne m'abandonnez pas Ne m’abandonnez pas... » Même si la pression était difficile à supporter, il devait. Il devait se battre. Lutter contre ce qui l’entraînait.

- « Aaaah »

Ses poumons subitement s’étaient gorgé d’air, imbibés de vie et il avait observé les environs, sombres et ténébreux, ni trouvant que des corps flottants, criants, trop proches, trop nombreux pour qu’il ne discerne rien d’autre que les flots noirs et glacés. Le froid polaire qui l’avait tétanisé sous l’eau le dévorait à présent de l’intérieur. L’ensemble de ses organes se congelaient… Aaaah ! Ah. Quelle horreur ! Il ne se donnait même pas cinq minutes… Il fallait trouver un endroit pour se hisser… Sinon, il allait mourir de froid. Il agita les pieds, tentant de nager dans ces eaux profondes, à la recherche du moindre bout de bois, de la moindre planche de salut…. Vite… Sortir de la masse, de ces corps opaques et délirants, prêts à tout pour survivre, mais proches de leur fin. Il naviguait à vue, tentant d’éviter les hommes criant pitié, les femmes pleurant, de rejoindre plus loin, là où nul cri ne se faisait plus entendre.. Il Cracha une gorgée d’eau, frissonna…

- A l’aiiiiiiiiiide ! A l’aiiiiiiiiiide !

¨Personne ne viendra... » songea-t-il et ce constat ne le paniqua même pas. Certains s’ébrouaient dans un vacarme vain, rythmant le silence de l’Océan… Lui faisait la seule chose qui pouvait lui assurer une survie, cherchait un endroit pour se hisser… Soudain, surgissant des ténèbres aquatiques, un homme tenta de s’agripper à lui, tentant de poser les mains sur son gilet de sauvetage. Preminger délogea vivement dans un coup de coude vigoureux. Personne ne prendrait sa place. Personne ne l’entraînerait là-bas. Ses dents s’entrechoquaient, et il passa sa langue sur ses lèvres pour tenter de les réchauffer. Vite. Le temps pressait…

- « Erwin ? Erwiiiin ? »

Oh. Avec tout cela, il en avait oublié Alexis.
Que fallait-il faire ? Répondre à son appel et tenter de nager dans sa direction au risque de s’emprisonner dans le groupe ou à l’inverse s’en écarter définitivement ? Il fit le choix différent de s’en rapprocher sans les rejoindre, tâchant de l’identifier dans l’eau, pour l’appeler à son tour. Il valait mieux compter avec elle, à deux sûrement s’aideraient-ils davantage pour trouver de quoi survivre… Idéalement, s’il parvenait à rentrer dans leur monde, il préférait que cela soit avec elle. Alors peut-être pouvait-il lui concéder un peu de temps…

- « Alexis ! Alexiiiiiiis » ! cria-t-il.

Sa gorge le faisait souffrir et il lui semblait que sa tranchée se trouvait en feu d’avoir trop crié. Malgré tout, il du réussir à se faire entendre, car l’une des masses au loin, se détacha du lot, battant les mains pour nager dans sa direction, en continuant de l’appeler pour se guider au son de sa voix.

- « Par ici » répéta-t-il.

Il espérait tout de même qu’elle ne prenne pas un temps considérable à le rejoindre sinon elle ne se plaindrait pas qu’il l’abandonne… Il n’allait tout de même pas attendre à grelotter sur place, dans un froid qui lui déchirait la poitrine, le tuant à petit feu, indéfiniment. D’ailleurs...il ne préférait même pas réfléchir à l’allure qu’il devait avoir. Belle, toujours mais bien moins seyante qu’à l’ordinaire…En même temps, vu la concurrence. Il remua dans l’eau, remerciant sa destinée de n’avoir pas déchiré le gilet de sauvetage lors de son passage sous l’eau…
Alexis l’avait rejoint, dans un visage où il ne discernait que vaguement les traits, dans l’obscurité du ciel, il demanda néanmoins, politesse oblige :

- Tout va bien ? » avant de désigner la direction gauche d’un coin de tête, « Suivez-moi ! Il faut s’éloigner ! Et trouver quelque chose pour sortir de l’eau… »
- « Oui oui….ça va, allons-y ! »

Elle semblait éprouver de grandes difficultés. La faute à son...enfant qui se trouvait être son arrière-grand-mère ? Comique dans d’autres circonstances peut-être… Malgré tout, il manqua de lui répliquer qu’ayant eu l’extrême largesse de prendre de ses nouvelles et de l’attendre, elle aurait pu au minimum avoir la décence de s’enquérir de sa santé catastrophique ! Lui qui souffrait tant actuellement ! Chaque geste se trouvait une torture et chaque éclat d’eau, chaque goutte qui constellait son charmant visage lui arrachait un sursaut de souffrance. Il gémissait en se mordant la lèvre, forçant son corps à poursuivre pourtant… A y croire. Il avait survécu à tout le reste. Il ne restait que ça… Ca et puis...quoi ? Une nouvelle vie à New-York ? Ou un moyen pour retourner dans le futur ? Il y réfléchirait ensuite…
Ils s’étaient éloignés, un peu plus de la cohue générale, et il se mis à chercher vainement dans l’eau, dans les débris un objet quelconque lourd et solide où se hisser…écartant les cadavres flottants sur l’eau, nombreux et froids. Il y aurait quelque chose, il ne pouvait qu’y avoir quelque chose… Il était impensable que rien de solide ne soit exploitable. Il refusait de rester un seul instant de plus dans cette eau glacée ! Il refusait ! S’il y restait il allait définitivement y rester….Et s’il échappait à la pneumonie en s’en sortant, il aurait une chance superbe. Il grelottait, givré et transi, blême et malade et éternua soudain. Ses membres se glaçaient… S’il se laissait aller, s’en était fini de lui. Et voilà qu’ils ne trouvaient rien ! Et puis, elle semblait bien moins motivée ! Ah misère ; et lui qui se tuait à chaque geste…Voulait-elle l’achever ? Elle cherchait certes mais elle se décourageait surtout, lui semblait-il ! Non ! Il était hors de question qu’il se coltine en prime à gérer une femme apathique…

- « Cherchez Alexis… Cherchez… Il y a forcément quelque chose... » l’ harangua-t-il en tapotant sa joue droite légèrement.

Il avait espéré que son toucher le réchaufferait quelque peu mais tout ce qu’il sentit ne fut qu’un épiderme froid et glacé, comme vidé de tout afflux sanguin. Même à cela, cela s’avérait être une déception… Et plutôt que de s’avérer reconnaissante de son attention, elle ne fit que grimacer, comme si le geste lui causait une souffrance ! Ridicule ! D’autant plus qu’elle répliqua agressivement :

- « Mais je cherche… Je cherche… Bien sûr qu’il y a quelque chose... »

Ce n’était qu’un concentré de fatigue, de panique et d’angoisse mais sauf à preuve du contraire ELLE n’était pas dans SA situation. A craindre à chaque instant que son corps ne se disloque sous le poids de la souffrance, à ne plus sentir presque ses membres… Il l’observa nager un peu plus loin et l’entendit pester :

- « Je ne suis pas un chien de chasse aux dernières nouvelles. »

Fort heureusement. Il aurait été bien malavisé le chasseur qui aurait misé sur cette créature. Pour cela, jamais il n’aurait confié une tâche à un autre Midas. Midas au moins possédait de la loyauté. Sa mauvaise humeur n’était pas dirigée contre lui, il le savait parfaitement mais … et alors ? Ne vivait-il pas une douleur suffisamment déjà complexe pour avoir à supporter ses états d’âme ? Oh ça pour s’accrocher à son étreinte, pour se blottir contre lui lorsque la mort venait c’était facile mais une fois qu’il s’agissait de mettre la main à la patte pour son souverain, visiblement c’était trop demander.
Ingrate. Sale petite ingrate. Comme le peuple.
Il pesta tout en faisant du sur-place, refusant de continuer à chercher une minute de plus. Après tout… Il était roi. Un roi ne cherchait pas ! Que le peuple le fasse ! Qu’elle expie donc sa mauvaise humeur en fouillant. Lui chaque mouvement lui causait une souffrance inégalée. C’étaient comme si ses nerfs se trouvaient à vif sur une peau cisaillée ! Pourquoi diable ne trouvait-elle pas cette planche qu’il puisse enfin s’allonger dessus et récupérer… Il était hors de question de mourir maintenant ! Non ! Il ne voulait plus, plus plonger une nouvelle fois dans le royaume de glace qui sévissait sous l’Océan… Jamais
La buée de son souffle se cristallisait dans l’air et il s’inquiéta des cristaux qui pouvaient se former sur son visage… 2 degrés … Incroyable mais son coeur avait tenu sans lâcher… Alors après tant d’efforts et de sacrifices il ne pouvait pas…

- « Aaaah… »

La sensation le dévora littéralement, semblant statufier l’ensemble de son corps dans une douloureuse rigidité et il lui parut une souffrance absolue que de se contenter de rester dans l’eau sans bouger. Miles poignards lui parurent alors préférable à l’étreinte glaciale de cet étau.. Et il agita les bras frénétiquement.
Puis, alors, se remit-il à chercher, nageant vers elle, dans l’immensité noire, retournant objet flottant, le plus souvent, maigres coupeaux qu’il contournait avec difficulté, sans trace d’endroits où se hisser. Malédiction… Il pestait dans ses dents gelées, pleurant sa vigueur et sa force qui diminuait. Il fallait qu’elle trouve cette planche s’il n’y parvenait pas… Et cette triste lucidité quant à leur sort, le poussa à l’encourager d’une parole douloureuse. A présent, même parler devenait difficile, demandait de décoller les lèvres qui souhaitaient se coller, et il se mordit l’intérieur des joues pour y trouver le courage :

- « Trésor… Je sais que vous avez peur » finit-il par grimacer en faisant un écho à son précédent aveu, en tournant son visage blafard vers le sien « Mais nous avons survécu pour le moment et devant mort plus imminente… C’est… C’est la toue dernière étape… Tout ceci ne peut pas avoir été vain ! »

Il grelottait dans une panique contrôlée, qu’il contrôlait pourtant de moins en moins, les mains dans l’eau, blessées et brûlantes de froid :

- « Tout ceci ne peut pas avoir été vain ».

Non, impossible. Il ne pouvait pas avoir survécu à tout le reste pour mourir bêtement à patauger dans une eau à 2 degrés ! Il ne le permettrait pas… Il était un Soleil. Un Soleil ! Et peut-être était-ce sa radiance, l’éclat rageur de sa rage de vivre qui le préservait encore. Plus loin, un nombre de voix s’étaient tues à jamais. Il ne lui arriverait pas la même chose. Non ; non… Il vivrait. Il avait tenu. Il tiendrait encore. Même si son corps entier réclamait la fin de la souffrance. 
Alexis de son côté n’avait pas répondu, sûrement économisait-elle ses forces, tout en tournant la tête de tous côtés…
Lui même il lui semblait que ses yeux s’abîmaient à creuser la nuit sombre, les reflues de l’eau cruelle pour y déceler des formes qui ne soient pas des corps sans vie, des vulgaires objets sans valeur… Ils barbotaient dans la mort et la mort elle-même les invitaient à les rejoindre. Ce fut pourtant à cet instant précis, qu’un cri traversa l’atmosphère et sa peur, un mélange de soulagement, de douleur et de jouissance, comme la fin d’un voyage et il tourna la tête vers elle pour rejoindre son subit espoir.
Elle criait :

- « Là ! Là ! Là ! » tout en avançant dans l’eau glacée et il le vit aussi…

L’espèce de masse plate qui flottait non loin d’eux, à quelques brasses encore et il réactiva ses dernières forces pour poursuivre l’avancée, grinçant des dents, se mordant la joue au sang pour se donner de la chaleur . Avancer, encore et toujours, voguer, y croire, ne pas se décourager, croire, espérer…
Ils arrivaient non loin de la planche et il s’enthousiasmait déjà à l’idée de la toucher, de sentir le bois de la délivrance lorsque non loin de là, une voix se mis à retentir dans le vent et le froid :

- « Oooooohé…. Ohéééééééé ?  Il y a quelqu’un ? »

Dans la brume que cristallisait le froid, il ne distingua d’abord rien…. Rien d’autre que… Qu’une sorte de… Il écarquilla les yeux, perplexe. Un canot ? Comment était-ce possible ? Il crispa ses yeux tentant de percevoir au loin, la forme, les individus. Un canot était-il revenu chercher les survivants ? Mais… C’était impossible ?
Etait-ce une dernière vision ? Des oasis que les errants voyaient dans le désert avant le Dernier Sommeil ?
Tandis que l’objet avançait vers eux, Erwin en distingua les contours. Ce n’était un de ces canots de bois, mais il était composé de la même texture gonflable que celui qu’il avait vu de ses yeux être emporté par les vagues avant toute mise à flot… Quelqu’un l’avait-il retrouvé ? Il semblait aussi incroyable que cela puisse paraître… Et son seul occupant, replet et costaud, leur adressa de grands signes de la main, en les apercevant, soudain.

- « Léontine ! Et ce cher Guggenheim ! »

Il connaissait cette voix… C’était l’une des premières qu’il avait entendu en arrivant ici. Celle qui les avait réunis… Que faisait-elle là ? Sur ce canot gonflable ? Elle aurait du être ailleurs… En compagnie de plusieurs autres passagers comme le permettait la légende. Ils avaient atteints la planche et quelque chose poussa le notaire à s’y cramponner plus vigoureusement que jamais avant de se retourner vers Alexis :

- « Ma douce...je vais monter… Pour voir si elle est stable. Je ne voudrais pas… Votre...enfin ce bébé… Et je vous aiderai…si tout va bien. »

Plus proche d’eux, le canot, se frayait un chemin parmi les cadavres, continuant de les héler de sa main. Et soudain, il fut suffisamment prêt pour confirmer sa théorie. Juchée sur le canot, un grand sourire sur les lèvres, Margareth Brown leur faisait face, leur adressa des signes de la main.

- « Venez, avancez …. »

Enveloppée dans un grand manteau de fourrure, imposante elle se pencha pour s’agenouiller dans son canot, tendant la main droite, les invitant à s’avancer de l’autre. Décourageant le geste du notaire, qui tentait péniblement d’extraire un pied hors de l’eau sans y parvenir. Tout juste se trouva-t-il un peu plus déstabilisé. Et il resta à moitié perché sur la planche, le buste hors de l’eau et le bas du corps encore immergé…
Saleté ! Il crut entendre un rire s’élever du canot et tourna la tête vivement mais pourtant ne croisa que la posture encore bienveillante de Molly Brown entourant son visage souriant.
Un rayon de lune perçant parmi les nuages, se reflétant sur eux, et il sembla qu’elle les voyait davantage, comme l’étrange « divine providence » de sa présence parmi eux :

- « Ah Léontine Aubart, Benjamin Guggenheim, c’est fou comme tout s’emboîte parfaitement… » déclama-t-elle songeusement, stoppant tout geste d’Erwin, avant d’ajouter « L’ironie du sort, on dirait… Regarde-toi Enora, dans la peau d’une génération passée, portant le fruit qui te donnera naissance… Envers et contre tout, pour le Lys ! Et aux côtés de ce cher….Preminger…  »

Le regard de Molly Brown s’arrêta sur le sien et l’espace d’un instant, il ne se préoccupa plus de sa souffrance, de l’impression que son corps entier mourrait en son sein, mais par la clairvoyance de son regard. Elle savait. Elle savait tout. Comme l’étrange phénomène qui avait frappé l’individu de l’organisation précédemment, la même chose semblait se produire… Ils ne possédaient pas le même visage mais la même lueur curieuse semblait les éclairer . Et le dernier mot qu’elle prononça, avait ébranlé son être tout entier…
Cela semblait surprendre et fasciner la femme, en même temps qu’elle parlait, comme si elle en prenait conscience, comme si tout son esprit s’éveillait à cette nouvelle connaissance, se changeant progressivement, anéantissant dans le même temps toute la sympathie que sa personne incarnait :

- «Comme celui de Léontine, d’ailleurs, c’était un rôle taillé à ta mesure, non ? Et quelles similitudes ! Incroyable comme les époques peuvent passer, changer, tu parviens toujours à te hisser là, à t’immiscer là où réside le pouvoir…comme le petit vautour que tu es… La dernière fois…. Un peu comme « moi », Molly Brown… Tu avais pris des parts dans une mine d’or… Car comment refuser ?»

Un nouveau tremblement s’était ajouté à ceux qui secouaient déjà son être… Tout ceci..était terriblement malsain. Dangereux. Etait-ce...son Jugement ? Non. Impossible. Mais cela confirmait toutes les coincidences curieuses qui s’étaient agglutinées depuis leur arrivée, les épreuves, les souffrances… Cette femme… Cette chose… Ne leur voulait pas du bien. Tentant de se hisser, encore sur la planche, il dévia le regard sur Alexis encore immergée dans l’eau :

- « Ne l’écoutez pas, Alexis… Il y a quelque chose de...terrible… Elle ne devrait pas être là, ça n’est pas elle…. »

Il voulu ajouter quelque chose mais n’en n’eut pas le temps car du haut de son canot, Molly Brown s’était écriée, portant les mains à son visage, dans un timbre suraiguë :

- « Mais ce n’est pas elle, votre Altesse... La couturière a du s’évader... »
Il se retourna épouvanté. Ces mots… C’étaient les siens… Les tout-derniers qu’il avait prononcé avant que la Malédiction ne l’emporte à Storybrooke… Comme voyant son effroi, Molly Brown relâcha ses mains pour le toiser dans un léger sourire 

- « Il n’y a rien de pire que l’excellent lorsqu’il devient Mauvais, tu le sais mieux que quiconque n’est-ce pas, Preminger ? » puis elle tourna la tête pour observer Alexis « Tu aurais du le laisser mourir, Enora comme ta mère avec ton père... Boum badaboum ! »

Son cerveau enregistra l’information, la sachant aussi vraie que les autres et il eut un geste vers elle :

- « N’y allez pas, ne l’écoutez pas… Elle cherche à nous attirer là-bas.. Trésor... »
- «  Oh « Trésor »….ricana la Chose, « Preminger et les trésors…. Viens donc Enora...Tu ne viens pas Erwin ? Tu ne veux pas monter avec moi ?… Viens Enora, viens chanter avec moi...Ohé ohé matelots...matelots navigue sur les flots… Deux lunes flottent au dessus de vos têtes mais ça ne vous change pas des masses ! vous avez pris du bon temps... Tout va bien dans le meilleur des mondes, tout était somptueux…Bien qu’un peu glacial, oui. »

Elle savait tout. Chronos, le passé et le présent… Le futur ? Pour autant, cela ne le rassura pas, il se cramponna davantage à la planche prêt à entreprendre de l’escalader une nouvelle fois…Ou peut-être valait-il mieux s’enfuir ? Rebrousser chemin ? Mais ils n’y parviendraient guère, leurs membres étaient bien trop gangrénés par le froid… Pourquoi donc se manifester maintenant ? Pourquoi de cette manière ? Pourquoi avec ce ton ?

- « Oh. Vous avez un magnifique ballon rouge. »

De quoi parlait-elle ? Et pourtant à l’instant où elle le déclarait, il sembla à Preminger qu’il… Il tourna la tête de Molly Brown et observa le ballon qui venait d’apparaître dans ses mains… Et eut un cri de panique. Il se tint avec force par les coudes pour rattraper la planche et ne pas glisser dans l’eau…Il manqua de lâcher l’objet et le rattrapa de justesse avec un hoquet d’horreur nouvelle lorsque sonnèrent ceux de Molly

- « Ne le lâchez pas… Sinon vous ne pourrez pas repartir… Et » …

Elle les fixait et à l’expression émerveillée qu’avait envahi son visage s’ajouta un Grand Sourire :

- « Et… ca serait dommage, n’est-ce pas ? »

Son sourire ne faisait que s’agrandir, s’ornant d’une lueur sinistre et macabre… Les ballons. Lui revinrent en tête les mots d’Alexis proférés bien plus tôt… « - Les ballons rouges ne sont jamais vraiment bon signe... Vous connaissez “Ca” de Stephen King ? Je ne sais pas trop ce qu’est ce monstre, si c’est un truc divin ou un alien comme chez King mais il prend l’apparence d’un Clown. Il est là depuis des années... il était... déjà là quand j’étais enfant. » Il fixa le Grand Sourire dérangeant de Molly avec une crainte mêlée de certitude. C’était visiblement la même personne. C’était elle. Ou plutôt lui. Le Clown.

- « Dommage oui.. Et je préfère le violet... » répliqua-t-il froidement.
- « Si tu ne l’aimes pas, tu peux me le donner…Et tu en auras un violet.  »

Celui qui possédait les traits de Molly Brown sourit davantage, si cela était encore possible de sourire à ce point sans souffrir. Terrifiant. D’une certaine manière. Mais Preminger ne voyait pas pourquoi il aurait du s’angoisser d’un bouffon. Mais… Malgré tout, il sentait son estomac se tordre, tandis qu’il remettait de l’ordre dans sa tête en vrac. Le ballon… Le ballon était son moyen de rentrer. C’étaient eux qui l’avaient conduit ici. Comme le plafond de peinture repeint avec surpris Hadès… Comme la pluie de ballons rouges qui les avaient conduit jusqu’à cet endroit curieux… Ils étaient leur porte de sortie… Comment ? Il ne savait pas. Mais il savait que l’entièreté de son existence se trouvait suspendue à ce délicat objet fragile et léger…
Pour toute réponse, il ramena plus proche de son coeur l’objet, le serrant avec précaution contre lui, et observant Molly Brown plonger la main dans son long manteau de fourrure...pour en tirer… Un long objet fait de bois que la lune rendait indistinct… Un fume-cigarette ? Le gardant en main, elle avait plongé sa seconde main dans la capelisse et ce fut alors que Preminger comprit la nature de l’objet qu’elle tenait en main. Ce n’était pas un fume-cigarette. C’était bien Pire. Bien que cela…
Et Molly Brown porta la sarbacane à sa bouche. Et Preminger ferma les yeux… La flèche vrilla au dessus de sa tête, lui provoquant un filet de soulagement. Il l’avait raté..

- « Arf… J’ai jamais été doué pour viser. Mais bon, on peut recommencer ? N’est-ce pas ? Et si votre ballon fait boom, vous resterez ici à jamais ! ».

D’accord… Il ne fallait pas claquer le ballon. Il fallait tenir… Il fallait continuer… à flotter.

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