« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver.
Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

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 Everybody wants to rule the world } Somptuous Icarus

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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


Alexis E. Child

| Avatar : Kaya Scodelario

Everybody wants to rule the world } Somptuous Icarus Oflm
Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


Everybody wants to rule the world } Somptuous Icarus Da6n

Edition Octobre-Novembre 2020

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| Conte : Aucun
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| Cadavres : 4069



Everybody wants to rule the world } Somptuous Icarus _



________________________________________ 2020-11-19, 22:10 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Everybody wants to rule the world


Michael Buble raisonnait dans tout l’appartement tandis que je me séchais les cheveux dans la salle de bain. Nous étions le 23 Décembre et comme tous les ans à cette période, je me transformais en vrai service marketing de Noël, tant sur les décorations de mon appartement que les musiques qu’on pouvait y entendre et les odeurs qu’on pouvait sentir. Oui, Noël était entré dans ma vie, juste après que j’eus le temps de faire mon deuil d’Halloween et de l’automne. J’adorai Noël, ce moment de partage, de joie, d’amour et de magie qui semblait régner sur la période. Je pouvais sentir sur ma peau le savon et la crème que j’y avais appliqué et que j’avais spécialement sélectionné pour ses odeurs de Noël, sucrées et épicées. Après m’être séché les cheveux, je les avais brossés avec un grand sourire, reformant les boucles au passage dans mes cheveux. J’étais surexcitée. Ce soir, une soirée inédite nous attendait. Et si j’avais d’abord paniqué à l’idée que je puisse revivre le traumatisme de la dernière soirée que la mairie avait organisé, Elliot avait su me convaincre de venir, ne serait-ce que parce que c’était important pour lui. Et si ça l’était pour lui, alors ça l’était pour moi. Son père lui avait demandé d’organiser un truc particulier avec son laser game et j’avais hâte de voir ce qu’il nous avait préparé.

J'avais fermé la librairie plus tôt, laissant Danny et Belle se préparer pour leur propre soirée. Danny était sans aucun doute aussi excité que moi par l’évènement. Je l’avais un peu taquiné car il semblait y aller avec une “amie” et je savais très bien ce que ça signifiait. Mais il n’en avait pas dit plus et je n’avais pas insisté. Ma boutique était sans doute aussi fortement décorée que mon propre appartement. A 17h, après que mes employés fut partis, j’avais éteint les lumières, la musique, gardant tout de même les éclairages de la vitrine et j’avais rallumé le tout à l’identique en arrivant chez moi.

Mes yeux maquillés et mes cheveux fait, je m’étais dirigée vers ma chambre pour m’habiller, observant ma robe rouge sur le lit. J’avais fait des emplettes. J'étais toujours pas certaine de ce que j’avais acheté mais Deborah m’avait aidé. Je l’avais rencontré par hasard en faisant du lèche-vitrine. Je savais qu’elle était respectée pour son sens aiguisé de la mode et ses chroniques dans la Gazette. J'avais aussi cru comprendre qu’elle était le dégoût incarné. Elle était la personne idéale pour m’aider. Depuis qu’Erwin était entré dans ma vie, il avait su commenter avec plus ou moins de tact certaines de mes tenues et j’avais fini par me sentir pas toujours à la hauteur. C’était stupide, je pouvais m’habiller comme je le voulais et j’aimais mes vieilles fringues, mais j’avais envie aussi qu’il puisse me trouver jolie... Alors j’avais un peu économisé et je m’étais dit que cette soirée de festivité serait l’idéal pour faire quelques efforts. Après tout, nous serions nombreux, c’était de l’argent facilement rentabilisé. J’espérai que mon temps le soit tout autant parce que la rouquine ne m’avait pas lâché pendant plusieurs heures à partir du moment où je lui avais expliqué mon problème. J’avais juste parlé d’un éventuel amoureux, d’un homme de goût, sans en préciser plus. Je lui avais dit que nous ne venions pas du même monde et elle avait fait la suite. La robe était simple mais très jolie, d’un rouge pétant, parfaitement Noël et qui remontait jusqu’à la hauteur des cuisses sans pour autant faire vulgaire. Elle se portait avec une grosse ceinture qui ciselait d’autant plus ma taille. Il avait fallu ensuite acheter des bottes en daim noir, à talon épais qui remontaient jusqu’à mes genoux. Il y avait aussi le le manteau qu’elle m’avait fait acheté et l’énorme écharpe en cachemire qui allait par au-dessus, le béret rouge et les gants en cuir de la même couleur pour rajouter “des touches de couleur”. J’aimais bien. Je lui avais quand même expliqué ce que j’aimais et ce que j’aimais moins. Je n’avais pas envie d’être dénaturée et tandis que je m’observais dans le miroir en regardant toutes les nouveautés, j’avais fini par me dire que c’était quand même moi... une version peut-être plus adulte de ce que j’étais. J’avais rajouté mon rouge à lèvre rouge, poudré, mon parfum, un accord puissant de café noir, fleur d’oranger et de patchouli qui allait parfaitement avec cette période de l’année et j’avais fini par sortir de chez moi, le cœur battant.

Il faisait assez froid en ce début de soirée, il fallait s’y attendre. La neige avait déjà envahi les rues de Storybrooke depuis plusieurs jours et j’espérais que quelques flocons tomberaient encore ce soir, rajoutant de la magie au moment. En quelques enjambées, j’avais rejoint la grande place, n’habitant pas si loin, pour y découvrir tout ce qu’il y avait été installé. C’était magnifique, tout était illuminé, un grand sapin trônait derrière une scène et des baraquements de Noël étaient placés çà et là pour nous offrir différents breuvages et dégustations de Noël. Les yeux brillants, le sourire émerveillé, je m’étais approché de la foule qui était déjà présente. Mon regard s’était alors posé malgré moi sur Jack un peu plus loin et mon cœur avait loupé quelques battements. Pourquoi il était là déjà ? Ah... oui... pourquoi ne serait-il pas là en cette période de Noël ? Je n’avais pas pensé une seule seconde que j’aurai sans doute à le croiser, l’habitude de l’avoir absent de ma vie sans doute. Bloqué au milieu du chemin, j’avais fini par bifurquer en direction d’un des stands avant qu’il ne me voie. Je n’avais pas envie de le voir, de lui parler. Nos “retrouvailles” étaient loin de s’être passé parfaitement et je n’avais aucune envie de réitérer l’expérience.

- Vous voulez quelque chose mademoiselle ?

J’avais sursauté en me tournant vivement, observant la jeune femme qui me regardait avec un grand sourire... enfin plus si grand depuis que c’était interdit dans Storybrooke. Un peu déboussolée, je lui souriais à mon tour en regardant la carte de ce qu’elle proposait.

- Euh... oui ! Oui oui... je vais vous prendre un cidre chaud... deux ! Deux cidres s’il vous plaît...

Elle m’avait tendu mes boissons et je lui avais donné mon argent avant de me tourner vers le reste de la foule. Regina était déjà présente et parlait avec certains habitants de la ville, tout comme Erwin que j’avais fini par apercevoir. Sourante, j’avais attendu qu’il soit enfin seul pour me frayer un chemin jusqu’à lui, un verre dans chacune de mes mains. Avec un sourire timide, j’avais fini par engager la conversation :

- Bonsoir...

J’avais évité de m’approcher trop et encore moins de l’embrasser. Beaucoup trop de gens à l’horizon dont ma mère qui n’hésiterai sans doute pas à brûler la moitié de ces festivités si elle l’apprenait ce soir... et Jack glacerait sans doute l’autre moitié... Néanmoins, j’étais tout de même beaucoup plus proche de lui qu’on ne pouvait l’être d’un interlocuteur normal, marquant ma volonté de proximité. Timidement, je lui avais tendu un des deux verres.

- Vous aimez le cidre chaud ? Je n’en avais aucune idée alors... comme je m’en suis pris un pour moi, je me suis dit que vous en voudriez peut-être... En tout cas... cet évènement est merveilleux, vous avez l’air d’avoir tous travaillé très dur pour y parvenir alors... merci.

J’avais eu un petit sourire en coin. On savait très bien l’un et l’autre que ce n’était sans aucun doute pas ma façon préférée de lui dire merci mais à défaut d’êtres seuls, c’était encore la seule qui était valable actuellement en public. J'avais entendu du bruit au niveau de la scène et je m’étais reculée pour me fondre dans la masse le temps du discours, laissant les membres de la mairie se rassembler tout en levant un pouce en l’air en direction d’Elliot qui venait de rejoindre son père sur la scène.

- Amis Storybrookiens et invités divins, bienvenue à la cérémonie d'ouverture des festivités de Noël. Je sais, et on sait tous... qu'il y a eu un petit couac à l'événement d'Halloween. Rien de bien grave, et c'était totalement indépendant de notre volonté. D'ailleurs, la police enquête toujours sur le coupable et on approche du but. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, c'est un grand jour ! J'aurais bien commencé par la blague que je n'avais pas réussi à terminer la dernière fois, mais allez savoir pourquoi, on m'a dit de ne pas le faire. Regina a même précisé - en plaisantant bien entendu - qu'elle me mettrait dans un placard si je venais à la raconter. Par précautions, j'ai demandé à Norbert de retirer tous les placards de la Mairie. Mais bon... elle plaisantait évidemment... Bref... Storybrookiens, Storybrookiennes. Tout. Va. Bien. Votre Mairie veille au grain. Et pas qu'aux grains, d'ailleurs, on veille sur un tas de choses. Les céréales, les gants, les oeufs de poule... Nous avons dépensé un coût faramineux pour votre confort parce que rien n’est trop beau pour vous en cette fin d’année ! N’oubliez d’ailleurs pas que dès janvier l’impôt sera prélevé directement à la source, on vous y attend nombreux ! Joyeuses Fêtes de Fin d'Année à Tous !! Maintenant place aux festivités. Nous avons vue grand ! Mais pas trop non plus, afin de privilégier votre sécurité. Et c'est pour que vous soyez tous en sécurité que j'ai fait appel à mon fils, Elliot Sandman. Il a conçu un jeu spécial, rien que pour vous. Grâce aux petits pins qu'on va vous distribuer... d'ailleurs c'est déjà en cours, vous allez pouvoir voyager dans un monde aux confins du présent. Dans le sens où vous n'allez pas bouger, mais Storybrooke va bouger. Il y aura des cadeaux des partout. Des Pères Noëls. Plein de surprises. Ca sera juste un Storybrooke, ici même, aujourd'hui, mais en mode Noël. Et sur une période de trois jours pour que vous puissiez vivre cela à fond ! Hein fiston ? J'ai pas très bien compris de quoi il serait question, mais tout se passera bien ! Il vous suffit de mettre le pins sur votre veston, ou chose que vous portez, et vous laisser emporter, quand Elliot donnera le top signal de cet événement sans le moindre danger.
- Euuuh... ouais. Avait-il dit en passant une main sur sa nuque.
- Elliot Sandman ! Bon, allez, on se lance ! Bon amusement à tous ! Une dernière chose importante ! G - S - 6 - 6 - 6 - Alabama. Si quelqu'un a cette matricule sur sa voiture, qu'il se rende immédiatement jusqu'à elle, car elle est devant une bouche dégoût et apparemment ça gâcherait la vue. Enfin bref, soyons solidaire.

Le discours était un désastre, comme à son accoutumé mais j’espérais sincèrement qu’il disait vrai sur la résolution des ennuis. J'avais suffisamment donné. Je me réveillais encore parfois en plus nuit en hurlant, après avoir rêvé de me faire engloutir par les flots. Je ressentais parfois la douleur de la morsure du froid ou des acoups dans mon ventre... sentiment des plus étrange qui refusait de me quitter. J’avais lancé un petit sourire complice à ma mère tandis qu’il l’affichait devant tout le monde, secouant la tête de gauche à droite comme pour lui faire comprendre que je le trouvais toujours aussi con avant de boire une gorgée de mon cidre chaud. J’avais applaudi chaleureusement lorsqu’il avait présenté Elliot, lui envoyant un sourire flamboyant et des yeux brillants d’admiration afin de lui donner le courage qu’il méritait. Lorsque vint mon tour, je récupérais le badge avec une certaine fébrilité avant de le placer sur mon super manteau qui m’avait couté la peau des fesses. J’espérais qu’il avait un peu corsé le jeu pour moi, j’adorai la difficulté dans les jeux vidéo. Et pour la corser, il l’avait corsé puisque lorsqu’il frappa dans ses mains, je ressentis une petite décharge et tout devint noir.





Je m’étais réveillée en sursaut, comme si je ressentais encore la décharge électrique sur mon corps. Assise dans mon lit, je regardais le décor d’un air dépité.

- Oh punaise non pas encore...

J’étais pas chez moi. C’était une évidence. J’avais aucune idée d’où j’étais en revanche. La pièce était énorme, elle devait sans doute être aussi grande que mon appartement. En face de moi, il y avait des doubles portes et la plupart des murs étaient parme ou rosé avec des dorures un peu partout. Une sorte de Versailles... mais pas Versailles quoi. Mon lit aussi était immense, douillé avec des drapures violettes et des dorures. J'avais presque l’impression de dormir dans un musée. Perplexe, j’avais fini par poser le pied sur le marbre qui recouvrait le sol. La chemise de nuit que je portais glissa le long de mon corps. Il fallait que je reste calme, c’était encore une espèce d’évènement chelou mais la bonne nouvelle c’est que pour une fois j’étais pas sur un bateau qui devait couler. Je n’avais pas vu de ballon non plus, Elliot avait juste dû faire une petite erreur dans sa simulation et il allait régler ça fissa. En attendant, il suffisait juste que je prenne de possession de mon environnement calmement. Je m’étais alors dirigée vers la causeuse dans un coin de la pièce pour tenter de voir à quoi je ressemblais quand soudain mon reflet me fit pousser un hurlement d’horreur. Sur le coup du hurlement, les doubles portes s’étaient ouvertes à la volée. Deux gardes avaient fait irruption dans ma chambre, armé et près à s’attaquer à l’éventuelle chose qui m’avait faite hurler.

- Est-ce que tout va bien, Madame ?
- Euh... oui... Oui tout va bien, vous... vous pouvez disposer, merci.
- Oh... euh... Nous... Nous allons chercher votre... enfin...

Ils avaient rougi jusqu’aux oreilles en voyant ma tenue et je m’étais demandé s’il n’était donc pas convenable pour des gardes de me voir en chemise de nuit. Je m’étais contenté d’hocher la tête comme pour mettre fin à leur balbutiement avant de regarder de nouveau mon reflet dans le miroir. Touchant mon visage à plusieurs reprises, je tentais d’assimiler la nouvelle même si le choc était encore bien trop grand. C’était moi. A n’en pas douter. Mais avec des rides que je n’avais pas encore quelques secondes plus tôt... Je devais au moins avoir dix ans de plus, c’était assez saisissant. J’avais l’impression de ne plus être une jeune fille mais une vraie femme, encore dans la fleur de l’âge mais tout de même plus âgée qu’à présent. Mes cheveux étaient aussi coupés différemment, bien que toujours long. C’était quoi ce bordel encore ? Pour toute réponse, deux femmes de chambres entrèrent à la hâte pour s’activer. Je percevais à présent une autre pièce où trônait une imposante baignoire qu'elles se chargeaient de remplir avec de l’eau chaude. Docilement, je m’étais laissée guider dans un rituel qui devait sans doute être le mien car les deux jeunes femmes étaient sans aucun doute bien plus rôdées que je ne l’étais. Tandis que je plongeais dans l’eau je tentais de comprendre mon environnement. Avais-je voyagé dans le futur ? Était-ce véritablement moi dans le miroir.

- Attendez ?
- Oui, madame ?

Elle avait baissé la tête un peu à la façon qu’Emma l’avait fait à bord du Titanic mais de façon encore plus respectueuse et rigide. Un peu perplexe, je lui avais demandé de but en blanc :

- Savez-vous comment je m’appelle ?

La jeune femme me regarda terrorisée, comme si j’étais en train de la tester et qu’elle n’en comprenait pas le sens.

- Il n’y a rien de mal à ma question, j’ai... juste l’impression de ne jamais vous avoir vu avant et je préfère encore que les présentations se fassent...
- Je m’appelle Emma, madame... Enora... Madame.

Je déglutissais en l’observant. Décidément, elles s’appelaient toutes Emma tout le temps ou quoi ? C’était l’attaque des clones ? Une chose était sûre en revanche, elle avait donné mon véritable prénom, il s’agissait bien de moi... et le futur était envisageable. On m’avait toujours dit que je m’appelais ainsi dans le futur... J’avais hoché la tête pour la remercier et la congédier. Une fois hors de l’eau, Emma et Rebecca m’avaient proposé de m’habiller. J’avais observé surprise tout l’armada qu’elles étaient en train de mettre à ma disposition. Encore un foutu corset... comment pouvait-on être dans le FUTUR et m’obliger de nouveau à porter un foutu corset ?! C’était une malédiction... Celui-ci cependant, se fermait par l'avant, à l'ancienne donc. Docilement, je les avais laissés me remplir de couche de plus en plus violettes jusqu’à ce que ma robe et ma chevelure prennent leur allure définitive. J’étais complétement chamboulée, tandis que je m’observais dans le miroir. J’avais tout d’une femme de cours de la Renaissance et pourtant, j’avais 10 ans de plus au compteur... C’était inexplicable...

Je les avais alors suivis dans un dédale de couloir aussi richement décoré que ma chambre jusqu’à une salle aux portes closes. Rebecca m’avait demandé si j’avais encore besoin de quelque chose avant mon petit déjeuner et j’avais refusé de la tête avec un sourire. Les portes s’étaient alors ouvertes sur une impressionnante salle à manger avec une table qui pouvait accueillir au moins une trentaine de convive. Un jeune garçon y était sagement attablé et semblait plonger une cuillère dans un bol. Il avait relevé la tête dans ma direction avec doux sourire que je lui avais rendu tandis qu’une petite tornade avait foncé droit sur moi :

- MAMAAAN !

Pardon ?! J'avais manqué de m’évanouir à l’annonce du surnom tant la sensation était vertigineuse mais j’avais tenu bon pour accueillir au creux de mes bras cette petite fille qui m’avait foncé dessus, de ses petites jambes. Elle avait une robe tout aussi bouffante que la mienne, tout aussi violette et portait des rubans dans ses cheveux bruns. Je l’avais alors soulevé pour la prendre dans mes bras afin de mieux l’observer et elle avait passé ses mains autour de mon cou pour m’embrasser d’un puissant baiser sur la joue. Je l’avais dévisagée quelque instant, observant avec stupeur notre ressemblance. Elle avait mes yeux, j’avais presque l’impression de me voir plus jeune. Était-ce vraiment ma fille ?

- Rose Eleonor, voyons, ce n’est pas une tenue adaptée en société...
- Tout va bien... je... ça va, merci... euh ?
- Hildegarde, Madame.
- Oui voilà, Hildegarde. Je... je vais m’en occuper, vous pouvez... disposer ?

Un peu surprise, celle qui semblait être la nourrice s’était inclinée avant de disparaître tandis que je m’approchais de la table le cœur battant. Elle s’appelait Rose... Et Eleonor... deux prénoms que j’affectionnais... Se pouvait-il vraiment... ? J’avais besoin de m’asseoir, je ne respirais déjà plus. Pourtant la petite qui ne devait pas avoir plus de 4 ans ne se laissa pas démonter.

- Est-ce que Père va nous rejoindre ? Il avait dit qu’il déjeunerait avec nous...
- Euhm... Et bien ce sera la surprise, d’accord ?

Père ?! Ah ben oui si j’étais la mère, y’avait forcément un père... Oui, jusque-là c’était logique. Mais qui ? J’étais arrivée à la hauteur de la table et le garçon qui devait avoir un peu moins de 10 ans s’était levé pour se précipiter vers moi et me tirer la chaise. Je m’étais assise un peu timidement en le remerciant tandis qu’il déposait sur ma joue un baiser d’une grande douceur :

- Vous avez bien dormi, Mère ?
- Oui très bien, merci et toi... ?
- Isaac a sans doute encore fait des cauchemars, il est tellement peureux !

La petite avait pouffé de rire cruellement et je l’avais assise sur la chaise à côté de moi, remerciant le ciel qu’elle me donne son prénom... un prénom que j’avais aussi toujours beaucoup aimé.

- Ce n’est pas bien de te moquer de ton frère, Rose !
- Pardon Maman...
- Ce n’est rien Mère... Elle est encore jeune...

Il l’avait précisé d’un ton gêné et j’avais tourné le regard vers lui pour l’observer, le sourire aux lèvres, touchée par tant de gentillesse envers sa petite sœur qui ne l’avait pas vraiment mérité. Mon regard avait alors croisé le regard timide du garçon et mon cœur avait manqué un battement. Il était aussi beau que sa sœur, mais je reconnaissais un peu moins de mes traits sur lui. En revanche... il avait ses yeux... Des yeux si particuliers... ils étaient dorés... aussi dorés que pouvait l’être les rayons du soleil... Choquée par cette révélation, je l’observais, mon être entièrement chamboulé par cette révélation, comme si tout en moi se disloquait, comme si mon cœur entrait en fusion. La connexion était si forte, que je n’entendis même pas les portes s’ouvrir de nouveau derrière moi.

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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

Erwin Dorian

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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre
| Dans le monde des contes, je suis : : Preminger

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________________________________________ 2020-11-22, 23:53 « If the crown should fit, then how can I refuse? »




Everybody wants to rule the world



But I needed one more touch
Another taste of heavenly rush
And I believed, I believed it

23 décembre 2020 et déjà toute la ville chantait Noël dans une fanfare éblouissante d’allées et venues. Le froid avait retrouvé ses quartiers, hantant la ville d’une fraîcheur vivifiante, gelant les vitres des commerces et les pare-brises des véhicules. « Il ne manquerait bientôt plus qu’il se mette ENCORE à neiger » songea avec agacement Preminger tandis qu’il traversait observait la foule se masser sur la place, en refermant avec attention son long manteau de velours sur sa gorge. L’événement organisé par la mairie provoquait un réel intérêt de la part de la population, l’effet des fêtes de fin d’année, à n’en pas douter. Un petit groupe de musiciens jouait les airs les plus habituels à cette période , tandis qu’un choeur entonnait avec vigueur un classique. Cette écoute l’amena à penser à sa femme qui à cette heure tardive se trouvait sûrement en train de continuer la confection de son plat de demain. Georgia comme à son habitude prenait Noël en haute estime, décorant la maison entière du grenier jusqu’à la cave de guirlandes feuillues surmontées de rubans rouges en velours, embaumant le manoir de cannelle et de pain d’épices. Elle chantonnait en permanence toutes les chansons et le suppliait pour qu’il se joigne à elle...ce qu’il faisait parfois. Quand bien même, il ne partageait pas l’amour qui animait l’euphorie collective, il admettait que la fête était la plus belle de l’année, à présent. Et il espérait vainement que les efforts de la mairie ne seraient pas balayés par une nouvelle catastrophe.
Il avança dans la foule, saluant quelques badauds avec son éternelle politesse, prenant bien garde à ne pas glisser tout en poursuivant son chemin, souriant.Au moins, le sapin principal trônait à la vue de tous, suscitant l’admiration de ces paysans informes, qui le désignaient d’un doigt à leurs enfants émerveillés. Pitoyable. Ridicule même qu’un objet aussi symbolique et en l’occurrence aussi somptueusement décoré que l’avait été ce sapin, soit à la vue de tout à chacun… Quoique lui-même déambulait en permanence devant des individus indignes de sa magnificence. Comme toujours et à jamais, il était de loin l’homme le plus élégant de toute cette masse insignifiante qui se pressait devant les chalets de fortune que la mairie avaient fait installer. Alors…
Une bourrasque de vent gonfla le sapin, faisant danser ses branches et Erwin posa mécaniquement sa main sur la toque de fourrure d’un gris perle qui surmontait ses cheveux. Il ne pouvait pas blâmer sa femme d’avoir décliné l’invitation de ce soir, après tout, lui-même dans d’autres circonstances s’en serait bien dispensé… Un laser-game ou ce genre de pratiques l’indifférait au plus au point, ce n’était bon que pour les enfants… Mais ce cher « Mooonsieur le Maire » s’était enthousiasmé pour le projet de sa progéniture au point d’en créer un événement exclusif ; « l’événement Magie de Noël » si bien que toute l’équipe électorale s’était retrouvée contrainte et forcée d’assister à l’expérience. Et d’y prendre part. Certes, une majorité y allait avec une joie non feinte… A croire que tout à chacun se plaisait à occulter le fait que le fils prodigue de Mooonsieur le Maire était le même individu tant craint dans tout le cosmos… La bêtise humaine… Mais enfin...au moins cela dorait encore son image merveilleuse et active… Il avait aperçu au loin, Midas en grande conversation avec une nouvelle conquête, le saluant de loin sans pour autant venir vers eux. Pour le moment, il préférait de loin converser avec plus médiocre mais plus utile. Aussi serra-t-il la main de nombreux clients, les complimentant sur leurs tenues, s’entretenant de leurs nouvelles, de leur santé...là où la seule santé réellement intéressante se trouvait être financière à ses yeux. Et ils repartaient heureux, comme dispensés de la Bonne Parole en lui souhaitant un Joyeux Noël, qu’il leur rendait poliment en ne leur souhaitant pas. Après tout, parfois, certains étaient plus utiles morts que vivants…
Un commerçant lui proposa un vin chaud et il le dépassa, son mépris faisant office de réponse. Il haïssait cela, cette perspective de faire chauffer l’alcool lui rappelait les jours de disette et la pauvreté. Un choix digne de la populace que de se presser à se réchauffer à quelques gouttes d’hydromel ou de vin de piètre qualité… Et pourtant, il était aussi celui d’une déesse… Et cette vision le poussa même à entreprendre quelques secondes de causette sournoise avec Héra. S’était murmuré au conseil municipal que cette dernière venait d’être fraîchement promue dirigeante de l’Olympe et cette situation laissait Erwin presque pantois. Peut-être aurait-il du miser sur elle lors de leur rencontre quoique rien n’était encore perdu. Il voyait bien à sa mine méprisante, lorsqu’il riait de son adultère, que la situation l’outrageait férocement. Cela s’expliquait par son statut évidemment et sûrement aussi par son dépit. Mais cela, il n’y pouvait rien, il ne pouvait pas non plus contenter tout le monde. Il avait fait un caprice différent et il comptait bien le rendre gagnant.
Et le Destin devait l’entendre car ledit caprice se matérialisa devant lui, soudainement, muni de deux gobelets d’hydromel doux. Elle avait du miser sur cette « rencontre fortuite » devina-t-il moqueusement, en constatant l’effort vestimentaire qu’elle portait aujourd'hui. Non mais qu’elle ne soit pas capable de ravissant effets mais il avait compris que cela, loin d’être inné, lui venait surtout des situations extérieures qu’ils avaient affrontées. Le reste du temps, ses vêtements lui faisaient l’effet d’atroces assortiments vides de sens et de séduction… Et il n’avait pas manqué de le lui laisser sous-entendre. Qu’il l’utile soit, mais qu’elle le ridiculise même dans des moments entièrement privés, JAMAIS.
Depuis peu, elle semblait le percevoir et elle redoublait d’attention, ce qui caractérisait l’attachement entier et sans faille dans lequel elle se trouvait déjà.

- « Bonsoir ... » répondit-il simplement en ornant son visage d’un sourire en coin.

Fort heureusement, depuis leur...liaison, elle n’évoquait pas encore une envie particulière de l’annoncer à qui que ce soit. Il muselait le tout d’une volonté de secret et espaçait un peu leurs entrevues, même si celles-ci se produisaient à intervalles de plus en plus rapprochées. Elle démontrait une envie nouvelle, dont elle n’avait pas encore totalement conscience, de profiter de sa présence, de le voir plus fréquemment et si cela encourageait ses plans fondés sur une connexion puissante, cela restait néanmoins délicatement gérable au regard du contexte. Mais il était un chef d’orchestre des manigances aussi parvenait-il à tromper l’intégralité de son monde sans réelle difficulté.
Il glissa le regard de son visage jusqu’au cidre chaud, notant au passage les élégants gants rouges qu’elle portait aux mains assortis à son béret. Un petit clin d’oeil aux clichés parisiens qui ne lui déplaisait pas… Bien loin de son style à lui mais tout le monde n’était pas lui :

- « A vrai dire, j’apprécie peu l’alcool chauffé, ça ne fait pas exception. » commença-t-il un peu altièrement, «  Mais... »

Aurait-il du dire cela ? Les doigts de sa main droite s’étaient posé légèrement sur les siens, pour récupérer le gobelet tendu et il prolongea le contact, le laissant s’étirer quelque peu. Il ne regrettait en aucun cas ses paroles mais il savait qu’elles avaient probablement déçue la jeune femme. Un risque lorsqu’on apportait à quelqu’un une boisson sans connaître un tant soit peu ses goûts. Mais, son plan nécessitait malgré tout de ne pas mettre à vif ses émotions, aussi décréta-t-il plus tendrement

- « Mais...compte-tenu que vous l’avez apporté pour moi, je tâcherai de m’en satisfaire. De toute manière, c’est l’un des seuls alcools disponibles et c’est de loin le plus agréable. »

Il remarqua qu’ils étaient proches. Suffisamment proches ou pas assez, selon la perspective où l’on se trouvait. Il connaissait d’instinct la position d’Alexis à ce sujet. Il savait très bien qu’elle rêvait progressivement d’autre chose, il le sentait dans son regard, plus que cette proximité exiguë mais malgré tout sans équivoque, là où lui s’amusait hautement de cette petite comédie qu’ils dispensaient à ce grand public qu’était la foule qui évoluait autour d’eux. Et d’une certaine manière, sûrement trouvait-elle le tout effroyablement romantique… Pathétique.
Aussi, pencha-t-il la tête, un peu narquoisement lorsqu’elle le remercia de l’organisation et l’investissement qu’elle imaginait qu’il avait mis dans l’organisation de cet événement :

- « Merveilleux ? Nous verrons. Notre maire compte beaucoup sur cet événement pour redorer son blason après la catastrophe de sa cérémonie d’investiture...et d’anniversaire. Pour le moment, rien n’est encore joué. Un laser-game...  Il laissa un instant en suspend avant de poursuivre « Je goûte peu toute cette nouvelle technologie mais….je sais que vous appréciez. Aussi, il est vrai que j’ai mis énoooooooormément de coeur à l’ouvrage…Je suis ravi que vous vous en soyez consciente.»

Ce n’était pas vrai bien sûr, il s’était contenté de signer le chèque en ricanant à plein nez de cette idée grotesque et misérable...Un laser-game, des armes et des pistolets, un vulgaire fantasme de gamins. Dire qu’il participerait à cette simulation ridicule… Néanmoins, il n’était pas mauvais en tir, comme elle avait déjà pu le constater…
Hadès avait pris place sur la scène, visiblement surexcité du succès, son fils à ses côtés et se lançait déjà dans le discours électoral…

- Amis Storybrookiens et invités divins, bienvenue à la cérémonie d'ouverture des festivités de Noël. Je sais, et on sait tous... qu'il y a eu un petit couac à l'événement de Halloween. Rien de bien grave, et c'était totalement indépendant de notre volonté. D'ailleurs, la police enquête toujours sur le coupable et on approche du but. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, c'est un grand jour ! J'aurais bien commencé par la blague que je n'avais pas réussi à terminer la dernière fois, mais allez savoir pourquoi, on m'a dit de ne pas le faire. Regina a même précisé - en plaisantant bien entendu - qu'elle me mettrait dans un placard si je venais à la raconter. Par précautions, j'ai demandé à Norbert de retirer tous les placards de la Mairie. Mais bon... elle plaisantait évidemment... Bref... Storybrookiens, Storybrookiennes. Tout. Va. Bien. Votre Mairie veille au grain. Et pas qu'aux grains, d'ailleurs, on veille sur un tas de choses. Les céréales, les gants, les oeufs de poule... Nous avons dépensé un coût faramineux pour votre confort parce que rien n’est trop beau pour vous en cette fin d’année ! N’oubliez d’ailleurs pas que dès janvier l’impôt sera prélevé directement à la source, on vous y attend nombreux ! Joyeuses Fêtes de Fin d'Année à Tous !! Maintenant place aux festivités. Nous avons vue grand ! Mais pas trop non plus, afin de privilégier votre sécurité. Et c'est pour que vous soyez tous en sécurité que j'ai fait appel à mon fils, Elliot Sandman. Il a conçu un jeu spécial, rien que pour vous. Grâce aux petits pins qu'on va vous distribuer... d'ailleurs c'est déjà en cours, vous allez pouvoir voyager dans un monde aux confins du présent. Dans le sens où vous n'allez pas bouger, mais Storybrooke va bouger. Il y aura des cadeaux des partout. Des Pères Noëls. Plein de surprises. Ca sera juste un Storybrooke, ici même, aujourd'hui, mais en mode Noël. Et sur une période de trois jours pour que vous puissiez vivre cela à fond ! Hein fiston ? J'ai pas très bien compris de quoi il serait question, mais tout se passera bien ! Il vous suffit de mettre le pins sur votre veston, ou chose que vous portez, et vous laisser emporter, quand Elliot donnera le top signal de cet événement sans le moindre danger.
- Euuuh... ouais. Avait-il dit en passant une main sur sa nuque.
- Elliot Sandman ! Bon, allez, on se lance ! Bon amusement à tous ! Une dernière chose importante ! G - S - 6 - 6 - 6 - Alabama. Si quelqu'un a cette matricule sur sa voiture, qu'il se rende immédiatement jusqu'à elle, car elle est devant une bouche d’égoût et apparemment ça gâcherait la vue. Enfin bref, soyons solidaire.

Comment pouvait-on ridiculiser un discours aussi simple et peu inventif que celui qu’ils lui avaient tous préparé sur mesure ? Même sa phrase sonnait misérable lorsqu’elle sortait de la bouche d’un autrui… L’espace d’un instant, il s’imagina à sa place, saluant la foule sous les ovations admiratives. Avec lui, rien n’aurait jamais dégénéré… Tout comme toute cette fanfaronnade coûteuse n’aurait jamais eu lieu. La dernière phrase le laissait perplexe, résonnant presque comme un mauvais présage…. Une voiture qui gâcherait la vue à une bouche d’égoût ? Depuis qu’il était revenu de son périple glacial et mortel, il songeait souvent au Clown. « Ca » trônait sur sa table de bureau et il épluchait le livre à la recherche d’indices et d’hypothèses et la mention à la bouche d’égoût l’inquiétait subitement. Hadès était trop bête pour s’en soucier, bien évidemment mais…
On lui tendait le pin’s et il s’en saisit, le tripota des doigts, hésitant. Que fallait-il faire ? Devenait-il brusquement paranoïaque au point où la seule mention d’une bouche d’égout lui faisait monter une impression de danger ? Ou était-ce le fait qu’il était sur le point de tester une invention qui le déplaisait au plus haut point ? Lena fabriquait des lentilles de réalité virtuelle, il l’avait appris dans son enquête régulière et jamais ô grand jamais ne s’y serait-il risqué. Et pourtant, l’invention de cette détestable brune lui semblait subitement bien plus sûre que ne le serait jamais une faite par le Chronos de demain. S’il laissait tomber le pin’s, marchait dessus et prétextait un geste maladroit, personne ne le saurait. Mais… Non. Aucune inquiétude à avoir, après tout, il était Preminger, il pouvait aller de l’avant. Un vulgaire laser-game n’aurait certainement pas sa peau. Alors, il glissa l’objet sur sa veste, ouvrant quelque peu son long manteau bleu sombre. Il l’aggrafait à peine, hésitant encore, lorsqu’Elliot frappa dans ses mains. Le notaire ressentit une décharge légère lui parcourir le corps et il lui sembla que son corps s’affaissait, tandis que son univers devenait sombre… Et il maudit celui qui organisait un tel événement en extérieur dans la neige.


I know I've got a big ego
I really don't know why it's such a big deal though

Toutes ses nuits se trouvaient souvent belles, promesses de jours meilleurs. Mais souvent, ses réveils étaient décevants, lui rappelant ce qu’il avait perdu. Et pourtant… pas cette fois.
La douceur de l’oreiller, la finesse des draps. Ce fut ce qu’il remarqua d’abord avant même qu’il n’ouvre les yeux, se sentant particulièrement douillet et confortablement installé. Il se retourna un peu, se blottissant dans les couvertures, savourant le toucher délicat, la texture du lit, presque prêt à se laisser une nouvelle fois emporter par Morphée. Son quota de sommeil étant dépassé, ses yeux papillonnèrent lentement, s’habituant à la lumière du jour qui filtrait à travers les lourds rideaux violets pour se réfléchir sur les murs de la même tonalité. Il les ouvrit nettement, brutalement. Sous le choc. Qu’est-ce que ? Il connaissait cet endroit… Rêvait-il ? Son corps s’était relevé de lui-même, à moitié sur l’oreiller, les bras repliés sur les couvertures qu’il constatait à présent brodées de courbes et motifs dans des fils de soie… Inlassablement, ses yeux dorés se posaient sur les alentours, le coeur battant, au fur et à mesure qu’il redécouvrait l’environnement… Les hautes fenêtres aux poignets d’or, la pièce qui s’étendait à perte de vue, le secrétaire surmonté d’un gigantesque miroir en or massif garni de pierres précieuses, le marbre du sol, le tapis or et violet, la coiffeuse surmontée d’un deuxième miroir, et son petit siège ancien de la même couleur profonde et parfaite que tout l’aménagement intérieure.. Comment était-ce possible ? Son coeur ne se calmait pas et plus encore une espèce d’émotion montait en lui comme un mirage. Il lui semblait qu’il se revoyait là...Là où le panier d’or de Midas trônait non loin de sa coiffeuse, à se mirer un instant considérable dans le reflet parfait qu’il lui renvoyait, admirant sa toilette, remodelant ses cheveux, se parfumant de son initial parfum. Parfois, portait-il même son caniche pour le laisser apercevoir le reflet de cette glace, souriant encore. Que de projets avait-il pu élaborer ici, en dégustant une gorgée de champagne, se laisser griser par son propre sourire et l’ambition qui flambait au fond de ses yeux cruels. Un délice. Sa meilleure vie. Qu’on lui avait arrachée.
Complètement assis, il décida de se lever, entièrement vêtu d’une robe de chambre ancienne, découvrit-il et enfila un long peignoir de soie violet qui lui tombait jusqu’en bas de ses genoux, perplexe encore mais bien trop excité pour prendre la peine de s’interroger sur quoique ce soit. Rêvait-il ? La dernière chose dont il se souvenait revenait à accrocher le pin’s d’Eliott à son manteau. Aussi, se trouvait-il sûrement dans un rêve… Mais dans ce cas…. C’était le rêve le plus admirable qu’il n’avait fait depuis longtemps, si précis, si pointu. Il effleura les tentures de la main, gracieusement, puis caressa le contour du miroir lentement avant d’entrer en lumière.
Qu’est-ce que… ?

- « Aaaaah ! »

Là… Dans la glace, devant lui, le scrutant dans une mimique de surprise intense qui n’adoucissait pas le flamboiement de ses yeux dorés, un homme l’observait. C’était….lui. Inchangé. Ou...le visage un peu plus fin peut-être ce qui lui ajoutait encore en finesse là où il pensait presque que cela était impossible. Mais ce n’était pas cela qui avait été à l’origine de son glapissement de joie. Non. La raison lui venait des boucles blanches comme la neige qui lui encadraient le visage, ses cheveux...avaient repris leur couleur….naturelle si on admettait que soit une couleur naturelle la solution qu’il avait utilisée des années auparavant pour les blanchir et ainsi balayer sans gêne toutes les extravagantes perruques du royaume. C’était…. LUI. Plus lui que des années auparavant et il posa ses mains sur son visage pour s’en assurer, ému de contempler que l’image faisait de même. Si bien qu’il en tournoya de bonheur.
Il...était revenu à la normale. Dans…. Le futur ? Dans le présent ? Il ne savait pas. Certes son visage s’était quelque peu modifié mais de manière siii fugace qu’il possédait encore cette jeunesse inaltérable et superbe qui irradiait sa beauté d’un éclat supplémentaire.
Reculant de quelques pas, s’arrachant à regret de sa contemplation, il tenta de retrouver ses esprits, ses réflexions… Visiblement, on l’avait transporté dans le royaume des contes, il était de retour chez lui, dans son royaume. Une petite sonnette trônait sur sa table de chevet et il s’en empara après un bref instant, l’agitant avec grâce, se sentant prêt à affronter l’arrivée d’autrui.
Et comme si on n’avait attendu que son signal, quatre femmes vêtues de robes simples et d’époque, un petit bonnet emprisonnant leurs chevelures, firent irruption dans la salle, et lui accordèrent une révérence longue et soignée :

- « Que votre jour soit glorieux, Votre Majesté ! » s’exclamèrent-elles en choeur en joignant les mains.

Il les observa désarçonné. Votre Majesté ? Se pouvait-il que… ? Mais il ne comptait guère le demander. A quoi cela servirait-il sauf à se ridiculiser ? Et puis...la sensation était bien trop grisante pour risquer de l’interrompre méchamment par ses propres soins. Aussi, sentit-il un rire secouer sa poitrine et il s’y abandonna, rejetant un peu sa tête en arrière, avec suffisance :

- « Pourquoi ne le serait-il pas ? » glissa-t-il en n’abaissant aucun regard sur elles, hormis pour constater qu’elles paraissaient ici les mains vides de victuailles. Pourquoi diantre ? S’il était...Roi ? Quel mot enchanteur, s’il était roi donc comment pouvaient-elles avoir l’indécence de se présenter à son réveil sans la moindre provision ?
Les quatre femmes baissaient la tête respectueusement, comme attendant qu’il leur donne l’ordre de se relever, mais il resta ainsi, posa l’une de ses mains sur sa hanche, posant.

- « Vous me ferez l’extrême obligeance d’appeler votre supérieure une fois ma toilette faite »
- « Comme il vous plaira votre Majesté. » répondirent-elles, une nouvelle fois dans une union qui aurait pu être agaçante si elles n’avaient pas prononcé ce mot magique et si merveilleux…

Majesté… Comment était-ce possible ? NON. La question n’était pas de s’interroger sur la potentialité de la chose. Bien évidemment que cela était possible, c’était SA DESTINÉE. La question résidait dans le comment. La temporalité.
Entretemps, les domestiques s’étaient affairées, remplissant la grande baignoire de marbre sur pied qu’il n’avait pas vue depuis une longue décennie d’eau chaude et d’une dizaine de sels de bains, de parfum d’ambiance, jusqu’à ce que l’air ne prenne le tournant suffoquant et parfumé qu’il affectionnait tant. Il contempla l’eau troublée et violette, y plongea la main, pour en vérifier la température parfaite, puis se déshabilla avec l’aide volontaire des domestiques ; comme dans un rêve, un sourire léger commençant à pondre sur ses lèvres, si bien qu’il profita avec les délices qui seyaient à son rang du bain qu’on lui proposait. Traînant comme sur un nuage de violettes et de richesse, ravi et conquis de goûter à nouveau à la perfection qu’avait été sa vie...et ce qu’elle aurait pu être encore.
De toutes les années où il avait « servi » Geneviève, s’était tenu à ses côtés comme son bras droit, dissimulant le poignard qui permettrait son ascension, on l’avait couvert d’égards admirables qui ne rivalisaient pas avec un quart de l’empressement qu’on lui témoignait à présent et qu’il n’avait entraperçu qu’une fois dans sa vie. Le matin de son mariage. Le matin où toute sa vie entière avait basculé. Après un temps qu’il jugeait raisonnable, il cessa de se prélasser et rêvetu un peignoir immaculé et brodé de l’emblème du royaume qu’il contempla songeusement.

- « Votre Majesté confirme-t-elle le choix d’hier quant à la tenue du jour ? » interrogea l’une des domestiques, une rouquine frêle en accrochant à un cintre un costume complet d’époque qui provoqua un instantané bond dans sa poitrine.

Outre le raffinement extrême et typique de cette époque, c’était SA tenue. En améliorée, tressée de pierreries, de fils d’or et d’argent, dans un foisonnement de tissu. Cela qui le mettait le plus en valeur, admirable et superbe.

- « C’est parfait ! Parfait ! » répliqua-t-il dans un croassement de joie qui sembla rendre perplexe la servante qui ébaucha un sourire presque tremblant.

Mais son propre sourire ne s’adressait qu’à lui-même et il s’empressa de se vêtir de ses plus beaux atours, souriant tandis qu’il enfilait ses bas de soie d’un vert émeraude, une culotte qui s’arrêtait au dessous de ses genoux tirait sur le vert tendre, tandis qu’on lui enfilait une chemise dotée de trois poignées de dentelles, un justaucorps, puis un gilet, puis une veste violette.

- « Faut-il sortir le manteau, Majesté ? » interrogea doucement une domestique à la mâchoire chevaline en baissant les yeux.
- « Naturellement ».

Il tentait de feindre l’habitude, l’ordinaire mais pourtant son corps entier s’ébrouait à tout cet empressement autour de lui. Il voulait voir le manteau. Ce n’était que lorsqu’il le verrait qu’il saurait.
Et il l’aperçut enfin, rouge sanglant dans son fourreau d’hermine, tant et si bien qu’il se sentit brusquement pâlir manquant de défaillir de joie, lorsque la rousse servante en parallèle arrivait, portant sur un coussin délicat de la même couleur, une couronne d’or superbe et rutilante. C’était...donc réel. Autant que cette situation l’était. Il était Roi. Roi ! Roi parfait ! Il manquait de trépigner, de danser de joie sous le choc, se laissant apposer les deux emblèmes de sa réussite, revêtir les atours de sa victoire, chaussa ses chaussures et se mis à aller et venir, le long de la toilette, satisfait et guilleret, admirant la manière dont l’étoffe lourde tourbillonnant à chacun de ses pas.

- « Comment suis-je ? » interpela-t-il la plus jeune des domestiques, en tournant sur lui-même, offrant à la vision de la jeune femme, un tourbillon de beauté superbe et coloré qui sembla la laisser pantoise car elle piqua du nez, glissant dans une révérence supplémentaire
- « Votre Majesté a la grâce flamboyante d’une comète ! » balbutia-t-elle provoquant un subit éclat de rire chez Preminger.

Oui, en effet. Il était splendide et son miroir semblait le lui rendre à merveille, comme la vision lumineuse et radieuse d’un soleil. Parfait ! Parfait ! Tout était si parfait. Il les laissa le parfumer à outrance, savourant les volutes de parfum qui se pressaient sur sa peau en doses conséquentes, puis sortit de la pièce tandis que trois des domestiques plongeaient à nouveau dans une révérence polie et gracieuse.
A peine pénétrait-il dans la pièce, que les deux portes s’ouvrirent une nouvelle fois, laissant pénétrer la servante au visage chevalin précédée d’une autre, mieux vêtue mais toujours portant bonnet et accessoires. Plus âgée, elle fit une révérence plus entière à Preminger, puis se releva avec dignité, comme pleine de suffisance quant à la condition qu’elle entretenait :

- « Votre gracieuse Majesté m’a fait mander ? L’ensemble de mon personnel a-t-il fait offense à Votre Majesté ? Dois-je congédier l’une ? Réprimander Berthe? » interrogea-t-elle en jetant des regards secs à chacune des servantes, qui se tassaient davantage entre elles, dans une frayeur soudainement collective.

Spectacle amusant. Malgré tout, il n’était guère là pour cela. Aussi, se pointa-t-il sous le nez de la duègne, un sourire satisfait sur ses lèvres extatiques :

- « Non pas, Madame, car je n’ose imaginer que ces dernières aient pu prendre l’initiative seules de se présenter devant MOI avec une telle indélicatesse ! C’est vous que je blâme. »
- « Moi ? »
La femme avait perdu l’entièreté de ses couleurs, et luttait fortement pour tenir le choc sans tomber à genoux pour crier grâce.

- « Parfaitement. VOUS. Comment diantre pouvez-vous ne serait-ce que tolérer de se présenter à la chambre de votre SOUVERAIN et MAITRE sans lui offrir le petit-déjeuner ! »
- « Comment… Mais… Votre Majesté, si votre grâce me permets… C’est Votre Majesté qui m’indiquait hier que votre volonté était de prendre le petit-déjeuner avec la Marquise et »

Il accueillit l’information avec beaucoup plus de clémence qu’il ne l’aurait fait d’ordinaire, trop enclin à la célébration de sa nouvelle royauté. Son coeur était en joie et son esprit n’y voyait rien d’autre à penser, si bien qu’il évacua l’explication inutile de la servante d’un geste vaporeux de la main :

- « Certes… Certes... »

Mais s’il déjeunait avec une Marquise OU diable se trouvait la reine. Se pouvait-il ? Comme pris d’un doute, il tourna vivement la tête, pour contempler son lit. Vide. S’il était roi où se trouvait donc sa femme ? OU était Georgia ? Il tourna la tête, hésitant…. Fallait-il se ridiculiser davantage en poursuivant ses interrogations ? Peu importait. Il était ROI. Il était Preminger. Il n’était jamais ridicule.

- « Où est ma femme ? Où se trouve votre reine ? »

Les domestiques échangèrent un regard et la servante principale se tordit en une nouvelle révérence gênée :

- « Votre Majesté… La Reine est partie à votre palais d’hiver, afin de signer en votre nom la reddition du royaume voisin... »
- « Incroyable qu’une domestique telle que vous soit si informée... » répliqua-t-il pour garder une contenance.

Bon. Définitivement, énormément d’informations. Mais le plus important restait peut-être le fait qu’en réalité, une fois la certitude qu’il se trouvait encore marié et que l’anneau posé à son annulaire n’était pas un vulgaire ornement en hommage à quelque chose qui lui avait ôté, le reste attendrait. Quelle importance ? Tout ce qu’il voulait à présent était de profiter. Une euphorie généralisée s’emparait de lui et peu importait grandement au final ce qui se tramait autour de lui, tout ce qu’il désirait finalement était d’en profiter…
Il décida donc de suivre le mouvement et désigna de la tête avec hauteur, les portes :

- « Bien… Allons-y ».

Il se laissa escorter dans son palais où chaque recoin lui provoquait une image en tête, un souvenir. Là, Midas avait manqué d’attraper la vilaine petite chatte de la princesse, c’était au détour de ce corridor là qu’il avait offert la première fois ses services à Geneviève, dans la salle des miroirs, il avait du supporter Anneliese à peine âgée de 12 ans lui décrier sa leçon de poésie avec sa voix malhabile et son air satisfait… Ridicule. Ils tournèrent jusqu’aux anciens appartements de la princesse, et deux gardes armés s’effacèrent pour lui ouvrir la porte annonçant avec fracas :

- « Sa Majesté le Roi ! »

Il rejeta ses cheveux avec grâce sur sa cape et pénétra dans la pièce de son pas conquérant et splendide. Les appartements avaient été réaménagés visiblement pour devenir une impressionnante salle à manger, grande où trois personnes se trouvaient déjà attablées. Ils avaient tourné la tête vers lui tandis que ses yeux se survolaient les enfants avec désintérêt pour se poser sur la « Marquise »… L’âge avait passé comprit-il soudain. Ils étaient dans le futur. Un futur où il était...ROI. ROI. Il retint le cri de joie qui manquait de franchir ses lèvres et l’envie de la saisir pour la faire virvolter sous son triomphe.
Cependant quel mauvais goût que de laisser les enfants ici. Ils tâchaient l’ensemble, gâchaient l’entrevue. Que diable lui avait-il pris de proposer un déjeuner avec ces derniers ! Ou peut-être était-ce elle qui avait du trouver l’idée séduisante… Visiblement, elle avait su l’aider à se hisser à ce niveau avec efficacité au point où il lui avait arrogé le titre de marquise. Tout en sachant avec aisance trouver le temps de se reproduire avec Dieu savait qui… Oh, après tout, elle faisait ce qu’elle voulait….
Chemin faisant, il avait entreprit le trajet vers Alexis, les mains tendues, tout à sa joie de se savoir si superbe, si victorieux, si magnifique. Et elle si radieusement...marquise. Oui. Il l’avait élevée au rang de marquise. Non, elle n’était pas marquise. Elle était sa marquise, sa FAVORITE, réalisa-t-il soudain.

- « Ma très chère….. ! Vous êtes divinement en beauté... » s’exclama-t-il en s’avançant vers elle, les mains presque tendues sous la joie.

Soudain, il s’arrêta net dans son élan heureux. Il s’en était fallu de peu. Un petit être surexcité s’était levée en trombe de la table pour tomber dans une révérence pleine de froufrous violets :

- « Bienvenue et belle journée Pèèèèèèèèèèèèèèèèère ! »

La voix était si stridente et empressée qu’il ne comprit pas le dernier mot puis soudainement, les sons s’accordèrent dans son esprit et il hoqueta ! Est-ce qu’elle venait réellement de l’appeler… Père ? PERE ?
Il plaqua une main sur sa bouche et soudainement se mis à rire, avec hargne. Ce… Ce petit moustique...sa FILLE ? Le fruit de ses entrailles ? Pour qui le prenait-on ? A s’abaisser à la progéniture… Il baissa la tête pour observer la bouille adoratrice que lui offrait l’enfant. C’était définitivement l’enfant d’Alexis. Il reconnaissait ses traits, la forme de ses yeux, et le côté pincé de son nez qui donnait à son visage un air espiègle assez mutin. Mais ça n’avançait rien. Pourquoi donc OSAIT-ELLE répandre une rumeur aussi infamante ? Jamais ô grand jamais il ne permettrait une chose aussi…misérable. Un enfant?! Mais pour qui le prenait-on ? Il était ROI. Roi de tous, sans égal, sans rival et sans personne à sa hauteur…
Toujours agenouillée dans sa révérence, la petite chose continuait de le regarder comme la merveille du monde qu’il était et il finit par déclamer avec hauteur :

- « Il me semble que séant, on m’appelle… Votre Majesté.. »

Et l’enjamba pour poursuivre son chemin, comme on évitait un problème ou un ennui désagréable. Sa fille. Ri-di-cu-le. Comment aurait-il pu laisser passer une telle bévue ? Un tel désagréable grain de sable ? Il riait encore sous cette bonne plaisanterie. Alexis l’observait, s’étant levée subitement à son arrivée et il reconnu son regard, concordant avec le sien. L’expérience d’Elliot qu’elle vivait avec lui. Il était arrivé jusqu’à elle, souriant à sa coiffure, à son maintien, la robe splendide… Cela faisait des années qu’il n’avait plus vu d’aussi magnifiques tenues, aussi somptueuses robes… Les plus belles parures pour habiller autrui à n’en pas douter et elle ne faisait pas exception. Les robes du XVIIIème n’avaient pas leur pareil pour révéler le meilleur de toute femme…même subitement plus âgée. Et le violet encore mieux… Et puis tout était si magnifiquement plus beau de toute manière vu sous ce nouvel angle si glorieux ! ….
Le second enfant, plus âgé, se leva, s’inclina dans une révérence timide bien que parfaitement exécutée :

- « Bonjour… Votre Majesté… » déclama-t-il comme un murmure, le visage fuyant si bien que Preminger ne l’aperçut pas, avant de le contourner pour rejoindre la petite geignarde au sol. « Allez… Lève-toi Rose, Ce n’est rien... »
- « Il me parle toujours d’habitude…. Et J’ai mis sa robe préférée…. »
- « Elle est très jolie cette robe…. Hey… Ne pleure pas... »
- « Je ne pleure pas ! Père m’aime MOI. Je ne suis pas insignifiant comme TOI.».

Il y avait eu un bruit et Erwin se retourna agacé, arraché à son mouvement pour contempler les deux bambins. Visiblement, la plus jeune s’était relevée et avait du repousser l’autre qui avait heurté un peu la table, sans gravité, le bras essuyant ses yeux humides avant la manche de sa robe de soie. Puis, ses yeux avaient croisé les siens et elle avait sourit avec une espèce de fierté curieuse et admirative, pour soudainement s’attabler, comme si de rien n’était. Curieuse petite enfant. Sa fille ? Impossible. Ri-di-cu-le. Mais elle semblait s’atteler à le paraître et le croire sûrement par adoration.
Son regard glissa sur le plus vieux, qui s’était redressé avec une sorte d’indifférence triste, puis s’agenouilla soudainement à ses pieds Erwin le regarda surpris, songeant soudain qu’il le faisait déférence, l’égo déjà gonflé de vanité mais s’aperçut qu’il ne faisait là que ramasser la fourchette d’or qui était tombée non loin de ses chaussures.
Il le regarda faire, sans l’aider le moins du monde, le buste encore tourné vers lui…
Et ce fut à cet instant que cela se produisit. Lorsque l’enfant releva son visage fin vers lui, comme soudainement surpris de son intérêt. Et son regard se plongea dans le sien. Un regard qui étincelait, brûlant comme l’or des roches et le feu du soleil. Un regard qu’il connaissait. Parce que c’était le sien… Il lui sembla brusquement que son esprit s’éloignait, reculait pour découvrir bien plus loin, loin encore, au-delà du regard, les lignes de son visage, l’arc de son nez, la forme de ses lèvres, la manière dont ses yeux se plissaient… Ce fut comme un poignard entrant dans son coeur frappé par l’horreur. Comme si on le volait. Non… non… Et pourtant… Devant lui vivait sa négation, l’ultime preuve de ce qu’il continuait de nier, rejeter. Son… Il ne pouvait pas le dire, l’admettre. Cela lui écorchait les lèvres, jusqu’à l’âme entière, l’écœurant… Non. Impossible. Il n’était guère ainsi… Et il était Roi. Lui n’était rien. Il ne laisserait personne encore moins ce...vulgaire avorton, changer cela. Il était ROI. ROI.
Il se retourna avec indifférence et riva son attention, sur Alexis seule, la regardant intensément. Comme l’avenir...pouvait être étrange. Radieux et pourtant...elle avait porté les enfants qu’il avait juré de ne jamais avoir. Impossible. Non. Jamais il n’aurait ces inutiles créatures minaudantes… C’était improbable… Il dévia une nouvelle fois la tête, pour croiser le regard de la plus jeune.. Comment l’enfant deux l’avait-il appelée déjà ? Fleur ? Chrysanthème ? Le nez dans son bol de lait, elle se stoppa subitement pour lever le regard vers lui pour lui adresser un signe de la main, puis toucha ses cheveux dans un petit geste de coquetterie étudiée.
Non cela n’avait aucun sens.
Puis, à nouveau, Il se tourna vers elle. Sur ses superbes cheveux, le symbole de sa puissance étincelait. Irradiait comme un prolongement de sa Beauté. L’exultation revenait, puissante. Il était superbe, merveilleux, la Grâce faite homme, incarnée par LUI, et seulement LUI SEUL auparavant, maintenant et à jamais.
Alors, darda-t-il une attention sur Alexis, dans un geste vain et arrogant, se saisissant de sa main, portant le bout de ses doigts à ses lèvres :

- « Est-ce là une heure trop matinale pour vous présenter mes hommages...Marquise ? »
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« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


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Edition Octobre-Novembre 2020

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________________________________________ 2020-11-23, 20:35 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Everybody wants to rule the world


J’étais restée clouée sur place quand je l’avais vu entrer, complétement bloquée par tout ce qui était en train de se passer, tout ce que j’étais en train de comprendre. J’avais pu percevoir la paternité de mon … “fils” à travers ses yeux mais d’avoir enfin la confirmation pleine et entière de ce que j’étais en train de vivre me laissait dans un état de surprise dépassant tout ce que j’avais pu imaginer. Au-delà du choc et de la surprise, qu’y avait-il ? De la joie ? De la peur ? Sans doute un peu de tout cela. Comment une fille telle que moi avait pu en arriver là... en quelques années ? Combien ? 10 ans ? A première vue, c’était le plus probable si je me référai à l’âge du garçon. Comment avait-il pu retrouver tout cela ? Comment avais-je pu accepter de partir pour un monde qui n’avait jamais été le mien, qui se référait à une époque terriblement révolue pour moi. Plus de médecins ou avec peu d’avancées, plus de technologie. Était-ce un suicide ? Une volonté certaine ? Mon regard avait coulé sur la petite qui observait Erwin entrer avec une attente certaine, les joues rosies par son excitation. C’était sans aucun doute l’une des raisons de mon départ. J’étais devenue mère. Et j’avais suivie ma famille. Elle... Isaac... Erwin. Il était devenu ma famille. Les larmes aux yeux, je le voyais s’avancer avec ravissement, prenant conscience de mon côté de ce que nous étions devenu. Ce n’était pas qu’une amourette, pas qu’un début de relation... il serait le père de mes enfants. C’était lui... Il était l’homme de ma vie.

Emue à cette pensée, j’avais eu tous les efforts du monde à retenir mes larmes de couler. C’était un sentiment des plus étranges. Combien avaient l’occasion de voir si clairement leur avenir ? Là où j’avais fait ma place en étant la “fille de” que ce soit auprès de Regina et Storybrooke ou des Templiers, j’étais désormais une personne à part entière. On m’avait offert mon avenir. Et il n’y avait rien de plus troublant que d’observer brusquement des réponses à des questions que je m’étais à peine posé timidement ces derniers jours, les réfutant au plus profond de ma mémoire pour les oublier, m’intimant à l’attente, à profiter de l’instant présent sans penser à ce que pourrait être demain et s’il y avait un lendemain. Et visiblement, il y en avait un... même plusieurs, menant jusqu’à presque 10 ans de vie commune. Rose m’avait sorti de ma rêverie en se levant comme un boulet de canon en hurlant tout son amour à son père et j’avais alors réagit qu’il fallait que je me lève aussi, Isaac m’observant étrangement comme s’il ne comprenait pas que je ne l’avais pas déjà fait. J’avais regardé l’enfant avec une certaine appréhension. Du haut de ses 4 ans, je me demandais comment elle faisait à courir aussi vite avec tout la masse de froufrou qu’elle avait autour d’elle et qui risquait de la déséquilibrer à tout instant. Pourtant ce n’était pas cela qui l’avait arrêté mais plutôt le ton cassant qu’avait employé Erwin. Je l’avais vu placé une main sur sa bouche quelques secondes avant, visiblement choqué de la nouvelle et je l’avais regardé avec un petit air désolé, comprenant alors avec soulagement qu’il s’agissait bien d’Erwin, de celui que je connaissais et qui visiblement se trouvait dans la même aventure que moi une fois de plus. C’était tout de même rassurant.

Il m’avait impressionné à la seconde où je l’avais vu entrer. Il portait un lourd manteau royal que j’avais déjà vu dans des livres d’histoire, fait d’hermine. Il imposait sans aucun doute plus que n’importe quel autre objet son ascendance sur son royaume. Lui aussi était plus âgé. Il semblait avoir atteint la cinquantaine, ce qui me poussait encore plus dans mes retranchements des 10 années de passées. Le Temps n’avait pas vraiment eu d’impact sur lui... je le trouvais peut-être même encore plus beau à présent, avec ses joues plus creusées et ses rides qui accentuaient son regard. Il avait des cheveux blancs, je me demandais si l’âge les avaient fait blanchir d’un seul coup car il n’avait pas l’air de porter de perruque, mais aussi surprenant que cela pouvait paraître, cela lui allait bien aussi. Pendant une fraction de seconde, je m’étais alors imaginé que cet Erwin du futur était peut-être autant dans le décor que les autres et que j’étais désormais seule anomalie de ce tableau. Comment me comporter alors face à un Roi ? Je n’avais ni l’art, ni la manière, ni la connaissance que j’étais censée avoir pour ce genre d’exercice. Pire ! Ça me terrorisait légèrement. Mais cette main posée sur sa bouche, ce tout petit geste m’avait rassuré brusquement... avant la douche froide.

- Il me semble que séant, on m’appelle… Votre Majesté.

Comment pouvait-il être si cruel ? Elle était si petite... et elle était sa fille... en quoi pouvait-il y avoir quelque chose de mal à l’appeler “Père”... elle avait encore même évité le “papa” plus familier dont elle gratifiait pourtant sa “maman”. J’avais dégluti en serrant les dents, ne comprenant pas vraiment sa réaction. Il était choqué, je pouvais le comprendre, mais elle n’en restait pas moins une enfant. Je n’avais pas osé bouger, observant les gardes toujours présents dans la pièce. Mieux valait jouer le jeu. J'ignorai ce qu’un affront au protocole risquait de me faire endurer, surtout qu’Erwin semblait plutôt à cheval face à celui-ci. Je m’étais contentée d’attendre, dans une posture qui me semblait adaptée suite à tous les films et séries que j’avais pu voir sur cette époque. Les mains jointes, la tête légèrement baissée, j’observais toujours Rose, prostrée dans son coin et qu’il avait enjambé sans ménagement.

A ma grande surprise, Isaac avait porté assistance à sa sœur après s’être incliné devant Erwin. Je l’avais observé avec un léger sourire sur le visage, fascinée. Il était si sensible, si intelligent et si précautionneux. Une bouffée de fierté était directement montée en moi. C’était stupide, je ne le connaissais pas et je l’avais encore moins élevé mais l’idée même qu’il puisse être mon fils me rendait fière. Et là où j’avais de la fierté, à l’instar du moment que j’avais vécu en observant Erwin quelques instants auparavant, il fallait qu’il y ait son penchant négatif. Rose s’était rebellée contre son aide avec une certaine puissance que je pouvais lui comprendre, vexée que son Père ne fasse pas attention à elle mais avec une cruauté que j’avais insoupçonné pour une enfant de son âge. Il n’y avait pas de concours dans l’Amour. Surtout dans l’Amour d’un parent. C'était ce que je pensais. Mon père ne m’avait jamais aimé. Peu importait ce que j’aurai pu faire, je n’aurai jamais été à la hauteur d’atteindre ce qu’il était incapable de m’offrir. Je m’y étais fait. Je savais aussi que l’amour de mes mères avait été inconditionnel, direct et si Regina m’aimait, elle n’en aimait pas moins Henry ou Daniel. Pourtant Rose pensait mériter d’Erwin quelque chose qu’il n’avait pas accordé à Isaac... était-ce seulement possible ? L'idée me brisa le cœur et je déglutissais commençant à me dire si ce rêve que j’avais premièrement imaginé n’était finalement pas un cauchemar éveillé.

Et le pire était encore à venir. N’y tenant plus j’avais voulu intervenir, amorçant un pas en direction des enfants mais je m’étais stoppée dans mon action en voyant la petite pousser avec violence son frère qui avait le double de son âge contre la table. Ce dernier s’était laissé faire sans rien dire, le regard triste. J’avais froncé les sourcils en direction de Rose, prête à la réprimander mais le regard malicieux et admiratif qu’elle avait lancé à son père après son action m’avait laissée pantoise. La bouche légèrement entrouverte, je l’avais observé retourner à sa place avec stupéfaction, l’appétit visiblement pas coupée de sa propre action. Rien n’allait dans ce tableau... C’était à croire que le Clown avait pris possession de mon futur. Il m’avait mis dans un monstre stressant que je ne connaissais absolument pas, tout en m’offrant des choses que je pourrai espérer avoir comme deux beaux enfants avant d’en faire des machines à torture pour mon pauvre cœur. Le garçon semblait totalement accepter son rôle de victime tandis que la gamine semblait déjà en proie à une puissante cruauté. C’était comme ça que des femmes comme Cersei Lannister devenaient des Cersei Lannister... mais il n’était peut-être pas encore trop tard pour rectifier le tir...

Pendant ce temps, Isaac s’était agenouillé pour récupérer une fourchette. J'avais alors vu dans les yeux d’Erwin la connexion se faire, la même que celle que j’avais faite quelques secondes auparavant. Il semblait enfin concéder pleinement que c’était SES enfants... NOS enfants, comme si cette raison lui avait semblé forcément étonnante jusqu’alors. Pouvait-il imaginer que je les avais eus avec quelqu’un d’autre ? Dans ce contexte ? Comment ? J’avais alors eu un geste en direction du garçon, une volonté de lui caresser le visage comme pour le rassurer mais dignement, il avait refusé mon étreinte, posant sur moi un regard plein de douceur et suppliant. Je comprenais alors qu’il ne voulait pas que je le fasse devant son Père. Pourquoi ? Avait-il déjà honte de nos contacts ? A son âge ? Il me semblait encore jeune pour cela... mais sans un mot, il était retourné s’asseoir sagement et j’avais croisé le regard d’Erwin qui m’observait intensément. Je n’avais pas baissé les yeux, l’observant tout autant, comme prenant autant conscience que lui de ce qui nous arrivait mais peut-être de façon différente. Son regard s’était de nouveau posé sur Rose. Puis sur moi. Il s’était alors approché et j’avais senti que c’était à mon tour de m’incliner. Je l’avais fait dans un geste que j’espérais maîtrisé tandis que je l’avais senti attraper ma main. Avec surprise, je l’avais observé l’approcher de ses lèvres.

- Est-ce là une heure trop matinale pour vous présenter mes hommages...Marquise ?

J’avais cligné des yeux, la gorge sèche. Il fallait que je réponde quelque chose là, maintenant, tout de suite car le silence qui s’installait devenait gênant. J’avais senti sans l’observer que Rose avait relevé le nez de son bol, alertée par le silence, tout comme Isaac dont je sentais le regard posé sur nous. Il fallait que je dise un truc mais moi je savais pas parler comme ça... J’étais censé répondre quoi ?! Et s’il n’y avait que ça... j’avais refoulé le reste de mes pensées tout en humidifiant mes lèvres pour tenter de répondre un truc qui pouvait convenir. J’aurai tout le loisir de réfléchir un peu plus tard.

- Sa Majesté sait que je ne vis que pour lui plaire.

C’était sorti tout seul. D'où ? J’en avais aucune idée, mais l’inspiration était comme venu me sauver de cet enfer. J’avais faire une seconde révérence avec un léger sourire, attendant qu’il me lâche ma main. Mon regard avait alors croisé celui de Rose qui nous observait avec une si grande admiration qu’il semblait évident qu’elle espérait vivre cela quand elle serait “grande”. Profondément gênée, je m’étais alors assise de nouveau, remerciant le ciel d’avoir enfin un meuble qui me soutenait dans toutes mes émotions. Ça faisait beaucoup d’un coup. J’avais presque du mal à respirer tandis que je tendais la main vers la théière alors qu’une domestique s’était approchée brusquement pour empêcher la fin de mon geste.

- Je vous en prie, laissez, Madame.
- Oui... Pardon...

J'avais posé mes mains mes genoux, me laissant servir avec un malaise palpable. Mon cœur battait à tout rompre. J’étais Marquise. Il avait dit “Marquise”... c’est que je devais donc être Marquise. Comment l’avait-il appris, j’en avais aucune idée... Mais il n’empêchait que c’était mon titre. Un titre assez hautement élevé dans la Monarchie sans pourtant être au sommet. J'avais du les apprendre par cœur quand j’étais entrée dans l’Ordre. Il y avait le Roi, les Princes et Dauphins, puis arrivait la noblesse avec les Ducs, les Marquis, les Comtes, les Vicomtes, les Baron, les Bannerets et les Chevaliers. Récupérant ma fourchette, j’avais commencé à manger ce qu’on m’avait servi sans trop y prêter attention, toujours perdue dans mes pensées. S’il était Roi et que j’étais Marquise c’est que nous n’étions pas mariés. Si nous n’étions pas mariés... c’est que ces enfants étaient illégitimes. Et j’en revenais à ces réflexions que j’avais jusqu’alors reculé au plus profond de mon esprit depuis le naufrage du Titanic. Il n’était pas Roi de sang... il y était sans doute arrivé par le mariage ou un instaurant une Monarchie. Mais le monde des contes était souvent des Monarchies déjà établies et s’il ne m’avait pas épousé en revenant ici, c’était sans doute que la place était déjà prise... prise depuis combien de Temps ? Avions-nous rompu à un moment avant qu’il ne revienne à la première idée ? Si c’était le cas, où était la Reine à présent ? Les divorces étaient plutôt rares dans la Monarchie et en cas de mort, un Roi ne restait jamais vraiment célibataire longtemps... et qu’avait dit le Clown déjà ? Il avait parlé de choses qui s’emboîtaient parfaitement en parlant de nos rôles sur le Titanic. D’une ironie du sort. Ce pouvait-il que...

- Mère ? Mère tout va bien ?

J’avais senti une main froide se poser sur la mienne et j’avais légèrement sursauté pour observer Isaac qui me regardait d’un air inquiet.

- Oui, oui tout va bien, j’étais juste perdue dans mes pensées...
- Rose vous demandez...
- Par ici Maman !

Elle avait tapoté sa petite main sur ma main droite comme pour intimer mon attention sur elle, reprenant apparemment la parole. Il semblait à première vue qu’elle avait parlé dans le vide, sans que je ne l’entende.

- Je vous demandais si cette fois-ci nous pourrions faire partie de votre ballade à Père et vous...
- Euh...

Mon regard perplexe avait croisé celui d’Erwin. Il fallait que je remette l’histoire dans l’ordre. Apparemment, après les petits déjeuners nous avions l’habitude de nous balader, sans doute dans les jardins et les enfants n’y étaient pas admis... C’était parfait ! Juste ce qu’il me fallait, j’avais l’impression de devoir mettre les choses au clair avec Erwin, au moins pour continuer à avancer dans cette simulation avec lui.

- Non. Non je regrette les enfants mais pas aujourd’hui. Votre Père et moi avons à parler sérieusement. Je demanderai à Hildegarde de vous emmener faire une ballade.
- Mais moi c’est avec Père que je veux me promener...

La gamine avait posé ses coudes sur la table, prenant sa bouille entre ses mains, le visage renfrogné et déçu. Avec douceur, Isaac avait tenté une nouvelle fois de la consoler :

- Rose...
- Toi, TAIS-TOI !
- ROSE !

Elle avait fait preuve d’une telle autorité et d’une telle violence envers son frère que ça m’avait fait sortir de mes gongs sans que je m’en rende compte. Je n’avais pas hurlé mais j’avais élevé la voix avec suffisamment de force en tournant la tête vers elle pour que la petite se rende compte qu’elle était allée trop loin. Elle s’était ratatinée sur sa chaise en croisant les bras, tout en levant ses yeux bleus vers son père en recherche d’un soutien qui, j’espérai, ne viendrai pas. Isaac n’avait rien osé ajouter, terminant son repas au plus vite. J’avais encore observé ma “fille” quelques secondes avant de me détourner d’elle pour finir mon petit déjeuner. Lorsque tout le monde eût terminé, j’avais fait demander Hildegarde qui était arrivée quelques secondes après pour récupérer les enfants.

- Ne vous inquiétez pas Madame, je m’en occupe. Isaac a sa leçon d’équitation et Rose sa leçon de clavecin. Je m’occuperai de leur faire prendre l’air en amont.
- Merci, Hildegarde.

La gouvernante et les enfants s’étaient inclinés devant leur père et j’avais observé Erwin, attendant qu’il donne l’impulsion car il me semblait que dans un pareil cas, c’était à lui de le faire. J’avais pris son bras lorsqu’il me l’avait proposé et nous avions rejoint le hall en silence. Il semblait être dans son élément, je l’avais observé à plusieurs reprises, remarquant à quel point la situation le mettait en joie. C’était quelque chose que je pouvais comprendre, cette vie, c’était la sienne. On le lui avait arraché injustement lorsque de la malédiction avait frappé et son regard me permettait de me souvenir à quel point le Sort Noir portait bien son nom. Je n’avais connu que le monde réel et Storybrooke, je n’avais jamais envisagé le traumatisme que cela pouvait engendrer de se faire arracher ce qu’on avait de plus précieux même si j’avais l’impression que mon monde était mieux pour toutes les avancées qu’il représentait. C’était sans aucun doute pour lui le plus beau des cadeaux de Noël et peut-être aurais-je pu le vivre pleinement à ses côtés s’il n’y avait pas eu sa réaction envers les enfants... et cette histoire qui me taraudait. Je l’avais à peine entendu annoncer notre sortie et j’avais hoché la tête d’un air absent lorsqu’une de mes femmes de chambre m’avait demandé si je souhaitais mon manteau et mes gants. Si nous étions toujours le 23 Décembre comme le décor au dehors des vitres le laissait penser, mieux valait se couvrir chaudement. On avait eu un moment seul alors tandis que chacun s’affairait et mes yeux avait croisé les siens. J’avais eu un sourire timide et j’avais senti sa main se poser au creux de mes reins et m’attirer vers lui. Son baiser était plein de fougue, d’une puissance affirmée. Il était conquérant, chaleureux et langoureux. Ce n’était pas la première fois qu’il m’embrassait de la sorte mais c’était généralement le genre de baiser qu’il réservait à notre intimité la plus profonde, lorsqu’il s’abandonnait bien plus, lorsqu’il était proche de la fin... et pourtant, il paraissait que cet instant le galvanisait tout autant, tandis qu’il se rendait compte de tout ce qu’il avait retrouvé et gagné aussi. Ce qu’il voyait, c’était son futur, une réussite sans doute qu’il espérait depuis longtemps. Je l’avais laissé faire, tentant de lui rendre au mieux cet échange, de m’en nourrir aussi pour me donner du courage et me rassurer. Me rappeler que j’aimais ce contact, comprendre à quel point je l’aimais maintenant que le futur était plus présent, réaliser à quel point il me manquerait si tout devait s’arrêter. Il avait fini par détacher mes lèvres des siennes et après un instant d’hésitation, ma main avait touché ses cheveux, curieuse de leur texture et de leur couleur si éclatante. De là où j’étais, je ne pouvais que voir que les années avaient pris un peu de sa jeunesse mais mon cœur battait plus fort à la pensée que ça ne faisait que l’embellir. Avec un sourire mutin, j’avais chuchoté, comme complice, parlant bien plus au Erwin de mon passé qu’à la Majesté du futur.

- La couronne et ce qui l’accompagne vous vont bien...

Je m’étais reculée lorsque j’avais entendu le pas des domestiques qui nous ramenaient à chacun ce que nous avions demandé. Je constatais que mon “manteau” était une fourrure blanche extrêmement douce, sans doute du vison. Une fois posé sur mes épaules, il recouvrait tout ce que ma peau nue laissait apparaître au travers de la robe. Il se refermait avec des rubans de couleur violette. On m’avait donné des gans ainsi qu’une toque également en fourrure et nous avions fini par nous enfoncer dans les Jardins que le givre de la fraîcheur d’hiver avait coloré de blanc. Les Jardins étaient magnifiques. Je les avais observés, émerveillée, me prenant au jeu. C’était de grands Jardins à la française, qui me rappelaient un peu Versailles et si l’époque de Louis XIV m’avait toujours fasciné, j’avais désormais l’impression de la vivre pleinement, ou presque. Je l’avais laissé me parler de certaines anecdotes qu’il avait bien voulues me raconter et petit à petit, les gardes qui nous surveillaient le long des chemins tracés avaient commencé à faire partie du mobilier. J'avais fini par lui demander une Alte, non loin d’une fontaine pour couvrir un peu notre conversation aux oreilles indiscrètes, tandis que je m’asseyais sur un banc, tant qu’il ne faisait pas trop frais pour en profiter. Après un silence ou j’avais observé droit devant moi en jouant nerveusement avec mes mains, j’avais fini par lui dire :

- Je suis désolée que l’idée d’avoir des enfants ne vous enchante guère... j’ai vu votre choc... je l’ai subi aussi... Je... je ne m’attendais pas à ce que... nous allions aussi loin ensemble...

J’avais alors tourné la tête dans sa direction, véritablement émue de ce dont j’étais en train de prendre conscience sans pour autant véritablement le montrer, lui laissant juste apparaître ma timidité et mon souffle court. J’avais hésité avant d’ajouter :

- Ça... ça représente beaucoup pour moi, vous savez... Je... Ils sont deux...

C’était plus qu’une erreur de parcours... on pouvait croire à une erreur... mais deux... à moins que la contraception n’avait pas été ramenée du monde réel... mais même avec cette hypothèse... nous avions repris le risque... en toute connaissance de cause. J’avais dégluti, en observant de nouveau devant moi. J’avais laissé le silence s’installer, laissant le Temps au Temps, celui de trouver le courage pour crever enfin l’abcès.

- Qu’est-ce que... qu’est-ce qui nous ai arrivé ? Je veux dire... vous êtes Roi... je suis Marquise... Ça ressemble plus à une relation extraconjugale... comme si j’étais... votre Favorite... Le Clown avait dit que nos rôles sur le Titanic étaient des ironies du sort. Je n’avais pas vraiment compris mais maintenant, ça me semble soudainement plus clair dans la mesure où Léontine était la maîtresse de Benjamin... Vous savez...

J’avais détourné le regard en inspirant. C’était dur à expliquer, dur à demander. Je n’étais pas certaine de vouloir en dire autant mais je voulais aussi en savoir plus et comme il me l’avait demandé sur le bateau, pour que nous puissions nous en sortir, il fallait aussi que je joue franc jeu.

- Ma Mère... ma vraie mère... c’était aussi la Maîtresse de mon père alors maintenant que je sais que Léontine est mon arrière-grand-mère à ne je sais quel degré, je commence à me demander si c’est pas de famille...

J'avais eu un rire nerveux, un peu amer aussi. J’étais pas jalouse. J’étais mal à l’aise, c’était pas pareil. C’était moi l’autre femme. Et j’acceptais peut-être dans cette réalité impunément de faire ça à quelqu’un. Je m’étais jamais vu comme la Maîtresse de quelqu’un. Je me voyais juste avec une vie simple, où j’aimerai un homme qui m’aimerait... où rien ne serait compliqué et surtout où personne ne serait au milieu... D’une certaine manière c’était moi celle qui était au milieu... Valait-il mieux être la femme ou la maîtresse ? Et surtout, je voulais savoir comment ça avait pu arriver dans notre histoire... à moins que c’était déjà arrivé... Pourrais-je alors l'accepter ?

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« If the crown should fit, then how can I refuse? »

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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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________________________________________ 2020-11-29, 21:43 « If the crown should fit, then how can I refuse? »




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Revenir à sa source première était une prouesse qu’il semblait avoir réalisé. Preminger avait tant traîné les pieds à l’idée de se prêter à la simulation de ce gamin destructeur de Temps et pourtant…. ! Comme il jubilait à présent! O combien le poids de sa couronne sur ses cheveux immaculés lui rappelait avec délice tout ce que l’Avenir lui promettait de mieux. Il l’avait toujours su, il était fait pour régner. Mais c’était une chose de le savoir, une autre de voir que la voie qu’il suivait serait dans tous les cas couronnée d’un succès radieux. Si bien que peu de choses pouvaient espérer tenir le bonheur sincère qui irradiait de lui, au point de manquer de le faire exploser de félicité. Rien sauf ces misérables et surtout ce misérable petit moustique geignard qu’il semblait avoir engendré.
Une erreur notable qu’il faudrait veiller à ne pas reproduire à l’avenir. Après tout, il n’était qu’un minuscule et insignifiant grain de sable dans son incroyable Destinée. Qu’il existât ou non, ne changerait pas le cours du Temps. Sûrement l’avait-elle floué d’ailleurs, sinon comment comprendre qu’il ait pu ne serait-ce que tolérer l’existence et la prolifération de cette descendance dont il n’avait jamais voulu ? Et dont les années passant il ne voulait guère plus. Il suffisait d’observer l’attitude de ce gamin pitoyable pour s’en rendre compte. L’enfant elle était...bien plus étrange. Mais au moins avait-elle la décence d’être dévorante d’admiration… Quel dommage pour elle que sa beauté à lui n’ait pas été retranscrite dans ses traits, quelle plaie cela devait être pour elle, Alexis était belle mais lui l’était bien plus. Il allait de soi que son pendant féminin aurait été belle à se pâmer.
Quoique...le garçon faisait offense à sa beauté à se pavaner sous ses yeux avec ses mimiques feintes de timidité et de politesse. Sa seule vue lui donnait la nausée, se rendit-il compte… Et il ne souhaitait guère que cette MERVEILLEUSE journée soit gâtée par un seul de sa désagréable présence, aussi présenta-t-il ses hommages à sa jeune maîtresse qui semblait avoir duré dans le temps. Il avait espéré leur collaboration fructueuse et visiblement cela avait été le cas. Bien évidemment, il aurait mieux valu que jamais certains fruits ne viennent mais pour le reste… Après tout, dans l’actualité, elle savait être parfois d’une compagnie délicieuse, juste lorsqu'il le désirait.
Il entendait sa réponse néanmoins, la sachant sous le coup de la double révélation qui lui faisait et le silence qui en suivit sembla ébranler les deux témoins indésirables. Lui ne s’en formalisa guère, l’observant humecter ses lèvres, par réflexe et par stress. Il attendait. Elle finirait par parler, par proférer quelque chose et c’était un délice que de l’inciter à la difficulté du parler de son siècle, elle qui ne le connaissait pas.

- « Sa Majesté sait que je ne vis que pour lui plaire. »

Il leva instinctivement la tête vers le haut, comme pour se repaître du compliment, l’infiltrer dans son esprit et éviter également d’y réagir avec trop de force. Il reprenait facilement l’habitude de ces phrases parfaites pour le décrire, mais jamais encore elles n’étaient venues d’elle. Le costume, la charge et la beauté encore plus ruisselante qu’à l’ordinaire l’avaient sûrement désinhibée. Qui ne se pâmerait pas devant tant de perfection.
Sa main avait lâché la sienne, lentement tandis que ses yeux s’abaissaient à nouveau jusqu’aux siens. Tout devait semblait nouveau pour elle, mieux inédit. Et rien de devait être plus grisant que cette sensation. Il le savait. Il se souvenait encore de la première fois où ses pas avaient foulé un sol aussi prestigieux.
Son ventre criait famine, se rendit-il compte soudain, dans toute cette frénésie de perfection si bien qu’il s’installa avec satisfaction à la table, pour mieux goûter successivement une bouchée de brioche dorée ornée de confiture de violette, un petit pain chaud, ainsi qu’un croissant tendre, distraitement occupé par la conversation qui se jouait à table. Il préférait de loin sourire à son prestige… Sursauter de plaisir lorsque le miroir mural lui renvoyait son reflet étincelant et rêvasser à son pouvoir retrouvé. Et même jamais atteint, il devait l’admettre. Tout juste avait-il effleuré de la main la perspective glorieuse que le Monde lui offrait à présent.
Alors souriait-il avec hauteur, seul et satisfait, songeant à sa gloire, à la réinstallation des lieux comme il les avait toujours imaginés, ornés de sa magnifique couleur, plus prestigieux qu’autrefois encore, dorés à l’outrance d’or et de pierreries. Une perfection pour la plus parfaite des perfections que le Monde eut porté.
Le babillement agaçant de ces bambins, malgré tout, finit par arracher son oreille à la douce mélodie d’orgueil sur laquelle il se laissait doucement bercé et il finit ainsi par retourner à la conversation présente, un air pincé sur le visage. Chrysanthème souhaitait, non exigeait plutôt se joindre à leur promenade programmée d’apparence… et l’autre mioche ne contentait de polluer l’air de son silence affligeant.
La perspective d’une promenade dans les jardins possédait tout ce qu’il fallait pour séduire le ROI, mais hors de question de se trimballer cette déplorable marmaille dans ses royales jambes… Pour qui se prenaient-ils ?
Il ouvrait déjà la bouche pour régler définitivement la question, lorsque Alexis déclina à son grand plaisir. Il l’imaginait déjà à son grand désarroi trop faible de cœur pour consentir à se séparer de « ses enfants » inconnus. Georgia aurait été, sans conteste, de ce genre. A s’émouvoir de ses yeux de biche effarouchée, à le supplier de ses pupilles humides… Pitoyable… L’amour. Le maux le plus bête des Hommes. Et le plus utile au demeurant pour nouer des intrigues et créer des drames. Les Hommes étaient faibles.
Il sourit à cette pensée puis opina de la tête, froidement, tandis que l’enfant s’écriait avec force :
- « Mais moi c’est avec Père que je veux me promener...»

Cette réflexion spontané lui arracha une grimace flattée et désagréable à la fois. Se promener avec ce petit microbe ? Mais où croyait-elle se tenir ? Il était le ROI, le Dieu de ce pays, ses préoccupations étaient donc autre que d’accorder un grain d’attention à une petite mouche insignifiante… Malgré tout, se sentir, se voir si apprécié, si célébré flattait son orgueil si facilement ému. Si bien qu’il écouta l’esclandre de l’enfant, avec un plaisir malin et non dissimulé, l’observant bouder tête entre les mains.
Spectacle amusant… Que l’autre petit insecte avait trouvé bon d’interrompre avec cette voix douceâtre…

- « Rose... »
- « Toi, TAIS-TOI ! »
- « ROSE ! »

Cette fois, Alexis s’en était subitement mêlée, prenant la défense de cet avorton pâle, provoquant chez l’enfant un ratatinement instantané. Malgré tout, elle levait vers lui des yeux suppliants, comme le priant d’intervenir, si bien qu’il s’était contenté de fixer l’ensemble avec un sourire torve et mesquin. A petite dose, cet assemblage malsain de compétition vide de sens pouvait être plaisamment distrayant. A petite dose. Il s’agissait d’observer l’ensemble comme un empereur romain dévisageant les arènes où des esclaves se battaient à la mort. Avec un avantage certain à l’enfant. L’autre créait en lui une haine secouante et vibrante telle qu’il ne l’avait jamais ressentie de sa propre vie devant Lena. Bien plus qu’une pulsion effrayante et inarrêtable, elle mugissait en lui comme une horreur constamment inscrite devant lui. Tout lui semblait répugnant, de la manière dont il levait les sourcils, ouvrait la bouche, avançait les lèvres… Comme s’il muait un corps qui ne lui appartenant pas…

- « Bien partons…. » décréta-t-il, s’essuyant les lèvres de la nappe brodée de ses armoiries, avec impatience, regardant la gouvernante s’incliner devant lui pour emmener les enfants. « Allons ensemble, ma mie… »

Il l’avait conduite de mémoire dans ces dédales, tandis que l’émotion et la conquête reprenaient son cœur et son âme, et que ses yeux s’arrêtaient avec satisfaction sur la nouvelle disposition des lieux. Peu de choses avaient changé. Finalement, tout demeurait identique à ses souvenirs ou plutôt avait-il su les rendre encore plus glorieux encore. C’était cause d’une drôle de sensation de victoire et de mélancolie que d’arpenter ce que l’on lui avait volé. A présent, qu’il le possédait à nouveau, il se sentait galvanisé d’une force nouvelle, plus puissante encore qu’auparavant. Comme si par la force de sa volonté, le Monde pouvait s’étaler à ses pieds sans la moindre difficulté que sa seule exigence. A présent, il était Roi. Roi.

- « Que souhaite faire à présent Votre Majesté ? » interrogea l’une des servantes en penchant la tête
- « Nous sortons nous promener au jardin. Amenez mon manteau, un chapeau aussi, le plus chaud de ma garde-robe. » ordonna-t-il avec hauteur.

Il avait décidé de la suite sans la consulter mais quelle importance ? Il était Roi. Chaque chose que le Roi voulait, on l’exécutait alors. Et à présent, il rêvait de cela. D’une promenade parmi les hêtres, les sapins et les ravissants bosquets dont il se remémorait les courbes et les arabesques. Visiblement, le bond dans le temps n’avait pas changé la météo et la neige s’étendait au dehors.
Les domestiques s’étaient éloignés pour quérir leurs exigences respectives, les laissant seuls dans cette immense salle ancestrale. Il l’avait alors une nouvelle fois observée, dans sa robe violette, séduisante et ornée d’artifices à son goût. Tout était à son goût séant… et rien ne lui résistait. Il avait fait un pas et sa main avait trouvé rapidement ses reins pour l’attirer contre son propre corps, sous l’ombre de l’hermine de son manteau, tandis que ses lèvres s’emparaient des siennes. Ce n’était pas un baiser ordinaire. C’était le premier sous l’égide de son règne… Plus qu’un baiser s’était l’empreinte de son pouvoir, de sa puissance, si bien qu’il s’y était abandonné si facilement, si profondément, avec autant de hargne que dans des moments d’intimité. Mais son cœur débordait de temps de vanité qu’il ne pouvait s’empêcher de la distiller en elle, dévorant ses lèvres comme s’il la dévorait entière là, aux yeux de tous. Il suffoquait sous sa propre allégresse, pressant ses lèvres, son corps dans un souffle d’influence dévorante.
Il s’arrêta soudain, inspirant profondément comme privé d’air, grisé sous son propre pouvoir. Pouvait-on mourir de vivre de trop de perfection ? De Suprématie ? La main d’Alexis se perdit dans ses cheveux, examinant ses mèches avec une mine qu’il qualifia de fascinée d’émerveillement.

- La couronne et ce qui l’accompagne vous vont bien...
- « Oh… Vraiment ? Je compte sur vous pour me prouver à quel point…. » susurra-t-il d’un air entendu alors que sa main se superposait sur la sienne.

Elle recula lorsque les gardes firent irruption et il lui décerna un sourire goguenard, alors qu’il enfilait avec attention l’imposant manteau de fourrure d’une couleur feu et chatoyante et revêtu l’imposante toque assortie sur ses cheveux immaculés. Merveilleux… Il confia sa couronne à regret aux mains d’une servante, se promettant de la coiffer à son retour et ils sortirent, s’offrant au frais et à l’ombre des jardins. Il s’étendait sur des hectares se souvenait-il mais plus encore impressionnant était le paysage qu’il offrait parmi ses limites, le château étant situé au sommet d’une montagne. L’air le plus pur y flottait encore et ils errèrent ainsi un long moment parmi ses allées arborées, prenant un malin plaisir à les redécouvrir enfin. Comme si tout lui revenait enfin. Tout ce qu’il méritait… Si bien qu’il se prit au jeu, s’amusant à livrer à voix haute quelques souvenirs personnels à Alexis, omettant quelques détails bien pensés, se livrant à son plaisir et ses si précieux souvenirs. Ca faisait partie de lui bien plus que quiconque. La première impression d’être enfin chez lui et cette sensation à nouveau vibrant en lui. Il n’y avait pas place qui ne lui soit plus destinée que la perspective de s’asseoir sur le trône de velours rouge…. Il s’arrêta devant les bassins, lui expliquant leur fonctionnement, désigna un petit kiosque où autrefois l’orchestre jouait joyeusement. Le froid s’invitait à la fête mais Preminger ne le sentait pas. Ses joues se trouvaient rosies de sa victoire, trop échaudées pour craindre ou ne serait-ce que sentir la brise.
Finalement, Alexis finit par s’arrêter jusqu’à un banc et il s’y assit à son tour, repu, savourant cette pause appréciable lorsqu’elle décida de gâter l’ensemble à devenir sérieuse.

- Je suis désolée que l’idée d’avoir des enfants ne vous enchante guère... j’ai vu votre choc... je l’ai subi aussi... Je... je ne m’attendais pas à ce que... nous allions aussi loin ensemble...

Pourquoi diable déclamait-elle des évidences en faisant des mines désolées ? Pour gâcher sa joie en faisant flotter dans son esprit le visage misérable de cette...aberration du futur ? Oh...mais il fallait bien plus que cela pour gâcher son triomphe. Aussi, se contenta-t-il de déclamer sa tranquille vérité :

- « Il est vrai. Je n’ai jamais désiré d’enfants. Ni autrefois, ni aujourd'hui, ni jamais. Et ce serait peu dire que d’affirmer que je n’ai pas la fibre paternelle. » ricana-t-il en rejetant un peu la tête en arrière tandis qu’elle tournait la tête vers lui visiblement bouleversée par la nouvelle de leur...affiliation ?

- Ça... ça représente beaucoup pour moi, vous savez... Je... Ils sont deux...

« Merci, je sais compter... » failli-t-il répondre. Mais il se retint de justesse. Elle était faible, vulnérable, à portée de main, et on lui offrait un avenir à ses côtés, portant même ses enfants, il y avait de quoi bouleverser quiconque que de devenir la femme la plus chanceuse de l’Univers…. Et de son côté…c’était l’occasion à jamais de consolider leurs liens et son utilité future. C’était l’occasion parfaite. Le coup de pouce du destin pour l’attirer définitivement dans ses somptueux filets. Aussi s’empara-t-il de sa main et la porta à sa bouche, lentement, rivant ses yeux dorés sur sa peau :

- « Je sais. C’est ahurissant… Mais… »murmura-t-il doucement embrassant pour chaque mot un doigt, lentement « après tout… D’une certaine manière... cela tombe…….. sous. le. Sens. Non ? »

Il ignorait ce qui avait pu pousser son lui du futur par deux imprudences et folies dangereuses. Oh, l’acte en lui-même, il ne comptait pas s’en priver. Comment refuser ce si délicieux vice ? De tant de lasciveté ? Preminger était ainsi, il jouait pour ses plaisirs. Mais comment avait-il pu être si imprudent pour autant ? Cela n’avait aucun sens… Et cela n’arriverait pas. Non. Il jouerait cette partition jusqu’à cette conclusion sans inclure ces notes indésirables.
Alexis avait détourné la tête, après un bref silence, et il nota alors à ce seul instant le visage torturé qu’elle arborait malgré elle et qu’il n’avait remarqué avant. Depuis quand était-elle apparue ? Il l’ignorait, il n’avait pas fait attention.
Il s’apprêtait à lui demander, pour la pousser à retirer cet horrible mine qui tâchait le tableau de sa Perfection...lorsqu’elle ouvrit la bouche :

- "Qu’est-ce que... qu’est-ce qui nous ai arrivé ? Je veux dire... vous êtes Roi... je suis Marquise... Ça ressemble plus à une relation extraconjugale... comme si j’étais... votre Favorite... Le Clown avait dit que nos rôles sur le Titanic étaient des ironies du sort. Je n’avais pas vraiment compris mais maintenant, ça me semble soudainement plus clair dans la mesure où Léontine était la maîtresse de Benjamin... Vous savez... Ma Mère... ma vraie mère... c’était aussi la Maîtresse de mon père alors maintenant que je sais que Léontine est mon arrière-grand-mère à ne je sais quel degré, je commence à me demander si c’est pas de famille…"

Il l’avait laissé divaguer avec attention… Elle se trouvait maligne, oui. Il n’en n’avait jamais douté. Elle l’était à sa manière, simple mais efficace et il fallait bien qu’un jour l’ensemble de ces indices fassent sens dans ces mignonnes méninges n’est-ce pas ? Il aurait préféré que cela ne soit pas MAINTENANT mais quelle importance ? Ce qui devait advenir adviendrait. Et il ne doutait pas le moins du monde qu’Alexis du futur n’ait pas compris le lien qui l’unissait à Geneviève. Et sa séduction l’avait liée à lui malgré cela, envers et contre tout. Parce qu’il n’existait pas homme plus désirable et prestigieux dans le Monde, ni parti plus parfait.
Ce qui signifiait...que se jouait un moment décisif dans leurs vies respectives.
La main de la jeune femme n’avait pas quitté la sienne et il la pressa avec davantage de passion, laissant ses lèvres exhaler un soupir :

- « Trésor… Regardez-moi. S’il vous plaît » demanda-t-il doucement, il attendit que son regard croise le sien et poursuivit après un silence, laissant son visage se charger de gêne et de « douleurs » puis décréta : « J’ignore la voie qu’à suivi notre futur, étant donné l’étrangeté de tout cet ensemble et tout ce pouvoir… mais… Je sais seulement ce qu’était mon passé et mon présent avant que tout cela ne nous emporte. Et… »

Il s’arrêta, laissant son regard « fuir » le sien pour s’arrêter sur un arbre, un bosquet, l’ensemble du parc, comme fuyant, se débattant avec ce « qu’il avait été » pour revenir se plonger dans le sien :

- « J’aurais préféré vous dire cela dans d’autres circonstances...moins perturbantes pour vous et moins vivaces pour moi.. Mais peut-être est-ce pour le mieux… Le Destin dirai-je…. » ajouta-t-il en tordant la bouche dans une grimace désolée, il soupira à nouveau dans un soupir qu’il prolongea un peu «  Tout ce que je vous demanderai sera de m’écouter. Vous m’écouterez puis vous déciderez en votre âme et conscience. Et en échange, je ne vous cacherai rien, vous saurez la vérité. Toute la vérité à mon égard… Sommes-nous d’accord ? »

Il baissa la tête, semblant contempler ses doigts longs et fins, dénués de bague parmi les siens dont chacune brillait de mille feux. Comment croire qu’une fille aussi simple détenait un pouvoir au bout de ses doigts ? Un pouvoir puissant, un pouvoir mortel. A nouveau, il poursuivit :

- « Je suis né ici dans ce beau royaume, comme…. roturier…doté d’un destin extraordinaire, je le dis sans arrogance, mais je vous épargnerai les détails, là n’est pas le sujet. Mon oncle était un riche marchant et nous nous sommes investi dans la mine… Il est vrai que je voulais une vie meilleure. Qui n’en n’aurait pas voulu ?  » mentit-il dans un sourire triste «  Il s’avère que je l’ai fait. Jusqu’à côtoyer la Reine de ce royaume en faillite et… alors que le royaume mourrait de fin, j’ai proposé à cette dernière de lui offrir ma fortune. Voyez-vous, je suis...sottement matérialiste, sûrement ? Et il n’y a rien de plus cher à mon cœur que ce royaume. Je voulais qu’il vive. J’aurais tout donné pour qu’il survive et je l’ai fait. Et la Reine en a été plus que reconnaissante. Elle m’a proposé de l’épouser. J’ai REFUSE bien sûr mais elle m’a supplié de le faire, pour elle aussi. Elle était perdue et effrayée. Elle était veuve et devait se remarier avec un Roi odieux, un espèce de conquérant cruel dont la seule vocation était la guerre. Alors… j’ai cédé. A l’époque, je n’aimais personne. Et ce fut….le début de notre mariage de façade. Le Ciel me foudroie sur le champ si nous avons été plus que des inconnus pendant ces années de mariage. Pendant des années, j’ai subi les quolibets de la foule envieuse… On m’a taxé d’opportuniste, de vautour… Je suis bien des choses, ma chère. Énormément de choses. Mais je puis vous assurer que la jalousie des hommes en tôt fait de détourner un coup du sort en coup d’État. Même si j’admets avoir pris goût à la vie de monarque. C’était ma fonction, ce pourquoi je suis né.
Et la malédiction nous a emmenés à Storybrooke. Sans rompre ce lien... »
il leva sa main, lui désignant son alliance « Ma femme est venue avec moi à Storybrooke et j’ai poursuivi ce mariage… Je suis donc toujours marié. vous allez me trouver odieux et hypocrite mais je la respecte. C’est une femme admirable. Généreuse et bienveillante. Elle ne m’aime pas. Et je ne l’aime pas. Mais nous venons d’une époque...différente. Différente. Vous le verrez. Les mœurs étaient différentes…Elles le sont encore. De notre temps, les divorces ne sont pas admis ».

Il laissa poser un silence. Qu’elle ait le temps d’assimiler, d’accepter, d’entendre puis ensuite, il continuerait. N’était-ce pas un portrait admirable ? Charitable, altruiste. Et proche de ce que le Clown avait dit… Mélanger ce qu’elle désirait entendre avec un mélange de vérité et de faux semblant. Gommant Anneliese, sa mort, ses arnaques, ses origines chaotiques, sa cruauté et ses manipulations. L’amour de Geneviève… Acte I, fait. Il était temps de passer à l’acte II.
Après un temps, il affronta son regard :

- « Je pensais poursuivre ainsi. Honnêtement. Puis vous êtes arrivée. Comme un ouragan, Alexis. Je vous revois encore passer la porte de mon bureau. Fragile et forte à la fois. Dire que c’était un coup de foudre serait mentir. Ce n’est pas le cas, mais à l’instant même où je vous ai rencontré, j’ai voulu vous découvrir… vous protéger. Vous ne vous êtes jamais demandée pourquoi moi, un notaire m’était lancé dans une aventure aussi curieuse qu’un vol organisé d’un tableau à Paris ? Je l’ai fait pour vous, Alexis. J’ignorai que vous étiez déjà lancée dans cette organisation, j’ai cru qu’on vous avez tendu un piège et j’ai voulu vous en sortir… Ce n’est que là-bas que j’ai réellement pris la mesure de la situation… Je n’ai pas voulu vous nuire, je n’avais pas l’intention de profiter de vous, de vous tromper ou que sais-je ? Je me suis juste laissé prendre au jeu...puis je me suis laissé séduire. Vous étiez belle, si désirable. Tout ce que j’ai pu désirer ce soir là… » ajouta-t-il mielleusement, avant de poursuivre d’une voix douloureusement en secouant la tête «  O grand jamais, je n’ai agit sciemment, mes émotions ont pris le dessus, je suppose. Et… je me suis dit que ce n’était qu’une histoire sans lendemain. Que cela ne comptait ni pour l’un ni pour l’autre. Puis nous nous sommes revu et nous étions bien. Je ne vous ai pas incité à l’attachement, je pensais que vous vous lasseriez… Je me disais que si je vous ajoutais le poids de ce secret vous vous effondriez. Non pas parce que vous êtes faible mais par culpabilité, parce que vous êtes pleine de bonté.. Et moi sûrement par lâcheté. Je me disais que cela serait plus simple si vous n’en saviez rien. Après tout, vous ne vous êtiez pas spécialement laissée aller à la confidence non plus quant à votre passé, alors je me suis dit que peut-être il valait mieux profiter de ce que nous vivions au jour le jour. Mais… »

Il s’arrêta à nouveau, passant une main lasse sur son visage pâle, dissimulant son sourire l’espace d’un instant perceptible sous sa main. Il s’en sortait à merveille, il le savait. Tout était idéal, son ton triste mais « franc », son phrasé « honnête ». Il ne cherchait pas à se délier, ni à « mentir ». Il énonçait des faits, présentait des excuses. Le seul portrait qu’elle pourrait entendre et parvenir à comprendre peut-être. Alors, il lança l’acte III.

- « Je vous semble cruel, mon trésor, en vous demandant de l’accepter. Mais cela serait mentir si je vous affirmai être prêt à divorcer. Et visiblement le Temps m’indique que cela sera encore le cas plus tard. Je ne veux pas le faire. Je ne le ferais pas. Par respect pour ma femme qui m’a offert tout ça. Mais, cela serait mentir plus encore si je proférai que je ne tiens pas à vous, ma chère. Que je ne ressens pas..cette...osmose entre nous, devenir plus forte de minute en minute. Je sais que vous le sentez aussi. Que vous le ressentez aussi. Et...visiblement, tout ceci possède le potentiel de s’amplifier encore, pour devenir plus grand encore. Si vous pensez maintenant que je me joue de vous, alors regardez où nous sommes Alexis… ce futur vous détrompera de cette opinion. Ici vous êtes ma Favorite. Vous, personne d’autre. Et vous avez porté mes enfants. Nous avons fondé une famille. Vous et moi et ces enfants dont je ne voulais pas. Dans mon royaume. » il marqua une pause et finit « Aussi le choix vous appartient seule. J’accepterai votre décision. »

Il avait déposé sa main contre son coeur, se félicitant que celui-ci battait si violemment dans les circonstances actuelles de sa GRANDEUR. Mais sûrement ne le percevrait-elle pas. Bien évidement que non. Il prolongea le geste un instant, réchauffant ses mains, puis amorça le départ, se leva, se tenant elle avec majesté :

- « Rentrons si vous le voulez… Quant à votre choix… Vous n’avez pas à me le donner tout de suite. Je conçois que vous souhaitiez aussi que vous puissiez préférer ne pas me voir le temps de la simulation dans la limite de votre rôle ici, bien entendu. Alors convenons que si votre décision est prise, vous viendrez ce soir, dans mes appartements pour me la communiquer. Et si vous désirez plus de temps, alors ne venez pas. Loin de moi l’envie de vous presser. »

Ils avaient remonté le long des allées givrées, puis il l’avait quitté là retournant à l’agenda royal qu’on lui prêtait. Oh, il ne se faisait pas d’illusion, elle viendrait. En attendant, il avait hâte de profiter enfin de son rang…
Dans la salle du conseil, un groupe d’individus s’inclina respectueusement à son entrée, se détachant d’un immense plan étalé le long de la grande table au centre de la pièce. Le regard de Preminger se focalisa sur un individu dont les habits brillaient de médailles et de décoration et il tendit les mains vers ce dernier, avec emportement.

- « Midaaaaaaaaaaaaaaaaas! »
- « Votre Majesté » répondit l’autre en saisissant ses mains mais en pliant le genou sous l’impulsion de la révérence.

Il se releva et Erwin l’observa avec curiosité. Les années vieillissaient mais n’avaient pas abîmées le visage de son plus fidèle compagnon, ni sa dévotion aveugle. Sa barbe se constellait de fils d’argent mais il demeurait élégant et fier, dans ce monde qu’il avait effleuré mais pas vécu en tant qu’homme. Dommage, qu’il n’ait pas été retransformé en chien…

- « Voici une glorieuse journée, Votre Majesté. On peut ainsi admettre que la guerre est finie. Il n’en restera qu’une. »

Il se remémora qu’on avait justifié l’absence de Geneviève par l’accord qu’elle devait signer mais il n’y avait pas réellement prêté attention, trop heureux pour se soucier des circonstances et du pourquoi du comment. Seule la situation présente l’avait intéressé sur le moment et à présent, il en prenait la mesure.
La guerre ? Ils étaient en guerre ? Comment ? QUI OSAIT tenter de lui reprendre le pouvoir par la force ? Vraisemblablement, il avait été victorieux contre les ennemis mais…
Lentement il s’était avancé pour regarder le plan de bataille. Les lignes…. Les lignes qui s’étendaient au-delà de tout ce qu’il avait pu connaître, à des continents dont autrefois il ne prenait qu’à peine la mesure. Scruta la position de son armée, les arrêts des ennemis Il l’ensemble en silence le tout avec attention et notamment les frontières sur le coup de la révélation de l’ensemble. Ils n’étaient pas en guerre. Ou du moins, ils ne la subissaient pas. Son royaume conquérait les autres. Il conquérait le Monde des Contes… Et il était pratiquement asservi.
Un feu parcourut ses lèvres et il releva vers Midas un sourire malveillant :

- « Comment cela s’est-il passé ? »

La situation et la question pourraient sembler curieuse mais Preminger demeurait un homme à flatter, appréciant se voir rappeler ses succès si bien qu’il savait que sa question ne surprendrait pas. Et ce fut le cas, vu que Midas s’empressa d’indiquer :

- « Cette nuit. Selon le plan de Votre Majesté », commenta un de ses Ministres supposa-t-il en désignant une armada sur le plan « Et en qui concerne la flotte, nous avons appliqué le plan de Madame, suite à votre accord et il s’est également avéré concluant. Glorieux soyez vous Majesté et glorieuses seront les fêtes de fin d’année lorsque brille votre Lumière. »

Mais il avait cessé d’écouter les mirobolants compliments, subitement perplexe... « Madame ? » Geneviève validait ce plan ? Mieux elle y contribuait ? Impossible. Non… Et c’était d’autant plus impossible qu’il n’aurait jamais utilisé ce terme pour la désigner. Mais alors ? Qui ? Alexis ? Une autre ? La logique penchait au profit d’Alexis, elle était sa favorite, elle serait la première a être désignée de la sorte… Mais. Le pouvait-elle vraiment ? Le suivre à ce point dans son ambition ? Il savait que oui, l’Amour rendait aveugle, non ? Voilà pourquoi ce sentiment détestable était utile à celui que savait en user… Malgré tout, il devait vérifier.
Comme songeur, il passa son doigt sur ses lèvres, puis déclama :

-  «A ce sujet, je souhaiterai revoir les plans de cette opération. J’ai besoin de revérifier l’ensemble des navires mobilisés à cet endroit précis. »
- « Si Votre Majesté le permet je peux vous renseigner… «  s’exclamait déjà l’un des nobles et il balaya sa voix d’un revers de manche agacé
- « Non. Je préfère mes notes à votre mémoire, très cher. »

Ce qui eut tôt fait de faire taire l’individu tandis que le reste de l’assistance se gaussait de lui. Pour toute réponse, il inclina la tête et se précipita sur une petite armoire, pour en sortir plusieurs lettres. Après un temps qui parut interminable à Erwin, il lui en tendit dans une courbette supplémentaire à laquelle il ne prêta pas attention.
Lui arrachant presque le papier des mains, il ne contempla guère la longue liste des bateaux répertoriés dont il n’avait que faire, mais bien plus le destinataire à la signature fine à côté de la sienne grandiose et maniérée. Enora Child. S’ensuivait un titre de noblesse qu’il avait du lui attribuer. Ainsi, il avait raison de miser sur elle. Elle finirait par le servir entièrement. Avec autant de dévouement que Midas visiblement. PARFAIT. PARFAIT. Cela valait-il réellement le coup d’être surpris ? A vrai, il ne l’était pas. Seulement satisfait de son sens des affaires. Il n’y avait pas mieux que lui pour détecter le plein potentiel d’autrui. Non… Personne.
Le reste du « Conseil de guerre » se passa avec intérêt. Les individus se congratulaient et le couvraient de louages, ce qui était la moindre des choses et des plus plaisants. Il se prit au jeu, réfléchit sur la disposition de ses forces en perspective, donna quelques consignes, replaça, dévia les rangs ; les réarrangea au gré des idées qui prenaient corps dans son esprit.

- « Ne pourrait-on pas envisager un repli de la majorité des troupes pour la veillée de Noël, Votre Majesté ? Il ne se passera rien, nous avons gagné et une part des soldats apprécieraient un répit... » proposa l’un des ministres en tournant vers lui sa figure souriante.

Erwin cilla avec hauteur, réajusta sa couronne, avec plaisir, un rictus méprisant sur les lèvres.

- « Sottise. Pourquoi différer ma victoire pour le Noël de nos troupes ? Ils auront tout le temps de fêter bien plus superbe personne... »

La séance fut levée et les conseillers se retirèrent lentement, tandis que Midas demeurait séant, le rejoignant. Il sentait la mine de son caniche le dévisager pensivement, sans mot dire, si bien qu’il finit par tourner vers lui son visage en fronçant les sourcils :

- « Et bien ? Que vaut ce silence et cette mine éplorée ? Je pensais que ce jour était à célébrer ? » proféra-t-il.
- « Il l’est. Je m’étonne juste que tu sois à ce point si serein…Et que tu ne m’inclues pas dans ton nouveau plan.»

Il arborait la mine sombre des Midas des mauvais jours, comme prêt à se dérober au moindre haussement de tons, et prêt à prendre la poudre d’escampette, comme lorsqu’il possédait quatre pattes.

- « Pourquoi ne le serais-je pas ? Instruis-moi, je ne t’entends point. Et parle distinctement, je déteste lorsque tu marmonnes. »
- « La reine... »

Ce n’était qu’un murmure léger à peine grimacé entre les dents de Midas mais le ton employé l’alerta, le tirant un instant de ses rêveries fantasques.

- « Quoi la REINE ?  N’est-elle pas au palais d’hiver ? » demanda-t-il en répétant mot pour mot ce qu’on lui avait dit ce matin avec dédain.

Ce qui eut pour effet de se faire toiser perplexe par son animal de compagnie, lui arrachant l’ombre d’un doute. Pourquoi réagissait-il ainsi ? Pourquoi le contemplait-il avec une espèce de questionnement inquiet et perplexe ? C’était bien trop de lui demander de se contenir lorsqu’il était simple notaire, impossible à présent qu’il était Roi de tout le monde des contes.

- « Qu’y a-t-il Midas ? Et il me semble t’avoir demandé d’éviter les dérobades... »

Son chien exhala un long soupir et tritura la carte, comme un enfant contrarié. Pourquoi tant de mystère ? Pourquoi tant de protocole ? Pourquoi sentait-il qu’il y avait quelque chose qu’il ignorait et qu’il était censé savoir avec tant d’évidence que son cher allié ne trouvait pas utile de lui préciser. C’était comme voguer dans une évidence sans la comprendre. Il avait toujours tout partagé avec Midas et, s’il fallait une preuve, le temps et les années n’en n’avaient rien changé. Peut-être devait-il après tout se féliciter qu’il soit humain, en dépit de sa condition, au moins cela lui avait assuré une longévité plus confortable pour lui. Et visiblement, il l’avait nommé comme seul ministre. Une fonction honorifique à n’en pas douter. Mais malgré tout hautement appréciable et qui tenait à coeur à son meilleur soutien. Ce dernier avait fini de feindre étudier la carte et tournait à présent son attention vers lui :

- « Hier tu pestais contre son absence et que sais-je et à présent, tu te comportes comme si cela ne possédait aucune importance. »
- « Peut-être parce que cela n’en n’a aucune... »

Si ce n’était que cela … Pourquoi donc aurait-il du se pâmer pour l’absence de sa femme. Elle était visiblement partie sinon un traité de paix SOUS SON ORDRE. Tout allait donc pour le mieux.
Mais cette réponse eut air de décontenancer Midas, qui cligna des yeux successivement - ce qui lui donnait un air très bête songea Preminger avec arrogance, puis enchaîna :

- « Pourquoi ? Tu comptes épouser Enora à la place ?

Il eut un silence puis il explosa de rire, arrogamment, en posant sa main sur son coeur comme pour en empêcher les vibrations hautaines qui s’en échappaient. Mais qu’avait donc ce caniche ? S’était-il pris un coup sur la tête ?

- « Mes aieuls, certainement pas ! » s’exclama-t-il entre deux quintes de rire avant d’ajouter « Et légitimer ce petit bâtard ? Promouvoir cette femme à ce rang ? Mais pour qui m’as-tu pris ? Pour un sentimental ? »

Il pesta le dernier mot comme s’il s’agissait du plus grand mal sur Terre, vexé qu’il puisse avoir songé à ce genre de situation. Déjà qu’il s’était reproduit deux fois, ce qui était déjà une HERESIE sans nom à tel point qu’il hésitait à donner l’ordre aux gardes de régler définitivement le problème de ces deux petits être gigotants qu’il imaginait trotter gaiement autour de leur mère avec sottise… Mais alors non. Il excluait aimer quiconque.
Enfin.. En dehors de lui.
La réflexion sembla gifler Midas et il se hâta de préciser, comme si l’idée ne lui avait pas effleuré l’esprit, ce qui rassura Preminger :

- « En aucun cas. Je pensais plutôt que tu pensais à l’éliminer Geneviève avant qu’elle ne devienne gênante. Parce qu’elle y est allée sans ton ordre même si tu as prétexté à tous qu’elle y était partie signer. Hier tu étais prêt à déchainer la moitié de l’armée pour la ramener pour les célébrations de fin d’année. Ne me regarde pas comme si j’étais le premier à envisager cette solution… Toi même tu le hurlais encore hier… Je suis juste...admiratif de ton flegme. Mais je le connais. Je sais qu’il cache toujours quelque chose de bien plus sombre que tes emportements. »
- « Certes… euh… Ahaahaha. » bredouilla-t-il en ricanant faux, lui tournant le dos pour arpenter le palais, dissimulant ainsi l’effet que la nouvelle provoquait en lui.

Voilà ce qui clochait. Ce qui attisait Midas sans qu’il n’en soit parvenu à l’identifier… Et évidemment que sa réaction aurait été complétement différente s’il l’avait su. Il aurait ordonné aux gardes de la rattraper. Comme sa réaction première. Et il se contenait à présent de ne pas réagir comme il l’avait fait hier, en criant, en ordonnant d’y aller sur le champs… En pestant et en couvrant sa femme d’ignominies et de promesses de mort. Il était censé le savoir, il était censé le savoir… Il inspira, fortement… Il fallait qu’il se calme et n’explose pas. Il pouvait, n’avait-il pas une excellente maîtrise de lui-même ? Et sa réaction du jour n’aurait aucun impact sur ce futur, il se trouvait dans une simulation… Peu importait l’endroit où se trouvait Georgia… Il réfléchirait à l’utilité ou non de la rappeler auprès de lui…cela pouvait attendre.

- « Tant pis pour elle. Tu exigeras de la ramener, mais tu t’arrangeras pour que les gardes soient stoppés par un accident technique, elle passera Noël dans une grange ou que sais-je, je veux la voir ici en train d’implorer mon pardon lorsqu’elle reviendra. » grimaça-t-il dans un sourire cruel tout en levant la main pour interrompre d’avance son chien « Et je n’ai pas besoin que tu me dises qu’elle ne le fera pas. »
- « Tes désirs sont des ordres, Majesté. Parlerons-nous des préparatifs du réveillon au repas ? J’ai une surprise pour toi à ce sujet, tu vas a-do-rer ce que je t’offrirais. Ca n’a aucune valeur marchande, c’est même l’incarnation de l’insignifiance pour toi mais… »
- « Si c’est le cas, je n’en vois guère l’intérêt… » pouffa-t-il méchamment.

Il finit par entraîner Midas au repas, en haussant les épaules quant à son éventuel cadeau et ils déjeunèrent ensemble, devisant gaiement quant à leur bonne fortune. Sous couvert de se remémorer le « bon vieux Temps », il apprit énormément sur la conquête qu’il avait mené, l’investissement d’Alexis qui ici était devenue Enora, la naissance d’Isaac qui remontait à l’avant de son ascension, son ambition de mettre à sa botte l’ensemble de l’Univers, la méfiance de la Reine quant à l’avancée des événements, les pertes qu’ils avaient subis, les ennemis qu’ils affrontaient encore.
Le reste de la journée fut consacrée à l’organisation du Grand Bal du Réveillon et ce serait mentir que d’affirmer qu’il s’ennuya. Il passa le reste de la journée à jubiler, houspiller, critiquer, admirer son pouvoir, ordonner, outrager, blesser, s’admirer encore, choisir l’arbre et le reste des décorations et à s’admirer sans fin.
Assis sur le trône, il apprécia le délicieux spectacle de contempler les autres se démener sous son seul bon vouloir, s’amusant à changer d’envie par simple plaisir de les voir se tordre d’angoisse et d’effroi. Il lui apparut que le peuple craignait aussi Enora, qui visiblement ne jouissait pas d’une grande popularité dans ces lieux. Alexis l’ignorait sûrement encore. Geneviève elle semblait inatteignable. Mais évidement, la personne la plus ADMIREE, la plus ADOREE, c’était sans conteste LUI. Comment en aurait-il pu être autrement ? Tout le monde s’empressait de parer aux moindres de ses désirs et il n’y avait rien de plus délectable que cela. Presque y trouvait-il la source entière de son existence : être admiré et adulé par le commun des mortels, les voir défiler à ses pieds comme les rampants qu’ils étaient pour goûter à ne serait-ce qu’une minute de son soleil… Quelle vie merveilleuse. Quelle beauté aussi, songea-t-il pour la dix millième fois encore, en se mirant dans son miroir de poche.
Le soleil déclina progressivement sans qu’il n’y pris gare et il se remémora soudainement l’existence d’Alexis dans ce palais et la proposition qu’il lui avait faite le matin même. Aussi se retira-t-il dans ses quartiers, après plusieurs minutes à se gargariser des révérences de ses sujets. La nuit tombait sur eux. Mais il restait à son zénith en tout Temps.

- « La Marquise ne devrait pas tarder à me rejoindre ce soir » déclara-t-il à la domestique rousse qui s’était occupée de sa toilette du matin avec l’aide d’autres employées qui ranger son manteau d’hermine en le détachant de ses épaules « L’une d’entre vous n’aura qu’à la conduire aux bains royaux, je compte m’y rendre. Ensuite nous prendrons notre repas ensemble. Est-ce clair ? »
- « Oui, Votre Majesté... » déclamèrent-elles tous en choeur lui arrachant ainsi un sourire satisfait.

Il pris alors le chemin de ce lieu que jamais autrefois il n’avait foulé encore, seulement admiré de loin, aujourd'hui était son jour. Son jour parmi tant d’autre mais son jour avant tout. Et il n’avait guère changé, constata-t-il en foulant du pieds le marbre qui tapissait le mur principal se décomposait en fresque romaine, vantant les louanges d’un héros, sur les longueurs, les murs étaient d’immenses fenêtres jouant les verrières, faisant exploser le soleil en mille fragments d’or sur l’eau stagnante.
Les servantes l’avaient dévêtues un temps soit peu, pour mieux lui permettre de se glisser dans un maillot de bain violet brodés d’or et de pierreries, mélange de modernité et d’ancien Temps, que dissimulait son peignoir doré. Il organisait ses cheveux encore devant le grand miroir installé pour l’occasion lorsqu’on annonça la Marquise. Le reflet lui livra Alexis, entièrement vêtue encore d’une robe d’apparats, escortée de deux domestiques et il lui sourit à travers la glace :

- « Je vous attendais, ma chère… Vous êtes ponctuelle, c’est une qualité que j’apprécie. » persifla-t-il en glissant son doigt là où son visage se reflétait.

D’un bond, il pivota de son reflet, pour accourir jusqu’à elle, l’attirant par le flanc jusqu’à lui, dans un rire léger, embrassant ses lèvres entrouvertes avant apposer un doigt sur sa peau charnue. Son contact était un délice et que dire de lui pour elle..  :

- « Chut… Ne dites rien. Savourez un instant cette pleine sensation de puissance » chuchota-t-il tendrement, tandis que ses doigts glissaient possessifs sur la peau de son visage, jusqu’à remonter le long de sa mâchoire pour se perdre dans ses boucles brunes. Ses yeux fondaient dans les siens, avidement, savourant son désarroi ardent, qui l’incitait à plus, puis il rompit le contact subitement.

- « Sortez... » commanda-t-il aux servantes tandis qu’il lâchait Alexis, pour retourner non loin de son miroir, comme si l’instant précédent n’avait pas existé.
Souriant à lui même, il ôta avec précaution son couronne pour la déposer sur le siège de velours violet prévu à cet effet, puis continua à babiller :

- « L’endroit est superbe, n’est-ce pas ? Une partie de moi. » déclama-t-il orgueilleusement en rejoignant Alexis d’un pas tranquille, «  Il ne tient d’ailleurs qu’à vous d’en goûter...tous les délices. «  ajouta-t-il dans son cou avant de reculer joyeusement, satisfait de son effet « Parce qu’évidemment… tout le monde veut gouverner le Monde. Si tu le veux…»

Mué par une envie soudaine, il se rapprocha d’elle, se laissant totalement emportait. Son âme fredonnait sa félicité. Tout était à lui. Tout… Dans un sourire fier, ses lèvres s’ouvrirent chantonnant doucement, alors que sa main flattait sa taille, remontant jusqu’à sa gorge voluptueuse, jouant sur le bord de son corsage, lentement :
- «  Welcome to your life… There’s no turning back…. Even while you sleep… I will find you. »..

Sa main gauche avait menotté son visage, liant leurs regards lascifs dans une intensité nouvelle. Dans le bas du dos d’Alexis, sa main droite entreprenait de délier à l’aveugle les lacets de la robe, lentement, au rythme des respirations de plus en plus longues d’Alexis.

- « Acting on your best behavior, » exhala-t-il suavement

Ses mains avaient delacés les liens et il ouvrit la robe, dégageant ses épaules, doucement, ses mains cupides glissant sur celles-ci pour permettre au tissu de tomber encore, tomber encore de plus en plus bas, suffisamment bas, pour que l’étoffe violette tomba au sol, laissant la jeune femme en corsage et sous-vêtements. A sa portée. Offerte. Alors, fermant les yeux, inclinant la tête pour suivre son envie, glissa-t-il ses lèvres dans son cou, tâtant la finesse de sa chair entre ses lèvres, tandis qu’elle exhalait un soupir concupiscent. Sa voix chantait encore « turn your back on Mother Nature…. Everybody want tu rule the world. »

Il sentait sa prise devenir plus ferme, plus assoiffée, gonflant d’une commune mesure parallèlement à son appétence et celle qui vibrait dans ses bras, dans une délicieuse souffrance qui irradiait son être entier. Pourtant, il était Maître… Non ROI de la situation.
Sa bouche était remontée avidement jusqu’au creux de sa mâchoire, tandis que ses mains glissées sur le corsage, profitant de leur promesse  :

- « It’s my own design, it’s not remorse... » soupira-t-il fiévreusement, ses propres mains avaient trouvé la boucle de son peignoir, pour la détacher. Dans un coup d’épaule, le vêtement chuta au sol, révélant sa peau puissante et dorée, étincelant et il guida la main de la jeune femme pour la déposer sur son torse, l’encourageant à effleurer sa peau, longuement, à descendre, jusqu’à l’explorer plus en profondeur, presque front contre front, souffle contre souffle et articula comme un poison flamboyant :

- « Help me to decide… Help me make the most of power »

Il impulsa une avancée, plaquant leurs peaux l’une contre l’autre, en fusion, et inspira son désir, ressentant l’émoi de sa chair contre la sienne, la volupté promise, leurs chaleurs pulsantes galvanisées par son triomphe, et il murmura encore s’humidifiant les lèvres dans un sourire équivoque

- « And of pleasure »

Dans un regret prompt mais fugace, il recula soudain. Se soustrayant aux mains avides de la brune. Se soustrayant à son désir..l’espace d’un instant. Et ses yeux dorés dans ceux brillants de sa Favorite, il poursuivit, lui tendant la main, offrant sa perfection à ses regards enflammés  : ses pieds bordaient le bord de la piscine, et il tendit les bras, comme pour embrasser le Monde, pour que le monde s’embrase d’un feu plus beau.
- « And I will rule, forever... » « Everybody wants to rule the World. »

Et il plongea en arrière dans un rire tonitruant avant que l’eau ne recouvre son rire….
Puis il immergea alors, dans la mer dorée que le soleil créait pour sa seule gloire, comme nageant de toute aise dans l’or liquide, irradiait de mille lueurs que le Soleil lui-même admirait encore. Fendant l’eau, une nouvelle fois, sa main tendit la main vers elle, avec grâce. Une invitation. Un choix. La fin d’une ère, le début d’une autre, pour écrire un Destin :

- « Alors...Venez Enora… Venez à moi »

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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


Alexis E. Child

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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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Edition Octobre-Novembre 2020

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________________________________________ 2020-12-03, 00:11 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Everybody wants to rule the world


- Trésor… Regardez-moi. S’il vous plaît.

J’avais dégluti, m’offrant encore quelques secondes loin de ses yeux, à observer le paysage environnant. Etais-ce était beau en été que ça l’était en hiver ? Je m’y voyais bien y avoir quelques habitudes, j’avais toujours adoré ces endroits paisibles et graphique. Avais-je vraiment accepté toute cette vie ? Ne regrettais-je jamais Storybrooke ? Ma famille ? Où étaient Regina, Henry ou Mary Margaret ? Où était Danny ? Il était devenu un ado à présent... J’avais inspiré grandement, prenant une dose de courage suffisante, avant de bloquer ma respiration et de tourner mes yeux vers les siens. Leur ambroisie m’avait presque consommé à l’instant, tant il me regardait avec force, mais j’avais tenu bon, prenant de plus en plus d’habitude à la brûlure de ses yeux, expirant lentement, attendant les explications qu’il allait me livrer avec une certaine appréhension. La peur de la Vérité. Du mensonge aussi... et de ma réaction, ma terrible réaction. Je me savais impulsive quand j’étais blessée. J’avais peur de l’être. J’avais peur que tout se finisse maintenant, après autant de projets à venir et pourtant... sans quand rien ne soit réel. Nous étions peut-être aux portes de notre Destin. Il m’avait demandé de le laisser parler jusqu’au bout, de l’écouter et en échange, il ne me dirait que la vérité. J’avais serré les dents, j’étais pas certaine de parvenir à tenir l’exercice. Une fois de plus, la douleur me rendait impulsive et il m’était difficile de ne pas réagir à des mots blessants. Je sentais que nous n’allions pas dans le bon sens. Il me révélait déjà sans rien dire, à travers ses yeux, ses crispations et ses précautions tout ce que je savais déjà au fond de moi. Ce n’avait pas été un véritable questionnement. C’était bien plus rhétorique. Ma raison savait qu’il n’y avait aucun doute possible mais mon cœur espérait encore que je puisse me tromper. J’avais dégluti avec rigidité avant d’hocher la tête pour signifier mon accord avec la même raideur. Je ne promettais pas d’y arriver, je promettais au moins d’essayer.

Il avait alors raconté son histoire et je l’avais laissé parler, à ma grande surprise. Sa naissance, sa richesse, la Reine, ses difficultés pour subvenir à son propre Royaume. L’histoire était plutôt particulière, je devais bien me l’avouer. Qui risquait de perdre toute sa fortune au profit d’un Royaume ? Était-elle a à ce point conséquente pour relever l’économie et éviter la faillite ? C’est à tout le coup le risque de finir dans une pauvreté atroce sans avoir la certitude que son argent fructifierait suffisamment. J’étais pas économiste mais j’étais suffisamment fan de jeux de stratégie et de gestion pour me rendre compte que le coup était plutôt risqué. Surtout s’il ne s’attendait pas à en tirer quelque chose en échange que juste la survie de ce Royaume. J’aurai peut-être pu croire à cette générosité insensée si c’était un train de caractère que je retrouvais désormais dans chacun de ses actes mais il m’avait suffi d’un seul coup d’œil sur les enfants pour constater que ce n’était pas le cas. J’avais beau revoir nos derniers mois ensemble, nos moments, je ne pouvais pas vraiment dire que j’avais découvert en lui ce côté “Mère Teresa”. Il pouvait être engageant, prêteur par moment et généreux quand il s’agissait de petits cadeaux ou de petites surprises mais est-ce que cela définissait pour autant l’extrême bonté d’âme dont il semblait avoir fait preuve ? Les paroles du Clown me revenaient en mémoire. Il avait parlé de “s’immiscer” au sein du pouvoir, il l’avait qualifié de “vautour”... Le Clown était beaucoup de chose et mauvais il l’était mais s’il pouvait utiliser la Vérité plutôt que le Mensonge pour taper, alors il le faisait et j’étais presque sûre que c’était ce qu’il avait fait cette nuit-là dans la mesure où il n’avait pas menti me concernant. Alors si ce n’était pas la Créature maléfique qui avait menti, c’était Erwin qui me mentait ? Il avait pourtant dit qu’il ne me mentirait pas... est-ce que ça signifiait que je pouvais intervenir ?

Je l’avais pourtant laissé terminer sa première tirade sur la malédiction. Ils étaient restés marié dans mon monde... Ce n’était pas dénué de sens après tout, surtout si c’était un mariage de raison, de convention. Regina avait veillé à détruire les fins heureuses, s’ils étaient restés ensemble, c’est que d’une certaine façon, elle ne représentait peut-être pas sa fin heureuse. Il n’en restait pas moins... qu’il était marié. J’avais dégluti en encaissant le coup, détournant le regard pour tenter de mettre mon esprit au clair, apaiser mon cœur qui s’emballait déjà douloureusement. Elle avait l’air parfaite, d’une grande bonté, d’une grande douceur d’après ses dires... alors pourquoi lui faisait-il autant de mal ? Je réalisais que je lui en faisais aussi. Il avait un certain respect pour sa femme même s’il ne l’aimait pas... la fidélité ne faisait pas partie du respect qu’il lui devait ? Le savait-elle déjà ? S’en accommodait-elle ?

- Elle le sait ? Votre femme... elle sait que nous avons une relation ?

J’avais posé la question de but en blanc, brisant délibérément le pacte qui ne nous liait déjà plus. J’avais besoin de connaître l’horreur de la situation, à quel point le tout était délicat, à quel point je m’étais mise dans une situation douloureuse... tant pour elle que pour moi... Pour lui peut-être ? Il avait l’air de le penser...

- Non. C’est une femme sensible, elle en serait atteinte et puis à dire vrai nous parlons peu de nos vies respectives.

C’était donc le format le plus connu d’adultère où la femme ne savait rien et la maîtresse l’apprenait malencontreusement... Super... Il avait repris une longue tirade d’explication. Je ne le regardais toujours pas, les yeux fixés sur le sentier qui passait devant nous. Je réfléchissais mieux loin de ses yeux et de son regard et j’avais besoin de ce moment de réflexion, d’acceptation, d’adaptation. J’avais besoin de sonder ce que je ressentais au plus profond de moi. C’était déboussolant, certes. Douloureux aussi un peu. Pas par jalousie encore une fois, peut-être même pas par impression de m’être faite flouée. Avec ce qu’il était en train de m’expliquer, je comprenais la raison de son silence. Mariage de convention ou pas, j’aurai sans doute tôt eu fait de tout arrêter, de tout refuser si je l’avais su en amont. Peut-être même qu’une partie de moi l’avait toujours su mais avait refusé de le voir. Cette alliance qu’il m’avait montrée, il l’avait au doigt depuis le début... A la main droite cependant, d’aussi loin que je me souvenais... peut-être n’était-ce pas le cas lors de notre première rencontre mais il avait l’habitude de porter beaucoup de bagues et mon attention avait été portée sur un tout autre danger bien plus personnel à ce moment. Il ne la quittait pas, pas même quand il était avec moi. Il se contentait de la déplacer. Il tenait à ce mariage... lui qui l’avait pourtant refusé et accepté par pure bonté d’âme selon lui...

J’avais eu un faible sourire en coin à cette pensée, ignorant ce qu’il était en train de me dire, riant de la situation avec un peu d’acidité. Il me prenait vraiment pour une conne... Mais pouvais-je vraiment lui en vouloir ? Quel homme prit en flagrant délit d’adultère se décidait à être complétement honnête sur toute la ligne ? Aucun. Ils n’avaient pas ce courage-là. Le courage était bien moins masculin que l’on tentait de nous ne faire croire depuis des années. Mais je le savais, je savais qu’il ne pouvait pas en être autrement. Ce qui me perturbait le plus, c’était surtout de comprendre les véritables raisons de son mariage. Mais est-ce que je devais finalement m’en soucier ? Est-ce que je ne rentrais pas dans une croisade qui ne me regardait au fond pas ? Je voulais bien croire au mariage de convention, il était après tout plus que fréquent à l’époque, même dans le monde des contes, surtout quand il était question de royauté. Mais il était fort possible qu’il l’eût bien plus désiré qu’il ne me l’avait dit. Pourquoi ? Pour le pouvoir... le Clown avait été plutôt explicite là-dessus. Erwin aimait le pouvoir... et il ne m’avait pas fallu bien longtemps dans ce monde pour voir que c’était le cas, si tant est que je pusse eût avoir encore des doutes quand nous étions à Storybrooke. Est-ce que ça en faisait pour autant quelqu’un d’horrible ? Pire... est-ce que ça faisait pour autant de moi quelqu’un d’horrible ? Je mettais enfin le doigt dessus, c’était ça qui me faisait le plus mal en définitive. Comprendre si ce que je faisais était bien ou mal, si finalement j’étais bien plus mauvaise que je ne le pensais. Maintenant que je savais, est-ce que continuait faisait de mois l’abominable salope ? J’avais tourné la tête en direction du château... après tout, nous vivions tous ensemble... Si mon futur l’avait accepté, celui de la Reine semblait en avoir fait de même … Il y avait autre chose qui me faisait du mal...

J’avais alors tourné de nouveau le regard vers lui. Mes yeux avaient coulé sur son manteau d’hermine tandis qu’il terminait son monologue. Pourquoi finissaient-ils tous par répéter qu’ils se sentaient le “besoin de me protéger” ? Je n’avais pas besoin de protection, je me débrouillais très bien toute seule et quand c’était impossible, j’avais des amis sur qui compter. Je n’avais pas besoin que l’homme qui se décidait à entrer dans ma vie se munisse de cette mission comme d’une mission divine. Pourquoi fallait-il aussi qu’ils soient tous aussi compliqués ? Cette pensée me sera le cœur tandis que mes yeux fixaient toujours la fourrure sur son manteau. Je n’étais pas faite pour l’amour, c’était évident, y’avait forcément un truc qui buguait chez moi, c’était pas possible autrement. De tous les hommes avec lesquels je m’étais préfiguré faire un bout de chemin, y’en avait pas un seul qui me proposait une gentille petite route calme et sans soucis. C’était à croire que j’étais attirée par la noirceur et le chaos malgré moi. Il y avait eu Janus qui s’était révélé être Jafar, puis Eavan, le Cavalier Sans Tête qui s’était évanoui dans la nuit brusquement. Jack... le plus doux de tous à première vue mais qui m’avait brisé comme aucun autre homme ne m’avait brisé jusque maintenant, bien trop empêtré dans ses propres problèmes pour que ce soit viable et à présent Erwin, dont je ne comprenais pas encore tous les reflets, dont l’ombre qui passait dans ses yeux dorés me fascinait, qui était marié et plutôt enclin au pouvoir d’une façon qui pouvait et qui devait m’inquiéter.
Une chose était certaine, même s’il restait des parties floues dans cette histoire, je pouvais comprendre ce qu’il me présentait, le désir, l’envie... Même si je m’étais préfigurée que je ne pourrai jamais être la maîtresse d’un homme marié, je ne condamnais pas l’adultère pour autant. Au fond de moi, j’étais persuadée que l’humain restait un animal bien plus fait pour la polygamie que la monogamie et que cet attrait avait uniquement été refoulé par des siècles de religion monogamistes qui avaient enfermé les pulsions sous couvert de la morale. Les Templiers étaient loin de m’avoir détourné de cette idée lorsqu’étaient venu mes cours sur le christianisme, l’islam et le judaïsme. S’il était véritablement sur un mariage de raison, c’était d’autant plus compréhensible que son envie s’était finalement réveillée, même si cela me faisait presque rougir d’imaginer que j’en avais été la cause.

La suite avait sans doute été le plus déboussolant et le plus douloureux aussi. De tous les cas de figures que j’avais pu imaginer dans ma vie, jamais je ne m’étais imaginée en maîtresse épanouie. Et pourtant... C’était ça ou tout arrêter apparemment car il n’envisageait pas de divorcer. Comment aurait-il le faire de toute façon, il semblait qu’apparemment j’avais accepté cette situation quelques années après, c’était forcément un argument qui renforçait sa volonté. Quand on avait le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière, pourquoi s’obliger à faire un choix ? Pourtant, si Enora avait accepté ce choix, j’étais pas certaine de pouvoir en faire de même. Le futur n’était pas écrit dans le marbre, j’en étais persuadée, tout comme j’étais persuadée que je n’étais pas destinée à devenir cette espèce de guerrière esseulée et solitaire combattant contre le Ragnarok, qu’Elliot n’était pas obligé de devenir Chronos et que ce futur n’était pas obligé de ressembler entièrement à ça... mais pour le moment, que pouvais-je faire d’autre que d’accepter son choix si je décidais de continuer ? Après tout, il était marié avant moi, il s’était engagé et sa volonté était noble à première vue... J’avais tourné la tête pour l’observer de nouveau dans les yeux quand il avait parlé d’osmose. Je tentais d’y déceler quelque chose, un éventuel mensonge qui m’aiderait à prendre ma décision mais il n’y avait rien d’autre que son regard doré. Il avait raison après tout, il avait certes fait le choix de resté marié, mais il avait aussi fait le choix de poursuivre notre histoire, 10 ans plus tard. Il ne semblait y avoir autre “Favorite” que moi et nos enfants... et bien nos enfants étaient là pour témoigner du lien qui nous avait accroché l’un à l’autre au fil du temps. Il avait pris ma main dans la sienne et je l’avais laissée faire, le regard hagard, perdue dans mes pensées. J'avais suivi le mouvement de mes yeux pour la voir se poser avec surprise sur son torse, à hauteur de son cœur que je sentais battre puissamment dans sa poitrine. J’avais dégluti, observant toujours ma main avant de lever lentement les yeux vers les siens, sans l’ombre d’un sourire, juste me concentrant sur l’instant présent, sur le lien qu’il tentait d’y mettre.

Il avait fini par me lâcher et me proposer de rentrer et j’avais hoché la tête d’un air entendu. J’avais besoin de temps, de réflexion et c’est ce qu’il m’offrait par pur bonheur. Il se devait de jouer son propre rôle, cette partition de Roi que la simulation lui avait offerte et si je n’avais aucune espèce d’idée de ce que moi j’étais censée faire en attendant, je me sentais soulagée d’avoir un peu de temps en dehors de toute ces conventions pour tenter de reprendre mon souffle et analyser mon espace. Peut-être en apprendrais-je un peu plus sur moi-même et... sur les enfants. Il y avait tant à découvrir d’eux et c’était peut-être le moment idéal de le faire, loin de leur père à l’allure peu paternelle. Cela aussi il ne me l’avait pas caché... et il avait pourtant accepté de faire des enfants, Isaac était peut-être un accident mais Rose ? Ils n’avaient pas beaucoup d’écart mais suffisamment pour qu’elle puisse paraître préméditée. Pourtant, ils ne semblaient pas choqués de la réaction qu’Erwin avait eu en les voyant... était-il seulement possible qu’il soit véritablement aussi détestable avec eux ?

- Madame souhaite-t-elle une tasse de thé ? Il fait froid dehors en ce matin de décembre.

Emma s’était presque jetée sur moi au moment où Erwin avait disparu pour tenter de m’enlever mon manteau et je l’avais aidé comme je le pouvais en me demandant sincèrement comment je pouvais apprécier ce genre de truc à longueurs de journées. Je remarquais alors qu’elle s’évertuait à ne pas me regarder dans les yeux et qu’elle semblait légèrement tendue comme si elle craignait une potentielle colère de ma part. Cette pensée m’interloqua mais je me contentais de répondre :

- Je veux bien oui... merci...
- Thé noir à la violette, comme d’habitude en cette heure de la matinée ?
- Oui, s’il vous plaît... Pourriez-vous également me précisez où sont... les enfants ?

J’avais voulu dire “mes” mais le mot était resté coincé en travers de ma gorge, comme si cette pensée était encore bien trop surréaliste pour moi.

- Et bien... à cette heure-ci Madame Rose est à sa leçon de clavecin et Monsieur Isaac doit certainement s’échauffer aux écuries...

Effectivement, les fameuses leçon qu’Hildegarde m’avaient expliquée... avec tout ça, j’en avais totalement oublié le programme. Un peu gênée, je l’avais vue s’éloigner avec mon manteau à la hâte :

- Euhm Emma ?

Elle avait volte-face à une vitesse impressionnante.

- Je suis désolée mais j’ai changé d’avis... je crois que je vais reprendre mon manteau si vous le voulez bien, je vais aller voir mon fils...

Elle avait ouvert grand les yeux à mes excuses, comme surprise d’une telle remarque de ma part. Mais j’étais devenue quoi au juste pour qu’elle agisse comme ça constamment ? Ou était-elle simplement trop émotive ? J’espérais juste que je n’avais pas oublié d’où je venais et que je savais encore dire “bonjour”, “merci” et “s’il vous plaît”. Je me souvenais brusquement que lorsque j’étais arrivée à la Maison Blanche, j’avais été mal à l’aise en voyant la façon dont Sophia s’adressait au personnel, comment celui-ci semblait la craindre... elle s’était révélé être une personne incroyable juste avant sa mort mais j’en avais fortement douté jusque-là... étais-je devenu la même femme ? La femme de chambre s’était alors empressée de tenter de me remettre le manteau sur le dos mais je l’avais stoppé en récupérant la fourrure :

- Ca va, ça va, je vais me débrouiller toute seule, merci. Vous voulez bien me réserver mon thé pour mon retour, s’il vous plaît ? Je pense que ce sera tout de même plus simple et...

Et je n’avais aucune idée d’où se trouvait les écuries... donc autant jouer à celle que j’étais censée être …

- J'aimerai être accompagnée jusqu’aux écuries par un garde, s’il vous plaît, je pense que le Roi ne serait pas très satisfait d’apprendre qu’il m’est arrivé malheur sous surveillance de sa Garde...

J’avais tenté d’avoir l’air un peu plus hautain, en improvisation complète. J’avais même eu toutes les difficultés du monde à voir que cela avait fonctionné en voyant un garde s’approcher pour me proposer de l’escorter. Après avoir remis manteau, gants et chapeau, je l’avais suivi jusqu’aux écuries où j’avais fini par lui fausser compagnie. Au loin, l’une des portes d’un box était entrouverte et je devinais aisément qu’Isaac devait s’y trouver. Il était plutôt impressionnant dans sa tenue d’écuyer, d’une beauté arrogante que seule son sourire timide venait “gâcher”, avouant l’ange qui se cachait en vérité sous ses traits parfaits. Long, fin, il brossait son cheval avec une certaine attention et je constatai qu’un écriteau sur la porte annonçait “Eole”.

- Il est très joli ce cheval...
- Merci, Mère. Vous venez me voir m’entraîner ?
- Bien sûr... si cela ne te dérange pas ?

Il avait eu un sourire mutin dans lequel je me reconnaissais :

- Vous savez parfaitement que mes entraînements ne sont que plus chanceux quand vous êtes là...

J’étais entrée dans le box à mon tour pour prendre son visage dans mes mains et l’embrasser sur le front. Il était adorable, sincèrement touché de me voir et je ne pouvais pas m’empêcher d’y être sensible. J’avais levé son visage vers moi pour mieux l’observer tandis qu’il me souriait gentiment. Avec douceur, j’avais passé ma main dans ses cheveux et soudain, le garçon avait pris une mine inquiète et se dressant sur la pointe des pieds pour regarder par-dessus la porte.

- Père est là ?
- Non... Il avait des choses à faire...
- Oui... j’aurai dû m’en douter...

C’était étrange, il semblait à la fois déçu, résigné et aussi soulagé de l’apprendre. N’y tenant plus j’osais alors :

- Isaac... je peux te poser une question ?
- Bien sûr, Mère...
- Pourquoi es-tu toujours aussi inquiet que ton Père soit dans les parages quand je tente d’avoir un geste d’affection envers toi ?

A ma grande surprise, il s’était contenté de rougir jusqu’aux oreilles, tentant de cacher sa gêne dans le brossage de son cheval tout en haussant les épaules. Après quelques secondes de silence, il bredouilla alors :

- Vous le savez...
- Non... je ne crois pas savoir... je préfère que tu me l’expliques.

Il avait inspiré, comme pour prendre son courage, encore des gestes dans lesquels je me retrouvais. C’était si étrange, j’avais l’impression de voir une version jeune d’Erwin qui se comportait comme moi. Il avait alors changé de brosse pour s’attaquer à la crinière tout en lâchant d’une traite :

- Père a horreur de perdre votre attention au profit de la mienne...

Je m’étais attendu à tout... mais pas à ça. J'avais écarquillé les yeux de surprise et d’horreur et le garçon avait paniqué en me voyant réagir de la sorte. Posant sa brosse dans sa caisse, il se précipita vers moi pour prendre mes mains dans les siennes.

- Mais, ce n’est rien, pas vrai ?
- C’est surtout que mon amour pour toi n’est pas comparable à celui que j’éprouve pour ton Père...
- Oui, nous ne savons... Père... Père, moins. Mais ce n’est pas grave, c’est notre petit secret à nous, vous vous souvenez ?
- Si tu le dis... Mais je pense qu’il est anormal que j’ai besoin de cacher mon affection pour toi aux yeux de ton Père, c’est une idée complétement absurde, je pense que nous devrions en p...
- Non, pitié, ne faites pas cela. Il va encore... Ne faites pas cela...

Il avait le regard si suppliant qu’il m’avait ému instantanément. La boule au ventre, j’avais hésité avant d’hocher la tête d’un air entendu en lui caressant les cheveux :

- Je ne le lui dirai rien... c’est d’accord... Alors, elle commence cette leçon de cheval ? Je crois qu’Eole s’impatiente... Très joli nom d’ailleurs...

Il avait éclaté de rire de bon cœur comme si je lui avais dit une blague. Je l’avais interrogé du regard et il s’était contenté de me sourire :

- C’est vous qui l’avez choisi, Mère ! Pour aller avec mon second prénom. “Elios sur Eole, comme la course sur Soleil sur le Vent”, vous vous souvenez ?

Je m’étais contenté de sourire en me demandant où j’avais pu trouver un truc pareil. Je n’arrivais même plus à voir ce qui n’était pas choquant dans cette histoire... j’avais véritablement appelé mon fils Elios ? Il y avait vraiment un symbole derrière sa posture de cavalier ? C’était si... chevaleresque... comme une fresque commandée à un peintre... j’avais sûrement du fumer un truc le jour-là...

La leçon d’équitation s’était passée à merveille et malgré le froid ambiant, j’avais passé un moment incroyable. Il parvenait à sauter aux dessus des obstacles avec une telle aisance que je commençais presque à voir l’imagine du soleil et du vent. Je ne me privais pas d’applaudir et de crier mon admiration et bien que le garçonnet semblait gêné, il se galvanisait de chacune de mes interventions. Il était très bon cavalier, sans doute s’entraînait depuis déjà plusieurs années et avec une intensité exemplaire pour en être déjà à ce niveau. Après que son maître d’équitation l’eût félicité, nous étions retournés aux écuries.

- Je vais te laisser terminer et je vais aller voir ta sœur, tu es d’accord ?
- Bien sûr, nous pouvons nous retrouver pour le déjeuner, comme d’habitude.
- C’est entendu ! Isaac... j’ai juste une dernière question pour toi, sais-tu où est la Reine ?

L'idée même de la croiser au détour d’un couloir m’avait brusquement envahi l’esprit durant sa leçon. Le garçon devait forcément connaître les allées et venues du couple royal et il me semblait encore le plus digne de confiance pour cette question que j’étais en train de lui poser. Je n’avais aucune idée que qui que ce soit puisse rapporter à Erwin que j’avais posé la question et vu l’inimitié entre le père et le fils, le choix me semblait le plus sécurisé. Comme si je le testais, le garçon sembla douter un instant :

- Et bien... elle est partie hier signer une reddition du pays voisin au nom de Père, non ?
- Oui... oui ! Tout à fait, j’ignorai si tu t’en souvenais... C’est très bien.

Il se contenta de me sourire et je décidais de repartir vers le château. Apparemment, les guerres étaient toujours d’actualité dans le futur... et je n’avais pas à supporter le fait de la voir ou même de lui parler. Une mauvaise nouvelle pour une bonne nouvelle, le ratio était plutôt bon.

Nous avions déjeuner tous les trois et j’avais pu profiter un peu plus de leurs caractères respectifs. Il me semblait désormais évident que Rose et Isaac se détestaient cordialement, pour mon plus grand malheur. Si le garçon semblait faire des efforts, la petite semblait mettre un point d’honneur à le rabaisser, sans doute dans son souci de mimétisme envers son père. Elle aussi était impressionnante. Pour le coup, j’avais cette fois-ci l’impression de voir une mini-moi mais avec toutes les mimiques d’Erwin. Comme quoi, ils étaient bien équilibrés... mais plutôt incompatibles... Après le repas, Hildegarde était revenue pour proposer de mettre Rose au lit pour sa sieste mais j’avais proposé de m’en occuper.

- Je peux dormir dans votre lit, Mère ?

Elle avait les yeux brillants d’espoir. C’était apparemment quelque chose que j’avais dû au moins faire une fois pour qu’elle me le demande. Elle ne l’avait cependant fait qu’à partir du moment où je m’étais proposé de la coucher. C’était sans doute un des moments privilégiés que je passais avec elle. Avec un sourire, je l’avais prise dans mes bras.

- Uniquement si tu me promets d’être une grande fille et de dormir, d’accord ?

Elle avait alors collé ses deux petites mains au niveau de mon oreille avant d’approcher son visage pour me chuchoter :

- Vous me montrerez vos robes ?

J'avais éclaté de rire avant de la couvrir de baisers en acquiesçant, la faisant hurler de joie au passage. Nous avions fini par retourner dans ma chambre, par peur, j’avais mémorisé le chemin le matin même et je devais me féliciter d’avoir un bon sens de l’orientation. Je l’avais alors jetée sur mon lit et elle avait ri. Comment dormait une enfant de ce genre de tenue d’époque ? J’avais entrepris de défaire les rubans de ses cheveux avant de lui retirer sa robe, la laissant dans des sous-vêtements blancs. Elle se glissa sous mes couvertures, ses deux billes bleues m’observant avec avidité. Je m’étais alors exécutée, lui ouvrant ma garde-robe et découvrant au passage toutes les autres tenues qui s’y trouvaient. Beaucoup étaient dans les tons violets, ce que Rose avait commenté par un “la couleur préférée de Papa” avec un enthousiasme et une admiration non dissimulée. Il y avait également d’autres couleurs et je retrouvais là-dedans le goût d’Erwin pour les couleurs. Je parvenais à différencier les robes de “jour” des robes de “bals”, bien plus imposantes et travaillées. J’avais une penderie si grande qu’elle devait être proche de mon appartement. Et bien entendu, avant que je n’eusse fini, Rose s’était endormie. Je m’étais alors approchée d’elle avec douceur, et j’avais caressé ses fins cheveux bruns en nichant mon nez dans le creux de son cou. C’était fou cet instant que les mères avaient de sentir leur progéniture mais je l’avais véritablement fait instinctivement et j’avais immédiatement compris pourquoi elles le faisaient. La sensation que je ressenti alors était inexplicable, galvanisante au possible. C’était une odeur particulière, que je reconnaissais comme la mienne sans pour autant ne jamais l’avoir senti sur moi. Ce contact me rassura subitement de tout ce que j’avais appris depuis le matin même, de toutes les horreurs et les bonnes choses et sans le sentir, je m’étais alors assoupie à mon tour.

Rose m’avait réveillée trois heures plus tard en m’embrassant sur les joues. Elle était toute transpirée et avait les joues rosies de son sommeil. J’en avais profité pour lui donner son bain avec une joie incommensurable tandis que d’autres personnes étaient venues s’affairer autour de moi. Apparemment, j’avais des décisions à prendre en cet après-midi sur le bal qui devait avoir lieu le lendemain, des choses à “valider” avant que le Roi ne les voie et je m’étais contre-foutu du possible agenda que j’avais pu avoir, trop contente de découvrir mes enfants. Personne n’avait osé me le faire remarquer mais tous s’étaient activés autour de Rose et moi. J’avais pensé que la petite fille soit déçue de ne pas avoir toute l’attention de sa mère en ce moment où de voit autant d’inconnu autour d’elle dans un moment aussi intime que le bain mais il se trouvait qu’elle était apparemment ravie d’être dans les coulisses du bal et de me voir prendre des décisions. Elle n’hésitait pas d’y aller de son commentaire, approuvant certains de mes choix d’un “Père adorera, c’est certain” et réfutant d’autres d’un “Père choisira l’autre”. De mon côté, je me contentais surtout de répondre selon mes goûts et un peu au pif quand cela me semblait trop futile, assez choquée d’avoir mon mot à dire dans pareille situation. J'étais quoi au juste, une sorte de Montespan qui avançait ses propres pions en même temps que le Roi ? J’avais dégluti à cette pensée, me souvenant que j’allais bientôt avoir une décision à prendre. J’avais tourné la tête vers les grandes fenêtres pour voir le soleil se coucher tandis que j’invitais la petite à sortir de son bain. Après m’être occupée d’Henry et de Daniel, je n’avais pas perdu la main. Une fois sèche et habillée, je l’avais rendue à Hildegarde en précisant que j’avais désormais besoin d’être seule. Pourtant, avant de me laisser seule, Rebecca et Emma avaient ouvert ma garde-robe pour me proposer de me changer pour la soirée. Connaissaient-elles le rendez-vous qu’Erwin m’avait donné ou avions-nous l’habitude de faire ce genre d’aparté avant le dîner ? Elles avaient alors sorti une robe qui m’avait fait rougir jusqu’aux oreilles. Celle-ci n’était clairement pas pour “tout le mode”. L’étoffe du tissu était si légère et voluptueuse qu’il laissait clairement apparaître de nombreuses parties de mon corps su j’osais entrer là-dedans. Sans compter le décolleté et le dénudement des épaules. J’avais alors secoué la tête de gauche à droite :

- Euhm... Non merci. Inutile. Je vais rester comme je suis habillée pour le moment, je pense que cela est suffisant. Vous pouvez disposer.

Elles m’avaient alors laissé seule et j’avais soupiré lourdement. Je n’avais aucune envie de paraître plus dénudée que je ne l’étais. La conversation que nous avions eût était sérieuse et la décision qui en découlait également. Je savais déjà que j’allais y aller le soir-même. Je refusais de rester dans cette situation un soir de plus. J’ignorais en revanche ce que j’avais envie de faire, de dire. Je comprenais son histoire, son point de vue, je comprenais aussi son mariage de convention, son appel à l’adultère... C’était des choses que je pouvais accepter. J'avais peur de ce que je découvrirai derrière le mensonge, j’avais peur de ce que je percevais derrière l’attitude d’Isaac, des serviteurs. J’avais peur de me tromper et de souffrir. Je savais aussi que malgré tout ce que j’en avais vu jusqu’à présent, j’avais choisi de continuer et je savais aussi que la Alexis du futur avait fait le même choix, allant jusqu’à lui donner deux enfants. La seule chose qui me restait à découvrir, c’était si j’étais heureuse aujourd’hui ? Est-ce que cette vie me convenait ? Mais je n’étais pas là pour me répondre... Je ne pouvais que me fier à mon instinct... et c’est ce que j’avais décidé de faire en quittant ma chambre. Je me laisser le temps de voir ce qui se dirait, ce qui se passerait et je déciderai sur l’instant. Il ne servait à rien de repousser l’échéance. Comme pour les écuries, j’avais demandé à ce qu’on m’accompagne jusqu’à ses appartements. A ma grande surprise, une servante rousse me précisa que le Roi était parti pour les bains royaux et elle se proposa de m’accompagner. La gorge sèche, j’avais accepté d’un hochement de tête.

Le lieu était somptueux. Si impressionnant que je n’avais pu m’empêcher d’observer les fresques avec une attention non dissimulée, la bouche légèrement ouverte, avant que ma tête ne se tourne vers les voutes travaillées et dorées. La voix d’Erwin m’avait alors sorti de ma contemplation et j’avais baissé la tête vers lui, légèrement amusé par sa remarque. Ponctuelle ? Comment je pouvais être ponctuelle ?! Il ne m’avait donné aucune heure. Il s’était alors tourné vers moi, m’attirant vers lui et je m’étais laissée faire avec une certaine surprise. Ses lèvres s’étaient posées sur les mienne et je l’avais regardée, complétement désarçonnée. Il m’avait dit que je pourrai venir lui conter ma décision, il n’avait jamais dit que je devais venir uniquement si je souhaitais poursuivre... alors comment pouvait-il se montrer aussi confiant alors que je n’avais pas ouvert la bouche ? C’était comme s’il avait oublié tout ce que nous nous étions dit le matin-même. Il était joyeux, extatique presque, oscillant entre moi et le miroir dans un ballet qui ne l’annonçait pas prêt aux grandes conversations. Il m’avait d’ailleurs intimé au silence en posant son doigt sur mes lèvres toujours entrouvertes, au même où elles avaient eu un tressautement, annonçant que je tentais de prendre la parole. Il m’intimait à la puissance, je n’avais aucune idée de ce que ça voulait dire, hormis s’il parlait de lui-même, confirmant ce que je soupçonnais déjà... son envie de pouvoir. Mes yeux s’étaient noyés dans les yeux, englués dans cette mer d’or de laquelle je ne pouvais m’échapper. J’étais brusquement de retour à nos débuts, déboussolée, sans défense. J’avais senti sa main s’immiscer sur ma joue, glisser jusqu’à mes cheveux et je n’avais pas bougé, comme aux abois, comme doutant que de cette main, il pouvait soit m’amener vers de vertes plaines, soit me trancher la gorge et me vider de mon sang. Le cœur battant, j’attendais. Il avait alors détourné le regard était j’étais revenue à moi. J’avais l’impression de me réveiller d’un long sommeil, d’avoir été hypnotisée. D’un œil distrait, j’avais observé les jeunes femmes sortir sous son impulsion. Sans oser un seul mouvement, je l’avais observé déposer sa couronne sur une chaise prévue à cet effet. Il était revenu vers moi calmement et j’avais réprimé un mouvement de recul. C’était sans doute ce qui m’effrayait le plus chez lui, le pouvoir envoûtant qu’il pouvait avoir sur moi. Le bien. Le mal. Plus rien n’avait d’importance alors. Mes doutes. Mes craintes. Tout était minimisé au profit de l’instant présent, de ce qui nous relié dans cet instant lascif.

- Erwin...
- Il ne tient d’ailleurs qu’à vous d’en goûter...tous les délices.

J’avais senti son souffle sur mon coup, au rythme de ses paroles, ponctué sur chacune de ses syllabes, comme de petits impacts de balles recouvertes d’un poison dévorant et aliénant. Abasourdie et assommée par ses assauts, je l’avais entendu se mettre à chanter. La scène était irréelle. Je devais être endormie... ou morte... pas là... Plus là. Il chantait bien, sa voix était toujours aussi envoûtante bien que tenté d’une gourmandise face à ses actions qui ne faisait qu’accentuer la pression du moment. Je connaissais cette chanson. Je l’appréciais pour sa beauté mais à cet instant, chacun des vers raisonnait différemment, comme un sortilège entonné jusqu’au maléfice. J’avais senti sa main remonter de ma hanche à ma poitrine et mon souffle s’était alors atténuée. Une fois de plus je manquais d’air. Comme par réflexe, ma main s’était posée lentement sur son poignet, tentant de lui faire lâcher prise sans pour autant n’avoir aucune conviction de ce que je tentais de faire. De quoi devions-nous parler déjà ? Était-ce véritablement si important ? Sa main avait délassé les liens de ma robe, la faisant glissé au rythme qui le souhaitait jusqu’à mes pieds. Que nous fassions, tout nous ramenait toujours à ce moment. J'avais beau lutter, refuser, accepter, demander, nous finissions encore et toujours dans cette posture, à l’image de deux éléments chargés différemment, de la chair sur la glace. C’était déjà fini. Il avait gagné la bataille sans même l’avoir mené et une fois de plus je cédais. Je ne m’étais toujours pas prononcé mais lui avait fondu sur ma gorge, m’arrachant toute parole à travers ses lèvres au touché soyeux et expert. J'avais exhalé, me rendant compte que la discussion venait de mourir avant de commencer. Était-ce vraiment mal de l’accepter encore ne serait-ce qu’une fois ? Prendre la décision plus tard ? Nous n’étions pas pressés après tout, lui non plus ne semblait pas désireux de connaître la réponse. Je m’étais promis d’agir sur le moment et le moment m’intimait à plus, envoûtée par ses paroles qui nous promettaient une félicitait et un pouvoir dont il jouissait et qu’il souhaitait posséder. Je me fichais du pouvoir, du moment que celui de ce que nous étions en train de faire reste entre nous... entre mes mains... Mes mains qu’il avait posé sur son torse.

Mes yeux avaient glissé sur sa peau pâle et éclatante, d’une douceur infinie. Sa musculature était toujours aussi présente malgré l’âge qu’il avait pris. Du bout de mes doigts, j’avais dessiné ses pectoraux avant qu’il me m’invite à m’aventurer plus bas, entre ses côtés, sur son ventre... Le bout de mes doigts avait dessiné le contour de son aisne.

- Help me to decide… Help me make the most of power

Comme pour répondre à sa demande chantée, mes lèvres avaient fondu sur son cou au moment où il m’avait attiré vers lui, juste à l’extrême limite entre sa gorge et le début de son torse. Le baiser avait été langoureux, j’avais laissé la pointe de ma langue dessiner un peu plus mon desir, remontant sur sa peau fine de sa gorge avant de rompre le contact, reculant légèrement ma tête pour que mes yeux capturent les siens, avant qu’un sourire mutin apparaisse sur mes lèvres lorsque je vis les siennes s’humidifier avant la suite des paroles qu’il entonna :

- And of pleasure.

Il se retira alors brusquement de mes bras et j’avais serré les dents de frustration, tentant un court instant de le retenir. Il avait tendu les mains vers moi comme pour m’appeler et j’avais fait un pas en avant, me libérer définitivement de ma robe tandis qu’il plongeait en arrière dans le bain qui semblait fait d’or tant les couleurs du plafond et du soleil se reflétaient sur l’eau. Il était alors remonté à la surface, comme Clovis après son baptême et je l’avais observé, le souffle court, le cœur battant. Il me tendait la main. Il m’appelait par mon véritable prénom, celui qui serait aussi pleinement le mien d’ici 10 ans et je constatais alors avec surprise que si je détestais toujours l’entendre de la bouche des Templiers, l’idée qu’il l’utilise en cet instant ne me semblait pas repoussante. J'avais hésité un court instant, réalisant que c’était sans doute maintenant que ce décidait mon choix, ce choix que j’avais décidé de venir lui donner. Mais c’était bien trop tard, je n’avais plus envie de réfléchir, j’avais envie de plus. De lui. Du Monde.

Un pas après l’autre, je m’étais dirigée au bord du bassin. J’avais baissé les yeux pour constater que de là où j’étais il y avait des marches pour rejoindre l’eau et je l’ai avait emprunté, lentement, l’une après l’autre, ne le quittant pas des yeux. Suffisamment immergée pour me saisir de sa main, je l’avais prise dans la mienne, me rapprochant pleinement de lui. Mes bras s’étaient alors passés autour de son coup lentement, mes mains avaient glissées sur son dos puissant tandis que mes lèvres s’emparaient des siennes avec une fougue nouvelle, aussi féroce que celle dont il avait preuve plus tôt dans la journée. Au diable les conventions, le mariage, la peur, la cruauté, j’y reviendrai sans doute bien assez tôt, me torturant jour après jour entre la chaleur de nos délices concupiscant et la morsure glaciale du monstre sous-jacent. Ma langue était alors venue jouer contre sa lèvre supérieure avant que mes yeux ne se plongent dans les siens avec une insolence folle. Sous l’impulsion de l’eau, j’avais poussé mes jambes pour les élever et les entourer autour de sa taille, l’obligeant à prendre appui contre le bord du bain tandis que je mordillais sa lèvre inférieure avec douceur. Sous la forme de l’eau, la blancheur de mes sous-vêtements avait disparu au profit d’une transparence qui laissait percevoir mon corps à travers le tissu, bien que le corset protégeant toujours le haut de mon corps. Tout en le caressant du plat de mes mains, j’avais ramené mes mains sur le haut de son dos, sur ses épaules, tout en glissant mes lèvres vers son oreille pour y chuchoter :

- Si sa Majesté me laisse goûter aux délices promis, je pourrai me permettre de lui prouver à quel point la couronne lui va bien...

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« If the crown should fit, then how can I refuse? »

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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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________________________________________ 2020-12-07, 23:49 « If the crown should fit, then how can I refuse? »




Everybody wants to rule the world



L'aurore s'allume ;
L'ombre épaisse fuit ;
Le rêve et la brume
Vont où va la nuit ;

Une aube claire tombait sur ses yeux repus, caressant avec bienveillance ses paupières closes pour l’inciter au réveil. Ce qui se produisit sans peine, offrant ses yeux d’or à la contemplation des marbreries d’une intensité aussi brillante que son regard enflammé. La fin de ce rêve n’était pas venue. Mieux encore...Tout continuait.. Une simulation devait-elle durer à ce point ? Il admettait que cela importait peu. Ici, dans le futur qui n’appartenait qu’à lui de tracer.. Et ce qui serait..serait.
Sa main tâtonna jusqu’à la table de chevet laissant ses doigts se resserrer jusqu’au miroir qu’il attira à lui. La lumière faible ne permettait pas de distinguer grand-chose mais les rares rayons de lumières paraient sa beauté de reflets solaires. Il se contempla un temps indéterminé, saluant sa réussite, ses cheveux dont il ne se rassasiait pas et les promesses de son demain qui s’avérait être son aujourd'hui. Abaissant son bras pour s’arracher vivement à son reflet, il pivota avec délice sous les draps, se rapprochant de la chaleur de celle avait qui il partageait le lit. Elle dormait encore, et son souffle chaud témoignait de l’agréable de son songe. Il nota subitement que son bras rond et doux se trouvait encore posé sur son flanc, comme pour le tenir. Plutôt le retenir. Et pourtant, loin de lui l’idée de la soustraire au contact de sa fabuleuse personne. Son intérêt s’amplifiait au contraire depuis lors. Il pouvait s’offrir cet avenir et même mieux, en en gommant les erreurs, les ralentissements inconnus encore et les détours inutiles. Et il avait mis à bas toutes les défenses de la jeune femme, à présent non ? A présent, que la vérité conjugale était sue et que ses manigances les plus cruelles demeuraient enfouies dans le plus grand des secrets, ne restait qu’à savourer sans la moindre privation. Ce qui ne posait pas difficulté pour un esthète rapace tel que lui.
Alexis remua un peu et finalement s’anima entièrement, clignant des yeux pour lui sourire un peu. Il se félicitait de son réveil, cela lui éviterait enfin de sonner un domestique et de l’entendre geindre pour une fin de sommeil quelque peu assourdie par la cloche.

- «  « Que le soleil est beau quand tout frais il se lève, comme une explosion nous laçant son bonjour ! »Bonjour à vous ma chère... »

Le jour ne pouvait être que bon à celle que le destin autorisait un réveil si splendide que face à lui. Peu en avait eu l’opportunité et si Geneviève n’avait guère piqué une crise fort regrettable, il eut été à parier qu’Alexis n’aurait que peu goûté la joie. Quoique… Après tout, ils faisaient partie d’une simulation. Aussi était-il primordial que de lui laisser présager de l’incroyable « affection » qu’il ressentait à son égard...pour consolider cet avenir radieux à son effigie.
Tandis qu’il conservait malgré tout, l’anse de son miroir dans la main, il effleura de son autre main le nez effronté de sa maîtresse, tandis qu’elle souriait doucement.

- « Vous paressez… ou les enchaînements d’hier vous ont-ils vraiment épuisés ? » Murmura-t-il doucement, ses lèvres se relevant pour laisser paraître un sourire moqueur, il leva le miroir, le positionnant de sorte à ce qu’ils se reflétèrent tous deux dans l’objet «Souriez ma chère….N’est-ce pas splendide ? … Regardez!»

Il aurait été mensonge que d’indiquer qu’il lui aurait offert plus de regards qu’à sa propre beauté, mais pour donner le change donnait-il parfois quelques regards en biais vers son propre reflet. Puis, il devait admettre que la voir à ses côtés alors, donnait un hâle nouveau à l'ensemble. Plus qu'une conquête, c'était un premier pas vers la suite de son Rêve. Les silhouettes qui se reflétaient par delà des années non vécues vibraient d'espoir. Et pour cela, il trouva assortis l'ensemble de leurs visages et chevelure dans une victoire artistique et prometteuse.
Puis il abaissa l’objet, le disposant à nouveau, à tâtons sur la table de chevet, songeant à cette journée royale promise. Une journée supplémentaire s’offrait à lui.
Alexis s’était blottie contre lui et la laissa faire un instant, pour mieux prendre conscience du moment, de la situation, de son événement. Leur proximité, la chaleur qu’ils dégageaient le rattachait à cet instant de félicité permanent qu’il vivait depuis son arrivée dans le palais. La certitude de posséder toute chose à jamais.

« J’espère que vous vous plaisez ici, c’est si...magnifique. Comme dans mes souvenirs… En bien mieux. Et on peut considérer que vous apportez une plus-value notable. » souffla-t-il en caressant du pouce le haut d'une de ses pommettes "En tout cas, je trouve que le Monde, ici, vous sied à merveille."

Il ramena sa jambe au dessus de celle de la jeune femme, pour l’attirer à lui, l’emprisonner encore davantage contre lui, jusqu’à ce que son corps se scelle presque à nouveau au sien ; la laissant contempler à l’envie de ses yeux bleutés l’infinie beauté qu’il incarnait. Elle avait fait son Choix hier, liant son destin au sien avec une évidence sourde dont il n’avait jamais douté mais dont il appréciait les contours prometteurs. A présent, il pouvait dire qu’il la possédait complètement, elle la clef de son rouage, pièce maîtresse d’un plan qui n’était qu’élaboration à l’heure actuelle mais qui avait vécu et pris effet dans le monde où il se trouvait. Bien qu’il n’en douta pas, cela demeurait délicieusement agréable de s’en apercevoir.

- « Existe-t-il réveil plus doux, ma chère? Une fois que l’on m’a prouvé que la Couronne me va si bien...  » murmura-t-il les yeux dans les siens, tandis que ses doigts traçaient des signes hasardeux le long de sa colonne vertébrale,

Il appréciait le moment, tranquille et paisible avant l’embrasement de la journée mais restait néanmoins lucide sur la suite à donner à ces jeux matinaux d’effleurements. de sourires complices. Une suite différente à celle qu’elle espérait sûrement. Après tout... quel beau cadeau que de lui permettre de vivre plus intensément son triomphe… Il avait hâte. Hâte de pouvoir dispenser à nouveau ses ordres, ses remarques perfides sur les autres et les voir acquiescer aux moindres de ses désirs tels des petits pions interchangeables et obéissants. Il en trépignait déjà. Le Monde l’appelait et si se prélasser possédait ses attraits les plus appétissants, cela ne valait pas l’ivresse qu’offrait le pouvoir.
Si bien qu’il baisa les lèvres de la brune légèrement avant d’indiquer :

- « Je vais sonner pour le petit-déjeuner, il ne faudrait pas être en retard pour mon agenda chargé... »

Bien évidement, IL faisait son propre agenda mais un Roi possédait de LOURDES RESPONSABILITES. Comme celles de s’asseoir sur le trône, porter la couronne et décider le Monde selon son seul bon vouloir et il ne souhaitait guère décaler cette fabuleuse perspective à plus tard. Il avait tout le temps de s’amuser avec son caprice bien après cela. A l’envie. Alors, autant sonner le démarrage de cette merveilleuse journée.
Il sonna donc et rapidement le groupe des domestiques quotidiennes parut dans sa chambre, pour s’agenouiller au pied du lit.

- « Glorieuse journée votre Majesté. Recevez tous nos hommages en cette veille de Noël. Bonne journée à vous, Madame »


La présence d’Alexis ne les avait pas fait sourciller le moins du monde, ce qui devait signifier qu’elle y séjournait de temps en temps lorsque l’envie le prenait de lui permettre de partager son lit. Et de toute manière, elles n’avaient pas droit à la critique ou l’analyse. Que faisaient-elles séant sinon le servir ?

- « Apportez le petit déjeuner... » ordonna-t-il avec hauteur sans leur prêter à vrai dire une réelle attention.

Elles étaient comme le mobilier, interchangeables, insignifiantes… Tout juste une fonction à le contenter sans nécessiter la moindre miette de son intérêt. Ses pensées se trouvaient ailleurs, dirigées sur son programme journalier et l’événement que les Inutiles venaient de rappeler à sa mémoire. Ici, nous étions la veille de Noël, ce qui annonçait nécessairement un programme des plus festifs pour la fin de journée et un bal. N’avait-il pas organisé l’ensemble hier encore ? Tout comme dans un rêve éveillé certes mais vu qu’il lui était permis de le prolonger, il devait à présent veiller au caractère parfait de l’ensemble.
Si bien, qu’il tourna la tête vers Alexis, un doute lancinant dans son esprit :

- « Enora, il est primordial que vous alliez aujourd'hui à votre leçon de danse, pour peaufiner votre pas déjà excellent. » décréta-t-il dans un sourire posé qui tranchait avec le message qu’il passait à travers ses iris. « Je suis sûr que vous saurez être divine pour le ballet de ce soir… Après tout, vous serez ma cavalière, s’il vous agrée. »

« Allez vérifier si vous êtes au point ». Non pas qu’elle dansait mal. Mais il y avait un monde entre maîtriser les danses contemporaines et classiques et maîtriser celles qu’il comptait remettre au goût du jour s’il récupérait la gestion du Monde -qu’il n’avait jamais eue – aussi préférait-il la charger de s’en assurer ensuite, sitôt le petit déjeuner terminé. Aussi le mangea-t-il avec un appétit flagrant, devisant tranquillement avec elle et envoyant les femmes préparer son bain. Elles s’occuperaient d’elle ensuite, le Roi passerait d’abord.

- « En tout cas, ma mie, s’il est une musique que vous souhaitez entendre ce soir, dites. Et elle sera jouée. » professa-t-il avec emphase.

Il fallait la soigner après tout. Et puis, il était suffisamment heureux pour être d’une générosité débordante. Après tout, elle aimait danser. Il l’avait remarqué lors de leur séjour à Paris. Discourant de quelques coutumes de son époque, prenant bien garde à ce que nul propos qui sortisse de sa bouche ne vienne faire ombrage ou ne crée suspicion quant à leur connaissance de la situation présente. Fort heureusement, elle ne fit aucune vague, sûrement trop occupée à déguster les mets raffinés servis et il finit par prendre congés d’elle, pour s’occuper de sa toilette, non sans avoir dispensé un baiser fin et délicat sur son poignet.

- « Continuez de vous nourrir si cela vous plait, ma mie, je vais m’apprêter puis je vaquerai à mes occupations principales. Retrouvons-nous au déjeuner, avec les enfants, si vous le voulez bien. Il me tarde.»

Il la quittait déjà là, enfilant un peignoir mauve pour rejoindre les servantes qui s’inclinèrent une nouvelle fois devant lui, et se plongea bientôt avec délice dans un bain savoureux d’effluves où la violette était le coeur dominant, explosant et ravivant les essences de lys, épices et poudre pour composer un voyage olfactif idéal et merveilleux. Merveilleux oui. Et meilleurs que tout ce qui proposait encore le monde moderne si bien qu’il soupira de ne pas être suffisamment nez pour en noter la composition. Peu importait… Il organisa sa tenue où ses nuances favorites se fondaient dans un bleu suzerain, et il sortit alors, couronne sur la tête pour regagner la salle du trône.
Midas l’y attendait, consultant son courrier, la mine songeuse, tandis que Preminger se juchait dans un soupir d’aise sur le velours caressant du trône. Il ne détourna pas le regard pour contempler l’absence que rendait encore plus notable le second fauteuil vide à ses côtés, se contenta de sourire pour empêcher une grimace de gâter ce magnifique moment. Ainsi juché, il lui semblait que son esprit s’élevait encore au-delà des lieux pour contempler le Monde d’une hauteur divine. Là, ils étaient et pourtant comme le Monde semblait insignifiant vu sous cet angle de grandeur, si bien que les choses lui paraissaient rapetisser à vue d’oeil pour n’être qu’un fétu de paille entre ses doigts… Comme si d’un simple geste lui appartenait le pouvoir de le briser à sa guise et sans le moindre effort notable.

- « Majesté… ! » s’exclama Midas avant de s’agenouiller à ses pieds, sur la seconde marche menant au trône, se saisissant de sa main pour y déposer un léger baiser « la nuit fut-elle bonne ? »
- « Très. » commenta-t-il allusivement un sourire bavard sur les lèvres « Je suis hautement satisfait des avancées. »

Il se tut subitement, néanmoins, se rappelant que malgré sa familiarité et sa similitude ce Midas-là n’était pas son chien actuel. Aussi ne saisirait-il pas les allusions subtiles que le Roi tentait de glisser quant à la conversion d’Alexis à sa cause. Il n’y verrait...rien d’autre qu’un Erwin sur le point de mettre en place un autre plan…

- « J’espère être rapidement mis au courant de ces nouvelles manigances » répliqua alors Jérémie confirma l’analyse du notaire avant de se racler la gorge mal à l’aise.

Il dirigea son regard vers lui. Les années avaient passées mais rien n’avait pu altérer sa déférence et sa loyauté. Et rien dans sa physionomie ne parviendrait jamais à lui échapper, le moindre sourire ou le moindre froncement de sourcils, il lisait en lui comme il lisait en lui-même, comme un livre évident et dont les pages s’écrivaient encore à sa guise. Il ne lui cacherait jamais rien et ne parviendrait pas à lui dissimuler quoique ce soit.
Si bien qu’il leva rapidement sa main pour la placer sous son menton, le forçant à lever la tête vers lui :

- « Midaaaaaaaaaas mon adoooooooooooooooorable petit canidé? » s’exclama-t-il dans une voix haut perchée, tandis que les yeux dudit interpelé se rétractaient un peu, causés par un léger effroi, « ne penses-tu pas que tu oublies de me dire quelque choooooose ? »

Il attendit un instant et le Temps se suspendit aux lèvres de l’ancien chien. Ce n’était pas un mensonge, mais une omission, un point qu’il ne voulait pas dire ou plutôt pas maintenant… Pourquoi ? Sûrement pour ne pas altérer son humeur joyeuse et les préparatifs qui s’étalaient de bon train, alors qu’une myriade de serviteurs traversaient l’espace en courant portant couronnes de fleurs d’hiver, tapis rouge, et rangés de houx dont certains feuillages tombaient au sol si bien qu’un petit page armé d’un balai s’empressait vite de faire disparaître du plancher, en lui jetant un regard craintif et terrorisé. En voilà un charmant travail digne du marmot qu’il avait contribué à faire naître au monde. Cette perspective le dérida presque, lui arrachant une mimique et cruelle tant et si bien qu’il en oubliait presque Midas genoux à terre, à ses pieds, la figure toujours cloîtrée dans sa main.

- « Cela concerne…. La Reine »
- « Encore ? N’as-tu donc que cette femme en tête ? Grands Dieux, bientôt vais-je commencer à te croire amoureux » gloussa-t-il avec méchanceté, en tapotant la joue blême de son ancien caniche.

Il le prenait en boutade et pourtant son esprit ne riait pas, sur le qui-vive. Il ne soupçonnait pas le moins du monde Midas capable du maux dont il l’accusait pourtant. Il le savait innocent, incapable de se lier avec une âme aussi….bêtement bonne que pouvait l’être Georgia. C’était comme entacher ses péchés devant la pureté. C’était absurde. L'Amour...une perte de temps. Un crime pour l’ambition personnelle. Loin de lui cette fadaise, loin de lui cette tentation absurde. Jérémie pour toute réponse avait plongé son regard sans trouble dans le sien, avec une quiétude si sournoisement franche, qu’il avait relâché son visage dans un geste sec et agacé.

- « Sot ! » proféra-t-il sèchement au silence qui lui répondait, « Allons, parle sérieusement, tu sais très bien que cela n’était qu’une facétie sans fondement.  Ne sois pas si susceptible. »
- « Elle est partie….»
- « Où cela, mon très cheeeeer ? Cesse de me faire languiiiir. Je suis sûr que cela va me RAVIR ! »

Il leva un sourcil circonspect, puis croisa les jambes provoquant un recul de Midas craignant par cela de se retrouver éjecté au pied du trône.
Mais il avait compris que la réponse ne lui plairait guère et comprenait la voix basse que l’animal continuait à garder, si bien qu’il se saisit avec colère des papiers que son Ministre lui tendait et qu’il n’avait eu de cesse que de triturer durant le reste de leurs échanges. Signé et officiel, c’était un témoignage mis à l’écrit des gardes qui suite à son ordre signalait leurs découvertes…. Il le lut puis jeta presque le document rageusement sur Midas qui le rattrapa gauchement.

- « Qui est le garde choisi pour son escorte? » interrogea -t-il froidement, les yeux brusquement fixés sur les décorations qui luisaient dans la salle.

Tout était si superbe… Si glorieux. Embaumait dans l’air une odeur de pain d’épices qu’il n’affectionnait pas spécialement mais qui appartenait tant à cette époque qu’il n’avait pas eu l’envie de la supprimer de l’équation. Noël se trouvait une date parfaite pour recevoir des offrandes et cadeaux tous plus glorieux les uns que les autres. Après son avènement, son couronnement, c’était une date de l’année. Si elle n’avait pas souhaité l’aider dans les tâches si ingraaaaates que pouvaient être cette organisation, alors elle n’en goûterait même pas l’effervescence, avait-il décrété hier. Et voilà qu’elle persistait à s’enfoncer dans une salve de décisions hasardeusement stupides.

- « Hervé. » marmonna Midas
- « Plait-il ? »
- « Hervé. Ou Alec. Ton ancien cheval. 
- « Ce misérable étalon défraîchit ! » pesta-t-il avec colère tandis que sa rage se chargeait en gloussement mesquin « Evidemment. Il n’y avait que ce gros balourd pour céder à cette énormité misérable. Voir le peuple…

Se promener dans les villages en gaspillant l’or du royaume pour nourrir les ventres des nécessiteux. A quoi cela l’avançait-elle ? Pourquoi charger son si misérable coeur rempli de trop de stupide bonté de souffrance complémentaire à la contemplation de la vie de ces miséreux ?

- « Pourquoi contempler ces bouches affamées et médiocres lorsqu’on possède cette grandeur ? »

Sa main désigna dans un geste l’ensemble de la pièce tandis que son regard se posait malgré lui sur un portrait qu’affichait la grande salle. Le Roi et la Reine. Lui si fier et si superbe, si grandiose… Puis elle et son regard doux et fuyant, posée, toute en retenue. Comme elle pouvait s’estimer chanceuse de figurer là, à ses côtés…. Et pourtant comme elle s’en avérait toujours et en tout Temps indigne. Comme un défi permanent à sa condition. Il était Roi, il était son monarque… Pourquoi diable se stoppait-elle dans son périple pour se mêler à la foule claudiquante et pestilentielle ?

- « Si elle aime tant son peuple, qu’elle prenne garde à ce que je ne l’y renvoie pas... » ricana-t-il méchamment avant de partir dans un éclat de rire sonore, bondissant sur ses pieds, « Mais cela sera la dernière petite escapade de ce cher Hervé en si plaisante compagnie...Sauf à ce que cela soit...sa dernière tout court. »

Midas se relevait, se joignant à son éclat de rire et il le suivit. Marcher apaisait son courroux. Sûrement bien moindre comparativement à ce qu’aurait été le courroux de son lui futur mais néanmoins bien vivace. Au final, trouvait-il tout l’ensemble risible. Médiocre. Décidément, peu de personnes ne comprenait les choses à apprécier e trop se complaisait à se soucier du sort des autres. Qu’ils se prennent donc en main seuls.

- « Ferons-nous une offrande quelconque au peuple en hommage à cette fête si symbolique, Erwin ?»  interrogea Midas, après l’avoir interrogé sur une autre gestion lui arrachant un sourire sardonique
- « Oh, leur Reine déambule déjà elle-même sur les places en leur offrant du pain. Je pense que cela est déjà bien assez dispendieux pour sacrifier encore davantage une somme au profit de ces inutiles vermines. Qu’ils se délectent du spectacle et s’en émeuvent donc… Georgia, elle, émotionnera de découvrir que grâce à elle, aucune aide complémentaire ne sera apportée, cela lui apprendra à disparaître. »
- « En plus d’une nuit dans une auberge ? »
- « Elle s’y sent visiblement déjà comme chez elle. Qu’elle pleure donc, ensuite. Le goût de ses larmes est le plus délicieux nectar du royaume, très cher » persifla-t-il cruellement.
Il s’interrogeait néanmoins quand une voix stridente le tira de ses pensées :

- « Mademoiselle Rose ! Revenez ici ! »

Il tourna la tête juste à temps pour découvrir avec horreur une petite fille qui sous couvert de se mouvoir avec élégance clopinait avec hargne vers lui. Il songea à rebrousser chemin pour ne pas avoir à affronter une nouvelle fois cette épreuve pour ses tympans mais n’en n’eut guère le temps.

- « Booooooonjour Votre Majesté ! Père » ajouta la petite en plongeant dans une révérence qui ne masquait pourtant pas le sourire éclatant de fierté que trahissait son visage. Il ne répondait pas encore tout agacé de ce bruyant contre-temps, lorsque Midas s’accroupit à la hauteur de l’enfant pour la saluer à son tour, arrachant à la petite brune un petit cri de joie tandis qu’elle étreignait ses mains l’une contre l’autre « Parrain ! »

Cela arracha un rire amical à Midas qui laissa Preminger pantois. Il ne ressentait aucune jalousie, mais la scène le rendait perplexe. Midas n’aimait pas les enfants mais il semblait l’appréciait elle. Pourquoi ?

- « Mademoiselle Rose, vous aviez interdiction de quitter votre cours de danse ! Vous le savez bien. » glapit d’ailleurs elle une Hildegarde surgissant essoufflée par la course imprévue qu’avait du susciter pour elle la vision de l’enfant subitement dans la salle du trône.
Saisissant l’enfant par le poignet elle s’abaissa dans le même trait de temps devant Preminger et décréta «  Pardonnez la Votre Majesté, elle ne devait pas...Je vais la soustraire à votre vue, si tel est votre désir. »
- « Non. Je subis sa présence grâce à votre incompétence et si vous la soustrayez à ma vue, cela se terminera par effet de larmes et de cris qui finiront par gâter mon humeur… » s’entendit-il déclamer avec arrogance « Alors qu’elle demeure donc ici jusqu’à ce que mon bon vouloir la renvoie à ses devoirs. »
- « Oooooooooh ! » Chrysanthème avait porté ses mains à sa bouche comme sous le coup d’un grand choc puis elle agita soudainement celles-ci dans un enthousiasme débordant «  Merci Pèèèère ».

Puis elle s’était relevé avec une dignité très feinte qui contrastait atrocement avec son comportement précédent et qui arracha un rire sonore à Midas, si bien qu’Erwin tourna la tête vers lui :

- « » Je vais défaillir. Dis-moi comment je supporte ceci en permanence ? » soupira-t-il théâtralement en posant une main lasse sur son propre front
- « Comme tu le fais là...Avec parcimonie... » répliqua son ancien caniche dans un sourire entendu « Mais elle est charmante. Je pense...qu’elle te divertit à sa manière. Tu dis qu’elle te rappelle moi en plus agitée. »

Ce qui devait suffire pour attirer à l’enfant les bonnes grâces de son caniche. Alors qu’il n’était guère persuadé que la remarque se voulait compliment, aussi s’entendit-il lui répondre.

- « Oh mais quel merveilleux compliment dis-moi que d’être un animal de compagnie » persifla-t-il mesquinement avant de ramener son attention sur l’enfant.

Elle levait le nez insolent qu’elle avait comme sa mère et les dernières paroles de Midas lui revinrent en mémoire. Pouvait-il réellement tolérer cette présence inutile comme un divertissement à sa manière ? Pouvait-il réellement parfois trouver en elle une source d’amusement  et non l’envie sourde qui le secouait de la faire disparaître de sa vue ? Peut-être. Il se rappela du petit-déjeuner partagé et du plaisir qu’il avait tiré en les voyant se battre pour son attention. Oui. En cela, se pouvait-être divertissant.
Il songea à son futur et l’importance d’Alexis. Une carte essentielle de son jeu, une pièce maîtresse de son échiquier. Non, il ne souhaitait pas avoir d’enfants et le petit être qui l’observait avec tant d’adoration ne verrait jamais le jour, il pouvait le certifier. Mais. Ici se déroulait le panorama alléchant d’un futur. Et si des anomalies s’y trouvaient… Peut-être venaient-elles d’ELLE. Enora. Aussi, avait-il tout intérêt à en jouer pour s’asseoir définitivement son assistance.

- « Danserez-vous sur « What Child Is This? » avec Mère ? » interrogea Chrysanthème en levant vers lui son petit visage émoustillé par l’idée tandis qu’elle cheminait jusqu’au grand arbre de Noël installé pour l’occasion, « Ooh ! » s’écria-t-elle en plaquant ses mains sur ses joues comme saisie d’une nouvelle idée, « Et Vu que la Reine n’est pas là, danserez-vous avec Mère à sa place sur le Lac des Cygnes ? »
- « Non. Mais sur Casse-Noisette, peut-être » déclama-t-il.
Le Lac des Cygnes se raccrochait à Georgia et plus encore, il n’imaginait pas le danser avec une femme qui n’en possédait pas les capacités matérielles. Malgré tout, il ne comptait pas se dispenser d’une danse quelconque, pour que le soleil transparaisse par ses rayons. Par lui-même… Ils verraient.

- « Peu importe sur quoi, vous êtes le meilleur des danseurs Père !  Le meilleur en tout ! »
- « Vraiment ? Ton père est le meilleur ? »

Elle s’arrêta un peu interloquée et déclama avec force :

- « Bien sûuur! Oui ! Vous êtes parfait, Père ! C’est pour ça que le Monde est si beau ! C’est vous qui faites lever le Jour ! »

Il l’observa un instant, puis éclata de rire avec arrogance, satisfait. Il commençait à le voir, oui. En quoi ce petit animal curieux pouvait être distrayant. S’il en faisait un moulin à compliments, il n’y avait rien de plus plaisant. Il avait continué à cheminer en temps, dirigeant l’équipe dans une parole acide qui suscitait à chaque fois un petit piaillement admiratif de l’enfant, qui s’avérait un peu satisfaisant. Oui, ainsi sûrement parviendrait-il à donner le change.

- « Effectivement c’est bien moi ! »
- « Je le savais ! Isaac m’avait dit que ce n’était pas vrai. Il est tellement bête que je ne l’ai pas cru. Comme vous le dites si souvent... » elle gonfla ses petites joues pour les remplir d’inspiration puis décréta avec une arrogance qui ne lui appartenait pas « Un médiocre et piteux illettré, sans aucune compétence ni distinction». J’ai bien retenu Père ? »
- « Oh… Cela peut être ça et tant de choses… Lorsqu’un individu est dénué de toute qualité, très chère toutes les insultes les plus élégantes sont valables ! Tout est insignifiance» railla-t-il doucement, « Mais aujourd'hui devant ta mère, il est essentiel d’être…tempéré quant à ce fils déplorable que je subis, d’accord très chère enfant ? Si je peux compter sur toi, peut-être alors t’accorderai-je un cadeau. »

Ce qui était peut-être une folie de proposer un tel arrangement à un enfant cela dit… Il souhaitait qu’elle se tienne tranquille contre son frère pour gommer toute mauvaise impression sur Alexis. Si elle ne voyait plus qu’un paysage idyllique, l’oeuvre dont elle rêvait tant, elle signerait avec encore plus de hargne. Qui plus est… C’était Noël. Il la connaissait suffisamment pour deviner qu’elle devait être sensible à toute cette saison de réjouissances et de festivités. S’il offrait un Noël irréprochable et même mémorable, alors elle succomberait définitivement. Plus encore, elle partagerait ce rêve….
Pendant son temps, Chrysanthème avait lâché un petit cri de joie et avait accouru jusqu’à effleurer sa jambe avec sa petite main :

- « Danser avec vous ! Je veux danser avec vous ! S’il vous plaît Père ! J’ai répété ! Tellement répété ! » s’exclama-t-elle si bien qu’il leva la jambe pour s’extraire à son contact

Mais loin de s’en éloigner, éclata-t-il dans un cri cynique. Evidemment. Elle avait du goût. Quel plus cadeau pouvait-être fait ? Oui, évidemment. Cependant….

- « Oh voyez-vous cela…. » ricana-t-il en s’accroupissant à sa hauteur en pinçant sa joue rose entre ses doigts baguées « Dansez avec toi ? »

Pour toute réponse, elle opina de la tête en pinçant les lèvres, dans une mimique si proche d’une Alexis téméraire et décidée que cela lui arracha un sourire sincère. Une opiniâtreté… oui. Mêlée à des mimiques plus fantasques étranges dont il se demandait de qui elle les tirait. Quelle joie si sincère… Et quel plaisir c’était que de dire :

- « Mais très chère, on ne danse pas avec l’Homme qui fait lever le Jour comme on danse avec le commun des mortels. Il faut le mériter... »

Il observa l’enfant se décomposer un peu et perdre un peu son sourire. Pourtant, elle ne perdit pas ses moyens, et accentua son sourire,. Espérait-elle réellement le convaincre ? Elle avait perdu un peu contenance mais tentait de l’amadouer dans une croisade perdue d’avance…

- « Mais je l’ai mérité ! » affirma-t-elle en battant des cils « Je l’ai mérité très fort ! Très très fort ! »
- «  En t’enfuyant de ta leçon du jour ? » répliqua-t-il d’une voix doucereuse sans lâcher pour autant la joue de l’enfant, mesquinement « Quelle belle démonstration… Sûrement aujourd'hui, ta désobéissance t’as fait perdre ta chance… »
La fin avait tranchante comme un couperet et son sourire cruel avait définitivement fait perdre son sourire à l’enfant.
- [color:07a2=#[color=#9400D3]]« Mais Pèère s’il vous plaît… ! »
- « J’ai dit non. D’ailleurs tu es bien trop petite et je ne te porterai certainement pas… Mais si tu es disciplinée, alors auras-tu une robe. »

Cela avait fini par la contenter un peu. Elle avait baisé sa main en le remerciant et en la demandant violette et il lui avait répondu que de toute manière ce n’était pas négociable. Pouvait-on envisager qu’il offrirait une autre couleur ? Après un temps, avait-il fini par la raccompagner jusqu’à sa gouvernante, non sans réprimander une nouvelle fois cette dernière puis avait occupé sa matinée à organiser le reste de la cérémonie, les musiques jouées, les invités. Il aperçut quelques noms connus sur la liste et notamment ceux de Nick et Nack, et quelques habitants de Storybrooke qui avait visiblement suivi son rayonnement. Il nota quelques absents, s’interrogea sur leurs destinés depuis lors… Qu’étaient-ils devenus ? On l’enquérait que le cadeau pour la Favorite avait été réceptionné et qu’une équipe se chargeait de mettre en scène l’ensemble des festivités privées qu’il avait organisé. Il sourit avec hauteur puis valida quelques ambiances, parfums et musiques. On le sollicita pour un plan de guerre et il quitta la salle avec un sourire satisfait. Le plaisir était une chose, amplifier son pouvoir encore plus délectable. Aussi se hâta-t-il d’y accourir. Tamponnant un décret et soudain il eut u soubresaut… Le papier… L’entête du dernier royaume ennemi… Il avait blêmi et appela Midas dans un claquement de doigt, les pensées tourbillonnant dans son esprit. Cela était trop tôt, beaucoup trop tôt.. Impossible…. Il ne fallait pas… Absolument pas.

- « Erwin ? Qu’y a-t-il ? »

Midas s’était approché, en fronçant les sourcils perplexe, pour observer ce qui avait attiré l’attention de son maître et ne put le comprendre. Ce n’était qu’un document de plus. Un papier supplémentaire sans réellement importance. Il ne pouvait déceler l’enjeu.

- « Rien… Rien voyons. Je voudrais que...ma chère marquise n’apprenne pas ceci... »

Il agita le document faisant froncer les sourcils de son caniche. Il ne comprenait pas, évidement. Comment aurait-il pu comprendre ? Il ne savait pas les risques que ce document pouvait engendrer, la fin de son plan… La fin de Tout. Et après une nuit si savoureuse, quel gâchis cela serait…. Midas ouvrait de grands yeux surpris :

- « Mais...elle le sait déjà, voyons Erwin… Enora agit sciemment…. »
- « Et bien à partir de maintenant, considère que ce n’est pas le cas, d’accord ? » coupa-t-il sèchement en enserrant le visage de son ami « Je veux que tu agisses comme si Enora ne savait RIEN. Comme si elle était...Alexis, encore. Pleine de vie et de bon coeur envers cette...femme. Peux-tu faire cela, pour moi ? »
Même s’il nageait en totale incompréhension il savait qu’il dirait oui. Alors, de son autre main, il plia soigneusement le document entre ses doigts puis désigna la carte :
- « Cette pièce, là. A partir d’aujourd’hui elle n’y entre plus, tout ce qui se trame ici disparaît de ses connaissances… Elle ignorera tout…Tout de la guerre »
- « Tu ne lui fais plus confiance ? »

Il pointa le nez, soudainement méfiant et crispa les paupières sous un regard tranchant comme le métal.
- « Pourquoi ? Je devrais ? »

Au delà de cette soudaine sécurité obligatoire, l’Aujourd’hui rejoignait le Futur. Et s’il sentait Alexis instable à ce sujet, l’y était-elle encore dans ce futur qui était devenu la réalité de celle qu’il avait fait Marquise ? Son allégeance se révélerait-elle feinte ? Devait-il s’en méfier à Présent pour que jamais l’éventuelle trahison ne vienne  ? Devait-il se défier d’elle à l’Avenir afin que ce futur ne vienne ?

- « Bien sûr que non. » s’exclama son caniche stupéfait. « Elle se tient dans ta Lumière… Ad vitam aeternam » 

Ce qui devait tenir lieu de plus qu’une preuve de loyauté… Si bien qu’il frappa dans ses mains subitement, lâchant son emprise sur son ministre, avec enthousiasme…
Avant de reprendre le contrôle de la situation. Certes. C’était parfait...dans le futur. Mais à l’heure actuelle, tout devait s’acquérir…

- « Parfait !…. Mais ça ne change rien. Je vais répéter et être un peu plus explicite, Midas… Lorsque je dis que j’exige que tu te comportes de sorte qu’Alexis ne sache rien, je voulais dire…. Comme si elle ignorait contre qui, quoi etc nous sommes en guerre. Comme si elle avait eu un trou de mémoire, pouf, envolés. Tu comprends?
- « Mais pourquoi ? » interrogea Midas en fronçant les sourcils.
- « J’ai mes raisons. » se borna-t-il à répondre en pinçant les lèvres.
- « Tu ne me cache jamais rien… Pourquoi es-tu si mystérieux subitement ? »
- « Comme tu le dis si bien… Je ne te cache jamais rien. Tu sauras tout en temps et en heure, je te le promets. Alors je veux que tu veuilles sur ce secret comme sur la prunelle de tes yeux Midas… Veuilles à ce qu’elle n’en n’apprenne rien. Tu entends ? Dis-toi que je veux offrir à Enora...un magnifique Noël, cela te va ?

Il le faisait si bien qu’il avait accepté, jusqu’à ce qu’il lui promette de la tenir à l’écart de tout ceci sans en comprendre les aboutissements qui résulteraient de cet ensemble. Il était impératif pourtant qu’il le suive. Et il le ferait. Midas était le Pilier. Comme une partie indépendante de son existence, son animal, son lien. Il souffrait de son silence mais accomplirait le tout comme sa loyauté lui ferait faire. En échange, il lui offrirait un château décida-t-il soudainement. Cela se possédait facilement et ses conquêtes lui en avaient obtenus plusieurs. Il suffisait d’en choisir un qui satisfasse le goût de son caniche… Après tout, lui aussi aimait l’or et les belles choses, il l’avait éduqué en ce sens, jusqu’à lui offrir la dent en or que sa condition humaine avait conservée dans sa dentition. Son bien le plus précieux autrefois et ce qui symbolisait ainsi son dévouement. Maintenant comme autrefois, il serait là pour le servir et l’assister encore.
Midi sonnant, il se dirigea dans la salle principale et y retrouva Alexis, Chrysanthème et l’Erreur soigneusement debout non loin de leurs chaises et il les salua de la tête, feignant de les revoir. L’Erreur eut le bon ton de ne pas démentir et s’attabla loin de lui, la place de gauche étant à l’inverse occupée par Midas. Son caniche bien qu’encore plus ou moins déboussolé de ses récentes exigences possédait le bon ton de ne pas en laisser paraître et il l’encouragea d’un sourire froid. Puis, tout à son numéro, attrapa la main d’Alexis en lui offrant un visage des plus enjoués.

- « Alors Trésor, votre matinée fut-elle agréable ? » demanda-t-il doucement avant de tourner un regard vers les deux marmots « J’espère que vous n’avez pas trop fatigués votre mère, les enfants ! Rappelez-vous que le Père Noël passe ce soir !» 

Il avait fait un effort surhumain pour articuler ne serait-ce qu’une parole aimable à l’encontre des deux et donc de l’Erreur… Et Midas lui dédia un regard interloqué qu’il feignit de ne pas remarquer, préférant mordre dans sa viande avec délice. S’il se focalisait sur sa réussite, sur le Bal de ce soir, sur sa Magnificence, peut-être parviendrait-il à occulter ce chimérique et atroce portrait de famille… Et surtout la Tâche qui gâchait la magnifique vue d’ensemble, ramenant inlassablement son regard dessus comme pour en découvrir sans fin l’ignominie. Et voilà que ça le reprenait, cette sorte de frémissement incontrôlable et désagréable… Comme une pomme dont le centre se trouvait gâté. La fourchette tremblait dans sa main et il la reposa un peu théâtralement sur l’assiette, pour se saisir d’une lampée de vin.

- « Oui le Père Noël… ! J’ai tellement hâaaate Père » ânonnait déjà Chrysanthème en joignant les mains, « même s’il est bien moins prestixieux que vous ! »
- « Le terme exaaaaact est PRESTIGIEUX…. » commença-t-il à articuler froidement attirant une vive rougeur sur les joues de l’enfant avant de se reprendre promptement « Mais… Je pense qu’il sera épaté de vos progrès respectifs... »
- « Même ceux insignifiants d’Isaac ? » railla la petite brune, en jetant un regard en biais à son frère par-dessous ses paupières mi-closes.
Puis soudainement craintive, elle avait jeté un regard suppliant sur le Roi, comme si elle le priait de tout son petit être de considérer cette incartade comme une entorse légère à leur accord précédent.
Il fallait admettre qu'il avait failli ricaner et surenchérir, trop heureux de faire passer cette sensation désagréable de haine sans le rabaissement facile. Mais se retint à temps se remémorant l’attitude et le Temps. Ce que l’une admettrait un jour, l’autre encore ne l’envisageait pas. Aussi fit-il tinter son verre, de sa fourchette en levant un sourcil à l’encontre de l’enfant :

- « Voyons, voyons… Vous pourrez vous gausser à loisir de l’éventuelle lenteur des progrès de votre frère, lorsque vous aurez atteint son âge. » plus que malgré lui son regard était tombé sur l’Erreur, comme une décharge brutale et sinueuse, une anomalie… Et un sourire faussement affable avait habillé ses lèvres fines tandis qu’il se saisissait de son verre « D’ailleurs, mon…...enfant… On vous entend à peine… La perspective de la veillée vous coupe-t-elle la langue ? Et l’appétit ? »

Il n’était guère dupe sur ce qui causait à l’enfant un véritable tourment ou plutôt QUI. Mais il avait usé de tant de douceur et de faux intérêt, qu’il osa lever sur lui la lueur ternie de l’or de ses paupières… Comme blême. Et il avait saisi la stupeur de sa mine avec une pitié écoeurée.

- « Après le repas, n’oubliez pas de m’indiquer quel cadeau vous ferait plaisir, mon bon enfant.  »

Midas s’était littéralement étouffé et il l’avait fusillé d’un fulgurant et fugace trait de regard, tandis que Rose le considérait choquée et presque aux bords des larmes. Peut-être considérait-elle cette proposition comme une reprise de son propre cadeau suite à la violation de sa parole... Si bien qu'il haussa les épaules en sa direction, dans un mouvement peu éloquent. Puis, comme si tout était normal, il avait sourit plus simplement à Alexis. Comme s’il tentait de lui signifier les efforts faits tout en s’excusant de sa maladresse…

- « Si bien, alors, ma chérie, il me semble que vous ne m’avez pas conté vos loisirs de cette matinée...Racontez-moi donc... »



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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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Edition Octobre-Novembre 2020

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________________________________________ 2020-12-12, 00:44 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Everybody wants to rule the world


L’engourdissement. C’était la première chose que j’avais ressenti en sortant de mes songes, comme le symptôme symbolique de mon état. L’engourdissement. Un engourdissement sourd et puissant de tout mon bras. Mais pas seulement. De mon corps aussi, mon être, ma tête. Mais celui-ci ne me gênait pas. Seul celui de mon bras me dérangeait. J’avais alors un peu bougé, grimaçant, tentant de prendre possession de mon corps, réalisant que j’avais le bras en hauteur, sans doute sur son flan. Cette pensée m’avait fait sourire doucement tandis que j’avais tourné mon poignet en bougeant mes doigts pour relancer l’afflux sanguin avant de ramener mon bras vers moi. J’avais ouvert les yeux, mon regard croisant le sien, à côté de moi. Il avait déclamé une phrase de Baudelaire de bon matin et j’avais éclaté de rire, amenant mes mains à mon visage.

- Je vois que sa Majesté est en forme ce matin. — Bienheureux celui-là qui peut avec amour saluer son coucher plus glorieux qu’un rêve ! Bonjour...

J’avais eu un sourire mutin, fermant les yeux en voyant sa main s’approcher de mon visage pour en caresser mon nez. J’avais ouvert de nouveau les yeux suite à sa caresser, l’observant avec un faux air courroucé et un sourire amusé lorsqu’il nous rappela les événements de la veille. Je devais bien avouer que pour quelqu’un qui devait prendre une décision et qui hésitait encore, j’avais tout de même eu tout l’air de quelqu’un de sûre d’elle, dont la décision avait été murmurement réfléchi et digéré. Pourtant, je n’avais fait qu’oublier, me laisser porter, comme une feuille morte se laisser glisser sur le vent. C’était l’effet qu’il me faisait presque toujours, cette sensation qu’il ne servait à rien de lutter, que le combat était trop douloureux et perdu d’avance, que le lâcher prise était un ordre et la plus douce des sensations. Et comme à chaque fois, j’avais lâché prise. Cette soirée avec plus de félicité et d’envie qu’à d’autres moments cependant, comme si elle n’avait été qu’un enchaînement de soulagement. Quel problème pouvait bien me retenir de toute façon ? Assurément aucun. Il n’avait pas la fibre paternelle, mais ces enfants n’existaient pas. Il n’avait pas l’air plus aimant dans le futur envers eux mais le futur n’était pas immuable. J’en étais la preuve vivante et je n’en pouvais être que persuadée. Nombre de ceux qui avaient vu mon futur en avaient dit la même chose, une femme seule, une guerrière aguerrie et endolorie par les combats. Amer d’avoir tout perdu. Gardant l’espoir de vaincre cependant. Une femme qui était partie de Storybrooke en 2015... ce que je n’avais jamais fait. Le futur pouvait changer, j’en étais certaine. Alors pourquoi notre futur ? Pas tout... juste les choses les plus gênantes... Et c’était à cette pensée que je m’étais donnée entière, que je m’étais prise à ce jeu étrange dans lequel nous avions plongé. Après un certain moment dans les bains, j’avais savouré le repas que nous avions passé ensemble. Hormis le décor et la table, il n’était composé de rien de présomptueux. Nous avions parlé simplement, nous avions ri, nous avions partagés et à mesure que les heures avaient passé je m’étais rendu compte chaque seconde un peu plus à quel point j’aimais nos moments, d’autant plus quand ils se terminaient comme celui-ci... Nous nous étions retirés dans ses appartements et nous avions fini par tomber d’épuisement.

Il n’y avait rien de sage dans ce que nous étions, précisément quand nous étions ensemble. Il n’y avait pas d’accalmie, juste un feu brûlant, ardent, d’un côté comme de l’autre. J’avais l’impression que chacun de nous ne pouvait qu’alimenter le feu de l’autre, comme un jeu dangereux et malsain mais délicieux aujourd’hui que je refusais de cesser de jouer. Quand nous nous retrouvions ainsi, nous étions à nous deux plus ardent que le soleil et chacun de nous pouvait allégrement s’y brûler les ailes. Peut-être les miennes avaient-elles brûlé plus fortement qu’à l’accoutumée cette nuit-là, je n’avais pas spécialement envie de regretter ou même de me débattre face à ce que nous avions fait, à ce qu’il était et ce que j’étais. J’avais la Vérité, c’était la seule chose que je voulais, le reste n’était qu’illusion et construction. L’Avenir n’était qu’à venir. Et l’Avenir nous appartenait.

J’avais eu un rire amusé et gêné lorsqu’il avait levé son miroir sur nos reflets. Tout comme pour les couleurs, j’avais avec le temps remarqué son besoin dévorant d’observer son reflet dans le miroir, comme si tout avait une meilleure perspective à travers lui. Une manie étrange que je ne comprenais pas vraiment mais qui m’amusait à son contact. J’avais détourné les yeux, nichant mon nez au creux de son coup pour me dérober à ma propre vision. S'il se satisfaisait de nous, je ne parvenais jamais à me regarder, surtout avec une tête aussi incroyable que celle que j’avais si tôt le matin. Pourtant, j’avais fini par timidement tourner de nouveau le regard vers le miroir, pour nous observer ainsi l’un contre l’autre, mes boucles brunes se mêlant à ses cheveux blancs. A travers le reflet, mon regard croisa le sien et je senti alors une douce chaleur au creux de mon ventre. Il avait fini par reposer l’objet et je m’étais blottie contre lui, ma main et ma tête sur son torse, humant son parfum toujours aussi présent malgré la nuit passée. J’avais alors senti sa jambe passer au-dessus de la mienne, me rapprochant toujours plus de son corps, de la chaleur de celui-ci.

Est-ce que je me plaisais ici ? Il l’espérait. De mon côté, je l’ignorais. Je passais un très bon moment, je devais l’avouer. Jouer dans cette simulation était plutôt drôle, jamais je ne me serai imaginé dans un tel rôle, dans une telle situation. J’avais toujours aimé l’époque dans laquelle ce conte semblait piégé, dans laquelle ce Royaume semblait plongé et je devais dire que d’en découvrir les coutumes à une aussi bonne place que celle qui était la mienne n’était pas déplaisant. Sans doute l’aurais-je moins bien vécue en tant que paysanne. Je me demandais d’ailleurs comment vivaient les habitants de ce royaume. Y avait-il aussi de la misère, de la pauvreté ? Dans les histoires, elle semblait toujours servir de contexte mais sans pour autant nous empeigner de sa terrible vérité. Erwin m’avait dit avoir sauvé son Royaume de la faillite, avait-il éradiquer toute trace de malheur dans le futur ? Cela me semblait difficile à imaginer à la vue du peu de considération qu’il accordait à ses enfants mais être un bon père et un bon dirigeant étaient encore deux choses différentes. Alors est-ce que je me plaisais ici ? Pour un temps, oui... pour une vie... je n’en avais aucune idée. Une chose était sûre en revanche, non, il n’y avait jamais réveil plus doux que ceux que nous vivions ensemble, dans le calme de notre intimité. J'avais secoué la tête de gauche à droite pour lui répondre, avant de porter mes doigts à ses lèvres pour en dessiner les contours, mes yeux glissant sur mon œuvre avant que mes effleurements n’atteignent sa mâchoire.

- Mes réveils les plus doux sont toujours ceux que l’on partage depuis quelque temps, couronne ou non... Même si vous semblez encore plus enthousiaste quand vous la portez.

J’avais eu un nouveau sourire et après une ultime de ses caresses sur mon échine, une dernière de mes caresses, sur son torse, il avait fini par commander le petit déjeuner. J’étais restée blottie sous les draps, me contentant d’un “bonjour” timide à l’attention des jeunes femmes qui ne semblaient absolument pas étonnées de me voir à ses côtés. Ce ne devait donc pas être une situation rare et ce... malgré la Reine. Était-il seulement possible que tout le monde se satisfasse de cette étrange façon de vivre... j’en avais bien l’impression. J’avais pourtant attendu que les femmes de chambres se soient détournées de notre attention pour me redresser, récupérant un peignoir de soie que l’une des femmes avait laissé à mon attention, comme par habitude. J’en avait vite couvert mon corps et nous avions petit-déjeuner, parlant de nouveau de tout et de rien avant que la conversation ne devienne plus sérieuse.

- Enora, il est primordial que vous alliez aujourd'hui à votre leçon de danse, pour peaufiner votre pas déjà excellent.

Je l’avais observé droit dans les yeux. Si son sourire était posé, son regard appuyait lourdement ses dires et à juste titre. Je savais exactement ce qu’il tentait de me dire.

- Je suis sûr que vous saurez être divine pour le ballet de ce soir… Après tout, vous serez ma cavalière, s’il vous agrée.

J'avais avalé difficilement le bout de brioche qui me restait dans la bouche et j’avais eu la désagréable impression que la viennoiserie n’allait jamais passer vu le stress qu’il venait de me mettre. Pas excellent, pas excellent, il parlait sans aucun doute de la Enora que je n’étais absolument pas. Moi je n’avais aucune idée de comment danser ce genre de truc. J’avais appris les danses de salon, même les plus anciennes comme la valse mais c’était sans aucun doute plus le menuet ou ce genre de truc qu’on devait danser dans son conte et comme ce n’était jamais vraiment revenu à la mode, personne n’avait jugé utile de me l’enseigner. Tentant de garder bonne figure, j’avais lentement récupéré ma tasse en porcelaine pour boire quelques gorgées de thé avant de lui répondre avec un sourire :

- Sa Majesté me couvre d’honneur en me choisissant pour cavalière, je ferai tout pour me montrer digne de sa Grâce.

Ou pas. Mais ça c’était surtout ce soir qu’on allait le découvrir. J’aimais danser, j’étais plutôt bonne danseuse de par ma formation de patineuse et j’apprenais vite. Ça allait aller. J’en étais sûre. Fallait juste que je me fasse confiance et que je repousse aussi cette soirée de bal aux deux trois prochaines années et ce serait parfait. Après tout, c’était une simulation non, on s’en foutait si je me loupais ? Mais à la vue de son regard, je pouvais clairement voir qu’il n’était pas de mon avis. Je lui avais souri timidement avant de poursuivre mon petit déjeuner d’un air absent jusqu’à ce qu’il me propose de choisir une musique pour ce soir. Euh oui, bien sûr : Harder, Better, Faster, Stronger des Daft Punk. Je l’avais regardé avec un éclair de malice dans les yeux, mourant d’envie de lui faire la blague mais j’étais bien trop inquiète à l’idée qu’elle passe moyen ou que nos vautours n’y comprennent rien. Après tout, nous étions dans le futur, elles avaient peut-être vécu à Storybrooke avec nous et pouvaient très bien connaître ce classique. Mais je m’étais contenté par sourire d’un air touché en faisant mine de réfléchir. J’ignorais ce que ce monde connaissait exactement des musiques de mon monde à travers les époques. Je visualisais un peu cette époque à celle de Louis XIV, mais Erwin m’avait déjà parlé de Tchaïkovski avec un engouement profond, presque nostalgique, comme s’il l’avait connu avant la malédiction et pourtant, il ne venait pas de son monde. Risquais-je quelque chose à demander quelque chose d’un peu plus contemporain qui sonnait pourtant comme les grands bals somptueux de la Grande Russie ? Après un instant d’hésitation, j’avais fini par lui dire à voix un peu plus basse pour que les servantes ne nous entendent pas, s’affairant près du bain.

- Si cela sied à sa Majesté, j’aimerai entendre “Tempête de Neige” de Sviridov. Je pense que c’est d’autant plus parlant ce moment de l’année, ne croyez-vous pas ?

J’avais tourné la tête vers les grandes fenêtres qui reflétait un soleil encore plus éclatant par le biais des grandes étendues enneigées. C’était une valse que j’aimais beaucoup. Paradoxalement, si elle avait tous les codes de l’empire Russe, c’était bien l’Union Soviétique qui avait vu naître cette œuvre incroyable. Sviridov avait un talent incroyable tant dans ses classiques que dans ses musiques plus contemporaines. Je voyais déjà d’ici les robes tournoyaient et petit à petit, cette idée commençait à germer dans ma tête avec une envie et une excitation non dissimulée. J’avais envie de danser. D’apprendre. De voir. De Goûter. J’avais envie de vivre pleinement ce moment. Pendant ce temps, Erwin avait fini par prendre congé, non sans me proposer un déjeuner avec les enfants, ce qui m’avait grandement surpris mais que j’avais aussi apprécié, un sourire touché sur le visage. Il tentait apparemment de faire des efforts. Le Futur n’était décidément pas écrit.

Après avoir pris mon bain, j’avais fini par m’habiller dans la chambre d’Erwin, un peu surprise de la situation. Apparemment il n’était pas vraiment prévu que je puisse me balader en peignoir dans les couloirs. Aussi avaient-elles apporté différentes robes de couleur différentes et j’avais avisé la violette avec un sourire, me demandant si elles se devaient de toujours me proposer la couleur dans mon trousseau. J'avais pourtant opté pour une robe rouge, tirant sur le bordeaux, aux véritables couleurs de Noël. Elles m’avaient alors aidé à m’habiller, me proposant un cerceau plus ample, notamment pour ma leçon de danse. J’avais accepté bien que j’avais l’impression de ressembler à une meringue et j’avais fini par le rendre dans la salle de danse où m’attendait, à ma plus grande surprise, “mes enfants”.

- Mamaaaan !!

Rose m’avait foncé dessus comme un boulet de canon et j’avais éclaté de rire en la prenant au vol pour la hisser à ma hauteur. Je constatais que bien qu’elle portât une nouvelle robe, elle était tout aussi violette que celle de la veille et je la soupçonnais de n’avoir que cette couleur dans son armoire, ne serait-ce que pour faire plaisir à son père. Le cœur battant, j’avais accueilli son baiser et ses petits bras autour de mon cou avec un plaisir sincère. Je commençais à m’attacher, bien plus que prévu, bien trop aussi. Elle était solaire, toujours aussi énergique, toujours aussi joyeuse, elle semblait heureuse de sa vie. Je l’avais embrassé à mon tour avant de la poser au sol, constatant qu’Isaac nous avait rejoint. Il avait gardé un maintien impeccable, les mains dans le dos :

- Bonjour, Mère.

Je m’étais alors approchée de lui, pour prendre son visage entre mes mains et l’embrasser sur le front. A ma grande surprise, il s’était laissé faire tandis que Rose avait détourné le regard avec un air renfrogné. Sans doute devait-elle avoir interdiction de dire quoi que ce soit à ce sujet et plus précisément à une personne en particulier, ce qui expliquait sa mauvaise humeur et cette pensée m’amusa. Il fallait vraiment qu’Erwin change avant de créer une situation aussi toxique dans un avenir possible.

- Bonjour mes amours, vous avez passé une bonne nuit ?
- Agréable.
- Vous avez dormi avec Père ?
- Ça ne te regarde pas, petite curieuse !
- Vous venez toujours m’embrasser quand je dors, sauf quand vous êtes avec Père et cette nuit vous n’êtes pas venue.
- Si tu es capable de te rendre compte de cela, c’est que tu ne dormais pas...

Je l’avais regardé avec un regard moitié sévère, moitié amusé de l’avoir prise à son propre jeu et la petite avait battue en retraite. Elle avait fait mine de s’éloigner mais je l’avais retenue par la main, m’accroupissant pour me mettre à sa hauteur, réitérant ma question :

- Tu as bien dormi ?
- Oui, Mère... et vous ?

Son œil brillant de curiosité m’avait fait éclater de rire. Soupirant face à la fourberie évidente de cette gamine, j’avais capitulé :

- Oui. Si tu me poses encore une seule question tu es privée de dessert pendant deux jours !

Pour toute réponse, elle avait pincé ses lèvres comme pour être sûre de se retenir et avait posé ses petites mains devant sa bouche pour faire bonne mesure de son silence. J'avais éclaté de rire avant de me tourner vers Isaac.

- Que faîtes-vous ici, tous les deux ?

Le garçon avait paru interloqué :

- Nous répétons pour le bal de ce soir... comme tous les ans... Père souhaite que nous soyons parfaits... Non ?
- Si ! Si si, bien sûr, mais... Je pensais juste que votre séance était un peu plus tard, excuse-moi.

Je lui avais passé avec douceur une main sur la joue avant qu’il n’hausse un sourcil, une mimique dans laquelle je me reconnaissais absolument :

- Ne suis-je pas votre cavalier aujourd’hui ? Je m’entraîne toujours avec vous...
- Si, bien sûr mon coeur mais... je préfère avant de m’entraîner avec toi m’entraîner un peu seule. Je serai sans doute l’unique cavalière de votre Père ce soir, aussi dois-je...
- Être parfaite ! Parce que Père ne mérite pas moins...
- Oui... Voilà, Rose, tout pareil...

C’était sorti tout seul. Il fallait dire que sa passion pour son père était parfois un peu déstabilisante. Je lui laissais encore un an et après peut-être faudrait-il songer à consulter pour cet Œdipe plutôt puissant. Elle m’avait regardé étrangement et Isaac avait hoché la tête d’un air entendu. Comme si chacun avait attendu mes instructions pour décider de comment agir, une jeune femme et un petit garçon avaient rejoint mes deux enfants ainsi qu’une femme à l’allure austère qui devait sans aucun doute être leur professeur de danse. De mon côté, un homme qui devait avoir à peu près l’âge d’Erwin dans le présent s’était dirigé vers moi pour me montrer une porte un peu plus loin. Je l’avais suivi dans une salle vite qui devait être ma propre salle de danse et après que la porte fut refermée, je lui avais dit de but en blanc.

- Nous allons tout reprendre lentement et des bases. Je travaillerai toute la journée s’il le faut, mais je veux connaître toutes les danses sur le bout des doigts.

J'avais tenté d’avoir un air assez décidé et le ton sans appel pour qu’il tente de me poser une quelconque question et ça avait marché. Nous avions sans doute dû danser au moins quatre heures l’un avec l’autre, reprenant les bases. Les yeux d’Erwin, les dernières paroles de Rose, tout me mettait une pression absolument incroyable mais je tenais bon, déterminée dans ce que je voulais accomplir. La matinée était passée à une allure folle mais l’homme avait fini par retirer délicatement sa main de ma taille avant de faire une révérence à laquelle j’avais répondu. Celle-ci aussi, nous l’avions apprise.

- Je pense que nous allons nous arrêter là pour ce matin, vous risquez d’être en retard pour votre déjeuner, Madame. Cela vous laisse encore l’occasion de tester vos progrès avec Monsieur avant de retrouver le Roi.
- Merci James. Et cet après-midi...
- Nous continuerons.

Il avait eu un sourire encourageant avec un hochement de tête, comme une promesse. C’est qu’il n’y avait pas un seul type de danse à apprendre et si les pas se répétaient durant toute la musique, il fallait tout de même de la pratique pour que cela devienne fluide. Ça avait été un enfer pendant les trois premières heures mais j’avais fini par apprécier l’exercice. J'avais fini par ressortir de la salle et je m’étais aperçu avec Rose n’était plus présente, tout comme Hildegarde. Un peu interloquée, j’avais observée Isaac.

- Où est ta sœur ?

Pour toute réponse, il avait rougi, ne voulant apparemment pas la trahir. Le regardant avec insistance je l’avais un peu pressé du ton de ma voix :

- Isaaaac ?
- Elle... elle est avec Hildegarde... elle lui a demandé de faire des points en punition...
- Des... points... en punition ? C’est à dire ?
- Vous savez à quel point Rose déteste le crochet...
- Oui ? Mais punition pour quoi ?
- Elle a quitté le cours pour rejoindre Père...

Il y avait eu un court silence où on s’était observé du même regard, mi interrogateur, mi inquiet de la réaction qui pouvait être la nôtre... et qui fut la nôtre l’instant d’après. Tant bien que mal, nous avions tenté de retenir le rire qui avait fini par s’échapper de notre gorge. Sans doute imaginions-nous tous les deux la tête d’Erwin quant à cette arrivée impromptue. La gamine était plutôt tenace, quand elle voulait quelque chose, elle s’y employait... je ne pouvais pas vraiment lui reprocher, c’était sans doute un point qu’elle tenait de ses deux parents et sa proportion à faire des bêtises ne m’étais pas étrangère. Je me demandais vraiment comment avait réagi Erwin, s’il l’avait congédié sans ménagement ou s’il avait au moins tenté une approche. J’avais repris un air sérieux, tout comme mon fils qui s’était excusé de son écart. Nous avions alors entamé notre danse ensemble et j’avais été forcée de constater qu’il était doué... extrêmement doué. Il n’avait pas l’air très à l’aise avec la situation et sans doute n’était-ce pas son talent favori mais il avait la grâce et la souplesse des pas qu’avait eu Erwin à Paris. Il tenait sans aucun doute son talent de son Père et je devais dire que j’en étais plutôt impressionnée, espérant avoir été à sa hauteur. Il avait pourtant manqué de trébucher à la fin et son visage s’était immédiatement décomposé.

- Je suis désolé, Mère. Comme Père et Rose le disent parfaitement, je suis un piètre danseur et médiocre dans tout ce qui fait mon apprentissage.

J’avais alors attrapé ses joues de mes mains pour le forcer à me regarder de ses yeux ambrés. Il avait les larmes aux yeux et cette vision eût le don de me briser le cœur. Avec douceur, j’avais fait disparaître ses larmes à la commissure de ses prunelles avant de l’embrasser sur la joue.

- Tu étais parfait, mon cœur. C’est normal de trébucher. Mieux vaut-il que ce soit maintenant que ce soir, pas vrai ? Mais tu es bien meilleur danseur que moi, je ne te mérite pas en cavalière.

Il avait ri en secouant la tête comme pour me signifier que je racontais n’importe quoi et je l’avais embrassé une nouvelle fois avant d’enrouler mon bras autour de ses frêles épaules :

- Allons libérer ta sœur de son tourment et rejoignons ton Père, il désire déjeuner avec nous. Oui, même avec vous.

J'avais répondu à l’interrogation muette du garçon avec un sourire mutin. Après avoir récupéré Rose qui reniflait avec force face à son métier à tisser, visiblement en colère et après avoir pleuré de tout son saoul, nous nous étions dirigées vers la table du déjeuner. Quelques instants plus tard, Erwin était paru et en une compagnie qui m’étais familière. J'avais observé Jeremie Das avec une certaine surprise. Non pas que l’idée me semblait saugrenue, après tout, ils étaient associés à Storybrooke et semblaient même proche d’une amitié sincère, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il ait pu suivre Erwin à ce point. A moins que ce monde fût aussi le sien ? Je l’avais salué et il m’avait rendu mon salut d’un baisemain sans que ses lèvres ne touchent pour autant ma main. Je m’étais ensuite assise pour assister au déjeuner le plus étrange de toute ma vie. Erwin tentait tant bien que mal à se faire à son rôle de Père et cette vision me donnait autant envie de rire de ses maladresses que d’en être attendrie. Il était plus qu’évident qu’il n’avait pas la fibre paternelle, je ne pouvais pas non plus lui en vouloir de ne pas “aimer” des enfants qu’il connaissait depuis deux jours après ne jamais les avoir désirés. Pourtant, ses efforts me réchauffaient le cœur avec plus de force que je ne pouvais l’admettre. J’avais dû me mordre discrètement la lèvre inférieure pour m’éviter d’éclater de rire face à l’effort considérable qu’avait fait Erwin en direction d’Isaac. Le pauvre enfant n’avait apparemment jamais vu son Père comme ça et semblait se demander s’il n’était pris dans un piège qu’il ne saurait éviter. De son côté Rose et Jemerie semblaient véritablement sur le point de s’étouffer avec leur propre salive. D’ailleurs l’homme s’était mis à tousser et je l’avais observé d’un air inquiet. Il s’était pourtant arrêté bien vite et j’avais profité de l’inattention d’Erwin, toute dirigée vers son ami, pour faire un rapide clin d’œil à mon fils qui eut tôt fait de tenter de se détendre, apparemment rassurer de penser que l’idée venait de moi. J’avais ensuite caressée les cheveux de Rose qui semblait sur le point de pleurer et la petite s’était un peu plus redressée sur sa chaise pour continuer de manger, se donnant le courage nécessaire pour oublier cette vision et cette discussion.

- Je dois dire que la matinée est passée très vite... Je ne me suis attelée qu’à une seule chose, pour être honnête, à la danse. Les enfants ont fait de même pour être au point pour ce soir et j’ai eu l’occasion de tester mon cavalier d’entraînement qui semble à deux doigts d’être parfait. Tu vois Rose, tu aurais vu les progrès de ton frère si tu étais resté avec lui...

Si Isaac avait blêmi de plus belle, Rose était devenue rouge écarlate et semblait sur le point d’exploser de colère. Un regard vers son Père la calma cependant presque instantanément et j’avais posé ma main avec douceur sur celle d’Erwin une nouvelle fois. Mes doigts s’étaient refermés avec douceur sur les siens tandis que je précisais :

- J'ai cru comprendre qu’elle vous avait rejoint ? J’espère qu’elle ne vous a pas dérangé...

A mes côtés, la petite avait marmonné un “sale cafteur” auquel j’avais décidé de ne pas prêter attention. Isaac avait fait un bond un quart de seconde après et j’avais soupçonné Rose de lui avoir donné un coup de pied sous la table que le garçon avait accepté dignement, sans émettre aucun son. N’ayant pas de preuve tangible de ce que je pensais, j’avais continué à observer Erwin avec un sourire mi-amusée, mi-désolée de ce qu’il avait dut “vivre”. Avec douceur, j’avais porté sa main à mes lèvres pour l’embrasser tout en précisant :

- En tout cas, je suis certaine que nous serons à la hauteur du bal de ce soir.

Ma façon de lui spécifier que j’avais tout fait pour éviter de commettre le moindre impair.
Si la matinée était passée rapidement, l’après-midi avait passé si vite que je n’avais pas vraiment prit le temps de respirer. Nous étions retournés nous entraîner avec James pendant quatre heures supplémentaires tandis que Isaac et Rose étaient partis se coucher pour être sûr de veiller convenablement à la soirée. On m’avait ensuite demandé de superviser les derniers préparatifs de la salle de bal : décoration, révision du menu et des emplacements. Après avoir signé d’une main un peu gauche quelques missives qui étaient apparemment destinées à Erwin, on avait fini par m’informer que mon cadeau à Isaac et Rose avait été déposé sous l’énorme sapin qui trônait dans la salle de bal et que celui du Roi était prêt à être déposé sans ses appartements à sa sortie pour la soirée. Je m’étais contenté de sourire, gênée. J’avais aucune idée de ce que j’avais offert à chacun, ce que la moi du futur avait pu faire comme cadeau mais cette information m’avait brusquement ramené à la réalité que nous étions effectivement le 24 décembre. J’avais tant eu à penser que pas une seule seconde j’avais envisagé les cadeaux mais j’avais constaté avec soulagement que tout avait déjà été pensé pour moi, pour mon plus grand bonheur. En fin d’après-midi, Emma et Rebecca étaient venue me chercher pour m’annoncer qu’il était temps de me préparer et c’était avec un stress plutôt palpable que j’avais fini par rejoindre mes propres appartements que j’avais quittés la veille au soir. Un bain avait été préparés aux senteurs que je reconnaissais comme celles de mon parfum. Un sourire amusé était né sur mes lèvres et j’avais plongé dans l’eau avec félicité, remerciant la chaleur de délier mes muscles endoloris de tant d’exercice et de tant de stress. Cette journée avait été bien meilleure sur bien des points mais tout aussi angoissante et stressante sur d’autres plans. Après un bain pour lequel j’avais fait durer le plaisir, j’étais finalement sortie et les deux femmes de chambres s’étaient affairées à la coiffure et au maquillage tandis que je les observais et les conseillaient sur ce qu’elles étaient en train de me faire. Je voulais un maquillage joli, mais rien de trop poudré, quelque chose de brillant en tenue de fêtes sans pour autant ressembler à la pompadour. Mes cheveux avaient été savamment coiffés et parfumés et j’avais fini par enfin observer ma tenue de soirée.

Brusquement, une grande douleur avait tordu mon ventre. Je prenais pleinement conscience de ce que j’allais vivre, de ce que je n’avais jusqu’alors jamais vécu. C’était étrange, j’étais stressé et en même temps émerveillée. Je constatais que ma robe avait pour une fois moins attrait à l’époque des Lumières qu’à celle des contes de fée. Les chaussures qui m’attendaient étaient absolument somptueuses. Un travail d’orfèvre comme je n’en avais encore jamais vue. Elles étaient presque autant un bijou que des escarpins et je craignais brusquement de les abîmer. Quant à la robe, elle était entièrement à l’image des chaussures que je devais portés. Chaque broderie avait sans doute était fait à la main et elle s’illuminait de nombreux petits cristaux qui semblaient être bien plus que de simples pierres qui brillaient. Une fois mise, je pouvais voir à quel point mon décolleté pouvait tombait bas sans pour autant laisser percevoir trop de peau. Elles avaient terminé ma parure avec un collier de diamants aux couleurs de la robes et des boucles d’oreilles assorties. Je m’étais alors observé dans le miroir sous les compliments sans doute un peu hypocrite d’Emma et Rebecca. J’avais l’impression de faire le remake de Cendrillon... j’avais l’air d’une vraie princesse de conte de fée et pourtant... ce n’était pas moi, pas moi du tout. J’avais dégluti, le cœur battant la chamade face à mon anxiété grandissante et j’avais fini par rejoindre mes enfants qui m’attendaient dans le couloir. Rose portait une énième robe violette qui lui allait parfaitement, rappelant un peu les bonbons de la même couleur, comme une petite fleur. Elle aussi avait des broderies sur sa robe et là où je portais des longs gants blancs qui remontaient jusqu’à mes coudes, elle portait de petits grands de couleur parme. Elle avait de jolis rubans dans ses cheveux. De son côté, Isaac portait un incroyable costume bleu nuit qui lui allait à merveille. Il avait ses cheveux coiffés en conséquence et il ressemblait plus que jamais à Erwin à cet instant. Il n’avait plus rien du garçon timide et renfermé, il se tenait fièrement, droit, comme un rôle qu’il devait et savait apparemment parfaitement jouer. Il me tendit son bras et je pris la petite main de Rose dans ma main libre.

- Vous êtes très jolie Maman !!!
- Merci ma chérie, toi aussi tu es magnifique. Tout comme toi Isaac, vous êtes très beaux tous les deux, je suis fière de vous.

Je l’étais vraiment, émue aussi, tandis que je croisais notre reflet au détour d’un couloir. J’avais resserré ma main sur celle de ma fille sur le coup de l’émotion tout de resserrant ma prise sur le bras de mon fils par la même occasion. Ce dernier précisa à son tour :

- Rose a raison, Mère. Cette robe vous va à merveille.
- Merci, mon chéri.

Arrivés devant les portes de la salle de bal, nous nous étions fait annoncer en grande pompe à grand coup de titre honorifique. J’avais manqué de m’évanouir de honte, surtout en voyant tous les visages tournés vers nous mais la prise d’Isaac sur ma main m’avait aidé à tenir bon. De son côté, Rose semblait parfaitement à l’aise avec la situation. Elle se mit à hurler qu’elle allait voir son “Parrain” et je l’avais suivi des yeux avec curiosité avant de la voir sauter sur Jeremie qui l’accueillit avec un sourire avant de m’en diriger un. Je le lui rendis, prenant note du fait qu’il devait apparemment compter suffisamment pour Erwin pour lui permettre cet “honneur”. Ils étaient plus que collègues, ils étaient assurément amis. Je me tournais alors vers Isaac.

- Et toi, tu ne vas pas jouer ? Il y a pleins d’autres enfants...
- J’irai après, quand Père sera là... Je ne veux pas vous laisser seule...
- Je ne suis pas seule, vous êtes tous les deux-là, avec moi, même si c’est à l’autre bout de la pièce. Va t’amuser, mon cœur.

En vérité, je n’avais aucune envie qu’il bouge. Tout le gratin de ce foutu royaume semblait être présent et il n’y avait pas vraiment de tête que je connaissais. Isaac tourna alors un regard interrogateur vers moi :

- Vous pensez que mes Parrains ont pu venir cette année ? Je sais qu’Elliot est très occupé et...

Mais je n’eus pas le temps d’entendre le nom du second. Elliot me semblait une évidence, le fait qu’il n’ait que des parrains me semblait plus surprenant en revanche. Mais avant qu’il n’eût pu m’informer plus de cette situation, on avait annoncé l’hôte de la soirée et sans doute la personne la plus solaire de l’assistance à son bon vouloir : Le Roi.

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(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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________________________________________ 2020-12-15, 00:17 « If the crown should fit, then how can I refuse? »




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- Les enfants ont fait de même pour être au point pour ce soir et j’ai eu l’occasion de tester mon cavalier d’entraînement qui semble à deux doigts d’être parfait.

Il supportait avec difficulté ce déjeuner mais le supportait malgré tout. Mais cela…revenait à un supplice cruel et atroce d’une brûlure familière et obsédante. Chaque regard vers l’Erreur faisait monter cette rage violente qui entêtait son esprit d’une brume malsaine jusqu’à la folle perte de contrôle dangereuse et pourtant proche.
Mais les alentours le rattachait malgré tout à un sentiment de puissance d’une satisfaction telle qu’elle contenait à elle seule toutes les envies sordides qui traversaient son esprit sournois. Il était Roi. S’il lui prenait l’envie, TOUT pouvait advenir. Tout allait selon son bon vouloir. Et cela expliquait sans peine pourquoi l’Erreur prenait tant de soin à garder profil bas… Il savait. Il savait que d’un claquement de doigt tout pouvait lui être ôté s’il lui prenait le désir. En vérité, n’était-il pas pourvu d’une admirable bonté qu’en le laissant errer ainsi de sa triste présence en ces lieux jusqu’à lui offrir le droit de se trouver à cette table qui était la sienne ? Oui, décidément il était bien bon. La Magnitude incarnée.
Si bien qu’il lui fallu toute la maîtrise du monde pour ne pas blêmir à l’insinuation ridicule causée par Alexis et toute l’hypocrisie de son être pour adresser un regard d’avertissement à Rose qui, visiblement lucide quant à ce qui devait être le piteux « talent » de son frère, manquait déjà de s’esclaffer ou de s’en outrager. Alexis restait trop polie. A quoi bon s’étourdir de compliments pour les gens qui ne les valaient guère ? Le fil du temps saurait lui ôter cette indulgence inutile mais en attendant, il fallait composer avec.

- « Oh vous m’en apprendrez taaant ! » finit-il par déclamer lentement, feignant l’intérêt surpris, notant au passage l’extrême sécheresse de ses lèvres, ne retirant pas la main qui était venue se poser sur la sienne, comme pour le remercier.

Il se força à l’inverse à laisser ce passage désagréable aux oubliettes de sa conscience pour ne pas finir ce magnifique repas sur une note aigre et détestable et tourna la tête pour croiser les yeux d’Alexis pour répondre à sa nouvelle interrogation qui lui laissait une porte de sortie préférable.

- « Qui donc ? Oh… » il se stoppa de justesse pour retenir le prénom qui menaçait de traverser ses lèvres et il lui sourit davantage comme pour insinuer que la présence ne l’avait tellement pas encombré qu’il n’y avait vu là, pas le moindre mal « Disons que ma matinée fut...plus criarde qu’imaginée ; mais rien de spécialement déplaisant. Disons que ce fut...un échange de bons procédés. »

Il tourna néanmoins la tête au petit bruit que causa Chrysanthème et à l’écart subit de l’Erreur… Visiblement la première semblait lui avoir distillé un léger coup que le second tenait à dissimuler. Ce qu’il décida de ne pas noter ni même de réprimander par le regard. Quand bien même cet écart de Chrysanthème ne tenait à rien de particulièrement secret, il avait fallu à l’Erreur qu’il s’empresse de le dénoncer. Pourquoi, sinon pour continuer à s’attirer les bonnes grâces de sa Mère et jouer sur un éventuel agacement de sa part pour faire descendre de sa sœur de la supposée « estime » qu’il pensait qu’il avait d’elle. Une petite vermine hypocrite en plus de ça. Oh, il pouvait faire
tous les sourires doux et tristes qu’il souhaitait…
Pendant ce temps, Alexis discourait, en tentant de s’auto-convaincre de leur réussite de ce soir, tout en déposant un fin baiser sur le dos de sa main, si bien qui hocha la tête de haut et bas sous couvert d’un petit sourire incisif :

- « Oh mais je n’imaginais pas le contraire, très chère. Pas un instant. »

Ce qui pouvait être à la fois perçu comme un encouragement, un compliment et un rappel de l’ampleur de l’événement qui les attendait. En réalité, c’était les trois à la fois. En ce qui le concernait aucun doute sérieux ne pouvait manquer de lui clouer le souffle, il savait qu’il serait Parfait. La danse faisait partie de ses disciplines favorites, un talent inné, comme il aimait se le rappeler jadis, lorsque ses premiers cours en avaient révélé la fulgurance. Mais cela ne l’étonnait guère. Il était doué en tout. Tout.

Le déjeuner s’était achevé et l’après-midi s’était mué en préparatifs conséquents pour le Grand Soir. Une baignoire remplie de lait d’ânesse l’attendait à son retour, masquée par les huiles essentielles aux notes épicées que la violette adoucissait un peu. Il s’y glissa et laissa son esprit divaguer tandis que le soin s’infiltrait dans chaque pore de sa peau. Il s’appliqua même un masque sur le visage et dégusta un chocolat que les servantes prirent soin de lui apporter pendant ce moment. Son esprit s’interrogeait quant aux cadeaux à effectuer ce soir. Tout avait déjà été choisi et pourtant.. Il avait tout intérêt potentiellement à s’enquérir de leur nature. Ce qui plaisait à la Alexis du futur ne plairait peut-être pas à celle actuelle. Il se demanda aussi ce qu’il avait pu offrir à Geneviève et si cette dernière avait pris la peine de lui faire un cadeau.. Vu qu’elle déguerpissait sans son accord. Fallait-il la priver aussi d’un présent à son intention ou à l’inverse le lui mettre tellement sous son nez qu’elle finisse par se sentir désolée au point de ramper à ses pieds, en le suppliant de lui pardonner. Même si cette épouse là lui semblait bien plus proche de la Geneviève qu’il s’était évertué à mater des années durant qu’à la Georgia qu’il avait séduite durant la malédiction. Maudite femme ! Maudite soit-elle où qu’elle soit à cet instant… Il espérait qu’elle souffre bien. Que le blizzard l’emporte !
Le bain d’ânesse s’était terminé, s’ensuivit un massage long et agréable destiné à faire pénétrer les attraits et bienfaits du bain dans le corps entier et il s’y était adonné avec délice et abandon. Qu’on le célèbre donc. A cela, avait succédé un simple bain rempli de sels colorés violets où différentes senteurs embaumaient puis, ensuite avait-il glissé sur sa peau une farandole de crèmes odorantes et satinées. On avait séché ses cheveux tandis qu’il ajoutait même quelques reflets paillettes sur l’ensemble de son corps pour les modeler et les arranger en un brushing qui faisait en faisait miroiter la blancheur parfaite. Puis, on le parfuma une première fois, de son parfum favori, des pieds à la tête. Se succédèrent ensuite la composition de sa tenue. Pour une fois, il délaissait ses notes favorites pour faire honneur à son métal favori. L’or. L’ensemble était d’une composition dorée, jusqu’à faire pâlir le Soleil lui-même. La robe couleur Soleil que Peau d’Âne avait porté s’en serait affaissée à l’instant, songea-t-il en admirant le mélange d’étoffes choisies pour refléter chaque nuance, chaque reflet qui pouvait parer l’Astre étincelant dans le firmament.
Le vestin était d’un jaune pâle lumineux et tranchant, agrémenté d’arabesque d’un or plus vif, surmonté que boutons d’un bleu violine. La culotte était dans le même effet, légère et de soie, moulante et bouffante à la fois, et les colants choisis décrivait un soleil bien plus proche de l’aube que du midi brûlant. Le veston en revanche offrait un tout autre visage. Brillant, scintillant sous les incrustations des pierres qui donnaient à l’ensemble une féérie lumineuse sans équivalent, les fantaisie de broderie mimaient jusqu’à des miniatures de soleil fantasques et brillants, gauffrés et soyeux. La dentelle du jabot immaculée rappelait l’Aurore vive et le haut de la cape rappelait la dorure des fleurs qui ornaient chaque peinture, pour faire descendre légère et vaporeuse le tissu qui drapait l’ensemble de sa silhouette dans un voile ardent d’or profond. Superbe. Il se le répétait maintes et maintes fois, en chaussant ses chaussures d’or, en tournoyant devant son miroir devant les soupirs admiratifs des servantes. Oui. Elles pouvaient soupirer, envier et désirer celui qui troublait leur regard. Lui-même ne se lassait pas de ce spectacle de prestige qu’il se donnait à lui-même, à l’envie et à l’infini. Il aurait pu se contempler à loisir, là dans l’intimité de ses appartements, comme un Homme contemple le Soleil mais sans jamais s’y brûler. Presque même, ne comprenait-il pas pourquoi les autres, ne tombaient pas sur le sol, les mains plaquées sur leurs yeux dans un frémissement émerveillé pour mieux se cloître et se complaire à le vénérer. Tout le monde le vénérait, c’était évident. Comment autrui aurait-il pu ne pas vénérer une Telle Beauté ?
Il laça un ruban noir comme l’éclipse dans le creux de son cou et chargea ses cheveux d’une coiffe imposante faite de plumes d’or et d’or véritables incrustée de symboles solaires. Chaque ajout de vêtement avait donné lieu à un jet de parfum sur l’habit et il paracheva l’ensemble d’une énième vaporisation généreuse. Puis quitta les lieux, sous l’heure sonnante. Peut-être était-il même en retard à en croire la servante rousse.

- « Votre souverain n’est jamais en retard très chère, chaque instant arrive en son TEMPS.  A l’Avenir souvenez-vous en…. » grinça-t-il dans une voix pourtant rendue mélodieuse d’une trop grande contemplation de sa céleste perfection, aussi se prêta-t-il même à sourire dans un même trait de temps pour interroger : « Comment me trouvez-vous ? »

- « Votre Majesté a son apparence la plus absolue de suprême perfection, il semble qu’un seul de ses regards transcende et enflamme comme il lui est seul permis. Parce qu’il est le Grand des Grands. Le suzerain des suzerains.
- « Veryyyyy good.. Vous êtes très douée pour déclamer des évidences… » railla-t-il flatté « Composez-moi donc un poème..Ou une oraison… »

Il était ensuite sorti, le sourire accroché aux lèvres de ceux qui comptaient décrocher la lune… Enfin, il était déjà le Soleil alors pourquoi donc pas obtenir un second astre. Son humeur était bien plus semblable à cette dernier qu’au premier d’ailleurs, bien plus changeante, plus mouvante, plus indécise. Elle migrait au gré de ses envies. Il avait atteint la salle du trône et son esprit songea subitement que se devait être une des premières fois si ce n’était la première où il faisait son entrée seul. Pour Noël en tout cas, la première fois assurément et une pensée de fiel traversa ses veines une nouvelle fois, l’image de sa femme glissant devant sa vue, occultant momentanément le faste des lieux. Pour un instant seulement. Après tout, tout ceci était une simple simulation, le futur n’était pas écrit et s’il fallait il gommerait un par un ses plus détestables aspects. Et Georgia demeurerait là où se trouvait sa place. Et non à vagabonder comme une vulgaire paysanne en s’enlaidissant de la pauvreté du peuple… Ôtant de son visage la mine dégoûtée qui menaçait de consteller sa joie, il prit le temps de se mirer dans le miroir qui jouxtait la salle du Trône et sa mine splendide lui rendit le sourire. Non s’en s’adresser une mine flatteuse, il leva le menton exigeant qu’on l’introduise et les deux gardes postaient devant la porte se redressèrent comme un pic avant d’ouvrir les portes.
Comme dans un seul signal, l’orchestre s’arrêta de jouer l’air que Preminger percevait de derrière la porte et un page annonça avec force :

- « Sa Majesté le Roi »

Alors que les portes s’ouvraient dans un fracas solennel, la musique joua un AIR DIFFERENT rythmant son arrivée, solennel et royal, rythmant sa démarche aérienne et gracieuse tandis que tout visage, tout corps, toute mine, tout intérêt convergeait vers lui, comme une évidence. Il les voyait sans les voir, se gorgeait de leur attention sans pour autant leur en témoigner une en retour, comme un Soleil paraît sans distinguer la Terre trop basse pour sa propre gloire. C’était son moment. Un de plus dans cette féerie qui consistait en sa vie. Il souriait, sous l’or et la prestance, imaginant que chacun s’aveuglait de sa brillante superbe, tombant en pâmoison devant sa Beauté. Il regagna la vue occultée par sa propre gloire lorsqu’il arriva au centre de la pièce et joignant les mains, déclara avec une voix des plus seyantes :

- « Mon cher Peuple ! Bienheureux et bienheureuses en ces lieux de grâce, reconnaissants entre tous et assurément dévoués, Noël période glorieuse nous fait l’honneur de couvrir de sa présence un Temps plus illustre encore qu’est celui de MON Illustre, Superbe et Glorieux Règne. Les limites de mes frontières se sont encore agrandies et bientôt le Monde des Contes entier ploiera devant son Lumineux Destin. Viendra l’Heure mes chers et Mon Heure Glorieuse est proche. En attendant, levez vos verres et réjouissez-vous ! Que ces Fêtes de l’Année soient douces et promesses d’une Merveilleuse Légende ! Musique. »


Il l’avait ordonné de sa voix mi-chantante mi-agressive et forma une moue satisfaite lorsque l’orchestre s’anima sous son ordre, pour lancer une mélodie festive, tandis que les applaudissements résonnaient dans toute la pièce. Il ferma un instant les yeux, ravi puis dodelina de la tête, orgueilleusement, ses yeux avides parcourant la masse pour s’arrêter sur chacun la composant. Ses sujets. Son peuple. Sa Cour. Il s’attendait à ce que l’or ou les pierreries attirent son regard mais non. Comme un courant néfaste et instinctif, ce ne fut pas ce que ses yeux trouvèrent en premier mais l’Erreur tout de bleu vêtu … Comme appelés par une force instinctive. Par la ressemblance amère qui s’étalait à la vue de tous. Pourquoi ne lui avait-il pas défendu de paraître séant ? Pourquoi ? Pourquoi diantre en plus choisissait-il une tenue opposée à la sienne comme pour le défier et l’entraîner dans les ténèbres ? Il avait senti sa haine transpercer son corps violemment tandis qu’à l’inverse, une sourire fourbe recourbait les contours exquis de ses lèvres. Il lui avait sourit, aussi faussement que possible, puis dans un effort surhumain s’était-il extrait de ce contact oculaire pesant pour dévier son regard sur Enora, superbe dans une robe dont les tons rosés tiraient sur le doré, comme un hommage réussi à l’or rose serti de pierreries et de dentelles.
Non loin d’elle, se trouvait…Midas qui le salua sous des compliments divers et variés, savamment choisis et forts pertinents, tandis qu’un homme heurtait son chien, en grimaçant à son épouse qu’il valait mieux s’éloigner, la comtesse Bartolly étant dans les parages. Preminger suivit le regard de l’individu et fut subitement amusé de la découverte. Non loin d’eux, rougeoyante dans sa couleur, guettant le buffet un verre de vin rouge à la main, l’aura sanglante toujours flagrante, Dewenty observait les environs de son maintien altier. Ainsi, l’empoisonneuse faisait toujours partie de son cercle privilégié. Annoblie qui plus est d’un titre à sa convenance, à n’en pas douter. S’excusant envers Midas, il avait louvoyé vers elle, pour désigner les plats proposés  d’un geste vaste :

- « Le buffet, comtesse, est-il à votre convenaaaance ? »
- « Oui, mais j’ai connu mieux comme repas, Votre Majesté, ça manque un peu de chair… Et vous, votre buffet vous conviens ?

Malgré lui, un frisson l’avait parcouru à l’idée des repas qu’elle préférait… C’était...répugnant. Même encore à présent, il ne parvenait à y songer sans que l’écoeurement ne le prenne. Que voulait-il ? Elle n’était pas humaine, c’était un animal, à l’instar de Midas, aux pulsions plus..mortelles…
Passant au-delà de son dégoût, il souligna dans un sourire hautain :

- « Dewenty, ma chère, vous ne devriez pas dire à un Roi que son banquet de Noël laisse à désirer, cela serait faire la fine bouche, surtout connaissant le goût excellent qu’est- le mien.. Mais sachant vos….accointances alimentaires, je ne peux que comprendre vos réticences. »

Formulé ainsi par la grâce de ces paroles, l’ensemble passait mieux, songea-t-il avec délice, il avait l’art de rendre tout comestible et délicat, raffiné même. Même des années passées. Ponctuant sa phrase d’un petit rire, il ajouta :

- « Certaines personnes ici sont inutiles, vous pouvez très bien vous offrir ce petit luxe en dessert, sous mon aval, bien entendu. Je ne tolérerai aucun incident diplomatique en cette veillée de Noël ! »

Elle lui avait répondu, un sourire poli sur ses lèvres rouges, en inclinant le front :

- « Avec tout mon respect Erwin, je me dois de vous dire ce que je pense. Mentir serait contraire à mon éthique. Vous savez ma condition et elle n’a pas changé depuis toutes ces années » son sourire s’était élargi sanglant « Bien évidement, vous savez que je ne fais aucun incident diplomatique. J’agis dans l’ombre sans le moindre bruit, telle est la voie. Et mon fils vous remercie pour le charmant cadeau que vous lui avez offert ».

Il s’était hâté d’opiner vigoureusement, comme s’il connaissait parfaitement son utilité actuelle, ne faisant que la deviner. Sûrement agissait-elle encore, comme une sorte de Maître des Espionnes, la garde de l’Ombre de son armée, redoutable et cruelle à n’en pas douter. Une place qui lui allait comme un gant…

- « Je le sais, ma chère Dewenty. Vous êtes subtile et vous possédez l’esprit prompt et aiguisé du plus fin des poignards… Je suis ravi que votre fils apprécie son cadeau… Il se plait à la vie de châtelain, je présume ? »

Il s’était dépêché d’enchaîner, ignorant complètement le cadeau offert par LUI et trop le souligner devant une espionne n’aurait pas manqué d’attirer ses soupçons, il ne souhaitait pas qu’elle puisse penser qu’autrui ait pris l’apparence du Roi, alors préféra-t-il l’entrainer vers des sujets plus vagues… Cela fonctionna comme prévu et elle répondit alors en hochant la tête:
- " Naturellement, très cher, j'ai toujours la bonne mesure de mes propos et j'en suis toujours aussi fière" buvant une gorgée de son vin" bien sur qu'il s'y plait, à 10 ans on ne peut qu'apprécier, il a toujours ce qu'il désire comme je lui ai appris, il sait se faire comprendre, je pense qu'il est sur la bonne voie. Il mène son petit monde à la baguette"
- « C’est pourquoi vous êtes reconnue par le meilleur entre les meilleurs » il glissa son regard sur son verre, tâchant d’empêcher la critique qui menaçait de pondre, puis y céda dans un sourire « Il a plus de vous que de son père, c’est un excellent point. Cela lui assure une certaine lucidité d’avenir! »

Ce qui était à la fois une critique et une évidence. Un rouquin roublard et sot jamais ne menait son monde à la baguette. Il tourna les yeux vers la salle, curieux, où était-il d’ailleurs ce misérable malotru… ? Nulle part, si ce n’est peut-être à parcourir les allées putrides du Tiers Etat en compagnie de Georgia… Dewenty en parallèle le regardait pensivement

- « A n’en point douter heureusement, mais il a tout de même quelques traits de son père. " Elle avala une gorgée de vin complémentaire puis ajouta " et vous a part ça comment vous portez vous ? un nouveau royaume conquis, félicitation !"

Il avait ricané froidement

- « certes, mais c’est logique il ne peut pas avoir que des qualités ma chère, il n’est pas moi Quant à mon royaume, MA vie...  à merveille, je présume ? Tout ira bien mieux lorsque nous aurons conquis le dernier nous pourrons enfin passer à la Terre... il me tarde...cette moitié de domination est frustrante, je déteste l’inachevé » »

Ce qui était vrai, il ne parvenait qu’à voir l’imperfection, au-delà de sa propre perfection, l’incomplétude de son royaume… Dewenty s’était jointe à son ricanement

- « A n’en point douter » répéta-t-elle en hochant la tête « tout se déroule comme nous l'avons prévu .. ce n'est qu'une question de temps .. ne vous en faite pas tout sera parfait, rien ne se mettra en travers de notre route comme toujours, ils seront écraser"

Il ne s’en faisait pas… Il trouvait juste que dix années pour prendre le contrôle du monde étaient encore dix ans gaspillés… Il faudrait trouver un moyen d’accélérer tout cela…

- « j’y compte bien... en remerciement je vous donnerai peut-être cet enfant » Il avait désigné l’Erreur avec une malveillance joyeuse, tout satisfait de l’imaginer exterminé…. Jusqu’à ce qu’un doute lui traverse l’esprit, effroyable si bien qu’il s’empressa de rectifier : « quoique non. je ne voudrais que cela vous donne envie de me dévorer, je sais déjà o combien je suis appétissant »
Il devait être le choix idéal après tout. La Perfection devait avoir un goût...de perfection et il ne désirait guère craindre un prédateur utile… Quelle idée effroyable, il préférait de loin la manticore lorsqu’aucune faim ne lui titillait l’estomac… Et il avait accentué son sourire, tandis qu’elle riait un peu.
- "c'est trop honneur mais ne vous en faites pas je me contenterais de vous regarder. Je sais contrôler mes envie ne vous en faites pas et je ne suis pas sur que Leo serait d'accord ... surtout en ce moment "
Il s’était esclaffé dans un sourire soulagé. Tant mieux… Avant que son sourire ne tourne au sournois :
- « pourquoi donc? Un soucis avec ce dernier? »
Déjà qu’entendre son prénom le renvoyait à la mémoire de la Reine et son absence… Pour toute réponse, Dewenty s’était mise à rire encore :

- " oh vous savez en ce moment avec Leo j'apprécie de le mettre en colère c'est une routine, et donc en ce moment nous sommes en froid. Patience est avec lui "

Il avait opiné, puis avait pris congés, ignorant la référence à Patience. S’agissait-il d’un second enfant ou une simple allusion au calvaire que devait-être la vie de ce rouquin pantois ? Il ne pouvait se permettre de faire un impair alors, il s’éloigna dans un sourire, non sans avoir souhaité une excellente soirée à la la jeune femme. Le protocole lui permettait d’aller et venir au besoin et de toute manière, il ETAIT le protocole et la LOI à présent. Si bien qu’il laissa ses pas rejoindre sa Favorite, sans aucune gêne, pour mieux l’embrasser pleinement devant la Foule, se moquant de leurs regards scrutateurs et attentifs à ce qui se jouaient. Ils examinaient les événements, l’absence de la Reine et son sourire comme aux aguets d’une nouvelle, d’une surprise qui se tramait peut-être derrière leurs silhouettes. Agissant ainsi, il démontrait que rien ne le perturbait outre mesure, ce qui était foncièrement vrai. Qui pouvait se vanter de perturber le grand Preminger ? Personne. Tout ce qu’il démontrait, célébrait même était son triomphe et sa légende grandissante et l’Ombre qu’il faisait planer sur le monde. Sa puissance était sans nulle limite.
Il recula d’un pas, puis tendit une main impérieuse vers Alexis, qui ne laissait aucune place au repli ni au refus. C’était ce que c’était : une invitation et un ordre docile. Ses yeux tombant dans ceux de la jeune femme lui rappelèrent son conseil matinal et la feinte assurance qu’elle avait manifesté ensuite. Oh évidement, elle avait travaillé, répété et cela le mettait en joie, rappelant à son esprit à quel point elle avait eu à coeur de le satisfaire, de se hisser à son niveau d’exigences tout le jour durant et aurait suffi, dans d’autres circonstances, pour lui assurer une conséquente satiété.
Dans la vie de Storybrooke. Mais pas là, pas à présent qu’il était ROI et commandait au Ciel et à la Terre. Pas à présent que la Haute Société qu’il avait bâti autour de lui se mouvait à ses grâces et désirs. Oh, leurs jugements importaient peu, mais le SIEN pardevant les yeux des autres ne possédait aucun égal.
La Marquise glissa sa main dans la sienne sans quitter son regard et il l’encouragea à demeurer dans son aura, sous la force et l’impulsion de son regard. Si elle occultait les autres, le protocole, pour ne voir que lui, peut-être alors pourrait-il saisir ses fautes et les corriger par sa propre grâce. Seulement si elle s’abandonnait uniquement à sa volonté. Ordinairement, ce n’était guère difficile, chacun et chacune le faisait instinctivement. Il suffisait qu’il paraisse et leur volonté se trouvait annihiler devant la sienne impérieuse et exigeante. Mais devant un public complet ? Il suffisait qu’elle se retrouva projeté un peu plus loin, dans un souvenir un peu plus proche que toute cette vie inconnue qui s’étalait sous ses yeux. Paris…
Il la guida d’un pas leste sur le devant de la scène puis revint à elle à nouveau, posant sa seconde main sur sa taille fine.

- « Je ne vous lâcherai pas…. » chuchota-t-il doucement dans un souffle, puis alors lançant son premier pas.

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________________________________________ 2020-12-15, 00:19 « If the crown should fit, then how can I refuse? »




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- « Je ne vous lâcherai pas…. » chuchota-t-il doucement dans un souffle, puis alors lançant son premier pas.
La musique s’emballa, comme à l’attente de son premier mouvement. Nichant sa main au creux de ses reins, dans une première impulsion, avait-il initié le premier porté de la danse, ployant son corps pour accueillir mieux le sien, l’espace de trois pas de côté, la main droite et le maintien parfait. Les pieds de la jeune femme touchèrent à nouveau le sol et il s’était avancé doucement, tournant, virevoltant, tandis que la musique l’habitait totalement. TEMPETE DE NEIGE avait-elle demandé. Et Tempête de Neige, elle avait. Commencer en douceur ne l’effrayait guère. La musique tendre et fine fuselait l’air de ses notes glacées et leurs pas lui rendait hommage, prestes et légers. Assurés mais flottants. Gracile, Alexis tournoyait doucement et il admettait qu’elle possédait une assurance telle lorsqu’elle dansait qu’elle ne le faisait point rougir de danser avec elle. Loin de l’amour fusionnel que Geneviève portait à la danse mais… il devait considérer que toutes les femmes qui composaient sa vie accordaient à cet art une place admirable et se révélaient être douées pour l’exercice. Il fendit l’air, avançant, glissant sur le parquet, la faisant tournoyer encore au gré des accords cristallins qui s’élevaient sous leurs mouvements.

- « Vous faites une parfaite fée des glaces, ce soir, ma chère... » glissa-t-il tandis qu’un accord lui permettait la proximité, les mots tombant sur son cou comme une pluie de perle alors qu’il lâchait sa main droite pour souligner le mouvement, revenant ensuite saisir sa main comme un bien précieux et fragile. « Gracieuse et mystérieuse… »

Il se mis à rire délicatement, tournant encore. Le parquet glissait sous leurs pieds et la valse s’exécutait à merveille. Une prestation évidente et tranquille, d’un corps à corps parfaitement exécuté, et d’un ballet agréable. Alexis se détendait et il se félicitait d’avoir sollicité de placer son choix en première partie pour faciliter son assurance pour ce qui suivrait alors. Ainsi, connaissait-elle les pas, l’art de la valse et elle aborderait avec plus de facilité ce qui adviendrait pour la suite. Et une bonne impression s’installerait néanmoins pour le public face à sa prestation.

- « Néanmoins…. » ajouta-t-il doucement, en penchant la tête pour se rapprocher de la sienne, lentement, un sourire narquois sur les lèvres « évitons de déclencher une tempête ou même un quelconque éclair...Cela serait dommage. »

Il supposait que ses pouvoirs étaient encore là, pourquoi ne le seraient-ils plus ? Il restait persuadé qu’ils sauraient lui être utiles à l’avenir, il serait dommage qu’elle en soit dépourvue. Mais comment le vérifier ? Il n’allait certes pas lui demander d’atomiser quelqu’un pour le plaisir. Sans compter qu’elle refuserait sans doute cela ferait tâche avec la grande réception et gâterait sûrement l’ambiance si somptueuse… Trop de cris stridents et d’effrois soudain. Dans d’autres circonstances peut-être mais là, non. Il n’y avait qu’un instant songé lors de leur moment dans les bains royaux, craignant subitement de s’électrocuter dans un abandon non maîtrisé mais grâce au Ciel, cette frayeur lui avait été épargnée et rien n’avait pu troubler ce moment. Alors…
La fin de la valse s’annonçait doucement, tandis que leurs pas s’emballaient encore avec grâce, sous le lac gelé que symbolisait leur danse. Ils ne tournoyaient plus, ils patinaient seulement dans un tourbillon de neige et la lueur froide de la lune semblait les éclairer de sa lumière irréelle et incolore qui filtraient parles fenêtres de la salle du trône, nichés sous son aura froide et austère, comme deux statues de marbre blanches et immortelles. Cela n’était qu’un mirage évidement. L’amoncellement de lumières, de chandeliers, de lustres rutilants de flammes chaudes formaient un barrage évident à toute lueur céleste autre et extérieure à la salle.
Déjà les musiciens tiraient leur dernière note lancinante, rompant la magie astrale du moment et elle s’inclina devant lui, pour reprendre son souffle, l’espace d’une brève seconde de répit avant ce qui adviendrait ensuite. D’un tout autre genre. D’une toute autre époque. D’un niveau différent.

- « Restez dans mes pas… Restez dans ma Lumière » murmura-t-il coquettement en se fendant d’un sourire, dans lequel ses yeux crépitaient d’un feu intense, tandis que les violons vrillaient la première note.

BAROQUE+. Sa favorite. La musique de son époque, de son royaume tournait entièrement à ses désirs et rythmait ses pas. Et comme elle chantait à son hymne, alors, il s’emballait à son tour, entraînant sa partenaire dans sa danse. Alexis était une bonne danseuse, une passionnée, mais cette danse nécessitait plus qu’une connaissance et une maîtrise, elle demandait un pallier supplémentaire et si elle ne le possédait pas, l’expression des mouvements et la folie exubérante de l’excentricité alors il était de son devoir de parvenir à la guider jusque à la hauteur nécessaire à l’excellence de ses pas.
Son bras avait enveloppé la totalité de sa taille, sous les murmures enthousiastes de la foule, et son regard impérieux plongeait dans le sien, liquide et incandescent :

- « Rappelez-vous, Trésor… Aucun astre ne brille plus fort que le Soleil ».

Si la taille ployait contre sa main, permettant à cette dernière d’en deviner les contours connus et maintes fois à présent parcouru, il sentait néanmoins la tension se dégager de son dos, un peu plus tendu, à raison. Il est vrai qu’il avait quelque peu bouleversé le programme et cette danse ne faisait pas exception. Il lui avait fait une faveur en lui accordant la douceur d’une danse connue en premier lieu… Alors pourquoi se serait-il refusé le baroque des danses vénitiennes ?
Souriant néanmoins, il lui souffla délicatement, alors que son corps dansait contre le sien, impulsant les mouvements dans une frénésie plus vive :

- « Continuez de danser. Avez vous un autre choix? »

D’un geste souple, il la relâcha, pour s’en écarter, un temps. Esquissant quelques pas, plus loin, comme le sollicitait la musique, ses talons claquant contre le marbre lustré. A vrai dire, il s’en trouvait happé, pris dans cette farandole de violons et de luxe. Comme son triomphe lui revenait en tête, sa gloire, sa royauté, son rang. Il ne dansait pas, il régnait à travers la musique, à travers ses entrechats virtuoses, plissant le genou pour se reporter plus loin et enserrer à nouveau la taille d’Alexis dans un tour frénétique. Il sentait son souffle, la vibration de ses yeux bleus et l’émerveillement qui s’échappait de tout son être, l’impression de tout un chacun ici, présent ce soir. Il sentait son admiration fondre dans le cristal de ses yeux, le rouge maculer ses joues tendres et s’y sentait lui-même y plonger. Dans l’adoration intense qu’il provoquait, dans les reflets d’or qui se reflétaient dans les prunelles assombries de sa marquise. Il recula une nouvelle fois, tournoyant seul, l’espace de quelques cabrioles parfaites et légères, quelques sauts et arabesques ponctuées de cris d’admiration de la foule pour mieux se coller une nouvelle fois à son corps et l’emporter dans un tournoiement doré. Il ignorait si elle exécutait bien, à vrai dire, il ne lui en laissait pas le choix, il dansait pour deux, pour le Monde Même et l’entraînait dans le moindre de ses mouvements, la plaquant davantage contre lui au fur et à mesure que les violons s’amplifiaient, entêtant son esprit d’une victoire vibrante et lumineuse. Il n’en n’avait guère plus pris conscience qu’à ce moment précis, celui où la foule l’observait dans un silence religieux que seule la musique habitait, transcendant ses pas par une vive clairvoyance. Le moindre de ses mouvements maîtrisés et gracieux semblaient devenir un prolongement de son contrôle sans fin et il semblait qu’il voyait à travers le visage rougi par l’effort et la fièvre tout ce qu’il possédait sur Terre et plus encore. Elle chancelait mais tenait par la force vive de sa volonté à lui de l’entraîner encore sur un air plus vif. L’orchestre avait enchaîné directement sur CASSE NOISETTE, sans le moindre répit et un éclat diabolique fit étinceler le regard de Preminger tandis que brièvement sa main remontait le long de la colonne vertébrale d’Alexis jusqu’au bord de sa nuque, à la naissance de ses cheveux ;

- « Tous vous envient ce soir, Trésor, mais pourtant n’est-ce pas simple ? Vous ne les voyez pas… Vous ne voyez qu’une chose... La plus belle qui soit. » susurra-t-il tandis que le dos de sa main lentement passait effleurer le creux de ses joues rosies pour ensuite descendre dans le creux de son cou, lui arrachant un frisson.

Sans lui laisser le moindre répit, il impulsa un tour puis un second avant de la ramener à lui, contre son torse. Il devait l’admettre sa robe arborée ce soir était d’une finesse remarquable. Fuselée à la taille, scintillantes les pierres qui la faisaient étinceler sembler brûler d’une lueur différente sous l’ombre de l’or ténébreux de son costume. Le creux de ses reins se voyait souligner et plus encore le plonge du décolleté invitait plus qu’il ne montrait, découvrant ce qu’il fallait pour dissimuler avec adresse, amorale sans la moindre vulgarité

- « Savez-vous que vous êtes scandaleuse à bien des égards, ma chère ? » gloussa-t-il insidieusement pour laisser ses lèvres frôler sa peau là où l’instant précédent encore sa main se trouvait.

Il les laissa s’imprégner de sa saveur, de son parfum et des sens en éveil qui rythmaient la jeune femme sous la moindre de ses caresses, alors qu’il tournoyait encore, glissant d’un pas sous le parquet avant de soulever la jeune femme, les mains plaquées sur son ventre. L’effort ne demandait qu’un bref instant, juste pour le porter et l’effet qu’il provoquait sur autrui et le peuple spectateur. A peine reposée, il la quitta pour esquisser quelques entrechats qui arrachèrent encore quelques applaudissements exquis, puis il revint derrière elle, rapace parmis les rapaces glissant ses bras sur les siens, la tête contre son cou, la soutenant cependant pour pallier à un étourdissement trop fort de son désir.

- « Soyez...au...diapason. » souffla-t-il dans son oreille, tandis qu’il ployait sa taille pour l’inciter à s’abandonner dans ses bras, s’incliner encore, encore jusqu’à ce que seul son bras la maintienne d’une chute certaine, avant d’un geste de lancer son redressement, brutal mais intense, flamboyant jusque dans le rendu. Et il lui fit de nouveau face. Sa main retrouvant place dans la sienne, sa main dévalant son dos pour se nicher sur ses omoplates, l’emportant dans un ballet, un tourbillon de sauts et d’arabesques d’or, les yeux dans les siens, tels un brasier ardent consumant et précieux. Flamboyant et mortel, incandescent, brûlant ses défenses, tentateur et superbe, le Rêve inatteignable et pourtant si près. Si désirable. Elle s’était lovée sous son joug, le souffle court, le corps ployé et instinctif, dans un chavirement si superbe qu’il sourit férocement, tandis que la note finale lancinait l’air.
Il l’attira à lui, essoufflée, les yeux engloutis dans ceux noyés de sa favorite et leurs pas les reculèrent de la piste où s’étaient pressés divers couples avides d’attirer les regards. Il les regarda un bref instant, sauter sur ce bref moment où plus que le chercher pour le quérir d’adorations et de compliments, chacun cherchait son infime part de gloire… Alexis était demeurée dans ses bras, agrippée à ses avants-bras comme pour empêcher que le souffle de son pouvoir de ne l’emporte et il sentait encore son soupir soulever son cœur, secouant le tissu là où la robe se découvrait. Alors sa voix exigea sourdement une suite que son esprit décidait à moitié, mué par un ordre subit :

- « Venez avec moi... »

Sans qu’elle ne puisse proférer autre chose encore, nul refus ou nul consentement, la main refermée sur son poignée, il l’entraîna parmi la foule qui ne prêtait qu’une attention légère à eux, jusqu’à une sortie fort heureusement vide de toute âme et aboya un ordre à ses gardes quant à la sécurité des lieux. L’endroit était désert à l’exception des portraits qui composaient la salle tous le représentant dans une posture diverse. Parfois guerrière et conquérante. D’autres plus superbe et majestueuse, sur certaines fière et sournoise, d’autres franchement cruelle et malsaine. Dans tous les cas parfaite. Et se contempler ainsi, démultiplié à loisir gonflait encore son égo d’une vanité puissante et impérieuse qui parachevait son état. Il avait lâché la main d’Alexis à l’instant où il s’était aperçu, énorme et grand, partout et au dessus de tout, mais elle était demeurée non loin de lui, peut-être intimidée par la puissance implacable qui se dégageait de ces chef d’œuvre mirifiques…

- « Vous souvenez-vous lorsque vous avez invoqué Dorian Gray à notre rencontre? » s’exclama-t-il dans un frémissement joyeux alors qu’il se rapprochait d’elle, les yeux plus brûlants qu’alors, tout grisés de ces visions parfaites et flatteuses, de tant de splendeurs. « Regardez-les »

Ses mains directement s’enroulèrent à nouveau le long de ses hanches, impulsant un mouvement qui se voulait lent et brutal pourtant, incisif et autoritaire jusqu'à coller leurs corps. Sous l’impulsion d’une musique bien différente. Son front se posa contra le le sien, mêlant presque leurs bouches et pourtant il ne l’embrassa pas, préférant de loin, savourer son impatience lancinante conjuguée à son appétit ardent, le trouble sous ses cils, la rosée veloutée de sa chair. Il darda le bout de sa langue sur ses lèvres assoiffées, sans rompre du regard exalté le lien puissant et l’envie qui s’y lisait. Il pressa sa joue, ses lèvres sur sa pommette brûlante, sans pour autant l’embrasser, juste pour sentir sous sa bouche la chaleur cuisante qu’il créait en autrui, qu’il créait en elle comme nul autre ne l’enflammait jamais. Son pouvoir flambait absolu, semblait s’ériger de chaque trait de peinture, de chaque reflet de ses prunelles obsédantes tandis que ses pas erraient au gré de ce sentiment d’envie jusqu’à ce qu’un choc ne projette plus encore le corps souple et tendre d’Alexis contre le sien, tandis qu’une clameur légère de surprise s’arrachait de ses lèvres. Son dos avait heurté le mur, frontalement, aussi sèchement que l’évidence qui les clouait là et il fit glisser sa main droite entre la froideur du mur et les contours soyeux de la robe comme pour en atténuer la douleur, un spasme mesquin secouant la commissure de son sourire De la douleur, du désir et du plaisir, il était seul Maître. A présent forcés dans l’intimité, sans repli ni dérobade, leurs corps glissaient l’un contre l’autre, dans une étreinte vive et lancinante, alors leurs souffles chauds effleuraient leurs visages, ravivant la chaleur qui filtraient dans chaque pores.

- « En réalité, je pense que je fais mieux... » articula-t-il sur sa bouche même, « N’êtes-vous pas de cet avis ? »

Sans crier gare, il avala toute réponse dans l’enveloppe de son baiser dévorant et cupide, se rassasiant de son abdication que leur danse avait initié. Tout était à lui, du renflement délicieux de sa lèvre inférieur au contour de sa bouche jusqu’à la fougue passionnée de ses assauts répondant aux siens avec une hargne savoureuse. Il fondait sur sa bouche comme une force vive arrachant avec ardeur la passion fulgurante qu’elle lui offrait, chantant sa gloire avec une éternité parfaite. Un triomphe encore, un triomphe éternel. Enivré d’un délire flamboyant, son corps entier enflammait sa raison dans cette recherche charnelle soudaine et renversante. Une passion si triviale pourtant, si éloignée de toutes les minauderies effarouchées, de cette sainteté mystique qu’il distillait autour de lui. Et pourtant l’un n’allait pas sans l’autre. . Chaque trait subtil des portraits révélaient ses vices, l’ambition absolue de ses yeux flamboyantes et la moue avide de ses lèvres. Sa vanité puisait ses sources dans une perfection si viciée de dépravations diverses qu’il n’y avait que lui encore pour s’émouvoir de l’intensité de la variété de ses appétits licencieux. Et y plonger pourtant toujours avec une évidence sourde. Comment refuser ? Elle n’était pas la cause de sa chute mordante dans la lasciveté mais son reflet, le reflet de cette vénération sans faille qu’il offrait à lui-même et le miroir superbe de l’avilissement qu’il causait à autrui. Et la dose de plaisir aussi, comme un maléfice somptueux et cruel, invincible. Elle, son pallier de gloire, adjointe à ses prouesses comme une grâce providentielle. Clef de succès, pièce maîtresse emboîtant parfaitement les contours de son plan et plus encore…

- « Quelle immorale conduite que voici, nous ne devrions pas » ricana-t-il les dents glissant sur ses lèvres, pour les mordre doucement, lui arrachant l’ombre d’un frémissement, démentant par geste et parole toute l’attitude qu’il feignait de réprouver tandis que prestement, ses mains dans un seul mouvement capturait ses poignets frêles pour en empêcher la moindre approche, la moindre caresse.

Il se soustrayait à l’effleurement, à la volupté au profit de l’intransigeance dure d’une possessivité crue, la clouant l’espace d’un instant les bras en croix sur l’encadrement du mur, le corps ondulant sur le sien, marquant leurs aspérités, le froissement des tissus redoublant encore. Impuissante, maintenue, à sa merci. Leurs soupirs se mêlaient, s’intensifiaient, ensemble, tandis qu’un bourdonnement mêlait dans sa tête, masquant les cris enthousiasmes de la fête, non loin de là. La foule piaillait alors que ses lèvres ricanaient sous sa conquête.
Puis, dans un seul mouvement, ramenant ses mains au dessus de sa tête, il se prit à rire franchement, contemplant d’une mine narquoise et altière, le visage transi de sa maîtresse, la profondeur de ses iris et la tension sourde qui causait le soulèvement rapide de sa poitrine voluptueuse. Sa main droite superposa les deux mains de la jeune femme au dessus de sa tête, tandis que promptement sa main gauche menottait l’ensemble en un seul étau inébranlable, d’une poigne semblable au fer impassible que sa volonté froide et cruelle. Elle gigota un peu et il s’autorisa un rire frêle et léger tandis que sa bouche glissait le long de son visage, sculptant l’arc de sa mâchoire :

- « Oh mio piccolo tesoro…. Ceci, juste pour m’assurer que vous ne froisserez pas mon costume par de trop…. » le bout de ses lèvres dévoraient son cou, par de petites morsures brûlantes tandis qu’il exhalait « ….fougueuses assiduités… Mais... La docilité amène parfois de délicieux vertiges, vous ne l’ignorez pas... »

Chemin faisant, alors que sa bouche vorace s’emparait d’elle, savourant la finesse de sa peau sous ses respirations intensifiées, sa main droite plongeait sous les soieries de dentelle, remontant légèrement la tulle et la soie brillante, libérant l’espace suffisant pour immiscer sa main étrangère sous les couches vaporeuses de vêtements. Il la sentit se tendre, redouter, tandis que son corps lui, instinct, impulsait un mouvement en avant, plaquant chaque parcelle davantage à sa merci, alors que sa paume glissait sur sa peau soyeuse jusqu’à sa cuisse. Sa tête brune se plaqua compulsivement contre le mur entier, comme pour s’y fondre, y disparaître fermant les yeux douloureusement :

- « Oh non, non, non très chère… Regardez-moi.. »

Il ne pouvait esquisser un geste sans la libérer, sans cesser alors ses effleurements intrusifs sous jupons et soierie, Alors, il commanda seulement, d’une voix où ne filtrait nulle autorité mais une seule et sournoise certitude mielleuse. L’envie de le voir, l’envie de le vivre pleinement la fit offrir ses yeux fiévreux à son introspection dorée. Sans se rendre pourtant, non. Loin de là. Elle tentait une nouvelle fois de se libérer, en vain, gaspillant ses efforts dans une série de mouvements vains et disparates, sans réelle cohérence. Un paradoxe, une fausse envie de se soustraire à ses désirs pour mieux y plonger, y plonger encore, plus profondément, alors que la constatation de sa défaite se fondait dans un murmure de dépit tendre. Pour toute réponse, lui décerna-t-il un sourire ironique, s’humectant les lèvres goguenard sous son regard de brasier glacier. Elle ne voulait pas qu’il s’arrête, comment aurait-elle pu ? Il possédait tout. Alors ses longs doigts caressaient sa jambe dans une ascension brûlante dans un toucher à la fois doux et urgent. Sa peau plus fine qu’ailleurs semblait se faire soie sous sa paume et il semblait qu’elle irradiait d’un feu plus brûlant au fur et à mesure que sa paume chaude escaladait sa chair pour se refermer tout à fait encore jusqu’au contour de sa cuisse. Elle frémit alors, inéluctablement Tandis que ses doigts se crispaient la frôlant encore, l’effleurant, jouant doucement, il leva la tête, un rictus féroce plaqué sur son visage fiévreux. Sous son œil ardent, les lèvres rouges émirent un son plaintif qu’il camoufla, alors, vite, en une seule impulsion sous sa bouche dévorante, plaquant davantage son propre corps sur le sien. Son pouce traçait des cercles sur sa peau soustraite aux yeux d’autrui et il goûtait davantage, au gré de ses soupirs, en sa fatale séduction. Il la voulait. Il la voulait comme il possédait tout, le Trône, la Terre, le Monde et la Beauté : INCONDITIONNELLEMENT. Il avalait chaque mot, chaque repli de ses cuisses enfermant sa main, chaque frémissement sourd comme un hommage à sa perfection divine, comme un hymne à sa vanité. Là était le secret de sa longévité auprès de lui sans que l’ennui ne le guette, une abdication si lascive à ses penchants les plus fantasques et passionnés, si bien qu’il montait aussi, dans les tourbillons d’une convoitise autoritaire, lorsque que son propre souffle se faisait court, ses propres sens l’emportant lui-même sur des sentiers arides et brûlants.

- « Vous me rendez…ô combien libertin ma chère...Aussi, je vous veux mon impure marquise... Et » il s’arrêta essoufflé, les mots mouraient dans sa gorge rauque, et il se jeta sur elle langoureusement encore, desserrant un instant bref sa prise exquise, le corps en feu tandis que ses lèvres baisaient, mangeaient consumaient celles rouges et voluptueuses d’Alexis dans un rythme effréné, il bougea sa cuisse, libérant sa main de ses étreintes fugaces, faisant fi de sa protestation, desserrant son propre vêtement dans un soupir d’aise.

- « Et je vous aurais…» minauda-t-il, tandis que la chaleur le brûlait entièrement, s’extirpait de son corps pour rejoindre l’autre.

Il ne désirait pas attendre, il n’attendrait pas. Il l’aurait là. A lui. Uniquement à lui. Exclusivement à lui, comme toute autre. L’encourageant à prendre appui contre ses propres jambes, sa main droite glissa dans son dos, impulsant cette levée et ses paupières se fermèrent à sentir sa chair enserrer la sienne, soudainement, les clouant ensemble, dans une fulgurance vive et un enivrement douloureux et délicieux. Savoureux même ; il se pressa encore, plus profondément, suavement. Entièrement. Du fond de son âme jusqu’à sa peau, sa chair, l’ombre de ses lèvres, son parfum déteignait sur elle comme chaque extrême étreinte, qu’elle ne pouvait que sentir, ressentir, alors qu’il effleurait de ses lèvres, de sa main mouvante, de chaque parcelle de son plaisir tout ce qui la composait, l’emportant dans une brûlante félicité. Pour le protocole, pour le Bal, il ne pouvait la dénuder, presser son désir mais il possédait malgré tout, tout ce qui était possible de posséder. « Vous êtes à moi »… La phrase venait lancinante tandis que sa main gauche serrait ses siennes dans une étreinte douloureuse, griffant le mur dans une poigne compulsive. Les lieux d’ailleurs n’étaient que flous. Seuls demeuraient une pléthore de lui, une immensité de lui en tout Temps parfait, scrutant et vibrants de sa perfection ô combien tentatrice. Tout ce qu’il avait désiré, voulu, exigé se trouvait à porté de main, déjà acquis, et il distillait la force de ses triomphes dans une ivresse renversante. Elle. Elle n’y résistait pas. Elle s’y cramponnait à l’inverse, l'enserrait de toutes ses forces et il espérait qu’elle ne cède pas, il ne tiendrait pas, il glisserait avec elle sur le parquet pour achever le tout sous l’emprise glaciale du marbre.
Peu importe où. Peu importait le lieu. Mais maintenant.
La ravir entièrement posséder ses sens, sous ses suppliques implorantes et fougueuses, sentir la pression de ses cuisses, de ses jambes mêlées autour de son corps, la force de son désir qui se mouvait à chacune caresse, à chaque baiser long et puissant, goûteux et vorace, à chaque soupir exhalé contre sa poitrine palpitante et le bout de sa langue inspectant chaque recoin des reflets dorés de sa peau, mordant, pressant sa chair contre lui, en lui, autour de lui. Lascive, offerte et languissante, sa bouche jouant sur sa peau comme sa seule arme, ô combien redoutable, clouée à lui dans une danse agressive et véhémente, enflammée par leurs ardeurs. Il existait là et il existait partout, comme si un autre, vivait sa vie intensément ailleurs et là, fondant en elle comme inexorable. « Vous êtes à moi Vous... Et TOUT», tandis qu’il la nimbait sous les contours brûlants de sa cape d’or.


Il s’était miré dans l’ombre funeste et grandiose de ses portraits avec une satisfaction pantelante, rectifiant doucement une boucle frivole dans sa chevelure parfaite, replaça sa coiffe comme s’il n’avait que se presser, puis tourna vers la marquise un sourire conciliant.

- « Allons venez, il n’est pas bon pour un Roi de faire attendre ses invités, toute aussi délectable que soit la distraction… » persifla-t-il goguenard alors qu’elle feignait de donner une contenance à l’ensemble vainement. Saisissant son poignet dans un mouvement vain, il replaça deux mèches derrière son oreille, aplatissant un peu, enchevêtré de ses boucles brunes, tout en secouant la tête vivement : « Trésor, vous êtes d’un négligé ravissant… Quoiqu’un peu ostentatoire. Pensez aux bonnes mœurs, voulez-vous ? »

Il ponctua sa phrase d’un rire cristallin et hautain, il baisa ses lèvres et ajouta :
- « Vous semblez de celles ayant vogué trop prêt du soleil… »

Satisfait de son effet, il lui tendit le bras et ils poursuivirent leurs chemins jusqu’à la salle du Trône, où la fête commençait à battre son plein. Une multitude de danseurs investissaient le parquet et il refusa d’un geste vif la proposition de faire annoncer son retour. A quoi bon ? De toute manière, il ne pouvait pas être passé inaperçu. Un individu si séduisant, si royal si...superbe. Midas le salua de loin, visiblement occupé à accaparer l’attention de Chrysanthème et cela soulagea considérablement Preminger. Au moins, cela évitait sûrement que cette dernière se mette à leur recherche. Plus loin, l’Erreur mangeait près du buffet, un peu plus loin, suffisamment loin pour que sa mine détestable ne lui ôte pas son humeur plaisante et assurée. Il préféra de loin saluer quelques personnes, savourer leurs révérences, leur soumission. On lui tendit un verre de champagne et il s’installa sur le trône pour le déguster à l’Endroit le plus MERVEILLEUX du monde, là où tout semblait si merveilleusement….à sa merci. Les soucis passagers, ses ennuis, tout s’envolait pour savourer cette suite merveilleuse et splendide que prendrait sa vie… Et ce n’était que le commencement.. Il tapota de son index sa peau, puis appela d’un doigt Alexis, pour l’encourager à s’approcher du trône.

- « Voyez-vous, ma mie… N’est-ce pas un fabuleux réveillon ? J’ai ouïe dire que Sa Majesté le Roi dans sa Miséricorde a fait installer une patinoire dans les jardins… Nous pouvons tout à fait y faire un tour ensuite, si cela vous agrée. Le feu d’artifices sera tiré non loin de là… »

Il avait opté pour l’ajout de cette activité ce matin même, dans une volonté frontale de la séduire efficacement, si redoutablement qu’il suffisait en partie de miser sur une de ses activités favorites. Et il lui avait parû que l’événement devait avoir été sinon décidé au moins envisagé car les montages s’étaient fait rapidement, promptement même dans la crainte de son courroux. En attendant, il chassa une mouche fictive dans un mouvement fluet puis décida :

- « Il me semble néanmoins important de procéder avant toute chose à l’ouverture des cadeaux… Un certain nombre des convives les ont reçu à l’entrée mais pour ceux qui ont le plaisir de demeurer de manière permanente ici…l’attente est un plus longuette… J’avoue que je trouve cette attente….dé-le-cta-ble… » ricana-t-il en posant une main arrogante sur son visage, la contemplant à moitié penché, « Mais...nous savons tous les deux que vous possédez déjà le plus désirable des trésors. » Il avait effleuré son visage d'une main, doucement, tendrement, comme pour souligner une plaisanterie qui n'en n'était pas une.

Un page vint à leur rencontre, leur proposant sous une révérence fort bien exécutée une fourée de petits fours sucrées et chose intriguante, des sortes de petits bonbons violets sous une forme curieuse que Preminger reconnu comme étant une friandise courante à Storybrooke. Peut-être se trouvait-elle destinée à Chrysanthème ? Il le refusa avec désintérêt, pour concentrer son attention sur la salle où l’Erreur feignait de danser… Ses lèvres s’étaient pincées dans un rictus blême. Pour qui se prenait cet avorton ? Comment osait-il fouler la foule avec une quelconque fillette pour ne serait-ce qu’esquisser quelques pas ridicules et déshuminsés… Ses yeux, violents comme des poignards, lançaient des piques qui n’atteindraient jamais leur cible de la violence qui étaient leurs mais cela lui suffit cependant pour l’encourager à se lever d’un bond, levant une main leste et élégante, qui figea l’orchestre comme un seul homme. Les danseurs s’arrêtèrent nets, glacés dans leur élan par le bon vouloir royal et il frappa dans ses mains :

- « Mes loyaux sujets, l’heure est venue de passer si vous le voulez bien à la suite des festivités et notamment à l’ouverture des cadeaux pour ceux qui en sont pourvus, bien évidement… »

Il descendit clairement de son trône, lentement, pour s’approcher du gigantesque sapin, tandis que l’orchestre entonnait une mélodie bien plus douce et légère qu’il reconnu comme étant les notes de God Ye Merry Gentleman, alors que Chrysantème fusait comme un boulet de canon froufrouté vers lui, dans une révérence gracieuse qui n’altérait pas son enthousiasme débordant, malgré les sourires d’excuse de Midas qui venait derrière elle. Elle fut la première à se jeter sur son cadeau, le déballant à grande envie, pour hurler sa joie ensuite en découvrant sous le paquet une robe violine foncée, surmontée de pierreries et elle l’enserra si vivement le cou qu’il se projeta en arrière dans un cri d’effroi. Déjà qu’il supportait cette énergumène surexcitée à distance, hors de question de la lui coller physiquement dans ne serait-ce qu’une effusion. Il dé-tes-tait les effusions… Sauf lorsqu’il s’agissait des siennes.

- « Rose ! Un peu de tenue. Tu t’adresses à un Roi » réprimandait déjà Midas en fronçant les sourcils et l’enfant le lâcha instantanément pour tomber dans une révérence profonde et orgueilleuse.
- « Vous avez raison, Parrain… Pardon Pèèèèèèèère. Vous êtes si bienveillant !  Oh je suis si étourdiment heureuse. » claironna-t-elle en saisissant sa main baguée pour y déposer sa tête et quelques baisers rapides.
- « Il suffit...Cessez... » il n’avait pas attendu avant de retirer sa main mais le souvenir de l’excellence requise de sa prestation de ce soir, le força à articuler tout en effleurant la masse sombre de ses cheveux « Vous êtes bien trop vive, il faut apprendre à vous maîtriser, ma....petite fleur d’automne... »

Il minaudait avec difficulté, sans réellement connaître sa date de naissance d’ailleurs, plus par plaisir de sous-entendre le Chrysanthème derrière le compliment qu’autre chose. Mais cela semblait la contenter car elle rosit de plaisir en remontant ses épaules, avant de se jeter sur le second paquet. C’était une poupée brune aux créoles anglaises, jolie et altière qui fit bondir de joie une nouvelle fois l’enfant, alors qu’il se massait les tempes pour soutenir les vibrations aiguës des modulations de sa voix. Il avait ajouté le premier présent suite à leur connivence de la matinée, le second avait été choisi par le Futur lui assurément. Mais cela semblait plaire et il aurait pu parier que le moindre cadeau aurait fait bondir de joie la petite fille.
Cela avait ensuite été le tour de l’Erreur et le garçon avait posé son genou à terre, pour recueillir le premier de ses cadeaux, et il avait abaissé la tête :

-« Joyeux Noël..Votre Majesté »[/color] dans un filet de voix si fin et si discret que ses sens s’étaient mis à bouillir
- « Je ne t’entends pas . »

Il avait retenu la critique supplémentaire qui menaçait de franchir ses lèvres et il avait désigné d’un coup de menton encourageant les deux paquets à son intention sous le sapin. De ses gestes malhabiles, la tête baissée, le jeune garçonnet avait défait les paquets, dans des gestes si lents, que Preminger avait retenu son envie d’arracher le papier lui-même pour faire cesser ce suspense ri-di-cu-le qu’il instaurait à son profit, lui volant des secondes d’attention… Midas avait posé sur lui un regard placide mais limpide, et le roi avait inspiré tranquillement tentant de retenir l’envie colérique qui le prenait à cet instant. Irréprochable, il serait.
En attendant, l’Erreur insignifiante déballait interloquée une tête de cheval sculptée dans un bâton de bois, qui arracha un piallement railleur à Chrysanthème, qui se tint bientôt les côtés en s’agitant de tout côté :
- « Isaac est tellement un bébé. Sûrement Père a vu quel piètre cavalier il fait et il lui a redonné un destrixier plus à sa hauteur » déclama-t-elle hilare à l’adresse de son Parrain dans des gestes enthousiastes « Bouh ! Un tel bébé.. »

L’enfant avait blêmi, contemplait l’objet en pinçant les lèvres puis murmura dans un souffle, relevant ses yeux dans ceux similaires de Preminger, lui arrachant un frémissement compulsif ;

- « C’est un bel objet… Merci, Votre Majesté. »

Il détestait c’était évident, et cette souffrance était délectable. Il se retenait d’en rire d’en user mais tout fier de son âme dissimulatrice, il enserra de ses doigts le menton long de l’Erreur, venimeusement, lui arrachant un frisson. Au moins, lui aussi réagissait à son contact, comme un animal aux aguets, saisi, transi de peur à l’effet de cet effleurement imprévu. A sa merci, lui aussi. Et plus qu’autrui.

- « Tu ne l’aimes pas. »
- « Non...je … Je l’aime… Il est…
- « Ne mens pas. Personne ne peut me mentir, tu devrais le savoir... Je pense, qu’il y a du avoir une erreur dans ton cadeau, très cher… Nous aviserons cela, demain, mais… Le second te plaira peut-être davantage, j’en suis persuadé… Et je ne me trompe jamais. Ouvre le. »

Il avait observé le petit, tremblant, ébauchant un sourire paniqué en tirant sur les coutures de plastique de l’emballage, la peau glacée, et sa prise ferme laissait une marque diffuse sur sa peau exiguë. L’Erreur avait déballé le livre, une mine perplexe et légèrement ravie à la fois, alors qu’il relevait la couverture d’un livre ancien et orné d’arabesques dorées à l’or véritable.

- « Le manuel de l’Etiquette… ? » déchiffra-t-il après un silence, s’attirant un rictus amer sur le visage de Preminger
- « Il a appartenu à une personne connue très lointainement… Autrefois, pour ainsi dire. » déclama-t-il dans un geste désuet, « Tu lui ressembles beaucoup, comme toi, c’était...un petit malin. Et un ouvrage tel que celui-ci est à connaître par coeur, c’était en quelque sorte mon livre de chevet même s’il m’a fallu une semaine pour connaître ce que beaucoup mettent encore des années à retenir... »
- « Merci… Merci énormément...Père »

Il avait détourné la tête, altièrement, non sans avoir desséré sa prise et essuyée de son ongle une larme sur le visage de l’Erreur. Pauvre pitié… Se ridiculiser ainsi… Quelle honte. Même s’il en éprouvait une intense satisfaction sous couvert du sourire angélique qu’il distillait à tout à chacun. Un homme si bon. Un Roi si dévoué. Midas n’y comprenait goutte mais qu’importait… Il attrapa un paquet bien plus fin, dont un nœud violet s’enroulait dans l’écrin et le tendit alors à Alexis, dans un sourire charmant :

- « Je crois que ceci ma belle Enora est pour vous. » sussurra-t-il en déposant l’écrin au creux de ses mains, doucement, l’invitant à l’ouvrir sans plus attendre. "J'espère que cela vous plaira, sincèrement."

Il savait ce qu’elle y trouverait… Dans un tissu moelleux, une ROSE D'OR PUR reposait doucement dans un étui d’un violet racé. Déposée à ses côtés d’un billet sur lequel il avait écrit ces mots «Après l’orage, le lys se relève plus fier et plus blanc, avec la perle divine dans son calice, le Soleil toujours l’éclaire alors », une petite boîte cachait une bague d’or où une pierre violette brillait tandis qu’en son centre par un ouvrage d’orfévrerie, lys royal se trouvait dessiné. Un cadeau superbe assurément… Et pourtant à contempler ces deux fleurs symbolisant, une citation lui vint cependant tranchant avec la joie, la perfection de cet ensemble…
« Le temps est jaloux de vous, et guerroie contre vos lys et vos roses »

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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


Alexis E. Child

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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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Edition Octobre-Novembre 2020

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________________________________________ 2020-12-16, 23:50 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Everybody wants to rule the world

C’était sans aucun doute son Apogée, son Apothéose. Je m’en étais rendu compte à la seconde où il était entré dans la pièce, étincelant dans son costume solaire. J’avais esquissé un sourire avant d’observer la réaction des autres autour de moi. J’avais presque l’impression d’avoir voyagé dans le Temps, à une époque bien différente de la mienne. Les gens en faisaient des tonnes, sans doute autant obligé par la bienséance que par l’espoir de gagner une quelconque faveur. A cette vision, je m’étais remémoré sa question du matin. Est-ce que je me plaisais ici, oui... dans notre intimité. Moins quand il s’agissait de ce genre de mise en spectacle. Pour lui en revanche, cela semblait être une seconde nature, pire (ou mieux ?) quelque chose qu’il appréciait et qui le faisait jubiler. Il ne s’en cachait absolument pas, pourquoi le ferait-il après tout ? Personne ne serait assez fou pour dire quelque chose de déplacé ou contre lui. Comme tout le monde, Erwin était doté de défauts. Je n’avais pas encore eu l’occasion de tous les apercevoir, mais certains avaient été visibles assez rapidement et je devais bien avouer que la modestie ne l’étouffait pas. Et comme toutes les femmes qui entamaient une relation qui se voulait chaque jour un peu plus sérieux, ses défauts ne me dérangeaient pas. Pire, (ou mieux ?) je trouvais qu’ils complétaient son charme. En arriverais-je un jour à les détester, comme tous celles qui se réveillaient un matin auprès d’un homme qu’elle ne reconnaissait plus ? Je n’en savais rien, je ne l’espérais pas... Car pour l’instant, j’aimais nos moments, qu’ils soient intimes ou publics, simple ou d’une complexité à me couper le souffle.

Et cette soirée faisait clairement partie de la seconde catégorie. Il s’était d’abord dirigé vers d’autres invités et cela m’avait laissé du Temps pour moi aussi me familier avec certaines personnes qui s’adressaient à moi pour certaines comme si elles me connaissaient depuis toujours, pour d’autres avec une appréhension qui me faisait penser que c’était peut-être la première fois qu’ils trouvaient le courage de le faire. De mon côté, je tentais de me montrer sympathique, tout en essayant de ne commettre aucun impair sur ce que je savais et ce que j’ignorais encore de mon futur.

Et puis la Danse était arrivée. A la seconde où ma main s’était posée dans la sienne, j’avais commencé à appréhender ce moment autant qu’à le désirer. Je l’avais vu. Cette étincelle dans ces yeux, cette même étincelle qui avait eu le soir-là, à Paris, lors de notre première danse. Cette étincelle qui m’avait consumée à petit feu avant d’avoir raison de moi au point que nous étions désormais dix ans plus tard dans cette situation des plus fantasques. Il était fier et conquérant, Maître de son navire et de sa cours, Maître de notre danse et de mes mouvements. Les premières notes de Sviridov avaient été entonnée et j’avais eu un sourire complice dans sa direction, le remerciant silencieusement de ce double cadeau qu’il me faisait. Non seulement m’accordait-il un morceau que j’avais demandé, mais il me faisait l’honneur de le faire jouer en premier, me laissant une chance d’apprécier la mélodie et de me détendre face à ce qui m’attendait. En quelques secondes, nous étions de retour à Paris. Il n’y avait plus rien autour de nous. Je ne voyais ni les regards envieux, ni les regards émerveillés, je ne voyais même plus les dorures de la salle ou l’immense sapin au loin. Je ne le voyais que lui, l’ambre de ses yeux. Je ne ressentais que son corps contre le mien, la puissance, la prestance et la précision de ses gestes me guidant. Il avait promis qu’il ne me lâcherait pas et une crainte était alors née au creux de mon ventre, celle qui suivait la promesse qu’il me faisait à chaque fois. Il me lâchait toujours. Il me laisser tomber, souriant de mon infortune. Mais tel le chat échaudé, j’avais appris de mes erreurs, je refusais de lui donner cette confiance, m’agrippant toujours plus à ses bras puissants, à sa main si douce et si chaude dans la mienne, à ses yeux de braise.

Comme sentant ma crainte, il avait entamé la conversation sur une pique, une blague, ce genre de grain de sel que nous affectionnons l’un comme l’autre. Nous ne mordions jamais fort dans ce genre de moment mais nous aimions mordiller plutôt que de minauder, encore un trait qui me plaisait chez lui. Tout était volcanique, combatif. Il n’y avait pas de répits, jamais, même dans les envolées lyriques ou dans les moqueries gentillettes, il y avait toujours matière à répliquer. Son esprit était vif, sa langue aiguisée, un jeu dangereux après l’autre, nous valsions à chaque instant, sur un chemin tortueux qui finissait toujours par nous mener à un tango endiablé. Je n’étais plus une enfant, nous entamions des jeux d’adultes, des jeux délicieux auquel je n’avais jamais envie d’arrêter de jouer. Un sourire espiègle au coin des lèvres, j’avais également approché mon visage du sien, réduisant encore considérablement la distance de nos lèvres sans qu’elles ne se touche pour autant.

- Je vous promets que je ferai de mon mieux pour me contrôler. Quoi que la Foudre saurait mettre votre habit différemment en valeur.

Mes yeux avaient glissé vers ses épaules, son torse avant de passer un court instant sur ses lèvres et revenir à ses yeux.

- Vous êtes magnifique ce soir, très élégant. L’or vous va très bien.

Je n’étais jamais à l’aise avec les compliments, tant pour les recevoir que pour les donner. J’avais toujours l’impression de déclamer des évidences ou de donner l’impression d’être une parfaite hypocrite, comme si mes mots n’avaient pas de valeur ou de réel impact. Alors pour m’éviter ce supplice, je les annonçais souvent à la dérobée, changeant de sujet au plus vite, fuyant le regard. Mais pas ce soir. Ce soir j’étais entre ses mains et je n’avais nulle part où aller, rien d’autre à regarder et j’avais eu envie de lui faire ces compliments, même si je me sentais terriblement gauche en m’entendant. J’avais détourné le regard pour poser mes lèvres sur son oreille et lui susurrer :

- Cela met vos yeux en valeur.

Et comme à Paris, j’avais fini par perdre le contrôle. Plus que le décor flou, ma vie entière avait perdue toute clarté. Les musiques s’enchaînaient sans que je ne me rende véritablement compte de ce qui se passait. Comme un maléfice, je réalisais que nous avions changé de mélodie ou de tempo que lorsque je sentais qu’il me dirigeait autrement, me forçant à le suivre malgré moi. J’avais résisté dans les premières secondes, tentant de rester maîtresse de ma danse, mais il m’avait demandé de rester dans sa Lumière et sa phrase m’avait totalement prise au dépourvue. Le clin d’œil à ce qu’Allard m’avait dit était-il volontaire ? Il réinterprété peut-être malgré lui le symbole de mon combat et malgré moi, la nouvelle interprétation qui lui avait donné avait fait son chemin dans mon esprit un instant de trop, me perdant complétement dans une vague de notes mélodieuses qui n’avaient pourtant plus aucun sens. Je tournoyais à son gré, m’approchait et me reculait de lui à sa demande, sans aucun contrôle, le souffle court, la gorge sèche. Plus aucun mot ne parvenait à sortir de ma gorge, je commençais à avoir chaud, à sentir que la tête me tourner, j’avais envie de lui demander une trêve, un arrêt, une pitié mais il ne m’accordait rien de tout cela. Je le voyais s’élancer sur quelques entrechats d’une élégance incroyable sans que je ne sache quoi faire de plus. Et soudain, je m’étais senti basculer en arrière. C’était là, il était là, ce terrible moment. La Chute. La Fin. Le moment où il me lâcherait. Et pourtant... Son bras était resté parfaitement calé contre mon dos, me préservant de la Fin avant de le relever vers lui avec une telle rapidité que mon visage avait fini à quelques centimètres du sien, le souffle court. Je sentais son propre souffle caresser mes lèvres de ses assauts furieux tandis que je me noyais dans ses prunelles cruelles.

- Vous êtes si bon danseur que vous en devenez odieux.

Je ne le pensais sincèrement. Et pourtant, rien dans le ton de ma voix n’était une insulte ou un reproche. Juste une constatation amusée de ce qu’il venait de me faire vivre, mélangeant tous mes sens, me décrochant de l’espace-Temps pour me mener dans un monde étrange où seul lui existait. C’était effrayant... et grisant d’une certaine façon. Etourdissant, assurément, au point que je m’étais sentie anxieuse quand il m’avait élevée dans les airs puis étourdie à la fin de nos pas, accueillant sa tête sur mon cou avec bonheur, le remerciant silencieusement d’éviter que je ne perde l’équilibre et ne m’effondre. A chaque fois que cela terminait, je me faisais la promesse de ne plus jamais y plonger mais une petite fois au fond de moi martelait déjà sa douce impatience de la prochaine fois. Et cette dernière était arrivée bien plus vite que je ne m’y étais attendu. J’avais senti sa main se refermer sur mon poignet comme un étau et je n’avais eu le temps de rien faire que déjà il fendait la foule, m’attirant dans son aura vers les portes de la Grande Salle. Nous étions en train d’en sortir. Certains nous avaient regardé faire, d’autres non et en une fraction de seconde, les frasques de la fête avaient fini étouffées par la fermeture des portes derrières nous. Nous étions dans un couloir immense que je n’avais pas encore eu l’occasion de visiter. Les musiques de la soirée raisonnaient d’une étrange façon, comme fantomatique, face au silence incroyable et imposant du lieu. Un peu abasourdie, j’avais levé les yeux vers les portraits qui s’étalaient sur les murs, tout autour de nous, la bouche légèrement entrouverte. Il était de partout, sur chacun d’entre eux. Chacun révélait une facette d’Erwin et je remarquais que je ne les connaissais pas encore toutes. Victorieux, souriant, triomphant, majestueux, cruel et même parfois malsain. Ce dernier m’avait arraché un frisson lorsque son regard colorisé avait croisé le mien. Je n’avais jamais vu ce regard jusqu’alors. Il était si parfaitement peint qu’il en était saisissant et quelque chose au fond de moi me rappelait l’ombre que je croyais percevoir parfois au fond de ses prunelles. Son discours d’ouverture me revenait en mémoire. Il avait parlé de la conquête du monde des contes, mon cœur avait loupé un battement à cette annonce et j’avais préféré refuser cette information mais son regard me forçait à y revenir. Était-ce là le regard qu’il réservait à tous les autres souverains ? Il était monstrueux... et pourtant, je me rendais compte avec une certaine horreur que mon esprit n’avait toujours pas envie de s’y accrocher, comme refusant une nouvelle fois d’avoir le nez en face de l’abominable Vérité. Un symptôme dangereux que je ne connaissais plus que bien. Il me fallait de l’air, il fallait que je sorte.

- Erwin...
- Vous souvenez-vous lorsque vous avez invoqué Dorian Gray à notre rencontre ?

Bien sûr que je me souvenais. La toute première fois où il m’avait dérouté sur autre chose que sur l’affaire que nous avions en cours.

- Regardez-les.

Je les regardais déjà, je ne faisais que cela. Je n’avais plus observé le véritable Erwin depuis que nous étions entrés dans ce couloir, c’était sans aucun doute ce qui avait expliqué le soupir de surprise que j’avais eu lorsque j’avais senti ses mains s’agripper sur mes hanches. Il n’y avait plus aucune douceur dans ses gestes. Aucune violence non plus. Non, c’était un savant mélange dont il avait le secret, amenant à chaque fois à quelque chose de plus suave et décadent. Était-ce insensé ? Non, il était à son Apothéose, à son Apogée et bien souvent la sexualité entrait dans les triomphes de ces moments intenses chez l’être humain. Était-ce délirant ? Complétement. Dans ce couloir, aux yeux de tous et dérobés de tous en même temps, juste à côté d’une fête qui battait son plein. J’avais senti une vague de chaleur monter en moi, sur mes joues, mon cou, ma poitrine, au creux de mes reins et de mon bassin.

J’avais étouffé un cri de surprise et de douleur lorsque j’avais senti mon dos claquer brusquement contre le mur. Perdue dans mes pensées, je n’avais même pas senti qu’il avait repris le moment de notre danse, me guidant au gré de ses envies, jusqu’à ce moment. Grimaçant une fraction de seconde face à la douleur qui m’élançait, je lui jetais un regard de reproche tandis que je sentais sa main se glisser entre mon dos et le mur, comme pour me “soigner” de cet impair qui n’en était pas un. Mon expression contrariée s’était alors muée petit à petit en une expression de surprise amusée, légèrement attisée. Il blessait et soignait, un leitmotiv qu’il m’avait fait découvrir. Personne d’autre jusqu’alors n’avait eu cette façon d’“aimer”, cette façon d’agir dans l’acte. Cela m’avait grandement perturbé, mais j’avais appris à aimer cela, un pas après l’autre dans cet exquis voyage que nous découvrions ensemble. Il aimait diriger. Pire, plus qu’aimer, il exigeait diriger. Ce n’était pas mon habitude. Ma jeunesse fougueuse, ma folle impatience avait toujours envie de prendre le dessus, mais patiemment, il ne cessait de me remettre dans son bon vouloir, refusant de céder à mes assauts pour que je cède aux siens. C’était une découverte des plus passionnantes et des plus frustrantes aussi. Il me faisait découvrir à quel point la patience pouvait être cruelle et douloureuse mais à quel point elle savait elle récompenser quand on acceptait de s’y abandonner. C’était si dur de se laisser aller mais à chaque fois, je découvrais des sensations que je n’avais jusqu’alors jamais senties. Il me possédait différemment et par sa possession, je devenais maîtresse de mon propre corps, assouvissant des envies que je n’avais jusqu’alors même pas imaginées.

- En réalité, je pense que je fais mieux... N’êtes-vous pas de cet avis ?

Il ne m’avait pas laissé le temps de répondre. C’était toujours la première règle à ce petit jeu malsain. Il attisait ma frustration en m’empêchant de donner mon avis, un avis qu’il avait pourtant demandé. Et comme à chaque fois, je cédais car ma réponse était finalement bien moins intéressante que le baiser langoureux et vorace qu’il m’offrait. J’y répondais avec la hargne de mon impatience, une envie vengeresse au bout des dents. Mes mains s’étaient refermées sur ses bras comme des étaux, c’était la seule prise que j’étais parvenue à avoir, son corps d’ores et déjà bien trop près du mien pour que mes mains ne s’immiscent ailleurs.

- Quelle immorale conduite que voici, nous ne devrions pas.
- Vous avez raison, alors...

Je n’avais pas pu finir ma phrase tant son geste m’avait surpris. J’avais senti ses mains arracher les miennes de ma prise avant de les plaques au mur, me crucifiant sans vergogne. Le souffle court, je l’avais observé, curieuse, inquiète. Les bras tendus ainsi, il me devenait beaucoup plus difficile de résister, de les ramener à mon corps. Son corps avant ondulé contre le mien et j’en avais ressenti chaque parcelle, chaque tension qui se déposer sur le mien, me galvanisant au passage. Je laissais échapper un soupire plaintif qui se joignit au sien. Je me fichais éperdument de faire du bruit, personne ne pouvait nous entendre, bien que nous entendions les autres, comme un bourdonnement incessant en bruit de fond qui ne faisait que rajouter des points à l’augmentation de mon excitation. Ma tête entière bouillonnait, mon souffle court faisait s’ébrouer ma poitrine de façon si douloureuse que je me sentais presque proche de l’évanouissement. Il me fallait de l’air, le mien, le sien, qu’importait mais il fallait qu’il me délivre. J’avais tenté approcher mon visage du sien pour l’embrasser, tenter de l’adoucir pour qu’il relâche mes mains mais il les avait brusquement remontés au-dessus de ma tête, renvoyant tout mon corps contre le mur, comme une vulgaire poupée de chiffon. Je l’avais regardé surprise, sentant mes poignets se presser l’un contre l’autre presque douloureusement face à la poigne de fer dont il faisait preuve pour me tenir dans cette position d’une seule main. J’avais senti ses lèvres glisser le long de mon visage et j’avais tenté une légère impulsion pour dégager mes mains de cette prise inédite, inquiétante et mystérieuse pour moi. Il avait prétexté une crainte pour son costume et j’avais eu un léger ricanement face à l’image qu’il sous-entendait :

- Vous savez, je sais aussi me tenir et être précautionneuse quand il le f...

Ses lèvres avaient atteint ma gorge, me coupant le souffle instantanément. Il avait dû le sentir, tout mon cou s’était rigidifié sous son contact, comme un animal aux abois craignant la morsure définitive et implacable du lion. J'avais alors senti sa main cruelle s’insinuer sous les soieries de ma robe. Était-ce mon imagination qui me jouait des tours ? Était-il vraiment en train de faire ce que je pensais qu’il faisait ? C’était impossible, mon imagination fantasque courait bien plus vite que le Temps ne se réalisait et pourtant j’avais légèrement ondulé mon corps à la recherche de cette main que j’avais fini par trouver. Elle était proche, si proche, trop proche ? Il ne restait qu’un bout de tissu entre lui et moi.

- Erwin... non... Pas ça... pas maintenant...

Mon ton avait presque été suppliant, mes yeux rivés sur les siens pendant que j’hochais la tête de gauche à droite lentement. C’était presque de l’hypocrisie. Je mourrais d’envie de connaître la suite de cette incartade mais ma raison me criait que de tout cela n’était moral ou bienséant. Si proche des autres, en début de soirée, et si les enfants venaient ? Et si un garde venait ? Et si mon désir me consumait si fort que je ne pourrais plus me relever de cette soirée ? Je connaissais les règles du contrat implicite qu’on mettait entre nous. Tout assaut de la sorte se devait d’être consommé, à l’instant ou au plus vite, de la façon la plus pleine et entière qui se pouvait de l’être. Oui... notre conduite était absolument immorale mais est-ce que je m’en fichais ? Assurément. Je n’avais jamais été bigote en revanche, j’avais toujours été à la recherche de ce qui me faisait me sentir vivante et Erwin me faisait sentir vivante, il faisait vibrer mon âme au plus profond de mon être. Il m’avait parlé de docilité et je redoutais ce qui arrivait. Je n’étais ni docile, ni patiente et il se faisait un tel malin plaisir à faire fi de ce que j’étais pour aller dans la direction qu’il voulait que ça en devenait intriguant. J’avais étouffé un cri se surprise et de plaisir en sentant enfin la douceur de sa main se poser contre ma cuisse. Mon corps s’était jeté en avant, vers lui malgré moi, comme désireuse de de plus de ce contact aussi délicieux qu’interdit. Mon corps s’était tendu pourtant, redoutant la suite de cet échange. Tout assaut se devait d’être consommé, à l’instant ou au plus vite, de la façon la plus pleine et entière qui se pouvait de l’être. A cette pensée, ma tête s’était renvoyée en arrière brusquement, contre le panneau qui se maintenait prisonnière. J’abandonnais. Je m’abandonnais à son désir, au mien même si mon corps se voulait toujours combattant. Les yeux clos, j’avais tenté une nouvelle fois de délivrer mes mains, sans succès.

- Oh non, non, non très chère… Regardez-moi...

Il adorait ça. C’était sans aucun doute une des choses qui me demandait le plus et c’était tout ce que je redoutais toujours. Depuis Paris jusque maintenant, il était toujours difficile pour moi de m’affirmer dans un moment pareil. Il sondait mon regard trop puissamment, j’avais l’impression de m’offrir tout entière lorsque je le faisais. Il n’y avait rien de plus intime que de le regarder que j’étais si émotive. Je me faisais submerger, j’étouffais sous mes propres sentiments et de voir à quel point cela le galvanisait avec une telle force, malsaine par certains égards, ne me rendait que la tâche plus difficile. Il y avait bien longtemps que je n’avais plus tant appris dans mes ébats. La docilité, la patience, l’attente, le silence. Toutes ces choses qui ne me correspondaient pas et qui faisait pourtant naître en moi un plaisir nouveau. Là où j’avais toujours tout pris avec passion et félicité, je me devais d’attendre, me laisser être prise, au gré de ses envies et de sa folie. En perdant les rennes de nos ébats, je gagnais celles de mon propre corps, je communiais avec mon moi le plus profond et j’avais l’impression que jamais jusqu’alors je n’avais autant brillait, autant brûler, si proche du Soleil.

Avec courage, j’avais fini par ouvrir les yeux comme il me le demandait, me concentrant pour ne pas en montrer trop directement, mes yeux fixant les yeux, le visage impassible. Position de départ que je ne tenais jamais trop longtemps. Il le savait, s’en délectait, s’en rassasié, avant de détruire ce visage de marbre brique par brique, à mesure qu’il faisait venir le plaisir. Sa main avait alors recommencé son ascension et par pur réflexe, j’avais tenté une nouvelle fois de me délivrer de son emprise, en vain. J’avais vu ses yeux flamboyer de cette nouvelle victoire avec une telle puissance que le rythme de sa main s’était accéléré, jusqu’à atteindre l’interdit, s’y refermer, s’en approprier. Un frisson avait parcouru tout mon corps tandis que je libérais entre mes lèvres pincées et jointe un soupire d’aise plus long, plus plaintif encore face à mon Destin inéluctable. J’avais envie de plus, maintenant tout de suite, qu’il s’y mettre sérieusement et pourtant, il ne faisait que de me narguer. Impatiente, j’avais presque sautillé un instant, risquait une nouvelle libération de mes mains, tandis qu’il me toisait avec un sourire narquois avant de s’humidifier les lèvres avec une langueur goguenarde. Mes yeux avaient suivi avidement le mouvement de sa bouche, de sa langue tandis que je le reproduisais par un mimétise plein de désir. Il se jouait de ma souffrance, de ma douleur, de mon envie dévorante qu’il accélère, qu’il amplifie tandis qu’il ne faisait que jouer, effleurer, m’attisant sans jamais me satisfaire. Une nouvelle plainte, plus puissante, s’échappa de ma gorge, une plainte qu’il étouffa de ses lèvres, comme un ordre m’intimant au silence. Pourtant, mon écart s’en trouva tout de même récompensé. Il avait alors enfin collé son corps au mieux, amplifiant le mouvement, se faisant bien plus présent tandis que je m’abandonnais à chacun de ses élans, le remerciant silencieusement, dévorant un peu plus ses lèvres, sa langue contre la mienne à chaque instant. Mes cuisses s’étaient resserrées l’une contre l’autre, refusant le départ de cette main bienfaitrice qui emplissait ma tête de sourdes pensées, faisant frémir chaque parcelle de mon être avec plus de violence qu’un vent d’Automne rosée par la mort.

C’était à mon tour de l’atteindre. Mon Apogée, mon Apothéose. Mais pas encore, pas comme cela. J’avais senti sa main se retirer lentement de son écrin et un cri rageur s’était échappée de ma gorge sèche, un cri dont il avait fait fit mais duquel je m’étais vite détachée en voyant l’explication. Une fois de plus j’avais tenté de dégager mes mains, tenté de lui promettre le même sort, mais il en avait apparemment décidé autrement, refusant toujours de m’offrir cette relaxe, se satisfaisant uniquement de lui-même, il avait glissé cette main si magnanime dans mon dos après s’être libéré de lui-même et mon corps avait fait le reste, presque avidement, attendant la suite avec cette impatience que je parvenais de moins en moins à dompter. Je m’étais contenté d’hocher la tête avidement lorsqu’il s’était promis de m’avoir, l’autorisant sans que cela soit nécessaire à la suite des hostilités, tentant de récupérer ses lèvres entre les miennes. Mes jambes s’étaient alors serrées fermement contre ses hanches, prenant appui comme je le pouvais contre son corps brûlant, peau contre peau. La suite avait été d’une force inouïe, incroyable. Jamais mes mains n’avaient été retenue si longtemps. Seules mes cuisses pouvaient contrebalançait le pouvoir qu’il avait sur moi et je m’y attelais puissamment, lui refusant de s’échapper ne serait-ce qu’une minute de nos échanges aussi lascifs que langoureux. Et en quelques minutes, après une promenade des plus agréables sur les Champs Elyséens, seuls, la route bordée de milliers de miroirs reflétant des images toutes aussi différentes qu’intrigantes d’Erwin, un son diffus et étouffé d’une fête qui se réalisait non loin de là, nous avions fini par l’atteindre ensemble... cette Apothéose. Cette Apogée.

Le souffle court et sans le regarder, j’avais tenté, tout comme lui, de remettre de l’ordre dans nos habits respectifs. Une fois ma tenue replacée et lissée comme il se devait, j’avais placé une main hasardeuse dans mes cheveux, tentant de démêler l’arrière de mon crâne de nos ébats, de redonner une forme au tout bien plus digne du rang que j’étais supposée avoir. Il avait fini par venir à ma rescousse, tentant à son tour de remettre quelques mèches à leur place tout en précisant que l’espoir était apparemment vain :

- Trésor, vous êtes d’un négligé ravissant… Quoiqu’un peu ostentatoire. Pensez aux bonnes mœurs, voulez-vous ?

J'avais eu un éclat de rire avant de préciser :

- Je suis scandaleuse ce soir, l’avez-vous déjà oublié ? Autant parachever cette vision offerte à tous de la plus ostentatoire des façons...

Je lui avais lancé un sourire en coin, amusé. C’était faux, absolument faux. Jamais au grand jamais je n’aurai eu l’audace de me présenter comme cela véritablement. Mais tout ceci n’était qu’une vaste blague, une incartade sur la Temporalité. Une simulation. Ce n’était pas vraiment moi, il n’était pas vraiment Lui, aussi douloureux serait-ce sans doute pour Erwin de s’en apercevoir. Je me fichais de ce que pouvait penser ses “gens”, après tout, ils n’existaient pas vraiment, pas encore, pas comme ça. Ce moment ne resterait qu’entre nous deux en définitive alors cela m’allait d’avoir cette possibilité d’être bien plus scandaleuse que je ne l’étais réellement. J’avais rit une nouvelle fois en accueillant son baiser et j’avais attiré son visage vers le mien en le voyant se détourner pour lui préciser :

- Je ne vole jamais “TROP” près du Soleil, je vole juste dans sa Lumière, c’est ce qu’il m’a demandé apparemment...

J'avais eu un nouveau sourire mutin avant de le laisser se saisir de mon bras afin de nous ramener au milieu de la Foule et de la Fête. Malgré mon aplomb, j’avais évité au maximum de croiser les regards des curieux qui se trouvaient sur mon chemin. Si l’idée que tous ces gens n’était pas réel était une évidence lorsque nous étions encore seuls, dans ce couloir, le tout était devenu nettement moins évident depuis notre retour dans la Grande Salle. J’avais suivi Erwin, m’arrêtant à quelques pas du Trône où il venait de s’asseoir. Une fraction de seconde après, je l’avais alors vu m’appeler du doigt.

Je m’étais alors approchée du Trône, les joues rosies par la gêne. Comment faisait la moi du futur pour surmonter tout cela ? J’avais l’impression qu’à chaque endroit où je pouvais aller, on me dévisageait de loin et si j’avais le malheur de tourner les yeux en direction des regards curieux, ceux-ci s’évanouissaient aussi vite qu’ils étaient apparus. J’avais l’impression qu’où que j’allais, quoi que je fasse, les gens parlaient, les gens savaient. Plus rien n’était intime, tout était à la vision de tous et on défiait quiconque d’oser dire quoi que ce soit. C’était une assurance que je n’avais pas encore, quelque chose qui me dérangeait au plus haut point. Je n’avais pas honte du délicieux souvenir que ce couloir m’avait laissé, mais l’idée même que tous puissent se l’imaginer à leur aise avec plus ou moins de détails, sachant pertinemment ce qui venait de se passer me mortifiait plus que je pusse l’accepter. Pourtant, j’avais dégluti, tentant de garder la tête haute et les pieds sur terre, tout en me dirigeant vers Erwin. Mon regard avait coulé un instant sur le Trône vide à côté de lui et j’en avais eu un frisson malgré moi. Trop de choses négatives se rapprochaient de cette vision. La première fois que j’en avais vu un, mon nom était gravé dessus, me scellant à un destin aussi étrange qu’effrayant. La seconde fois, on m’avait forcé à m’y asseoir et Japet avait failli me tuer par son bon plaisir. La troisième fois me rappelait sa femme, remerciant les cieux qu’elle ne soit pas avec nous, me demandant comment j’aurai pu réagir à un tel affrontement et comme elle aurait réagi, elle, cette femme dont je ne savais rien... ou presque. Mon regard s’était cependant reposé sur Erwin et en un sourire, il m’avait fait oublié mes craintes les plus profondes.

Un air de surprise s’était affiché sur mon visage lorsqu’il avait parlé de la patinoire. C’était assurément une activité qui se rapportait à Noël mais qui pour moi voulait dire beaucoup plus. Regina avait toujours voulu que je fasse du sport et à la danse, j’y avais préféré le patinage. De longues années d’entraînements et de virevoltes sur la glace. Depuis quelques années, je ne patinais plus que pour mon plaisir, ayant abandonné les entraînements, mais j’appréciais toujours autant ce moment, de liberté, de silence et de puissance. J’avais soudain eu un sourire mutin en précisant :

- Voyez-vous ça... Et je peux savoir quelle Majesté a eu cette plus que merveilleuse idée ?

Je tentais de savoir si c’était le Erwin de mon présent qui y avait pensé suite à une conversation que nous avions eue une fois à la dérobée, rien de plus qu’une phrase. Il était venu me voir un soir à l’improviste, juste après avoir été patiné et je lui avais spécifié. Une conversation anodine, un point de détail qu’il avait tout de même eu l’effort de retenir s’il s’agissait de lui. S’il s'agissait de son futur, cela signifiait que j’avais sans aucun doute continué cette activité dans ce monde. Une chose était certaine cependant, celui de mon présent avait tout de même jugé bon de me le spécifier, preuve que d’une façon ou d’une autre, il l’avait retenu. Il ironisait alors clairement :

- Y a-t-il une autre Majesté que moi séant ?

Il avait eu un sourire fin, visiblement satisfait de sa réplique et je m’étais contenté d’un sourire mutin et d’un trait léger mouvement d’épaule comme pour lui signifier “qui sait ?”.

- J’ai organisé cela assez inopinément ce matin.
- Merci.

Je l’avais plus soufflé, complice et touché, que juste dit. J’avais posé ma main sur la sienne pour la caresser avec douceur. Il avait ensuite proposé l’ouverture des cadeaux et après avoir ri à sa blague qui le gonflait d’un égo surdimensionné, je l’avais accompagné jusqu’au sapin, à moitié émerveillée et anxieuse de ce que je pourrai ressentir en voyant mes enfants ouvrir leurs présents. De manière générales, les enfants avaient tendance à me toucher, profondément, j’avais par moment l’impression d’entre apercevoir le rôle que je pourrai être un jour et l’idée de les voir émerveiller face à leur surprise avait quelque chose qui avait le don de m’émouvoir. J'avais peur que cette sensation soit encore plus forte ce soir, dans la mesure où ces enfants... étaient véritablement les miens.

Et j’avais sans aucun doute raison pour plus de raison que je ne l’avais imaginé. L’air surexcité de Rose et l’effort surnaturel d’Erwin pour tenter de vaincre sa difficulté avec les enfants m’avait fait éclater d’un rire franc et sincère. Je l’avais observé avec un regard d’excuse, éclatant de rire une nouvelle fois en voyant que Midas avait le même que moi. Rose avait beaucoup d’énergie, même quelqu’un qui aimait les enfants pouvait en être fatigué, je pouvais comprendre qu’il perdait patience. Avec douceur, comme pour l’encourager dans sa démarche, j’avais posé ma main sur son bras pour le caresser doucement, remerciement silencieux de ses efforts. C’était de beaux cadeaux qu’il lui avait offert, tant le sien que celui de son double du futur.
Comme je l’avais craint, toujours s’était corsé avec Isaac. Le premier devait être largement fait dans le but de le déstabiliser, voire de le blesser et j’avais dégluti avec raideur, stoppant ma caresse instantanément. Mais Erwin avait tenté de rectifier le tir et son second cadeau d’ailleurs l’avait rendu bien plus heureux, à mon plus grand soulagement. Avec douceur, je m’étais alors agenouillé auprès du sapin en ouvrant mes bras. Celui de droite avait englobé Isaac sans doute malgré lui et Rose avait couru se lover dans celui de gauche. J'avais utilisé l’excuse des cadeaux pour pouvoir un peu consoler mon garçon sans pour autant qu’Erwin ne s’en impatiente. Si son futur avait tendance à le faire, je pouvais imaginer que son présent aussi, mais c’était sans aucun doute un sujet que nous discuterions plus tard.

Caressant le bras de mes enfants, je leur avais montré d’un signe de tête les paquets qui leur était destinés en mon nom. Un des domestiques avait jugé bon de me préciser le matin même que le Roi avait ajouté deux cadeaux supplémentaires à sa liste, sans pour autant me les préciser ou du moins... Pour Isaac. J’avais donc décidé de moi aussi ajouter quelque chose sur le peu que je savais d’eux, faisant confiance à celle que j’étais devenue pour les toucher avec plus de profondeur. Rose avait hurlé de joie en découvrant les chaussures assorties à la robe que lui avait offert son Père. Elle m’avait sauté dans les bras et contrairement à Erwin, je l’avais laissé faire, éclatant de rire une fois de plus en l’imaginant derrière nous, sa tête se remplissant toujours un peu plus d’une certaine migraine. De son côté, les mains tremblantes, Isaac contemplait une nouvelle scelle de cuir pour son cheval ainsi qu’une couverture avec son nom brodé en lettres d’or. J’espérais que ce dernier pourrait au moins lui faire oublier le cadeau de son véritable père. La gorge serrée, il m’avait remercié, les yeux pleins d’émotions et je lui avais fait un clin d’œil tandis que Rose s’était déjà jetais sur son second cadeau. Elle l’observait d’un œil plutôt perplexe et je devais avoir un peu près la même expression qu’elle sur le visage, observant le cube de bois qu’elle tenait dans les mains. Il était plus gros qu’un cube de construction, il devait alors la taille d’une boîte à bijoux mais ce n’était rien d’autre qu’un cube de bois, parfaitement lisse, qu’elle tournait dans ses mains avec une certaine déception. Ce fut pourtant Isaac qui nous renseigna avec un petit rire amusé et un sourire mystérieux :

- C’est ta première Rose, félicitation. Ça veut dire que tu es devenue une grande fille.

Il s’était approché qu’elle et il avait tendu la main. La petite lui avait alors donné sa boîte qu’il avait observé un instant avant de lui montrer un endroit du cube, sur la tranche entre deux angles.

- Tiens, commence par-là, appuie.

L’enfant s’exécuta et une petite barrette de bois apparue alors à un autre endroit du cube, tandis que l’enfant ouvrait ses grands yeux bleus, avec un sourire amusé. Comprenant ce que ce son frère avait voulu dire en même temps que moi, nous avions dit d’une même voix :

- Ma première énigme.
- Ta première énigme.

Les lèvres tremblantes d’émotion, j’avais de nouveau poussé la barrette dans son encoche, comprenant alors que j’avais perpétué les traditions des Templiers avec mes enfants. Maman était toujours avec moi. Avec douceur, la voix serrée, je lui avais précisé :

- Il te faut du calme pour travailler. Ce n’est ni le lieu, ni le moment, on va ranger ton cube et tu commenceras demain, d’accord ?

Elle m’était alors tombée dans les bras, empreinte d’une fierté et d’une gratitude qui m'avaient surprise.

- Merci Maman.
- Merci Mère.

Je m’étais tournée pour observer Isaac qui avait ouvert à son tour son cadeau, un échiquier absolument magnifique qui devait sans aucun doute valoir une fortune. Je l’avais embrassé sur la tempe, toute aussi émue que pour Rose. Lui semblait déjà bien avancé dans son apprentissage. Il s’était contenté de préciser :

- J’espère que vous m’offrirez ma première partie.
- Bien sûr mon cœur, si vous n’avez pas peur de perdre.

Il m’avait regardé avec une bouffé d’orgueil que je ne lui connaissais pas encore, comme s’il tentait de me dire à travers le regard “Non mais tu plaisantes ?!” et j’avais trouvé dans son air bien plus de similitudes avec Erwin que je n’en avais vu jusqu’alors. Je m’étais contenté de lui répondre d’un ricanement amusé avant de me relever pour reposer mon attention sur Erwin. Il avait alors posé dans mes mains un écrin et je l’avais récupéré, un peu surprise. J’avais alors défait le ruban pour observer avec émotion la Rose en Or qui m’attendait à l’intérieur. Nous y étions de nouveau... l’unique Rose... est-ce que toutes ces roses de glaces avaient été là pour m’amener jusqu’à celle-ci, en or, bien plu proche de ce qu’était Erwin ? Avec douceur, j’avais posé ma main sur l’objet. Un vrai travail d’orfèvre. Chacun de ses pétales était si fin que je savais ce que cela signifiait, une rose vivante, qui avait été prise dans un bain d’or pur pour se cristalliser dans sa jeunesse éternelle. Jamais elle fanerait, jamais elle ne mourrait. Et en quelques sortes, elle était déjà morte, engloutie entièrement au profit de l’or. Un Symbole que je ne parvenais pas à déceler en cet instant, juste touché du parallèle avec Jack, qui allait pourtant plus loin. A Paris, j’avais choisi le bouquet de Lys en dépit de la Rose unique, et ce soir, il m’offrait les deux. Les mots qu’il avait réarrangé joliment sur le papier m’avaient fait déglutir, humidifier mes lèvres, tandis que je découvrais la seconde boite, plus petite, qui refermait une bague sublime, ornée d’une pierre violette et d’un Lys doré. Tout était dans le symbolisme et tout était magnifique. Avec lenteur, j’avais pris la bague dans ma main avant de la glisser à mon majeur. J'avais envie d’agir en Alexis mais je ne pouvais alors qu’agir en Enora. Avec lenteur, humidifiant une nouvelle fois mes lèvres à la recherche de mes mots, j’avais levé mes yeux vers les siens. J’avais précisé :

- Sa Majesté est bien trop bonne avec moi. Vous me comblez de mille Trésors, Mon Ange, dont vous êtes pourtant le plus merveilleux.

J'avais fait un clin d’œil direct à ce qu’il m’avait dit quelques secondes avant sur le ton de l’humour, tentant ainsi de cacher mon émotion. L’écrin toujours dans les mains, je m’étais alors approché, me fichant pour le coup éperdument de qui était autour de nous et de qui nous regardait. Avec douceur, j’avais posé ma main sur la joue avant de l’embrasser tendrement, loin de la passion de nos échanges précédent, mais d’une pureté proche de celle de mon cœur en cet instant. Je m’étais alors blottie contre lui et joue contre joue, je lui avais murmuré :

- Je crains de ne pouvoir vous offrir votre Présent tout de suite, Enora a apparemment demandé à ce qu’il vous soit livré dans vos appartements et je n’ai pas eu envie de l’en dissuader. De ce que j’ai compris, elle ne vous offre que rarement quelque chose en public... Sans doute pour éveiller une curiosité malsaine face à toute cette bande de vautour, c’est plutôt mon genre.

J’avais eu un sourire amusé qu’il ne pouvait pas voir, le même que celui que j’avais eu en apprenant la nouvelle. Avant de me retirer, j’avais ajouté :

- Quant au mien... je suis désolée mais je ne suis pas parvenue à le retrouver ici... je vous le donnerai quand nous serons à Stroybrooke.

Comme il me l’avait promis, nous nous étions ensuite dirigés vers les jardins et la patinoire où on nous avait tendu des patins. J’ignorais s’il savait patiner. A première vue, il n’avait pas refusé l’exercice et jamais il n’aurait pris le risque de se ridiculiser devant le reste de la cour, même si tous auraient sans doute préférés détourner les yeux que de rire de son malheur. Il était bon danseur, plutôt souple, il devait savoir se débrouiller. De mon côté, je devais admettre que je n’avais encore jamais fait du patin avec une robe aussi longue et imposante mais elle me laissait suffisamment libre de mes mouvements pour que je puisse patiner sans craindre de me prendre les pieds dedans. Avec douceur je m’étais alors élancée sur la glace, d’abord seule, savourant avec délice les premiers pas sur une glace qui n’avait encore jamais servie. C’était la bête noire de tout débutant, une glace qui n’était pas suffisamment accrocheuse, qui laissait le loisir à tout type de chute. Aussi nombre de contemporains avaient préféré rester en dehors le temps que les plus courageux la face. Je m’étais alors élancée à vive allure dans la nuit, faisant un premier tout à une allure impressionnante, avant de me rapprocher d’Erwin en douceur et de lui tendre ma main, les joues rosies par l’excitation, le souffle court. J’avais senti sa main entrée en contact avec la mienne, chaude et douce et je l’avais entraîné à reculons sur le centre de la piste, nous laissant glisser avec une facilité et une douceur qui se rapprochait de la sensation de voler... ou de flotter. Il n’était pas rigide, un rapide regard vers le bas m’avait informé qui plaçait bien ses jambes, dans une bonne position, sans pour autant que ses à-coups soient experts. Avec un sourire amusé, je lui avais précisé :

- J’ignorais que vous saviez patiner. Vous vous débrouillez très bien, je reconnais bien là l’excellent danseur que vous êtes. Vous avez le jeté gracieux.

Je lui avais souri gentiment tandis que Jemerie s’était approché de nous, un regard de profonde excuse sur le visage.

- Elle veut sa mère... Elle dit que vous patinez toujours semble...

J’avais tourné la tête pour voir une Rose en pleine bouderie sur le banc. Je n’avais pas pu m’empêcher d’étouffer un rire franc en la voyant ainsi, la mine refrognée, emmitouflée dans sa doudoune. En revanche je ne voyais pas...

- Où est Isaac ?
- Il est resté à l’intérieur... Tu sais comme il déteste patiner.
- Oui, bien sûr.
- Je crois qu’il lit.

J’avais hoché la tête avant de me tourner vers Erwin :

- Puis-je vous laisser quelques instants ? Je ne voudrai pas non plus gâcher le réveillon de Rose... Je reviens vite, je vous le promets.

Je l’avais embrassé sur la joue avant de me diriger vers la petite dont les yeux s’étaient brusquement illuminés. Je lui avais tendu la main et elle s’était dirigée vers moi. C’était loin d’être la première fois qu’elle patinait, cela se sentait mais elle avait encore le pas hésitant. Elle était encore en plein apprentissage. J’étais à peine plus âgée qu’elle lors de mes premiers cours. J’avais profité de ce moment pour discuter un peu avec elle, observant avec surprise, une jolie broche dorée sur son manteau, sertie de pierres de différents violets.

- Où as-tu eu cette broche, chérie ? Tu ne l’avais pas tout à l’heure.
- C’est Isaac qui me l’a donné. Il m’a dit que le Père Noël lui avait donné un cadeau pour moi.

Elle l’avait touché et observé avec un sourire fier.

- Isaac a été très gentil de demander au Père Noël un cadeau pour toi tu sais... tu devrais être un peu plus gentille avec ton frère... j’espère que tu l’as remercié au moins ?
- Oui... Et moi je lui ai fait un cadeau aussi parce qu’il m’a dit que j’étais trop petite pour demander des cadeaux au Père Noël pour les autres.
- Tu lui as fait un cadeau ?!
- Oui... Je lui ai donné avant que vous veniez nous chercher... Je lui ai fait un dessin, mais ne le dîtes pas à Père, d’accord ?

Décidément, il y en avait des secrets dans cette famille. Mais pour une fois, j’avais souris et hoché la tête de bon cœur, soulagée à l’idée que la petite aime tout de même son grand frère, même si elle tentait de s’en cacher apparemment pour gagner les faveurs de son Père. Elle était plutôt maligne... il fallait que mon moi futur ce méfie parce qu’elle avait déjà tout des plus grand, à seulement 4 ans... Se sentant galvanisée par mon sourire, elle avait alors osé :

- Est-ce que j’aurai le droit d’avoir votre rose dans ma chambre, Maman ?
- Ben non... c’est mon cadeau, toi tu as eu les tiens.
- Mais c’est une ROSE ! Comme moi ?
- Oui mais c’est MA rose, tu comprends ?
- Et moi ne suis-je pas votre Rose ?
- Toi tu es la plus jolie de toutes les Roses !

Je l’avais fait décoller du sol dans un de ses grands éclats de rire. Elle s’était blottie dans mes bras avant de m’escalader pour se poser dans mon dos, ses mains sur mes épaules. La tenant solidement, mes bras rejetés en arrière, j’avais alors accéléré en l’entendant hurler :

- Plus vite !! PLUS VIIIIIIITE !!!

Nous avions fait quelques tours de pistes et j’avais alors entendu de loin que le feu d’artifice se préparait. Je l’avais alors posé hors de la patinoire avant de lui dire :

- Enlève tes patins et va chercher ton frère, tu veux bien ? Regardez-le ensemble, cela lui fera plaisir et ton Père n’en saura rien.

La petite avait hoché la tête avec un grand sourire timide avant de déchausser ses patins et de s’en aller en courant en direction du château. De mon côté, je m'étais détournée pour rejoindre Erwin avec douceur. Passant ma main avec douceur sur son bras, j'avais attendu qu'il tourne la tête dans ma direction pour lui préciser avec un doux sourire :

- Je suis vraiment désolée, j'espère ne pas avoir été trop longue...

Prenant ses mains dans les miennes, j'avais impulsé un nouveau départ, patinant en arrière pour le faire avancer. Toujours face à lui, les yeux brillants, j'avais précisé :

- Le feu d'Artifice ne va pas tarder... je les ai entendu le préparer.

Continuant toujours à patinant doucement en observant par moment mes alentours bien que de manière générale, les gens se déplaçaient pour éviter de rester sur notre chemin je lui avais précisé avec douceur :

- Je crois... Je crois que je n'aurai jamais imaginé passer un tel Noël...

Glissant lentement sur la glace, j'avais observé les alentours : le château illuminé, les cris de joie et d'allégresse, la patinoire, Erwin... Isaac et Rose que je percevais au loin, assis ensemble sur un talus. Toute cette joie, je la devais en partie à Elliot et jamais mon meilleur ami ne pouvait s'imaginer à cet instant à quel point il m'avait fait le plus beau des cadeaux de Noël. Comme pour me rappeler celui qu'il m'avait offert quelques années auparavant et qui m'avait presque autant soufflé, les premiers crépitements du feu d'artifice avait démarrés au-dessus de nos têtes. Les yeux humides, la gorge nouée, j'avais levé les yeux vers les premières retombées de pluie d'étoiles dorées. Sans prévenir et sans lâcher Erwin, j'avais fait un 180° gracieux pour me nicher dans ses bras, désormais croisés sur moi, mon dos contre le sien. Je m'y étais posée avec douceur, sans le moindre choc pour ne pas le déséquilibrer. Nos yeux rivés vers le ciel, j'avais profité de toute la beauté de l'instant, de toute sa magie, la chaleur de son corps contre le mien, son parfum emplissant tout mon être. Ce Noël, je le devais aussi à lui, tout simplement. De tous les cadeaux qu'il pouvait m'offrir, il n'y avait rien de plus puissant que l'Espoir. L'Espoir d'avoir enfin trouvé quelqu'un qui pouvait me correspondre, malgré les difficultés, malgré son caractère, quelqu'un qui pouvait me rendre heureuse et me réaliser, de toute les façons que je souhaitais l'être, femme, amante, mère... Il était mon Présent... et Mon Futur. J'avais observé le final des explosions directement à travers ses prunelles. Tout s'y était reflété d'une façon beaucoup plus puissante. Les lèvres entrouverte, mon visage sous le sien, je l'avais observé un instant, attendant qu'il baisse enfin les yeux sur moi. Je l'avais alors embrassé avec douceur, avec passion, sans aucune fougue pourtant, loin de tous les moments puissants que nous avions eu. Je ne le dévorais pas, je le savourai, prenant pleinement conscience alors de la douceur de ses lèvres, de la chaleur de sa langue, du délice qu'il était, quand j'étais avec lui. J'avais fini par détacher mes yeux de lui pour lui dire faiblement, d'une voix pleine d'émotion :

- Joyeux Noël...

J'avais laissé mes yeux glisser le long de son visage, sur chacun de ses traits, un instant, un long instant avant de reprendre :

- Erwin...

J'avais dégluti, le cœur battant, effrayée parce que je j'étais en train de faire, de dire, d'avouer. C'était une folie, sans doute pas la meilleure des idées, mais je l'avais réalisé ce soir. J'avais fini par trouver la réponse à la question qu'il m'avait posé hier, celle pour laquelle je n'avais pas vraiment eu l'impression de faire un choix, ou de faire ce choix sans en comprendre pleinement tous les tenants et les aboutissants. Mais en cet instant, au-delà de ces deux jours, tout était devenu beaucoup plus limpide, beaucoup plus évident. Ma façon d'accepter ses défauts, de fermer les yeux volontairement sur ce que j'aurai du voir pour fuir, ma façon de sourire, de jouir de chacun de nos moments, ce qui faisait que nous en étions encore là 10 ans plus tard, malgré son mariage, malgré lui, moi, nous...

- Je... Je crois que je t'aime...

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