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 "I put a spell on you" - Alexis & Erwin

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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

Erwin Dorian

| Avatar : Rufus Sewell

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin Vba9
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin Sn0a
"I put a spell on you" - Alexis & Erwin Da6n
"I put a spell on you" - Alexis & Erwin W2ja

| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre
| Dans le monde des contes, je suis : : Preminger

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin Hmch

| Cadavres : 1302



"I put a spell on you" - Alexis & Erwin _



________________________________________ 2022-11-05, 22:46 « If the crown should fit, then how can I refuse? »

I put a spell on you
“Le jour de la fête des morts donne à chacun le sens de la vie.”


L’automne s’était engouffré dans la ville presque s’en crier gare. Aussi vivement qu’une bourrasque. Pour celui qui ne prêtait pas précise attention quotidienne au paysage alentour, il découvrait presque subitement le cramoisie des feuilles et celles qui d’un jaune ocre recouvraient déjà le sol de Storybrooke d’un parquet scintillant de couleurs chaudes. L’unique trace d’un été déjà loin. Et de toutes ces nuits crépusculaires de la saison, Halloween les éclipsait toutes. La mélancolie se paraît d’un voile de mystère supplémentaire. Venait le jour des effrois, des cris et paradoxalement des rires sucrés d’enfants. S’il avait du songer à cette fête, Erwin Dorian eut dit qu’il l’appréciait pour ce que certains en avaient fait. Une ode presque aux forces obscures, même si elle avait surtout pour but de les repousser de l’enfer auquel elle appartenait. Lui, se contentait de voguer dans cette atmosphère, se rappelant que les pires des monstres erraient en vie avec une apparence tout à fait trompeuse. Et c’était fort appréciable. Demain, il fêterait la première année de mandat. Une grande année, qui nécessiterait cependant de dresser quelques bilans. Il avait beau être infaillible, il pouvait encore se bonifier. Et ce soir… il l’avait réservé.
Depuis « l’incident » de Crafty, sa relation avec Enora avait retrouvé une amélioration nette depuis le Noël précédent. Du moins, il trouvait. L’année précédente, il devait convenir que la fin de la campagne, l’annonce des résultats des élections, les lumières braquées en permanence sur sa personne n’avaient pas permis de profiter d’une soirée d’Halloween en… « couple ». Il n’était pas très friand de ce terme, qui lui rappelait quelques sujets et états sentimentaux sur lesquels il se sentait toujours si peu à l’aise, mais forcé de constater qu’il se prêtait à la situation.
Cette année, ayant senti l’envie particulière de celle-ci à permettre à Isaac de procéder à sa toute première tournée des bonbons, il avait réfléchi à une manière de leur permettre de vivre cette fête…un peu plus officiellement qu’auparavant et aussi dignement que cela le méritait.
Storybrooke lui permettait peu de possibilités, hélas, de s’afficher avec sa maîtresse à la vue de tous, tout du moins, sans provoquer un scandale. Hormis d’arpenter les rues de manière incognito… Halloween, de part ses costumes pour le moins fantasques, se prêtait facilement à cette hypothèse. Preminger beaucoup moins. Il voulait être VU, RECONNU et ADMIRE dans son costume ce qui empêchait toute manœuvre. Qui plus est, quand bien même, il aurait pu trouver une excuse justifiant de se promener toute la soirée avec « Miss Child et son enfant », il avait bien senti que cette dernière espérait grandement se parer de costumes assortis… Il pouvait dire non, bien évidement. Mais, au fond de lui, cette idée le séduisait aussi. Et il avait beau considérer l’entièreté de ses concitoyens comme un agrégat d’imbéciles et de sots, il n’était pas de ceux-là, si bien qu’il savait qu’aussi naïfs ces derniers pouvaient être, une telle accumulation de curieuses circonstances n’aurait pas manqué d’attirer l’attention et de poser question. Outre l’analyse, les badauds adoraient cancaner. Sans compter que se trouvaient aussi quelques personnes d’intelligence parmi cet attroupement de badauds. Le Shérif James était de celles-là… Et compte-tenu des derniers circonstances, s’il pouvait éviter de lui mettre sous le nez une information aussi flagrante, il veillerait à éviter, sagement.
Si bien que voyager, ailleurs, s’avérait être l’option la plus simple et efficace pour permettre d’allier l’agréable à la prudence. Et quitte à vivre avec Enora, une fête des plus intimiste, excluant leur cercle privé respectif, autant miser sur un lieu qui permettait de faire corps entier et vivant avec l’âme précise d’Halloween. Salem. Il n’y avait pas, si ce n’était dans leur monde des contes, de lieux plus propice à l’évocation du 31 octobre et ses festivités. N’abritait-il pas en ses murs, l’incarnation dans la mémoire collective du mythe des sorcières ? Rejoindre cette contrée de mystères et de brume parachevait l’ambiance ténébreuse et intimiste qu’il souhaitait donner à cette soirée. Et à jeter quelques coups d’oeil de biais à Enora lors du trajet, elle appréciait sincèrement l’idée. Il s’en sentait ravi. Le petit copycat était bien trop jeune pour faire une observation quelconque, mais il jetait des regards curieux et émettait quelques petits sons enthousiastes qui laissaient présager son contentement, lorsqu’ils commencèrent à déambuler aux creux des maisons, pour rejoindre l’hôtel réservé pour l’occasion.

« Entrez entrez chers hôtes ! Puisse cette nuit vous accorder la paix...quelle qu’elle soit ! » prononça à leur entrée un groom revêtu du maquillage et costume du monstre de Frankenstein.

Certains auraient pu considérer qu’il en faisait trop, mais cela fut au goût de Preminger. L’employé avait un sens du théâtre et sa mise en scène tout comme l’environnement qui le desservait, augmentait l’immersion. Il fallait dire que l’ancien ministre avait jeté son dévolu sur cet endroit pour cette raison. Le « AMELIA PAYSON » était un hôtel pour le moins pittoresque ; Erwin l’avait réservé, délaissant pour l’occasion ses idées de grand palace, choisissant davantage de se laisser les murs et l’architecture compléter l’histoire et l’ambiance qu’il tentait d’obtenir. Une grande maison proche des constructions propres aux bâtisses municipaux, blanche, au large perron et à la devanture chargée de colonnes grecques. Halloween avait paré ces deux colonnes de guirlandes auréolées de branchages divers, fait de bruyères et de feuilles séchées aux teintes déclinantes. Deux hêtres l’encadraient d’un hâlo orangeâtre et un carillon en fer forgé noir se balançait le long du perron. Il lui fallu monter pour reconnaître la forme qu’elle formait : la silhouette d’une sorcière juchée sur son balai. L’endroit, propre et rutilant aurait paru des plus claquant au sein d’une ville ordinaire. Au coeur de Storybrooke, il aurait pu même renfermer une habitation d’un notable de la ville. A Salem, en revanche, toute l’aura classique qu’il tentait de développer semblait l’enfermer davantage dans le climat brumeux et figé que dégageait la ville.

« Je vous confie ce dépliant, gardez-le précieusement, il ponctue les phénomènes curieux que les habitants ont pu noter en cette sinistre journée. »
« Vous pouvez me faire confiance, je saurais en faire usage » avait-il répliqué.

Un coup d’oeil au prospectus avait confirmé sa certitude : il y avait à faire et il ne pourrait ainsi pas s’ennuyer.
Preminger avait confié leurs valises au groom, puis ils s’étaient rendu dans leur chambre d’hôtel charmante et ancienne pour revêtir leurs costumes. Il avait pris fort bon moment, mais c’était tout l’intérêt d’arriver au plus vite. Une musique se dégageait d’au-delà des fenêtres, une clameur qui l’attira près de la fenêtre.

« Ciel… Une ribambelle de petits diablotins se presse dans les environs » commenta-t-il en refermant complètement le voile blanc du rideau, pour mieux se tourner vers Alexis.

L’endroit rengorgeait de monde et de touristes, à n’en pas douter. Il avait vu le peuple déambuler, vêtu de costumes divers rien que lorsque le taxi les avait déposés, avec quelques minutes supplémentaires de retard, du fait de la difficulté de circulation. A observer ceux qui, à présent, se massaient le long des allées, chantonnant, criants parfois des rires gutturaux factices et bien plus amusés que dangereux, oui, il y aurait grand monde ce soir.
Et pourtant, Erwin se sentait pourtant l’âme et le cœur parfaitement chantants. Cette frénésie de masse populaire l’emportait parfois. Quand bien même il n’en n’était pas le Coeur, il se sentait vibrer au-delà et au-dessus de l’émoi collectif. Sachant qu’il ferait la différence et la sensation. Et pourtant, il devait admettre que son costume était le plus controversé de ceux qu’il avait usage de porter. Loin d’une beauté florissante et fracassante, son inspiration avait été les fascinants et curieux épouvantails de paille qui fleurissaient dans les champs au temps de la plantaison. Ils veillaient sur les récoltes, chassaient les oiseaux et pourtant devenaient régulièrement les perchoirs occasionnels des corbeaux. Le fantasme populaire leur donnait une mine de poupée sinistre et délavée, semblant davantage veiller et guetter les vivants. Pour l’occasion, Preminger avait élevé cet accoutrement au rang de parfaite tenue de cérémonie. Veillant à y ajouter sa touche personnelle. Aussi, si le manteau se trouvait rapiécé de nombreux tissus, chacun suivait l’autre, accordant à la tenue une allure de patchwork savamment exécuté. Le velours violine presque noir, rejoignant le pantalon noir rapiécé avec élégance ou des fils s’échappaient, proches de la paille. Des bottes enserraient ses mollets jusqu’en haut de ses cuisses et une chemise de lin recouvrait son corps. Il avait ajouté une cape en toile de jute noire, qui enveloppait le haut de ses épaules jusqu’à ses chevilles et où quelques minuscules répliques de citrouilles effrayantes étaient accrochées. Le tout donné l’impression d’avoir été tissé dans la paille même.
Un grand chapeau de paille dont la forme pourtant rappelait les couvre-chefs de sorcière englobait ses cheveux noirs jais et il avait blanchi son teint et ses lèvres, dessinant un sourire allongé le long de ses joues. Il était sans conteste effrayant et convainquant dans son incarnation. Un épouvantail sombre et sinistre… Assorti au charmant costume de sorcière potagère de son amante et de la mandragore vivante qu’incarnait son fils.
Tous les trois sortaient du potager, bien décidés à s’infester dans la ville pour en tirer le meilleur.

« Tu es très en beauté, ma mie » commenta-t-il avec une certaine dose de fierté, tandis que son regard parcourait l’intégralité de la silhouette d’Enora. "C'est vraiment splendide et d'une telle inventivité!"

Elle savait parfaitement mettre la barre haute s’agissant de la fête d’Halloween, toutes ses tenues étant choisies avec un soin tout particulier, une volonté méticuleuse de transmettre sa vision de la fête. L’année précédente le rôle de Raiponce la paraît d’un voile de candeur. Cette année, le rendu était différent mais non moins réussi. Elle semblait, tout comme lui, surgit d’une peinture mystérieuse et atmosphérique, tirée à sa contemplation des nombreuses plantes qui peuplait sa serre. Associés, ils transmettaient cette cohérence spectrale.
Isaac figé dans un gigantesque « pot de fleurs » qui n’était rien d’autre qu’un objet confectionné sur mesure par sa maîtresse et juché sur roulette. Il avait émis quelques réserves lorsqu’il avait découvert l’objet mais force était de constater qu’elle avait su penser à tout et s’était donné un mal incroyable à créer ce moyen de locomotion décorée pour l’occasion.

« Et Je dois l’admettre...ce costume est particulièrement réussi. C'est très joli » commenta-t-il tant à l’adresse de sa maîtresse que du bambin, qui l’observa de ses billes graves et dorées, comme presque saisi.

Preminger ne sut pas réellement si le ton qu’il avait employé directement en le regardant était saisissant pour l’enfant ou si son costume le rendait particulièrement impressionnant, toujours est-il qu’il semblait l’avoir figé… Pour autant, il n’avait pas ricané ou même semblé dédaigneux. Non, il le pensait. Pour l’occasion et le résultat qu’avait poursuivi sa mère, le résultat rendait particulièrement bien. La petite contrefaçon était ce qu’Enora attendait de lui, « adorable » selon ses termes, tout en étant parfaitement incarné dans la fête elle-même. Et il obtenait son lot de compliments ou de couinements ridicules de certains passants qui le désignaient de l’index, le regard attendri. Alexis leur tendait d’autant plus le chaudron d’un sourire malicieux et ils versaient de bon coeur, des sucreries diverses de bon entrain. C’était une manipulation comme une autre, même si elle partait d’un bon sentiment et lui même s’en amusait, tout en parcourant l’entièreté des rues décorées pour l’événement.
L’impression qu’il avait eu en observant la situation, clos derrière les vitres de sa chambre d’hôtel ne faisait que se confirmer. Cette ville semblait être l’épicentre de la célébration de Samhain. Avec ce que cela impliquait de positif et négatif. Le lieux attirait les touristes. Il se composait donc d’un agrégat de costumes ridicules, misérables voir particulièrement outranciers qui venaient polluer a soirée. Qui diantre se préoccupait de voir déambuler un hotdog géant ? Cela rappelait à Preminger à quel point le peuple se trouvait particulièrement déplaisant en toutes circonstances… Mais, pour autant, se mêler à la fête n’avait pas que du déplaisant. Il réajusta sa cape, pointant son nez vers le ciel, arrogant, avançant au-delà des allées.

« La ville a effectué de ravissantes expositions, je dois admettre ».

Il désignait parfois les sculptures de sorcière, qui loin des tableaux simplistes que l’on en dressait dans les livres d’image – et qui s’avéraient parfois réalités dans le monde dont il était issu cela dit- ornaient la ville de postures effrayantes et réalistes. Dans le centre des commerces, des ateliers de confection de citrouilles s’affairaient encore attirant des exclamations ravies aux enfants qui s’y trouvaient. Storybrooke avait mis en place cette même sorte d’activité, nota Preminger avec orgueil. Mais pas tout encore...cela donnait ou confirmait des idées.
Il évita l’étrange sorcière vêtue d’une cape en lambeaux qui lui proposait de lui lire son avenir, accepta quelques photographies d’un sourire satisfait, posa aux côtés d’Alexis et d’Isaac avec plaisir et huma aussi quelques délicieuses effluves de potiron.
Ils croisèrent même quelques délégations de fantôme, squelettes de tout âge, s’évertuant à suivre un guide sanguinolent. Il avait noté ceci dans la brochure que distribuait les employés de la ville, visiblement tous ayant eu pour consigner de se déguiser en zombie.

« En revanche, je trouve ceci particulièrement déplaisant. Une fausse note à mon goût. Je trouve cela bien désappointant que de s’amuser à revêtir l’allure d’une chose presque désarticulée et purement instinctive ? Ces créatures sont laides et particulièrement...sottes... » Tempêta-t-il après que l’un ne se soit risqué à tenter de lui arracher un cri d’effroi.

Cet employé avait failli récolter d’avantage un coup de fourche… définitif.
Bien qu’il ne l’avoua pas, Preminger se trouvait néanmoins mal à l’aise à l’idée des zombies. Il détestait même. Trouvant ceci particulièrement insultant. Il aurait haït voir son intelligence se faire consumer pour ne devenir qu’un vulgaire animal aux aguets, flairant pour du sang, jusqu’à renier son apparence… C’était désagréable, comme une sorte de décadence primitive sur genre humain…
Ils avaient ensuite flâné le long des affiches du Festival de l’Horreur… Erwin ne goûtait guère à cette exposition de pop-culture qui en tapissait les recoins, des modèles de costumes exposés aux affiches de film, mais il savait pertinemment qu’Alexis en revanche, affectionnait cette « culture »… De ce qu’elle en avait eu l’occasion de lui dire, elle adorait tout particulièrement puiser dans cette inspiration pour choisir et confectionner ses costumes d’Halloween. Dieu merci, elle ne l’av ait pas entraîné dans cette folie cette année et il trouvait l’idée toujours aussi...peu attirante en flânant le long des allées, mais il appréciait néanmoins l’écouter en parler avec passion. Elle avait cette capacité de capter l’écoute et de la conserver acquise. Les mots qu’elle tissait n’ennuyaient jamais son interlocuteur au point qu’il ne s’empresse de s’en éloigner. Au contraire, elle transmettait d’elle dans son discours, une pointe de passion, de vivacité et de fraîcheur vivifiante. Elle ne trichait pas mais disposait de l’éloquence nécessaire pour une Cour. C’était la raison pour laquelle notamment il la sentait digne et prête à y vivre et où le statut et le grade que l’île Fantastik lui avait accordé ne lui avait pas paru si déraisonnable. Enora n’aspirait pas à gouverner, et grand bien lui faisait. Mais elle possédait une aura capable de captiver les foules et susciter un engouement auprès de sa personne. Cet engouement était bénin, gentil et se témoignait par l’amitié et l’affection que ceux qui l’avaient côtoyée ressentaient à son contact, à la différence de qu’il créait chez autrui, mais c’était tout de même quelque chose de notable et de principalement propre à elle. Quelque chose qu’Hera avait souligné, lors de deux de leurs discussions, comme y trouvant matière à interrogation, le charisme de Miss Child… Lui n’y voyait pas de mal, considérait cela comme une facette d’elle qui lui plaisait et se jumelait à sa débrouillardise, elle était attachante selon plusieurs manières différentes.
Après un regard peu convaincu à la réplique de Godzirla ( ? il n’était plus sûr du nom), ils s’étaient remis à marcher, frappant aux portes de leur rue. Il semblait que les habitants des habitations avaient du acheter un lot colossal de stocks de sucrailles en tout genre à en jauger par les poignées généreuses qu’ils offraient à Isaac… Ou alors était-ce leur attendrissement ? L’important c’était que cela fonctionnait.

« Nous aurions du investir dans un chaudron plus volumineux » commenta-t-il dans un rire auprès de sa maîtresse « ou bientôt nous serons obligés d’en mettre dans la poussette, au risque de l’ensevelir »

Il avait parachevé sa proposition d’un clin d’œil bienveillant, histoire de bien signifier à la jeune femme qu’il ne souhaitait pas non plus ensevelir l’enfant...enfin, il n’avait pas non plus envie de faire demi-tour pour retourner à l’hôtel chercher la vraie poussette…
Alexis avait éclaté d’un rire léger :

« Ca va aller... Si ta boulimie n'est pas satisfaite à la fin du chaudron, on en achètera un second…"

Elle avait désigné un stand de la main où s’entassaient des chaudrons en plastique pour certains et on devinait certains en fonte voir en cuivre d’une plus grande qualité. Puis avait sourit, taquine, à son intention, visant son envie irréfragable de plus.. et il aurait été des plus hypocrite de nier cette « fâcheuse » tendance et s’il l’était sur beaucoup de choses, sur sa propre vérité non.

« On va juste éviter d'en mettre là dedans, ton fils est presque aussi gourmand que toi, j'ai trop peur qu'il en prenne un sans que je le vois et qu'il s'étouffe... »

Il avait opiné après un instant figé, dans sa considération. Oui, clairement, il y avait un risque. Bien que moins...rapace que lui, l’imitation devait au moins tenir de lui sur certaines choses… Et l’Avenir… Ou tout du moins, peut-être était-ce aussi là une caractéristique classique des petits enfants…

« Oui… c’est fort juste. Au pire des cas, il conviendra de ralentir la quête… »

Son regard s’était abaissé par le chaudron, rempli de friandises. Il n’avait pas ressenti la faim ni l’appétit jusque là encore, mais puisqu’elle en avait parlé, lui avait rappelé la possibilité qu’il avait de s’en rendre maître… Et une faim subite s’était allumée dans son ventre, bien davantage muée par l’envie de posséder que par un vrai appétit. Son index s’était posé sur un bonbon parsemé de sucre, à l’admirable couleur violette…

« Crois-moi où non je n’y songeais pas encore mais...référence à ma « boulimie » m’a mis en appétit… »

Il n’en n’était pas pour le monde offusqué. C’était vrai, sa manière de voir le monde, sa manière d’envisager le monde… Et il s’en paraît avec joie. Il avait saisi le bonbon entre le pouce et l’index, le remonta jusqu’à son visage dans un sourire mutin, puis le mangea. Le sucre pétilla sur sa langue, mêlant la douceur de la violette à une saveur bien plus savoureuse…

« Plutôt agréablement piquant… En veux tu un ? »proposa-t-il d’un sourire malicieux en lui tendant le chaudron.
Il rencontra en retour son charmant sourire :

« Si ça pique, je suis partante ! »

Il n’en doutait pas. Elle tendait déjà la main, joyeusement, et il lui approcha le chaudron pour faciliter sa démarche, le sourire pétillant. Il savait pertinemment ce qui lui plaisait. Et sa fraîcheur emballée faisait plaisir à voir. Ils possédaient ce trait de caractère de gourmandise, bien qu’Enora ne possède pas toute l’ampleur de cette tendance, ils la partageaient au moins sur le goût des bonnes choses.
La petite mandragore avait suivi la main de sa mère et babilla joyeusement, en remuant dans son pot.

« En voilà un qui va bientôt se déraciner de faim... »

De sa main droite Alexis, attendrie, lui avait caressé le sommet de la tête en lui disant :

« Non mon cœur, tu es trop petit pour ça...tiens »

Dans un geste tendre, elle avait donné à Isaac sa tétine dans la bouche avant de l’embrasser sur le front. Une fois ses lèvres séparées de la peau de son fils, elle s’était retournée vers Erwin :
« Il commence à fatiguer. Si tu veux qu'on se pose un peu ou qu'on aille manger... on peut. Puisque tu es désormais... "en appétit"

Ses doigts avaient mimé des guillemets, il les avait stoppé au vol, en saisissant ses mains dans les siennes.

"Oooh pourquoi pas? La petite auberge qui bordait le parc me semble avoir une atmosphère formidable... qu'en dis-tu? A moins que tu aies une autre idée? »

Il fallait dire qu’il avait été difficile de prêter attention aux commerces environnants, au regard de l’affluence dans les rues, mais cette petite maisonnette avait réussi à retenir son attention. Il ne pouvait jauger de la qualité de la cuisine qu’au regard de ses étoiles, mais le cadre semblait tout à fait vouloir reproduire l’atmosphère brumeuse et mystérieuse des tavernes des anciens temps. Le luxe en plus. Ce qui était le mélange parfait le jour d’Halloween.
Séduite par l’idée, Enora opina :

« Non, je ne connais pas vraiment le coin, si ça te semble bien, je te fais confiance !"
« Cela semblait pittoresque mais de standing convenable… D’ailleurs… » ajouta-t-il abaissant sa voix dans un souffle, enserrant davantage ses mains contre les siennes « Je ne suis pas encore particulièrement en « appétit » mais ça viendra assurément »

Son sourire s’était étiré, narquois d’une autre vérité et d’un autre moment… Elle l’avait compris, bien évidement, tant et si bien qu’un ricanement amusé était né à cette entente, avant qu’elle ne réplique tendrement :

« Pourquoi j’ai l’impression qu’on parle plus seulement de nourriture ? »
« Sûrement, parce que tu me connais siii bien »

Pourtant, bien loin d’en faire offense, elle s’était approchée davantage, unissant leurs lèvres par un baiser furtif mais particulièrement agréable. Sa bouche était fraîche mais douce, une saveur automnal s’y attardait et une brise crépusculaire fouettait leurs visages. Qu’importait. Dans ce petit éclat vivait seule une chaleur unique et précieuse.
Leurs visages s’étaient écartés, à regret et il n’avait conservée que l’une de ses mains entre ses doigts, alors qu’il reprenait leur route.
Son attention s’attarda sur le chapeau noir et pointu d’une sorcière vêtue de vert, l’image de celle encapuchonnée lui revint soudainement et avec cela, les propositions du programme de la ville, plié dans sa cape.
Il tourna la tête vers Alexis, s’étonnant presque de la proposition qu’il allait lui faire.

« D’ailleurs, j'ai vu qu'il est possible de s'arrêter à une roulotte pour un tirage de cartes, aurais-tu envie de tenter l'expérience, ensuite? Ou sur le chemin…"
"Sérieux ? » elle le considéra surprise « J'aurai jamais cru que c'était un truc qui te branchait perso... tu as déjà fait ça ? Moi jamais... mais ça me tente bien oui, même tout de suite si tu veux !"

Il avait inspiré, pinçant les lèvres :

« Je ne dirais pas qu’il s’agit d’une envie… Je persiste à considérer ceci comme du charlatanisme...mais l’expérience peut être amusante, si on décide de s’y laisser bercer… Non ? Et si cela te tente, cela ne le sera que plus ! »

D’ordinaire, Preminger fuyait les diseuses de bonne aventure et les marabous comme de la peste. Tous ce que ces gens qualifiaient « d’art » ou de « science occulte » et qu’ils dispensaient à tout va tant dans les tavernes que les salons privé de la haute société…n’étaient pour lui que de la poudre aux yeux, des boniments misérables. Bassesse. Ces simagrées ne lui inspiraient que dédain et la farouche impression d’observer une pièce grotesque où tous se berçaient d’illusions…
Peut-être dans leur monde, certains magiciennes se trouvaient réellement doués de cette sorte de magie. Qu’importait, il restait farouchement opposé à l’idée d’un Destin tracé, l’attendant patiemment. Il n’existait aucun autre Destin que celui qu’il traçait. Seul décideur, seul bâtisseur de la route qui l’y mènerait. La perspective offerte par Hera confirmait – si besoin il y avait eu – sa théorie, non ? Ses choix décidaient de l’impulsion et du cours du temps. Et aucune autre personne n’était en mesure de les prévoir.
Alors, après tout, pourquoi cette soudaine proposition ? Pourquoi diantre ? L’ambiance et la certitude que tout ceci ne serait qu’une immense farce déplaisante. Et qui sait ? Il avait eu envie de permettre à sa maîtresse cette expérience, si cela lui tentait. Et puisque cela semblait être le cas…
Ils remontèrent par une petite ruelle de pavés, qui s’enfonçait apparemment au plus loin dans le parc municipal jouxtant l’auberge. Sensations fortes étaient prévues aux abords du parc, mais étonnamment le lieu semblait être partiellement isolé. Sûrement parce que le crépuscule n’était pas encore parfaitement tombé et que les amateurs de grand frisson en prendrait davantage possession au bout de quelques heures… Il se retourna, pourtant, aux aguets. Il aurait juré...qu’une ombre l’observait. Ce devait être une vue de l’esprit, et il était suffisamment illustre et d’importance pour céder aux sirènes angoissantes d’Halloween n’est-ce pas ? Bien évidement. Il n’y avait personne aux environs, juste une troupe de jeunes filles apprêtées, s’amusant à se prendre en photos et un couple qui passait avec deux enfants déguisés en fantômes turbulents. Pour le reste, cela restait assez désert.
A l’orée du parc, la roulotte se trouvait cerclée de bougies jonchées au sol dont la flamme frétillait au vent. Un risque dangereux d’incendie nota Preminger… Mais que la mairie avait du forcément noter. Un employé municipal devait sûrement roder non loin de là… Ils s’approchèrent, les cailloux s’écrasèrent sous sa chaussure.
Il n’avait pas pris note de cette roulotte, d’ailleurs, lorsqu’ils étaient passés, mais ayant emprunté majoritairement la rue parallèle, il ne pouvait être sûr.
Un couple en sortait, assortis et déguisés en « Beetlejuice » de ce que l’en avait renseigné Alexis précédemment, un grand sourire sur le visage.

« Grave mortel ! C’est Pépite les gars ! Pépite ! » commenta le garçon, d’un sourire presque planant à son intention.

Pépite ? Le nom de la voyante ? Curieuse tentative de communication…Pourtant, l’écriteau au dessus de la porte annonçait « Pretresse Laveau ». Ils montèrent les marches, prenant grande attention à hisser Isaac hors de son pot de fleur. Avisant un employé en haut des marches, Preminger pointa du menton l’objet

« Puis-je vous demander de veiller sur ceci mon brave ? »

Récolta un sourire de la part de l’individu...qui était sinistre il fallait bien l’avouer… Petit le visage replet, les cheveux hirsutes et gris faisaient des favoris jusqu’à son menton. Vêtu d’une redingote élimée et un haut de forme semblant avoir reçu des coups de canif…

« Biensûr messire. Si vous l’osez, entrez braves gens… Je vous préviens cependant, vous devez garder la bouche close à l'intérieur, car l’oracle ne s’exprime que dans le silence le plus éloquent... »
« Qui suis-je pour perturber "L'oraaacle" ou la "Prêtresse Laveau, si cela est nécessaire pour connaître le fil de la Destiné qu’il en soit ainsi... » répliqua-t-il pour toute réponse, avec une ironie mesquine.

Sa main se déposa sur le dos d’Alexis et ils pénétrèrent ensemble dans le lieux.
Preminger ne savait pas ce à quoi il s’était attendu… C’était typique, sans être ostentatoire, ni excessif, mais ne s’y trouvait aucune originalité. L'image identique à ce qu'on se faisait d'une pièce de voyante... Une petite pièce, ronde, chargée d’encens, où les murs de bois se trouvaient tapissés de tableaux représentant la lune, les étoiles, non loin de bougeoirs et de bocaux garnis de fleurs, plantes ou autre. Une table ronde se trouvait au centre de la pièce, sur un tapis d’orient, une banquette située de leurs côtés, de l’autre, une femme s’y trouvait, presque tapie dans l’obscurité. Ses cheveux flottaient sur ses épaules, une longue trace noire de maquillage barrait son visage d’une tempe à l’autre jusqu’à ses paupières, et seuls ses yeux en ressortaient. Pour le reste, elle était enveloppée dans un châle noir aérien, se fondant dans le clair obscur des bougies. Presque émergeait-elle des ombres.
Elle savait se donner un style, certes… Mais ce n’était pas pour l’effrayer… Il porta un regard assuré à sa maîtresse et dévia vers la contrefaçon, pour jauger l’effet de cette comédienne sur lui. Après tout, un bébé pouvait se laisser impressionner plus aisément… Mais à le considérer, non. Il babillait encore, agitant ses petites mains vers sa mère.

« Approchez… mes amiiis… Qu’avons-nous là... »

La voix de la « sorcière » n’avait pas d’âge, un accent curieux, roulant, presque aussi chargé que le parfum qui flottait dans la pièce. Ils avancèrent et elle eut un sourire rouge:

« Un sceptique altier, une gracieuse curieuse et un mignon petit rejeton… En voilà des liens...surprenants… Un homme trop dubitatif pour me laisser voir son futur… Je pourrais me focaliser sur toi, ma jolie. Mais il y a quelque chose dans vos auras, vos silhouettes..vos ombres… Fascinant…. Un tirage commun me paraît plus approprié Pour vous, voyons le Destin... » le jeu de cartes claqua dans sa main, tandis qu’elle les faisait tournoyer entre ses doigts « Vos auras…me parlent et les caartes l’expriment…Prenons-en trois… Et lisons, découvrons ensemble… Parlez mes chers... Parleez-moi! Qu’avons-nous ? Le soleil…Les amoureux. Et…la roue de la fortune. Ouiii le Temps… et le recommencement… »

Il avait écouté… Malgré tout. Avec un intérêt presque agacé de s’y laisser prendre. Il se demandait si cela faisait le même à Alexis… Peuh pourtant ce n’était que trois cartes au hasard… Les amoureux c'était typique non? La roue du temps ne signifiait rien... et le soleil... Il se vantait de l'être, sachant qu'il n'était que son pendant négatif... Et pourtant il était resté crispé lorsque la sorcière avait déclamé subitement, les yeux écarquillés semblant s'illuminer, d’une voix davantage guturale,

« Le Futur me parle… Voici ce qu’il me livre :
Dans ce qui vous unis
Le Temps n’est qu’une roue
Si l’Eternité vous délie
L’Infini est pour vous
Car Jadis et Demain ne font qu’un
Voilà ce qui sera… Voilà tout, voilà déjà bien… Vous connaissez la sortie mes amis… A bientôt. »

Preminger se rendit compte qu’il avait malgré lui retenu sa respiration. Il eut beau renifler ensuite avec mépris, oui...elle maîtrisait bien la mise en scène… L'art de feindre la possession, la vision ou quoique ce soit d'autre. Pour peu il en aurait été impressionné. Mais elle n’avait rien dit. N’est-ce pas ? Cela ne voulait rien dire. Comment l’éternité pouvait délier ce que l’infinité unissait ? Cela n’avait aucun sens. Ce n'était rien d'autre que de la poudre aux yeux, des boniments...

« Merci bien pour ce grand savoir...Fooort édifiant que cette jolie mise en scène!  » ne pu-t-il s’empêcher de persifler dans un ricanement désagréable « Je suis en appétit, mon trésor, ce sera sûrement bien plus enrichissant... »

Il la gratifia d’un baiser léger sur son front, puis avança vers la sortie. Il passait la porte lorsqu’il lui sembla entendre comme un souffle ricanant :

« Beau cynisme pour un sans-couronne.  »

Il s’était retourné vers la porte. Close. N’osa pas l’ouvrir. C’était un hasard. Un pur hasard… Des paroles en l’air… De sottes paroles en l’air. Tout. Il n’y avait rien à en tirer, rien. Hormis ce qu’ils voulaient en garder. Et que voulait-il en garder ?
Rien hormis que l’Infini était pour eux. Comme cette soirée n’en n’était que le début. Il s’amusait, il était bien, heureux d’être...en famille. Et il supposait que c’était le cas pour elle aussi.
- "Alors...qu'en as-tu pensé mon trésor?

Il lui avait sourit et ils avaient pris la route… Sans tenir compte de l’ombre qui les épiait.

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The color of the covered red, the implicit and not explicit red of the living heart and the pulses.

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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


Alexis E. Child

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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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Edition Octobre-Novembre 2020

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________________________________________ 2022-11-20, 22:01 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




I put a Spell on you

C’était pour moi l’une des plus belles périodes de l’année. Halloween, l’automne en général. Lorsque le monde se parait de ses plus belles couleurs, que le temps passait par tous les états, illustrant son impétueux caractère, lorsque les recettes se faisaient gourmandes et chaleureuses et qu’il nous arrivait de passer d’une magnifique journée ensoleillée aux tons de l’été indien où les plus belles balades nous fatiguaient les jambes pendant des heures, suivie d’une journée plus chaotique et froide où nous prenions plaisir à rester sous un plaid, devant un film éclairé à la bougie. C’était sans aucun doute pour cela que c’était ma saison préférée de l’année, celle qui nous laissait la plus grande liberté, de faire ce qu’on voulait, en parfaite adéquation avec tous les visages de la Nature. Quant à Halloween... Cette fête avait tellement d’aspect différents qu’elle collait parfaitement à la saison qui l’accueillait. Entre peur profonde et simple mysticisme, il y en avait pour tous les goûts et je devais bien avouer que j’étais plus grande fervente de la deuxième option que de la première. J’aimais regarder des films liés à la mort ou au paranormal, sans que ceux-ci soient des films d’horreurs, simple ode à un monde beaucoup trop méconnu au point d’effrayer le plus grand nombre d’entre nous. J’aimais la féerie de chercher un costume et de le construire plus ou moins de ses mains, écouter des histoires de sorcières pour enfants, de vampires et de loups-garous et même en lire. En somme, je ne pouvais qu’être heureuse à ce moment de ma vie et d’autant plus lors de ce Halloween de 2022 qui finissait mon année bien mieux qu’elle ne l’avait commencé, à bien des égards.

Je ne savais plus comment cela était venu dans la conversation mais j’avais la nette impression que cette idée d’un Halloween commun était autant une idée et une envie d’Erwin que la mienne. J'avais d’ailleurs été surprise quand je l’avais entendu proposer de nous amener ailleurs, loin de Storybrooke, à cette occasion. Nous savions tous deux ce que cela signifiait : le fait de vivre notre amour au grand jour, sans avoir besoin de se cacher, de partager une parenthèse qui donnait à notre couple ce goût de réalité qu’il perdait parfois. J'avais bien sûr accepté avec joie et il s’était proposé de nous amener à Salem, ce qui m’avait fortement enthousiasmée. La ville n’était pas si loin de Storybrooke mais je n’y étais jamais allée. Pourtant, autant historiquement que dans l’imaginaire des uns et des autres, elle représentait un incontournable pour tout fan d’Halloween et de magie qui se respectait. Il n’avait donc pas argumenté bien longtemps pour me convaincre. Et c’était donc dans la voiture, en route pour notre destination après qu’Erwin se soit occupé de ses obligations de maire que j’observais le paysage avec un sourire sur les rêves, pensant que cette année se finissait définitivement bien mieux qu’elle avait commencé. Après notre “discussion” de Décembre, le froid qui en avait suivi, mon cambriolage... j’avais l’impression petit à petit de retrouver le goût de la vie en marchant du côté chance et s’il était toujours aussi difficile pour lui d’exprimer des sentiments positifs et notamment ce qu’il pouvait ressentir pour moi, je savais qu’il faisait en revanche un effort considérable pour me le montrer... à moins et à Isaac, étrangement, depuis quelques temps, sans que je ne sache pourquoi. A cette pensée, j’avais tourné la tête vers mon fils à l’arrière qui semblait bien s’amuser avec son livre en plastique mou, tournant les pages et le malaxant dans ses mains. Avec un sourire attendrit, je m’étais replacée correctement sur le siège passager, posant avec douceur ma main sur celle d’Erwin placée sur le boîter de vitesse. Je lui avais souris et il m’avait répondu, signe que notre relation allait tout de même mieux depuis quelques mois et nous avions continué la route jusque Salem.

L’hôtel qu’il avait choisi était plein de charme. Connaissant son côté précieux, je pouvais le laisser choisir les yeux fermés, je savais que le confort et le raffinement culinaire sur ait toujours autant au rendez-vous qu’il pourrait le trouver mais ce lieu avait quelque chose de différent de tout ce qu’il prenait habituellement. Loin des palaces aux dorures et moulures, Salem ne possédait que des pays hôtels de charmes qui puisaient leur jus dans l’histoire et l’architecture historique de la ville. Cela rendait le tout nettement plus intimiste mais avec un goût suffisamment prononcé pour que le lieu se fasse prendre au sérieux. Arrivé dans notre chambre, nous n’avions pas perdu une minute pour nous changer afin d’aller profiter des festivités aux alentours.

Je n’étais pas peu fière du pot d’Isaac. J'avais mis un certain temps à le confectionné mais j’avais été bien aidée dans ma tâche par Danny et Elliot jusqu’à ce que l’objet puisse être suffisamment confortable et sécuritaire pour le petit tout en étant pratique et transportable pour nous. Le port de fleur était donc devenu une sorte de poussette. Après l’avoir habillé de sa tenue de mandragore suffisamment chaude pour la saison et avoir rajouté par-dessus un petit blouson doudoune, j’avais clipsé sa tétine sur le tissu avant de prendre ses joues dans mes mains.

— Moooh comme t’es beau mon cœur.

Il avait eu un grand sourire avant de continuer à jouer avec ce qu’il avait dans les mains le temps que je m’habille à mon tour. Je m’étais inspirée de la tenue de Chourave, dans les tons bruns et evrres, tout en ayant cousu du faux lierre à certains endroits de ma robe pour donner l’impression que des plantes poussaient à même ma tenue. Agrémentée d’une perruque aux cheveux argentés longs et ondulés ainsi que d’un chapeau de sorcière, il ne me restait plus qu’à attendre Erwin qui s’était clairement surpassé sur son costume d’épouvantail, tout en lui donnant tout de même cette petite touche de distinction à laquelle il tenait tant. Lorsqu’il complimenta le nôtre avec Isaac, je lui rendis le compliment en souriant, l’embrassant avec douceur tout en caressant sa joue. Mes yeux dans les siens, j’ajoutais alors, mutine :

— Si tous les épouvantails étaient aussi beaux, ils n’auraient plus d’utilité dans les champs, mon amour.

Main dans la main, nous avions traversé la ville avec une excitation grandissante, en tout cas pour moi, de l’ambiance de la fête et de cette ville. Erwin m’avait fait remarquer qu’il grandissait d’un autre type d’excitation qui n’avait pas manqué de m’amuser. Mais celui qui était le plus stimulé restait Isaac. Entre toutes les lumières qu’il y avait autour de lui, les bruits environnants, les cris et les gens qui s’arrêtaient pour lui donner des bonbons, on voyait qu’il ne savait plus où donner de la tête. Il lui arrivait parfois de lâcher sa tétine pour s’agripper au bord du chaudron tant bien que mal, retenu par son harnais, afin de mieux voir ce qui s’offrait à lui. Il me pointait par moment des choses du doigt en marmonnant cette langue qui était propre à lui, par son saccadés. D’autre fois, il restait silencieux, se terrant aussi un peu plus dans son chaudron, sans doute impressionné par certains costumes. Il m’arrivait de le prendre dans les bras pour le rassurer et lui parler tout en demandant aux gens qui avaient un peu forcé sur l’effrayant de ne pas trop s’approcher de lui. Mais entre sa bouille et son costume, c’était plutôt mission impossible. Tout le monde ou presque ne tarissait pas d’éloges à son encontre, récompensant ses traits génétiques desquels il ne pouvait rien y faire par des poignets de bonbons plus que généreux.

Ses attentions à répétition avaient fini par fatiguer Isaac dont les yeux clignaient avec plus d’insistance tandis que tout son être était amplis d’une lenteur nouvelle. Il n’était pas si tard, à peine 19h mais cela faisait plusieurs heures que nous marchions dans la ville la route en voiture ne l’avait pas aidé. Erwin avait accepté que nous fassions une pause et me proposa avant le repars une dernière attraction qui m’intriguait particulièrement. Je ne m’étais jamais fait tirer les cartes et il semblait y avoir tout de même moins de monde à cette attraction, ce qui devait permettre de calmer un peu Isaac avant le repas qui serait sans aucun doute légèrement bruyant vu le monde que Salem avait attiré en cette journée d’Halloween. Le sortant de son pot, je l’avais pris dans les bras et il avait instinctivement posé sa tête au creux de mon coup, tétant lentement sa tétine dans le but de s’apaiser. Pour l’y aider, je lui avais caressé les cheveux tandis que nous montions dans la roulotte. Le spectacle avait pour le moins été intriguant. Je devais dire qu’à part dans les films, je n’avais jamais vu ça et je devais bien avouer que ça ressemblait... trait pour trait à ce qu’il y avait dans les films. Trop peut-être ? C’était une attraction d’Halloween après tout, pas quelque chose qui se voulait sérieux. Pourtant, certains de ses paroles avaient été troublantes. Troublantes parce que vide de sens. Ses premiers mots ne m’avaient pas grandement impressionné, bien plus amusé. Il n’était pas difficile de voir qu’Erwin était dubitatif ou que nous étions un couple dans la mesure où j’avais Isaac dans les bras. Elle était restée très vague sur chacun d’entre nous. Sa prédiction en revanche semblait tout droit sortie d’un compte ou d’un recueil à la Hocus Pocus. Il y avait sans doute un sens caché mais aucune façon de le voir, si bien que lorsque de nous sommes ressortis et qu’Erwin m’avait demandé ce que j’en avais pensé, je n’avais pas pu m’empêcher d’éclater de rire avant dans lui dire :

— J’ai absolument RIEN compris ! Et toi ? Mais au moins c’était drôle, non ?

Je lui avais souris tout en remettant Isaac dans son pot. Nous nous étions ensuite dirigés vers le restaurant, main dans la main, tandis que je poussais toujours notre fils, nous arrêtant devant la carte du restaurant pour observer quelque peu le menu. Si l’extérieur semblait des plus prometteur, il fallait pourtant que nous assurions que le choix et le gustatif serait au rendez-vous. Après une observation qui n’avait pas duré plus de quelques minutes, j’avais tourné la tête vers Erwin avec un sourire :

— Ca m’a l’air très bien, non ? T’en penses quoi ?

Je lui avais souri, observant son regard toujours concentré sur la carte. Pour le laisser terminer de faire son opinion, j’avais tourné la tête vers Isaac pour lui caresser les cheveux. En observant le pot vide que j’avais devant moi, le choc avait été si grand que je n’avais absolument pas réagi pendant plusieurs secondes, me contentant d’observer l’objet d’un air ahurit, commençant à me demander les choses les plus stupides comme la possibilité que mon fils soit derrière le pot, en imaginant qu’il aurait pu s’en extraire ou en tomber. Et puis d’un coup, tout s’était brusquement accéléré autour de moi. Le choc avait laissé place à une terreur sourde et statique. J’avais senti mon sang affluer jusqu’a mes jambes à une rapidité hallucinante et battre si fort dans mes oreilles que le son m’en semblait étouffé. J'avais même peiné à reconnaître le son de ma voix lorsque je m’étais exclamée d’une voix blanche :

— Où est Isaac ?

Sentant qu’Erwin ne réagissait pas assez vite à mon goût à côté de moi, je réitérai ma demande.

— Où est Isaac ?

Devant le constat agaçant qu’en faisait son père sur le fait qu’il n’était plus là, j’avais relevé la tête dans un air d’impatience, balayant la rue et la place non loin.

— ISAAC ?

Ma voix avait raisonné dans le vent tandis que certaines personnes autour de nous s’était retournés pour m’observer. Je ne les voyais à peine, sentant mon cœur battre à tout rompre dans ma poitrine et dans mes tempes, tandis que je descendais du trottoir pour mieux scanner la foule, obscurcie par la nuit noire. La panique qui me saisissait soudain me donnait presque des vertiges et une envie de vomir extrêmement puissante. Comme pour me retenir de rendre ce que je n’avais pas encore mangé, je réitérai mes appels désespérés :

— ISAAAAAC ? ISAAC !!

C’était à ce moment que je l’avais entendu. Un petit cri, faible, lointain, suivi d’un pleur. Beaucoup trop loin pour être parfaitement audible mais sans aucun doute pour moi, c’était mon fils. Je les avais alors aperçus, un homme en noir, courant en direction de la forêt, tenant la tête de mon fils par-dessus son épaule pour éviter qu’il ne subisse trop les secousses de ses pas.

— STOOOP !

Sans même me souvenir que je n’étais pas seule et qu’Erwin était avec moi, je m’étais élancée en direction de l’homme, courant plus vite que mes jambes ne me laissaient courir, passant à travers les gens qui m’observaient d’une manière ahurit sans comprendre. Personne ne bougeait, personne ne faisait rien. C’était pourtant un enfant innocent qu’on enlevait, comment pouvait-on être aussi passifs ? Peut-être était-ce également dû à Halloween, chacun pouvait croire à une représentation. Plutôt que de perdre mon énergie à leur demander de m’aider, je n’avais pas arrêté de courir, considérablement ralenti par mon costume. Concentrée au plus que je le pouvais, je tentais de ne pas perdre de vue le point noir qui tentait de fuir loin de moi. Au fond de mon cœur, je le savais, le quitter des yeux une seule seconde, au mauvais moment et mon fils disparaissait de ma vie pour toujours. Nous avions atteint les bois et désormais tout devenait silencieux autour de moi, je n’entendais que ma respiration affolée et le bruit des branchages qui se brisaient sous mon point et ceux de mon ennemi. Isaac pleurait toujours et ses lamentations raisonnaient bien plus à présent dans ces lieux, me transperçant comme des larmes dangereusement aiguisées. Est-ce qu’Erwin me suivait ? M'avait-il même appelé ? Je n’en avais aucune idée, seule ma peur et ma rage et mon amour me conduisait à présent. La route n’était pas très loin sur le côté gauche, je commençais à en apercevoir les contours. S’ils montaient dans une voiture, tout était fini.

— J’AI DIT STOOOOOP !

Je l’avais hurlé à m’en briser la voix, balançant rageusement ma main droite en avait, envoyant une salve d’éclairs qui avaient frôlé le kidnappeur pour exploser un morceau de tronc à côté de lui. Sur le coup de la surprise, il avait fait un bond sur le côté et s’était stoppé dans sa course pour m’observer sans doute surpris. Je ne pouvais pas bien voir son visage d’où j’étais. La seule chose que je comprenais c’est qu’à cet instant, j’avais perdu le contrôle. Pour la première fois depuis l’Orage et j’avais alors senti monté en moi quelque chose que je ne connaissais pas encore. C’était inédit, ça m’inondait de toute part et je retrouvais presque la sensation que j’avais senti dans l’Hôtel Bleu, cette électricité qui parcourait tout mon corps, cette puissance et ce pouvoir qui me semblait si inconnu et pourtant à porter de main. Sans le connaître j’avais l’intime conviction que je savais m’en servir et je m’étais alors laissée porter par le moment.

Mes pieds avaient alors quitté le sol tandis que mes bras étaient écartés en croix. Mes cheveux s’étaient mis à virevoltés autour de moi, pris dans une électricité statique et un vent qui semblait venir de moi. Je n’en avais pas conscience mais mes yeux étaient devenus d’un bleu largement moins humain et plus électrique. Je volais. J’étais littéralement suspendue dans les airs et je sentais que si je retournais mes paumes en direction du sol comme je venais de le faire... je pourrais me déplacer. Et c’est ce que j’avais fait. L’homme s’était remis à courir et j’avais rassemblé mes mains l’une en face de l’autre pour former une boule d’énergie suffisamment puissante que j’avais dirigée droit vers l’homme et plus précisément ses jambes. J’étais folle de rage, une de ces rages qui nous fait perdre le contrôle, qui nous mets en Guerre contre le monde entier, nous persuadant que nous pourrions le mettre en pièce de notre simple volonté. Lorsque l’énergie avait atteint le kidnappeur, des arcs électriques lui étaient remontés le long des jambes, l’électrocutant au passage. Il avait trébuché pour s’effondrer au sol dans un gémissement de douleur, lâchant Isaac qui avait valdingué en direction du sol. De ma main droite, avec une rapidité et une agilité certaine, j’avais alors formé autour de lui une bulle d’énergie qui l’avait réceptionné quand qu’il ne heurte le sol pour l’enfermer dans une sphère protectrice. Elle était aussi bleue que mes yeux, aussi électrique que le reste de mes pouvoirs et pourtant, elle ne lui faisait aucun mal. Ramenant la bulle dans ma direction je pouvais voir qu’Isaac était assis à l’intérieur, reniflant, apparemment choqué mais en vie et sain et sauf. Le gardant à mes côtés, j’avais détourné mon regard de lui pour observer l’homme, toujours au sol, se remettant doucement de la tétanie de ses muscles.

— Non.

Il l’avait gémit, sentant sans doute que le vent avait tourné pour lui, tentant de reculer à même le sol en rampant. J’aurai pu l’épargner, je l’aurai même sans doute dû. Si Alexis était restée là, c’est sans doute ce qu’elle aurait fait. Mais ce n’était pas Alexis en cet instant qui dirigeait ce que j’étais mais une entité puissante qui me susurrait à l’oreille avec tellement de force que je pouvais tout faire que je n’avais absolument pas envie de m’en priver. Je voulais qu’il souffre, je voulais qu’une armée entière se déverse sur lui, je voulais qu’il paye pour ce qu’il venait de faire et je voulais qu’il meure. Relevant la tête, je pouvais voir un peu plus loin une voiture noire qui était garée et qui l’attendait sans doute. Ce n’était pas un pédophile. Ce n’était pas un kidnappeur ou un tueur en série. C’était autre chose. Il avait attendu le bon moment pour le prendre, il avait un plan et sur tous les enfants qu’il aurait pu prendre, il avait choisi le plus difficile à atteindre. C’était prémédité. Et maintenant que je l’observais, son habit ne m’étais pas étranger.

— Je vous en prie, je ne fais que suivre les ordres. On vous l’aurait rendu. Vous ne comprenez pas. Vous faites partie de...

Je n’avais pas voulu en savoir plus. Ces gens, cette organisation, ce n’était pas ma Famille. C’était d’autres personnes que j’avais déjà surpris à me suivre sur certaines de mes missions. S’ils s’en prenaient désormais à mon fils, il fallait que je leur envoie un message fort, il fallait qu’ils comprennent. Ils comptaient me le rendre, alors pourquoi agir ainsi ? Que voulaient-ils lui faire ? Il fallait qu’ils comprennent que tant que je serai là, rien ni personne ne pourrait lui faire du mal. Je revoyais Crafty, cet immonde rat puant dont je n’avais reçu aucune justice. Son corps avait été retrouvé des semaines après mon cambriolage, il avait payé pour une friction entre deux clans mais jamais il ne paierait ce qu’il m’avait fait, ce qu’il NOUS avait fait. Lui aussi avait voulu s’en prendre à Isaac. Lui aussi avait voulu m’infliger ça. Et si j’avais laissé passer ma chance une première fois, je ne la laisserai pas passer cette fois. Ça me ferait du bien. Pour les deux. Pour celui qui suppliait au sol et pour Crafty. Oui... ce serait parfait. Au fil de mes pensées, mes mains s’étaient chargées en énergie, toujours plus puissante. J’avais détourné la bulle d’Isaac du chemin pour qu’il ne voit pas la suite avant de diriger mes points fermés droit sur l’homme. Il avait hurlé, ça n’avait duré qu’une fraction de seconde, avant qu’il ne s’effondre : mort. Il était carbonisé par endroit, mais je ne regrettais pourtant rien. Je sentais juste une immense fatigue m’atteindre et cet étrange pouvoir me quittait tandis que la bulle d’Isaac disparaissait et que nous chutions tous les deux vers le sol, en douceur, sans douleur. Je l’avais pris dans mes bras tandis que nous nous posions au sol. Clignant des yeux, je l’avais observé, ressuyant ses larmes encore ancrées sur ses joues avant de le prendre dans mes bras.

— Oh mon bébé, tu vas bien ? Tout va bien, tu sais. Maman est là.

Il avait reniflé une nouvelle fois tandis que je posais sa tête sur ma poitrine, embrassant ses cheveux, lui remettant sa tétine dans sa bouche tandis qu’il posait sa petite main sur ma poitrine. Le craquement des branchages autour de nous m’avait fait brusquement tourner la tête, le serrant un peu plus contre moi. C’était Erwin. Il était près de l’homme et m’observait étrangement. Il était grave mais une lueur était aussi particulière dans ses yeux tandis qu’il me contemplait. Baissant les yeux vers le corps, je réalisais alors ce qu’il était advenu du type, comme si je me réveillais d’un long rêve, comme si je réalisais enfin ce que je venais de faire, ce que je venais d’être. D’une voix blanche et tremblante, je lui demandais alors :

— Il est... mort ?

Je n’avais pas eu besoin de réponse pour comprendre, son attitude et son regard avait suffi. Sentant la panique m’envahir et les larmes me montaient aux yeux, je poussais alors un brusque sanglot :

— Oh mon dieu mais qu’est-ce que j’ai fait. J’ai... j’ai tué un homme. Mon dieu...

J’avais tenté de me relever avec Isaac dans mes bras mais si j’avais voulu observer mon crime, je m’étais stoppé à l’instant, refusant que mon fils voie une chose pareille. M'adossant brusquement à un tronc d’arbre, j’avais fermé les yeux fortement, comme si je tentais d’effacer tout le décor qu’il y avait autour de nous et la scène qui venait de se passer. Serrant toujours mon fils dans mes bras, je ressassais en boucle :

— Mon dieu mais qu’est-ce que j’ai fait ?! Qu’est-ce que j’ai fait ?! J’ai tué quelqu’un... J’ai TUE quelqu’un !! Il faut... Oh mon dieu ! Il faut faire quelque chose ! Appeler la police ou l’enterrer je... c’est de la légitime défense ? Et comment je vais expliquer ce qu’il lui est arrivé ?! Mon dieu, mon dieu, mon dieu...

J’étais en train de perdre pieds complétement. Et je réalisais alors avec horreur que j’aurai aimé que cette puissance qui m’avait entouré reste un peu plus longtemps, au moins pour me rassurer... et m’apaiser.
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« If the crown should fit, then how can I refuse? »

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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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________________________________________ 2022-12-07, 21:57 « If the crown should fit, then how can I refuse? »

I put a spell on you
“Le jour de la fête des morts donne à chacun le sens de la vie.”


« Beau cynisme pour un sans-couronne »… La voyante avait-elle seulement murmuré ces paroles ? Cela n’avait peut-être été qu’une simple hallucination auditive pareille à un souffle de vent… Une vue de l’esprit. A quoi bon donner davantage d’intérêt à ces petites originalités ? Non… Preminger préféra, de loin, reléguer ces préoccupations dans un coin obscur de son cerveau et céder à l’amusement qui prédominait dans sa séance, en compagnie de sa maîtresse, en échangeant à ce sujet avec elle, dans des rires partagés. L’espèce de prophétie dont elle les avait gratifié était aussi obscure que stupide. Ri-si-ble. Ils en avaient plaisanté, tout en se dirigeant vers le restaurant, l’esprit léger et le ventre affamé… Une fois n’était pas coutume, la carte s’affichait sur un écriteau extérieur, recouvert de toile d’araignée factice et illuminée d’une lanterne à la lueur jaunâtre. Et comme au-delà de cette petite mise en scène, les plats proposés s’annonçaient prometteurs et gustativement splendides... Oui… Tout ceci le mettait d’ores et déjà en appétit. Il imaginait presque déjà, alléché, l’odeur du plat fumé se déposant sous son nez…

« Où est Isaac ? »

Alexis avait parlé, dans son dos… Il prenait à peine conscience des mots prononcés, trop focalisé sur son choix culinaire, lorsqu’elle réitération sa question, de cette même voix, qui lui avait paru faible mais qu’il avait mis sur le compte de sa propre concentration. Et lorsque son appel pris corps, l’ancien ministre tourna la tête vivement, en direction du landau improvisé… Il ne pouvait être que dans son gigantesque pot…
Mais force était de constater que celui-ci s’avérait être définitivement et désespérement vide… confirmant le soupçon que la panique d’Alexis avait su instauré en moins d’une minute… Comment ?!? Pourtant, Isaac avait disparu aussi vite qu’une mauvaise herbe arrachée de tête… Sans bruit et sans heurts. L’ancien ministre avait beau se repasser, prestement, les deux dernières minutes dans la tête, ils n’avaient entendu personne s’approcher… Il y a avait eu quelques badauds costumés et braillards et le ministre aurait pu jurer qu’aucun ne s’était approché suffisamment prêt de la poussette.. Et pourtant, il fallait nécessairement qu’il ait disparu là… A l’instant…
Ses yeux ambrés fouillaient, déjà, les alentours mais ceux d’Alexis, davantage alertes, davantage pressés par l’amour et la panique creusaient déjà bien plus loin, alors que sa voix désespérée scandait, inlassablement, parmi la foule le nom du bambin…
Le coeur d’une mère cherchait… Mais peut-être la crainte troublait-elle sa vision… Ce que Preminger ne possédait pas. Si bien qu’il cherchait, dans l’agitation, certes, dépassant les chapeaux de sorcière, les cornes de diablotin, les masques de tueurs, à la recherche de son fils… Ou était-on cette petite plante ? Il tournait la tête pour chercher ailleurs dirigeant son attention vers les abords des bois, lorsque le cri de sa maîtresse l’avait alerté, dirigé et figé vers la même direction, alors que tout son corps s’y tendait :

STOOOP !

Et… Il l’avait vu aussi : cet individu qui courait, tout de noir vêtu, une petite racine ballottée dans les bras serrés.
Puis tout était allé, subitement, très vite. Pour elle. Avant même qu’il ne puisse esquisser un geste, murmurer ne serait-ce que l’ombre d’un mot à son attention ou tenter de fomenter un plan, elle avait détalé en leur direction avec une vitesse spontanée.

« Enoraaaa… ALEXIS ! » il avait mugit en sa direction, choqué de se retrouver en plan.

Puis s’était vu pressé de prendre sa suite, s’il ne voulait pas perdre les deux. Peste ! Peste ! Qui diable avait voulu s’en prendre à son fils ? Pourquoi diantre ? Etait-ce de ce genre de malade qui portait une attention toute écœurante aux enfants ? Un espèce de fou à lier qui profitait de l’effervescence générale pour kidnapper des êtres sans défense ? Le pire était que le contexte s’y prêtait aisément. Tout le monde vivait dans son amusement, sans prêter réellement attention à autrui, que chacun pouvait se frayer un chemin sans être réellement se faire remarquer. Et tout le drame et l’horreur se promenaient partout ici, sans avoir besoin même d’un masque. Il s’était mis à courir, retenant son chapeau avec une attention toute particulière dans les premiers moments, mais bousculant cependant, sans la moindre vergogne les badauds qui se pressaient dans le sens inverse. Un peu plus loin devant, la foulée prompte, le coeur paniqué, Alexis courait de toutes ses forces. Il ne pouvait se permettre de la perdre. Son regard vif dépassait parfois la silhouette de sa maîtresse, tâchant de repérer au-delà encore, le fugitif fuyant dans les arbres. Bientôt, ce dernier s’était fondu dans la forêt, disparaissant à ses yeux, et Preminger se pressa davantage, inquiet qu’Alexis ne s’y glisse aussi sans qu’il n’ait le temps de la suivre jusqu’alors. Elle s’y engouffra alors qu’il s’approchait de la première des cimes et il remercia intérieurement la jeune femme d’avoir porté son choix sur une tenue suffisamment colorée et significative pour se démarquer. Une foulée plus tard, il glissa, à son tour, sous les bois, l’ombre masquée des arbres assourdissant bientôt les cris et rires des habitants et fêtards. Il courait, inspirant profondément pour tenter de faire passer le poing de côté qui menaçait la rapidité de sa course, maudissant par la même occasion le bandit et Isaac qui avait eu la mauvaise idée de se laisser enlever sans le moindre cri. Et dire qu’en revanche s’il tentait de le prendre, il avait parfois le chic pour gigoter dans tous les sens, en faisant de petits cris stridents. Il s’était un peu calmé sur ce point là, CERTES, mais ce n’était pas une raison pour se laisser de prime abord enlever par un parfait inconnu. « Père » était certes davantage redoutable, au moins, lui ne lui vouait pas d’obscures et mauvaises intentions… Enfin, moins maintenant.

« J’AI DIT STOOOOP »

Il avait entendu le hurlement d’Alexis pulser dans l’air. Avait vu la jeune femme lever la main, sans stopper pour autant de tenter de rattraper son adversaire. Et surtout le jet d’éclairs qui s’était déversé, vers l’avant pour venir exploser...le tronc d’arbre non loin du fuyeur. L’espace d’un instant plus tard, il n’existait plus rien. La cime s’était pulvérisée, et Preminger s’était protégé le visage de ses mains, alors que les éclats d’écorce vibraient dans l’air. Cette puissance… possédait une force si soufflante de destruction…
Le kidnappeur avait, sous le choc de cette révélation, commis sa première erreur, s’arrêtant net, là où la menace d’une telle envergure aurait du l’inciter à fuir davantage. Si Alexis parvenait à le retenir suffisamment… S’il se rapprochait presque… Quel dommage qu’il n’ait pas pensé à glisser dans une poche secrète un revolver quelconque… Là, il ne possédait rien d’autre, qu’un poignard qui pouvait, néanmoins, au demeurant, faire tout à fait l’affaire… Mais quelque chose suffit à stopper son geste. Quelque chose ? Non. Quelqu’un. Enora…
Un vent violent s’était mis à souffler, enveloppant sa silhouette frêle, la nimbant d’une électricité folle et instable. Son pouvoir, devina Preminger. Il l’avait déjà vue à l’oeuvre, dans une perte de contrôle splendide et horrifiante.. Et il semblait qu’elle en prenait les mêmes augures… Reculant contre l’arbre le plus proche, s’adossant, pour échapper aux volutes violentes du vent, il observa le pouvoir sifflant ondoyer violemment autour de la jeune femme. Il tourbillonnait aux alentours, émanant de son être comme une aura destructrice, l’incitant bientôt à s’élever dans les airs, ses pieds décollant du sol. Comme si une force l’avait attirée jusqu’au ciel. Mais il n’en n’était rien. Cette force était en elle… Cette force c’était ELLE. Enora. Terrible, puissante et belle dans sa libération rageuse… Une lueur bleue s’était étirée de sa silhouette, nimbant ses yeux d’un bleu qui n’avait d’alors plus rien de naturel, et ses paumes en direction du sol, soutenue par le vent qu’elle créait, presque inconsciemment, elle se déplaçait… Suivait celui qui de prédateur était devenue la proie. Pour presque, figé dans cette contemplation, furieuse et splendide, cette émanation de pouvoir et de force, l’ancien ministre en aurait presque oublié la cause et l’objet de toute cette scène… Mais l’issue n’en demeurait que plus terrible. Le cri de panique du kidnappeur acheva de le lui rappeler, lorsque la magie de la jeune femme l’atteignit enfin, remontant le long de des jambes de l’homme en longs et cruels courants électriques bleutés. Un ricanement cruel était né sur les lèvres du ministre. Dans un gémissement de douleurs, l’individu s’en était bientôt effondré, lâchant dans la précipitation et la souffrance, Isaac, qui avait valdingué de ses bras. Les yeux du ministre s’étaient écarquillés, dans un souffle muet, suivant la trajectoire dangereuse de la chute de l’enfant, lorsqu’un champ de force magnétique l’avait cueilli avec douceur, l’enveloppant dans une bulle protectrice. La même qui les avaient enveloppé quelques mois plutôt… Enora bien que rageuse, maîtrisait encore particulièrement ses pouvoirs… Cela ne rendait que leur manifestation que plus fascinante… Elle ne craignait rien, ELLE inspirait la crainte… Et pouvait tout décider.
L’enfant ainsi cueilli ne manifesta aucune crainte, nota Erwin, se contentant de renifler et d’apposer ses mains sur la bulle… Un jeu à ses yeux apparemment, ou alors, peut-être ressentait-il l’amour de ce qui l’enveloppait...Et pourtant. Il aurait été erroné d’affirmer qu’Enora se trouvait pleinement dans son état normal. Elle ne l’était pas. Se trouvait pleinement gorgée par la colère. Un terrain miné et si délicieux… Elle était proche d’un point de rupture et Preminger en avait été témoin ou la cause de tant nombre d’entre eux qu’il ne pouvait que le ressentir. En témoignait l’émanation furieuse et instable de son pouvoir qui continuait de s’étendre dans le ciel…
Le nez dans la poussière, un gémissement de douleur sortit du kidnappeur tandis qu’il ramenait maladroitement ses jambes vers lui, semblant en étudier leur fonctionnement. Il avait subit une décharge si puissante… songeait Preminger les yeux luisants de convoitise, son corps en garderait-il des séquelles ? Ou la magie d’Enora voyait-elle ses effets se dissiper sous le temps ? Il s’approcha ainsi à quelques pas, de l’homme l’entendit marmonner des excuses, des justifications pitoyables de crainte :

«  Je vous en prie, je ne fais que suivre les ordres. On vous l’aurait rendu. Vous ne comprenez pas. Vous faites partie de... »

C’était prémédité. De ce qu’il en entendait, en devinait. Il n’y avait rien eu d’involontaire ou de hasardeux à ce geste. Ce qui signifiait… qu’ils avaient été suivi… Par qui ? Cela ne pouvait se référer à lui. Pourquoi diantre aurait-on cherché à lui nuire ? Cela aurait nécessité pour cela qu’un « potentiel ennemi » soit au courant de toute sa liaison avec Alexis. Et bénéficiant d’une information d’une telle envergure… jamais un quelconque adversaire se serait embarrassé d’un kidnapping. Et puis, il ne possédait pas d’ennemi.
Ce n’était pas pour lui. C’était pour elle. « Vous faites partie de... ». A moins que cela ne vise ceux auprès de qui Alexis traînait, Erwin songea spontanément, davantage à l’étrange « association » auprès de qui, Alexis oeuvrait dans le plus grand des secrets… Oui. Bien qu’il n’ait eu que fort peu de fois l’occasion de côtoyer ces mystères, il savait cette sorte de confrérie redoutable. Elle possédait des ramages incessants dans chaque coin de ville et poursuivait des buts, pour le moins flous. Il avait tenté de faire des recherches à ce sujet, le plus discrètement possible, depuis leur escapade à Paris mais s’était heurté à un mur…
Quelque chose le distraya cependant de ses pensées, l’arrachant même à la contemplation de l’individu rampant à même le sol dans la terre… Le bruit d’une énergie grésillante qui gonflait, montait, s’amplifiait, au fur et à mesure que l’air s’alourdissait de l’éclat du tonnerre… Encore suspendue à quelques mètres du sol, les cheveux bruns virvoltant, Enora luisait d’une rage viscérale, l’électricité pulsant chaque battement de son corps, s’intensifiant, comme précédent un cours circuit.. Le grondement d’un champ de bataille, la fureur de la guerre s’apprêtant à débuter.
Il tourna la tête, fasciné comprenant ce qui allait advenir. La Mort s’apprêtait à frapper. Sans un geste pour l’en empêcher, Preminger préférait voir. S’en délecter. Suivi la trajectoire explosive de l’électricité pure qui se déversa en un seul geste, transperçant d’un rayon d’un bleu azur le corps de l’individu. La lueur le embrocha d’un jet, lui attirant un long et atroce hurlement. Son dernier. Puis son corps, suspendu en équilibre par le trépas, retomba en avant, face contre terre, définitivement inerte.
Il était mort. Mort. Presque aux pieds du ministre qui en constata l’irremédiabilité dans un frisson où se mêlait saisissement et fascination.
Et dans le même trait de Temps, Alexis et Isaac avaient chuté… avec suffisamment de douceur pour qu’Erwin ne s’en formalisa pas. Il avait, au contraire, contemplé cette descente avec une acuité toute nouvelle. La Chute de l’Ange symbolisée sous ses yeux. Pour n’y trouver que la damnation. Et une toute nouvelle perspective. Bientôt même, elle récupéra son fils, l’enveloppant dans ses bras aimants, presque, son visage baigné de larmes dévorant de ses yeux humides, la moindre miette de ses traits.
«  Oh mon bébé, tu vas bien ? Tout va bien, tu sais. Maman est là. »

Elle balbutiait. Son adorable mais dangereux petit Trésor. Pleinement émotive. Pleinement fragile. Pleinement « elle-même ». Bien qu’elle soit à même d’être l’autre… Ce n’était qu’un équilibre. Bien qu’elle ne soit pas encore sur le point de le trouver, à en juger par le regard qu’elle lui avait lancé… encore plus, à la manière dont elle avait eu de réaliser l’existence du corps non loin d’elle, carbonisé, et de ce qui l’avait achevé :

« Il est mort ? »
Il n’était pas la peine de lui répondre. Lui matérialiser verbalement aurait fait pire. La réponse s’étalait évidente et carbonisée sous ses yeux bleus. Il n’avait eu qu’à soutenir son regard, son acuité focalisée sur le moindre de ses futurs mouvements. Elle… semblait...égale à celle qu’elle était ordinairement. Comme à son ordinaire : la jeune femme qu'il appréciait tant. Avec sa douceur et sa bonté, sa simplicité... Dans son ton apeuré, le choc et la compassion luttaient avec l’horreur de la mort qu’elle avait administré avec une force et une conviction puissante. Une prise de conscience brutale de ses actes, comme sortant d’un rêve éveillé s’imposait à elle brutalement, lui arrachant de facto, sanglots et hoquets d’effroi.

« Oh mon Dieu… Mais qu’est-ce que j’ai fait… ? J’ai… j’ai tué un homme. Mon dieu... »

Une partie d’elle semblait prête à se jeter au chevet du cadavre, pour tenter de le réanimer de ses mains et de son pouvoir… L’autre refusait d’esquisser le moindre pas pour placer Isaac non loin de cette vue. Le reste...se trouvait figé dans l’effroi. Il lui paraissait sûrement improbable d’être la cause de cette mort… Et pourtant elle savait bien ce qu’il en était. Comment se voyait-elle à présent ? Comme l’incroyable et redoutable adversaire qu’elle pouvait être ? Ou comme un monstre ? Il se doutait de la réponse… A en juger par sa réaction, alors qu’elle secouait sa tête, dans une réalisation douloureuse.
Si bien qu’elle se plaqua davantage à l’écorce de l’arbre, non loin d’elle, répéta dans une litanie sporadique sa prise de conscience et l’horreur de ses actes. Remontant son regard du cadavre, Preminger s’était approché d’elle, les paumes levées, avec une douceur calculée.

« Trésor… Trésoooor.… » ânonna-t-il doucement. Du son de sa voix ne s’échappait nul jugement, nul ordre, un simple apaisement délicat « C’était… ce n’était pas ta faute. »

Il s’accroupit pour rejoindre sa hauteur. Doucement, sans geste brusque, prenant soin de ne pas troubler sa réalisation ou de la heurter. Il confirmait seulement ses propos, s’approchant d’elle de plus en plus, jusqu’à pouvoir la toucher… Aucune nuée électrique n’émanait plus d’elle. Cela pour autant, ne signifiait pas qu’elle s’en trouvait dénuée. Une vive émotion pouvait rappeler à la surface ce pouvoir… Et pourtant il ne la craignait pas… Et il lui tenait à coeur de lui montrer à quel point, au contraire, il ne faisait que s’en approcher davantage… Au risque de s’y brûler.
Doucement, sa main s’était levée, pour s’emparer des siennes… Bientôt, ses longs doigts se frottaient aux siens. Elle n’était gêlée pour autant, s’en trouvait bien plus moite mais ce contact la rattachait à lui.

« Trésor… Tu n’y es pour rien… C’est lui qui t’a incité à tout cela… Tu n’y es pour rien. Tout ce que tu l’as fait, tu l’as fait pour sauver notre fils, avec les moyens à ta portée, rien d’autre…. Trésor… Regarde-moi… »

Avec la même précédente douceur, l’une de ses mains s’éloigna des siennes pour mieux venir saisir l’une de ses joues, pour mieux centrer son attention sur lui, ses yeux, la forcer à focaliser son attention sur ses propres paroles, en s’éloignant de l’image obsédante du corps. Oui, il la manipulait. Mais au delà de ses propres intérêts, elle en avait foncièrement besoin. Son état de détresse transperçait aussi l'ancien ministre. Son angoisse n'avait pas raison de lui hanter l'esprit, de l'abîmer dans une inutile culpabilité. Elle ne méritait pas d'y plonger tout comme le mort ne méritait pas d'être pleuré ou regretté. Elle était trop sensible pour ceux qui ne le méritaient pas et cette vérité était particulièrement cynique...

« Regarde-moi, Trésor… Respire. Tu n’as fait que lui offrir ce qu’il méritait…Tu as fait ce qu’il fallait. Tu as sauvé la vie d’Isaac, ce soir. Tu ne peux pas regretter, cela. Et ton fils te doit la vie. C’est grâce à toi s’il est ici. C’est la seule chose qui compte, en réalité. Tu as préservé ta famille. »

Il pointa l’index sur Isaac qui gigotait dans ses bras, apparemment perturbé par l’état de sa mère, puis essuya les larmes qui coulaient sur ses joues, une à une. Inlassablement. Rien ne servait de pleurer sur la vie d’un meurtrier. Il ne mentait pas. Si elle n'avait pas agit, son fils se serait évaporé et qu'importait les promesses du kidnappeur sur le fait qu'ils le lui auraient rendu. Ce n'était qu'un fou-fifre, il l'ignorait! N'avait parlé ainsi que pour sauver sa propre peau... Et quand bien même. Elle agissait ainsi. Par Amour. Le moteur de sa bonté.

« J’ai...déjà vécu cette situation, tu t’en souviens ? Les rôles étaient inversés Comme toi, je me sentais perdu, coupable, honteux, paniqué, effrayé par moi-même. » mentit-il « Et nous avons trouvé une solution ensemble… Grâce à toi. C’est toi qui m’a donné la force d’admettre mes torts mais aussi de les temporiser. Je n'ai jamais eu l'occasion de te remercier... Alors laisse-moi au moins, te rendre la pareille… Fais-moi confiance, Trésor. »

Elle avait parlé de la police et légitime défense et un sourire presque nerveux avait dévoré sa bouche, plissée pour éviter un rire aigre d’en sortir. Légitime défense ? Oh, elle se trouvait dans beaucoup de situation mais certainement pas en légitime défense.

« Non » décréta-t-il d’une voix douce mais assurée « Nous ne pouvons pas laisser la police trouver ce corps… Outre les causes de la mort qui te vaudront AU MINIMUM un examen approfondi par les services d’espionnage, si ces derniers sont un minimum doués d’intérêt… La police n’a de cesser que de chercher à complexifier des situations qui ne le méritent pas… Et la légitime défense qui t’a fait défendre ton fils jusqu’à cet...acte, pourrait ne pas les convaincre. Ils te répliqueraient qu’il l’avait certes kidnappé mais qu’il ne le menaçait pas lorsque tu l’as attaqué et que pire, il ne l’avait même plus entre ses mains, lorsque tu l’as abattu… » il soupira, pesta même, dramatiquement avant d’ajouter en secouant la tête «  Non… non, il faut le faire disparaître… »

Il avait pensé à utiliser sa fourche… Mais il prenait conscience qu’il l’avait laissée là où Alexis avait même laissé le pot de fleurs sur roulettes… A l’entrée du restaurant… Non, il n’était pas bon de se joindre à la foule à présent. Puisqu’ils n’avaient attiré l’attention de personne…

Jetant un regard sur le cadavre, Erwin observa les tâches calcinées de part et d’autre de l’individu. Presque aurait-il été tenté de le désintégrer totalement… Mais, c’était sûrement trop en demander à Alexis, pour cette journée, tout de moins. Elle se sentait suffisamment coupable pour qu’il décide de lui rajouter l’incitation à porter, à nouveau, sur le corps d’une mort quelle avait elle même posée par l’effet de ses pouvoirs, un impact complémentaire en faisant l’usage de ces derniers…
Sans instruments, sans ustensiles, la situation ne serait pourtant pas aisée… Il fallait aller vite. Fort heureusement, les bois ne se trouvaient pas encore trop fréquentés vu l’heure, mais s’ils décidaient de tarder… ils risquaient de croiser les plus frondeurs fêtards que la ville puisse accueillir.
Se débarrasser d’un cadavre valait normalement l’intérêt de s’en occuper loin des regards indiscrets et très promptement…
Il se redressa, envisageant les alentours. La qualité de la terre.

« Il faut que nous le déplacions… Un arbre a explosé ici, cela ne passera pas inaperçu. Si la police intervient pour enquêter, elle notera des traces récentes dans la terre et nous serons pris. Enfin… Non, puisque après tout, nous n’existons officiellement que de manière relative… Toujours est-il que ceci est un risque qu’il vaut mieux s’accorder le luxe d’annihiler. En portant notre choix vers un endroit un peu plus éloigné encore…Penses-tu être capable de le transporter dans un champ d’énergie ? »

Il se releva, doucement, l’aidant et la soutenant. Lorsqu’elle fut debout, il l’embrassa sur le haut de son front, avec délicatesse :

« N’aie crainte, mon Trésor. Je te le promets, tout ira bien...» assura-t-il. Et il le croyait, oui. « D’ailleurs… Sais-tu pour qui travaillait cet homme ? De ce qu’il disait, je l’ai relié...peut-être à tort…à tes amis...de Paris ? »

Il l’écouta, lorsque le craquement d’une branche détourna son attention, aux aguets. Etait-ce lui ? Il semblait que des voix se rapprochaient… ?

crackle bones

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« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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Edition Octobre-Novembre 2020

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________________________________________ 2022-12-22, 22:46 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




I put a Spell on you

Les mots d’Erwin me parvenaient de si loin que j’avais l’impression que ma tête était sous l’eau ou qu’il me parlait à travers une vitre épaisse qu’il ne parvenait pas à briser. Tout était si fou. Le cadavre calciné, le fait qu’on ait voulu me voler mon fils, la préméditation de ce geste et le calme d’Erwin. Et ne semblait pas épouvanté pour un sou. J’aurai pu supposer que l’Amour y avait quelque chose à voir si seulement il était capable de cette chose. Il en était capable d’une certaine façon aussi... Ou peut-être pas... tout était toujours si flou. Par ses gestes ils me montraient ce qui s’en rapprochait le plus, par ses mots, il prenait ses distances. Est-ce que son calme devait me rassurer et me réchauffer ou m’inquiéter ? Il avait été si fort et si prompt à m’aider lors de la tornade... Mais ce n’était pas la même chose, ce n’était qu’à moi que je faisais du mal. Je venais de tuer, sous ses yeux, sans douter et sans pitié et ça ne lui faisait pas plus d’effet que ça. Là où j’aurai pu le penser méfiant, cherchant à prendre ses distances, il me consolait avec une certaine fierté dans le ton de sa voix comme si je n’avais que rendu justice. Mais ce n’était pas juste. Ni même moral. Ce que j’avais fait était terriblement mal.

Cherchant à me dissocier du moment, je serai toujours Isaac contre moi qui hoquetait dans son coin, cherchant sans doute à se remettre de ses vives émotions. Je fermai les yeux, secouai la tête de gauche à droite, refusant d’entendre les arguments et la douceur d’Erwin. J’étais un monstre. Rien de plus. Rien de moins. Il disait avoir vécu la même chose, que j’avais su trouver les mots pour l’aider et qu’il me rendait désormais la pareille, mais rien n’était pareil. Cet homme qu’Erwin avait tué, il serait mort de toute façon. Dans un naufrage tel que le Titanic, il n’y avait aucun moyen qui s’en sorte. Son geste n’était pas si grave. Mais le mien... le MIEN. J’avais tué un homme de sang-froid, un homme qui aurait pu vivre, un homme qui m’avait certes pris mon fils et avait de ce fait menacé ma “famille” comme l’avait dit Erwin mais qui le faisait sur les ordres de quelqu’un. Un pion en somme. Qui aurait été payé pour ce travail et que j’avais tué. Je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir tout de même légèrement la nausée à l’idée de penser que ce type de satisfaisait de voler des petits enfants pour de l’argent, mais est-ce que ça méritait pour autant que je devienne comme lui ? Pire que lui ? Est-ce qu’il avait tenté de me stopper ? Me l’avait demandé ? J’en avais un vague souvenir, une demande ou une supplication, que j’avais balayé d’un revers d’éclair...

— Mais qu’est-ce que j’ai fait...?

Si de mon côté, cette question tournait en boucle dans ma tête, Erwin lui, ne perdait pas pieds. Il avait déjà refusé catégoriquement ma proposition d’appeler la police et me proposait à présent de déplacer le corps. Je ne pouvais pas lui en vouloir, il avait raison. Je ne pourrai jamais expliquer mon geste, je le lui avais d’ailleurs également fait remarquer. Comment expliquer une légitime défense sur un corps entièrement calciné ? C’était impossible. Personne n’avait chercher à nous aider, parce que personne n’avait compris l’urgence qui se déroulaient sous leurs yeux, je n’aurai même pas de témoin pour nous innocenter. Tout cela me mettait dans un tel stress que je ne savais même plus si je me balançais pour calmer mon fils ou me calmer moi, le nez enfouit dans ses cheveux, embrassant son crâne par moments. J’avais hoché la tête d’un air entendu bien que désordonnés aux arguments qu’il avançait. Il avait raison. L’arbre défoncé, notre culpabilité, notre réalité relative... quoi que celle-ci était peut-être réelle pour lui, mais elle l’était moins pour moi. Je savais qu’au-delà de Storybrooke, mon passé m’était toujours lié. Je n’avais pas disparu entièrement, j’étais dans ses registres, ici et là, bien que cachés et obscurs dont je n’avais pas encore pleinement connaissance. Et ça semblait même d’ailleurs me rattraper présentement, malgré moi.

Je l’avais observé avec des yeux ronds lorsqu’il m’avait proposé de faire un champ de force pour déplacer le corps. Parce qu’il croyait que c’était facile, lui ?! L’idée de le traîner ensemble m’aurait moins inquiété mais il était aussi vrai qu’on ne pouvait pas poser Isaac et espérer qu’il avance à nos côtés. Et qu’elle vision je donnais à mon fils, quelle horreur de souvenir je lui créais qui ne manquerait pas de le traumatiser jusqu’à la fin des temps ? Son père et sa mère, tirant un humain à moitié décomposé par les brûlures, en pleine nuit au beau milieu de la forêt. On l’avait notre Halloween... Pourtant, je ne me sentais pas de faire une chose pareille... Je l’avais fait instinctivement pour Isaac, ça m’était venu comme ça, sans que je n’y réfléchisse, sans même que je ne l’ai fait avant. Ça c’était juste produit, pour le protéger, pour éviter une chute. Le refaire à froid, sur un corps, nettement plus lourd... j’étais pas certaine de pouvoir le faire tout simplement parce que...

— C'était pas moi...

C’était sorti tout seul, avec une franchise désarmante, parce que c’était la vérité. Je n’avais pas été seule à cet instant, je l’avais senti. Cette force, cette puissance qu’Hypérion m’avait transmise dans l’Hôtel Bleue, elle était là à nouveau, comme une présence connue et familière, venue d’ailleurs mais pourtant si proche, comme de vieux amis. C’était si difficile à expliquer, à analyser et pourtant c’était ça. Erwin m’avait aidé à me relever, pris dans son moment. J'avais senti ses lèvres toucher avec douceur mon front, tandis qu’il tentait de me rassurer. Il me demanda alors l’inévitable : est-ce que c’était EUX ? Ma Famille ? Je ne pouvais lui en vouloir de le supposer et imaginer qu’il avait pu les oublier n’était qu’une hérésie, une preuve que j’aurai pu mal le connaître. J’étais persuadée que c’était même restée dans un coin très ancré de sa tête, il y faisait parfois illusion, prêchant peut-être le faux pour savoir le vrai mais je n’étais restée qu’en surface à ce sujet, ignorant comment l’aborder, ni même si j’en avais envie. J’avais voulu lui répondre mais une branche craqua soudain, accompagné par des voix que je ne connaissais pas. Prise de panique, j’avais tourné vers lui ta tête, les yeux ronds, avant de lui coller Isaac dans les bras avec un ton expéditif :

— Prends-le, s’il te plaît.

— Pourquoi est-ce que...

Le fait d’avoir récupérer Isaac dans les bras lui en avait coupé la chique. Il s’était contenté de pincer un peu les lèvres face à la réception brusque de son fils, sans doute toujours aussi peu à l’aise à l’idée de le tenir. Et il n’était pas le seul. De son côté, Isaac s’était mis à gesticuler en gémissant, prêt à éclater en sanglots tout en tendant les bras vers moi dans le désespoir que je le reprenne. Si Erwin tentait des efforts et des approches auprès du petit depuis quelque temps, mon fils n’avait pour l’instant pas l’air d’être prêt de le lui accepter, attendant sans doute d’autres preuves pour faire tomber sa méfiance. Mais le temps n’était pas à la patience ni aux pleurs, il fallait agir et vite, pour nous sortir de là.

— Non.

J’avais levé un index autoritaire et le son de ma voix avait fusé avec la violence d’une gifle de glace, au point que l’enfant s’était stoppé instantanément pour m’observer avec des yeux ronds. Je n’avais pas l’habitude d’être aussi sévère, mais c’était pour notre bien à tous. Me jaugeant légèrement avec une dose d’appréhension, il plaça les doigts de sa main droite dans sa bouche tout en continuant de m’observer, le torse un peu plus vers Erwin cependant, comme pour se caler au mieux dans ses bras. Je n’avais pas eu le temps d’observer plus longtemps la scène que déjà je leur passais devant pour me diriger vers le corps. Inspirant et expirant profondément. Tendant légèrement les mains devant moi, comme pour tenir une boule imaginaire, j’avais imaginé le même champ de force que celui-ci qui avait entouré mon fils, me concentrant, tentant de ne pas trop regarder l’horrible spectacle qui se trouver sous mes yeux. J’avais la nausée, envie d’hurler et d’éclater en sanglots mais je savais que le temps nous était compté et que je n’avais pas le droit de craquer une nouvelle fois, pas tout de suite, pas comme ça, même devant l’ampleur de l’horreur de ce que j’avais fait. Je m’y étais repris à plusieurs fois pour y parvenir. Les petits filaments qui se créaient devant moi ne restaient pas assez longtemps pour atteindre une consistance ni même ne formait une bulle suffisamment grande pour englober tout le cadavre. Je sentais que l’effort que je fournissais était surhumain, m’épuisant à la tâche, sentant ma tête me tourner, mes jambes me lâcher petit à petit dans une fatigue incroyable. Pourtant, je ne lâchais pas. Réitérant l’exploit, encore et encore, tentant de ne pas céder à la paniquer des bruits de pas et des voix qui se rapprochaient petit à petit. Je n’avais pas pu m’empêcher de faire un pas en arrière de surprise en me voyant ENFIN y parvenir, me ressaisissant presque immédiatement pour ne pas briser ce que j’avais mis tant de mal à faire. Parvenant à le soulever, je m’étais encore plus enfoncer dans les bois, là où Erwin m’avait indiquer d’aller, réalisant alors tout l’effort que me demandait ce moment. C’est comme si je portais un âne mort sur mon dos... Comme pour me donner du courage, j’essayais de reprendre le fil de notre conversation, Erwin toujours à mes côtés, avec Isaac dans les bras :

— Ce n'est pas eux... j'en suis sûre. Mais... je ne sais pas pour qui il travaille LUI... il a dit... qu'est-ce qu'il a dit déjà ?

J’étais si perturbée... je réalisais chaque seconde un peu plus à quel point ses derniers mots n’avaient pas eu d’importance pour moi, comme quoi l’action et ma colère avaient été plus forts. Patiemment, Erwin me répondit :

— Mais c'est lié, n'est-ce pas ? Sais-tu à quel point ?...

Bien que je ne l’observais pas, je savais qu’il fronçait les sourcils, tentant de raccrocher les wagons :

— A part geindre qu'il ne faisait que suivre les ordres ? Il a précisé qu'il te l'aurait rendu... et que “tu faisais partie de..." il n'a pas eu le temps de finir.

— Oui je sais...

J’avais dégluti, un peu amère. Ce n’était pas contre lui, ou peut-être un peu, qu’il puisse à ce point appuyer sur le fait que je ne l’avais pas laissé finir avant de le tuer. A bout de force et suffisamment loin du monde, j’avais relâché ma prise et le corps était tombé sur le sol dans un bruit étouffé, sa chute amortie par un tas de feuilles mortes. Me prenant la tête dans les mains, je m’étais mise à faire les cent pas, comme pour me séparer de toute cette énergie négative qui montait en moi :

— Je sais pas, j’en sais rien Erwin... ça n’a aucun sens. Tu penses pas que ça pourrait plutôt être des hommes de Crafty ? Des gars qui chercheraient à se venger de la mort de leur patron ? Il a dit qu’il suivait les ordres donc il fait partie d’un groupe, j’en sais pas plus que toi. S’il voulait me rendre mon fils, pourquoi me le prendre ?! Il n’a rien de spécial.

Ce n’était pas méchant, bien au contraire. A mes yeux, Isaac avait absolument tout de spécial, il était parfait. Mais aux yeux d’une organisation prête à l’enlever avant de me le rendre, il ne semblait pas vraiment coller au profil du gros butin. J’en avais vécu des moments compliqués, avec des dieux, des sociétés secrètes et même des mafieux... ces gens-là cherchaient le pouvoir, la connaissance ou même la richesse mais j’étais loin d’être la plus riche pour une éventuelle rançon, Isaac ne semblait doté d’aucun pouvoir, quant à la connaissance... qu’est-ce qu’un enfant si petit pouvait bien leur apprendre ?

— C’est pas la première fois que je me fais suivre... mes “amis de Paris” comme tu les appelles l’ont fait un certain temps avant de m’approcher... et je sais que d’autres m’observaient. C’était d’autres car mes “amis” m’ont affirmé que ce n’était pas eux. Je ne sais pas pourquoi ils faisaient ça, qui ils sont et s’ils continuent ou s’ils ont arrêté... je... j’en sais rien... Mais j’ai peur. Pour moi et... pour lui.

J’avais récupéré mon fils dans mes bras, plus par besoin de le toucher et lui faire un câlin que parce que son père ne s’en occupait pas bien. Son père pour qui je ne m’en faisais pas tellement d’ailleurs. Il savait rebondir, je le savais. Et j’étais presque sûre que ce n’était pas lui qui était visé, vu que ma victime s’était directement adressée à moi en disant que je faisais partie de quelque chose... mais de quoi ?! Il avait tant de choses dont je faisais partie et la moitié que je ne comprenais pas.

— Je doute que les hommes de Crafty puissent être impliqués. A défaut, cela signifierait...qu'ils en savent suffisamment sur nous pour surveiller nos faits et gestes, communs ou séparés... Non. Surtout pas lorsque leur patron meurt. Une bande se terre lorsque son chef disparaît. Le temps de se reconstituer... S'engager dans une vendetta ? Peut-être mais auquel cas, ils ne chercheraient pas si subtil...

Il avait l’air d’avoir une connaissance accrue du milieu, mais trop bouleversé par le contexte, je ne le relevais même pas, tandis qu’il faisait une pause pour nous observer, en pleine réflexion :

— Il a de spécial la valeur que tu lui donnes. Et pour celle-ci nous savons qu'elle est inestimable. N'importe qui le tenant, te tient en retour... Et ils te l'ont pris pour ça. parce que tu fais partie de.... quelque chose. D'après ses mots. De Storybrooke? J'en doute. Je l'ai pris dans le sens organisation... A laquelle Isaac pourrait, peut-être...être lié ?

J’avais dégluti sans rien dire. Cela se tenait et si sa théorie était juste, cela avait forcément un lien avec les Templiers... C’était la seule organisation qui se transmettait par le sang... Et en parlant de sang... Isaac en avait un mêlé qui était pour ma Famille une bénédiction... se pouvait-il seulement que c’était pour cela qu’ils le voulaient ? Pour son sang ? Hera m’avait dit qu’un groupe étrange avait cherché à prendre le sang de son frère... était-ce les mêmes personnes ? Cherchant à me départir de cette pensée qui m’effrayait brusquement, je choisissais de changer de sujet :

— On fait quoi avec lui maintenant ? On va quand même pas rester là toute la nuit...

Il n’avait pas répondu dans un premier temps mais malgré la dureté de la nuit, je savais qu’il m’observait très attentivement. Il cherchait à analyser la moindre de mes réactions, la moindre ride, le moindre souffle. Déglutissant, je détournais le regard, bien forcée de le laisser faire pour le moment.

— Nous allons l'enterrer. Si nous connaissions mieux les environs, une autre idée s'imposerait peut-être mais faute de temps, je pense que le plus aisé reste ceci. S'il n'appartient pas à cette ville, il ne sera même pas recherché...

Il semblait avoir attendu un moment, par hésitation peut-être avant d’ajouter :

— Une idée t'a-t-elle traversée l'esprit, concernant... Isaac?

— Et on l’enterre comment ?! Je doute que t’as une pelle dans ta poche ou je sais pas quoi... si tu avais encore gardé ta fourche mais là... A moins qu’on aille en acheter une maintenant ? C’est pas trop... flag ?

Mes questions étaient sincères, mais je sentais que le moindre mot que je prononçais et qui l’éloignais de la réponse qu’il attendait était loin de lui faire plaisir. Avec un soupir, je lui précisais :

— Oui... il est possible que ce soit effectivement liés à mes amis si tes théories sont bonnes... Mais je ne sais quand même ni comment, ni pourquoi et t’expliquer tout ça maintenant serait sans aucun doute trop long... il y a... beaucoup... disons. On peut déjà finir ce truc ? Je...

J’avais soupiré, à bout de forces.

— Non. Rien n'est flagrant tant que tout est exécuté avec assurance.

Il l’avait affirmé avec aplomb, secouant la tête à chacune de ses paroles et je n’avais eu qu’une envie : le croire.

— A moins que nous disposions d'un autre moyen pour faire disparaître ce corps...

C’était à mon tour de secouer la tête, de gauche à droite cette fois, en fuyant son regard. Je ne savais pas s’il insinuait que je devais tenter quelque chose mais je n’avais aucune envie de travailler l’expérience. Après un instant de réflexion à ce que je lui avais dit, il avait opiné du chef, me confirmant :

— Hum... Je comprends... Nous allons régler ça. Ensemble. Je te l'assure.

Une fois de plus, je ne demandais qu’à le croire, déglutissant, voulant toujours croire à un mauvais rêve qui pourtant n’en était pas un. C’était comme si le monde entier et mes certitudes s’étaient dérobés sous mes pieds. J’étais si bien quelques secondes auparavant, dans ma bulle de bonheur, avec lui, prenant de nouveau confiance en l’avenir, en nous trois, persuadé que les nuages étaient derrière nous et que j’avais finalement appris à faire confiance. Pourtant, l’instant d’après tout avait volé en éclat, faisait disparaître dans un écran de fumé mes certitudes et mon bien être pour ne laissait que cet arrière-goût de cauchemar sur les lèvres, me demandant quand celui-ci finirait. Erwin avait initié un mouvement, sans doute pour aller acheter la pelle mais au même moment, le vrombissement d’un moteur se fit entendre tandis qu’une voiture noire aux vitres teintées se garait non loin de nous, passant à travers les arbres sur un chemin que j’avais du mal à observer. Les phares étaient aveuglants et j’avais eu un mouvement de recul, mon fils dans les bras, de peur qu’ils cherchent à nous écraser. En deux secondes, deux personnes étaient sorties de la voiture. Je reconnu immédiatement le chauffeur, avec sa tête de naze :

— Monte.

Et pourtant, malgré sa froideur et notre inimité, j’étais inexplicablement heureuse de le voir. Elias tourna la tête en directement d’Erwin :

— Vous aussi. Et vite, on doit bouger.

Comme pour rajouter un peu d’urgence à ce qu’il disait, il remontait déjà en voiture tandis que deux autres personnes sortaient de l’arrière pour rejoindre Mathilde qui s’était approché du corps. Elle releva lentement la tête vers moi et je lu dans ses yeux autant d’incrédulité que de dégoût et déception, qu’elle chercha pourtant à cacher. Les deux autres creusaient déjà un trou à la vitesse de l’éclair.

— C... Comment vous avez su...

— Allez Blanche-Neige, on te racontera tout au QG, on bouge et VITE.

Déglutissant, j’avais enclenché le pas pour montrer dans la voiture, observant juste Erwin pour être certain qu’il me suivait. Une fois tous les trois à l’intérieur, la voiture recula brusquement, laissant les trois creuseurs seuls dans les bois.

— Comment ils rentrent ?

— T’en fais pas pour eux, on les attend dans la ville. Certains sont déjà en train de récupérer vos affaires, on va vous les déposer au QG.

— Attends... mais... On retourne pas à Salem ?

— Avec tout ce qui vient de se passer, t’es sérieuse là ?! Non, ça peut plus durer ces conneries, il faut qu’on avance plus vite et on a besoin de vous deux. Mais on vous expliquera tout là-bas, vous allez y rester un petit moment.

— Euh petit comment parce que...

— T’inquiète, il sera revenu avant que sa femme réalise... très chevaleresque de ta part d’ailleurs.

Il avait eu un ricanement qui m’avait fait baisser les yeux. Je savais ce qu’il pensait de ma relation et je n’arrivais pas encore à l’affronter pleinement sur ce terrain. Sentant la gêne que ça avait occasionné, Elias avait alors voulu reprendre la parole, comme pour dissiper le malaise, pour la première fois de sa vie. Est-ce qu’on était en train de devenir copains ? C’était peut-être un peu trop naïfs de ma part, mais une chose était certaine, il voulait me garder dans de bonnes conditions.

— D’ailleurs s’il veut rentrer on l’en empêche pas...

— Mais t’as pas dit qu’on avait besoin de nous deux ?!

— Ouais... de toi et Isaac... pas lui. Après si c’est lui, ça sera quand même plus simple...

J’avais froncé les sourcils, baissant un instant le regard vers mon fils avant de croiser le regard d’Erwin puis celui d’Elias dans le rétroviseur qui coupa court à tout questionnement :

— On t’expliquera tout là-bas. On y sera bientôt, repose toi.
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« If the crown should fit, then how can I refuse? »

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________________________________________ 2023-02-12, 21:01 « If the crown should fit, then how can I refuse? »

I put a spell on you
“Le jour de la fête des morts donne à chacun le sens de la vie.”


« Les amis de Paris » comme il les avait appelé pour plus de simplicité afin d’éviter une série de questions qui n’avait que peu de légitimité dans un tel moment, semblaient définitivement impliqués dans cette histoire. Bien évidemment, Alexis s’était hâtée de l’en démentir. Elle ne tentait pourtant pas de le détourner de la vérité et il se trouvait persuadé de l’entendre dire la réalité. Il ne songeait pas réellement que ces « amis de Paris » aient réellement pu avoir causé cela, Mais ils s’y trouvaient mêlés de toute évidence. Du peu d’informations qu’il avait pu récupérer du court échange que l’individu avait échangé avec Alexis, il appartenait selon vraisemblance à une sorte « d’équipe » rivale.
Et comme pour l’en confirmer, il fut bientôt aveuglé par les phares d’une voiture noire aux vitres teintées. Lui-même avait eu un bond de recul, faisant le lien avec le défunt. S’il devait voler un enfant, il devait forcément le livrer non loin de là… A moins qu’il n’en ait reçu l’ordre et agisse seul, ce qui paraissait quelque peu déconcertant. Mais, en moins qu’il n’en faille pour le dire ou détaler, deux individus étaient sorti de la voiture. Ils n’étaient que deux. Preminger avait évalué à la possibilité pour eux d’en venir aisément à bout. Il ne disposait malheureusement pas d’un pistolet chargé sur lui, l’ayant laissé dans l’un des doubles-fonds de l’une de sa valise. A peine un coupe-papier si fin qu’il faisait office d’un subtil mais non moins efficace poignard…
Il fallait agir vite, dans tous les cas… S’ils étaient surentraînés, ils ne pourraient pas faire grand-chose contre eux. Il fallait les prendre de vitesse ou…
Pour autant, l’homme qui venait de s’extraire de la voiture s’adressa à Alexis.
— « Montre »
Son ton était inamical voir complément froid, à la limite de l’indifférence et pourtant, il y avait quelque chose dans son timbre, la manière dont il avait articulé le mot qui mis Preminger en alerte et le poussa à se tranquilliser. Il ne réagissait pas comme un individu menaçant, non. Davantage comme une connaissance agacée. Et l’attitude d’Alexis acheva de l’en convaincre, tandis qu’il coulait à la jeune femme un regard en biais. Du soulagement perçait sur son visage si bien qu’il sut à « qui » il avait à faire. Les fameux « amis de Paris ». Cette mystérieuse confrérie. Ils étaient quatre et tous agissaient avec prompte rapidité. La femme qui avait surgit de la place passagère en avait profité pour s’approcher du corps, semblant assimiler et analyser les dégâts causés.
Elle savait. Ils savaient tous. S’il n’avait pu que le supposer, à présent, la chose devenait évidente… Ils savaient pour ses pouvoirs. Jusqu’à quel point se trouvaient-ils renseignés sur elle ? Sur eux ? Sur Lui ? Clairement cela devenait une chose à creuser, si bien qu’il y réfléchissait presque encore lorsqu’il sentit le regard de sa maîtresse sur lui. Ses jambes et son corps s’étaient mu d’eux même, donnant le change, mais son esprit analysait, écoutait. Même le surnom donné à Alexis ne lui semblait pas anodin. « Blanche-Neige ». Pour quiconque la connaissait mal, de prime abord, il était possible de considérer que son apparence méritait ce surnom. Après tout, elle aussi possédait une peau pâle, une bouche rouge et des cheveux brun… Mais cela ne faisait pas référence à son apparence physique, mais davantage à Regina, ainsi son identité. Ils savaient au-delà de ses pouvoirs. Ils connaissaient leurs origines…
Erwin n’était pas sans ignorer que le gouvernement américain avait tenté, à une période précise de leur époque, de tirer profit de la magie existant dans Storybrooke. Et le président américain en question n’était autre que le Père d’Alexis. Ce dernier était-il lié à l’organisme ? Il savait pourtant qu’Alexis n’entretenait pas un rapport excellent avec les souvenirs de ce dernier… C’était d’ailleurs un euphémisme. Ses liens avaient l’organisation lui venait de sa mère…
Il s’était engouffré dans la voiture, ayant la favorable surprise de la trouver davantage spacieuse qu’elle ne le paraissait supposer. Veillant à garder la tête haute, il s’était installé et le véhicule avait vrombi prenant la route, en parallèle des interrogations de son amante… Ils ne retournaient pas à Salem… Ils se faisaient en quelque sorte « kidnapper » de bon gré à les entendre.. Pour un Temps...indéterminé. Ce qui avait occasionné une plaisanterie fort peu seyante à l’encontre de sa situation matrimoniale. En réalité, l’ancien ministre s’en moquait royalement…. Mais cela avait tendu Enora d’une manière qu’il pouvait comprendre également, si bien qu’il était venu déposer sa main droite le long de son poignet. Il la trouvait...tendue. Presque davantage qu’avant qu’il ne monte dans la voiture. Est-ce la réalisation de ce qui venait de leur arriver et les conséquences qui pouvaient en découler ? Est-ce la venue de ses amis et les rouages dans lesquels ces derniers venaient de les entraîner sans même quérir leur avis ou opinion.

« Puisque ma présence semble faciliter votre tâche, puis-je au moins savoir ce que vous comptez attendre de moi ? Étant libre ou non de partir... » D’un seul coup d’œil bref à Alexis, il avait veillé à lui signifier que ce n’était là qu’une simple posture de style avant de poursuivre « Je tiens au moins à connaître ce que vous souhaiteriez que j’accomplisse et pourquoi. »

Il demeurait calme, de prime abord. En réalité, il se trouvait particulièrement en demie-teinte. Mi-pincé, mi-au-dessus de cela. Il voulait bien savoir pourquoi proclamait qu’on avait pas besoin de lui, avant de considérer qu’il serait plus « simple » de recourir à ses services. Preminger ne pouvait se considérer comme « simple ». Il était beaucoup de choses mais pas cela. Bien évidemment, il considérait que ce qui devait être fait, devait l’être surtout par Alexis et son fils. Mais pourtant, ils avaient visiblement besoin d’une troisième personne. Et cette troisième personne ne pouvait être n’importe qui. Enfin, elle le pouvait mais c’était déconseillé. Une partie de son égo soufflait qu’il était favorisé car il ne pouvait qu’être meilleur que tous… Pour autant, c’était un égo mal placé. Il était suffisamment intelligent pour se rendre compte que ce n’était pas lié à lui. Non. Uniquement à Alexis et Isaac. Et puisque tout tournait autour d’eux….
C’était donc pour une question de confiance ou de connaissance liée à ces derniers qu’il se trouvait préféré. Soit parce qu’il était susceptible de les rassurer. Ou parce qu’il était susceptible de mieux les connaître.
Le conducteur avait relevé les yeux dans le rétroviseur, pour croiser son regard, alors que sa bouche proférait d’un ton un peu cassant, mais non odieux :

"C'est quoi que vous avez pas compris dans "on vous expliquera tout là-bas" ? Si c'était si facile à entendre et à expliquer, vous pensez pas que j'aurai pas perdu de temps et que j'aurai pas déjà fait le déroulé ?"

Erwin avait inspiré un peu plus fortement, longuement, pour empêcher son sourire narquois de se transformer en un rire franchement déplaisant. Comme si elle en avait perçu le risque, Alexis était venue déposer sa main sur sa cuisse, au bord de son genou. La pression de cette dernière le priait de demeurer calme. OH il était calme. Il possédait un caractère susceptible de s’enflammer selon certaines situations, certes. Les circonstances actuelles faisaient qu’il se tendait, certes. Et quand bien même le ton utilisé par le chauffeur n’était pas odieux, les mots choisis lui donnaient fermement envie de le remettre à sa place. Non qu’il en eut besoin. Il savait parfaitement ce qu’il pensait de lui, mais parfois le verbaliser possédait une saveur cathartique toute particulière.
Le véhicule roulait encore en silence jusqu’au moment où le conducteur rajouta juste sur d’une voix quelque peu adoucie :

"Je ne connais pas tous les tenants et les aboutissants. Moi mon rôle c'était de vous extraire et de vous ramener là-bas en sécurité. Quelqu'un sera largement mieux placé pour vous en parler. C'est aussi ça la règle, chacun son rôle, personne n'en dépasse. Mais ne vous inquiétez pas, je vous le reconfirme : si ça vous convient pas, vous pourrez partir, personne ne vous en empêchera... sauf peut-être Enora…" Son regard dans le rétroviseur s’était porté vers l’emplacement de la jeune femme avant de grommeler "Mais ça c'est pas mes oignons..."

Oui. Et pourtant, il ne manquait pas de le préciser tout comme il n’avait pas manqué de souligner sa situation matrimoniale quelques instants auparavant.

« Huuum…. Je vois… Une discipline de fer… J’attendrais donc d’être en présence du professionnel en la matière... » Avait-il répondu sur un ton guidé, avec un léger sourire ironique

Il aurait pu faire tellement pire. Il en avait envie. Répliquer qu’il ne disposait vraisemblablement d’aucune importance. Qu’il n’était qu’un voiturier. Mais cela aurait été des plus contre-productifs.
Rien de ce qui se passait ne trouvait grâce aux yeux de Preminger, il subissait clairement les actions de l’organisation et la détresse d’Enora à ses côtés ne faisait que renforcer sa colère. Pourtant, aussi mégalomane pouvait-il être, il n’était pas sans ignorer qu’il se trouvait à présent au cœur des desseins de cette organisation aussi mystérieuse que puissante… Totalement entre leurs mains. Alors il convenait de tâcher de maîtriser ses ardeurs colériques pour adopter le plus complaisant des tons. Après tout, aussi frustrant que cela puisse être, il ignorait encore leurs motivations et le degré d’importance qu’il pouvait leur allouer. A se terrer au cœur des hommes, à se confondre avec la masse, ils maîtrisaient l’art de l’invisibilité. Leur nombre, leurs motivations, leur puissance, rien n’était quantifiable… Et s’il s’était promis de mettre le doigt sur ce qu’ils cherchaient, Preminger admettait qu’il s’agissait là de potentiels adversaires coriaces.
Tournant la tête auprès d’Enora, il se cala dans le siège du véhicule avant d’interroger à voix basse :

« Ca va ? » il sondait son visage, notant les stigmates des chocs restant, s’y refléter en surface. Bien sûr que non, cela n’allait pas si bien… Quand bien même elle déclara, en clignant des yeux complètement hagarde devant lui :
« Ouais, ouais, ça va, je gère….je … ouais, ça va…. »

Elle avait même secoué la tête mimant l’enthousiasme. Non. Cela n’allait définitivement pas. Quand bien même ses mains continuaient de soutenir Isaac fermement de sa seconde main.
La main du maire descendit de son poignet pour se déposer sur le dos de sa main, pour mieux mêler ses doigts aux siens.

Tout va s’arranger... » Il s’était approcher, déposant un doux baiser sur sa peau veloutée, tout en chuchotant très vite à l’oreille, mais très bas « Il n’arrivera rien. Nous partirons s’il le faut, de gré ou de force, trésor ».

Ses yeux brûlants avaient observé sa réaction, la manière dont elle avait hoché la tête d’un air entendu lorsqu’il lui avait promis que tout s’arrangerait. Elle se rattachait à ses paroles, tâchait de s’en convaincre autant qu’il l’assénait, d’y faire corps. Et pourtant, ensuite, avait tourné la tête brusquement vers lui. L’intensité de ses yeux transmirent le message que sa bouche n’énonça pas. Elle ne voulait pas fuir. Ni partir. Elle était résolue à rester. Quoiqu’il fasse.
C’était...intéressant. Cela l’entretenait de beaucoup de choses et il devait admettre qu’il avait aussi agit pour s’assurer d’un pressentiment. Elle ne les craignait pas.
Il l’avait toujours vue et devinée dévouée à leur cause, il ignorait néanmoins la confiance qu’elle leur témoignait. A présent, il ne pouvait qu’être sûr qu’elle la leur donnait. A raison ? Cela, il ne pouvait le savoir. Après tout, Enora était intuitive...cela ne l’empêchait pas de lui faire confiance.
Il avait opiné, reculant, non sans avoir accolé son front au sien un bref instant complémentaire.
Ils avaient roulé, roulé… Un temps non négligeable.
Puis, au bout d’une durée qu’il avait estimée, tout en vaquant à l’organisation de ses pensées, Preminger avait vu et senti le véhicule s’immobiliser. Elias bientôt s’en était extrait, non sans les inciter à faire de même de son ton indolent. Non sans un soupir agacé, l’ancien ministre était sorti du véhicule, Alexis et son fils sur ses talons, pour mieux jauger d’un œil morne et sévère le lieux destiné à les recevoir… Eh bien… C’était décevant. Une bâtisse désaffectée, comme cela s’avérait peu original. Perdue au milieu de nulle part, l’immeuble semblait avoir abrité quelques années auparavant une poste maintenant devenue au d’usage.
Sur les pas de leur conducteur, ce qui s’offrait à sa vue à l’intérieur du bâtiment, à présent, confirmait cette analyse. Un ancien centre de tri de courrier désaffecté. Combien de lettres avaient pu s’envoyer ici ? Comment de lettres avaient trouvé leurs propriétaires ? Preminger était loin d’être sentimental, mais il se posa néanmoins la question, trouvant l’ironie assez caustique. Après tout, cette organisation se trouvait nulle part et partout à la fois. Ou pouvait-elle trouver davantage sa place qu’au lieu où toutes les correspondances transitaient ? Il ignorait si le clin d’oeil se trouvait être volontaire, il n’empêche qu’il était efficace.
Ils marchèrent, traversèrent les longues allées où le courrier s’était empillé, puis atteignirent une porte dissimulant un grand ascenseur en métal. Les ouvriers y descendaient leurs palettes auparavant, sûrement… Le chauffeur le leur avait pointé du doigt, les incitant à y prendre place.

« Entrez là-dedans et refermez la porte derrière vous... je me charge de fermer tout ici".

Alexis s’avançait déjà, à pas rapide, d’une démarche que le notaire jugea sûre d’elle. Feignait-elle ? Oui et non. Elle tâchait de dissimuler l’agitation bouleversée dans laquelle elle se trouvait, c’était une certitude. Cependant… elle ne craignait pas de s’engouffrer dans ce lieu et de suivre les consignes. Soit elle avait déjà mis les pieds dans ce lieu, soit, cela confirmait ce qu’il notait et qu’elle lui avait même presque confirmé implicitement auparavant : elle ne les craignait pas. Au contraire, leur faisant tellement confiance qu’elle exécutait les consignes sans rechigner mais même avec une tranquillité notable.
Il l’avait suivie, de sa démarche arrogante et pompeuse et l’avait aidée à faire tomber le panneau de métal derrière eux. Bientôt le monstre d’acier s’était ébroué et avait plongé dans les entrailles… Bien plus profondes qu’un vulgaire lieu de tri n’avait pu que constater le ministre.

« Es-tu déjà venue ici ? » interrogea-t-il alors que l’ascenseur poursuivait sa descente avant d’ajouter après un bref instant de silence « Sais-tu ce qu’ils attendent de nous ? »

Ils étaient vraisemblablement épiés voir écoutés. Il jouait cependant avec le brouillage de l’ascenseur et ses interférences pour interroger sa maîtresse. Et quand bien même, ils écouteraient..qu’importait, l’important était que cet instant leur était offert en tête-à-tête et qu’il s’agissait de l’endroit idéal pour recueillir des confidences loin d’une présence physique impromptue.
Alexis secoua la tête de gauche à droite.

« Non, je sais pas où on est ni ce qu’ils veulent mais je sais une chose : si on est en sécurité c’est ici. Je veux découvrir qui sont ces mecs et ce qu’ils veulent à mon fils. »

Elle l’avait martelé le visage fermé, les yeux droits et fermes n’acceptant aucune défaillance. Flotta sur ce dernier le spectre de celle qu’elle avait été quelques heures plus tôt lorsqu’elle s’était élevée, bleutée et mortelle. Il ne s’en formalisa pas comme un avertissement, seulement comme le signe que l’assurance qu’elle tentait d’afficher n’était que la face lisse e affinée d’un miroir bien davantage plus instable.

« Bien… Je comprends. Tu leur fais confiance ». finit-il par admettre en opinant lentement. Ce n’était guère un reproche, c’était un fait. Elle se sentait en sécurité ici. Elle croyait ces hommes, elle croyait en eux, elle croyait en la Cause. Le coeur de cette dernière demeurait peut-être un mystère pour Preminger, Alexis en revanche s’y retrouvait.
Il ajouta après un bref instant :

— « Tu ne sais pas qui pourrait en vouloir à cette organisation ? Qui en connaîtrait l’existence ? Même s’ils agissent cachés, ils sont puissants et savent...maintes choses... »

Il tâchait de demeurer vague, il ne portait aucun jugement, tentait seulement de comprendre l’origine de l’attaque. Et pourtant, certaines allusions se trouvaient bien là. Sur leurs connaissances approfondies des choses, notamment. Une petite remarque. Anodine. Benine. Alexis soupira, et une pointe de stress transperça son attitude :

— « Erwin, si je savais quoi que ce soit je te l’aurai dit, par pitié, attends. Je sais que c’est dur, tu comprends rien et c’est pas facile mais c’est aussi difficile pour moi de ne pas craquer là alors… »

La voix de la jeune femme s’était tendue, une pointe d’aiguë perçait sous le stress. L’ascenseur pourtant se rappela à leur bon souvenir, arrêtant sa course pour ouvrir ses porte sur une femme brune, grande, longiligne. Les mains dans le dos, elle les observa. Visiblement, elle avait attendu leur arrivée dans cette posture « théâtrale ». Vêtue d’un col roulé en cashmere crème, d’un pantalon et des bottes sobres elle aurait pu paraître sobre si un long manteau coréen n’était venu agrémenter ses vêtements. Et pourtant ce n’était pas ce qu’avait observé Preminger, non. C’était davantage les bottes cavalières qui la paraient. Une tenue aux allures militaires qui lui rappela simultanément Alexis dans son cauchemar dans l’île… Et faisant l’objet d’un souvenir proche, le spectre d’Isaac adulte dans sa version plus sombre. Ses amis… La phrase que son fils avait dite… Cette organisation œuvrait. Dans les rêves et angoisses d’Alexis et de manière bien plus notables...dans le Futur potentiel qu’il avait vu. Alexis en était l’une des membres, la tradition devait sûrement être qu’elle en transmette l’héritage à ses enfants. Mais jusqu’à quel point ? A y réfléchir, ces derniers avaient été ses ennemis lorsque son Fils l’était aussi…
L’inconnue avait parlé, forçant ainsi Erwin à sortir de ses réflexions :

Alors je vais prendre la relève si je peux te soulager Enora. » Sa tête avait tourné avec douceur jusqu’à Erwin « je suis le fameux professionnel en la matière que vous attendiez »

Les plis de la bouche du Maire s’étaient relevé à cette entente. Leur conducteur n’avait pu la rejoindre avant eux, il n’aurait pas non plus pris la peine de lui donner les termes exacts de leur échange. Ce qui signifiait qu’ils avaient été mis sur écoute. Était-ce surprenant ? Ciel non. Il prenait pour sa part ses dispositions dans des situations similaires, pourquoi diantre aurait-ce pu être autrement pour eux ? Pour autant, il n’ajouta rien d’autre. Lui donnant l’occasion de poursuivre :

« Mais vous pouvez m’appeler Ava. Bonjour bout de chou »

La main d’Ava tout comme son attention avait dérivé pour se porter sur Isaac. Du bout des doigts, elle lui avait caressé la joue, sans que ce dernier ne réagisse. Bien au contraire, il l’observa sans mot dire, le poing dans la bouche pour se calmer de l’agitation mais pourtant...sans aucune autre réaction.
Preminger ne connaissait que peu Isaac au quotidien. Il avait toutefois pu l’observer à plusieurs occasions en face à des étrangers et l’enfant se trouvait bien plus...impressionné. Sans être bruyant, il s’agitait, parfois avançait ses mains comme pour se cacher… Là… L’attitude d’Ava, sa manière naturelle de se tourner vers le bébé jumelé au manque de réaction de ce dernier tendait davantage à montrer qu’il les fréquentait… Ce qui signifiait.. Qu’Alexis leur avait ramené l’enfant. Et qu’elle venait suffisamment souvent pour qu’ils s’acclimatent à eux… Ce dont elle ne lui avait jamais soufflé mot…
Délaissant Isaac à regret, la nommée Ava s’était prise à leur sourire :

« Bienvenue dans la Ruche. Si vous voulez bien me suivre, je vais vous emmener au cœur du sujet… et je pourrai même répondre à quelques questions sur le chemin »

«Un signe de tête encore puis elle avait pivoté pour commencer à arpenter le couloir sophistiqué qui s’étalait devant eux, remisant le bureau postal poussiéreux à une presque vue de l’esprit. Avant de la suivre, Alexis hésita un instant, avant de tourner la tête vers Erwin pour murmurer un :
« Excuse-moi »

Elle s’excusait visiblement de sa perte de patience, le maire pourtant n’en n’avait même pas pris ombrage. Il la rassura d’un sourire, sa main venant parcourir son bras du sommet de son épaule jusqu’au pli de son poignet avant de se mettre à suivre Ava. Elle avait pris une distance réglementaire, les mains dans le dos, mais son pas était suffisamment traînant pour leur permettre de la rattraper. Ce qu’ils firent.
Une fois ces derniers arrivés à sa hauteur, elle reprit, comme s’ils n’avaient jamais quitté son allure :

« Qui mieux qu’une autre organisation aussi secrète que la nôtre pour tenter de nous contrer et pour connaître notre existence ? Je pense que c’est tout ce que je vous avez à connaître sur le sujet pour le moment… j’aime bien les casse-têtes, pas vous. Disons que sur la route vous avez le droit à 3 questions. S Choisissez les biens. Vous venez d’user de votre première… je suis gentille, je compte tout le packaging pour 1 »
Un sourire amusé parcourut son visage, appelant un rire plus léger chez le notaire :
« Détrompez vouz, j’apprécie les casses têtes » déclama-t-il, sur un ton davantage serviable.

Preminger était à présent en représentation. Il convenait de ne pas faire de vague ni de ne pas se mettre à la merci de tels individus. Et puis… Alexis leur faisait confiance et ils semblaient prêts à s’ouvrir à lui de quelques « secrets ». Oh, le ministre ne se faisait pas d’illusions, ils n’agissaient pas ainsi par la déférence naturelle qu’ils auraient du lui appliquer, non… Ils le faisaient en poursuivant un but précis : ils voulaient qu’il coopère. Parce que pour le mystérieux travail qui nécessitait une troisième personne, il valait mieux qu’il s’agisse de lui… Alors quoi de mieux que de le mettre en confiance en répondant à ses interrogations ? C’était naturel, voir une réaction normale. Et dans un sens, cela saurait lui servir s’il parvenait à relever cette situation avec finesse. Il possédait après tout plusieurs confirmations de ses hypothèses. La dénommée Ava venait de lui confirmer que l’ennemi qui avait manqué d’enlever Isaac appartenait à une organisation secrète et rivale. Laquelle poursuivait visiblement le même but… Et se trouvait aussi parfaitement renseignée… Sur Alexis et son enfant tout au moins… Suffisamment pour les épier, et lui aussi par conséquent. Preminger possédait donc le « Qui ». Et par cheminement, le « Pourquoi » demeurait une question tout aussi importante qui permettrait forcément de dériver sur ce qu’ils attendaient d’eux à présent… Il suffisait de le tourner la question avec adresse. Si bien énonça, fronçant un peu les sourcils 

« Hum… très bieeeen… Le kidnappeur souhaitant s’en prendre à mon fils… je vous remercie de nous instruire, dans le détail, si vous en êtes informée, sur les raisons approfondies de ce kidnapping. »

Il avait insisté sur l’importance des détails. Après tout, sinon elle aurait pu se contenter d’une pauvre petite phrase insignifiante signifiant tout et rien à la fois. Non, il ne lui ferait pas se plaisir… Si elle voulait jouer, autant montrer qu’il ne serait pas un adversaire à dénier. Si bien que la scientifique avait pris quelques secondes pour réfléchir et répondre à sa question. Non parce qu’elle posait difficulté, par choix des mots sûrement, preuve qu’elle prenait l’exercice au sérieux Mais la réponse qu’elle formula fut vive, sans particulièrement de réserves :

« Bien sûr ! Votre fils a quelque chose en lui qui est très important pour ce groupe, tout comme sa mère d’ailleurs mais après avoir tenté de l’approcher à plusieurs reprises sans succès, je supposes qu’ils se sont dit qu’il serait plus simple de se rabattre sur un bébé … »
« Atteeends tu veux dire que... » coupa Alexis, sembla s’éveiller brusquement d’un songe.

Ava avait hoché la tête d’un air entendu :
« Oui ces hommes étranges que tu disais te suivre comme une ombre… » Ses yeux étaient ensuite revenus à Erwin « On appelle ça la mémoire génétique. Votre fils est le fragment de siècles d’histoires et de générations entremêlées et dans certains fragments se cachent des réponses … nécessaires à leur ascension. Autre question ? La toute dernière ! »

Un index s’était levé préventivement, mais le sourire ne s’était pas départi de ses lèvres. Elle s’amusait. Et Preminger en parallèle absorbait au mieux les informations données. Il y en avait beaucoup… Certaines recoupaient avec certaines de ses analyses. S’il n’était pas essentiel à l’opération mais qu’Alexis et Isaac en revanche l’étaient, c’était donc que ceux qui pourchassait son fils en avaient contre ce qu’ils symbolisaient dans l’organisation… Et au-delà…
La Mémoire Génétique… Ce terme avait arraché un frisson d’effroi mêlé d’excitation au notaire. Des siècles d’histoire….de descendance… Et il était vrai que son fils détenait d’une certaine manière les clefs de cette organisation… Tout comme Alexis.
Et les autres le savaient… Ils le savaient au point où ils suivaient vraisemblablement sa maîtresse. Puisqu’elle avait noté leur existence sur ses pas. Fort heureusement pour lui, elle avait du les confondre avec ses propres hommes qu’il avait placé pour sa surveillance… Mais cela signifiait également que lorsque ses hommes de main lui avait signalé la présence d’individus rodant aux alentours de la jeune femme, Preminger avait mis ça sur le compte des « amis de Paris ». Visiblement, cela n’était pas toujours le cas. Il prit note de déterminer un stratagème pour les différencier à l’avenir, puis termina de méditer les paroles d’Ava. Après tout, comme elle l’avait si bien souligné, il lui restait encore une question…
Qu’il finit par formuler de la sorte, non sans satisfaction :
« Puisque nous savons ce qu’ils recherchent, nous savons aussi que vous nous avez amenés ici pour une raison liée à cela. Je souhaiterai grandement que vous nous indiquiez, dans les détails, tout ce que vous comptez nous demander de faire individuellement et collectivement »

Le sourire d’Ava s’était changé en un rire tendre mais franc, tandis qu’elle se tournait vers Alexis en le pointant du pouce :
"Il est toujours aussi dirigiste et organisé que ça ?"
Pour toute réponse, Alexis avait écarquillé les yeux avant de se borner à effectuer un geste de la tête… Son attitude ne démentait rien, n’affirmait rien, secouait plutôt le drapeau blanc. Elle ne voulait pas être mêlée à cela, n’est-ce pas ? Il avait brièvement dévié son regard vers sa maîtresse, l’oeil narquois avant de reporter son attention sur la scientifique qui faisait de même. Lui rendant son regard, elle appuya son index gauche sur le droit, comme pour compter.
Il aurait été effectivement dommage de perdre le compte….

"Commençons par l'individuel alors... Pour toi et toi" Son index gauche était venu se séparer du droit pour désigner Alexis et Isaac "Je vais avoir besoin dans un premier temps d'une prise de sang et que vous vous allongiez. Et pour toi et vous..." elle pointa Alexis et Erwin "un peu d'entraînement sera nécessaire... et ensuite vous vous allongerez".

Son sourire s’était fait mystérieux. Alexis semblait, cependant, comprendre ce que ça signifiait, puisqu’elle sembla brusquement prise de course, la bouche entrouverte et Ava confirma son soupçon muet d’un hochement de tête
"Il est l'heure Enora... et le Temps joue contre nous présentement. Pour la partie collective : il faut que nous trouvions avant l'équipe adverse... ce qu'ils voulaient trouver."

Ce qui n’était… qu’incomplet. La jeune femme avait beau sourire énigmatiquement, le ministre attendait toujours. Elle n’avait pas terminé. Il le savait. Il avait été beaucoup trop précis pour qu’elle puisse se contenter de cela. Mais si par malchance elle décidait de se retrancher derrière le silence, il avait toujours avancé dans sa réflexon : Alexis savait visiblement de quoi il en retournait, à présent. A en juger par sa récente réaction, elle avait compris ce qu’on attendait d’elle et...d’eux. Mais lui ne pouvait le deviner encore. Hormis par déduction. Ils devaient prélever du sang à Alexis et Isaac. Et n’était pas une prise de sang par bilan de santé, non… Cela n’avait vocation qu’à prélever leur patrimoine génétique. Il fallait un entraînement puis qu’ils s’allongent… Pour cette partie là, il n’avait pas d’explication précise. Mais les dernières paroles d’Ava indiquaient néanmoins l’idée globale… « Il faut que nous trouvions avant l’équipe adverse...ce qu’ils voulaient trouver ». Comment le faire ? Par la Mémoire Génétique… Preminger ignorait ce que cela signifiait en terme de mise en pratique. Comment mettre autrui en contact avec sa mémoire génétique ? Dans son sommeil ? Dans une sorte de simulation comme celle qu’il avait vécu lors d’un Noël offert à la Mairie ? Etait-ce par le biais de la magie ? Ou à l’inverse, allait-il trop loin ?
Ava avait accéléré la cadence, mais il ne le remarqua qu’une fois arrivé au bout du couloir où elle passa une carte dans un lecteur. Après une seconde de battement, elle sorti une chaîne de dessous de son pull, cachée soigneusement jusqu’à maintenant. Les mailles étaient fines mais ce ne fut pas ce qui attira l’attention de l’ancien ministre. Non. C’était le sceau qui pendait à la chaîne, faisant office de pendentif. Il le connaissait déjà pour l’avoir vu auparavant à Paris, dans les affaires d’Alexis. Sans une hésitation, Ava le rentra dans une espèce de serrure dans la porte ce qui eut le don de la faire s’ouvrir automatiquement. « Un pass » songea le ministre avec intérêt. S’il parvenait à copier celui possédé par Alexis ou même à subtiliser celui d’Ava… Mais cette dernière idée était très mauvaise. Il était évidement que le lieu était plus que surveillé. Il avait beau ne pas les apercevoir, Preminger devinait l’œil des caméras, il était par trop habitué à ressentir les regards – quels qu’ils soient sur sa personne- pour ne pas savoir qu’elles étaient belles et bien là. Ses « activités nocturnes » lui avaient permis d’en localiser, en biais, plusieurs d’entre elles, sans faire l’erreur de les dévisager directement. Et puis, s’ils avaient été jusqu’à écouter leurs propos dans l’ascenseur et la voiture…
La porte qui, d’ailleurs, s’était ouverte semblait l’avoir fait au profit d’un monde parallèle. Comme si une fenêtre sur un autre espace temps s’était révélée sous leurs yeux. Au milieu du bunker, au centre de ce dédale gris et morne, électronique et scientifique, aux couloirs argentés et médicaux, se dessinait une pièce qui n’avait rien à envier au plus chaleureux des salons traditionnels. Ce n’était pourtant ni de la magie ni un tour de passe-passe, seulement un endroit qui rengorgeait de surprises.
S’avançant davantage, Preminger évalua la pièce. Elle était bien plus grande qu’il l’aurait cru, au bout, un feu crépitait dans l’âtre. Des fauteuils et des canapés qu’il devinait moelleux habitaient l’espace, invitant à venir s’y lover. Les murs se trouvaient cachés par les étagères remplies de livres qui composaient une bibliothèque si grande qu’elle s’étendait jusqu’à la mezzanine qui semblait faire le tour de la pièce au niveau supérieure. Levant le cou, il nota la grande porte en bois à double battants fermée. De chaque côté de la pièce, des escaliers s’enroulaient pour permettre d’atteindre la mezzanine et ce que renfermait la porte.
Ils étaient rentrés, progressivement, jaugeant l’environnement d’un air curieux. Ce ne fut presque que le bruit de la porte par laquelle ils étaient entrés qui se refermait qui lui rappela l’existence et la présence d’Ava. Alors qu’il se retournait pour l’observer, elle les regarda tour à tour sobrement avant de lui indiquer :

«  Je suis la scientifique en charge de vous accompagnée dans ce voyage. Isaac est trop petit pour faire ce qu'Alexis fera mais grâce à vous, la mission pourra tout de même être réalisée. Vous pouvez remplacer votre fils dans cette mission. Une partie de son sang lui vient de sa mère, il nous sera utile dans l'Animus. L'autre partie... et bien elle est vôtre, elle le relie directement à vous, ses souvenirs une fois bien raccordés pourront être vôtre le temps du voyage. Nous aurons donc besoin de votre accord pour la prise de sang du petit.
« Bien sûr ».

Mais cela n’avait pas été lui qui avait validé cet accord, c’était Alexis. Il avait émit un son, non articulé mais sa main s’était levée tempérant l’accord donné par sa maîtresse. Ce n’était pas qu’il était foncièrement contre mais… des petits points méritaient d’être éclaircis. Il n’en voulait pas spécifiquement à la jeune femme d’avoir réagi dans l’impulsivité et la confiance, mais le concernant la confiance demeurait loin d’être acquise. Ava avait conservé son regard sur lui, guettant sa réaction et son accord avant de préciser :

« L'Animus n'est pas sans risque... nous aurons besoin de conserver le sang d'Isaac. Il est aussi possible que cela l'affaiblisse considérablement... nous n'avons jamais fait ça sur si petit... »

Il avait senti son amante reculer presque instinctivement, regrettant sûrement son accord enthousiasme précédent. A en juger par la manière dont ses mains s’étaient crispé sur l’enfant, comme pour faire barrage à toute tentative à son encontre. Ce changement marquant sa réticence n’avait pas non plus échappé à Ava, elle avait tourné la tête vers elle, précisant :

« Nous n'avons pas le choix Enora... vous êtes les deux derniers...
«  Et il se peut qu'Enora ai besoin d'un peu de temps pour l'accepter et que Monsieur Dorian aie besoin d'un peu plus de lumières pour se décider. Merci Ava. Je peux prendre la relève. » temporisa une voix d’homme.

Preminger avait levé la tête, pour en découvrir son propriétaire, serein, accoudé à la balustrade. Il ne l’avait jamais vu mais pour autant, il devina vite son importance. Ce n’était pas son apparence, pourtant, qui était sobre et simple. Assez grand sans être particulièrement immense, svelte sans être mince, l’homme était âgé d’une soixantaine d’années bien passée et portait une barbe blanche soigneusement entretenue. Se dégageait néanmoins de lui une impression de sagesse naturelle, innée. Et la manière qu’il avait de sourire démontrait d’un calme imposant.
« Grand Maître... » avait exhalé Alexis, confirmant le sentiment du Ministre.

Son regard s’était accru sur l’individu. « Grand Maître ». S’agissait-il du chef suprême de l’organisation ? A en juger par l’attitude déférente de sa maîtresse il le soupçonnait. Ainsi, le Grand Manitou sortait de son repère… L’Heure était-elle si grave ? Le Jeu en valait visiblement la chandelle… Sinon pourquoi se serait-il dérangé en personne pour venir jusqu’à eux. Même s’il devait aussi temporiser puisque Alexis semblait le connaître. Confirmant cette tempérance, le vieil homme agita la main en direction de la jeune femme l’incitant à monter, précisant :
— « Que ton ami vienne aussi. Quant à Isaac... il a besoin de repos je pense. »

Spontanément, Alexis avait tendu l’enfant à Ava qui s’en était emparée ravie avant de s’éloigner par l’une des portes de l’étage avec ce dernier en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Resté seul avec Alexis, leurs regards s’étaient croisés avant qu’elle ne lui fasse, à son tour, le signe de la suivre, puis s’était engouffrée dans l’escalier le plus proche. Regrettait-elle son intervention quant à la question du sang d’Isaac ? Regrettait-elle son propre accord ? Il ne pouvait le lui demander, s’était contenté de gravir les marches à sa suite, non sans jeter un bref regard sur les ouvrages hétéroclites qui se côtoyaient au sein de la bibliothèque… Il lui faisait confiance pour le verbaliser. Alexis ne se privait jamais de se battre pour ceux qu’elle aimait.
Une fois arrivés en haut, Erwin constata que le vieil individu s’était reculé jusqu’au niveau de la porte fermée qui desservait l’étage. Les regardant tour à tour, il s’était finalement adressé à Alexis.

« Max t’attends pour le rapport ».

Erwin avait vu la surprise se refléter dans la contenance de sa maîtresse. Elle venait de se faire presque « éconduire », même si le mot était fort. L’avait vue hésiter, alors que l’homme se mettait à sourire une nouvelle fois, rassurant, hochant la tête d’un air calme :

« Je m’occupe de ton ami, va... »

Oui. Éconduite. Preminger ignorait si l’absence d’Alexis consistait en une excellente nouvelle. Il aurait sur certaines choses préféré avoir Alexis à ses côtés. Ne serait-ce que pour vérifier son état. La pauvre semblait encore à peine sortie des récents événements passés… Mais si le vieil homme souhaitait le voir seul, c’était sûrement pour jouer cartes sur table… Aussi, la situation pouvait se révéler enrichissante et fructueuses d’informations. Puisque source de « franchise ».
Alexis semblait s’être rangée à la situation, si bien qu’elle lui serra la main brièvement comme pour lui insuffler un courage supplémentaire, puis tourna les talons… Ce ne fut qu’une fois cette dernière sortie que le « Grand Maître » ouvrit la porte de son bureau, l’invitant à y entrer. Il avait une voix joyeuse, douce, semblable à des notes de musique.
Cette fois, le changement d’ambiance ne se produisit pas. Le bureau était de même facture que le salon et la verrière un composé de confort à l’ancienne où l’odeur des bûches fumées se superposaient à celles du papier vieilli et du bois des meubles environnants. A côté d’une bibliothèque non moins fournie que la première, d’énormes vitrines se trouvaient juchées d’objets diparates. En s’y approchant presque, Preminger se demanda lequel de ses « bibelots » avait été « justement acquis » et non seulement « récupéré ». Ils possédaient tous une valeur significative, en tout cas et témoignait de la place privilégiée de l’occupant de cette salle. Preminger avait fréquenté suffisamment de bureaux et de lieux de « personnes d’importance » pour savoir se retrouver face à l’une d’entre elles. Oui. Cet homme affable était vraisemblablement le chef de cette mystérieuse organisation. Au dessus de la cheminée, trônait un symbole qui ne lui était pas étranger. C’était le même que le sceau…
Le vieil homme lui avait désigné un siège d’un geste :

« Je peux vous offrir quelque chose à boire ? »
« Je me contenterai d’un excellent cognac » répondit-il du tac au tac, aimablement.

A quoi bon se méfier. Il se trouvait déjà dans la gueule du loup si tenté que celui qui lui faisait face pouvait être qualifié comme tel. Faute d’informations, il valait mieux le considérer ainsi. Sans oublier qu’il possédait également sa haute valeur. Ce qu’un individu aussi vaniteux que Preminger n’oubliait jamais.

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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

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(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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________________________________________ 2023-02-12, 21:20 « If the crown should fit, then how can I refuse? »

I put a spell on you
“Le jour de la fête des morts donne à chacun le sens de la vie.”



Le dénommé « Grand Maître » lui avait sourit, resta un instant à l’observer avant de se diriger vers l’une de ses vitrines. De ce que l’ancien ministre put distinguer lorsqu’il l’ouvrit, les plusieurs flacons d’alcool divers qui s’y trouvaient. Plusieurs cognacs. L’individu ne lui demanda cependant aucun conseil complémentaire. Sa main n’hésita pas, sortit même l’une des bouteilles avec une assurance certaine. Preminger nota cette attitude tandis que le vieil homme remplissait son verre. C’était un bon cru, d’ailleurs, un excellent choix. Le vieil homme ne s’était pas servi en retour, c’était seulement assis face à lui, en souriant toujours. Dans l’attente. Ce manque de réciprocité pouvait saisir certains, quand bien même son hôte paraissait des plus charmants. Preminger ne se formalisait d’aucune de ses deux informations. Il se moquait que son hôte ne se serve pas. Il ne craignait pas l’empoisonnement, quel intérêt aurait-il eu à provoquer sa mort maintenant, ici au nez d’Enora ? Tout comme il ne s’impressionnait pas de l’attitude aimable du « Grand Maître ». Il paraissait des plus bienveillants oui, sa sagesse douce s’imposait naturellement à autrui. Quand bien même, elle pouvait n’être que feinte. Il savait pertinemment qu’il convenait de se méfier des apparences.
Son sourire semblait permanent, immuable… A la longue, cela lui aurait presque paru dérangeant. Après avoir observé sans mot dire la robe du cognac, de très excellente facture, Preminger s’en était saisi

« Je vous remercie » proféra-t-il en levant imperceptiblement ce dernier à destination de son hôte « Votre scientifique a indiqué que pour vaincre vos ennemis, il faudra que nous nous entraînions et que nous nous allongions. Comme je doute que l’on attend de nous une sieste ou une activité reproduisant le patrimoine génétique d’Isaac… de quoi est-il question, très exactement ? » Son ton avait été très policé et courtois. Il s’étendit une brève seconde dans le silence avant d’ajouter bien plus pressant, sans néanmoins se départir de son amabilité « j’estime être en droit de savoir … »
« Pourquoi estimez-vous être en droit de savoir ? »

Le sourire du « Grand Maître » s’était poursuivi, amusé, alors que le vieil homme penchait la tête de côté. Pour autant, il ne lui riait pas au nez, non, s’amusait seulement de sa tournure de phrase, restant néanmoins doux et poli.

« Cette mission est d'envergure... Son impact semble pouvoir aider votre organisation à triompher ou du moins d'effectuer une avancée significative. Et vous comptez sur mon aide. Qui se lancerait dans une telle opération sans précision ou un minimum d'informations? Etant nullement tenu à quoique ce soit pour le moment, je réserve mon accord à une information plus poussée de la situation... et je pense pas être déraisonnable en agissant ainsi, n'est-ce pas? »

S’il l’avait toisé avec un davantage de froideur qu’auparavant, Preminger n’avait pas franchi la limite du désagréable. Après tout, il était dans son droit. Il monnayait son intervention.
Et l’autre le savait parfaitement, songeait le ministre. La preuve n’était elle pas dans l’écoute concentrée qu’il faisait de ses propos ? Il semblait tenter de sonder son âme en même temps… « Dommage pour lui que j'en soit totalement dépourvu » songea crânement le ministre. Néanmoins, ce dernier avait tout de même rit subitement à sa dernière interrogation, secouant la tête de droit à gauche, comme sous l’effet d’une excellente plaisanterie.

« Vous avez raison, ce n’est pas déraisonnable. » finit-il par articuler, les éclats de rire dans sa voix s’atténuant progressivement « Je ne peux malheureusement vous en dire beaucoup plus que ce qu’Ava vous en a dit...tout simplement parce que nous ignorons ce que nous cherchons. Certaines pistes sont parvenues jusqu’à nous mais rien de concluant et pour ce qui est de mes théories, pardonnez mon égoïsme mais je les garderai pour moi »

Un sourire mystérieux avait ponctué son discours que Preminger lui avait rendu, tout aussi entendu. Il savait très bien pourquoi il ne s’épancherait pas à ce sujet devant lui. C’était...prudent. Pourtant, il escomptait l’envoyer lui, en première ligne pour le rechercher… C’était sûrement la raison pour laquelle il tâchait de minorer les informations relatives à ce qu’ils iraient récupérer. Quand bien même… Il ne pouvait pas non plus décemment, ignorer totalement un objet qui avait impacté leur organisation… C’était impossible.
Le « Grand Maître » poursuivit, pensivement :

«  Il y a parfois des moments où la Vérité frappe plus fortement l’ignorant que l’initié et je parie sur cette supposition concernant ce moment. Ce que je peux vous dire pour le moment, c’est qu’Enora n’a pas plus grande connaissance de ce que nous cherchons que vous mais elle a au moins la qualité de connaître l’Animus. C’est une machine assez élaborée qui peut projeter celui qui y est relié à son passé ou l’un de ses ancêtre par ce que l’on appelle la mémoire génétique. Si nous pouvons relier Énora à cette machine et avoir la conviction qu’elle saura évoluer dans ce qu’elle va vivre et comprendre, nous avons plus de doutes concernant Isaac nettement trop petit pour cette tâche. Depuis peu, j’ai la conviction pourtant que si nous en avons l’occasion, deux visions de cette mémoire génétique serait plus intéressante qu’une seule … et ce soir, le Destin nous en a apporter la confirmation. J’ai beaucoup de mes frères prêt à aider Isaac dans sa tâche mais je reste convaincu que la connexion n’en sera que plus grande avec quelqu’un de son sang… vous par exemple. Je suis aussi convaincu que pour sa première expérience de l’Animus, Énora préférera vous avoir à ses côtés mieux que quiconque. Mais c’est à vous de décider si vous seriez prêt à mettre un peu du votre dans cet effort pour épauler Énora et soutenir physiquement votre fils unique ou si c’est un peu trop vous demander… »

La dernière précision avait vocation à le piquer, avec une fausse douceur et bonhommie. Si bien que Preminger ne s’en ombragea pas. Il se contenta de goûter à son cognac non sans se remémorer les points clefs issus des informations. Visiblement, cet individu le considérait comme un « ignorant » au sens strict mais neutre du terme et tentait de lui faire croire qu’il comptait sur cette ignorance pour mettre la main sur la Vérité sur l’objet…
Mentait-il pour tenter de justifier sa dissimulation d’informations ou l’espérait-il réellement ? Preminger tendait à penser que la réalité se trouvait entre les deux…
Les précisions relatives à la machine, l’Animus, recoupaient avec celles données par Ava. Une machine qui permettait visiblement de parcourir le passé. Comment ? Cela n’était pas explicitement dit mais néanmoins l’idée de remonter ces connaissances par deux ancêtres plutôt qu’un seul était effectivement une excellente idée.
Par ses dernières paroles, le Grand Maître était venu confirmer l’une de ses suppositions. Son rôle, sa présence, était avant tout une fonction d’assistance concernant Enora et de lien de sang concernant Isaac…
Quant à l’objet recherché...il n’en saurait visiblement pas plus. Pour que « l’ignorant » soit plus frappé par la vérité. Certes, mais cela pouvait s’avérait une totale perte de Temps que de ne pas l’orienter un minimum vers leur quête. Sinon, n’importe qui pouvait se perdre dans toute piste qui semblerait alors un indice de taille. Relique, livre, objet… Tout pouvait être recherché. Et il était tout de même particulièrement surpris d’apprendre qu’une organisation qui semblait si éclairée semblait avoir perdu une source de savoir...sans savoir exactement les circonstances de cette perte.

« Nous recherchons donc « quelque chose d’indéterminé » dans le passé de vos ancêtres… Un voyage subconscient pour remonter à vos origines et localiser la perte de cet objet, je suppose… Auquel effectivement, Isaac ne peut prétendre. Ou du moins ne vous saurait d’aucune utilité… Il est bien trop petit pour communiquer quoique ce soit… Je suppose que c’est la raison pour laquelle vous avez prélevé son sang, cependant. Sans mon accord. Puisque vos rivaux possèdent également cette technologie et souhaitaient obtenir Isaac pour procéder à la même démarche, n’est-ce pas ? » Il porta son verre à sa bouche, suspendant ses paroles avant d’ajouter «  Enora est une jeune femme volontaire… Elle semble...dévouée à votre cause, à n’en pas douter. Et nous savons très bien ce que cela peut impliquer… Alors quels sont les risques liés au voyage génétique ? Cognitifs ? Psychiques ? En ressortirons-nous indemnes ? »

Il n’était pas question de laisser Enora s’y risquer seule, non… Mais il était question de savoir exactement là où cette société tâchait de l’entraîner. Ava paraissait professionnelle, dévouée. Le « Grand Maître » en revanche lui produisait un effet différent. Il paraissait dénué de méchanceté, composé entièrement de bienveillance et de malice… Il n’en déplaise à cet aspect, il n’en demeurait pas moins qu’il était infiniment plus politique que la scientifique. Lorsqu’il parlait avec lui, l’ancien ministre ressentait les enjeux, les calculs et les intérêts qui flottaient dans les airs. Derrière un sourire, se cachait nécessairement un homme prêt à tout pour ses convictions et sa cause. Sa discussion « future » avec Isaac lui revenait en mémoire…. Et le sourire amusé qui ne quittait pas les lèvres du vieil homme témoignait de cette réalité.

« Nos ancêtres si nous parlons de nous comme une grande famille. Ceux d’Enora et d’Isaac si nous voulons être plus précis. Nous avons l’accord de sa mère, unique tutrice légale de cet enfant apparemment naît sans père aux yeux de la société. C’est ce que vous vouliez non ? Je n’ai guère eu l’impression que vous accordiez un quelconque rôle à votre paternité et pourtant vous semblez aujourd’hui acide à l’idée que nous puissions avancer sans vous demander votre accord… » Un nouveau silence plana, dans un calme absolu. L’attention de l’homme se déporta sur la pièce, alors qu’il se décidait à poursuivre «  Elle doit être absolument ravie de se voir être appelée ainsi par vous aussi… elle qui a tant de mal à l’idée de porter son nom de naissance. Je me demande si vous ne lui avez ne serait-ce que posé la question… »

Preminger avait reniflé, par agacement, avant de reprendre une gorgée de cognac, sa main gauche pianota sur l’accoudoir de sa chaise. Peut-être qu’elle n’aimait pas. Il savait qu’elle n’aimait pas. Mais il le faisait. Rarement mais il le faisait… Mais le Grand Maître n’avait pas terminé, au contraire son attention s’était reportée sur lui tandis qu’il déclarait :

« Pour les risques… nous n’en prendrons aucun. Je ne laisse jamais un frère ou une sœur derrière moi »

Oh il l’affirmait avec certitude, une certitude taillée dans le fer. Pour autant… Preminger n’y croyait pas. Ou du moins, il voyait clairement la faille que cette phrase dissimulait. Il ne la releva pour autant pas directement, préférant, revenir sur le sujet d’Isaac en première lieu . Après tout c’était SON fils. Alexis avait beau être la tutrice officielle de ce dernier, il était son père et géniteur. Son ADN lui appartenait.

«  Vous pensez que cet enfant n’a pas été reconnu ? Le sort d Isaac m’appartient autant qu’à sa mère. » déclara-t-il avec un orgueil âpre. Laissa couler un silence avant d’enchaîner sur un ton presque rêveur « D’ailleurs quelle Fascinante technologie que l’Animus… remonter les souvenirs, le passé de celui qui le porte. Cela laisse présumer que votre technologie peut isoler les souvenirs de chaque patrimoine génétique… en prélevant l’ADN d’Isaac vous obtiendrez le mien. Et je ne désire pas que vous puissiez expérimenter quoique ce soit à mon sujet sans mon accord. Bien sûr vous pourriez me répondre que ce n’est en aucun cas dans vos priorités. Il n’empêche que c’est une faculté n’est-ce pas? »

Ses yeux dorés, brûlants et impérieux se plongèrent dans ceux du Grand Maître, se plissant tel un reptile. Il n’avait pu qu’envisager les avantages à tirer de cette machine. Revivre le passé… Sans connaître la méthode et l’immersion que proposait cette machine, il en devinait l’impact colossal et la puissance qui pouvait en être retirée… Revenir dans son passé pouvait être un avantage ainsi qu’une joie certaine le concernant. Mais pour l’un de ses ennemis…
Il avait continué d’observer l’homme. Son côté que le commun des mortels aurait qualifié de « propre sur lui », soigneusement mis mais sans aucune prétention ni goût de l’ostentatoire. Sa mise était simple, élégante…

« Et en ce qui concerne son prénom. Non. Je ne lui ai pas posé la question. je n ignore pas ce mal être. Pour autant… aussi désagréable cela puisse paraître je lui rend service. L’acceptation de ce que l’on est est la clef de tout. Les expériences passées aussi douloureuses puissent-elles être nous forment à devenir ce que l’on est. Plus vite nous les faisons nôtres et plus nous prenons conscience de notre valeur. Alexis est une part d Enora et non l’inverse, vous aussi vous le savez. Au moins peut-elle à présent associer sa vraie identité à une réalité agréable et mieux l’admettre… »

Il le pensait sincèrement. Il n’avait jamais compris ce changement de nom autrement que par une volonté de Regina de s’approprier la gamine comme «SA » fille. En grandissant auprès d’elle, Alexis n’avait pu que progressivement s’approprier cette identité. Et le retour de l’ancienne et de ses enjeux avait du être particulièrement douloureux. Il n’en n’avait jamais trop parler avec elle mais ne pouvait qu’en deviner l’intensité. Tout comme l’ancien ministre se doutait qu’elle avait du et considérait toujours que sa véritable famille se trouvait à Storybrooke. Alexis était ainsi. Touchée davantage par les liens du coeur que ceux du sang, bien plus muée par les actes que les paroles et les liens. De l’autre famille, qu’en gardait-elle ? Hormis la souffrance d’une séparation et des enjeux bien plus sinistres qu’autre chose, ayant causé notamment sa peur de l’abandon ? Pour autant, elle poursuivait cet héritage en foulant ne serait-ce que ces lieux. Rien ne gommait jamais d’où l’on venait, l’important était de savoir ce que l’on valait. Enora Alexis Child pouvait bien être Alexis si elle le désirait, elle restait intrinsèquement Enora. Et il voyait sa préférence de prénom comme un repli à tout ce qu’elle était.
Comme si choisir son prénom était un choix d’affiliation. Personne ne choisissait son affiliation. Seulement son Devenir. Et cela nécessitait de s’accepter, aussi. Lui-même l’avait fait. Il n’avait jamais réellement renié son nom. Il lui rappelait ce qu’il était et prouvait en permanence à quel point il avait transcendé sa condition initiale. Il était Erwin Dorian Preminger. Et il était né pour gouverner. Gouverner ce qu’il voulait. Parce qu’en avait les Moyens et l’Ambition.
Un instant s’était écoulé avant qu’il ne pose la question.

« Ce terme de « frère » s’adresse t il à moi? »

Il savait que non. Cela n’avait vocation qu’à lier l’ADN d’Alexis et Isaac. Tout comme les deux organisations qui n’en n’étaient à l’origine qu’une. Rien n’avait vocation à confirmer sa sûreté. Rien.

Le « Grand Maître » avait eu un rire, à nouveau, lorsqu’il avait évoqué Isaac :
« Ce n’est pas ce que j’ai dit mon cher...Curieux de voir à quel point le sort de ce petit vous appartient ou non en fonction de votre humeur…" Il laissa s’écouler un silence avant d’ajouter « J'ignore si nous pourrions retirer de vous un quelconque patrimoine génétique pour être parfaitement franc. » un haussement d’épaules avait rythmé les paroles du vieil homme, pour appuyer sa vérité, par semblable indifférence « Nous ne prélevons pas d'ADN si cela peut vous rassurer, dans le sens où nous n'utilisons pas votre sang pour le garder aeternam et en faire une bibliothèque de données que nous pourrions observer à l'infini. Cela ne fonctionne pas comme ça. Il faut que la personne soit connectée à la machine, de préférence consentante même si ce n'est pas une obligation... De notre côté, nous n'avons jamais réalisé cela sans consentement. C'est bien pour cela que le choix se révèle à vous d'accepter ou non. Pour ce qui est d'Isaac... nous n'avons besoin que de la partie génétique de sa mère, nous avons donc demandé sa permission à elle et si un jour Isaac est assez grand pour être en âge de décidé par lui-même d'accepter d'explorer la vôtre, si tant est que cela soit possible et intéressant... alors ni vous, ni moi ne pourrons l'en empêcher. »
Le sourire du vieux monsieur ne s’était pas arrêté. Cela semblait être une véritable constante chez lui… Il s’était levé sans s’en départir, pour prendre un verre d’eau dont il s’était désaltéré en quelques gorgées, d’un air pensif :

« Donc. Vous ne vous êtes jamais intéressé à la base de ce mal-être chez elle mais vous êtes persuadés que vous avez la véritable solution en agissant tel que vous le faites. Que vous lui rendez service en la forçant de cette façon... intéressant. Votre théorie pourrait peut-être s'avérer vraie si vous saviez de quoi vous parliez... malheureusement, les expériences d'Enora sont nettement moins que celles qu'à vécu Alexis. Si nous suivions votre mode de pensée en ayant essayer de vraiment s'intéresser à elle et son identité, plutôt que de se gaver égoïstement de certitudes et bien il serait à parier que vous seriez le premier à l'appeler hautement et fortement "Alexis"... Follement intéressant de voir que vous faites tout le contraire, non? Un prénom ne construit pas forcément une identité. Je suppose que vous considérez une fois de plus de vous-même que cette réalité est agréable à ses yeux."

Son satané sourire avait persisté mais Preminger avait perçu l’intégralité de ses sous-entendus… Son opinion sur sa manière d’aborder le problème… Son orgueil qu’il décriait. Avec reniflé avec vanité. Il se moquait d’être orgueilleux. Il avait raison de l’être. D’autant que rien n’’avait aucun sens. Alexis ne pouvait pas avoir vécu plus d’expériences qu’Enora. Il n’y avait pas d’Alexis, ce n’était qu’un nom. Une fausse identité. Un prénom ne construisait pas une identité ? Justement. Aucune personne ne possédait deux identités, hormis d’une certaine manière, le poids de la malédiction que Regina avait jeté sur les habitants de Storybrooke mais que sa maîtresse n’avait pas subi. Hormis cette situation plus que particulière et quelques cas psychiques, que son cher ami Aloy pourrait confirmer, chaque être humain ne possédait qu’une identité. En l’occurrence c’était Enora. Tout comme lui s’appelait Erwin Preminger. De même que l’organisation elle-même la nommait ainsi.

« Quant à votre dernière question... » avait repris le vieil homme, après qu’un rire amusé ne soit sorti de son sourire paisible « Non, ça ne s'adressait nullement à vous, cette énigme était pourtant simple, vous qui semblez les affectionner. »

Oh il savait parfaitement à quoi il faisait référence. Qu’il avait été écouté, peut-être. Qu’importait. Il le savait déjà. Là n’était pas la question. Il s’en moquait comme d’une guigne d’avoir été écouté ! Il voulait des certitudes ! Des certitudes ! Et notamment et non des moindres, la certitude de sa sécurité. Il n’était pas né pour mourir sottement pour les desseins obscurs d’une société dont il ignorait tout, pour protéger Isaac et Alexis pourtant moins exposés que lui… Non, il voulait des garanties, une promesse, quelque chose à gagner….
Tout comme cette étrange question d’ADN où l’homme lui affirmait qu’ils ne garderaient pas l’ADN… Comment pouvait-il lui faire confiance sur sa simple parole ? Non. Il était suffisamment méfiant pour ne pas prendre le risque ou du moins tenter de sécuriser cet accord. Ce n’était guère pour rien qu’on l’avait affecté à la profession qu’il exerçait dans ce monde.

- « Puisque vous n’avez aucun intérêt à conserver mon ADN ou à l’utiliser pour autre raison vous n’aurez donc aucune difficulté à me le confirmer par écrit n’est-ce pas? » interrogea-t-il en calquant son sourire sur celui du vieil homme avant d’avaler une gorgée de cognac « Un prénom n’est pas une identité, certes. En changer n’a donc aucun sens… Je comprends pourquoi elle le fait, je lui rappelle seulement que toutes les facettes de son être me sont intéressantes et me plaisent même celles qu’elle rejette. Nos avis peuvent diverger là-dessus, évidemment. »
Il haussa les épaules avant de reprendre bien plus sérieusement « Très cher Monsieur, ce n’est pas ce que je vous demande. Je veux simplement obtenir une garantie. Je note que vous vous engagez donc à préserverez la vie d’Enora, donnez-moi la même certitude me concernant si je me décide à vous aider à ses côtés. Après tout… comment être sûr que vous n’avez pas tout intérêt à me voir disparaître… » Ses yeux brûlants, rusés s’étaient glissés dans ceux du Grand Maître,avec un fin sourire « vous connaissez Isaac n’est-ce pas? Alexis vous l’a donc nécessairement présenté… Il fait à vos yeux parti des vôtres, comme sa mère et sa mère avant elle..» un enfant des deux mondes, en voilà un cas très particulier. Une énigme fascinante et qui sait peut-être très…..opportun… ».

Le « Grand Maître » avait ouvert de grands yeux surpris lorsqu’il lui avait demandé de fixer son accord par écrit et il avait éclaté de rire. Un rire jovial, bienveillant. Il ne s’y était pas attendu visiblement à ce qu’il lui demande pareille chose. Etait-ce son culot ? Peu habitué à ce que l’on doute de sa parole ? Il aurait du l’être pourtant. Ce n’était pas parce que l’apparence d’autrui inspirait confiance que cela ne témoignait pas d’une capacité de trahison. L’âme humaine était mouvante, faite de passions et d’impulsion.
« Je ne vous confirmerai rien par écrit » avait-il énoncé, une fois le rire mort dans la gorge du vieil homme.

Son ton était sans appel. Non négociable. Sans méchanceté pourtant – il paraissait en être dépourvu- mais sans brèche ni ouverture. Et si Preminger adorait tenter de manipuler autrui, il savait que cela, ici bas, ne servirait à rien. L’homme était suffisamment intelligent pour ne pas se laisser prendre au piège, suffisamment éveillé sur ce qu’il était pour l’en deviner. Il ne pouvait pas l’avoir par ce biais… Et il ne changerait pas d’avis. C’était d’une telle évidence qu’il était même retourné sur le second sujet évoqué, précisant avec un amusement certain :

« Vous venez de l’appeler Alexis. »
« Oui, cela m’arrive effectivement ».

Oui. Oui certes. Il le faisait la plupart du temps. Il l’appelait Alexis. Elle préférait. Ne se sentait pas encore en phase avec Enora. Alors la plupart du temps il l’appelait ainsi. Pour lui faire plaisir. Surtout lorsque cela avait trait à cette facette d’elle-même qu’il définissait comme « Alexis ». Une bonté folle, un sens du devoir, un dévouement. C’était sûrement cela qui l’avait poussée à leur présenter Isaac. Sans songer aux conséquences… Enfin, non penser ainsi était erroné. Elle croyait en eux, en leur cause, sûrement éprouvait-elle du respect et même de l’affection pour certains. Ils composaient aussi, au sens de la jeune femme, sa famille. Aussi, n’y voyait-elle aucun mal. Elle se sentait en sécurité auprès d’eux, persuadés qu’il ne la lâcherait pas. « Et ils ne le feraient jamais » songea avec un amusement amer l’ancien ministre en se remémorant ce que les peurs et l’Avenir avaient su mettre en exergue à ce sujet. Ils resteraient là. A ses côtés, tant qu’elle leur serait fidèle. Et ils se « reproduiraient » dans l’esprit de sa descendance… Il lui revenait de comprendre ce que cela signifiait. De savoir s’il valait mieux s’en préoccuper plus que de mesure… Isaac lorsqu’il composait leurs rangs, et même dans ce Futur où leur animosité possédait une ampleur...conséquence avait tâché de les maîtriser…

« Allez au bout de votre pensée monsieur Preminger, je vous écoute, qu'est-ce que vous sous-entendez exactement ? » Il avait cependant levé un index, comme admettant une nuance dans ce qu’il venait de dire plus tôt, revenant sur un point «  J'ai dit que je m'engeais plus précisément à préserver la vie d'Enora et d'Isaac. Quant à la vôtre... j'attends d'abord que vous définissiez un peu plus ce que vous avez en tête pour cela. »

"Votre refus pousse à interrogation, vous l'admettrez.... Et bien évidemment, cela me conduit à la méfiance, très cher" Il ne s’était pour autant pas départi de son sourire, celui-ci avait continué à s’étendre, alors qu’il tournait son verre dans ses mains. Il observa la couleur ambré du liquide avant de s’accorder une nouvelle gorgée «  Vous et votre organisation semblez très renseignés sur les choses de ce monde et de l'autre... Parfaitement renseignés. Je suppose qu'Enora est pour vous, une mine d'or très prolifique, à ce sujet, depuis sa plus tendre enfance. Et vous nous observez depuis tout ce temps. Je me demande bien pourquoi... Du "bon côté" ou pas, vous êtes une force en présence trop ignorée par nous et dont les intentions demeurent pour le moins...obscures. Mais vous êtes là et semblez voués à demeurer.…"

Il silence marqua ses propos. Il avait vu « le Futur ». Potentiel certes. Mais de nombreuses fois l’Ombre de ces derniers marquaient ses pas. Oh, il ne les convaincrait sûrement jamais à sa cause. Grand Ciel, non. Mais… Il pouvait les amadouer ou même les anéantir, avant même qu’ils ne portent le premier coup. Ce qui amenait une interrogation légitime dans l’esprit du Ministre. Si ces derniers étaient aussi renseignés sur l’intégralité de ce qui se passait aux alentours, ils ne pouvaient manquer de savoir énormément de choses sur lui. Au-delà même de ce qu’il faisait et causait aujourd’hui. Qui sait ? Ils connaissaient sûrement son passé, son présent...et son but. Preuve en était admise, puisque après tout… ne venait-il pas de l’appeler par son prénom ? C’était admettre que plus que savoir son identité, il le connaissait. Auquel cas...il connaissait ainsi parfaitement l’ampleur de sa dangerosité. Les sous-entendus quant à sa manière de voir les choses, de considérer autrui n’étaient rien d’autres que fondés sur la prise en compte globale de ce qu’il était. Et si d’une certaine manière, l’ancien ministre en tirait un plaisir presque sournois, qui n’avait manqué de saluer cette remarque d’un rictus bien moins affable, il en tirait aussi toutes les conséquences.
Ils ne pouvaient le soutenir. Non. Il ne se trouvait pas en terrain conquis, mais au cœur des défenses ennemies. Tout au plus, pouvait-il les considérer comme des alliés de circonstances et une faction indépendante hostile. Alors que pouvaient-ils bien gagner à le laisser subsister ? Qu’avaient-ils pu gagner jusque là ?
D’une certaine manière, Alexis avait constitué et constitué pour eux un agent infiltré de qualité auprès de lui. Sans même qu’elle ne le recherche, elle pouvait leur fournir si aisément des informations quant à ses propres déplacements et même sa personnalité. D’autant plus qu’il s’était à présent……très….. « attaché » à elle.
Cette « expérience » en revanche pouvait à leurs yeux représenter l’occasion unique de se débarrasser improprement de lui…

"Il est très curieux après tout, que vous m'ayez contacté pour faire équipe avec Miss Child. Je suis certain que ce n'était pas par un total hasard, après tout vous vous étiez renseigné sur mon sujet. Et ce qui en a découlé a certainement servi vos intérêts, quels qu'ils soient. Ai-je tort? Alors il est normal que je puisse considérer que vous ne l'ayez, non planifié, du moins souhaité... Ce rapprochement vous a servi. Vous vous êtes implanté par cet enfant dans cette ville. Ce n'est pas pour rien."

Il n’avait pas baissé le regard. Il avait scruté au contraire, chaque miette, chaque oscillation de celui du vieil homme, chaque battement de cils, chaque tressaillement de paupières. Alexis n’avait pas été une taupe, il en était persuadé. Elle l’aimait sincèrement. Mais elle avait pu être un pion. Si l’organisation avait décelé son potentiel, si elle avait songé à leurs personnalités, au contexte aux alentours, elle avait pu orchestrer le scénario idéal d’un rapprochement. Ou tout du moins tirer profit de ce dernier lorsqu’il s’était présenté. N’avaient-ils pas dit qu’Isaac se révélait être unique? Et il l’était. Il était le fruit de deux mondes. Et il était ainsi leur implantation dans la ville, la concrétisation et la diffusion de leur patrimoine génétique mêlé à celui de Storybrooke s’il recoupait cela avec leurs expériences sur le sujet.

« Parfait. » opina-t-il à l’entente de la sécurité d’Alexis et Isaac « Je veux la même chose. Je suppose qu'il n'existe pas de moyen de devenir un "frère" mais après tout.. Je suis peut-être coriace mais nous ne sommes peut-être pas nécessairement voués à jouer l'un contre l'autre. .je suis l'actuel maire de Storybrooke et j'ai déjà servi à votre organisation. Cela peut vous être utile... Alors, souhaiter que ma vie soit préservée au même titre que celle d'Enora n'est peut-être pas si déraisonnable, n'est-ce pas?"

Le Grand Maître avait haussé les épaules comme s’il lui « pardonnait » sa méfiance avant d’ajouter

« Vous êtes maître de vos pensées et vos ressentis, si vous pensez qu'il est préférable de vous méfiez, alors méfiez vous, cher ami. Pour le reste... » Il avait hoché la tête, témoignant de sa compréhension de son point de vue «Vos inquiétudes et vos suppositions sont totalement entendable, ce que je fais d'ailleurs sans mal. » un sourire à nouveau avait fleuri, de par sa barbe " Nous avons tous un rôle à jouer dans cette vie mais celui que vous dépeignez pour chacun d'entre nous dans vos hypothèses n'est pas celui que nous jouons. Ni le mien, ni celui d'Enora, ni même le vôtre. Nous n'avons aucun intérêt à vous éliminer pour reprendre l'inquiétude que soulevez. Tout comme nous n'avions aucun intérêt qu'Enora et vous commenciez cette... "relation" et aucun intérêt à faire naître Isaac de cette union. Est-ce qu'Isaac ou Enora ou même vous servent nos intérêts, bien évidemment, mais vous conviendrez que ce n'est pas la même chose. »

Son sourire s’était fait amical. Une sorte de petite blague, faussement énigmatique dont Preminger pourtant avait parfaitement compris la portée et son rapport à cette dernière. L’organisation n’avait pas voulu ce qui était arrivée mais en tirait profit à présent, puisqu’ils le pouvaient. Cela pouvait être résumé en une simple question ô combien connue de l’ancien ministre : « Comment refuser ? ». Oui. Cela il ne pouvait que le comprendre.

« Nous ne nous sommes ni implantés par Enora, ni par Isaac. L'un comme l'autre sont libres de leurs mouvements et leurs choix. Enora les a quitté à de nombreuses reprises et nous n'avons jamais cherché à l'en dissuader. Il en sera de même pour Isaac. Chacun construit sa vie. Si nous avons fait appel à vous, c'était pour vos compétences de votre vie passée... enfin, votre vie réelle, j'ignore comment vous considérez cela. Nous avions besoin de quelqu'un pour faire équipe avec Enora et vous nous avez semblé un choix judicieux à la vue de votre CV. Nous avons fait également ce choix car VOUS avez décidé de reprendre contact avec elle pour la mettre en difficulté et pour ce qui est de votre relation, avec tout le respect que je vous dois, il me semble nécessaire de vous rafraîchir la mémoire : VOUS avez séduit Enora. Il ne me semble pas qu'elle ai fait quoi que ce soit de son coté pour tenter de vous séduire, du moins dans un premier temps. Tout venait de vous mon cher ami, il serait fort impoli de nous le reprocher donc et... très peu proche de ce que vous êtes de ne pas en tirer les bénéfices. »

A la manière dont il avait dodeliné de la tête, Preminger eut pu jurer qu’il faisait mime de lui porter un toast. Il le faisait en soi. A son orgueil. C’était mérité. Pour autant cela ne l’avait pas empêché d’hésiter un bref instant avant de reprendre :

« Enora m’a posé la même question, il y a quelques mois d'ailleurs... elle voulait s'assurer que ce que vous viviez était réel. Je lui ai fourni la même réponse. Je me permettrai juste une confidence supplémentaire à votre encontre que je n'ai pas fait à Enora car c'est à elle de s'en rendre compte, pas à moi de lui dire : si tout cela était de notre fait, nous aurions sans aucun doute choisi quelqu'un qui la méritait un peu plus. La pauvre enfant fait beaucoup de concession pour vous, nous lui aurions sans doute souhaité une vie plus douce. Nous étions persuadés qu'elle avait choisi le bon lorsqu'elle avait choisi ce Jack. Cela nous a tous attristé de les voir rompre... mais nous n'avons rien fait pour arranger cela. » il avait écarté les bras dans un geste d’impuissance, laissant s’écouler un bref instant avant de reprendre, non sans un soupir :« Très cher ami, je n'ai jamais dit que j'allais vous laisser mourir dans cette machine, il serait peut-être temps que vous vous tranquillisiez à ce sujet. Pour reprendre votre langage, votre mort serait plutôt contre productive pour nous à l'heure actuelle. Et si vous avez suivi ce que je vous ai dit tout à l'heure, vous allez être relié à votre fils, vos vies seront liées... et je vous ai dit que je ne laissais jamais un frère mourir... cela aurait du vous tranquilliser il y a déjà plusieurs minutes... si vous n'aviez pas pensé qu'à vous. Encore une fois, avec tout le respect que je vous dois. »

Sa main s’était levée en signe d’excuse. Il ne s’excusait pour autant que de ses propos et non de ses pensées et Preminger aurait été bien en peine de l’en condamner. Il pensait essentiellement à lui. Certes. Il l’admettait. Et puis, rien n’affirmait non plus que son lien avait son fils permettait de le présenter à ce point du danger. Au moins à présent, pouvait-il s’en apaiser. Si les risques étaient moindres le concernant qu’il ne l’aurait cru… Allait-il s’y risquer ? Pour aider Enora ? Les paroles du Grand Maître envahissaient son esprit. Elle aussi avait douté de la naissance de ce qu’il partageait. Elle aussi savait donc, qu’indépendamment de la confiance qu’elle leur témoignait, ils possédaient les capacités d’agir de la sorte. Cela le rassurait sur son analyse. Cela le rassurait aussi sur elle. Il aurait pu lui en vouloir de croire cela, remettre en cause les sentiments qu’elle affirmait éprouver à son encontre si elle soupçonnait si vivement qu’ils aient pu être incité. Mais non, cela ne démontrait seulement qu’elle se méfiait aussi du contexte qui avait gravité autour d’eux. Pas de ce qu’elle ressentait.
Lui n’avait été en contact qu’une fois avec ces derniers, elle en revanche se devait sûrement de les voir ou de leur rendre compte régulièrement. Avaient-ils discuté avec elle de cette situation ? Avaient-ils parfois donné des consignes qui lui avaient laissé soupçonné une pareille chose ? Il n’avait jamais abordé ce sujet avec elle mais à présent… Il le ferait. Après tout, savoir qu’ils avaient partagé cette même inquiétude les rapprochaient.
Il avait tout de même noté que quand même le Grand Maître tentait de le rassurer sur le fait qu’il ne désirait pas sa mort, il avait tout de même précisé que celle-ci serait « contre-productive pour eux à l’heure actuelle »… Qu’adviendrait-il si un jour ce n’était plus le cas ? Il lui appartiendrait de les devancer.

« Je n’aurais pas été jusqu’à dire que vous puissiez avoir influencé ma volonté de séduire Enora. Je sais très bien qu’elle m’était propre » Un filet d’orgueil était passé dans sa voix. « Mais après tout, je reconnais que votre organisation semble particulièrement adroite et admirablement rusée. Aussi, pensais-je simplement que vous aviez pu tirer profit de cette… idylle. Et d’une certaine manière, qui aurait pu vous le reprocher… ? Il faut tirer partie de chaque situation. Mais je vous remercie de votre franchise. Un autre aurait sûrement pu la rendre « plus heureuse » dans le sens commun où chacun entend le bonheur. Mais elle ne vivrait pas une miette de ce qu’elle vit à mes côtés. Et je pense que l’intensité de cet amour n’a pas de prix. C’est une autre forme de bonheur. Peut-être plus âpre, mais s’il lui convient davantage, sûrement devriez-vous, vous en réjouir. »

Il avait dodeliné de la tête à son tour, convaincu. Oh. Ils tiraient parti de la situation autant qu’ils le pouvaient. Mais s’en inquiétaient aussi. Ils ne pouvaient le porter dans leur coeur et ...le Grand Maître le confirmait aussi en nommant Jack, ils considéraient Alexis dans une déplaisante posture à ses côtés. Elle ne « méritait pas ça ». Et qui plus est, aussi loyale pouvait-elle être pour eux...ils pouvaient aussi craindre que sa loyauté puisse un jour être mise en confrontation avec celle qu’elle pouvait lui offrir. Ils ne devaient espérer que cela. Qu’elle puisse ouvrir les yeux et qu’en aille. Ainsi la récupéreraient-ils pleinement et moralement. Mais elle ne le ferait pas. Erwin en était persuadé. Elle l’aimait. Avec une force plus conséquente que jusqu’alors. Elle avait aimé avant Lui. Pouvait aimer encore. Mais ce qui les liait était différent. D’un degré de puissance bien plus intense. Et il le pensait sincèrement : elle n’aurait échangé cela pour rien au monde.
Ce à quoi… Le Grand Maître ne répondit pas. Il ne le voyait pas, ne le croyait pas. Qu’importait à vrai dire. Cela ne regardait que lui et qu’eux. S’il préférait sous-estimer ce qui les liait cela ne pouvait nécessairement pas que leur faire du tort..

« Bieeeen…. Certes… Il est vrai... La seule problématique restante reste la conservation de mon ADN.» finit-il par admettre après un instant de silence, concernant son éventuelle mort dans la machine. Il voulait bien admettre qu’il lui avait dit. Et cela ne causerait donc peut-être pas sa mort. « Je tenais néanmoins à m’assurer que vous ne disposiez pas d’un moyen de dissocier ces deux destins… Dans une telle hypothèse... il se pourrait que j'accède à cette expérience. Que puis-je attendre de cette assistance de votre paaart? En rétribution j'entends "
Ce qui ne lui attira qu’un rire amusé :
« Absolument rien. » le regard du vieil homme s’était fait intense, jaugeur, analytique « Je vous l'ai dit, si ce n'est pas vous, ce sera un autre, ce sera seulement plus dangereux pour lui et... pour Isaac. Sans compter que les gens qui courent après Enora et Isaac sont dangereux... ce que nous voulons découvrir, nous voulons aussi le faire pour eux deux. Sans cela, ils seront toujours en danger... Enora pourra certes agir comme elle l'a fait ce soir, mais pendant combien de temps avant de s'attirer d'autres ennuis ? Vous seul pouvez savoir si le fait d'éviter la mort à votre fils et sans aucun doute à Enora ou des ennuis considérables à minima est un prix suffisant, si ils méritent en sommes... l'intensité dont elle fait preuve avec vous pour reprendre vos mots. »
- « Oh ! » il le considéra interloqué, un peu vexé, même s’il tentait de donner le change à maintenir aussi une expression altière sur le visage « Je vois… » ajouta-t-il un instant sans mot dire.

Cela...l’agaçait, il ne pouvait dire le contraire. Et le mot était faible. Pour autant. Il comprenait. S’ils pouvaient le faire avec n’importe qui, c’était une évidence qu’ils ne lui devaient rien. Cela dit, il espérait tout du moins qu’on tente de le flatter, de le rassurer, de l’acheter. Mais il n’était pas à vendre. On pouvait l’acheter pour un temps, l’amadouer avec des cadeaux, mais il demeurait, cependant, particulièrement imprévisible. Parce qu’il se considérait au dessus d’autrui. Aussi, rien de ce que l’organisation ne pouvait faire ne l’empêcherait de se méfier ni même de les dévorer s’il en obtenait l’occasion. Le Grand Maître le savait pertinemment. Et sûrement était-ce la raison qui le poussait à ne lui offrir aucune concession. Il le faisait s’il le désirait, seulement. Ce serait son seul choix.
Erwin avait réfléchi… Prenant en compte les facteurs défavorables qui retenaient son accord. Il n’y en avait en réalité qu’un seul. Son ADN. Si celui-ci ne bénéficiait d’aucune valeur aux yeux de la confrérie pourquoi diantre ne pouvait-il pas s’engager à le détruire ? Qu’importait que le vieil homme n’y ait pas songé auparavant, c’était une idée qui pouvait se présenter et s’avérerait dangereuse… Notamment dans sa relation avec Enora. S’il pouvait remonter le fil de son histoire, s’il pouvait parcourir son passé, selon l’avancée de cette technologie, il serait en possession de tout lui dévoiler. Non par des dires, non… En lui montrant. Elle n’aurait qu’à tenter cette mémoire génétique et elle serait propulsée dans son passé, face à ses choix, ses trahisons, sa faim avide de pouvoir. Il avait beau ne rien regretter et affirmer avec fierté qui il était et ce qu’il avait fait, il ne voulait pas qu’elle l’apprenne. Ou du moins...pas ainsi. Il voulait être maître de ces révélations quand elle serait prête… Et non pas qu’elle puisse tomber entre des mains ennemies.
Néanmoins… Son ADN pouvait en soi être prélevée dans n’importe quelles circonstances par une organisation d’une telle ampleur : il suffisait d’un cheveux sur une veste, une fausse prise de sang, un « faux guets-apens » ou même de se servir d’Isaac pour isoler ce qui venait de lui. Pouvait-il réellement l’empêcher ? Non…
En revanche… Il pouvait vivre cette expérience… Remonter le Temps d’un ancêtre commun d’Alexis. Les arguments avancés par le Grand Maître étaient pertinents. Bien sûr qu’Enora était pourtant capable de les repousser. Elle avait agit avec une puissance, une violence et même une implacabilité qui l’avait même surpris. Mais… quand bien même il restait persuadé de leur supériorité contre les ennemis, il devait admettre que vivre une vie sur le qui-vive ne serait absolument pas agréable. Et d’une certaine mesure, l’incident de ce soir l’inquiétait grandement. Enora avait beau être particulièrement puissante, jamais encore elle n’avait fait montre d’un tel degré. Même lorsque l’Orage avait éclaté, même lorsqu’elle avait perdu le contrôle et qu’il avait vu l’émanation de son pouvoir à travers sa personne, jamais encore n’avait-il eu le sentiment de la voir… déphasée. Comme si tout son être s’était évaporé pour laisser grande place à ses pouvoirs. Car, s’il aurait pu croire son attitude dictée par la haine, tout son effondrement postérieur l’avait particulièrement rendu attentif à cette situation. Il fallait éviter qu’elle se reproduise tant qu’ils ne comprenaient pas ce qu’il lui était arrivé et qu’elle puisse pleinement l’appréhender voir le contrôler.
Laisser des hordes de factions ennemies à ses trousses ne semblait guère la solution. Bien évidement qu’il rejoignait le vieil homme à ce sujet. Quant à se placer dans l’équation… Si après tout, ils ne comptaient pas l’y sacrifier, quel mal y avait-il à vivre cette expérience ? Il serait à ses côtés, ce qui l’encouragerait, il valait mieux qu’elle ne soit pas seule à affronter une nouvelle épreuve après ce qu’elle venait de vivre. Et puis, sûrement y trouverait-il quelque chose de particulièrement intéressant à découvrir en chemin… Il ne pouvait nier avoir ressenti un attrait sincère sur la question lorsqu’il avait été entretenu des facultés de la mémoire génétique. Et qui sait mettre le doigt sur un secret de l'organisation...

« Je… pense que compte-tenu des circonstances, puisque vous m’aviez affirmé que ma vie n’était pas en jeu, je conçois que...peut-être… conviendrait-il mieux que je me charge d’assister Enora. Après tout...ce sera plus...vivable à l’avenir. Pour tous. » finit-il par admettre, un peu guindé.

Il détestait donner l’impression de faire une concession pour autrui. Cela n’était pas le cas,si ? Si. Et puis quand bien même… De toute manière, ces préoccupations ne semblaient ennuyer que lui, puisque la seule réaction qu’il créa chez son interlocuteur fut un sincère contentement.
« Parfait, alors nous avons un accord. » nous avons un accord, proféra-t-il en frappant sur ses cuisses, dans un sourire sympathique.

Au même exact moment, la porte s’ouvrit. Alors qu’il pivotait vivement la tête, Erwin discerna Alexis sur la porte d’entrée, proche d’en franchir le seuil. Sans qu’il ne soit pleinement dans son champ de vision, il avait senti avant de la voir, la main du Grand Maître se lever pour la stopper confusément dans son élan.

« Un instant encore, je te prie Enora, veux-tu bien attendre dans le couloir ? Je viendrai te chercher. »
« Bien sûr Grand Maître, excusez-moi je... »

Elle avait baissé la tête, sortant de la pièce particulièrement gênée, comme une enfant prise en faute ; quand bien même le vieil homme secouait la tête avec une douceur bienfaisante. Elle l’avait regardé, un bref regard. Court mais intense avant de refermer la porte.

Et bien il me semble que nous en avons terminé, je ne vous retiens pas plus longtemps. Ava va vous montrer le chemin de vos quartiers. Je crois savoir que vous irez rejoindre Isaac dans la salle de jeu, elle a besoin de vous voir ensemble pour étudier votre synergie. »
Preminger avait hoché la tête. Mais n’était pour autant pas sorti. Il avait attendu. Si le vieil homme avait encouragé Enora a sorti ce n’était clairement pas pour se contenter de ces trois petites phrases insignifiantes. Non. Il y avait forcément autre chose. Et il avait raison puisque l’individu ajoutait, tout en se levant: «  Mon cher, si je peux me permettre un tout petit conseil amical envers votre relation et par intérêt sincère pour Enora... »

Preminger s’était levé à son tour, écoutant ce qu’il avait à lui dire. L’homme avait fait un geste du bras pour l’encourager à prendre le chemin vers la sortie, sans pour autant le toucher et ils avaient fini par cheminer jusqu’à la porte, tandis que le vieil homme reprenait :

– «  Apprenez à écouter et à vous intéresser à elle. Elle est nettement plus secrète et plus complexe que vous ne semblez le croire. Et si vous ne lui laissez aucun espace pour s'ouvrir à vous en vous considérant seul connaisseur de ce qu'elle est et ce quelle a besoin... j'ai bien peur que toute l'intensité de votre relation ne parviendra pas à la sauver. Après tout, vous sembliez découvrir que nous connaissions déjà Isaac, je suppose donc que c'est quelque chose qu'elle garde pour elle... combien d'autres choses garde-t-elle pour elle en vous laissant vous construire une image toute faite et plaisante de ce qu'elle est à vos yeux ? Bien sûr, ce n'est qu'un conseil, comme je vous l'ai dit je n'interfère en rien dans les relations humaines de ce genre. »

Ils attégnaient d’atteindre la porte lorsque le Grand Maître termina sa porte. Déjà Preminger ouvrait la bouche pour répliquer que ce dernier le devança, ouvrant la porte en souriant. C’était fini. Erwin n’avait même pas besoin de tourner la tête pour distinguer en oblique les silhouettes d’Ava et d’Alexis se découpant sur le pas de porte… En face de lui, le « Grand Maître » souriait intensément. Il ne tirerait plus rien de lui, songea Preminger avec dépit. Sauf à répondre publiquement mais chacun savait qu’il ne le ferait pas. Refermer la porte ? Non…

« Eh bien voilà qui fut..fort instructif. Merci. Au plaisir. » finit-il par affirmer dans un sourire non moins intense que celui que le vieil homme continuait d’arborer.

Puis il tourna les talons là, empruntant les pas d’Ava, non sans ruminer ces derniers mots échangés. Diable que cela n’avait de sens qu’à tenter de l’agacer. Bien sûr que si, il laissait de l’espace à Enora pour s’ouvrir. Bien sûr qu’il s’intéressait à elle. S’il ne le faisait pas, elle ne se serait certainement pas trouvée en permanence à ses côtés.
Bien sûr qu’elle pouvait s’ouvrir à lui. Il l’écouterait. Évidemment. Même s’il était évident qu’elle ne lui avait jamais parlé des visites qu’elle pouvait avoir fait ici. Avec son fils. Sûrement n’y avait-elle pas vu l’intérêt. Ni vu le mal. Il aurait eu son mot à dire pourtant. Ou du moins, il estimait l’avoir. Au regard de ce que cette association faisait et des objectifs qu’il poursuivait…
Ava avait fini par ouvrir une porte donnant dans une espèce de...grande salle de jeu. Aussi blancs que pouvaient être les murs, des jeux, les tables étaient colorés. Des expériences étaient-elles réalisés sur des enfants ? Ou tout simplement les couleurs étaient venues pour tenter d’y amener un peu de gaieté dans un lieu austère et permettre aux enfants d’y trouver leurs marques ?
En tout cas… Isaac lui s’y sentait visiblement comme chez lui. Lorsqu’il le vit, il s’amusait à taper sur un petit train de bois bleu avec douceur de ses petites mains potelées.

« Pour la bonne tenue de l’opération, nous devons évaluer votre synergie. Jouez un peu avec le petit.. Je vous guiderais au besoin d’accord ? » interrogea Ava en penchant la tête.

Ses yeux s’attiraient vers l’enfant, la commissure de ses lèvres se relevant à la vue de ce dernier. Puis elle avait tourné les talons, rejoignant une petite loge non loin de là, laissant Preminger seul avec son fils. Ce qui était une situation pour le moins...inhabituelle.
Il devait reconnaître qu’il avait toujours tendance à fuir ces moments dès qu’ils se présentaient depuis l’arrivée du Copycat. Après tout, il n’avait jamais été à l’aise avec les enfants et n’avait pas spécifiquement prévu de faire des efforts. Même si...il avait tout de même parfois du gérer l’enfant en l’absence très très temporaire d’Alexis. Il se souvenait notamment du Noël dernier, même si cela ne lui avait pas spécifiquement porté chance. Néanmoins, depuis son entrevue avec Hera et son passage par le miroir… Il tentait d’être un peu plus présent dans la vie de ce dernier. De là à jouer avec lui… Il s’était accroupi un peu, pinçant les lèvres. Cela ne devait pas être sorcier et après tout il était naturellement doué en tout, non ?

« C’est quand vous voulez ! Je ne suis juste qu’une spectatrice, vous pouvez commencer tranquillement. »

La voix d’Ava dans le micro se voulait sûrement rassurante mais d’une certaine manière elle n’avait pas eu l’effet escompté. Il avait relevé les yeux d’Isaac pour distinguer la jeune femme derrière les vitres teintées de la pitite loge lever le pouce d’une allure professionnelle.
Isaac continuait de taper sur le petit train bleu… Et d’une certaine manière c’était très horripilant.
« Allons Isaaaac. Il faut cesser. »

Il savait très bien comment Alexis aurait géré cette situation. Sûrement aurait-elle attrapé la main du petit et initié quelques mouvements simulant l’avancée du train et aurait pu ponctuer son geste d’une phrase du genre « Nooon mon coeur, on ne tape pas le train, on le regarde avancer, lààà tu vois il faut tchoutchou ». Mais il refusait de s’abaisser à prononcer le mot tchoutchou ou quoique ce soit de ce genre. A l’inverse, il s’était contenté de poser la main sur celle de son fils. Elle était potelée, un peu plus douce que ce qu’il avait pu imaginer. Et l’enfant l’avait considéré, les yeux ronds comme des billes.
« Regarde, un train est un beau moyen de transport ».
Tout doucement, il avait fait glisser l’objet des mains de l’enfant qui n’avait opposé aucune résistance, pour lui présenter sous ses yeux.
« Il avance ainsi et de la fumée s’échappe d’ici… Mais enfin ceci est un train à charbon et il n’en n’existe plus…Il ressemble au train de l’Orient Express où avait été commis un terrible assassinat… »
Ce qui n’était peut-être pas des plus pertinent à raconter à un enfant. Surtout si jeune… Ou à l’inverse, peut-être fallait-il réjouir qu’il ne comprenne pas tout. Ce qui ne semblait pas pour autant décourager Isaac. Il avança le petit index de sa main libre pour appuyer sur le train, laissant échapper un petit cri surpris.
« Peut-être….pourriez-vous le mettre sur le toboggan. »
A vrai dire, il ne savait pas si Ava essayait vraiment de tester leur synergie ou de l’aider. Il opina de la tête et déposa sur ses mains sur le petit corps de son fils, en prenant soin de ne pas le brusquer.
« Bien très cher… Viens donc avec moi, tu vas faire une petite glissade... »
Il avait sourit poliment et l’enfant s’était laissé porter aisément, non sans l’observer avec une attention toute particulière, un peu en retrait dans ses bras.
« Tu n’es pas un poids plume, le sais-tu » commenta-t-il en fronçant les sourcils.
Mais il n’en n’était pas pour autant désagréable. Il avait cheminé, jusqu’à poser l’enfant sur le sommet du toboggan.
« Glissons maintenant »
Et d’un doigt sur son dos, il l’avait fait glisser jusqu’au bout, une autre main guidant néanmoins sa chute. Un petit rire timide avait égrainé la chute du petit. Au moins ce dernier s’amusait bien.
Et il fallait espérer que pour eux le Jeu soit bon.

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« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


Alexis E. Child

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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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________________________________________ 2023-05-20, 13:18 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




I put a Spell on you

J’étais vidée, complétement vidée. Il s’était passé tellement de choses en si peu de temps que je ne parvenais pas à reprendre pieds, avoir une prise sur le moment présent. Il y avait eu cet enlèvement, bouleversant. C’était la première fois que je prenais conscience à quel point il était facile de me l’enlever. De faire disparaître MON enfant, l’emmener loin de moi. J’avais eu peur, à chaque instant, depuis sa naissance. La peur, c’était sans aucun doute le sentiment qu’il m’avait le plus appris jusqu’alors, bien avant la patience. J’avais eu peur qu’il ne dorme pas et qu’il dorme trop, qu’il n’ait pas faim ou qu’il mange trop, qu’il ait froid, mal ou peur. Qu’il soit malheureux, sale ou silencieux. Et j’avais eu peur, pendant de longue nuit qu’il disparaisse subitement, qu’il cesse de respirer et qu’il s’en aille si facilement. J’avais eu peur qu’on lui fasse du mal ou qu’on lui brise le cœur. Mais jamais alors je n’avais eu peur qu’on me l’enlève comme je l’avais eu ce soir. Je n’arrivais même plus à me souvenir à quel point j’avais pu hurler, comment Erwin avait réagi ou à quelle vitesse j’avais couru. Est-ce que j’étais tombée ? Est-ce que j’avais pleuré ? Il n’y avait eu que cette rage au fond de moi, qui avait grandi avec cette puissance dont je me souvenais. Et puis tout était allé si vite... ce corps calciné, la voiture, les Templiers.

Mon cœur avait battu si fort lorsque j’avais pris Isaac contre moi et l’odeur de ses cheveux sur mon nez m’avait apaisé autant que ma douceur et la protection de mes bras l’avaient été pour lui. Je l’avais senti hoqueter, à plusieurs reprises et de moins en moins fort. Il m’avait fait peur, je m’étais fait peur et il avait eu peur... de tout. Mais pas de moi. Comment se pouvait-il qu’il n’ait pas eu peur de ce que j’étais devenu en cet instant ? Rien que de penser à cet être, j’en avais eu la nausée, mais il s’était laissé faire, y avait trouvé une sérénité et un abri qu’il n’aurait pas dû y trouver.

Et tout s’était enchaîné si fortement. Il avait fallu le laisser à d’autres mains, assumer et abandonner aussi Erwin à ses doutes et ses interrogations. Je ne voulais pas qu’il découvre tout cela. Pas comme ça en tous les cas. Peut-être avec plus de temps et sans aucun doute beaucoup plus de calme, mais pas en le plongeant ainsi au cœur des évènements. J'avais autant l’impression qu’il violait malgré lui mon intimité que de l’avoir trahi en lui mentant ou en lui cachant tout cela. Lui semblait pourtant si calme et compréhensif. Lui aussi n’avait pas eu peur de moi. Il n’avait pas cherché à me repousser... Bien au contraire...

Mais c’était bien trop dur de repenser à tout cela et pourtant il fallait bien le faire. Parce que le Grand Maître l’exigeait, parce que je devais réaliser mon rapport. Alors j’avais tenté de me calmer, précisant les faits avec les moindres détails dont je me souvenais, les mots de cet homme en tachant d’éloigner de mon esprit ses hurlements déchirants avant la fin. J’avais dû avouer et que j’avais perdu le contrôle et après une prise de sang et un calmant qui m’avait été prescrit à prendre juste avant mon sommeil, j’avais vu le Grand Maître. Nous étions revenus sur ma perte de contrôle, il m’avait dit d’en parler avec des instances divines et le visage d’Hypérion était directement venu dans mon esprit même si je ne me sentais pas encore prête à tout lui avouer. Il m’avait demandé si je comptais en parler à “mon ami” et je n’avais pas su quoi répondre. Il m’avait informé que celui-ci avait été en quête de réponses mais que les plus importantes, ce n’était pas à lui de les lui livrer. C’était à moi bien sûr et je le savais. Mais il fallait que j’agisse avec calme et précisions. Il y avait tant de choses que je savais, tant de points qui pouvaient se révéler être un danger entre de mauvaises mains et je ne parvenais toujours pas à savoir si celles d’Erwin pouvait être meilleures que je ne pouvais parfois le percevoir. Je n’avais pas reçu plus de leçon hormis de prendre du temps pour moi et la mission. Il m’avait intimé au travail d’équipe, m’avait prévenu sur le rôle primordial de l’entente entre Isaac et son père, le reste pouvait attendre et je lui en avais été reconnaissante.

La tête me tournait si fort en repensant à tout cela que je n’avais plus qu’une seule envie : prendre mon cachet maintenant et m’endormir jusqu’à ce que mon corps n’en puisse plus de l’obscurité pour m’intimer au réveil. Mais le temps des songes et du calme n’était pas encore arrivé. La porte s’était ouverte derrière moi avant même que je ne trouve le lit pour m’y asseoir. C’était Erwin, à n’en pas douter. Je m’étais tournée vers lui vivement. Constatant qu’il venait d’apparaître sans notre fils, je m’en inquiétais :

— Où est Isaac ?

— Ava l'a gardé auprès d'elle, encore un peu. J'ai pensé que cela était une bonne idée. Pour Isaac, pour elle et surtout pour nous...

Il avait souri, me jaugeant alors que je ne faisais que déglutir en hochant la tête, sentant mon ventre qui se tordait à l’intérieur de moi sous l’impulsion du stress. L’idée d’être seule avec lui, avec tout ce qu’il venait de se passer, tous ces mystères et sa façon de vouloir garder le contrôle, ne pouvait que me rendre nerveuse de la discussion qu’il espérait peut-être avoir.

— Tout s'est bien passé pour toi?

Il parlait de ma discussion avec le Grand Maître, il me l’avait signifié d’un geste de menton en direction de la porte, une fois de plus, j’hochais la tête, évasive :

— Oui, oui.

Il s’était approché avec douceur, suffisamment proche pour m’enlacer bien qu’il ne le fit pas, se contentant de poser ses mains sur le haut de mes bras, comme pour me donner du réconfort. Il semblait si calme, si enclin à la discussion, si peu propice à s’emballer ou à me reprocher quoi que ce soit. Non pas que je méritais des reproches à mon sens, mais j’aurai compris qu’il y en eût. J’avais pris une profonde inspiration en me massant les yeux d’une main et tout en soupirant, je le lui avais quand même dit :

— Je suis désolée... C’est loin du moment à trois que j’avais prévu dans ma tête...

— Oh, nous voulions fêter ce jour dans un endroit atypique, le moins que l'on puisse dire c'est que c'est le cas...

J'avais acquiescé avec un air signifiant clairement “tu m’étonnes !”. De son coté, il avait souri, avant de reprendre, plus sérieusement :

— Tu n'as pas te reprocher quoi que ce soit...

— Ouais... sauf peut-être d’avoir tué un mec...

C’était sorti beaucoup plus rapidement et violemment que je ne l’avais voulu, peut-être parce que tout en moins était une bataille sans nom, une guerre que je ne savais calmer et qui s’en prenait à quiconque tentait d’en faire de même pour moi. C’était pas la première fois que je tuais pourtant mais là, c’était différent. Les autres fois, il avait souvent été question de créatures, j’étais attaquée directement. Ici, ça n’avait pas été le cas, Isaac était en danger, certes mais il avait supplié, j’étais parvenue à retrouver mon fils sans problèmes alors pourquoi avais-je poursuivi dans cette voie ? Et c’était un humain... un homme qui ne devait pas être bien différent d’Erwin... et j’avais semblé si loin, si... absente... c’était peut-être ce qui me terrifiait le plus … Erwin avait peut-être senti que la bataille se poursuivait en moi, il m’avait un observé un moment avant d’hasarder :

— As-tu envie...de parler de...ce qu'il s'est passé, là-bas ? Cela me semblerait utile mais...

Il avait laissé sa phrase en suspens, me laissant le libre choix, que je prenais presque du tac au tac :

— Qu’est-ce que t’as dit le Grand Maître ?

Il était si calme, si doux, si serein, lui qui avait pourtant posé tellement de questions, je me demandais s’il y était pour quelque chose.

— Tu as l’air si... détendu...

Mon observation l’avait surpris, il avait même amorcé un petit recul :

— Détendu? Oh... j'ai surtout relativisé la situation, Trésor... A vrai dire... Cet homme m'en a dit peu. Mais il m'a assuré qu'aucun de nous trois ne craignions pour notre vie...

Il haussa les épaules tandis que j’hochais la tête d’un air entendu. Je savais qu’ils ne feraient rien pour nous mettre en danger, c’était loin d’être le but recherché.

— En toute franchise, notre conversation a été des plus diversifiée... Nous avons notamment évoqué Isaac, toi. Eux. Nous. Pour comprendre l'engagement, je devais comprendre un certain nombre de choses...

Il m’avait observé avec plus d’intensité, comme cherchant à sonder ma réaction, sans pour autant me tendre un piège, je le sentais. Il y allait juste plus doucement, à pas de velours, comme s’il tentait d’approcher d’un animal sauvage. C’était loin d’être ses réactions habituelles, il était plutôt du genre à y aller franchement, persuadé que toutes les explications lui étaient dues, que de doute façon, je n’avais rien à lui cacher ou rien que je n’avais pas envie de lui dire. Je ne savais pas encore si son côté plus prévenant me faisait du bien ou m’inquiétait, un changement d’attitude aussi rapide était toujours un peu étrange. J’avais senti ses mains se déplacer sur ma peau, quitter mes bras pour rejoindre mon dos, m’enlaçant plus franchement sans rien forcer pourtant, m’invitant à m’y lover avec un peu plus d’aplomb, m’attirant sans m’attirer clairement. Je n’avais pas bougé, perdue à mi-chemin entre l’idée de vouloir l’enlacer et toujours inquiète de cette situation. Levant les yeux vers lui, la tête aussi par notre proximité, je lui avais demandé doucement :

— Et qu’est-ce que tu as compris ?

— Une quantité de choses Enora… Notamment sur eux. Je t’avoue que j’ai toujours considéré avec une certaine perplexité cette organisation et ton lien avec ces derniers. Puisque cela semblait privé même …secret, je n’ai jamais réellement évoqué la question. Mais… j’ai réalisé aujourd’hui que tu es fidèle à leur cause.

Il laissa un moment de silence que je n’arrivais pas à définir comme un reproche ou une simple constatation.

— Je t’avoue que je ne peux pas leur accorder la confiance que tu sembles leur donner. Tu fais partie des leurs, pas moi. Mais tu as sûrement tes raisons… tu n’es pas obligée de me les livrer mais j’apprécierai qu’un jour tu le fasses.

Il m’observa avec l’intensité qui était sienne mais qui montrait aussi aucune férocité. Il était sincère, il ne voulait me forcer à rien. Mais sérieux également, prouvant qu’il voulait vraiment comprendre. Je lui devais bien ça, on lui demandait quelque chose qu’il pouvait totalement refuser, il avait été arraché en quelques secondes à la vie réelle et réalisait à quel point ma vie était peut-être plus complexe de ce côté-là qu’il pouvait le penser. Je lui devais au moins le minimum de compréhension, même si c’était dur pour moi. Il avait dû le sentir à mes bras autour de son dos que je faillissais un peu ou que j’hésitais. Comme pour m’encourager, il formulait un peu plus sa question :

— Qu’est-ce qui…te fait leur accorder ta confiance ?

J’avais hésité un moment, ne sachant plus comment bouger, restant dans cette position de mi-douceur qui nous enveloppait.

— Je... j’aurai pensé que tu me savais fidèle à leur cause plus tôt... A Paris par exemple... tu as bien vu que je les connaissais, que notre cible, je l’avais déjà vu plusieurs fois... je croyais que... c’était clair pour toi. En revanche, oui c’est vrai que tu ne peux pas savoir pourquoi je le fais. C’est... c’est compliqué, même pour moi je t’avoue. C’est... un héritage. La seule chose qui me reste de ma mère et... je ne sais pas encore si je veux poursuivre dans cette voie, parfois ça me fait un peu peur mais ils ne m’obligent à rien et m’acceptent en formation en sachant pertinemment que je ne prêterai peut-être jamais serment. A travers ça, je crois que j’essaye de comprendre qui était ma mère, pourquoi elle a fait tout ce qu’elle a fait et tant que ça me semble légitime de faire ce qu’on me demande de faire, je reste là. Mais je ne suis pas vraiment l’une des leurs... et certains comme Elias, le chauffeur, se méfient de moi et me détestent spécialement pour ça. Normalement... tu prêtes serment avant de faire quoi que ce soit mais... là c’est un peu différent.

J’avais haussé les épaules avec un sourire en coin, mal à l’aise. J'étais clairement conscience d’avoir un traitement de faveur et contrairement à Erwin, je n’aimais pas spécialement ça.

— Je savais que tu leur étais loyale… mais il est difficile de savoir ce qui pousse autrui à la loyauté. La peur, des convictions, l’amour…

Il avait détaché l’une de ses mains de mon corps pour signifier toute la multitude de raisons qui poussaient quelqu’un à être loyal, même si je n’étais pas entièrement d’accord avec lui. Il avait pourtant hoché la tête pour poursuivre :

— Je vois… je comprends. L’impression de suivre ses traces, ses pas sans le faire pleinement, de mieux la connaître à travers eux…

J’hochais la tête d’un air entendu tandis qu’il me demandait :

— En quoi consisterait ce serment ?

— Je n’en ai aucune idée... c’est toute l’importance du serment. La personne qui se sent prêt à servir la cause envers et contre tout doit le prouver. La preuve commence par une marque de confiance. Personne ne connait les étapes et les épreuves du serment à l’avance et les membres ont obligation de rester silencieux à ce sujet. Je ne sais pas si c’est long ou court, douloureux ou amical... La cause devient une vie, une Famille après le serment. On a largement moins l’occasion d’en sortir car les plus grands secrets nous sont connus.

J’avais hésité un instant, souhaitant tout de même revenir sur un point de ce qu’il avait dit précédemment :

— Tu sais, je ne suis pas d’accord avec toi... La peur n’entraîne jamais la loyauté... enfin pas pour moi. Une personne qui a peur d’une autre l’écoute pour sa survie mais dès qu’elle trouvera à se réfugier chez plus fort que le bourreau, elle le fera. Il n’y a aucune loyauté dans la peur.

— Certes… mais ils ont l’air assez renseignés et mystérieux pour être redoutables…

Il l’avait concédé mais je voyais que ça n’était pourtant pas pleinement sa façon de penser. Je n’avais pourtant pas voulu en rajouter, respectant son avis également. De son côté, Erwin réfléchissait à ce que je venais de lui dire.

— Je vois… comme dans toutes sociétés secrètes elle réserve ses secrets les plus conséquents à ses initiés… Mais ils te font suffisamment confiance pour te charger et te confier certaines choses malgré ce manque de passage dans ton cas… t’ont-ils dit pourquoi ? Est-ce en rapport avec ta mère ?

Je lui avais souris, un peu gênée, me détachant de sa prise pour aller m’asseoir sur le lit, posant ma main à côté de moi pour l’inviter à en faire de même s’il le désirait, je sentais que la conversation risquait d’être longue.

— Ils te l’ont aussi un peu dit à toi, si tu as bien écouté quand nous sommes arrivés... Ma famille fait partie de cette organisation depuis des années. Nous sommes apparemment une des familles les plus anciennes de ce groupe... et en tant qu’avant-dernière survivante, il n’est peut-être pas question de laisser mon patrimoine à l’abandon. Tu as dû comprendre que le patrimoine est important ici... et Isaac est encore trop petit. Quand ils sont venus me voir, ma mère venait de mourir, Isaac n’était pas encore là, j’étais la dernière...

—Il est notable qu’ils affichent un intérêt certain sur l’ADN… Sais-tu ce qu’ils défendent avant tout ? Après tout nous allons devoir plonger dans leur passé. Celui de tes ancêtres… il m’est apparu très clairement qu’ils s’intéressent à Isaac au point où…

Il hésita un bref instant, s’asseyant à mes côtés en même temps. Posant sa main sur la mienne, il replongea son regard dans le mien :

— Je ne devrais pas hésiter à te le dire après tout… avec tous ces éléments nouveaux à ma portée je me suis clairement interrogé sur…le caractère opportun de notre rapprochement… je sais que tu as fait de même.

Il y avait toujours de la douceur dans sa voix et même dans ses yeux, aucun jugement, juste une intensité qui était la sienne, celle de savoir et comprendre. Je n’avais pas retiré ma main de la sienne, la tournant au contraire pour la serrer dans la mienne tout en secouant la tête de gauche à droite :

— Je te jure que mes sentiments sont sincères !

Et il le savait apparemment, sinon pourquoi aurais-je posé la question. Je n’aurai pas pensé que le Grand Maître le lui dirait. Il me le confirma l’instant d’après avec un sourire doux :

— Je te crois.

Pinçant un instant les lèvres, prise dans une réflexion, je me lançais, prudemment sur la suite de mon explication.

— Je me suis demandé pourquoi il avait fallu que ce soit toi à Paris. Après tout, on ne se connaissait pas avant ça, on s’était juste vu à ton office pour... le “problème” que tu connais... il y avait aucune raison de nous lier. On aurait pu m’attribuer quelqu’un que je connaissais ou de l’organisation et ça m’a paru bizarre... j’ai pas tout de suite réagi... j’y ai pensé surtout plus tard... je... je me suis rappelée à quel point tu avais pris les devants, comme si c’était brusquement devenu une évidence pour toi de le faire, d’abord au Louvre et... plus clairement en chambre...

J’avais eu un petit rire gêné, où filtrait une pointe de tension de tout ce que je pensais et de ce que les souvenirs éveillaient.

— Sur le moment j’avais juste pensé à une attraction entre toi et moi mais... après... ben... j’ai appris que t’étais marié...

Mon regard avait croisé le sien un instant avant de le fuir avec force, sentant la gêne et la honte que toute notre conversation impliquait pour moi. J'avais pourtant inspiré longuement sans le regarder et avait repris avec courage.

— Et je me suis demandé une seconde fois ce qui t’avait pris... et comme tout ça n’avait aucun sens dans ma tête et que je sais que la relation de mes parents était... disons...

Arrangé ? L’avait-ce était à chaque instant ? Je n’arrivais pas encore en définir les limites et c’était trop dur de le dire en ces termes.

— Bref... j’ai cru qu’il y avait quelque chose de pas sincère entre nous. Sans compter que toi... enfin... tu sais... tu es resté plus distant, tu n’avais pas spécialement les mots que j’attendais alors... Mais... Je sais que ce n’était pas leur volonté, je les crois quand ils me le disent, déjà parce que pour des personnes qui semblaient avoir prévu le coup, ils ne semblent pas toujours en phase avec notre relation ensuite parce que... de ce que je découvre de ma vie et de ma famille, j’ai pas l’impression que c’est leur style. Alors oui, ils s’intéressent à Isaac parce qu’il est là et qu’il est aussi un symbole fort malgré lui : il est la réunion de deux mondes distincts qui n’auraient jamais dû se croiser sans doute. Mais jamais ils l’instrumentaliseraient, ils s’intéressent à lui pour ce qu’il est et ce qu’il transmet... c’est tout. Le fait qu’il soit mon fils lui donne aussi un autre fardeau, celui que je portais seule jusqu’alors, mais il le porte uniquement parce que j’ai accepté qu’il le porte, tant qu’il est mineur...

— J’étais loin de prévoir ce qu’il s’est passé à Paris… mais personne ne m’y a jamais forcé ni incité… Et je me suis toujours interrogé sur la raison pour laquelle une organisation aussi secrète était sortie de l’ombre.

Un sourire ironique était passé sur les lèvres tandis qu’il reprenait déjà :

— Pour me contacter, moi. Prendre le risque de se révéler à un…parfait inconnu. Pour remplir ce rôle qu’un autre aurait pu tenir, avec moins de brio certes mais… Je me suis demandé s’ils n’avaient pas placé côté à côté un cocktail qu’ils pensaient s’avérer payant. Ou utile à la suite… Isaac comme tu le dis est de principe si particulier… Et il est en effet des leurs selon leurs préceptes.

Il resta silencieux un instant et j’avais fait de même. Il ne servait à rien que je tente de le convaincre d’avantage, le Grand Maître avait dû lui dire la même chose qu’à moi. Mais je comprenais les doutes qu’il avait eu, qu’il avait peut-être encore...

— Et tu le penses toujours ?

J’avais tourné la tête vers lui, l’observant gravement. J’avais choisi de les croire mais Erwin pouvait avoir fait le choix inverse.

— Non. Pas le moins du monde. Nous avons toujours été seuls dans cette équation.

Il semblait si sûr de lui que ses yeux dorés en avaient flamboyés. Sincèrement touchée, j’avais un instant posé la tête sur son épaule en signe d’affection. Il avait alors repris le reste de sa réflexion, un peu plus chargée de reproche, bien que ce n’était pas de la colère ou quelque chose de violent... il le soulignait plutôt :

— J’ai été assez surpris que tu leur présentes… D’une certaine manière, ils l’auraient su, le savaient déjà mais…comme tu le dis c’est un fardeau qu’il porte avec toi. C’est cela d’ailleurs qui m’a fait prendre conscience de la loyauté que tu leur offrais. Leur présenter découlait avec une évidence à tes yeux, que je n’aurais sûrement pas partagée, que cela m’a permis d’être certain du degré de confiance que tu plaçais en eux.

— Je te l’ai dit... c’est tout ce qui me reste du côté de ma mère... et c’est ma Famille en soit. C’était normal pour moi de leur présenter, ils ont suivi ma grossesse, c’était comme toutes ces fêtes que j’ai faites à Storybrooke, c’est tout... que tu le partage ou non, je l’aurai fait quand même tu sais... c’était comme si tu m’avais interdit de le montrer à Regina...

— Hum certes… mais n’avions-nous pas convenu que tu me dirais si tu prévoyais d’en parler à quelqu’un d’autre ? Déjà à l’époque tu sais comme je n’étais pas enchanté au sujet de Regina même si je comprends les raisons qui t’y ont incitée... évidemment ! Tu me diras peut-être que cela ne possédait aucun impact… et en soit il est vrai qu’ils savaient sûrement déjà tout… Mais être consulté à ce sujet reste à mes yeux essentiels.

Inexplicablement, j’avais senti brusquement une vague de colère m’envahir, comme un coup de poignard. Tentant de la réprimer, j’essayer de me repasser en tête ce qu’il venait me dire. Il aurait voulu être consulté... mais il savait pourtant qu’ils savaient déjà tout. Nous avions convenu de ne parler d’Isaac à personne qui risquait de découvrir notre liaison, mais dans ce cas précis ? J’avais inspiré profondément tandis qu’il me lançait un nouveau sourire, nettement plus mécanique. Il convenait au moins d’éclaircir ce point avant de ruer dans les brancards :

— Je ne comprends pas... on s’était mis d’accord pour ne parler de notre relation à personne que nous aurions décidé à deux en amont, il en était de même pour Isaac mais tu conviens toi-même qu’ils étaient au courant de tout et comme tu l’as si bien supposé, je te donne effectivement l’argument que ça n’aurait eu aucun impact puisque tout le monde était déjà au courant de tout. Alors c’est quoi le problème là précisément ?

— Je viens d’en avoir la confirmation ce jour. Jusqu’ici je « l’ignorais. » mais j’aurais aimé le savoir… Je sais très bien que tu agis nécessairement pour ce que tu penses être le mieux pour Isaac. Il s’agit de notre fils. J’aurais simplement aimé être mis au courant.

Ça sentait clairement le roussi. Si j’avais fait des efforts pour pas m’énerver, Erwin avait fait des efforts pour rester doux mais sa personnalité dirigiste transparaissait de plus en plus et ses dernières paroles m’avait complétement soufflée sur place tant le culot était grand. Je l’avais observée sidérée, la bouche entrouverte, choquée du toupet qu’il osait afficher. J'avais préféré enlever ma main de la sienne et reculer légèrement de peur de sans doute lui exploser à la figure. J’avais inspiré un grand coup, tentant de garder mon calme et mais ma voix se faisait de plus en plus tendue :

— Je trouve que t’abuses un peu sur ce coup... et que tu ne manques pas de culot pour être parfaitement honnête. J'ai vu tout à l’heure que le fait que je prenne la décision pour Isaac concernant son sang t’avait choqué, j’ai vu ta main, tu as voulu mettre un holà et reprendre un certain contrôle sur la situation mais avec tout le respect que je te dois et que je dois à ta position de géniteur, je pense qu’il est parfaitement injuste que tu aies ce genre de contrôle.

J’y allais un peu fort, je m’en rendais compte. Sur une impulsion, je m’étais levée, comme pour me décharger de cette colère qui montait en moi, préférant bouger que de me mettre à hurler.

— Il s’agit de NOTRE fils que quand ça t’arrange. Quand c’est susceptible de te fatiguer ou te t’ennuyer, c’est juste MON fils et ça... ça c’est pas possible.

J'avais fait volte-face pour le regarder, le plus sérieusement du monde.

— Je t’ai promis que j’accepterai ce que tu seras capable de te donner sans t’en demander plus et je pense que jusqu’alors j’essaye au mieux de respecter cette promesse. Tu m’as aussi promis que l’enfant ne grandirait pas sans toi et que tu le reconnaîtrait. Mais c’est pas un bout de chiffon Erwin, c’est un ENFANT et un enfant, ça a besoin de stabilité. Tu peux pas apparaître dans sa vie et faire figure d’autorité quand tu le désires et disparaître quand ça te chante. Je t’ai dit que je te demanderai rien que tu ne veuilles pas faire, ça veut pas pour autant dire que je vais te laisser faire tout ce que tu veux et que je vais constamment attendre sur toi. C’est moi qui l’ai aidé à faire ses nuits, moi qui l’habille et le nourrit, moi qui le lave, prends soin de lui, qui décide de ce qu’il mange, avec quoi il joue, moi qui l’inscris à la crèche, qui vérifie que tout va bien, qui l’emmène chez le médecin, moi qui le console et qui le dispute quand il fait une colère. C’est moi qui le fais rire et qui l’aide à s’épanouir.

J'avais pointé chacune des actions à l’aide de mes doigts que je lui présentais au fur et à mesure de mon discours, les pointant avec mes index.

— Et si je fais tout ça, c’est parce que je suis sa mère, parce que j’ai voulu être sa mère et que j’ai accepté ce que ça signifiait et crois-moi, c’est pas facile tous les jours. Tu n’en a absolument AUCUNE idée car tu ne t’ai jamais levé en pleine nuit à plusieurs reprises quand il hurlait à réveiller un mort, tu ne t’ais jamais inquiété à l’idée qu’il le respirait peut-être plus dans son sommeil, à ses premiers refus ou ses premières maladies. Tu ne l’as même jamais déposé nulle part et je t’en fais pas le reproche parce que tu ne veux pas faire partie de cette vie, tu t’en sens pas capable et je l’accepte. Mais toutes ces petites choses, elles viennent avec des décisions et des responsabilités, quand on m’appelle pour me dire qu’il a de la fièvre et que je décide de fermer pour aller le chercher, c’est ma responsabilité, quand je l’inscris à une nouvelle activité et que je me tape toute la paperasse qui est liée avec, c’est ma responsabilité et jamais je t’ai demandé de l’aide parce que ça t’intéressait pas. Mais il faut que tu comprennes que la plupart du temps, je suis seule et j’ai donc appris à gérer seule. On est pas une famille dans le sens éducatif du terme, je suis une famille monoparentale. Et sous prétexte qu’aujourd’hui, ce soir, tu étais là avec moi, tu crois te permettre de t’arroger un droit que tu bafoue le reste du temps car il vient aussi avec des devoirs et que ça t’ennuie ? Je suis désolée mais tu peux pas te satisfaire de tout me laisser gérer tout en me reprochant de le faire quand ça t’arrange pas. Il va falloir que tu choisisses Erwin, c’est soit tu ne peux pas donner plus que ce que tu donnes maintenant et tu me laisses gérer quand ça te mets pas en danger, ce qui était clairement le CAS ici, soit tu estimes qu’en tant que “père” comme tu dis – j'en avais fait des guillemets avec mes doigts – tu as un droit de regard et d’autorité sur cette enfant et tu es aussi là pour m’aider tout le reste du temps. Je t’impose rien, tu choisis mais tu pourras pas avoir le beurre et l’argent du beurre, parce que tu me rajoute une charge supplémentaire et si la première j’ai accepté de la supporter, celle-ci je la refuse. Compris ?

J’étais essoufflée, je m’en rendais compte à présent... à quel point j’étais monté en pression pendant mon discours, malgré moi. Je ne m’étais pas mise à hurler pourtant mais ma voix laissait clairement percevoir toute ma colère et mon énervement. Je le regardais droit dans les yeux, mon dernier mot avait été incisif alors que je le pointais du doigt par la même occasion. Me rendant compte de mon état, je m’étais redressée en arrière tout en passant une main dans mes cheveux pour me calmer tandis qu’un silence de mort était tombé entre nous. Il s’était levé à son tour, visiblement piqué par mon discours, du moins au début du sien lorsqu’il avait précisé :

— Il me semble être un peu plus présent actuellement pour cette famille… Après certes, mon implication est bien moindre que dans toute autre.

Je ne pouvais pas lui enlever, je le remarquais. Depuis quelques temps il faisait beaucoup plus d’efforts. Pourquoi ? Je n’en avais aucune idée, nous n’en n’avions jamais parlé. J’avais eu trop peur d’aborder le sujet et de tout faire brusquement retomber comme un château de cartes. C’était comme si cela lui avait pris brusquement un jour, il était venu à la maison et plutôt que d’ignorer royalement notre fils autant qu’il le pouvait, il s’était mis à nous poser des questions maladroites à son sujet. J'avais évité d’en rire, répondant avec patience et avec une surprise et une joie que je tentais de dissimuler, pensant à un coup du sort mais plus jamais il n’était revenu en arrière, tentant toujours de poser des questions de l’observer et de m’aider un peu plus à son sujet. Oui, je ne pouvais pas lui enlever... mais il ne pouvait pas non plus m’enlever qu’il revenait comme une fleur au moment où tout devenait plus “facile”. Isaac était largement plus éveillé, il faisait ses nuits, il pouvait se gérer quelques minutes seul. On n’était plus à la période où on devait se lever 3 à 4 fois par nuits, à l’allaiter une bonne partie de la journée, à le tenir constamment dans les bras et s’inquiéter pour que sa tête ne parte pas en arrière. Tout cela, c’était moi qui me l’étais tapé et même si je ne lui reprochais rien, il ne pouvait pas m’enlever que cette partie, je l’avais réalisée seule et que c'était de loin, très loin l’une des choses les plus difficile que j’avais fait de ma vie. Longtemps que je m’étais demandé si je n’avais pas fait une erreur, si j’allais m’en sortir et bien sûr, si j’étais une mauvaise mère. Et puis j’avais lu, sur de nombreux forums, que beaucoup de parents galéraient, notamment quand c’était le premier et de gentilles personnes m’avaient rassuré : s’ils galéraient à deux, je ne pouvais que galérer seule et si j’étais encore là pour en parler, c’est que j’étais pas si mauvaise à la tâche que ça. Alors malgré moi, toutes ces épreuves m’avaient forgées, en bien et en mal, en fierté et en stress et je m‘étais d’autant plus approprié la garde de notre fils que je ne lui permettais de le faire par cette absence qu’il tentait tout de même de réparer. Je n’avais rien répondu, il avait repris, avec plus de douceur :

— C’est une évidence. Aussi je comprends tout à fait que la plupart des décisions te reviennent spontanément concernant Isaac. Je ne t’ai jamais discuté cela. Le choix d’une crèche, du médecin, que tu en décides sans consultation tout ceci m’a toujours semblé aller de sens, tu es celle qui de nous deux veille et connaît davantage Isaac, ses besoins et se trouve en permanence avec lui. Je te fais confiance qui plus est… Il m’a toujours apparu très clair que même ne donnant ce que j’étais capable de donner, l’ayant reconnu et revendiqué comme mon fils… j’ai un droit de regard et d’autorité sur lui. Je ne le revendique pas, je sais très bien que tu es plus à même de juger du bien-être de l’enfant au regard de ce que tu lui prodigues au quotidien et au regard, parallèlement à mon investissement moindre comparé au tien. Mais pour les décisions d’importance, je m’attendais à ce que tu me consultes. Pas par obligation mais par envie. Une prise de sang est bénin certes mais pas dans ce contexte. Il s’agit d’une expérience menée par une société secrète et aussi de mon ADN. Et je ne disposais pas d’informations aussi complètes que toi sur la fiabilité que l’on pouvait accorder à ces gens. Il était naturel à mon sens que cela puisse me faire émettre une réserve ou faire naître une envie d’en discuter avec toi, d’être inquiet. Je ne t’ai jamais remise en cause sur la manière de gérer cet enfant. Je ne t’ai même pas pour ainsi dire remise en cause sur le fait que la décision finale puisse te revenir. Je voulais que nous en discutions… En tout et pour tout… j’entends que cela ne soit pas dans la même logique te concernant. Que tu aies l’impression que j’exige un dû sans rien donner… je ne veux pas m’engager si j’en suis incapable. Tu supportes déjà beaucoup et te faire espérer pour rien ne serait que pire. Pour autant… certaines choses évoluent. Alors, je réfléchirais sur ce point… mon investissement…c’est promis.

Il était resté devant moi, une attitude douce sur le corps et le visage. J’avais relevé les yeux vers les siens quand il me l’avait promis pour y voir une sincérité et une douceur qui en était touchante. Quelque chose avait changé, je le voyais. Là où il ne composait qu’avec ses envies à lui et lui seul auparavant, sans partage et sans pitié, il semblait plus enclin à présent... non pas à m’écouter car il l’avait toujours fait... mais à faire passer mes besoins pour des envies personnelles qu’il avait envie de relever. C’était assez nouveau... mais réconfortant. Je n’avais pourtant pas gagné le point – et je ne comptais de base pas le gagner – mais il promettait pourtant de penser à accéder à ma requête. Nous avions un accord, il voyait s’il souhaitait s’investir plus et en échange, je lui accorderai plus de crédit sur les décisions, uniquement s’il s’investissait plus. J’avais dégluti, hochant la tête doucement :

— Merci d’y réfléchir. Je suis désolée si je t’ai vexé par ma façon d’agir... mais la vérité c’est que tu as raison... je n’avais pas spécialement envie de t’en parler... pas pour ça. Pour d’autres choses peut-être, j’ai appris à ne plus y penser et juste agir par habitude mais là... ça me demandait beaucoup, beaucoup de temps, de courage et d’explications que je n’étais pas encore prête à te donner... c’était peut-être trop intime, je sais pas... je suis désolée. Mais j’avais évalué les risques, je les connais depuis longtemps maintenant, pour un adulte du moins... ils n’ont encore jamais vraiment fait cela avec un enfant, c’est pour cela qu’Ava devait analyser les données et m’a mise en garde ce soir. Je pense que combiné à toi, ça lui donnera plus de force. Ton ADN n’est d’aucune utilité ici, tu sais ? C’est de la science, pas de la magie et la science ne parvient à analyser que ce qu’elle connait, elle découvre par connaissance, et similarités... Tu viens d’un autre monde, je ne suis même pas certaine qu’on puisse lire ton ADN. Dans cette histoire il n’y avait que mon patrimoine en jeu, le mien et celui d’Isaac. Et pour la prise de sang... il doit en faire aussi pour ses visites médicales alors ce n’était rien de plus grave... en parler en revanche me pousser à t’expliquer tout ça...

J’avais levé les bras pour lui montrer l’environnant :

— Ma Famille, mon héritage, ce qu’ils étaient, ce que je peux être, cette machine, que j’avais déjà montré Isaac... et... c’était beaucoup trop dur pour moi de le faire et... je n’avais jamais l’impression qu’on avait assez de temps pour parler de tout ça...

J’avais baissé les yeux en remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille, gênée. Ce n’était pas un reproche, mais il était vrai qu’Erwin ne laissait jamais vraiment l’occasion de mettre de temps mort. Quand il passait, c’était pour une durée limitée et même s’il prévoyait plus de temps, tout silence en revenait à parler de lui, de ses pensées, ce qu’il voulait me faire découvrir ou me poser des questions simples... je n’avais jamais senti le courage de me laisser aller... ou même peut-être la confiance... Il m’avait observé un instant en silence avant de préciser :

— Je peux comprendre que tout soit trop intime. Il n'a jamais été question que tu te sentes obligée de dévoiler l'intégralité de ta vie. Je ne t'y ai jamais forcée. Je pose peu de questions, au contraire. Non parce que cela ne m'intéresse pas, mais parce qu'il te revient de décider m'en faire part.... Il est vrai que cette histoire me fait noter que tu le fais très peu...

Comme prit par ses réflexions, il avait posé sa main sous son menton, son index sur les lèvres :

— Nous avons du temps pour ça, pourtant, trésor... Alors... Est-ce purement par pudeur ou intimité ou dois-je considérer que cela est aussi lié à la confiance que tu me donnes ?

Inexplicablement, mon cœur s’était mis à battre à tout rompre, douloureusement, en même temps qu’une étrange douleur apparaissait dans le creux de mon ventre... était-il seulement possible qu’il ait touché du doigt une vérité que je refusais d’admettre ? Ne lui faisais-je pas confiance ? Ou peut-être pas assez... A tort ou à raison ? Comme pour m’encourager, il avait tendu la main vers moi, paume vers le ciel, comme pour que je la prenne. Hésitante, je lui avais demandé :

— Tu... tu veux vraiment qu’on parle de ça ? Ou c’est une question rhétorique ? Tu ne t’énerve pas si on en parle ?

C’était plutôt mal parti à l’air circonspect qu’il affichait à présent en me détaillant franchement. Il m’avait alors répondu d’un ton nettement plus ferme, bien que toujours pas énervé mais où l’énervement pouvait poindre à chaque instant :

— Non. De toute manière même si c’était mon intention, tu en as trop dit. Suffisamment pour que m’ôter toute éventuelle envie de clôturer le sujet…

Il avait eu un rire qui m’avait définitivement donné envie de refuser sa main. Je ne l’avais toujours pas prise d’ailleurs, encerclant un de mes bras de ma main comme pour me protéger moi-même. Il s’était repris rapidement cependant :

— Mais non je ne suis pas énervé… je pense qu’il vaut mieux en parler.

Oui... peut-être... pourtant je ne disais rien tandis qu’il m’observait avec la même intensité. Comme pour faire redescendre la pression qu’il avait lui-même créé, il avait fait un geste du menton, de manière à m’encourager, avec un sourire doux bien qu’il était toujours aussi sérieux :

— Je t’écoute… Trésor…

— Je sais que tu me mens, Erwin... Et que tu me caches des choses.

C’était sorti bien plus vite que je ne l’avais voulu. Détournant complétement le regard, j’avais néanmoins poursuivi :

— Et ça me va... jusqu’à présent je crois que... je préfère. Parce que je suis pas certaine que je puisse accepter toute la vérité. Elle transparaît parfois, dans tes actes, dans tes gestes et je sais que tu ne la refreines pas toujours, peut-être même volontairement. Il y a d’autres moments par contre où je vois que tu te contrôle. Je veux pas spécialement que tu m’en dises plus ce soir, comme je t’ai dit, ça me convient mais... je peux pas empêcher une part de moi de voir quand même cette partie-là et de me susurrer à l’oreille que je ferai peut-être mieux de faire attention. Ce serait pas la première fois que tu me mentirais... tu m’as menti pour ta situation maritale et... on sait tous les deux que tu m’as menti sur la raison qui t’a fait l’épouser... je te l’avais déjà dit même si on en a pas parlé, ton silence l’avait confirmé, comme moi ce soir qui en est un peu trop dit...

J’avais dégluti et après une profonde inspiration, j’avais fini par le regarder droit dans les yeux, préférant affronter ce que je pensais et ce que je croyais avoir découvert :

— Tu es un personnage de conte, Erwin. Dans mon monde en tout cas, c’est le cas. Et dans mon monde les personnages de contes sont manichéens. Y’a que deux équipes : les gentils et les méchants. Et si le premier qui m’en avait averti était le Clown dans une eau à deux degrés, j’ai eu pleins d’occasions de voir et de réfléchir à la situation ces deux dernières années et il me semble évident... que tu n’étais pas le héros de ton conte.

C’était sans appel. Je n’attendais pas spécialement une réponse de sa part, j’étais sûre de ce que j’avançais.

— C’est pas... discriminatoire. Ma mère adoptive était la méchante de son conte après tout et je lui confierai ma vie sans aucun doute parce que... parce que je sais aussi qu’elle fait des efforts pour changer ce que... je... ne... retrouve pas... chez toi. Je veux pas que tu changes, comprends-moi bien et je vois que par contre tu fais des efforts pour nous mais je sais aussi que ça se limite à... nous. Et tout ça, ça me fait peur parfois... et je me dis que tant que je veux pas mettre les pieds dedans je suis en quelque sorte protégée de ce que je pourrai découvrir mais je peux pas m’empêcher de me dire que pour le moment on est dans cette situation où tout va bien pour moi parce que tu veux de nous... Mais je sais que tu es aussi un éternel insatisfait, ce qui est clairement un trait de méchant s’il me fallait encore un indice et je me dis que... peut-être que... le jour où tu seras plus satisfait de nous ou... que je ferai quelque chose qui ne te conviendra pas... ben... je risquerai de le regretter... et comme je sais que tu es intelligent, je me doute que tu utiliseras ce jour-là ce qui est en ta possession pour... réussir disons... et je me sens pas prête à te donner d’éventuelles autres armes contre moi... voilà... c’est tout... je suis désolée si j’ai dit les choses de façon blessante...

J’avais complétement croisés mes bras sur ma poitrine, me recroquevillant sur moi-même, me tenant les bras, hésitant presque à faire un pas en arrière. Et maintenant que c’était dit, je me sentais pas mieux, même plutôt coupable.

— Je suis désolée... je suis naze... tu es là avec moi et tu m’as pas lâché après m’avoir vu pulvériser limite un mec, tu restes alors que tu te rends compte que je te cache pleins de choses et maintenant je te pourri complètement...

Il m’avait regardé avec une telle intensité lorsque je lui avais avoué que je savais qu’il me mentait que j’aurai pu en avoir le tournis mais j’avais tenu bon, me concentrant sur ce que j’avais à lui dire du début à la fin pour éviter qu’il me fasse dévier de mon sujet au point où certaines choses dans ses expressions m’avaient paru floue ou erronés... ce spasme qu’il avait eu au coin des lèvres lorsque j’avais évoqué son passé, comme s’il voulait en sourire ou en rire, l’avait-il vraiment eu ou était-ce le fruit de mon imagination ? Il semblait si peu propice à l’amusement, beaucoup plus tendu en réalité, mais sans que je ne sache discerner s’il était vexé ou en colère, inquiet ou contrarié. Peut-être même déçu ? Une expression en revanche avait été loin d’être un mystère, la surprise franche qu’il avait ressentie, écarquillant les yeux sur le coup de l’émotion quand j’avais supposé qu’il puisse s’en servir contre moi, ce qui m’avait poussé à m’excuser. Après un silence, il avait à son tour pris la parole :

— Il y a des choses que je te cache oui… Mais mon but n’a jamais été non plus de le faire à jamais. J’essaye de construire…

Il hésita un instant, tentant de choisir au mieux ses mots :

— ...d’instaurer le moment propice à la levée de ces…non-dits?

Il ne semblait toujours pas satisfait des mots utilisés, comme s’il avait du mal à qualifier lui-même ce qu’il tentait de me faire comprendre mais j’avais hoché la tête d’un air entendu, lui spécifiant que je voyais où il voulait en venir.

— En revanche… Il me semble te l’avoir déjà dit mais… peu de personnes peuvent se vanter de me connaître vraiment. Tu es l’une d’elle. Si tu sais que je te cache des choses c’est parce que j’ai levé suffisamment de barrières pour te permettre de voir au-delà… ce que je veux bien montrer...

Il désigna son propre visage comme s’il parlait d’un masque, un sourire froid et résigné sur la figure. Il semblait se spécifier de me faire un véritable cadeau, sans doute son égo l’aidait à penser en ce sens, de mon côté, je ne parvenais pas réellement à savoir si c’était une fleur ou s’il m’avouait tout simplement qu’il était mieux pour lui d’être hypocrite que sincère avec la plupart des gens tant la couche de noirceur était profonde...

— Au final, cette version de moi-même est sûrement moins attrayante pour le commun mais je te fais suffisamment confiance pour être moi-même à tes côtés. Je suis ravi de savoir que tu me connais vraiment… Au risque en le faisant d’ôter ta propre confiance en moi…

Sa dernière remarque avait eu le don de faire apparaître sur ses traits une moue peinée que je trouvais sincère au point que de le regarder me devenait insupportable, gênant et que j’avais détourné le regard tandis qu’il reprenait :

— Je ne regrette pas pour autant… C’est ce que je suis et c’est valable aussi pour le passé… Bien que je n’ai jamais été un monstre ni qualifié d’ignoble et cruel individu, tout de même, j’ai dû incarner aux yeux d’autres parfois une figure antagoniste, oui sûrement…

Il fouillait dans ses souvenirs, je le voyais bien, pour tenter de se qualifier au mieux, dépité :

— Parfois certains choix même permettant un but louable sont fait par intérêts… Et je regrette sincèrement que cela puisse altérer ta confiance en moi. Car comme tu le notes je m’ouvre à toi car je te donne ma confiance. Et je voudrais que tu puisses te sentir pleinement en sécurité pour faire de même. Que tu te sentes ni retenue ni…méfiante à mon égard.

Il avait ouvert les mains, montrant clairement qu’il était désemparé alors qu’il reprenait déjà :

— C’est assez… Nous construisons ensemble… et. Je veux savoir ce qui t’arrive, ce qui t’est arrivé… T’aider. Et il semble que je ne parvienne pas à faire ce que d’autres t’inspirent… ta mère, Elliot… d’autres… je ne t’en veux pas comment le pourrais-je mais je voudrais vraiment te convaincre…

Son discours l’avait légèrement essoufflé, il m’observait avec la même intensifié que celle dont je le gratifiais à l’instant, le sondant comme un animal aux abois ayant entendu un bruit étrange aux alentours. S’il gardait sa fierté, il n’en semblait pas pourtant autant peu sincère, au contraire, rien n’était joué, je le voyais bien, il semblait véritablement embêté, ne sachant pas comment véhiculer ce qu’il voulait me dire. Erwin était bon orateur et manipulateur, j’avais déjà pu l’observer lorsqu’il était en conversation avec d’autres mais j’avais su aussi reconnaître sa véritable sincérité, beaucoup plus pudique, moins mise en scène, les mots, les gestes, tout était largement plus hésitant, désordonné. Il ne cherchait pas à me convaincre, il voulait juste tenter de me faire comprendre, ce qui était radicalement différent. Je l’avais observé un instant, gravement. L’heure était peut-être venue de lui faire confiance, au moins un peu, quitte à faire une erreur. J'avais besoin de soutien et j’avais besoin du sien. Il voulait en être digne, c’était à lui désormais de me prouver qu’il l’était. Après un énorme soupir, ma phrase avait sonné comme une sentence.

— Dans la forêt, tout à l’heure... ce n’était pas moi.

Ce n’était pas une métaphore, une volonté de me dédouaner ou de montrer que j’avais des facettes en moi que je ne reconnaissais pas. La phrase était sans appel : une vérité froide et douloureuse. J’étais devenue autre chose. Et je venais de lui avouer.
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