« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver.
Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)


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 Beautiful Chains ϟ Erwin

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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


Alexis E. Child

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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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Edition Octobre-Novembre 2020

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________________________________________ 2023-01-15, 23:53 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




Beautiful Chains


C’était une drôle de sensation. Une de celle qu’on arrivait pas toujours à définir. Est-ce que c’était lié au choc dans lequel la situation m’avait plongé ? Je n’arrivais pas me définir par ce que j’étais, je ne savais le faire que par ce que je n’étais pas. Je n’étais pas triste. Pas heureuse non plus. Je n’étais pas sûre de vouloir être là. Pas sûre non plus de ne pas vouloir y être. Je n’étais pas soulagée d’être avec Erwin mais pas angoissée non plus. Je n’étais pas en train de regretter d’être venue, d’avoir pris la décision de l’avoir appelé ou d’avoir baissé la garde mais je n’étais pas sûre non plus que cela avait été ma meilleure décision. Je n’étais pas gênée d’être là... j’avais pensé au départ, mais ce n’était pas de la gêne, c’était autre chose, similaire et différent.

Je posais mes bagages où il me le proposait et je n’avais rien trouvé de mieux à faire pour embrayer la conversation que de lui demander à boire. C’était plus un besoin, un cri du cœur, qu’une simple demande de courtoisie. Il fallait que je boive, que je sente quelque chose de fort couler dans ma gorge qui pourrait brûler ce qui me rongeait de l’intérieur. Quelque chose qui me grise assez pour me faire oublier la situation, son passé et son présent. C'était aussi une réaction de défense à ce qu’il venait de me dire : il m’avait fait de la place dans les armoires. Réellement. Il l’avait précisé dans ces termes. Il en avait même un peu rit, comme une douce blague, mais c’était bien plus que cela. Il ne m’avait jamais réellement laissé de la place dans ses armoires. Il poussait tout au mieux ses vêtements dans une penderie commune quand nous partions en voyage mais jamais jusqu’alors il avait sacrifié de son espace vitale pour me laisser une bulle d’air... ou peu, très peu. Et là, sans même que je lui demande quoi que ce soit, alors que j’étais pleinement chez lui, il l’avait fait. Réellement. Était-ce une de ces marques d’affection que je devais prendre en considération ? C’était sans doute bien peu pour le commun des mortels mais Erwin était dans ses pires jours égoïstes et égocentrique. Ce petit geste de partage en disait donc long. Si long que j’avais paniqué, changeant de sujet, sans le remercier pour éviter de faire face à ce geste qui m’avait pourtant troublé.

Et je m’en voulais bien sûr de l’expédier ainsi. Il était rare qu’il fasse preuve d’une telle sollicitude alors que je n’attendais que ça et le jour où il le faisait enfin, je l’envoyais bouler sans la moindre retenue. Mais pas sans remord. Je me sentais horrible. Alors je me pliais et dépliais, sous le poids du stress, des douleurs engendrées par tout ça, tentant de revenir à un sujet de conversation neutre pour briser la glace : sa discussion avec la police. Il m’assurait que tout s’était bien passé mais la remarque du shérif sur la tache de sang engendrée par mon effusion à son encontre lui avait laissé un goût amer, je le voyais, l’avais entendu. J’avais tenté de m’en excuser mais le son était resté bloqué au fond de ma gorge, sans doute encouragé par l’alcool qui me faisait cruellement défaut. Il ne semblait pas m’en vouloir outre mesure, plus à la situation en tant que tel, mais je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir coupable... de ça, de tout. Si je ne l’avais pas appelé il n’en serait peut-être pas là, si je ne l’avais pas pris dans les bras... et tout ça pour quoi ? Pour un lien ? C’était si fou que j’en avais le tournis, j’avais préféré garder le silence et m’asseoir tandis qu’il me précisait de l’attendre, farfouillant à la recherche de mon verre tant attendu. Il me l’avait tendu avec nonchalance, tentant de savoir comment j’avais bien pu connaître l’alcool que je lui avais demandé et qu’il avait dans son alcothèque. Est-ce que ça devait m’étonner qu’il puisse l’avoir ? Non, Erwin avait de nombreuses connaissances en mondanités et connaître les différents spiritueux faisait parties des compétences qui allaient avait. Est-ce que son étonnement à lui était compréhensif ? Tout à fait. Il fallait dire que les Etats-Unis avaient leurs propres produits et ce genre de chose n’avait pas vraiment été importé d’Europe. Qu’une pure jus américaine comme moi, bloquée de surcroit pendant de nombreuses années dans une ville victime la connaisse, c’était forcément une surprise, mais j’avais plus d’un tout dans mon sac. Observant le liquide épais et transparent qu’il m’avait mis en bonne quantité tout en le faisant tournoyer dans mon verre, j’avais répondu modestement :

— C’est quelque chose que j’ai découvert lors de mes nombreux voyages en Italie. C’est Ronchetti qui me l’a fait découvrir au cours d’une soirée d’ailleurs, tu sais, notre ami commun. Enfin... L'ami de mon “mari”.

J’avais réalisé des guillemets avec les doigts de ma main libre, un faible sourire sur le visage lorsque mon regard croisa le sien. C’était un de nos premiers souvenirs, un des moments qui avait tout bouleversé. Me le rappeler à ce moment me semblait si à propos. Nous avions poursuivi la conversation sur les articles récents du Daily Mirror. Le fait que la presse à scandale s’empare de l’affaire lui faisait grincer des dents, je le savais, je le voyais. Mais il semblait pourtant emprunt aussi d’une certaine confiance sur le fait que le vent tournerait et rien dans son ton ne semblait me laisser la possibilité d’imaginer qu’il en douter. Erwin était plus que rôdé à ce genre d’exercice. Je ne doutais pas qu’il l’avait été dans son monde, il l’était aussi ici. Tout n’était qu’un cycle, il l’avait très bien compris et attendait simplement que la roue tourne plutôt que de se faire un sang d’encre, comme le ferait tout débutant. Ça avait quelque chose de relaxant à cet instant précis, je n’aurai pas su dire pourquoi. Peut-être parce que ça diminuait un peu la culpabilité que je ressentais à son égard. Et sa détente allait jusqu’à sa posture, un bras placé le long du canapé, dans ma direction, sans me toucher pourtant, la façon dont il faisait tournoyer son verre, avec bien plus de calme que le mien. Rien que cette vision me força à prendre une gorgée conséquente du liquide anisé, le laissant me brûler le palais et la gorge avec un plaisir certain, le sentait enflammer tout mon être et me redonner un peu du courage et de la force qui me quittait.

— Je suis désolée.

C’était sorti si vite, de but en blanc, tandis que je sentais ma lèvre inférieure trembler. Elle avait fini par sortir, cette culpabilité. Celle qu’Erwin désirait réfuter. Je ne l’avais pas regardé, n’observant que le fond de mon verre mais j’avais vu du coin des yeux son visage se tourner brusquement vers moi, ses yeux acérés posés sur ma silhouette. J’avais senti la sévérité de son propos lorsqu’il me questionna. Pour lui, ça ne faisait aucun doute que je n’avais pas à m’excuser et pourtant pour moi, rien n’était si sûr. Je l’avais observé alors, luttant contre mon envie de fuir, me faisant un devoir d’honneur que de soutenir son regard :

— A quel titre devrais-tu te sentir désolée à mon sujet, trésor ?

— A beaucoup de sujets je pense... Je n'aurai pas dû t'appeler, c’était égoïste. Elliot était avec nous, il aurait pu nous protéger tous les deux, il voulait rester avec moi, je l’ai fait partir avec Isaac parce que je savais que j’allais t’appeler et... je crois que je savais que tu viendrais.

Je m’étais senti rougir, mes joues flambant en un instant. C’était si fou à avouer parce que je ne l’avais pas réalisé jusque-là mais pourtant à l’instant où je l’avais dit, je savais que je disais la vérité. C’était pourtant si paradoxal. Je lui en voulais depuis des mois de n’avoir pas su me dire ce que j’aurai voulu qu’il me dise, de m’avoir négligé plus que je ne le voulais. Je m’en voulais aussi de poursuivre sur cette voie et de penser à lui. Je n’arrivais pas à comprendre le “lien” qui nous unissait et qui pour lui expliquait tout. Il n’expliquait rien pour moi, je le lui ai avait même fait remarquer quelques heures plus tôt dans la forêt. Et pourtant à la minute où j’avais décidé de l’appeler, j’avais su qu’il viendrait. Pour quelle raison il le faisait, c’était pourtant si flou, mais je le savais, au fond de moi, quand j’avais demandé à Elliot de partir, ça n’avait fait aucun doute.

— J’ai été égoïste. J’aurai dû comprendre que ton départ précipité aurait des conséquences sur la fête... Je... Bon il est vrai que je n’avais aucune idée que je n’étais pas la seule dans ce cas, qu’il y avait eu d’autres cambriolages et que ça allait amener à un tel article mais même s’il n’y avait eu que moi, j’ai éveillé des soupçons sur ton départ... et j’en ai encore éveillé plus quand je t’ai prise dans mes bras.

Je l’avais montré de ma main libre, faisait référence à la tache de sang que le shérif James avait relevé sur lui et dont il m’avait fait part avec une certaine acidité quelques minutes plus tôt.

— Je te remets là-dedans aussi avec Crafty alors que de base tu n’y es pour rien, que c’est entre lui et moi et...

J’avais laissé un silence, tout se mélangeait dans ma tête à mesure que les larmes montaient dans mes yeux. J'avais l’impression que ma poitrine était cette fois-ci autrement en feu, plus dû à l’alcool mais à quelque chose de plus douloureux. J’avais alors bu une autre gorgée de Sambucca avant de poser ma question : pourquoi ? Pourquoi était-il venu, tout simplement, malgré tout ça alors que je savais qu’il viendrait. J’avais senti sa main mollir sur ma pomette, celle qu’il avait posé quelques minutes plus tôt comme pour m’apaiser de la culpabilité que j’avais ressenti. J’avais vu la commissure de ses lèvres se courber un court instant dans un sourire mauvais lorsque j’avais parlé de Crafty mais ça a avait si furtif que je n’avais pas décidé d’en prendre plus grande considération. Je ressentais pourtant toujours la colère sourde qu’il ressentait à son encore et cette envie de vengeance palpable qui m’effrayait un peu. Mais pour la première fois depuis le début de notre conversation, il avait faibli. Pas son regard qui avait gardé toute son intensité dans le mien, comme s’il nous servait de connecteur pour nous dire tout ce que nous ne parvenions pas à dire avec des mots. Mais le reste de son corps c’était brusquement affaiblit, comme atteint par une balle invisible à la seconde où il l’avait pourtant déclamé avec une évidence sereine :

— Parce que j’ai eu peur pour toi.

L’impact que ça avait eu sur lui raisonnait comme une Vérité inattendu et nouvelle mais je savais qu’elle était sincère : il tenait à moi. Malgré tout ce qu’il disait, malgré la faiblesse qu’il voyait en l’amour, celui-ci avait tout de même fait son œuvre derrière les barrières qu’il érigeait : il tenait à moi. Et je le savais. C’était sans doute pour cela que j’avais été déçue ce soir de Noël, je le réalisais à présent. Pas parce que je pensais qu’il ne m’aimait pas, parce que je savais que c’était le cas mais que je ne comprenais pas pourquoi c’était si dur à avouer, pourquoi il pensait que je n’en valais pas assez la peine pour nous le dire franchement. Et c’était parce que je le savais que j’avais su qu’il viendrait. Je le voyais dans l’éclat dans ses iris dorés, dans le reflet des miens à travers les siens et tout cela avait fait monter en moi une vive émotion à laquelle j’avais pourtant refusé de céder. Je l’avais remercié, un peu maladroitement, tentant de transcrire ma pensée plus que chaotiquement. Si pour lui tout avait sonné comme une évidence, j’étais nettement plus brouillonne dans mes paroles. Mais il ne m’en avait pas tenu rigueur, alors que sa main était venue se poser sur mon épaule avec douceur, sans équivoque et sans draguerie, juste pour le soutien et la recherche de proximité.

Et cette recherche s’était poursuivie. Tant dans les mots que dans les gestes. Je n’avais rien osé dire, je l’avais laissé parler. Il semblait si bien lancé et j’étais si émue de l’entendre que le mieux était encore de le laisser monologuer. Il me disait toute sa peur de risquer ma perte et à son discours se superposait son visage affolé lorsqu’il s’était précipité dans la cuisine, la façon dont il s’était mis à genoux devant moi, sans réfléchir, lui qui ne se mettait jamais à genoux pour rien, sa façon de vérifier si j’étais blessée... tout comme la fois où son visage s’était durci et avait blanchi en me voyant agonisé le jour de l’accouchement, sa façon de sortir Isaac sans même se poser de question... pouvais-je seulement remettre en doute ses paroles ? Bien sûr que non et toutes ces images étaient gravés en moi, celles de l’accouchement depuis longtemps me confortant sans doute dans le fait qu’il viendrait. Il m’assurait que c’était sa décision, qu’il avait été ravi d’en être, que je l’appelle et je réalisais alors que tout comme moi, lui aussi avait douté du fait que je décide de faire marche arrière, que je refuse d’avancer dans notre relation et que je m’en détache. Pour lui répondre, je m’étais contenté de fermer les yeux un instant, sentant mes larmes coulés, acquiesçant lentement de la tête comme pour le rassurer sur le fait qu’il n’en avait jamais été autrement. J’avais senti sa main chaude serrer les miennes et j’avais senti mon corps de réchauffer tout entier à ce contact. Et son front qui vint se poser doucement sur le mien, à peine effleuré, comme s’il n’osait pas encore affirmer ce geste d’intimité que nous faisions sans relâche pour nous exprimer notre affection. Il me promettait qu’il veillerait à ce que Crafty ne me touche jamais, que personne ne me touche jamais d’ailleurs et que j’étais en sécurité et même si je voulais le croire, je ne pouvais qu’en douter. Je pensais qu’il me disait cela parce qu’il se savait maire, qu’il se savait en bonne position pour donner les ordres à la police et faire avancer l’enquête, j’ignorais ce qu’il voulait dire réellement et en cet instant, c’était nettement mieux ainsi. Je préférai croire à sa version romanesque qui lui donnait cet Espoir fou pour lequel je doutais plutôt que de voir la noirceur de cette promesse. Il s’était reculé un instant pour finir son verre et j’en avais fait de même comme si c’était là le signal qu’il nous fallait le reste de courage pour finaliser cet échange.

J’avais alors eu à peine le temps de poser mon verre que j’avais senti ses mains encercler mes joues, ramenant mon visage vers le sien, contre le sien, mes lèvres contre les siennes. Il n’y avait aucune fougue et aucune violence dans notre baiser. Juste une douceur et un respect mutuel, un de ce complétement incarné qui donnait à notre relation une élévation nouvelle. J’avais remonté en douceur mes mains vers sa nuque, la caressant lentement en y déposant la pulpe de mes doigts. C’était comme des retrouvailles. Nous nous étions embrassés pourtant depuis Noël mais rien n’avait la saveur de ce que nous vivions à cet instant : cette certitude de tenir l’un à l’autre, d’être là l’un pour l’autre, d’être en sécurité ensemble, que cela créait une force nouvelle et mutuelle : celle de ne pas être seuls. Et combien je ne voulais plus être seule, plus me battre seule, tant contre le monde que mes vieux démons. Mais je savais aussi qu’il fallait avant tout m’aimer en premier avant que quiconque ne m’aime et ce chemin était encore long... et j’avais faussement l’impression qu’Erwin m’aidait à y accéder. Nous avions pourtant fini par nous éloigner, après un long moment, un long baiser où nos langues s’étaient mélangées, comme pour sentir notre proximité au plus profond de nos êtres. J’avais alors vu dans son regard le même regret que dans le mien, celui de devoir suspendre ce moment que j’aurai pourtant tiré à l’infini. Comme pour m’y raccrocher encore un instant, j’avais posé une main sur sa joue, paume contre sa pommette, la pulple de mes doigts sur sa tempe.

— Je...

T'aime. Je n’avais pourtant pas voulu le dire, pas tomber dans le piège de revenir à cette conversation qui nous avait rongé et je l’avais éteint dans un soupire, fermant les yeux au passage, le terminant plus par des gestes que des mots, collant à nouveau mon front une seconde sur son front avant de me reculer définitivement, tandis qu’il décidait d’enchaîner sur mon installation, de sorte sans doute à dissiper au plus vite tout malaise.

— C’est gentil, merci... Il faudra quand même que j’aille chercher son lit si jamais nous devons rester, pour le moment je n’ai pris que son lit parapluie mais si ça prend du temps, je préférai qu’il soit dans un vrai lit... Je... je ne sais pas encore si je souhaite rester ici je t’avoue... Tu dis que le lieu est sécurisé et inconnu mais des mecs comme Crafty savent fouiner où ils veulent, j’en suis sûre. La preuve, il est parvenu à remonter jusqu’au bail de mon appartement initialement pour me faire chanter et a retrouvé mon adresse. Ne le prends pas mal mais j’ai un peu du mal à me sentir en sécurité où que ce soit... surtout... surtout si je ne peux pas compter sur la police pour me protéger...

J’avais baissé les yeux, un peu honteuse de ce que j’avouais. Cela pouvait sonner comme un reproche mais ça n’en était pas un. Je savais les risques que notre relation pouvait engendrer, je savais que nous n’avions pas le droit à la visibilité des autres couples mais il fallait que je fasse en fonction de ce que je ressentais, du traumatisme et surtout tout pour la sécurité de mon fils. Déglutissant, j’avais caressé mon bras de ma main d’un air gêné en relevant les yeux vers lui :

— J’hésite à plutôt emménager chez Regina le temps que tout se tasse... Elle pourra protéger le manoir au cas où et sera ravie de nous avoir avec Isaac pendant quelques temps. Je pense qu’elle n’y verra pas d’inconvénient si tu nous rends visite... je sais que c’est un peu moins intime mais... Je suis pas certaine de pouvoir vivre seule pour le moment, même... même si tu m’as laissé une vraie place dans les armoires... rien que pour ça, j’ai presque envie d’accepter l’offre.

J’avais eu un petit rire, tentant de détendre l’atmosphère. De son côté, Erwin était passé sur l’interrogatoire.

— Oui, tout s’est bien passé... Oui... on a parlé de tout. C’était... C’était pas évident mais elle a été très douce et rassurante, je crois que ça m’a quand même fait du bien, j’ai eu l’impression que le dossier était entre de bonnes mains et j’ai préféré lui donner le plus d’informations possible... J’espère ne pas avoir fait de bêtise dans ce que je lui ai dit mais normalement j’ai dit exactement ce qu’on s’est dit...

Il en était alors venu sur le vol des sous-vêtements et mon ancien métier au Rabbit Hole. Je devais bien avouer que je l’avais regardé un peu surprise. Je n’étais pas certaine qu’il connaissait cette partie de ma vie. Il avait toujours vécu pas très loin de chez Regina et avait sans doute suivi une bonne partie de ma vie mais je n’en avais absolument aucun souvenir. Peut-être même que mon métier le lui avait seulement été révélé lors de mon premier différent avec Crafty. J’avais bien vu que je l’avais surpris par moment, comme s’il s’attendait à autre chose... et le temps m’avait permis de savoir qu’il portait très peu de considération à ce genre d’établissement et aux gens qui y travaillaient. Je doutais brusquement, est-ce que c’était pour cela qu’il souhaitait faire des choses... “particulières”... avec moi dans notre intimité ? Il semblait en tout cas penser que je n’avais absolument aucun complexe, ce qui allait avec la pensée générale de ce qu’il se faisait du milieu. Je m’étais alors senti un peu rougir de devoir parler de ce moment avec lui, ne m’étant absolument pas attendu à cette question, ni même à ce qu’il puisse relier ça à mon vol de sous-vêtement, ça n’avait aucun rapport pour moi. Malaxant mes mains sous l’effet du stress, j’avais décidé de répondre, un peu hagarde :

— Oh... J’ignorai que tu connaissais cette partie de ma vie... Euh... le prends pas mal mais ta question est un peu bizarre...

J’avais eu un petit rire gêné mais tendre, pas moqueur. Il semblait être empreint de jugement sur le métier sans y connaître grand-chose, à moi d’être pédagogue pour ouvrir son horizon. Avec douceur j’avais relevé les yeux vers lui pour lui expliquer :

— Si j’ai choisi ce métier, c’est avant tout pour faire chier Regina déjà. J’étais à la sortie de mon adolescence et j’étais un peu perdue... je savais pas quoi faire de ma vie. Tout le monde trouvait sa voie, encore plus avec la fin de la malédiction et j’avais l’impression de trouver ma place nulle part. J’en voulais beaucoup à ma mère... à tort et à raison pour être honnête. Alors en plus de mon métier de fleuriste, je me suis dit que c’était pile le truc qu’il la ferait sortir de ses gongs. Je comptais pas vraiment le faire au début ou juste un temps, c’était pas un truc qui me branchait et puis... Et puis j’ai découvert à quel point c’était salvateur d’une certaine façon. Ça m’apprenait la confiance en moi, j’avais l’impression de reprendre le contrôle de ma vie et de mon corps... Je n’ai jamais fait beaucoup de striptease ou de Pol dance, j’étais plus serveuse mais il arrivait parfois à Hadès de me proposer quelques shows... je crois qu’il crushait un peu sur moi à l’époque... Sur mon physique du moins.

J’avais eu un sourire gêné en plaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille.

— Bref, si je te dis tout ça, c’est aussi pour te donner un contexte. Quand j’ai fait ce métier-là, c’était mon choix. Mes règles, protégées par les règles du boulot. Ça faisait partie du truc de se faire mater et reluquer mais si un touchait sans permission alors il se faisait recadrer. Je savais que pendant quelques heures je jouais de mon corps et que j’étais payée pour ça, je jouais un rôle et quand je rentrais chez moi ben... j’étais moi... dans mon intimité. C’est comme un métier d’arts et spectacle en soit ou... ce qu’on a essayé de faire toi et moi... les limites sont celles de qu’on veut faire et ce qu’on permet de faire. Ce que Craf... ce qu’il a fait c’était... autre chose. C’était purement intime et contre mon consentement. Il est venu CHEZ moi, il a observé MA lingerie, celle que je destine à personne d’autre que moi et aux hommes à qui je veux la montrer... toi en l’occurrence ces derniers temps. Il en a volé pour s’imaginer et faire je sais pas quoi avec... c’est... c’est humiliant... je contrôle rien dans un moment comme ça c’est... comme un viol... et après on me demande d’en parler à quelqu’un d’autre. Ça n’a rien à voir. On joue pas avec mes règles, je joue pas un rôle, c’est ma véritable intimité à laquelle on touche, sans mon consentement et c’est... c’est beaucoup plus dur de l’avouer du coup... tu comprends ? Et du coup il faut encore que je montre mon tiroir intime à pleins d’autres gens que je connais pas et à qui je veux rien montrer pour qu’ils constatent le vol et prennent des photos qu’ils vont mettre dans un dossier comme une preuve à conviction. C’est comme me demander de me balader nue dans la rue. Ou de m’y forcer. Ce que j’ai fait pendant ces années-là, j’ai bien voulu le faire et j’ai accepté d’offrir une partie de moi pendant certaines heures à certaines personnes... ça veut pas dire que je suis prête à le faire tout le temps et devant tout le monde. Tu comprends la différence ?

J’avais hésité un instant avant de lui poser la question qui me brûlait les lèvres et pourtant, je sentais que c’était maintenant ou jamais, maintenant qu’il avait ouvert la boîte de pandore. Je n’avais aucune intention de démarrer une dispute, pas en cet instant, mais je sentais que c’était le bon moment pour crever un abcès qui risquait de se créer si jamais je ne posais pas ma question :

— Est-ce que... Est-ce que c’est ce que tu as vu en moi les premiers temps ? Une dévergondée accroc au sexe et sans aucune intimité ? Est-ce que... c’est ce qui t’a poussé à commencer une relation avec moi au départ en pensant que ça serait forcément facile ? Tu m’as déjà plus ou moins montré que c’était pas un univers qui te plaisait grandement et pour lequel tu avais certains préjugés... et du coup je me demande si tu es passé outre avec moi en y voyant autre chose ou au contraire tu es allé dans les premiers instants dans ces stéréotypes juste pour avoir une nuit sympa en dehors de ton mariage ? Ne m’en veux pas de te poser la question, s’il te plaît, je ne juge pas... je vois juste que tu fais un raccourci dans ta demande alors je m’interroge... je me demande aussi... si... c’est ce qui fait que tu me propose d’avoir ce type de relation sexuelle un peu plus... poussé ? Pardon je sais pas comment dire tout ça et je pense que tu as pu voir que c’était plutôt nouveau au contraire pour moi...

Une fois de plus, j’avais baissé les yeux, regrettant presque que mon verre soit désormais vide.

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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

Erwin Dorian

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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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________________________________________ 2023-03-05, 13:19 « If the crown should fit, then how can I refuse? »




Le lien




Dès qu’Alexis avait pris conscience des événements, Elliot était intervenu dès la prise de conscience. Preminger le savait. Elle lui avait dit. Pourtant, dans la précipitation, dans les cris, le sang, l’effroi et la panique, il n’avait pas pris la mesure de ce que cela signifiait. Ou n’avait pas voulu l’entendre. Bien évidement qu’Elliot possédait la capacité de gérer l’entièreté de la situation. S’il l’avait voulu, le futur Titan Roi aurait pu lui livrer Crafty d’un claquement de doigt. Il tenait en main, d’après le Destin et les deux lunes présentes dans le Ciel, la Destinée de tout à chacun entre ses mains. Leur devenir. Il pouvait anéantir Crafty. Et de manière moins extrême que cette certitude, à la minute où Elliot avait pris connaissance de la situation… Isaac comme Enora ne risquaient plus rien. Il était et aurait été en mesure de les protéger, de les mettre à l’abri et même d’appeler la police. A la minute de son intervention, toute la situation se trouvait sous contrôle. Preminger portait peu « l’éternel adolescent » dans son coeur – il se souvenait encore de son commentaire sur son costume lors de leur première rencontre- et pourtant, il savait qu’au-delà de toute l’espèce de dédain qu’il éprouvait à son égard, ce dernier possédait des pouvoirs...incomparables. Et qu’il vouait à sa maîtresse, une affection amicale sans limite.
Et pourtant, Alexis, dans l’entièreté de son mal être, dans sa peur, dans son effroi n’avait pas souhaité recourir à son aide, hormis pour mettre Isaac en lieu sûr. Non. Elle l’avait renvoyé pour l’avoir LUI. Ce qui n’était pas sans gorger d’orgueil, le fier paon que pouvait être l’ancien ministre.
Cependant, aussi fier que l’ancien ministre pouvait l’être, il se savait, cependant, plus dénué de pouvoir. Mais cela ne faisait que renforcer davantage tout l’attrait qu’elle mettait sur sa relation avec lui. Elle qui doutait encore jusqu’à peu, n’avait réclamé que Lui. Tout en sachant qu’il était moins à même de la protéger au sens où Elliot le pouvait. Cela n’avait pas eu d’importance à ces yeux lorsqu’elle s’y était livré. Elle avait simplement besoin de Lui à ses côtés.
Et il n’avait pu que le comprendre. Le savoir. Après tout, Erwin savait pertinemment que la jeune femme disposait, dans son cercle privé de proches, des personnes disposant de capacités...phénoménales. Et c’était un euphémisme. Qu’il soit cependant celui appelé en cas de danger voulait TOUT dire.
C’était aussi une part qui l’avait poussé à se précipiter à son chevet. Même si cela tenait davantage à la peur franche et terrifiante de la perdre que de savoir qu’elle le réclamait. Mais cela restait une manifestation claire de ce qu’elle ressentait pour lui et qu’elle n’avait pas eu peur d’exprimer. Pouvait-il considérer que c’était la certitude de se sentir aimé ? Oui… Du pouce, il lui avait caressé la pommette, doucement, caressant le rosé de ses joues que cette déclaration faisait naître. Elle était charmante ainsi. A l’orée de la douceur, de la fragilité, et cependant si forte malgré ses fêlures.

- « Oh voilà qui est très vilain, dis donc…  » il l’avait susurré, avec délicatesse, des notes narquoises ponctuant son sourire. Pourtant ce dernier restait doux, vide de toute moquerie, et son regard sérieux achevait de l’exprimer « Je préfère que tu m’aies appelé. Mille fois. » L’assurance qu’avait pris sa voix ne laissait nulle place au doute. « Quant aux « soupçons » que cela a pu générer, ne t’en préoccupe pas. Je savais que mon départ précipité pouvait faire parler, quand bien même j’ignorais tout le contexte extérieur… Je peux gérer cela. Tout comme je peux gérer quelques tâches de sang inopportunes sur ma chemise. Je pense que nous pouvons apparaître suffisamment liés, aux yeux de l’opinion publique, pour que cette dernière puisse admettre qu’en proie à un choc aussi terrible, tu aies pu te précipiter sur l’individu venu te prêter main forte. Et que, considérant ton choc, mon réflexe n’ait pas été de te repousser. Nous n’avons rien fait de condamnable. Et tout se justifie… Vraiment ne t’en préoccupe pas, apaise-toi à ce sujet… Ceci est de ma responsabilité. Si le Maire ne peut pas régler le mécontentement temporaire des citoyens, alors il est indigne de ses fonctions. Quant à Crafty…. » il avait laissé un temps s’écouler, en fronçant les sourcils « Tu sais… C’est ce malfaiteur et non toi, qui m’a lié à cette affaire, en décidant de te faire chanter par l’intermédiaire ce titre de propriété. Voilà ce qui m’a inclus dans l’équation. Je suis persuadé qu’il n’en n’a tiré que plus de satisfaction à l’époque puisque, comme je te l’ai déjà dit, l’animosité est un terme faible pour décrire ce que je ressentais déjà à son égard. Alors, non, c’est lui qui m’a forcé à rentrer dans ce rapport de force entre toi et lui. Aucunement toi. Si j’y suis aujourd’hui, en voilà l’origine. Tu ne m’y as pas appelé, aujourd’hui, en m’appelant. J’y étais déjà, depuis l’origine, trésor. Et puisque j’y suis, je ne compte pas en sortir. Ce n’est pas toi contre lui. Nous sommes une équipe, trésor. Et je ne vais certainement pas le laisser gagner.  »

Un petit ricanement avait égrené ses propos. Non. Crafty ne pouvait pas gagner. Surtout lorsqu’on savait lequel des trois était en réalité l’intrus. Un intrus qui avait, par trop, pris ses aises. Bien dommage ! A bien des égards Crafty avait été et possédait tous des qualités d’un excellent exécutant et d’un bon chef d’équipe lorsque Preminger le jaugeait à son rang comme homme de la pègre. Aussi peu doté de beauté de naissance, Crafty possédait son petit charisme dans sa carure imposante et ses sourcils broussailleux qui lui donnait un air d’ours mécontent. Par son bagout et sa force, il s’était bâti une petite influence appréciable. Il faisait du travail net, efficace et souvent définitif dans le sens le plus strict du terme. Mais en dehors de cela, Preminger n’appréciait guère l’individu. Il était frustre, grossier, vulgaire…et avait perdu une occasion de le dissimuler. A présent, il ne perdait rien pour attendre. Il avait été trop loin. Bien trop loin. Rien qu’à y penser, le Ministre songeait avec délices aux sévices qui l’attendait.
Alexis en parallèle l’interrogeait sur la raison de son action, de sa venue de sa précipitation. Il l’avait admis. Dit. Énoncé. Il avait eu peur. Il ressentait encore cette sensation d’apaisement alors que sa main se déposait sur sa pommette. Il ressentait sa présence et cela le ramenait à ce qu’il aurait pu perdre. A cette peur qu’il ne ressentait plus, maintenant que le danger était passé mais qui était susceptible de rejaillir, aussi vivement qu’elle l’avait fait, tel l’eau puissante et inarrêtable d’un conduit d’eau percé. Ou d’une jarre d’eau percée, oui, cela était plus métaphoriquement joli. Tout comme ceci se révélait être… C’était sa Vérité inattendue. Sa Vérité étonnante mais vrai. Il n’avait pas souhaité la perdre. Il ne le permettait pas. Et ne permettrait jamais plus à Crafty de s’immiscer dans cette relation, en en brisant les repères.
Jamais elle n’aurait du voir bafoué et sali sa propre maison. Un lieu si beau. Un lieu qu’il l’avait vue aménager et entretenir de ses propres mains, avec amour et patience, dans le même trait de temps qu’Isaac s’était développait en elle. Il la revoyait préparer cette chambre d’enfant, encore ignorante à l’Amour fou qui la lierait à son fils… Et ce que cette vermine en avait fait.
Preminger lui avait dit d’ailleurs. Tout dit… Enfin ce qu’il se sentait de dire et que sa bouche exprimait enfin avec plus de facilité que jusqu’alors. C’était une évidence… Des yeux maintenant clos de sa maîtresse, des larmes s’échappaient, alors que sa tête oscillait en un oui. Elle admettait. Entendait ce qu’il lui déclarait. Sa main était venue enserrer celles de la jeune femme lui rappelant encore qu’il était là, alors que son front se déposait sur le sien ; Cela serait tout. Cela et la promesse que Crafty ne toucherait jamais ne serait-ce qu’un de ses cheveux, qu’il le mettrait hors d’état de nuire.
Puis… d’un baiser il avait fini par l’étreindre. De ces baisers doux qui ne voulaient rien, ne prenaient mais donnaient tout. Ils ne faisaient rien d’autre que vivre l’instant et vivre les sentiments qu’ils transmettaient et éveillaient. Il y avait du respect, de la douceur et un sentiment d’affection sincère et vivace.
Tout à cette démonstration, il avait senti ses mains se déposer sur ses joues. Elle venait ainsi, par son attitude, prendre possession du baiser et se faisant, elle Les retrouvait. Les liaient à nouveau. Maints baisers avaient été échangés depuis Noël et pourtant… Pourtant celui-ci possédait une saveur particulière. Il était Réconciliation. Pardon. Retrouvailles. Il était le Pont entre le Passé et l’Avenir. Le chemin vers ce qu’ils deviendraient ensemble. Étonnamment, il se sentait plus léger, une certaine sérénité passait en lui. Il avait admis et les choses allaient plus simplement. Comme si rien n’avait jamais été restreint que par seule résistance.
Bien malgré eux, pourtant, le baiser s’était tari, et ils s’étaient reculé, avec le même regret, le même souffle court d’une respiration nouvelle. Délicatement, sa maîtresse était venue déposer sa main droite sur sa joue gauche. Elle avait pris un soin tout particulier à englober son visage, dans ce geste mué de tendresse.

« Je… »

Ses mots avaient initié le prémisse d’un aveu renouvelé pourtant tu, dans un frémissement. Puis avait clos les yeux, comme une porte battante refermée sur un secret. Pourtant, Preminger savait. Il savait très bien ce qu’elle avait failli admettre. Tous deux savaient. Il n’y n’avait pas d’ombrage, ne s’en serait pas refermé pour autant. Mais pour autant, elle ne s’était pas aventurée sur ce sentier rocailleux mais connu. Non. Cela revenait à ouvrir une brèche sur une ancienne discussion qu’elle ne souhaitait visiblement pas mettre à l’ordre du jour. Erwin comprenait. Cela les avait tenus éloignés des mois durant. Non physiquement, mais là où les corps se retrouvaient encore, l’osmose des êtres, elle, subissait des difficultés. Elle l’avait fuit, il l’avait laissée… Ils s’étaient attendus à leur manière respective… Et avaient vécu ces derniers Temps des choses davantage importantes. Un bouleversement qui les avait rappelé à Eux de manière inextricable. Si les mots pouvaient encore avoir une force négative, les gestes eux ne provoquaient pas d’esclandre ou de conversation. Ils parlaient pour eux. C’était ce qu’elle avait fait en l’appelant. C’était ce qu’il avait fait en venant. Et tous deux le savait. Doucement, Alexis avait incliné la tête apposant son front sur le sien, comme pour y inscrire son aveu. Fusionner d’une manière bien plus symbolique et douce que l’acte charnel le permettait parfois. Davantage à la manière des animaux saluant leurs compagnons.. Ils étaient restés ainsi, encore, figés dans le Temps…. Avant qu’elle ne se recule.
Alors avait-il enchaîné sur les installations, un sujet davantage « léger »… même s’il était justifié par un événement qu’il espérait pas trop traumatique pour la jeune femme. Au moins, serait-elle en sécurité à ses côtés, ici. Il y avait veillé. Et puis, cela leur rappelerait, sans nulle doute, leurs débuts clandestins. Certains non-dits avaient été dissipés depuis, et de nombreuses choses s’étaient améliorées et amplifiées, mais...y voyait non une régression mais une consécration.
Si bien qu’il avait froncé un peu les sourcils, fâcheusement surpris, lorsqu’elle avait évoqué l’éventualité de ne pas demeurer ici. Craignant pour sa sécurité…

« … Oh tu sais, lorsque tombe l’annonce de leurs méfaits, les hommes recherchés comme l’est Crafty vont essayer de se faire tout petit, ma très chère. » décréta-t-il en levant l’index « Parce que si cet imbécile a ne serait-ce qu’un sou de jugeotte… il saura que tu as mis la police à ses trousses. Alors, pour un moment, il devra se mettre en retrait. Il n’a aucun intérêt à trop se placer dans ton ombre pour le moment. » Ses épaules avaient roulé, tandis qu’il ajoutait « Oh, je ne dis pas qu’il ne cherchera pas à garder un œil sur toi, bien sûr qu’il tentera de le faire. Par l’intermédiaire de ses hommes, d’abord. Puis, lorsqu’il pensera la pression policière moins présente, alors il sortira de sa cachette. Mais crois-moi, il te cherchera là où il s’attendra à te trouver : chez toi, à la librairie, chez ta mère, chez ta tante ou ton entourage proche. C’est ce qu’il a fait, précédemment. Mais ICI ? Dans mon appartement non officiel ? » il avait levé un sourcil ironique « JAMAIS. Comment diable pourrait-il savoir ceci ? Il ne sait rien sur nous. S’il en avait su quelque chose, il aurait eu grande idée de l’exploiter contre nous. Il est remonté jusqu’au bail de ton appartement parce que cela le concernait, trésor. Et il avait du temps, il était caché… Là… c’est tout autre chose. Ici est le dernier endroit où il te cherchera. Mais… Je comprends tout à fait que tu puisses… considérer que la présence de la p olice puisse être… rassurante. »

Il ne lui en voulait pas. Aussi important qu’il puisse être dans la ville, il ne bénéficiait pas d’une milice privée. Et celle suivie par sa mafia lui était totalement inconnue. Et il n’était pas question de lui en révéler l’existence. D’autant qu’il était particulièrement notable que ce jour, elle avait failli à sa mission et qu’une restructuration corsée s’imposait en la matière…
Il avait opiné, tordant sa bouche lorsqu’elle évoquait son hésitation et son choix qui la poussait à rejoindre la maison de sa mère. C’était compréhensible sur bien des points. En tant que fille, déjà. La maison familiale ne représentait pas toujours une sorte de cocon protecteur ? Le concernant, jamais, mais c’était souvent le cas chez autrui. Pour elle ? Cela pouvait être néanmoins discutable. Les rapports entre Alexis et la notion de famille avaient toujours été des plus complexes et notamment ceux la liant avec Regina… Mais les deux s’aimaient profondément. Et puis, c’était la maison de la Méchante Reine. Regina avait beau avoir effectué une rédemption notable, aucun habitant n’avait oublié ce dont elle avait été capable par colère, vengeance et souffrance. Si bien qu’instinctivement, les personnes gardaient l’instinct de ne pas la contrarier. Même en cela, Crafty avait été d’une bêtise dangereuse…

— « Il est vrai que ta mère… Bénéficie de sérieux atouts pour assurer ta protection. Même si je maintiens tout de même que son domicile sera forcément l’un des premiers où toute personne te chercherait... » il secoua la tête, néanmoins, agacé, « Oublie-cela. Je suis susceptible de t’effrayer par égoïsme… Alors qu’il est notable qu’il est clair que ne serait-ce que par l’existence de ses pouvoirs, Regina assure déjà davantage ta protection. Si on y ajoute sa réputation… Je suis bien plus que perdant… Cela sera seulement...difficile de se voir, mais… nous avons survécu à bien pire, nous survivrons à ceci… Si jamais tu la choisis. »

ll avait levé les deux mains…lui avait offert un sourire peiné.
Puis avait enchaîné sur l’interrogatoire. Il ne voulait pas ainsi. Bien sûr qu’il souhaitait qu’elle reste ici. C’était ce qui les arrangeaient le plus. L’arrangeait le plus. Il avait tout prévu pour l’y mettre en plein confort, lui avait aménagé de la place… Et tout se passait si bien. Les retrouvailles se révélaient si tendres, qu’il ne s’en sentait que plus que frustré de se voir peut-être ravir cette quiétude soudainement promise. Et pourtant, il se forçait à ne pas être totalement, ainsi. Si elle restait, cela devrait être son choix. Si en dépit de tout, elle se sentait plus en sécurité auprès de Regina, et bien..quelle y aille donc. Elle n’était pas censée savoir que la menace qui la faisait tressaillir ne serait bientôt plus en état de lui nuire. Et que ces précautions prises ne serviraient donc à rien.
Il devait se taire à ce sujet. Il ne pouvait que se taire à ce sujet. Alors, quitte à rester le fautif de sa peur, il préférait encore qu’elle choisisse l’option que la fasse se sentir le plus en sécurité.
En attendant, Alexis semblait s’être particulièrement entendue avec Jessie, de ce qu’elle semblait lui en dire. Ne serait-ce que l’évocation d’Isaac par la jeune policière lui avait mis la puce à l’oreille. Mais cela se confirmait. Il s’agissait de deux jeunes femmes au caractère diamétralement différent pourtant mais.. il pouvait voir en quoi le côté brusque et franc de la shérif pouvait séduire sa maîtresse. La Shérif dégageait une telle impression de vérité qu’elle en provoquait la confiance. Et aussi brute de décoffrage pouvait-elle être, il se doutait qu’elle pouvait faire preuve de douceur lorsque les circonstances l’exigeiaent. Après tout, leur discussion avait été très professionnelle, en dépit de tout ce qu’elle pensait de sa « culpabilité » dans les événements. Pour cela, il se réjouissait du choix d’Hadès. N’en déplaise à ce dernier, il avait placé une femme compétente et incorruptible à ce poste. Ce qui était tant une épine dans son pieds qu’une alliée bienvenue. Au moins, savait-il qu’elle ne le trahirait pas et qu’elle agissait au mieux des intérêts de la ville et de la morale.

« Je suis persuadé que tu as fait de ton mieux. Si tu as dit ce que nous avions convenu, il n’y a pas de raison de s’alerter… »

Sa main s’était déposée sur celle de la jeune femme, tendrement. Se satisfaisant de la tendresse retrouvée. Elle lui avait manqué. Il pinça les lèvres, songeant à Hera… Il la voyait lever sa coupe remplie d’un vin rouge et au demeurant délicieux, à son encontre. Qu’à cela ne tienne si elle n’avait pas tort… Il n’en demeurait pas moins satisfait…
Et le sujet suivant étant venu de lui-même… Peut-être tiré des retrouvailles et du sentiment de purification qui en ressortait. Ils se retrouvaient, mettaient à bas les non-dits. Alors sûrement s’agissait-il du meilleur moment pour l’interroger, d’autant que son comportement face aux agissements de Crafty avait attisé sa curiosité. Ses yeux avaient scruté son attitude, jusqu’au rougissement que le sujet avait provoqué sur ses joues.

« Oh... J’ignorai que tu connaissais cette partie de ma vie... Euh... le prends pas mal mais ta question est un peu bizarre... »
« Je ne le prends pas mal. C’est peut-être indiscret. Ca l’est, d’une certaine manière, mais… après tout, nous sommes proches… Mais ce n’est pas une raison, tu n’es pas obligée d’y répondre. Enfin... »

Il s’était arrêté. Il s’agaçait à ne pas être clair, à être… par trop à fleur de peau. La colère et la peur laissaient encore des marques en lui, quand bien même, il considérait avoir repris le contrôle de la situation. Peut-être était-ce simplement le fait de la voir là, à ses côtés, fraiche, lavée… Et de ne pouvoir encore empêcher son cerveau de se la remémorer imbibée de sang…. Il dérivait. Fronçant, les sourcils, agacé, il finit par reprendre :

- « Je l’ai appris en feuilletant ton dossier. Je cherchais ton contact, je me suis dit que le plus simple était peut-être de te contacter à ton travail. Et certaines anciennes informations étaient encore indiquées dans les documents que j’ai du ressortir… Voilà comment je l’ai su. Peut-être qu’à l’époque aussi, j’avais appris l’information par le bouche-à-oreille, mais depuis lors je l’avais occultée. Je ne fais pas réellement attention aux cancans... Si tu ne veux pas en parler... »

Il lui avait dit qu’il ne faisait pas attention aux cancans. Et c’était vrai… à sa manière. La plupart du temps, les petits ragots de bas-étage passaient bien en-deça de ses si grandes préoccupations. Mais en définitive, il ne les oubliait jamais. La résurgence folle de la Cour, que cela. Elles revenaient spontanément, lorsqu’elles présentaient matière à servir ses intérêts. Il savait très bien quoi en retenir, quoi en déduire. Et au regard de ce qu’il avait pu savoir d’elle dans le passé, ce choix ne l’avait pas spécialement étonné. Lorsqu’il avait appris sa reconversion en libraire, il avait trouvé en revanche ce revirement salutaire.
Néanmoins, il avait laissé sa phrase en suspend. Si elle ne voulait pas en parler elle n’avait pas à le faire. Quand bien même il avait présenté l’interrogation de la plus douce des manières, la question n’en restait pas pour le moins curieuse et peut-être source de gêne pour celle qu’elle était finalement devenue.
Mais elle avait parlé. Parlé de la raison qui l’avait poussée à faire ce métier. Sa mère. Regina. Et sa peur de ne pas trouver sa place dans la vie… Ce n’était pas nouveau, songea-t-il, déjà plus jeune, en pleine adolescence, elle avait déjà cette tendance à une sorte d’autodestruction qui raisonnait comme l’expression d’un profond mal-être. A présent qu’elle posait elle-même les mots sur cet état d’esprit, il l’associait plus aisément à ce qu’il avait pu entrevoir d’elle à cette période et ce qu’elle était, aujourd'hui. Etait-ce sa non-appartenance à cette ville ? Le poids d’une mère comme Regina ? Ou une peur viscérale de l’abandon ? De ne pas être assez bien pour beaucoup qui la poussait à l’auto-sabotage ? Il l’ignorait mais il n’était pas si étonnant de la voir raisonner ainsi. Oui. La faire sortir de ses gongs. La forcer à s’intéresser à elle. A une volonté de crier, de hurler l’attention vers elle. De crier qu’elle existait. De la « pire » des manières pour beaucoup, mais tout de même. Elle existait. Elle pouvait être vue. Etre désirée. Qu’elle n’était pas contrôlable. Qu’elle possédait son propre contrôle. Ses propres envies. Etonnament, elle usait d’un métier pur où le regard d’autrui vivait en maître et où Preminger avait toujours eu l’impression que celles qui l’exerçaient se pliaient au regard des clients. Et pour autant, il était vrai que résidait dans cette sorte « asservissement », une maîtrise de soi particulièrement curieuse. Et une réciprocité réelle. Se sentir désirée, puissante par ces regards, sans pour autant s’y sentir contrainte d’y céder. Oui, il y avait peut-être là une forme de puissance. Elle venait certes pour les clients, mais elle demeurait maîtresse du jeu… Elle restait libre de ses envies. Ce n’était finalement pas eux qui jouaient avec elle, mais elle qui jouait avec eux.
Elle avait poursuivi dans ce même raisonnement. Les limites qu’elle y trouvait. Et alors qu’il y réfléchissait, il y voyait un parallèle surprenant avec sa propre situation passée. Il avait toujours eu tendance à ramper parfois pour obtenir ce qu’il désirait. Et sans en tirer pour autant la moindre honte… Chose qui aurait été pour la plupart des gens très mal comprise.
Le pouvoir dans ce genre de situation ne résidait pas là où l’on pensait qu’il était. C’était peut-être d’ailleurs, tout ce qui l’avait toujours tenu éloigné de ce genre d’établissements. Il n’était pas du genre à se laisser dominer par autrui, il se laissait dominer par ses propres désirs. Ceux qui les fréquentaient en revanche se retrouvaient asservis par les autres, ils en dépendaient…
Mais il y avait dans cet exercice quelque chose de particulièrement plaisant que de contrôler ses actions, d’en être maître. Elle agissait de même, ce faisant, d’une certaine manière. Elle jouait. Jouait un rôle. Ne ressentait rien d’autre que le plaisir de la démonstration. Et ce rôle qu’elle enlevait dès qu’elle franchissait la porte de l’établissement. Comme un costume que l’on enfilait avant un spectacle… Comme ceux qu’elle revêtait pour la Cause mystérieuse qui l’avait poussée à Paris.
Aussi sûrement qu’il appréhendait la chose, il prenait conscience qu’elle n’avait jamais cédé à aucun des comportements qu’il lui avait prêté ou alors si peu. Les strip-teases ou quoique ce soit de ce genre. Elle s’était contenté de servir à table… Oh les « tenues vestimentaires » de ce genre de personnel n’en portaient que le nom, mais cela levait aussi le voile sur ce qu’il avait toujours saisi d’elle depuis qu’il l’avait rencontrée et collait davantage avec sa personnalité.

Ce que Craf... ce qu’il a fait c’était... autre chose. C’était purement intime et contre mon consentement. Il est venu CHEZ moi, il a observé MA lingerie, celle que je destine à personne d’autre que moi et aux hommes à qui je veux la montrer... toi en l’occurrence ces derniers temps. Il en a volé pour s’imaginer et faire je sais pas quoi avec... c’est... c’est humiliant...

Oui. Cela il ne pouvait que le comprendre. Une fois qu’il perçait à jour ses intentions, ce qu’elle avait voulu faire en rejoignant le Rabbit Hole, il comprenait à quel point cela ne la différenciait pas de la femme qu’il connaissait. Mais la complétait davantage. Elle avait l’assurance d’une femme qui savait se respecter et ne laisserait jamais autrui porter atteinte à sa personne. Et c’était cela qu’elle avait acquis et arboré à travers cet emploi. Cette certitude de ses limites et de qui les imposait. Ce qui ne l’empêchait ainsi pas d’être pudique. L’un rejoignait en définitive l’autre. Ce qui l’avait poussé à opiner de la tête, après un bref silence d’introspection, lorsqu’elle finalisa son discours.

« Je...comprends. Je t’avoue que j’avais une vision toute différente de cette situation. De ce qui avait pu t’y motiver. Et sans que je ne te juge – peut-être le faisais-je malgré moi, il s’agissait d’une période de ta vie qui me semblait avoir peu de cohérence avec la femme que tu es. Même si j’avais que je n’avais que mal saisi ce que tu y faisais, ce qui.. amplifiait le paradoxe, à tort. Parfois, certaines expériences nous forment, nous modifient… Il se pouvait qu’il en soit ainsi pour toi, cependant cela me semblait… curieux. » Il lui avait souri, légèrement, ses sourcils toujours froncés, sans la moindre animosité. Il réfléchissait encore, se voyait à nouveau tenter de comprendre la cohérence, sans parvenir à le faire «  Et une fois l’expérience expliquée, une fois tes mots posées sur ton expérience, oui… oui, je pense que je peux comprendre ce qui t’a poussé à t’y lancer. L’impression de t’y sentir… Plus vivante qu’ailleurs, peut-être, plus regardée, plus remarquée et paradoxalement plus forte. Tu voulais y provoquer une réaction familiale et en définitive, la réaction proposée s’est réveillée être peut-être davantage plus intime que ce à quoi tu t’attendais… Hum… oui. » il s’arrêta un bref instant, terminant son verre d’un trait« Je ne vais pas te mentir, car tu l’as de toute manière deviné, j’ai toujours tenu cet établissement en peu d’estime. Oh, je ne te ferais pas le numéro de l’homme d’autrefois effarouché des mœurs d’aujourd’hui… Ici comme ailleurs, ce genre d’établissements a toujours trouvé son pendant. Les tavernes et auberges dites de "mauvaise réputation" existaient déjà et j’ai été amené à m’y rendre pour d’autres causes que celles-ci. Autrefois, disons que tout était peut-être moins sectorisé en terme d’hôtellerie, et que lorsque l'on manquait d'argent, on dormait où le gîte se révélait être disponible. Mais la chose ne m’y a jamais intéressé. J’ai toujours considéré comme mépris tout cela. Pour moi cela se bornait à … de l’étalage de chair humaine offerte au nez et à la barbe de badauds dépravés dépendant des autres et de leurs pulsions… J’ai en horreur les clients de ce genre d’établissement. Et ce que ce genre d’endroit est susceptible d’offrir. Enfin, ce n’est qu’une opinion non vérifiée.  »

Il lui avait dit avec la plus grande des délicatesses, finalement. Pourtant il n’avait pas honte de son opinion. C’était ce qu’il pensait. Fondamentalement. Il dédaignait les maisons de passe et les temples de démonstration charnelles où les employés ou employées se trémoussaient face à des yeux luisants. Peut-être était-ce parce que cette obsession du plaisir physique lui passait ordinairement au dessus. Il s’était toujours valorisé au dessus de quiconque pour s’abaisser à désir quelque chose d’aussi bas qu’un acte avec une parfaite inconnue « séduisante » selon les critères de l’époque… Et puis, il avait davantage l’habitude d’être courtisé que l’inverse.

« J'espère que cela ne te paraîtra pas offensant. J’entends que cela puisse être différent dans les faits… Et que cela n'est que mon ressenti... Et je ne peux en revanche que comprendre à quel point, en définitive… le pouvoir réside davantage dans celui qui de prime abord, semble être le rompu de l’expérience. C’est là, la plus grande force de l’exercice et je ne peux que comprendre à quel point… lorsque l’on se trouve aux frontières de tout, c’est un moyen d’exister qui se révèle être catharsis… Il n’empêche... » il avait attendu un bref moment avant qu’un sourire ne vienne ponctuer ses lèvres « ..Hadès... »

Il avait roulé des yeux, en secouant la tête amusé. Il trouvait la situation grotesque sans pour autant considérer que sa maîtresse n’en méritait pas l’attention. Au contraire. C’était une bien belle femme et il trouvait qu’elle dépassait de loin en terme de beauté, grand grand nombre d’entre elles et notamment la femme de l’ancien maire et son tempérament trop survolté. Pour autant… C’était un peu désagréable mais surtout particulièrement...saugrenu…Lorsque l’on songeait aux rapports qu’ils entretenaient à présent. Si bien qu’il en avait grimacé aussi, avec humour, cependant à l’encontre de la jeune femme.

« Tu as visiblement un charme taillé pour séduire les maires de cette ville, as-tu remarqué ? Avant même qu’ils le soient» plaisanta-t-il dans un clin d’oeil davantage malicieux.

Après tout, au-delà de Hadès, il y avait eu Jack. Et à présent, il y avait LUI. Bien évidement, il ne la tannait pas de personne intéressée. Il savait très bien qu’elle ne l’était pas. Non. Et son ton ne laissait pas de place au doute. Il ne lui disait pas qu'elle était intéressée, qu'elle cherchait à les déduire. C’était seulement, visiblement, les « hommes de pouvoir » - et il s’incluait dans le lot – qui se retrouvaient sensible à ses charmes. Bien qu’il doutait que chacun ait cédé pour les mêmes raisons. A vrai dire, les trois poursuivaient sûrement, à l’inverse, trois raisons bien diverses.
Pour autant, une question avait surgi chez Enora… Une qui avait pourtant hésité à s’échapper de ses lèvres à en juger les secondes d’hésitation qui avaient précédé son prononcé.

Est-ce que... Est-ce que c’est ce que tu as vu en moi les premiers temps ? Une dévergondée accroc au sexe et sans aucune intimité ? Est-ce que... c’est ce qui t’a poussé à commencer une relation avec moi au départ en pensant que ça serait forcément facile ? Tu m’as déjà plus ou moins montré que c’était pas un univers qui te plaisait grandement et pour lequel tu avais certains préjugés... et du coup je me demande si tu es passé outre avec moi en y voyant autre chose ou au contraire tu es allé dans les premiers instants dans ces stéréotypes juste pour avoir une nuit sympa en dehors de ton mariage ? Ne m’en veux pas de te poser la question, s’il te plaît, je ne juge pas... je vois juste que tu fais un raccourci dans ta demande alors je m’interroge... je me demande aussi... si... c’est ce qui fait que tu me propose d’avoir ce type de relation sexuelle un peu plus... poussé ? Pardon je sais pas comment dire tout ça et je pense que tu as pu voir que c’était plutôt nouveau au contraire pour moi…

Elle était nerveuse, il le remarquait. Et elle avait même dégluti à la fin de sa phrase, son regard se déposant sur son verre vide. Pourtant, elle ne désirait pas de l’eau, non. C’était le sujet qui soudainement la faisait regretter ne pas avoir de l’alcool. Comprenant son état d’esprit, il lui avait sourit, d’un air détendu, et avait proposé d’un ton doux et tranquille :

« Nous devrions peut-être reprendre un verre, non ? Attends-moi, je reviens. » il s’était penché pour lui déposer un rapide et doux baiser sur le front puis s’était levé, rejoignant la cuisine. La bouteille de sambucca s’y trouvait encore. ll l’avait remporté, prenant la peine de s’asseoir, tout en dé bouchonnant le contenant.
Il la retrouvait là, assise. Peut-être que le fait de l’avoir laissée seule, ne serait-ce que moins de deux minutes avait amplifié ses interrogations ? Ou peut-être s’était-elle rassurée de son attitude, devinant dans sa tranquillité, la promesse de la franchise future ? Il l’ignorait. De toute manière, il ne comptait pas lui mentir… Il versait l’alcool dans son verre, lorsqu’il commença à parler :

- « Pour revenir sur ce que tu disais… Non. Pas le moins du monde… » il s’était suspendu néanmoins, après une seconde d’hésitation, il cherchait à le formuler «  Enfin, pour être totalement transparent… c’était l’image que je me faisais de ce que tu étais devenue, oui. Une fille de ce monde, avec tous les stéréotypes que je peux en avoir… Avant que tu ne te présentes dans mon bureau… Après » Il avait levé les mains, signifiant un effet notable « Après, tu n’avais rien à voir avec la jeune femme dévergondée que je m’attendais à rencontrer. Du tout. Ce contraste m’a frappé pendant les premiers temps puis… Tu me croiras ou non, je l’ai totalement occulté…. A Paris, encore plus. Tu n’avais rien de l’image que je me faisais d’un être ayant mené ce métier. Tu étais… sensible, intelligente, cultivée. Tu étais ravissante certes, mais ce n’est en aucun cas ce qui m’a le plus frappé Disons que cela venait orner à merveille, d’autres qualités à mes yeux davantage importantes. Voilà ce qui m’a plu. La première fois lorsque tu es venue dans mon office, puis davantage à Paris. Toi. Dans ta Vérité. »

Il but une gorgée complète de sambucca. La liqueur glissa bientôt, brûlante, le long de sa gorge. Ou peut-être était-ce parce qu’il se livrait avec encore, davantage de franchise que jusqu’alors? Il ne s’était jamais appesanti sur ce qui l’avait poussé à la séduire cette nuit-là. Il ne voulait pas évoquer le caprice qui l’y avait poussé, mais il pouvait aisément admettre pourquoi ce caprice était né dans son esprit, à son profit. Déposant le verre sur la table de salon, il était venu se reculer dans le canapé, s'y allongeant presque... Un lâcher prise, pour mieux refaire flotter à nouveau les vérités de leur relation...

«  A Storybrooke, j’ai découvert une jeune femme aimable, raisonnée, censée, vive et réfléchie. Ce sont des qualités que j’affectionne particulièrement. A Paris… ceci m’est revenu aux yeux avec davantage d’acuité. La tournure des événements se trouvaient plus…en adéquation avec un éventuel dérapage. A Stoybrooke tu étais une cliente. Là...disons que les frontières se trouvaient floues. Nous étions davantage partenaires d’une danse à jouer… Et je t’ai retrouvée semblable à ce que j’ai vu de toi la première fois… En rien comparable avec l’opinion que je me faisais de toi. »

Il avait sourit à ce souvenir, puis lui avait pris la main, avec douceur, sans pour autant se redresser...

« Tu sais, je n’avais pas prévu de me lancer dans une relation extraconjugale, un jour. Si on m’avait demandé de miser sur des candidates potentielles, jamais je n’aurais donné ton nom car je n’aurais pas su donner un seul nom, à vrai dire. Non par affection pour mon épouse, tu sais ô combien je ne la porte pas dans mon coeur… Mais… parce que je voyais aucun attrait à la chose… Ni à qui que ce soit. Ce sont les circonstances qui ont fait que… » Il avait haussé les épaules, pour signifier sa non-maîtrise « Que cela est soudainement arrivé. Je n’attendais rien de cette soirée. Je n’ai pas attendu plus après cette fameuse nuit, non plus… Mais disons que cela m’a ouvert une porte...que je n’ai, finalement, pas refermée... »

Il s’arrêta, promenant une main sur son visage songeusement. S’il occultait toutes ses vengeances, sa volonté de se servir de la jeune femme en la séduisant… Il ne mentait pas. Il n’avait rien attendu de ce moment. Il en avait tiré une réelle jouissance, mais en la quittant, rien ne le laissait présager que bien plus tard, il se retrouverait à ses côtés à évoquer justement ce sujet. Non. Ciel, non ! Il avait réfléchi pourtant. Il avait apprécié leurs moments. Puis petit à petit… A partir de quand cela était-il devenu plus ? Il ne pouvait pas réellement le matérialiser. Peut-être cela avait-il toujours eu vocation à devenir plus, à être plus …

« Mais non, je ne t’ai pas prise pour une jeune femme facile. Pour une accro au sexe... Je n’ai pas pensé une seconde à ce que tu avais pu faire auparavant. Au contraire. C’est ce que tu étais là-bas, à Paris, à ce moment précis qui m’a donné envie de te séduire… Et c’est ce que tu es, toujours. C’est la raison pour laquelle, en définitive, je n’ai jamais refermé cette porte. Et je ne compte pas le faire »

Son visage était tourné vers elle, ses yeux dorés brûlant d’une certitude acérée. Il voulait qu'elle le voit, qu'elle le comprenne.

« Quand à ce que..nous faisons… ce que nous expérimentons » lâchant sa main, la sienne était venue caresser avec douceur son bras, jusqu'à son épaule « … Non. Cette envie est venue de nos ébats eux-mêmes. Je ne peux pas nier que ma vie sexuelle s’est davantage pimentée depuis que je t’ai rencontrée. Mais cette envie m’est propre. Ou en tout cas, elle n’a jamais été motivée par ton ancienne profession. Je...suis très dirigiste, trésor, et j’apprécie certaines pratiques. Et, je trouve que... » il s’était arrêté, lâchant un sourire presque coquin et complice « nous sommes plus que compatibles de ce point de vue. Tu connais mon caractère. Ma manière d’être. Disons que le sexe est une manière comme une autre de l’exprimer, dont je n’avais pas forcément connaissance avant de te rencontrer. Mais qui est devenu une évidence. Il y a une osmose entre nous, qui se traduit par…en tout cas me concernant une envie d’aller… disons au bout de certains fantasmes. Même encore inconnus jusqu’alors. Voilà ce qui motive cette envie. Cette confiance et cette certitude que puisque nos êtres se mêlent si bien d’ordinaire, ils ne peuvent que le faire à la perfection à ce moment. » Son regard toujours dans le sien, il avait ajouté « Je pensais, parfois que certaines pratiques te seraient plus familières, non pas à cause de ton passé, mais par certains aspects de ton caractère. Tu es aventureuse. Cependant, non, je ne le fais pas pour l’image faussée que je pourrais avoir de toi, je ne le fais parce que je nous sens…sur la même longueur d’ondes à ce sujet. Parce que j’ai décelé, au gré de nos ébats, et non d’autres choses, que nous pourrions être raccords dans cette pratique au regard de certaines de tes préférences ou des miennes…J’ai songé que cela te plairait davantage que tu ne le croirais et que y trouverai une libération, une sorte de jouissance, bien plus puissante que tu ne le penserai… Ai-je foncièrement tort ? En définitive, n’y prends-tu pas réellement plaisir ? As-tu cette impression d’être...réduite à une image dégradante ? Parce qu’au grand jamais, je n’y ai vu cette métaphore, au contraire…mais davantage l’expression d’une complicité, je puis te l’assurer. »

Il lui avait sourit avec douceur, mais ses yeux étaient demeurés sur elle, la jaugeant, fouillant dans son regard. Tâchant de comprendre si elle le croyait. Tâchant de la saisir.


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