« Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver.
Ensuite, réveillez-vous calmement et allez jusqu'au bout de votre rêve
sans jamais vous laisser décourager. » (Walt Disney)

Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal

Partagez
 

 "I put a spell on you" - Alexis & Erwin

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
2 participants
Aller à la page : Précédent  1, 2
AuteurMessage


Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

Erwin Dorian

| Avatar : Rufus Sewell

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Vba9
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Sn0a
"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Da6n
"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 W2ja

| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre
| Dans le monde des contes, je suis : : Preminger

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Hmch

| Cadavres : 1316



"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 _



________________________________________ 2023-11-26, 23:02 « If the crown should fit, then how can I refuse? »

I put a spell on you
“Le jour de la fête des morts donne à chacun le sens de la vie.”


L’endormissement d’Isaac, Alexis l’avait pris moyennement bien. Pouvait-on s’en offusquer ? Cela pouvait signifier si l’on désirait être positif, qu’en partie, elle l’avait bien pris. Et puis, elle l’avait accepté. Ce qui témoignait que malgré ses appréhensions et ses réserves bien normales au regard de la situation, elle l’admettait nécessaire. Isaac endormi, la procédure se lancerait plus fluidement.
Une fois n’était pas coutume, la dernière pensée d’Erwin, avant que la machine ne se mette en route, avait été pour son fils. Il fallait qu’il se réveille. Enora ne se pardonnerait jamais qu’il ne se réveilla pas… De même, aussi cela surprenant que cela puisse paraître, l’idée lui semblait particulièrement désagréable. Même s’il avait eu tôt fait d’approuver l’idée d’un endormissement plus profond d’Isaac. Pour son propre confort, oui. Les expériences menées avaient été des désastres douloureux. Chaque image vécue l’avait été presque à son encontre et les souvenirs visionnés n’avaient eu de cesse que d’être particulièrement éprouvants, comme si l’être dont il retraçait les souvenirs n’avait eu de cesse que de le combattre. Pour la réussite de la mission, il convenait aussi de l’endormir davantage. Le coma provoqué avait cet effet rassurant d’une efficacité redoutable. Mais… si jamais Isaac venait à ne pas se réveiller… Alexis s’en trouverait anéantie… Et il se priverait à l’Avenir d’un allié plus intéressant qu’il n’aurait pu le supposer.
Non. Il reviendrait… Et plus vite, ils auraient tôt fait de réussir et plus vite l’enfant sourirait à nouveau.

Une lumière aveuglante pénétra dans ses iris, d’une violence si puissante que l’ancien ministre craignit qu’elle ne l’en brûla. Pour autant, il ne fit rien… Déjà l’éclair s’estompait, pour laisser place à un vide lumineux où lui seul se trouvait. A bien des égards, il songea à ses traversés du miroir, sur Olympe… Cet objet mystérieux possédait cette presque semblable mise en situation… Un coup d’œil à ses bras lui permis de jauger que la manœuvre cependant prenait son effet. Oui… Et cette fois, il ne s’agissait pas de mains potelées et raccourcis qu’il contemplait, ni un biberon ou même le visage doux et gracieux d’Enora, mais des mains d’honnête travailleur, gonflés par le labeur, alors que du lieu, les contours se définissaient à son rythme..
« Cela semblait concluant… Oui. Concluant ».
La lumière céda progressivement place à une obscurité humide, où les lueurs ne demeurèrent fixés que par les torches du mur. Au moins, cet endroit paraissait davantage proche de la geôle occupée un temps sanglant par Crafty. Et à en juger les corps qui se dressèrent par l’effet de l’expérience, bientôt devant lui, un individu aurait pu s’interroger sur les occupations curieuses auxquelles son pendant antique pouvait bien s’adonner… Trois hommes attendaient sur des bancs, cagoulés et vêtus d’une chemise blanche longue, sur laquelle pour chacune une croix rouge se trouvait brodée au niveau de la poitrine… Un coup d’oeil à ses propres habits l’averti de la similitude de son propre accoutrement… Tout comme le tissu souple et solide dérangea subitement son nez. Fort bien… Voilà ce qu’étaient les réunions de cet ordre, autrefois… soupçonna l’ancien ministre. Il stoppa son réflexe mécanique et malencontreux d’ôter tout masque. Ces hommes n’étaient pas prisonniers. Ils attendaient son discours… Et les masques protégeaient leur anonymat du risque d’intrusion. Celles-ci étaient-elles nombreuses ? Il ne pouvait le deviner pour le moment, mais pour l’époque, les risques existaient.
En attendant, le silence s’attardait. Ils l’attendaient encore…
Et quand bien même, Preminger possédait un sang-froid et une habilitée imparable en matière de situation saugrenue, sans évoquer même son aisance orale naturelle… il fut reconnaissant aux coup subitement frappés au dessus de sa tête de le sauver de ce mauvais pas. Quelque soit la cause de cette distraction, elle lui faisait gagner de précieuses minutes de réflexion… Il était une chose de comprendre qu’il était visiblement appelé à agir dans l’ordre comme Connor…
Une autre chose que de devoir le remplacer au pied levé dans une époque mystérieuse pour évoquer un sujet dont il ne comprenait goutte, encore…
Les coups raisonnaient toujours au dessus de lui et semblaient avoir été formulés à même la plaque de bois qui permettait l’accès à cette cave. Alors que tous levaient la tête, la trappe s’ouvrit révélant une femme brune, fondue dans l’obscurité. Il ne la connaissait pas, mais quelque chose en lui s’agita de familiarité. La femme de Connor, devina-t-il.
Laquelle s’écartait déjà, permettant à un homme de passer devant elle, alors que sa voix précisait.

« Ton frère... »

Albert Evans… Alexis. Et pourtant, rien ne semblait à présent plus improbable. Alexis dans la peau d’un homme. Mais son cerveau intact et vif le regardait comme il la regardait, à présent. Sa présence en lui semblait indétectable et il se demanda si elle ressentait cette même impression de dissociation. A moins que cela soit moins perturbant pour elle… Et puis, la cagoule sur la tête d’Albert n’aidait en rien. Il ne croisa pas son regard, ne surprit pas un seul de ses gestes. Non pas qu’il en attendait, il demeurait suffisamment professionnel pour ne pas risquer de se voir découvert, mais… une seule brève faille aurait suffi à la rassurer sur la consistance de ce qu’ils vivaient. Mais il était passé, pour venir spontanément s’asseoir aux côtés des autres….Alors qu’il le dépassait, Preminger nota qu’il était plus petit que lui, plus chétif aussi.

—« Merci de te joindre à nous, mon frère » avait-il au contraire ponctué d’un propos chaleureux, découvrant par la même occasion sa voix, davantage plus rocailleuse et posée que celle à laquelle il avait l’habitude.

Ses bras étaient plus lourds, sa musculature aussi, plus imposante mais vigoureuse.
Il n’y avait eu aucune réaction dans l’auditoire. Voilà qui était curieux. Preminger n’était pas habitué au silence… Pourquoi ? Presque simultanément à ses interrogations, la voix d’Ashwini avait retenti dans le lieu aussi sonore et claire que dans un haut-parleur pourtant inexistant.

— « On assiste ici à une réunion de l'Ordre en 1691. Ils sont peu, c'est normal, rare sont ceux déjà installés. Si je ne me trompe pas, outre Albert, le frère de Connor, l'assemblée se compose de Jacques Denvert, un français qui a sans aucun doute été l'un de ceux ayant importé l'Ordre d'abord au Royaume-Uni puis aux Etats-Unis. Il y a aussi un irlandais Sean Byrne et un anglais immigré comme les Evans, William Alexander. La tradition veut que celui qui reçoit prononce le discours d'ouverture. Laissez-vous aller, Connor sait ce qu'il a dire, il vous guidera »

Preminger aurait pu opiner mais cela n’aurait donné qu’une image curieuse aux yeux de ses interlocuteurs. Il se demanda comment Ashwini voyait en revanche la scène, l’effet des machines le lui reverbait-il ?
Dans tous les cas, il aurait été fort bien en peine d’identifier qui que ce soit. Mais pour Connor, ils cachaient des individus bien connus. Et en lui, en Connor se trouvaient aussi les paroles qu’il devait prononcer. Il était censé, juste le laisser parler prendre la place en lui. Les mots qu’il devait trouver n’étaient pas siens. L’exercice qu’on attendait de lui était de ceux qu’on attendait des acteurs, un total oubli d’eux-même et une écoute quasi intime du personnage qu’ils étaient censés incarner...mais ici aucun script n’était disponible. Et la situation était réelle, une erreur et tout serait voué à recommencer perpétuellement jusqu’à réussite. Preminger avait l’habitude de jouer des rôles. Alors pourquoi ce dernier devrait-il en soit lui coûter plus de difficultés ? Ashwini ne l’avait-elle pas dit ? Il convenait de se laisser porter… si le ministre ne faisait guère confiance à autrui dans leur capacité à mieux exécuter les tâches que lui, la situation présente avait déjà eu lieu.
Inspirant, il fit le vide. Il n’était pas évident pour Erwin de laisser un autre que lui prendre le dessus, mais il se devait de le faire, sinon rien n’interviendrait.

— « Mes Frères. Nous voici d’ores à présent au complet ! J’ai le grand plaisir de vus accueillir chez moi ce jour et j’espère que ma cave vous paraitra hospitalière car même si elle ne vaudra jamais le bar de notre ville, quelques bons crus s’y trouvent...une fois la réunion terminée » Il eut quelques rires légers, discrets. Connor poursuivit « Mes frères saluons l’arrivée d’un nouveau frère dans notre petite communauté ! Puisses-tu, mon frère t’acclimater et trouver ici une famille où celle que tu possèdes déjà s’accroitra encore, telle une récolte florissante.
Les jours de Salem sont beaux mais c’est de son futur dont il nous faut nous entretenir aujourd’hui. Notre communauté est belle mais restreinte, et si nos coeurs se félicitent d’une nouvelle venue pour grossir nos rangs, ils se serrent du départ de l’un de nos frères.
 » Preminger s’était senti pivoter vers l’un des membres qu’il devina être Sean et inclina la tête « Aussi nous tâcherons de suivre notre but et l’un de tes vœux les plus chers : accroitre notre communauté pour le bien de notre ville et de nos frères et soeurs habitants entre ses murs. Je sais que tu œuvres en ce sens avant de devoir prendre la route. As-tu repéré des âmes capables d’embrasser notre cause ? Y-a-t-il dans nos politiciens quelqu’un susceptible de nous rejoindre pour la bonne prospérité et le développement de Salem ? Car nous devons le reconnaître, mes frères, notre influence est, actuellement à sa limite… Si nous voulons porter, nous le savons, nous devons croître pour permettre le développement de notre population. Et le développement ne peut se faire sans prendre la compréhension de ce qui fait la force de Salem. Vous n’êtes pas sans ignorer qu’aux alentours, les villes font la chasse aux indigènes. Ils se voient chassés quand ils ne sont pas frappés ou même tués… Notre population doit rester ouverte ou tolérante ou ce sera notre mort… Nous devons veiller à ce que l’extension ne se fasse pas à leurs dépends, mais à leur profit également ».

Preminger devait le reconnaître… le discours se défendait. Rempli de bienséance et de bons sentiments, mais le reste demeurait assuré, carré et structuré. Oui.. Il approuvait assez cette manière d’aborder l’ensemble.
Un individu se leva soudain, pour s’approcher de lui, posant sa main sur son épaule amicalement, en attendant qu’il aille s’asseoir. Preminger avait suivi le mouvement, en attendant que l’individu en question, Jacques, prenne la parole. Oh, cette fois, cette identification n’avait pas été due à Connor mais bien à l’accent français perceptible dans sa prononciation lorsque ce dernier se lança dans son discours.

— « Merci pour tes paroles éclairées. Comme vous le savez, je partirai demain à l’aube pour de nouvelles contrées. Nombreuses sont les colonies ici bas qui ont encore besoin de notre aide et comme vous le savez, les français sont très mal vu par chez nous, je ferais donc mieux de ne pas m’attarder.

Avec le contexte politique de l’époque, Preminger ne pouvait pas lui donner tort. Cependant, il s’étonna de la promptitude du départ… Etaient-ils tous itinérants ? Ou cela collait-il davantage à la peau de Jacques de par son origine ? D’une certaine manière, hormis William qui venait d’arriver, les autres semblaient vivre à Salem depuis de nombreuses années, pour s’être constitué un commerce et embrasser des métiers à responsabilité… Jacques poursuivait en parallèlement

— « Vous savez comment nous contacter si nécessaire. En attendant, vous serez livrés à vous-même. Restez soudés entre vous et cultivez la lumière. N’oubliez pas que c’est au détour d’une Ombre que se trouve le Mal. »

Preminger avait souri sous le masque. Cette fameuse phrase, déjà...

– «  J’ajouterai une chose aux paroles de notre hôte, les indigènes sont également esclavagés. Le nombre de fers apposé augmentent e jours en jours et il me semble que certaines maisons cultivent déjà cette infamie. Nous avons échoué en Europe a faire entendre raison à nos dirigeants, nous avons donc une nouvelle chance ici… dans le Nouveau Monde. Ne la gâchons pas. Un peuple d’humains qui rend esclaves ses semblables est un peuple perdu. Vous nêtes pas non plus sans savoir que des tensions toujours plus grandes montent entre Sallem Village et Salem Town. J’entends de plus en plus de nos concitoyens jalouser les richesses et les réussites dont Town se targue. Votre rôle sera également d’apaiser les tensions.
Comme l’a précisé votre hôte, il conviendra à chacun d’entre vous de tenter d’approcher avec lenteur et douceur quelqu’un de la caste dirigeante. Ne lui parlez cependant pas de nous sans notre autorisation. Une fois le candidat adéquat trouvé, contactez-nous et nous nous chargerons de la suite. Je reviendrais vous voir d’ici un an, en attendant, prenez vos marques, gardez vos postes et protégez la justice et la liberté
.
 »

Le dialogue avait néanmoins laissé Preminger perplexe. Dans les mots, les phrases, Jacques était leur leader. Et eux ne semblaient être que les brebis… Des brebis fondatrices, certes, mais des brebis tout de même. Les expériences menées dans le Nouveau Monde, la graine implantée à Salem de leur ordre. Leur devise était restée inchangée depuis des siècles à en juger par cela…. Et leur vision du Monde semblait inchangée aussi. Et ils cherchaient à s'étendre...
La main de Connor s’était plantée sur sa poitrine, avec même que Preminger ne puisse l’en empêcher, en symétrie avec ses compagnons et tous avaient déclamés :

— « Car c’est au détour d’une Ombre que s’immisce le Mal ».


Le décor s’était soudainement brouillé… La lumière blanche l’avait à nouveau ébloui jusqu’à lui vriller la rétine, avant qu’elle ne se dissipe une nouvelle fois au profit d’une obscurité franche. Lorsqu’il avait tourné la tête, Preminger nota qu’il se trouvait maintenant allongé et accompagné. La femme qui dormait paisiblement à ses côtés devait être la femme de Connor. Bien qu’il n’ait pas eu le temps de discerner son visage, ses cheveux bruns rappelaient ceux de celle qu’il avait entraperçue dans la trappe de « sa » maison.
Connor ne semblait pas s’être éveillé naturellement, son corps s’agitait un peu, nerveux, presque couvert de sueur, comme tiré de son sommeil. C’était le vent, devina Erwin soudainement saisi. Il tonnait avec une puissance croissante. Et soudainement, des certitudes étaient subitement venues assaillir Preminger avec une nouveauté dérangeante : elles n’étaient pas siennes. Il ne pouvait le savoir, quand bien même se trouvait-il perspicace. Elles étaient l’œuvre de Connor. Il vivait ses émotions, ses certitudes, ses interrogations. C’était l’hiver. Cette certitude l’avait assailli sans qu’il n’ait eu matière à le savoir. C’était l’hiver, un Temps de la sorte n’avait rien de curieux. Et pourtant… Pourtant quelque chose clochait. Et cela ne résultait que de l’intime conviction de Connor qu’Erwin sentait raisonner en « Lui ». Un pressentiment. Il s’était redressé un peu, écoutant le vent souffler… Lui semblant que le phénomène s’accentuait de minutes en minutes, comme si…la tempête se trouvait aspirée par ou vers un endroit. C’était…. Étrange. « Une Tornade ? » Songea Preminger soudainement, avant d’être subitement déconcentré par un jet de lumière qui le poussa à clore ses yeux. Une lumière, verte et aveuglante s’était engouffrée dans la pièce. Mécaniquement, spontanément, Connor avait tourné la tête vers sa femme, mais la poitrine de cette dernière se soulevait tranquillement, paisible… Cela n’avait duré qu’une fraction de seconde visiblement insuffisante pour la réveiller, malgré l’intensité de la lueur et la curiosité du phénomène...
Mais Connor lui… Connor lui, s’était mis debout, vaillamment, malgré l’incertitude du sommeil qui tiraillait ses muscles. Dormait-il ? Rêvait-il ? C’était sûrement ce qui l’avait poussé à se lever pour se tenir auprès de la fenêtre, cherchant aux alentours une trace de cette lueur. Mais quelque chose avait bien eu lieu… Une fumée verdâtre et sombre s’élevait de la forêt à un lieu bien déterminé… N’en déplaise à ses allures de feu de camp, les volutes qui s’en élevaient possédaient des éclats de lumière brillante dedans qui allaient et venaient… Ce n’était pas normal. Preminger sentit son coeur secoué d’un éclat au coeur…et pressa sa main contre sa poitrine. Une inquiétude qu’il ressentait mais ne partageait pas. Connor avait peur et fixait désormais la fenêtre, apeuré, subitement… Albert… Le feu démarrait non loin de sa maison… Se pouvait-il ? Un danger pouvait-il survenir ?
En l’espace d’un instant, déjà Connor se pressait, enfilant un manteau solide et chaud, non sans jeter un coup d’oeil à son épouse endormie. Preminger devinait ses pensées. Fallait-il la réveiller ? Il n’en n’avait pas le Temps…
Déjà, Connor pivotait des talons, s’empressant de ramasser son arme, se saisissant déjà d’une lanterne encore vive à l’entrée de la maison.
Déjà les pieds de Preminger semblaient filer dans la nuit, remontaient les ruelles, le coeur battant d’une inquiétude qui n’était pas sienne, sentant filer en lui les peurs et les interrogations de Connor. Avait-on attaqué son frère ? L’explosition avait-elle pu mettre le feu à son domicile ? Cela ne ressemblait à rien de semblable.. Ce n’était pas possible, songeait Erwin. Albert ne pouvait être en danger. Sinon… Enora… Non.
Si son hôte n’avait pas pris la peine d’enfiler mieux que les sabots de bois trouvés à la hâte près de l’âtre, son arme pesait dans la poche droite de son pantalon. On ne savait jamais… Il dépassa la maison, prenant la direction du bois qui s’ouvrait à l’arrière de celle-ci. Il n’avait pas vérifié la porte de la maison d’Albert, mais avait l’intime conviction qu’il ne se trouvait pas sous les couvertures, mais dans le bois. Les buissons l’égratignaient alors qu’il poursuivait sa course, indifférent. Et au fur et à mesure qu’il s’enfonçait dans les fourrés, il avait entendu le timbre d’Albert le héler à travers les branches et s’y hâtait, avec fureur et amour.
Alors que Connor s’y fiait, Preminger songea subitement qu’une telle curieuse lumière aurait pu tout à fait être l’oeuvre d’une personne malveillante et magique à en juger parce qu’il avait vu dans sa vie...non de personnage de contes, mais d’habitant de Storybrooke. Qui pouvait assurer, finalement qu’Albert était bel et bien dans les bois ? Et comment pouvait-il deviner que son frère y serait aussi ? Pouvait-il distinguer tout simplement sa lampe ?
Comme pour lui donner tort, le policier atteignit la silhouette le hélant : son frère Albert – et Enora- était accroupi au sol, son pyjama témoignant du sommeil auquel il avait été arraché.
Mais il n’était pas seul.
Erwin avait senti le regard perplexe du frère de Connor croiser ses yeux, et ceux d’Alexis au-delà de ces derniers, avant que ceux-ci ne se posent sur la jeune femme qui se trouvait aussi là. Entièrement nue, elle tremblait de froid, tête baissée. Que diantre faisait cette femme dans les bois ? Preminger ressentait l’incompréhension totale de son hôte, ses scénarios imprécis qui se galvaudaient dans son esprit.
Notant cependant son arrivée, elle avait relevé la tête vers lui, dans sa direction, alors qu’Albert précisait déjà

— « Ne t’en fais pas, c’est mon frère, on va t’aider. »

Connor avait opiné, les rejoignant au pas de course, alors que le menton de la jeune femme se levait encore. Davantage, même, pour mieux le dévisager avec curiosité. Il avait fait de même, notant sa jeune vingtaine, ses cheveux d’un roux éclatant et ses yeux aussi verts et vifs qu’une émeraude polie. Des tâches de rousseur parsemaient sa peau pâle et blême de froid… A la contempler ainsi, Erwin eut l’impression de la connaître… Ou alors, peut-être était-ce Connor qui la connaissait… Mais il ne parvenait pas à savoir qui ni d’où…

– « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » interrogea-t-il à l’adresse de son frère, avant d’enlever prestement son manteau pour le passer sur les épaules de la jeune femme
« Mettez cela, Mademoiselle, vous allez attraper froid ! Quelqu'un vous a-t-il fait du mal ? »

L’ancien ministre devait des mots assénés à la jeune femme par le policier que ce dernier était déjà à l’affut d’une explication. Il cherchait ce qui s’était-il passé. Connor n’avait jamais vu la jeune femme ou tout du moins, même s’il avait l’impression de la connaître, il pouvait affirmer qu’il ne l’avait jamais vue à Salem… Etait-elle une marchande ambulante ayant fait les frais de quelques bandes d’odieux voyous ? Il n’avait vu aucun stigmate sur sa peau mais certaines déchirures étaient plus intimes… Même si..le visage de la jeune femme paraissait davantage inquiet qu’horrifié. Preminger doutait de ses analyses mais ne pouvait pas nier qu’elles suivaient un schéma logique, compte-tenu de l’époque.
La mystérieuse jeune femme avait fini par secouer la tête de gauche à droite, de façon saccadée, d’abord lentement puis rapidement.
Ce fut Albert qui pris alors le relais :

Comment vous appelez-vous ? D’où venez-vous ? » se tournant à son frère, il avait précisé « Il y avait un sacré boucan dans la forêt. Je n’arrivais plus à dormir, je sentait qu’il y avait des bruits étranges qui n’annonçaient rien de bon. Puis j’ai vu un éclat de lumière verte et… je l’ai trouvé à l’endroit où des vapeurs étranges s’échappaient… je ne sais même pas si elle parle. Il faut la mettre à l’abri… »

Connor hocha la tête en direction de son frère.

– « Oui, j’ai vu aussi ces lueurs dans la forêt… » approuva-t-il en fronçant les sourcils, revisionnant ce qu’il avait aperçu ''Je ne sais pas si d’autres personnes ont pu l’apercevoir… nous le saurons assez tôt » S’approchant encore de la pauvre fille, tout en veillant à garder une distance raisonnable, il lui avait tendu la main avec douceur, en s’accroupissant délicatement«  Nous ne voulons aucun mal… voulez vous venir avec nous ? » Doucement, son doigt avait fait la navette, d’elle vers Albert, puis lui, jusqu’à la maison au-delà de la forêt.

Le ton était emprunté. Prudent. Preminger sentait que Connor s’adressait à elle, d’un ton presque doux et patient que l’on usait auprès d’enfants ou de victimes. Et il devait le reconnaître, son hôte savait ce qu’il faisait. N’était-il pas chargé de la sécurité de la ville ? Il devait être habitué à user de cette patience aimable…
Après un regard long à sa main, la jeune rousse avait finalement accepté de la prendre, regardant autour d’elle en resserrant son manteau. « Peut-être que s’ils se pressaient un peu » songeait sûrement Connor, elle pourrait bénéficier de vêtements chauds par la femme d’Albert, à en juger par le coup d’oeil qu’il donnait vers la demeure, et le piétinement léger sur les feuillages. Il faisait froid, après tout. Ne se trouvaient-ils pas au coeur de l’hiver ?

— « Où sommes-nous ».

Elle parlait donc. Et n’était pas d’ici. Preminger songea à la lueur… Une magicienne ou l’usage de la magie l’avait sûrement ramenée ici. Mais nous étions dans le Monde humaine. Sur la planète Terre, cela était-il seulement possible ? Pourtant les lueurs ? Et cette poussière verte brillante ? Comment l’expliquer ?

– « A Salem. » répliqua Albert d’un ton bienveillant. S’il fut surpris d’entendre le son de sa voix, il n’en laissa rien paraître « Levez-vous, je vais vous ramener chez moi, vous serez au chaud au moins ».

La jeune femme s’était levée lentement, doucement. Peut-être prenait-elle Temps de vérifier que sa force ne flancherait pas…
Et avec des gestes tout aussi lents, elle enleva le manteau pour le rendre à Connor. Déjà Preminger sentait les yeux de son hôte se fermer, par pudeur. Mais ils restèrent ouverts, témoins de son ahurissement. Car là où aurait du se trouver peau et nudité, se trouvait à présent une robe étrange… Presque indécente à sa propre façon. Rien que sa présence l’était ! Mais tout de même ! Le tissu était long et moulait le corps de la jeune femme bien davantage qu’aucune étoffe ne le permettait. Le tissu semblait se mouvoir, prenant tour à tour des reflets brillants rouge, verts, jaunes et bleus selon la manière dont la jeune femme se mouvait… Elle possédait là une robe qui bien que semblant faite d’un tissu non répertorié comme riche ou coûteux, semblait valoir une fortune. Et bien plus que cela… Elle n’avait pu le dissimuler. Elle l’avait fait apparaître… C’était une sorcière. Preminger en était déjà persuadé. La lumière verte et son apparition subite ressemblait à une téléportation… Mais il ne pouvait en vouloir aux frères Evans de ne pas avoir fait de lien, après tout, ils n’avaient jamais eu aucun lien avec la magie.
Maintenant quant à savoir ce qu’elle voulait… Et qui elle se trouvait être...hormis une source de problème indésirable, que les frères n’étaient pas conscients d’avoir déclenché. Dans une société pareille, une telle présence susciterait à n’en pas douter, au minimum la curiosité.
Albert la considéra avec de jeter un coup d’oeil vers son frère. Sûrement pour vérifier qu’il ne rêvait pas..

— « Pandora… C’est mon nom. »

Preminger avait senti la stupeur de Connor dans l’intégralité de son corps, et les mouvements de tête que ses yeux faisaient de son manteau à nouveau dans les mains puis sur la robe de la jeune femme en témoignait. Soudainement inquiet de pouvoir se montrer intrusif et gênant, le regard de Connor leva les yeux vers elle, presque contrit. Pourtant, la voix qui s’éleva bientôt était dénuée de peur, mais assurée… Ce que Preminger ne pouvait que souligner. Peu étaient les individus avec un tel sang-froid…

— « Bonjour Pandora! Je m’appelle Connor et voici mon frère Albert… » il les avait désigné l’un après l’autre, inspirant une gorgée d’air avant d’ajouter « cela vous paraîtra peut-être indiscret mais d’où venez-vous ? »

Pour cela Connor plaisait à Erwin. Il semblait rempli de bonnes valeurs et de bonté dégoulinante, mais il était assez lucide et pragmatique dans sa manière d’envisager les choses. Et ses questions témoignaient d’une volonté d’analyser méthodiquement la situation.
Pour toute réponse, la dénommée Pandora avait offert à Connor un regard plein de tristesse. C'est n’était pourtant pas lui qui la rendait triste, mais la situation. Il avait décelé une tristesse teintée de pessimisme. Un sentiment irrémédiable flottait.

— " Je viens d'un monde... très lointain du vôtre... Il se prénomme Oz et... j'en ai été bannie. ».

Bannie. Une sorcière. Preminger connaissait les contes et légendes d’Oz. Peu de personnes avaient pu s’y trouver bannies. Les méchantes sorcières de l’Est et de l’Ouest en l’occurrence, quand bien même celle-ci paraissait inoffensive. L’apparence mentait, il pouvait en témoigner. Après tout, ils étaient à Salem… Et visiblement, les procès avaient finalement débutés sur un fond de vérité. Plus de vérité qu’il n’aurait jamais pu le deviner… Et sa venue correspondait aux dates. Jusqu’à quel fond était-elle liée aux événements qui s’étaient déroulés dans cette ville ?
Pourquoi n’avait-elle plus droit de cité à Oz ? Qu’avait-elle fait ? A l’inverse des frères ne connaissant pas le conte qui avait vu Dorothy Gales emportée par une tornade jusqu’à la cité aux pavés d’or, lui connaissait et sa méfiance ne s’en retrouvait qu’accrue.

— « Oh et bien…. J’en suis désolé. Peut-être que Salem pourra être un endroit accueillant pour vous jusqu’à ce que les choses s’arrangent à…OZ? »

Connor avait pris le parti de l’amabilité, souriant à la jeune inconnue, il lui avait souri davantage mais avait cherché le regard de son frère. « Il n’est pas aussi serein qu’il tente de le faire croire ». outre son intention, Preminger le ressentait dans l’entièreté de son corps. Il avançait en terrain inconnu, choqué d’une manifestation magique sous son nez. L’ordre n’était peut-être pas habitué encore, à cette époque. Et, bien qu’il se focalisait à garder une politesse agréable, il restait néanmoins sur ses gardes. La magie n’avait jamais eu bonne presse, encore moins à cet époque. Qu’il puisse être rempli de bonnes valeurs, n’empêchait pas la méfiance et Connor en était, visiblement, rempli. Tout comme d’une franchise sévère, en témoigna la déclaration qu’il fit à la jeune sorcière :

— « Je vais devoir en savoir plus sur vous Pandora mais rien ne presse, cela peut attendre demain que vous trouviez du repos… »

Rempli de compréhension mais sans endormir pleinement les soupçons et les interrogations qu’une telle manifestation pouvait provoquer. Il pensait au bien-être de tous, il pensait à la sécurité. A la biais, Preminger vit Albert hocher la tête, approuvant les propos de son frère avant d’expliquer :

— « Connor est en quelque sorte un… gardien de notre lieu. Poser des questions nous aidera à mieux vous connaître et aussi mieux vous aider. En attendant, je vais vous loger chez nous, vous devez être épuisée... Vous... vous dormez n'est-ce pas ? »
La question pouvait paraître bête. Elle ne l’était pas. Et Pandora loin de s’en offusquer hocha a la tête.
Il n’y avait visiblement plus rien à ajouter et une sorcière à mettre au chaud… Les trois personnes s’étaient levées, et avaient repris le chemin inverse sans le moindre mot. Chacun devait soupeser les événements et les conséquences de ce qui venaient de se passer. Connor ne semblait pas être en paix. Il ne le formula pas, mais Preminger sentait comme une résistance parcourir son corps au fur et à mesure qu’ils avançaient vers la maison d’Albert… Comme s’il n’avait pas envie d’aller vers là. Craignait-il d’amener chez son frère une menace potentielle ou du moins le symbole d’un danger vers l’équilibre de la ville ? Songeait-il qu’il aurait mieux valu que Pandora se trouva à son propre domicile ? Ou ailleurs encore ? Ou un simple et mauvais pressentiment passait-il seulement ?
La voix d’Ashwini retentit à ce moment précis dans son esprit :
– « C’est sans doute le soir où tout à commencé. Le procès et le reste... Connor a sans aucun doute voulu vérifier si son frère et lui avaient été à l'abri des regards. »
Effectivement, comme conduit par la voix d’Ashwini, Preminger s’était laissé allé et Connor avait pris la parole
— « Rentre avec cette jeune femme et attends-moi. Je préfère faire le tour des environs. Vérifier… »

Il n’avait pas fini sa phrase mais cette dernière parlait en soit d’elle-même. Et il l’avait fait, avait arpenté les lieux à la recherche d’un rôdeur, d’une émanation magique suspecte également. Avait passé devant des lieux clos, où les rideaux ne semblaient pas avoir agité. Ce ne fut qu’en passant devant la très plaisante maison des Parris, qu’il eut le sentiment d’être observé… Le révérend très pieux n’était pourtant pas homme à épier ses semblables… Non… Un sourire amusé était né sur ses lèvres lorsqu’il avait localisé son impression. Tapies dans la pénombres mais néanmoins révélées par la lumière nocturnes et le jeu de leur lampe à huile, trois petites filles le fixaient de la fenêtre. Depuis quand étaient-elles éveillées ? Avaient-elle été témoins de quoique ce soit ? Tranquillement, Connor avait levé la main, les saluant gaiement. A la vue de ce signe, elles avaient disparu derrière le rideau de leur maison et la faible lueur probablement réalisée par une lampe à huile s’éteignit brusquement. Frayeur d’enfants… Néanmoins, parfois les coeurs les plus influençables n’étaient pas à négliger. S’il en croyait sa mémoire, Preminger se souvenait que ces fillettes avaient joué un rôle dans les procès de Salem. Il espéra Connor assez malin pour s’en préoccuper ne serait-ce qu’un peu… Mais après tout… Ce qui devait arriver, était déjà survenu.
Connor avait repris sa ronde et n’avait rien repéré d’autre. Il avait regagné le domicile de son frère et lorsqu’il était arrivé, le feu était allumé dans la cheminée. Pandora y était assise à proximité, une couverture sur les épaules, et l’épouse d’Albert levée préparait du thé pour leur invitée. Ils tournèrent tous la tête, lorsqu’il entra dans la pièce, sauf Pandora.
Pourtant, Preminger le sentit, Connor cette fois, voulait des réponses. Il avait saisi une chaise non loin de l’âtre pour mieux la positionner en face de la jeune femme. Si elle ne daignait pas le regarder, ils parleraient tout de même, pour le bien de Salem.

— « Bonsoir Pandora. »

Il était peut-être idiot de la saluer à nouveau, mais Preminger savait pourquoi il le faisait : il souhaitait marquer le moment, le solenniser afin que le sérieux de leur discussion soit acté.

— « Je suis désolé mais je vais avoir besoin de réponse... Vous avez mentionné que vous veniez d'Oz... et je n'ai pas besoin d'emprunter une carte des environs à quiconque pour affirmer que cet endroit n'est pas géographiquement connu des environs... Où cela se trouve-t-il exactement, par rapport à ici.."

Il la fixait sérieusement, sans la moindre méchanceté, la mâchoire contractée. Il voulait des réponses, Preminger le ressentait dans son corps. Pour lui, mais aussi pour la ville.
Pandora n’avait pas relevé la tête vers lui, elle avait fixé la table d’appoint devant laquelle elle était assise, et qui les séparait puis dit d’une voix rauque :

« Très loin… Je vous l’ai dit, je suis bannie… quand on bannie quelqu’un on fait en sorte de choisir un monde différent de sorte à rendre tout retour impossible … » Une amertume légitime passa sur ses lèvres et sa voix, alors qu’elle précisait «  Je ne compte pas vous causer du tort … je veux juste… je ne sais … recommencer une vie, trouver un foyer… je ne rentrerai jamais chez moi »

Il semblait qu’elle réalisait le cadre définitif dans lequel elle se trouvait. Ce qui devait, néanmoins, songea Preminger, rassurant pour les frères : si cette sorcière était venue, elle ne pouvait visiblement pas en ramener d’autres. Mais ne pouvait pas non plus repartir. Elle ne pourrait qu’errer sur Terre. A la recherche d’un endroit où aller. Salem était-il cet endroit ? Pouvait-il l’être ? S’il se fiait à l’Histoire, il ne l’avait pas été, pleinement…
Albert avait tendu un mouchoir à la jeune femme, pudiquement.
Appuyant ses paumes sur ses cuisses, Connor s’était penché en avant :

- "Je compatis... Vraiment.  » avait-il déclaré dignement avant d’ajouter « Salem pourra peut-être vous convenir...Cependant, il faut que vous sachiez que... Hum... Ici... Je sais que vous avez l'air...une sorte de... prédisposition pour certaines choses surnaturelles que...... Nous ne.... pratiquons pas"

Pandora tourna la tête gravement vers lui :

— « A Oz non plus tout le monde ne pratique pas la sorcellerie. C’est un don rare et précieux. Mais je ne la pratique que très peu alors … s’il faut rester simple humaine… »
Il allait le falloir. IMPERATIVEMENT. Albert intervint, un peu d’urgence pointait dans sa voix :
— « Il faut comprendre surtout que la magie est chez nous inexistante… seule la religion voue un culte à une sorte de magie qui n’était autorisé qu’à un seul homme… les… sorcières sont en revanche poursuivies et tuées depuis des siècles… bien que vous semblez être la première réelle que nous croisons… »

Pandora leva la tête, aux abois. Il y avait de quoi…songea Erwin, un monde inconnu et pour le moins hostile à tout ce qu’elle représentait… La perte et le déracinement, cela devait être beaucoup à assimiler.

— « Je ne perçois nulle magie aux alentours… vous avez sans aucun doute raison… »
Un silence s’était créé encore avant qu’elle ne précise « Je ferai attention… »
"Il le faudra réellement. » la tança Connor, en pinçant les lèvres, « Les gens de la ville n'ont jamais vu de sorcière, mais ils y croient. Et l'image qu'ils en ont est remplie de superstitions et de peur." Il s’était penché vers elle, les yeux dans les siens, catégorique « Pandora, votre nature doit restée cachée. Sinon, nous ne pouvons pas répondre des dangers que cela impliquera pour vous... Nous ne savons pas qui a pu être témoin de cette lumière et la manière dont cela pourra être interprété par ces éventuels témoins... Nous trouverons une justification avec mon frère, mais pour endormir tout risque, vous ne devez pas vous trahir…"
Il s’était arrêté. Mais Preminger avait senti en lui, l’envie d’en dire plus. Le risque. Le doute. La même méfiance encore…
— « Je ne vous forcerai pas à indiquer la raison de votre bannissement, cela vous regarde. Même si vous pouviez nous la confier en toute quiétude : je réponds de mon frère comme de mon âme. » sa main s’était posée sur son coeur, puissamment « Salem pourra vous offrir cette nouvelle vie et ce nouveau foyer, que vous recherchez, si tenté que vos intentions soient honorables et honnêtes. Si vous pouvez nous assurer de cela, nous vous aiderons au mieux, Pandora, soyez sans crainte"

A nouveau, elle avait tourné la tête gravement vers lui, ses yeux verts brillants si puissamment sur lui que Connor avait l’impression que son âme était mise à nue… Resta silencieuse un moment puis di :

– « Si les gens de votre monde ont si peur des personnes comme moi… pourquoi n’en avez-vous pas peur ? Pourquoi me recueillir ainsi, être prêts à mentir pour moi? Comment pouvez-vous êtes sûrs que je ne vous mentirai pas à propos des raisons de mon bannissement ? Comment pouvez-vous êtes sûrs que les autres se trompent à mon sujet et que ce que vous faites pour vous de noble n’est pas une erreur ? »

Albert avait voulu aller à sa rescousse. Le côté juriste en lui sûrement, mais Pandora avait levé la main pour l’intimer au silence, sans cesser de regarder Connor dans les yeux. C’était SA réponse qu’elle souhaitait entendre. Puisqu’il lui venait à la fois de lui confirmer que Salem pourrait lui offrir un foyer sans néanmoins lui en cacher les risques, et sans cependant présumer de sa bonté, présuma Preminger.
Même Preminger se trouvait intrigué de ce qu’il dirait alors.. Il avait attendu, laissant Connor hausser les épaules, avant d’ouvrir ses mains, sans cependant quitter la sorcière des yeux :

- « Je n’en sais rien. Voilà la vérité, je ne le sais pas. J’ai simplement foi en l’être humain. Depuis petit, j’ai toujours considéré que les autres étaient plus que ce qu’en font les préjugés, mon frère et moi avons été élevés ainsi. Puisque, je ne connais nulle sorcière, sur quelle base donc me baserai-je pour vous décrier ? Et même s’il m’était permis d’en décrier une, devriez-vous payer le blâme d’une seule ? » Cela ne lui paraissait pas logique ni même juste. Et Preminger le sentait Connor était de ceux tendant à rechercher la justice et l’honnêteté. Même lorsqu’elle pouvait être dure. Ce fut aussi la raison pour laquelle il avoua sans crainte ni regret : « Je ne sais pas qui vous êtes, Pandora. Mais je décide de vous faire confiance. » il avait insisté sur le mot témoignant de sa volonté « Après tout, vous aussi vous êtes fiée à nous sans nous connaître et nous avez accordé votre confiance sans savoir si nous la méritions alors que vous étiez vulnérable.. Quoique vous ayez fait, le chagrin de votre déracinement est légitime. Il n’y a pas moment plus fatidique pour commencer une nouvelle vie, alors pourquoi pas ne pas le faire maintenant à Salem? On vous offre une seconde chance, que vous la méritiez ou non autre fois importe peu: saisissez la. »

Elle avait continué à la regarder avec intensité. Le jaugeait-elle ? Etait-elle reconnaissante ? Preminger soupçonna que cela pu être un peu des deux… Dans tous les cas, elle avait fini par répondre :

- « Dans mon monde, je suis ce qu’on appelle la Sorcière des Vents. Mon rôle était d’être au centre de tout afin de tout maintenir ensemble. Une Rose des vents présente le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest. » Connor avait hoché la tête, montrant qu’il comprenait « Il existe une Sorcière pour chaque point cardinal… j’étais en quelque sorte l’aiguille. Mais les Méchantes sorcières de l’Ouest et du Nord se sont unis et m’ont bannie pour accroître leur pouvoir… j’ai peur qu’Oz ne soit désormais plus qu’un monde en perdition. Et je n’ai aucun moyen de retourner d’où je viens. »

Il n’y en avait pas, songea Preminger. On aurait pu le taxer de défaitisme, mais il connaissait ce qui restait d’Oz aujourd'hui : quatre sorcières et aucunement une Sorcière des Vents. Pandora ne rentrerait pas… Ou alors, elle le ferait et elle prendrait un autre rôle… D’ailleurs, aussi loin qu’il puisse se souvenir, il n’avait pas eu vent que la sorcière du Nord ait été mauvaise… Mais cela pouvait évoquer une autre époque et une autre sorcière. Le passé de ce monde lui était inconnu.

— « Nous allons trouver une solution. » c’était Albert qui venait de parler et Pandora avait tourné lentement la tête vers lui « Mais en attendant il vous faut un toit. Je connais un ami qui s’occupe de l’attribution des terrains. Il y a une maison encore inoccupée un peu plus loin dans le village. Demain nous irons ensemble jusque là bas pour vous enregistrer et vous l’attribuer. Nous vous donnerons une identité. En attendant … »
Il s’était tourné vers son épouse qui revenait vers la table avec un sourire «Nous vous avons préparé un lit… vous pourrez vous reposer ici ce soir si vous le désirez… »




A nouveau, le décor avait changé brusquement… Preminger commençait à s’habituer à ces éclats lumineux dans la rétine… Ou non. De toute manière, il n’avait pas le choix.
La voix d’Ashwini retentit dans son esprit, avec douceur :
— « Bien, le souvenir va vous emmener Enora et vous au lendemain de cette scène. Il est absolument primordial que vous vous détendiez et que vous vous laissiez faire. Le contenu de cette conversation pourrait être important. Nous n'avons qu'un écrit à ce sujet mais rien qui ne relate ce qui s'est dit en cet instant. »

Il opina de la tête. Il ignorait si elle pouvait le percevoir… Se détendre et se laisser faire. Soit. Il devait admettre être particulièrement intrigué par ce qu’il se passait. Voulait savoir.
Un décor commença à apparaître et se préciser devant lui. Albert était assis. Enora. Devant lui, et...sur ce qui ressemblait à une souche d’arbre. D’ailleurs lui aussi. Derrière eux, un feu de camp maîtrisé par des pierres se gonflait sous le vent… Il tourna la tête, admirant la vue… Ce devait être une colline oui, c’était charmant… Dans le contrebas, il pouvait deviner des maisons diverses et charmantes… Un peu plus loin, un amas d’autres maisons se pressaient l’une contre l’autre, en hauteur. Salem Village et Salem Town, devina Preminger… Il se souvenait du discours de Jacques séparant les deux parties de la ville, les mettant en concurrence… Mais l’esprit de Connor achevait de compléter ses impressions, désignant les deux parties de la ville à l’intention de Preminger.
L’air était froid – c’était l’hiver après tout- mais la flambée du feu les rechauffait par salves chaudes et enivrantes. Le regard de Connor s’arrêta sur une petite maison dans la vallée, un peu en retrait de l’artère principale de la ville et non loin de la forêt, dont la cheminée fumait doucement. Elle n’était pas la seule dont la cheminée fonctionnait mais elle demeurait particulièrement pour Connor et Preminger devina pourquoi. C’était la maison que l’on avait attribuée à Pandora.
De nouveau, la voix d’Ashwini s’était répandue dans ses oreilles :

– «  C'est Albert qui a permit à Pandora d'avoir un toit au-dessus de sa tête. Je vous rappelle qu'il est juriste, il a des connaissances dans le milieu et notamment avec le notaire du village. Nous sommes dans une colonie, à cette époque, les difficultés immobilières que nous connaissons aujourd'hui ne sont pas d'actualité. Lorsque les colons décident de s'installent quelque part, ils créent une communauté et décide du notre d'habitation qui sera. Tant que les habitations ne sont pas remplies, tout le monde est bienvenu si tant est qu'ils passent un rapide test de compatibilité. Cela se jouent à peu de choses : Pandora est jeune, c'est une femme et elle est jolie. Elle a sans aucun doute gagné des points comme "femme à mariée féconde", les colonies ont besoin de se peupler. Il y a aussi un test très imposant sur la foi chrétienne qui doit habiter chaque habitant. Salem est une ville extrêmement pieuse. Les deux frères l'ont sans doute aidé avec ce volet. »

La foi n’allait pas être évident. La chrétienté s’inculquait depuis la petite enfance dans l’éducation des enfants. En ignorer tout demeurait très délicat… Se forçant à faire le vide, Preminger s’abandonna à l’impulsion de Connor

– « Alors petit frère, comment s’est passé l’installation ? »

Connor paraissait à Preminger très serein. Une paix totale semblait régner dans son esprit, la certitude d’être en conviction avec ses valeurs. Il s’était sûrement inquiété quant au devenir de Pandora dans la cité mais pour le reste demeurait apaisé du choix de lui faire confiance.
Sans détourner son regard du feu, les mains jointes dans une expression de presque prière, Albert avait marmonné :

— « Tout s’est bien passé, oui. Je me suis arrangé pour que Pandora prenne la maison près de la forêt pour être au plus loin des oreilles indiscrètes. Sarah est en train de lui tricoter des rideaux, pour qu'elle soit plus à l'abri des regards... elle a allumé son feu avec sa magie. »
Il avait marmonné la dernière phrase, marquant par là sa désapprobation. Erwin savait ce que cela signifiait… Il ne détestait pas la jeune femme, ni ce qu’elle était mais ses mots marquaient une remontrance, l’ombre du risque qui pesait au dessus de leur tête, comme un reproche. « On lui a dit d’agir normalement, et elle allume un feu avec la magie » Voilà ce que clamait ses mots et sa mine renfrognée. Il transpirait la peur… Il n’avait pas tort…
Tournant la tête vers Connor, il dit :

— « Connor, je suis inquiet. Cette femme n'est pas comme nous et ce n'est pas une journée dans notre monde qui la rendra "normale" au yeux des autres et plus particulièrement du révérend... imagine qu'elle se fasse prendre ? Comment allons-nous expliquer cela ? Le monde est si effrayé par la nouveauté... si... cruel... »

Preminger ne pouvait pas l’en blâmer. Elle créerait bien le désordre à Salem et bien plus qu’il ne pouvait l’imaginer. Le monde serait cruel et sot, comme il était dans la nature de l’Homme… Et opportuniste sûrement un peu, au regard des tensions que Connor avait pointé du doigt lors de son discours d’introduction. Le brasier qui mettrait le feu aux poudres avait été allumé. Chacun l’ignorait encore seulement.
Connor aussi comprenait son frère, une sorte de compréhension compatissante et tendue serrait le corps d’Erwin. Il priait… Priait pour ne pas mettre son frère en danger. Priait pour avoir pris la bonne décision. Il abaissa le front, avec humilité, lorsqu’il prit la parole à nouveau :

— « Je sais Albert. Mais c’est notre devoir de lui porter assister et l’aider. A s’y faire ici ou ailleurs. » Il avait marqué un silence, frotté ses mains l’une contre l’autre, rocailleuses et fermes, pour se réchauffer contre le froid « Même si je suis d’accord avec toi, elle doit se défaire de ses habitudes magiques… avec autrui tout comme pour elle seule… cela pourrait être néfaste pour beaucoup. Mais nous ne pouvons pas non plus attendre d’elle que ce changement s’effectue en une nuit. Il faut la maintenir à l’écart de la communauté le temps qu’elle se familiarise avec nos mœurs… pour ne prendre aucun risque. Car tu as raison notre monde n’est pas prêt pour une nouveauté de ce type… »

Un presque sourire s’était accroché à ses lèvres, navré pour la jeune femme, navré pour le Monde et son regard dériva pour s’accrocher à nouveau sur la Ville en contrebas, sur une autre maison que Preminger reconnu pour être celle du révérend. Des images de la veille revenaient dans la mémoire de Connor. La lumière. Les trois petites filles. Son salut. Leur bond en arrière.

– « Lors de ma ronde de contrôle hier après les événements, je n’ai croisé personne… hormis trois petites filles à la fenêtre du révérend. Je ne sais pas ce qu’elles ont pu voir, sûrement uniquement les lueurs du brasier vert, ni quel crédit le révérend pourrait accorder à leurs dires, mais je pense qu’il faudra nous assurer que toute rumeur prenne une allure de bonne plaisanterie et ne sois plus qu’un lointain souvenir… »

Une chose qu’Erwin appréciait chez lui : il restait assez lucide et raisonné sur les risques. Il se demanda comment Alexis vivait l’expérience. Si les choix de son hôte étaient en accord avec ses valeurs. Si ses effrois étaient les siens ou si à l’inverse, elle voyait les choses dans une autre perspective… Il aurait voulu lui parler… Peut-être le pourraient-ils ? Mais pas maintenant. Il devait lâcher prise… S’il ne le faisait pas, l’information serait perdue… La conversation était d’importance… Il se musela, se laissant reléguer au fin fond de l’esprit de son hôte, attentif.
Albert avait hoché la tête au début du discours de son frère d’un air entendu, mais avait tourné brusquement la tête vers lui, lorsqu’il avait évoqué les petites filles. Oui. Cela avait de quoi contrarier, bien évidement…

– « Je peux m'en charger... j'irai parler aux filles, elles m'aiment bien... »

Alors que Connor opinait, la voix d'Ashwini devint de nouveau présente :

— « Les frères Evans sont très connu dans le vilalge comme je vous l'ai dit mais pas pour les mêmes raisons. Connor est considéré comme un homme imposant et de pouvoir par son rôle de gardien. Il est aussi moins loquace qu'Albert, plus droit, vous pouvez sans doute même le sentir dans votre interprétation. des écris que nous retrouvons, Albert était considéré en revanche comme le plus doux, le plus amical également. On appelait Connor quand il y avait des problèmes et on riait avec Albert. Il semblerait qu'Albert et Sarah ne sont pas parvenus à avoir d'autres enfants après Abraham. Cela n'a jamais été vraiment prouvé mais dans un monde où la contraception n'existe pas, beaucoup s'interroge sur cette situation de l'enfant unique. Il semblerait que cela ai été un regret dans la vie d'Albert qui s'est donc plus approché des enfants du village, comme un ami adulte, pour combler aussi ce manque. Il est donc le plus à même de parler aux petites, effectivement. »

Pourquoi n’avait-il pas pu avoir d’autres enfants ? Sarah était-elle malade ? Le couple de son frère battait-il de l’aile ? Ce n’était pas l’impression qu’avait pu en avoir Erwin la veille, mais il se basait sur peu de choses… Et peut-être n’était-ce pas important, après tout, un enfant suffisait pour permettre la descendance.. Et puis, au moins, cette sensibilité servirait.
Après un instant de silence supplémentaire, Albert avait repris, de l’angoisse dans la voix :

– « Et si elles nous ont vu avec Pandora ? Et si elle nous dénoncent ? »

Connor secoua la tête, vigoureusement :

- « Je ne pense pas que la fenêtre de leur maison donne suffisamment sur le bois pour qu’elles aient pu être témoins de sa magie dans la forêt, mais elles ont pu l’apercevoir vêtue de ses curieux vêtements ou voir le phénomène vert, cela c’est une chose… » Il se passa un doigt sur les lèvres pensivement, évaluant les risques, avant de reprendre « Il suffit que nous trouvions une histoire possible à leur offrir qui calme leur curiosité et leur langue. Si elles nous dénoncent je pense le révérend suffisamment pondéré pour n’y accorder qu’un très faible crédit…Si Pandora ne commet pas d’impair et n’a pas de difficulté à s’accommoder à cette vie, cela se tassera. Sinon, il faudra prendre des mesures pour lui faire quitter la ville rapidement tout en assurant sa sécurité »

Au moins, était-il suffisamment lucide pour ne pas tenter de l’imposer au risque de menacer pleinement sa famille… Si le risque était trop conséquent, il appuierait un départ, Preminger le sentait. Sans pour autant cesser de protéger Pandora. Il devait se sentir presque responsable de sa sécurité, en tant que responsable de celle de la ville et au regard de ses convictions.
Albert avait approuvé, toujours aussi tendu. Il hésita avant d’ajouter

— "Ne... ne devrions nous pas prévenir Jacques ? L'Ordre œuvre pour que chaque personne, même différente trouve sa place dans notre monde... peut-être que... qu'on pourrait avoir de l'aide ?"

L’idée de voir son frère inquiet entaillait Connor. Il souffrait de ses peurs, tressaillait de ses angoisses. Avec douceur, il avait avancé le bras, le déposant dans une poigne rassurante sur l’une des épaules de son frère.

«  Je suis de ton avis. » Il aurait été stupide de refuser de l’aide et visiblement les frères Evans ne l’étaient pas. « J’y ai pensé cette nuit. Cette situation pourrait être amenée à nous dépasser, je cherche seulement le moyen de le contacter sans tarder… Toute aide qu’il pourra apporter directement ou indirectement sera la bienvenue. »

D’un seul mouvement, Albert mis sa main sur celle de son frère dans un geste attendri, le regardant. Preminger put voir toute la fierté du petit frère envers son grand frère transparaître dans les yeux d’Albert

— “Je pense que je n’arriverai pas à tenir tout ça sans toi Connor… merci d’être là à chaque instant. On va trouver un moyen de le contacter, je vais y réfléchir aussi.

Il lui avait souri tendrement, un sourire qui fait sursauter le coeur de son frère. Pourvu qu’il fasse le bon choix. Pourvu qu’il ne fasse rien qu’il ne puisse regretter. Pourvu qu’Albert soit en sécurité. Les pensées de Connor et son amour familial enveloppèrent Erwin dans une supplique spontanée.

- « D’où est-ce que tu crois que je tire ma force, Brindille ? » avait-il répliqué dans une douceur joviale où transparaissait amour et fierté « Je ne serais pas là sans toi. Tu es plus fort que tu ne le crois, petit frère ! »
Se penchant en avant, il vint alors lui ébouriffer ses cheveux dans un sourire attendri…

Une scène de bonheur...pour combien de malheurs à venir ?

crackle bones
[/quote]
http://www.ouat-storybrooke-rpg.com/t80427-how-can-i-refuse-erwi


Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


Alexis E. Child

| Avatar : Kaya Scodelario

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Oflm
Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Da6n

Edition Octobre-Novembre 2020

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 21op

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Badge_10


| Conte : Aucun
"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 378254admin

| Cadavres : 4069



"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 _



________________________________________ 2023-12-24, 14:49 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




I put a Spell on you

Cohabiter avec Albert était étrange à bien des égards. Déjà parce que c’était un homme. Ma façon de me mouvoir, de sentir mon corps, était si différente de ce qu’il était en réalité. Il y avait tant de sensations que je ne connaissais pas, que je n’imaginais pas avant de me retrouver dans cette situation. Entendre ma voix également, bien plus grave et masculine qu’elle ne l’était avait le don de me perturber. De moins en moins cependant, à mesure que le temps passait, je m’habituais à cet ensemble hétéroclite que nous formions. Nous avions pourtant des points communs et c’était sans doute ce qui me perturbait le plus. En me laissant aller à sa mémoire, des impressions et des idées me venaient en tête, des émotions me submergeaient, qui auraient pu être les miennes mais qui ne l’étaient pas. A moins que certaines le soit réellement ? Je tentais de faire taire mes questionnements incessants et les remarques qui fusaient dans ma tête, m’efforçant de rester suffisamment souple d’esprit pour me permettre de me laisser aller à voguer dans l’univers d’Albert.

Après la discussion avec Connor, derrière lequel, je l’oubliais parfois, se cachait Erwin, le décor avait changé une nouvelle fois. C’était toujours une sensation que je trouvais désagréable, comme si la réalité se désagrégeait, le monde explosait en mille morceaux, avant de disparaître totalement dans un néant éclatant qui le laissait vide de sens. Puis tout se reformait si vite et si différemment que j’en avais à chaque fois le souffle coupé, l’impression de chanceler. C’était comme assister à la destruction et à la naissance du monde en vitesse accélérée et sans la poésie que cela pouvait inspirer. Une fois de plus, j’avais pris le temps de sentir le sol bien ancré sous mes pieds avant d’observer mes alentours. Il faisait jour, j’étais posée au milieu d’une rue de pierre pavées qui avait l’air d’être l’artère principale du village. Un peu plus loin, une bâtisse se dressait devant moi, proche des autres, en bois, mais grande et idéalement placée, en face de la place.

— Enora, la maison que tu vois là est celle des Lewis. Ils sont une des familles influentes du Village si j’ose dire. Rappelons quand même que Salem Village est drôlement plus pauvre que Salem Town mais y’a quand même quelques familles qui se défendent. Les Lewis en font partie, le père Lewis est à ce moment-là le chef de la brigade policière, on va dire ça comme ça. Petit “fun fact”, les deux villes de Salem sont assez oppressées par les Amérindiens à cette période. C’est notamment pour ça que l’Ordre avait été dépêchés ici, pour garder le calme, tenter d’avoir une cohabitation pacifique parce que les tensions sont à leur paroxysme. Si violentes d’ailleurs que Denvert a dû motiver les troupes, tu l’as vu au début de la simulation. Bref du coup face aux tensions, il est vu comme un sauveur, tu comprends ? Et il fait son job plutôt bien, faut dire. On ne recense pas beaucoup d’agression ou d’attaque autochtone sur la période. C’est le boss de Connor aussi. Et les gamines que tu vois sur le perron en train de jouer, là, c’est Abigail Williams, Ann Putnam, Mercy Lewis, la gamine de Richard Lewis, Betty Parris, la fille du révérend et bien sûr ta nièce, enfin celle d’Albert, Mary Evans. Il faut que t’ailles leur parler, laisse-toi porter, n’oublie pas qu’Albert était très proche des enfants, il avait une bonhommie naturelle, il a dû s’en servir pour gagner leur confiance. Laisse-toi porter.

C’était toujours la même rengaine, me laisser porter. Après une dernière inspiration, je m’étais approchée des petites filles, elles ne devaient pour la plupart ne pas avoir plus de 8 ou 9 ans. A mesure que je les observais, je réalisais que je savais parfaitement qui était qui. Je voyais Abigail Williams jouer à la marelle qu’elles avaient sans doute tracé ensemble, Ann Putnam semblait l'observer avec admiration tandis que Betty Parris, juché sur la première marche du perron, avait posé ses mains sur ses hanches, sévèrement, pour observer les éventuelles triches de sa copine de jeu. Assises un peu plus haut, Mercy Lewis et Mary, qui ressemblait fortement à son père, était assises côte à côte et observait distraitement le jeu en mangeant avec gourmandise une petite brioche que le boulanger leur avait offert à la sortie de l’éducation religieuse, comme presque toujours. Les 3 autres avaient sans doute du déjà finir les leurs.

— Bonjour mesdemoiselles.

— Oncle Bertie !

Lorsque Mary l’avait aperçu, elle s’était levée d’un bond pour se jeter dans les bras de son tonton qu’elle semblait apprécier tout particulièrement, avec sa brioche à moitié mangée. Alexis l’embrassa sur le front en la reposant par terre tandis que toutes les petites paires d’yeux l’observaient. Elles l’avaient tout poliment salué et attendu de savoir pourquoi il était là. Alexis senti qu’il était nécessaire de détendre l’atmosphère à travers les pensées d’Albert :

— Alors, on s’amuse. Qui gagne ?

— Moi, vous voulez essayer monsieur Evans ?

— Oh non, ce n’est plus de mon âge et les jeunes femmes comme vous ont bien plus de grâce que les hommes comme nous.

Elles avaient ri, flattées du compliment, en lissant leur robe, tout particulièrement Abigail, la gagnante du tournoi.

— Mary, ma chérie, ce n’est pas l’heure de rentrer ? Ta maman va s’inquiéter.

— Mais si tu es avec moi, je ne peux pas rester plus longtemps, oncle Bertie ?

— Non Trésor, je ne veux pas de dispute avec tes parents !

— De toute façon, on doit rentrer ensemble, tu te rappelles ? Si tu rentres pas, je rentre toute seule et ma maman et mon papa ils refusent...

Après une dernière hésitation et voyant que son oncle ne changerait pas d’avis, Mary se résigna. Enfournant le dernier bout de sa brioche dans sa bouche, elle donna la main à Ann Putnam et toutes deux disparurent dans le village. Bientôt, la mère Lewis demanda à sa petite de rentrer à son tour et il ne resta plus que Abigail et Betty que je proposais de raccompagner par l’intermédiaire d’Albert. La voix de mon guide se fit entendre une nouvelle fois :

— Abigail et Betty habitent toutes les deux chez le révérend Parris. Les parents de la petite Williams sont morts même si on a très peu d’infos à ce sujet. En tout cas, les Williams et les Parris étaient liés par le sang, les deux gamines étaient cousines, ce qui explique la bonté du révérend. Elles semblent être les deux fortes têtes du groupe, c’est particulier qu’Albert ai choisi de s’attaquer directement à elles plutôt qu’Ann qui est plus craintive... il s’est peut-être fait prendre de cours quand Ann a demandé à être raccompagné par Mary. Quoi qu’il arrive, laisse-toi porter, n’essaye pas d’influer.

J'avais hoché la tête d’un air entendu, même si personne n’était réellement là pour le voir et que le geste devait sembler plutôt bizarre vu de l’extérieur dans la mesure où personne n’avait vraiment parlé. Pendant un instant, nous restâmes tous silencieux tandis que nous avancions mais au bout d’un certain temps, je me sens l’irresistible envie de rompre le silence... ou plutôt Albert le sentit.

— Alors les filles, vous êtes contentes de votre journée ?

— Oui.

— Mmmh...

— Tu as l’air moins enthousiaste Betty...

— Non, je suis juste fatiguée...

— C’est parce que tu ne dors pas la nuit ?

Comme prise sur le fait, la petite s’était stoppée dans son mouvement, levant de grands yeux ronds vers l’adulte qui la tenait par la main. Un sourire en coin se dessina sur les lèvres d’Albert tandis qu’Abigail s’arrêtait à son tour pour observer sa cousine, furieuse de la voir se vendre aussi facilement.

— Ne vous en faîtes pas, je ne dirai rien au Révérend. Mon frère vous a vu lors d’une de ses patrouilles. Qu’est-ce que des jeunes filles aussi distinguées que vous pouvez faire debout à une heure aussi tardive ?

— Il n’y avait pas que nous, Ann était là également.

Décidément, quitte à plonger, Abigail ne résistait pas à l’idée d’entraîner tout le monde dans sa chute. Calmement, Albert hocha la tête d’un air entendu :

— Oui, je sais, Connor vous a vu toutes les trois.

Il avait appuyé son index sur le nez des deux filles en ponctuant sa phrase, un sourire sympathique sur le visage pour dédramatiser le moment. Betty se sentit suffisamment en confiance pour poursuivre :

— Nous faisions une soirée entre demoiselles, Père nous l’avait accordé du moment que Tituba nous garde.

— Et elle ne vous a pas demandé de vous coucher ?

— Si mais nous faisions quelque chose avec elle, nous...

— Nous jouions à la marchande !

C’était un mensonge, à n’en pas douter, je le sentais, Albert le sentait et le comportement des fillettes ne trompait pas. Abigail avait répondu beaucoup trop précipitamment sur les mots de Betty pour que cela soit naturel et cette dernière était restée bouche bée et bloquée, comme si elle ne comprenait pas le sens des paroles de sa cousine. Les fillettes cachaient quelque chose, mais quoi ? Ce n’était pas ce qui intéressait le plus Albert pour le moment, je pouvais le capter, il voulait juste s’assurer que les trois enfants n’avaient rien vu de compromettant, bien qu’il se promît également intérieurement de comprendre la vérité que tout cela cachait.

— Je vois... tant que Tituba vous accompagnait, je suppose que je n’ai rien à y redire. Cependant, Connor m’a précisé que vous étiez en train d’observer la fenêtre, qu’est-ce que vous regardiez toutes les deux ?

Les deux petites filles restèrent silencieuses un moment, s’observant du coin de l’œil mais à force d’insistance, Albert et donc par conséquent, moi aussi, nous avions fini par leur faire cracher le morceau par le biais de celle qui semblait être clairement la cheffe du groupe :

— On a vu une grande lumière verte... mais il ne faut pas le dire.

Avec patience et en tentant de cacher ma surprise, tout comme Albert l’avait fait à son époque, j’avais fini par percer tout le mystère de leurs cachoteries... ou presque. Je ne savais toujours pas pourquoi elles ne voulaient pas parler mais le Templier et moi avions été soulagés de votre que les deux gamines n’avaient pas plus l’intention de parler de cet éclair vert que nous. C’était, en somme, un secret bien gardé, pour des raisons différentes. J’avais tout de même réussi à m’assurer qu’elles n’avaient rien vu d’autre que la lumière, ce qu’elles me confirmaient. Le secret de Pandora et des deux frères était sauf... bien que celui des enfants me perturbât à présent. Je n’avais pourtant pas insisté et après la fin de notre conversation, j’avais sonné à la maison du Révérend où une femme d’origine amérindienne vint nous ouvrir. Russel me précisa qu’il s’agissait de Tituba, la bonne de la famille, esclavagée et chargée de garder les petites. Je la saluais tandis qu’elle baissait les yeux d’un air craintif et le décor changea de nouveau.

La première chose qui me parvint fut le bruit du crépitement de la cheminée. Bientôt, ma maison – ou plutôt celle d’Albert - m’apparut en entier, calme et plongée dans l’obscurité. Il devait être tard, Abraham et Sarah devaient être au lit. Il ne restait que Connor, en face de moi, que le petit frère avait dû inviter pour débriefer. Ce fut Albert qui parla en premier :

— Je pense sincèrement qu’elles ne nous ont pas vues. Ni moi, ni Pandora. Toi, uniquement quand tu les as vu pendant ta ronde.

Les mains croisées sous son menton, “mon frère” m’écoutait attentivement :

— Si tu n’as rien remarqué de différent dans leurs attitudes, alors d’accord… qu’elles m’aient vu n’est pas dangereux. C’est mon travail, après tout, de faire des rondes de nuit.

Il y avait tout de même dans sa voix une demande de confirmation, sans me faire l’affront pour autant de me montrait clairement qu’il pouvait émettre des doutes. Secouant la tête de gauche à droite je précisais :

— Ce n’est pas ce que j’ai dit. J’ai dit qu’elles ne nous ont pas vues Pandora et moi. Je n’ai pas dit que rien n'était différent dans leur attitude, ni même qu’elles n’avaient rien vues... C’est tout le contraire en fait. Elles agissent bizarrement... et elles ont vu l’éclat de lumière.

— Bizarrement ? qu’est-ce que tu entends par là ?

Connor me sondait avec une telle intensité que j’avais presque l’impression qu’il pouvait me voir derrière les traits de son frère. C’était si perturbant que j’en perdis un instant le lien avec Albert avant de me reprendre. L'aîné semblait réfléchir avec intensité.

— Elles ont un secret. Elles n’ont pas voulu me dire quoi mais j’ai senti qu’elles me mentaient. Ann Putnam dormait chez elles, cette nuit-là, c’est elle que tu as vu avec les deux autres. Elles étaient gardées par la bonne, Tituba et lorsque je leur ai demandé ce qu’elles faisaient éveillées aussi tard, elles sont restées très évasive. Betty a regardé Abigail qui a directement prit sa place dans l’interrogatoire, m’affirmant qu’elles jouaient à la marchande. Cela semblait évident qu’elles mentaient mais impossible de savoir la vérité. Elles ont fini par me confirmer qu’elles avaient vu l’éclat de lumière verte mais que je devais garder le secret. La bonne nouvelle, c’est qu’elles ne parleront pas, la mauvaise... c’est que j’ignore pourquoi et en quoi ce peut être lié à la lumière verte.

— Cela pourrait n’être aussi que de simples jeux d’enfants… À cet âge, de nombreuses choses peuvent paraître plus importantes ou mystérieux que cela n’est réellement. Mais c’est curieux qu’elles te demandent de garder la lumière verte secrete…. je pourrais toujours interroger la bonne…

Il se passa la main sur le visage avant de reprendre :

— Si je le fais, il faudra le faire prudemment. Je ne veux pas non plus donner l’alerte… Si j’agis comme si quelque chose de curieux ou de particulier s’était passé cette fameuse nuit, quelqu’un pourrait aussi relier le tout à Pandora…Il faut être prudents. Qu’en penses-tu ?

Albert avait pris un instant pour réfléchir, un temps d’arrêt pendant lequel j’étais restée silencieuse puis soudainement, j’avais senti un besoin de me lever. Je secouais la tête de gauche à droite, démunie face à l’incertitude avant de lui répondre :

— A cet âge bien des choses prennent une importance que les adultes ne voient plus, tu as raison. Mais qu’elles aient raison ou tort, elles se sentent reliées à cette lumière, coupable peut-être même et si c’est le cas, elles peuvent aussi devenir dangereuses si elles cédaient sous la pression ou se mettaient à faire des recherches. J’ai pour le moment l’impression que tout ce qu’elles veulent, c’est enterrer cette histoire, faire comme si de rien ne s’était passé, ce qui nous arrange. Si tu commences à investiguer plus fortement, tu risques de leur faire changer d’avis... Sans compter que Tituba appartient au Révérend, tu ne pourras pas l’interroger sans l’autorisation de son maître et si Parris se met à poser des questions, tu lui diras quoi ? On a plus de chances d’éveiller des soupçons en essayant de les étouffer qu’en ne faisant rien, à mon avis.

Connor fit la moue avant d’ajouter :

— Oui c’est délicat. Je préférerai éviter qu’elles craquent et alertent le père de Betty mais tu as raison, une intervention trop flagrante risquerait de provoquer ce que nous cherchons à éviter…

Il suivait des yeux l’attitude d’Albert se baladant dans la pièce.

— Il faut espérer qu’elles parviennent autant que nous à enterrer l’origine de cette histoire… Et que la vie à Salem continuera son cours comme si rien d’anormal n’avait eu lieu cette nuit-là… Et qui sait, ces fillettes te font confiance, si jamais ce secret les démange peut-être se tourneront elles vers toi pour en parler ?
http://www.ouat-storybrooke-rpg.com/t19802-n-oublie-pas-qui-tu-e http://www.ouat-storybrooke-rpg.com/t20958-once-upon-a-time-alexis-stories


Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

Erwin Dorian

| Avatar : Rufus Sewell

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Vba9
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Sn0a
"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Da6n
"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 W2ja

| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre
| Dans le monde des contes, je suis : : Preminger

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Hmch

| Cadavres : 1316



"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 _



________________________________________ 2024-01-18, 12:22 « If the crown should fit, then how can I refuse? »

I put a spell on you
“Le jour de la fête des morts donne à chacun le sens de la vie.”


Rien de cela n’augurait quelque chose de bon. Comment aurait-il pu en être autrement lorsque l’on retrouvait acteur d’évènements tragiques à Salem ? Mais Preminger devait reconnaître qu’il trouvait l’expérience passionnante. C’était comme assister à un reportage historique mêlé à la faculté d’incarner réellement le Passé. Tout était réel. Rien ne se changeait. Et si certaines habitudes avaient été frustrantes à dominer, la curiosité le poussait à présent à se laisser porter. Il voulait comprendre, il voulait savoir. Il se demandait si Alexis ressentait la même euphorie compressée de frustration… Qu’est-ce que cela pouvait bien faire de voir l’histoire du point de vue d’Albert ? Elle avait du assister à l’entretien des petites filles…
Ces petites pestes et leurs secrets ! Que pensaient elles pouvoir cacher qui puissent valoir un quelconque intérêt ? Même si pour le bien de Connor, il pouvait affirmer qu’il était rassurant de savoir qu’elles n’avaient visiblement pas aperçu Pandora…
Mais alors que pouvait donc bien être leur secret ? Peut-être leur domestique avait elle interrogé les esprits, n’y en avait-il pas une qui se trouva être orpheline ? Oui. Possible. Il songea aux épreuves qui les attendraient. Se souvenait que la tragédie avait débuté avec elles. Pour le reste, rien n’était connue et la présence de Pandora était une donnée cachée aux livres d’Histoire, alors…
Comment cette dernière avait elle influencé sur les événements? Il soupçonnait que son rôle avait été déterminant pour l'Ordre et pour les événements. Mais il allait de soit que cette dernière avait peut-être un lien entre le mystère qui entourait la Chose qu'ils recherchaient. Elle l'avait peut-être emportée dans son monde, ou pas. Avec les frères. L'Avenir ou plutôt ici, le Passé, finirait par leur dire...
Il aurait voulu communiquer avec Alexis, pouvoir analyser selon son prisme les événements, ses opinions. Il aurait voulu partager cela et il demeurait un peu frustrant le fait de ne pouvoir communiquer directement avec elle. Il se demandait son opinion sur les faits. Passionnée d'histoires, peut-être connaîssait-elle davantage que lui les éléments de l'époque et puis elle avait cette intelligence sensible, dont Preminger manquait et qu'il ne pouvait que feindre.
Lui en voulait elle pour Isaac? Finalement, ils n'avaient pas eu le temps d'en parler et cette histoire ne manquerait peut-être pas d'éveiller en elle une urgence à le sauver.

…. Mars…. 1692

Erwin s’était éveillé, par l’intermédiaire de Connor, au centre du village. Bien évidement, il y avait vraisemblablement eu un saut dans le temps. Bien qu’il percevait une tension nerveuse dans le corps du jeune et robuste enquêteur, le notaire savait que ce dernier n’était – enfin apparemment pas – propice aux crises de somnambulisme. Ce ne fut que lorsqu’il s’écarta un peu de son guide physique que le maire remarqua que la neige avait déserté le paysage. Néanmoins, le vent qui s’élevait, glacial, rappelait que l’heure du printemps n’était pas encore arrivée.
Alors qu’il contemplait les environs, la voix d’Ashwini résonna une nouvelle fois, comme d’un haut-parleur invisible :
- « J’espère que vous tenez toujours le coup ? Car il nous reste pas mal de pain sur la planche ».
Oh le contraire l’eut étonné. Ils n’avaient rien vu encore de Salem et aussi peu informé qu’il pouvait l’être sur le futur des protagonistes qui les accueillaient au plus intimes d’eux, il ne fallait pas être un génie pour comprendre que les tristement célèbres événements des procès de Salem joueraient sûrement un rôle d’importance dans la vie de ces derniers.
- « Vous êtes désormais en mars 1692.
» Au moins sa théorie sur l’époque de l’année sonnait juste « Je vais vous donner une vision d’ensemble des derniers mois afin que vous puissiez vous repérer et évoluer facilement. L’hiver a été plus que rude pour le village de Salem. Les récolte n’avaient pas été très bonnes, il a fallu vraiment entamer les réserve et le fonds des granges. Cela était autant du à l’hiver qui est arrivé plus vite que prévu, que aux les aborigènes aux alentours des villes et villages comme Salem qui assiègent les colons et détruisent leurs récoltes, leur empêchant de prendre dans la nourriture alentour qu’ils gardent pour eux. La paix et la coopération faussement célébrée par Thanksgiving est déjà un lointain souvenir. Les indiens ont compris que les hommes venus de la mer sont désormais ici pour longtemps et pour y régner. Ils sont tués, esclavagés, et ils essayent de se défendre comme ils peuvent de l’envahisseur.»
La fameuse révolte des colonisés. Vouée à l’échec mais tout de même secouée de quelques soubresauts. A bien des égards, son ancienne carrière d’ambassadeur lui permettait de comprendre davantage les enjeux commerciaux, politiques et de civilisation que l’Amérique d’alors vivait….
— « Toujours est-il qu’une providence divine va les aider, semblerait-il. »
Oh voilà qui était intéressant… Au delà de l’intérêt dissimulé mais existant d’Ashwini pour le dramatique. Si le ton de la jeune femme demeurait professionnel, il devinait malgré toute une certaine curiosité derrière les enjeux. Et après tout, elle s’adressait à un ancien courtisan. Il n’y avait rien d’autres que raffolaient de plus les courtisans que les racontars et palabres. A bien des égards, Preminger semblait deviser la mêlée de haut, mais son esprit et sa malice avaient depuis le presque berceau retenir l’utilisé de prêter oreilles à tout boniment. S’il avait su se répandre, c’est qu’un public l’écoutait et pour un manipulateur, cette sorte d’informations était essentielle.
– « En plus des sièges et des baisses des récoltes, cet hiver est devenu tragique pour d’autres raison. Il faut savoir que les tensions sont plus que palpables dans le village. Beaucoup de tensions avec les indiens où ils risquent une guerre frontale, des tensions avec Salem Town qui a bien mieux mangé et se sont bien mieux chauffés qu’eux pendant cet hiver sans leur apporter une quelconque aide et donc dans le village lui-même...et quand les gens ont faim et froid, ils cherchent un coupable...et s’ils ne peuvent s’attaquer aux vrais coupables, ils les cherchent parmi leurs voisins. »
Oui Ashwini aimait décidément bien le grandiloquent. Et ses propos étaient remplis de vérité… Oui, là résidait l’âme humaine. Lorsque l’on touchait aux denrées les plus essentielles, la justice et de la civilisation avait tôt fait de tourner en véritable pugilat.
— « Connor Evans a donc vu ses heures de gardes être multipliées, il a du faire de nombreux rappels à l’ordre, et sans vouloir vous vexer, ça se voit sur son visage et donc sur le vôtre que tout cela l’a profondément épuisé. Cherchez un miroir si vous voulez, il a les traits tirés et il semble avoir pris quelques années en quelques mois… »
Aurait-il du se sentir profondément inquiet de promener une si triste mine devant la face du monde… Oui…. Probablement, mais ce n’était pas sa beauté qui s’en trouvait altérée, tout juste aurait-il pu se lamenter sur le fait que son hôte ne soit pas soigneux quant à son passage en lui, mais à vrai dire… Il ignorait qu’il se trouvait là… Et Erwin ressentait surtout la fatigue pesante qui s’échappait de la silhouette de Connor… Il avait du effectivement être énormément sollicité et à en croire Ashwini tout cela n’était encore la routine, au regard de la manière dont elle enchaînait :
- « Et pour couronner le tout, la providence dont je vous parlais… Depuis maintenant quelques mois, mi-janvier environ, les gens tombent malades.
Les plus touchés sont les enfants. Ca a commencé par des vomissements, et de la dysenterie, surtout pour les adultes, mais les enfants se sont fortement affaiblis. Ceux qui ne sont pas morts sont atteints d’un mal étrange : ils semblent délirer. Ils bavent beaucoup, leurs yeux roulent dans leurs orbites, ils parlent seuls ou deviennent incompréhensibles. Ils sont incontrôlables également, et beaucoup murmurent que c’est l’œuvre du diable, qu’ils sont possédés.
Connor est là pour calmer le jeu et enquêter… Ce matin-là il a un enfant à visiter et...Abigail Williams a demandé à le voir. Il doit également rendre visite aux Parris. »


L’arrivée de l’affaire à n’en pas douter. Il avait senti l’impulsion des jambes de Connor et avait pris la direction de l’enfant à visiter. Adam. L’image de l’enfant se superposa dans son esprit, comme un souvenir qui n’était pas le sien. De ce qu’il se souvenait de ce dernier, Connor semblait se le remémorer avec mélancolie comme jouant avant les autres, petit, blond, plein de vitalité… S’il s’était trouvé dans son propre corps, Preminger aurait frissonné quand d’autres images s’étaient superposées à ces dernières, remplies de maladie et de délire. Connor semblait...hanté par ces visions. Elles avaient pris un autre corps maintenant que la magie s’était incarnée en la personne de Pandora, elles n’avaient plus l’apparence réconfortante des contes pour enfants ou des avertissements divins mais lointains, elles semblaient peser comme une menace inconnue et intangible. Il avait néanmoins franchi les quelques mètres le séparant de la maison, frappant pour signaler sa présence aux Pumberton.
Il y avait fort à penser que le père ne serait cependant encore rentré de sa journée de travail, Connor ne s’attendait pas à voir le bûcheron l’accueillir mais son épouse Laura qui accueillit bientôt le ministre invisible en lui ouvrant la porte sans mot dire. Ses yeux étaient gonflés et ses joues rougies et asséchées par les larmes. La chaumière était modeste de taille et l’humidité maladive qui régnait dans les lieux sauta vivement au visage de Connor. Son corps se chargea d’un frisson, en dépit de la présence de la cheminée dans la pièce. L’endroit était mal isolé et restreinte. La pauvreté de la famille sautait aux yeux. Une table ornait le centre, un vase s’y trouvait déposé, tentative pitoyable s’égailler l’ensemble de la pièce, qui ne se composait en tout et pour tout que de deux lits. L’un plus grand que l’autre devait être le lit du couple, le second celui du fils, les deux fait que de simple paille. Preminger distingua une forme sur le lit, bien avant les sangles qui l’entouraient. Adam… devina-t-il presque instinctivement. Et sa santé n’était pas réjouissante… A en juger par le soulèvement régulier des couvertures, il semblait dormir… Preminger nota avec dégoût le seau de bois, disposé non loin du lit, sa nature précieuse luttant contre la constitution robuste de Connor. L’air lui semblait subitement pester, quand bien même son hôte ne s’en formalisait pas. Presque eut-il le mouvement de lutter contre son instinct… Le contact de la maladie le terrifiait, le ramenait d’ailleurs trop promptement à des heures plus sombres de sa vie passée..
Mais Laura refermait la porte, la voix tendue par le stress et la douleur :

— « Je te sers une boisson chaude ? Un verre de gin ? Je n'ai pas grand chose d'autre... As-tu des nouvelles pour mon petit ?
Connor avait refusé d’un signe de main poli. Erwin ressentait sa nervosité, une dose de honte presque frustrée coulait dans ses veines… Son devoir le poussait à refuser la gentillesse de Laura. Sa culpabilité face à l’échec, encore plus.
- « Non merci, Laura, ce n’est pas la peine. Je ne suis malheureusement pas porteur d’informations réjouissantes…Pour ainsi dire, l’enquête piétine pour le moment, les pistes ne sont pas concluantes. » Un long soupir avait ponctué sa déclaration, accompagné d’un long regard vers le lit du malade, il y a du malaise dans ce regard. Une sorte de désarroi coupable le parcourait. De l’impuissance, identifia Erwin. « Comment va Adam ? »
A bien des égards, Connor différait des méthodes de l’ancien ministre. Lui n’aurait certainement pas admis son échec. Il aurait trouvé aussi. Et puis, il donnait clairement dans le moins sentimental. Après tout, qu’importait la vie de cet enfant ? Protéger la veuve, l’orphelin, la sorcière et les indiens donnaient forcément source de conflits. A trop tenir des cordes de toutes parts pour tenter de prévenir le Monde du chaos, bien souvent, le Chaos écartelait. Que Connor se méfie donc… Sur bien des plans, la bonté jouait des tours et sur bien des plans, la franchise intègre avait ses défauts… Et Preminger put voir aussi distinctement que Connor – mais avec bien moins d’intérêt- les espoirs s’effondrer des yeux de la mère éplorée, avant que ces derniers ne s’emplissent de nouvelles larmes. Elle finit par hocher la tête d'un air entendu et se détourner pour s'essuyer les mains sur son tablier, essayant pudiquement de s'empêcher de pleurer, de dissimuler son chagrin et Erwin sentait en lui, le malaise de son hôte secouer sa poitrine. Après un instant où elle tâcha maladroitement de se reprendre, Laura se tourna, de nouveau, vers lui en secouant la tête de gauche à droite :
– « De mal en pis... il vomit un peu moins... on pourrait croire que c'est un signe d'amélioration mais c'est surtout qu'il est trop faible pour vomir... Dès que je tente de le nourrir avec une soupe, il perds tout presque instantanément... mais le pire... le pire c'est les hurlements... et quand il s'agite comme un démon... »
Il suffisait de la dévisager pour comprendre à quel point ledit souvenir la tétanisait encore… Une mère ne pouvait qu’être choquée de voir son fils, dans un si effrayant état, songeait Connor… Mais c’était plus qu’un état effrayant. Une peur irrationnelle résonnait dans la ville et les deux esprits qu’habitaient le corps de Connor ne pouvaient s’empêcher de se trouver atteints par cet effroi. La peur du Malin était présente… Même plus que cela d’ailleurs…Même Preminger le sentait. Un frisson d’une époque ancienne le secouait… De son enfance. De sa vie d’antan. Et il ne pouvait que deviner à quel point l’opinion publique devait être terrifiée de sa potentielle intervention dans une si petite ville… Et des dangers que pouvait provoquer la frayeur d’une immiscions des forces obscures dans les ruelles de Salem Village. Les réactions que cela risquait. Dans certaines villages, des personnes suspectées avaient été jetées dans la fosse commune par les certains proches voisins, terrifiés. Une peur si viscérale, justifiée ou non, causée des dégâts. Et Salem était un exemple et il n’allait pas tarder à le découvrir.
Préservé du futur, Connor quant à lui, s’était rué vers Laura, secouant la tête :
— « Laura ! Ne perds pas espoir! Nous allons trouver!! Nous donnerons tout pour comprendre ce qu’il se passe et sauver Adam» Sa main droite avait saisi le bras de la jeune femme d’un geste un peu brusque. Mais aucune violence n’émanait pour autant de lui… Il voulait simplement qu’elle puisse le croire, autant qu’il en était persuadée. Il refusait l’échec, n’avait pas admis son impuissance dans un constat d’impuissance. Connor avait secoué un peu la tête tout en la regardant droit dans les yeux pour la convaincre de sa sincérité « L’enquête n’avance pas. Tu me connais je n’aime pas mentir ou promettre des choses que j’ignore être vraies. Mais je n’ai jamais pensé une seule seconde à me résigner… ni à envisager le pire… à vrai dire, je me dis seulement que nous sommes nécessairement passés à côté d’un détail, ou avons minimisé un indice… C’est pour ça que je suis venu… » Il avait inspiré avant de se lancer « J’ai décidé de reprendre l’enquête depuis le départ, en me focalisant d’abord sur les victimes… Et je vais avoir besoin de toi, Laura… J’ai de nouveau besoin de t’interroger sur ce qui arrive à Adam »
Elle dégluti et hocha la tête, posant sa main sur son épaule un instant. Elle se raccrochait à lui. A l’espoir. A la vie sauve de son fils :
— « Merci Connor, de tout ce que tu fais pour nous. Avec toi dans les parages, je sais que nous pouvons être confiants... et Liam le sait aussi... il ne supporte juste plus de rentrer à la maison... entre les affaires qui ne se font pas et... Adam... »
Lâchant son épaule, elle s’était laissée tomber sur la chaise en bois, à côté de lui. Sa vie devait être douloureuse. Depuis quand Liam ne rentrait-il plus pour échapper à son lourd quotidien… Et depuis quand ces parents à bout de souffle, subissaient le châtiment des hurlements de leur fils ?
Connor avait vu ses hurlements, se superposer à d’autres, d’entre enfants plus chétifs, plus robustes, avec toujours la peur presque égoïste de voir l’un des siens y succomber aussi… Le mal les rongeait. Un mal inconnu. Qu’était ce mal ? Il avait retourné toutes les versions rationnelles possibles. Un choléra ayant dégénéré… La peste. Une maladie inconnue. Les médecins n’y trouvaient rien, les autres se signaient dans la terreur… Le Mal avait-il frappé ?
Elle soupira :
— « Je t'écoute... je ferais tout pour aider mon garçon.
Les interrogations de Connor avaient suivi, spontanées mais préparées.
- « Peux-tu me rappeler les circonstances de la maladie d'Adam? Les premiers signaux alarmants, l'époque... son comportement »
C’étaient de bonnes questions, simples mais efficaces et Preminger se surprit à se pencher aussi, à l’intérieur du policier, avide d’information, alors que la jeune mère prenait un instant de réflexion, afin d’être sûre de ses mots :
— « Adam est rentré un jour de ses jeux avec ses copains, il avait une mauvaise mine. Quand je lui ai demandé ce qu'il avait, il m'a dit qu'il ne se sentait pas bien. Son front était chaud, je me suis dit que le petit était malade et je lui ai proposé de s'allonger pendant que je lui faisais une soupe. Il me disait qu'il n'avait pas faim, qu'il avait des nausées... et il s'est endormi avant même que je lui donne son dîner. Je n'avais pas le coeur a le réveiller et je me suis dit qu'une bonne nuit de sommeil réparait bien des choses. Mais en pleine nuit Adam s'est mis à vomir. Puis il s'est affaibli, est devenu pâle et maigre au fil des jours. Il a commencé à parler tout seul, puis à devenir de plus en plus agressif... jusqu'à être celui qu'il est aujourd'hui »
Les symptômes évoquaient presque un coup de froid. Le reste..un trouble psychique troublant.
–« Te souviens-tu des enfants avec qui il a joué ce jour là ? Et ce qu’il a dit lors de son délire ? »
Connor cherchait à relier les pistes, il cherchait les mots, les messages, la moindre chose. Au delà de ses propres réflexions, Preminger ressentait celle de son hôte, moins sinueuse, moins perçante, mais efficace. Laura haussales épaules impuissantes :
— « Les enfants du village, il devait sans doute il y avait Jack et William dans le lot, ils sont toujours fourrés ensemble... » Elle soupira une nouvelle fois « Je n'arrive jamais vraiment à comprendre, il marmonne... ça n'a aucun sens. Une fois il parlait du lait qui avait une couleur dorée et qui montait en descendant... »
Connor réfléchissait, se demandant si les hallucinations transperçant l’enfant altéraient la couleur du lait qu’elle lui servait… Preminger en revanche songeait au symbolique. Cela lui évoquait l’or bien évidemment. L’or fondu, liquoreux et dangereux… Depuis sa naissance, on qualifiait ses yeux ainsi. Et il n’avait jamais vu cet enfant et n’avait rien à voir avec le lait. En revanche, il y avait un astre qui se reflétait dans l’eau, donnant alors au liquide ses reflets dorés. Mais qu’en déduire ? Les enfants avaient-ils trop traîné près d’un étang ? Ou ces propos étaient-ils seulement la voix du délire ? Connor avait semblé se ranger à cette théorie, commentant d’une voix grave et sévère :
— « William souffre du même mal… Jack, en revanche, se porte pour le moment, très bien, Dieu le préserve… Sais-tu ce qu’ils ont pu faire ce jour là ? Le jeu auquel il aurait pu se livrer ? L’endroit où ils se seraient rendu ? Adam ne t’a rien dit ? Rien qui n’ait piqué sa curiosité ce jour là ou même avant ? »
Il cherchait. Et enfoui au fond de lui, Erwin le décelait, il redoutait aussi un rapport quelconque avec la magie. Mais Laura le regarda, démunie :
— "Non... Vraiment pas, ils ont tout fait comme à l'heure habituelle... Ils sont allés jouer au centre du village, près de l'école puis comme d'habitude Adam devait me prendre du pain. Le boulanger leur a donné de quoi goûter et ils sont venus le prendre à la maison. Après quoi ils sont repartis jouer dans le jardin..."

Ce fut tout ce qu’il put tirer de sa visite auprès des Pumberton.Une circonstance qui, à en écouter l’intime conviction de Connor, ne déviait pas des témoignages jusqu’alors recueillis.
Aussi dubitatif qu’il pouvait être, il frappa néanmoins à la demeure des Parris, espérant qu’il ne sacrifiait pas son agenda pour rien. Que pouvait donc dire Abigail ? Une part de lui n’oubliait pas cette fameuse soirée et la chandelle des trois fillettes reculant pour les ramener à l’obscurité. Le secret tant gardé des trois filles était-il sur le point de se rompre ? Quelles conséquences allait-il emporter ?
Tituba lui avait ouvert la porte et guidé jusqu’à la grande salle où l’attendait déjà le Révérend et Abigail sagement assise. Il les salua poliment, rendant au Révérend son bonjour très amical. Connor ne semblait pas avoir menti, lorsqu’il avait évoqué l’honorabilité qu’il considérait à ce dernier, à son frère Albert, il parut évident à Preminger que les deux hommes se vouaient mutuellement un respect sincère. Alors qu’il s’avançait encore, le révérend Parris prit la parole, indiquant que sa petite Abigail lui avait dit une chose très particulière et qu’il avait trouvé que le mieux était encore de le prévenir, pour qu’elle le lui explique, car, c’était de son humble avis, de première importance….
Connor ouvrait déjà la bouche, alors que Tituba entrait dans la pièce. Déjà, l’esclave avançait sur le pas de la porte du salon, les bras chargés d’un plateau alléchant, embaumant le thé. Ce fut alors que survint l’impensable.
En l’espace de moins d’une seconde, le Révérend s’empara de la porte, la refermant à la volée au nez de la servante, la laissant à l’écart, tous trois de l’autre côté de la porte close.
Connor n’avait pu intervenir, au regard de l’acte vif du vieil homme, mais il n’en contempla pas moins figé, le corps raide et la mâchoire rigide cette porte refermée sur cette pauvre Tituba. Il n’avait pas à discuter la manière dont le Révérend pouvait traiter ses domestiques dans sa propre demeure, d’autant que si son acte avait été prompt et quelque peu impoli, mais il n’en demeurait pas moins...surprenant. Et quelque peu odieux. Une démonstration les plus banales de la manière dont les indigènes se faisaient traiter dans leurs « familles » respectives. Il avait cru que le révérend serait peut-être différent. A bien y réfléchir, son intransigeance ordinaire démentait peut-être cette impression.
Tournant la tête, Connor conserva à l’égard de ses interlocuteurs une allure cordiale et détailla l’attitude de la petite, qui balançait ses jambes calmement avant de demander :
- « Tu as toute mon attention, alors je t’écoute, Abigail. Qu’as-tu trouvé ? »
Elle secoua la tête, vigoureusement, de gauche à droite :
— « Je n’ai rien trouvé...je sais des choses ».
Mais elle n’ajouta rien.
– « Tu peux parler, librement Abigail...De quoi s’agit-il ? »
L’interrogation de Connor fit sourire Erwin, le jeune homme avait beau être vertueux à sa différence, il possédait visiblement le point commun d’une certaine impatience lorsque l’information tardait à se faire obtenir. Visiblement, Connor était effectivement moins patient avec les enfants qu’Albert… Elle haussa les épaules, comme si le sujet évoquait coulait de source :
– « De magie...tous ceux qui tombent malades...les sorcières leur ont jeté un sort ».
Connor avait ouvert de grands yeux surpris. Loin en lui, mais discernable à Erwin, le secret de Pandora résonna en lui. Et une inquiétude augmenta. Pandora. Depuis qu’elle était arrivée, les maladies s’étaient répandues à Salem. Il n’avait jamais cherché à l’accuser, même si ses doutes ne faisaient que l’assaillir, de plus en plus fréquemment. Mais les filles s’étaient trouvées à la fenêtre. Elles avaient un secret. « Qui sait si elles n’avaient pas vu Pandora ! » Cela avait été sa première frayeur et maintenant elle venait de le retrouver. Est-ce que Pandora avait été vue… Et une nouvelle s’ajoutait à cela. Pandora avait elle quelque chose à voir avec ces envoûtements ?
— « Quoi… ? Comment ça des...sorcières ? » il l’avait fixée un instant, figé entre le sourire et l’étonnement « D’où tiens tu cela ? »
Il avait beau être croyant, son éducation avait fait de Connor un individu peu impressionnable en matière de superstitions. Son frère et lui étaient davantage de ceux cherchant à comprendre une énigme avant d’y voir un dessin démoniaque. Il était pragmatique. Mais maintenant… Une vraie sorcière vivait en ville, ce qui l’avait fait revoir sa vision cartésienne des choses. Dieu existait et le Diable aussi, mais la présence de Pandora rendait leur matérialisation permanente dans leur quotidien….possible.
Ses yeux avaient fait la navette d’elle jusqu’à son père d’adoption tâchant de déceler une information sur son expression, la position du Révérend.
Elle avait marmonné un peu plus bas, les yeux baissés
- Il y a des gens qui ne sont pas comme nous...elles savent faire des choses… qu’on ne sait pas faire...j’en ai vu faire...Et après l’avoir vu, les gens ont été visités par les démons »
- « Abigail » Ce n’était toujours que des chemins détournés ; des mots, des informations par bribes, incomplètes. S’accroupissant davantage à sa hauteur, Connor la toisa sévèrement « Qu’as-tu vu exactement ? »
Il DEVAIT savoir. Les yeux de la fillette le tancèrent d’un regard sévère. Elle était visiblement agacée de son attitude, l’interprétant comme un acharnement… Si seulement elle se décida à parler, cela rendrait les choses beaucoup plus aisées… Preminger était de son avis. Et sûrement comprit-elle que divaguer sur des sorcières sans livrer des noms, des choses, des situations ne servirait à rien, puisque sa bouche finit par ânonner :
- « J’ai vu Tituba faire de la magie »
Tituba… Une once de soulagement avait parcouru Connor de la tête aux pieds. Pandora était innoncente, ils n’avaient pas aidé une sorcière et le secret de cette dernière était encore sauf. Pour le moment… La fillette avait surtout évoqué « les » sorcières… Tituba ? Il connaissait la servante indienne depuis ses années au service des Parris et l’assimilait à une présence discrète presque invisible des visiteurs de la maison… Mais elle avait été présente le Fameux Soir. Albert l’avait su. Et cela expliquait aussi la réaction du révérend. Il n’avait pas voulu que la domestique entende l’accusation de taille portée par Abigail. Tituba. Pourquoi elle… ? Et... Pourquoi pas ?
— « Qu’à fait Tituba ? »
Elle l’avait regardé droit dans les yeux un instant, comme si elle réfléchissait, avant d’affirmer :
– « Tituba est une indienne. Elle parle une langue bizarre. Je l’ai entendu chanter en faisant le linge, dans une langue bizarre. Elle regardait les enfants...et depuis, ils sont malades ».
Preminger avait réprimé un gloussement effaré. Les enfants… Comment diantre pouvait-on débiter que la Vérité sortait de leurs bouches ? Quoique celui qui avait inventé cela ne démontrait pas non plus de la supériorité de l’individu adulte…
Mais à sa différence, l’esprit de Connor n’avait pas entièrement rejeté l’hypothèse. Un flot de raisonnement avait parcouru le jeune homme… Pandora et ses pouvoirs… Les enseignements de l’Ordre… la culture indienne, ses croyances et sa pratique de la magie…la confiance du Révérend. Il nageait dans un brouillard, tâchant d’en écarter les vapeurs… Il ne savait que penser. Il n’était pas particulièrement superstitieux, l’Ordre l’avait formé à l’ouverture d’esprit mais il n’en demeurait pas moins pieux et… somme toute, assez susceptible de croire au paranormal. Aucune cause rationnelle n’avait pu mettre de mots sur l’épidémie déchirante qui frappait les gens de Salem, dont les enfants et les crises qui les frappaient étaient particulièrement glaçantes… Il songea au propos de l’Ordre, aux siens appelant à la protection des indigènes… Mais cela ne signifiait pas pour autant que ce peuple était comme eux. La haine des colons étaient vivace dans leur peuple, surtout pour ceux qui subissaient l’oppression. Et Tituba et sa condition pouvait être nourrie par le ressentiment. Ils avaient des pratiques différentes, un sens moral différent aussi.
Et la magie existait. L’Ordre n’y croyait pas. Mais Eux l’avaient vérifié. Et cela était somme toute très différent et remettait des choses différemment en perspective.
— «Je vois... » articula-t-il en fronçant les sourcils « Effectivement, cela pourrait être très significatif… As-tu vu autre chose ? »
— «Elle parle parfois seule, dans sa langue étrange, en regardant les gens. Et elle m’a déjà parlé des esprits, qu’on pouvait communiquer avec eux, qu’il y a les bons et les mauvais… C’est tout ».Lui avait-elle répondu, après un temps de réflexion. En attendant la réponse d’Abigail, il s’était redressé vers le révérend
– « Tout ceci est troublant. » déclara-t-il alors que l’individu opinait en retour « Je vous remercie de l’avoir porté à ma connaissance, mon révérend. Avez-vous aussi été témoin d’agissements curieux de Tituba ? … Dans tous les cas, au regard des circonstances, des mesures risquent de s’imposer, mon révérend. Tituba doit être interrogée. Dois-je l’emmener ou souhaitez vous que ceci soit éclairci en votre domicile ? »
- « Tituba n’a jamais été une des nôtres. Elle vient d’un peuple que Dieu a choisi moins évolué pour être soumis et éduqué… Je l’ai surprise une fois brûler des plantes dans la cuisine. Quand je lui ai demandé ce qu’elle faisait, elle m’a expliqué brûler un ballotin de sauge pour purifier l’air… « Purifier »..c’est le mot qu’elle a employé. Je l’ai sommé tout de suite d’arrêter mais qui sait ce qu’elle a pu faire d’autre. Le Seigneur met une épreuve sur notre chemin, c’est à nous de débusquer le Diable avant que celui-ci ne s’empare de nos esprits. Faites en ce que vous en voulez, Evans, je ne veux plus voir cette diablesse auprès de mes filles. Le poste lui fera le plus grand bien ».
Preminger eut envie de rire. Le Révérend parlait bien, certes, mais il était tout incapable de voir au-delà des apparences, comme beaucoup… Preuve en était, l’individu victime d’une « possession » - bien que technologique- à l’instant était Connor. Et il était incapable de le voir. Et il était amusant d’autant plus que ce soit LUI qui soit amené à le voir… Mais Connor était impressionné. Le révérend possédait une aura, une Autorité et la manière dont il avait balayé Tituba de sa vie, lui évoquait la sentence de Dieu. Les risques étaient grands. Les maux surnaturels. Il ne fallait pas prendre de risque. Le pragmatisme nécessitait parfois une mesure de sûreté.
— « Bien.. Comptez sur moi. Avec la Grâce de Dieu, nous ferons la lumière sur cette situation ».

crackle bones
http://www.ouat-storybrooke-rpg.com/t80427-how-can-i-refuse-erwi


Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

Erwin Dorian

| Avatar : Rufus Sewell

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Vba9
- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Sn0a
"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Da6n
"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 W2ja

| Conte : Coeur de Princesse/Le Prince et le Pauvre
| Dans le monde des contes, je suis : : Preminger

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Hmch

| Cadavres : 1316



"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 _



________________________________________ 2024-01-18, 12:34 « If the crown should fit, then how can I refuse? »

I put a spell on you
“Le jour de la fête des morts donne à chacun le sens de la vie.”


Un changement de décor s’était opéré brusquement…provoquant chez Preminger un clignement des yeux précipité. Une fois la lumière atténuée et la sensation devenant presque familière, il reconnut les lieux…
Il faisait nuit, et il se trouvait au domicile de Connor, un feu crépitant dans la cheminée. La femme de ce dernier ne semblait déjà plus là, cependant, Albert était attablé, épuisé.
La voix familière d’Ashwini avait retenti à nouveau :
- Nous sommes plusieurs jours après votre dernier souvenir. Environ une semaine,. Les choses ont évoluées et se sont dégradées. Le petit Adam est mort et Abigail et Betty se sont mises à leur tour, à délirer juste après les accusations contre Tituba. Celle-ci a été interrogée et rien de concluant n’a été trouvé d’après les archives. Mais face à la détérioration de l’état des petites, beaucoup dont Connor ont pensé à de possibles représailles. Elle est toujours enfermée et les procès sont en train de se préparer. Albert est sur le front, il est choisi pour être avocat de la défense. Les deux frères semblent s’être retrouvés pour parler de tout cela ».
- « Tout dégénère » soupira Albert « Il faut que l’on prévienne Denvert. Coupable ou non, il semble que Tituba ne sera pas acquittée et la situation avec les indigènes va escalader. »
– « Tu as sûrement raison… A moins qu’il ne faille patienter jusqu’au verdict… Qui sait. J’espère qu’il pourra seulement nous apporter de l’aide, si nous nous décidons à le contacter, la situation actuelle nous dépasse, tous. »
Le regard d’Albert fut sans appel. Il n’y avait pas de doute, pas d’hésitation lorsqu'il éleva la voix.
– « Si on attends le verdict, elle sera condamnée. »
Connor l’avait observé, frappé de son ton. Il ne possédait pas l’aplomb d’un individu certain du déroulé d’une procédure, désabusé d’un procès joué à l’avance, une urgence pondait, aussi, dans sa voix. Soulignant une certitude : l’innocence de Tituba. Cette révélation tordit le ventre de Connor, alors que ce dernier percevait avec intimement à quel point, cette certitude ne parvenait pas à faire corps dans son esprit. Il n’était pas certain de l’innocence de Tituba. Il n’arrivait pas à y croire pleinement. Non sans pour autant l’accuser. Mais le doute restait collé à ses opinions, poisseux. C’était cohérent, impossible à vérifier mais possible à admettre et à croire.
— « Tu es un excellent avocat, Albert. Si elle est condamnée...ce sera, peut-être pour une raison ».
Il l’avait émis du bout des lèvres, presque murmuré, les yeux dans le vide du feu de la cheminée. Presque honteusement. Et pourtant, une fois prononcés, son hésitation lui paraissait faire davantage sens. Il avait senti son frère tourner la tête vers lui, la sidération dans le regard.
— « Tu… Tu penses qu’elle pourrait être coupable.. ?! »
Il avait presque l’impression d’être lui, jugé et pourtant, même s’il ne tournait pas la tête, il savait qu’au-delà de l’incompréhension, le visage d’Albert ne comportait aucun jugement. C’était son frère, il avait toujours pu lui dire. Et pourtant Preminger décelait l’appréhension naissant de sa future réponse.
– « Je n’ai pas dit qu’elle l’était... » Il avait laissé un silence, inspirant, hésita...puis ajouta « Mais rien ne prouve que cela ne puisse pas être possible. Les évènements qui se produisent à Salem Village, n’ont rien de normaux. J’ai beau tourner la chose dans tous les sens, cela me dépasse, je n’y trouve rien de rationnel...alors… »
Albert le regardait encore, il l’analysait sûrement… Que pouvait-il penser ? A quoi point, il déviait des valeurs ? Il finit par dire lentement:
— « C’est une machination contre elle...c’est évident... »
Il en était convaincu… Mais Preminger pouvait le sentir, il ne condamnait pas pour autant son frère, il comprenait… Comprenait le stress, les doutes, les hésitations de Connor :
— « Quand les gens cherchent un coupable, ils cherchent parmi les ennemis...et les indigènes sont nos ennemis aux yeux des gens de cette communauté. Tituba est un dommage collatéral. Ce n’est pas parce que nous n’y trouvons pas de rationalité que le chant doit devenir une arme potentiellement létale. Il y aura une raison à sa culpabilité. Elle n’est coupable que de sa naissance. On doit chercher ailleurs. »
Preminger le sentait, Connor n’était pas en désaccord avec les propos de son frère, au contraire, il les reconnaissait comme vrai. La haine entre indigènes et colons avait particulièrement cru, ces derniers temps. Dans les deux camps, et chacun pensait agir pour la justice du sien. Et les armes qu’ils choisissaient dépendaient de leurs compétences réciproques. Et si l’une avait disposé de la magie et du moyen de faire payer ceux qui maltraitaient ses congénères de la plus terrible des manières ? Après un silence, Connor hocha la tête:
— « Je sais… Je sais tout cela. Je sais que les accusations de Tituba sont essentiellement liées à son sang indien. Aux histoires que l’on raconte sur eux, leur magie, leurs rites. Mais, Albert, si Dieu a pu renaître, si une femme a bien surgi d’un brasier vert… alors le chant pourrait être une arme létale. » Inspira, il avait pris sa tête dans les mains, le doute l’assaillait de toute part. Il secoua la tête de gauche vers la droite. Le doute était légitime. C’étaient ceux qui ne doutaient pas dont il fallait se méfier. Il avait beau se sentir impuissant, il ne voulait pas se résigner et, l’ancien ministre le ressentait, l’enthousiaste de son frère le contaminait à l’espoir «Mais s’il faut chercher ailleurs, vers où faut-il chercher alors ? »
Relevant la tête, contemplant son frère, le regard de Connor bien qu’implorant était mêlé de sévérité. Il avait cherché. N’avait fait même que cela. Cherché dans les maladies, dans les poisons, dans toutes les explications rationnelles. Il avait même cherché au-delà de tous ses préjugés… Pouvait-on lui en vouloir si ses doutes le ramenaient à Tituba ? Des yeux il implorait pourtant Albert. Etait-ce trahir la cause que de la soupçonner ? Etait-ce mal ? Etait-ce rejeter la faute sur l’Etrange, l’Inconnu ? Mais tous les événements nageaient en plein étrange, en plein Inconnu.
Il eut un long silence pendant lequel Albert ne lui répondit pas. Il réfléchissait à sa question, comme à sa propre proposition. Puis, brusquement, il se redressa, soudainement chargé d’une idée ou d’une solution. Il se leva même, s’approchant de Connor, en le pointant du doigt :
- Te souviens-tu de ce que Pandora nous a dit le premier soir ? Elle n’a ressenti aucune magie dans les alentours !! AUCUNE magie, Connor !! Mais oui, c’est ça !! Tituba est innocente ».
C’était vrai. Connor avait relevé la tête, le coeur rempli de doutes. Quelque chose en lui s’était crispé, involontairement Preminger se souvenait de cette conversation…. Et Connor aussi. Elle l’avait glacée d’une manière nouvelle cependant. Si Pandora disait vrai, si aucune magie n’existait dans leur monde, si une magie contaminait les individus…ce ne pouvait être qu’elle. Après tout...aussi aimable s’était-elle présentée, elle avait été bannie. Les mythes des sorcières remontaient à loin. Ils étaient forcément fondés sur des éléments rationnels, à présent que la magie se prouvait existante. Si cela était...pourquoi chaque sorcière avait-elle été systématiquement décrite comme mauvaise ? C’étaient des créatures démoniaques maléfiques. Et Pandora était la seule incarnation vivante d’une sorcière. Oh, elle paraissait douce, affable… Mais elle avait été bannie. Mais elle était sorcière. Mais elle n’avait que très peu agit et avait su, en dépit de sa peur première, très bien s’acclimater à ce monde. Au bien de quels moyens ? De quels sortilèges ? De quels enchantements ? De quels sacrifices…
Les maux de la ville étaient surnaturels. Et Pandora était la seule présence surnaturelle de l’endroit. De plus… Tout avait commencé à son arrivée..
- Oui. Oui, tu as raison. » avait-il articulé très lentement « Elle n’avait pas senti de magie, ici. Nous devrions aller l’interroger. Peut-être qu’elle serait capable de voir si quelque chose a changé depuis...trouver la cause de ce mal. »
L’interroger. Se rassurer aussi. Ou débusquer une faille…. Que cherchait-il réellement ? Connor ne l’admettait pas, mais Preminger pouvait le faire pour lui : il voulait savoir si elle était coupable. Trouver la réponse à ses doutes. En finir avec eux. La débusquer et la chasser au besoin.
Albert ne partageait pas ses inquiétudes, il avait enchaîné avec un enthousiasme naïf :
- « Excellente idée. Allons-y »
– « Je te suis, brindille ! » émit faiblement son frère.
Mais lorsqu’il se leva, sa démarche était assurée, au-delà de son instabilité.

Ils étaient arrivés chez elle, la sorcière, sans crier gare. Elle les avait accueilli tranquillement, leur ouvrant la porte, un air grave sur le visage. Connor devait l’admettre elle possédait cet aspect beau et mystérieux à la fois qui a présent lui glaçait le sang, presque à contrecœur. Ne disait-on pas que le Malin savait prendre les plus beaux atours ? Mais il ne fallait rien laisser paraître… Quand bien même Preminger sentait battre son coeur à une vitesse impressionnante. Et ses impressions tanguer dans les extrêmes.
— « Excusez cette arrivée imprévue, Pandora. J’espère que nous ne vous dérangeons pas. » son ton se trouvait empressé « Nous avons besoin de votre aide.
Reculant au milieu de la pièce principale, elle les avoir observé sans mot dire, puis avait montré la table où deux tasses de thé chaudes fumaient déjà.
– « Je vous attendais ».
Elle leur avait sourit, dans l’attente qui se lance et ce sourire avait glacé le sang de Preminger. Il sentait l’esprit de Connor se tendre. Il n’était pourtant pas effrayant ce sourire, il était aimable, familier, sympathique. Mais Pandora ne leur été pas familière. Ils ne savaient rien d’elle. Ils avaient seulement décidé de leur faire confiance… Ses yeux s’étaient arrêtés sur la tasse de thé fumante. Leurs parfums préférés, il pouvait déjà s’en douter… Elle savait qu’ils viendraient. Pourquoi ?
— « Eh bien ! Votre clairvoyance me dépassera toujours...merci. Faut-il vous préciser le sujet de notre venue ou est-ce inutile ? » il s’était assis, volontairement négligemment, un sourire figé incrusté sur son visage.
Preminger le sentait, il était nerveux, même s’il tentait de s’en détourner. Et qui aurait pu l’en blâmer ? Cette femme… Savait trop de choses. Comment avait-elle pu savoir qu’ils viendraient. Et si elle le savait, alors elle savait le pourquoi. Elle l’avait observé, un instant dans le silence, leurs yeux se toisant, se mesurant sans pour autant se déclarer la guerre.
— « Je suppose que cela est lié aux morts et maladies du village ? »
Connor allait approuver, Preminger le sentait, il ouvrait la bouche, lorsqu’Albert le devança :
— « Une femme du nom de Tituba a été accusée de sorcellerie. Elle va être jugée coupable si nous ne faisons rien mais je suis certain qu’elle est innocente ».
Pandora l’avait observé attentivement, avant d’articuler
— « Si c’est de la sorcellerie qu’elle est accusée, je vous confirme qu’elle est innocente, oui… je n’ai toujours trouvé aucune consœur parmi les vôtres... »
Sa voix était teinte de tristesse. Dans d’autres circonstances Connor eut peut-être ressenti de la peine pour elle. Ou peut-être la ressentit-elle, infime. Jugulée d’autres impressions bien plus néfastes. Elle avait confirmé qu’elle était innocente, non qu’aucune magie n’avait été utilisée. Elle n’avait trouvé aucune consœur … Mais, elle, était là. Et elle avait été bannie. Elle était seule avait-elle dit. Et pourtant, les mots d’Abigail résonnait dans son esprit. Les sorcières étaient là. Elle pouvait mentir, couvrir Tituba. Ou n’être que la seule investigatrice… Les démons étaient des sirènes dans leur genre, il savait très bien avec quelle malice, ils envoutaient les humains….
Ou alors, était-elle honnête, comme l’espérait Albert
– « Serait-il possible que vous puissiez ne pas ressentir toutes les sortes de magie ou uniquement celles approchant de celles que vous maîtrisez ? Après tout, ce monde vous est totalement étranger. »
Il s’était penché en avant de la table avec intérêt. Il guettait ses réactions, et Preminger aussi. La vit réfléchir, ou feindre le faire, avant de secouer la tête de gauche à droite :
- « Je ne sais pas...mon rôle à Oz était de contenir chacun des points cardinaux et de les protéger. La magie qui avait attrait à chacun m’était connue même si je ne les maîtrisais pas toutes. J’aimerai croire que mon pouvoir fonctionne partout à travers le Temps et l’Espace, mais je n’en n’ai pas effectivement la certitude ».
— « Mais on s’en fiche » coupa Albert « Non ? Le but est de pouvoir prouver que Tituba est innocente, et ramener la paix à Salem. E si… Si vous témoigniez à visage découvert. Vous expliqueriez à tout le monde qui vous êtes et ce que vous ressentez. Vous préciserez que vous ne ressentez aucun malin magique en Tituba et nous serons là pour vous appuyer. Tout rentrera dans l’ordre et les gens se méfieront peut-être aussi moins de la sorcellerie »
Si Connor nageait en pleine paranoïa, Albert nageait en plein délire, songea Preminger avec moquerie. Il ne savait quel camp était le plus facile à vivre, mais préférait sûrement le confort d’un individu pragmatique… Enfin...si on exceptait ses superstitions… Mais ceux dopés à trop de foi en lêtre humain…
Pandora avait observé Albert un bref instant avant de se tourner vers Connor pour l’observer. Le jeune homme détestait lorsqu’elle faisait cela, il se sentait...mis à nu, épié jusqu’au plus profond.
— « Je pense que votre frère n’est pas de cet avis ».
Albert tourna la tête vers Connor surpris, mais celui-ci ne s’apitoya pas,. Le plan d’Albert était incensé et ils les meneraient à leurs pertes.
— « Pandora a raison. Cela serait la pire des choses à mon sens. Si Pandora témoigne, elle sera arrêtée et jugée à la place de Tituba, sans aucun moyen de pouvoir prouver qu’elle est innocente. D’autant que...vous venez de le dire, nous ne sommes pas certains que son pouvoir fonctionne ici. Faut-il risquer la vie de Pandora pour une preuve dont nous ne pouvons être sûrs ? » « Il reposa sa tasse de thé, pleine « Personnellement, je trouve ça insensé, oui ».
Connor avait piqué Albert, Erwin pouvait voir avec quelle amertume, ce dernier fixait son frère, en silence. Puis, il rompit le long silence:
— « C’est notre rôle d’éveiller les consciences à l’inconnu et de croire en notre mission ici-bas. Mais si tu penses que c’est trop risqué et que nous n’y arriverons pas, qu’est-ce que tu proposes à la place. »
Connor aussi avait reçu l’uppercut en plein estomac. La critique de son attitude qui se portait en contraste avec la mission qui les animait. Mais, cette fois, Connor n’en n’éprouva qu’une honte limitée. Il ne faisait rien de mal… lui glissait-on à l’oreille, comme s’il pouvait entendre les pensées d’Erwin raisonner dans son esprit. Il était censé. C’était Albert qui ajoutait des postures et des valeurs inatteignables à leur ordre. Son frère n’était pas que bienveillant, il était surtout naïf. Inconscient des dangers de ce monde, peut-être l’avait-il trop protégé. Les hommes se tuaient, se poignardaient. Il vivait sa vie comme une plaidoirie, trop convaincu des bienfaits des autres, trop pur pour voir vivre le Mal.
- « C’est notre rôle de le faire dans les bonnes conditions pour que notre message soit entendu. N’est-ce pas toi qui a mis l’accent sur les dangers que la peur pourrait faire faire aux citoyens ? » il fronçait les sourcils, malgré lui, mais cette fois ce n’était pas dirigé vers Albert « Je ne propose rien encore pour le moment… Pour proposer il faudrait alors comprendre ce qu’il se passe, or je ne comprends rien. Mais, je le dois. C’est mon devoir, des gens meurent et Salem Village compte sur moi. » Son regard était tombé sur sa tasse de thé, fumante devant laquelle il s’était assis. Il en sentait les volutes agréables de la menthe, sa préférée… Même ça, elle l’avait su. Il releva la tête vers elle « Pandora… Comment avez-vous su que nous viendrions ? »
Albert n’avait rien ajouté de plus. Il s’était renfrogné sous l’oeil de Preminger mais ne contesta rien. Peut-être qu’au fond de lui, il l’approuvé, il ‘avait toujours respecté.
Pandora en revanche semblait observer le manège en cours entre les frères. Sans hostilité… Davantage comme des chamailleries d’enfants. Elle haussa les épaules
— « Je vous ai vu arriver » elle avait dit cela comme si cela tombait sous le sens. Mais ce n’était pas le cas. Voyant son regard elle précisa, cependant « Cela fait bien des jours que l’état de santé des villages empire et j’entends bien autour de moi que vous n’avez aucune solution ni aucune raison de la cause. Je me doutais bien que tôt ou tard, je vous reverrai pour parler de ma condition. Et mes pressentiments m’aident dans mon don de clairvoyance. Je vous ai vu arriver... »
-- "Je vois…" Un silence était passé pendant lequel, Connor, l'avait observée du plus froidement et méthodiquement qu'il avait pu tâchant de décortiquer le moindre indice de sa gestuelle. Elle était sereine, presque amusée. Mais l'amusement était-il nécessairement démoniaque? Non. Mais la malice oui. "Vous n'avez jamais proposé d'ailleurs votre aide dans cette affaire… Mais peut-être que vos dons se limitent à la clairvoyance…"
Connor était conscient des risques de marcher sur les plates-bandes d'une sorcière. Si Pandora était coupable, elle disposait sûrement de grands moyens pour le contraindre au silence. Ou de le torturer, aussi prenait-il grand soin de ne pas l'offusquer ni l'accuser directement. Mais la question, elle, demeurait.
Une nouvelle fois, Pandora resta neutre, mais précisa:
- "Vous m'avez demandé de me faire discrète, de ne pas attirer l'attention… Vous proposer mon aide n'aurait pas été des plus discrets, n'est-ce pas?"
Elle n'avait pas tort.. Mais cela l'arrangeait bien. Elle n'avait pas eu l'impression de se soucier de l'épidémie. De s'en inquiéter…
D'ailleurs, elle l'observait encore intensément. Comme si son âme se trouvait nue devant elle. Connor détestait cela, cette impression de transparence innée qu'il pouvait avoir devant ses yeux verts… Mais lui ne devinait rien d'elle. Elle, elle lisait en lui. Et pouvait même l'envouter.
Albert, demeuré silencieux depuis quelques temps, avait pris la parole, mal à l'aise:
- Nous ne vous accusons de rien, Pandora".
Mais elle était restée silencieuse à l'observer. Elle savait. Savait ses doutes, ses soupçons, tout ce qu'il pensait, ressentait, vivait, songeait Connor ainsi qu'Erwin.
Puis, elle ajouta subitement :
-"Mes dons ne se limitent pas à la clairvoyance. Je vous ai déjà dit de quoi il était question. Bien sûr, je connais également le pouvoir des plantes, de la transformation, des enchantements et de l'alchimie sous quelques formes…"
Elle lui sourit une nouvelle fois, puis vint s'asseoir en face de lui, un peu effrontée même. Elle l'attendait. Et Connor frissonna, presque imperceptiblement. Il lui semblait converser avec une démone. Trop maligne. Trop futée. Ou trop sage.
Mais son devoir était de faire la lumière sur ce qu'il se passait. Il devait être fort. Pour tous.
- "Cela dépend de l'aide que vous auriez été en mesure d'apporter." avait-il finalement articuler sans dévier son regard. Si elle le défiait, il ne faiblissait pas. Et il était dans le vrai. Tant de moyens étaient possibles pour aider les enfants, surtout si elle connaissait des remèdes. Peut-être aurait-elle pu apaiser leurs souffrances sous couvert de soupes…. Pourquoi était-elle restée en retrait? "Vous nous avez dit peu de choses sur votre rôle là-bas. Quel était votre rôle oui, pas en quoi il consistait vraiment…" il lui avait sourit en retour, alors qu'elle prenait place en face de lui, tâchant de demeurer impassible "Dans votre magie, sous quelles formes se présentent les enchantements? E en quoi peuvent-ils constituer ? Pour les besoins de l'enquête…"
- Pour les besoins de l'enquête" s'était étranglé Albert
Il ne devait rien comprendre trop serein pour voir le mal que son frère suspectait. Pandora elle le voyait et y répondit, sereinement
- "Oui, votre frère suppose que je puisse être coupable et je ne lui en veux pas, rassurez-vous cher Albert, c'est totalement compréhensible et je n'ai rien à cacher car je n'ai absolument rien fait. Je vous ai dit en quoi mon rôle consistait, Connor. Je vous ai dit que mon rôle était de maintenir l'équilibre entre les sorcières de chaque pôle, de leur donner une direction et un ordre pour éviter que le chaos ne s'abatte sur Oz. Mes enchantements me permettent de faire apparaître des objets, de les transformer, principalement, comme la robe que j'ai créé le premier soir..."
Connor était resté de marbre. Elle jouait l'innocente? Grand bien lui fasse. Elle était innocente? Grand bien leur fasse. Pour l'instant, il n'était sur de rien même si les informations qu'elle communiquait parlait en sa faveur… Elle pouvait mentir. C'était la raison pour laquelle, il l'interrogeait sur Tituba, ne perdant pas son enquête de vue
- « Oui je me rappelle de cette robe… vos enchantements fonctionnent donc uniquement sur les objets ? La magie a l’air diverse…. D’autres formes d’enchantement existaient ils dans votre pays que vous ne maîtrisez pas ? Des formules magiques ? Des chants ? Ou autre ? »
- "Mes enchantements, oui. Mais il existe effectivement diverses formes. A Oz, chaque sorcière à ses spécialités. Certaines sont bonnes, d'autres mauvaises, certaines sont mauvaise mais utilisent leur magie pour faire le bien, certaines sont bonnes mais l'utilisent pour faire le mal. Les sorcières du Sud ont un certain don avec les enchantements du vent par exemple. Elles voyagent à travers des bulles qu'elles créent par enchantement. Les sorcières de l'est ont un don avec les animaux, d'autres savent envoûter, maîtrisent d'autres éléments comme le feu, la terre ou même la foudre... Je n'en ai encore jamais entendu chanter par magie, nous ne sommes pas des sirènes..."
Connor avait réfléchi aussi, tâchant de déceler en elle, au-delà de ses apparences. Qui était-elle ? Faisait elle exprès d’évoquer de bonne sorcière faisant le mal? Était-ce un test, un jeu ? Elle voyait clair dans son jeu et pourtant ne paraissait pas s’en inquiéter. Oh sûrement parce qu’elle le dominait clairement d’un zeste de magie… mais ne tentait pas de se défendre à grands cris. Était-ce là le visage d’un démon cruel ? Ou d’une innocente l’esprit en paix?
Dans tous les cas, ses propos semblaient innocenter Tituba..ou la couvrir.
- « Quelle différence faites-vous entre le bien et le mal si de bonnes sorcières utilisent leurs pouvoirs pour le mal ? Pourquoi sont-elles qualifiées comme telles… et… excusez cette question mais vous…quelle est votre qualification ? »
Si s'il avait haussé les épaules d’un air négligeant, ses yeux étincelaient. Et par delà les siens, celui d'Erwin. Qui soutenait cette démarche. Il cherchait à comprendre, il voulait surtout savoir: qui était Pandora. À quelle créature avait-il à faire ? Et si elle cherchait à le déstabiliser alors il ne s’y laisserait pas fléchir.
Elle était restée très calme et sa voix avait pris un ton un peu plus éducatif :
- « Je n'ai pas d'exemple précis, cela se vit sur le moment... mais ne vous est-il jamais arrivé de faire quelque chose de mal pour le bien ? De mentir à quelqu'un pour préserver son bien-être par exemple ? Ou une chose qui vous semblez bonne et qui est en réalité nocive sur le long terme ? Permettre à son enfant de manger que ce qu'il aime pour lui faire plaisir au détriment potentiellement de son épanouissement physique et de sa santé ? Les sorcières sont pareilles. Nous avons des pouvoirs qui nous permettent d'aider et parfois... nous ne les utilisons pas à bon escient. En revanche, la raison de ses actes, ce qui se trouve dans le coeur de mes consœurs au moment où elles agissent révèlent la pureté de leur âme, leur véritable bonté ou leur méchanceté. "
- « Je vois… je comprends. » Il avait opiné un peu de la tête, qui avait-il de plus à en dire? Les informations s'entendaient et se comprenaient avec une certaine normalité… « Comme tout être humain d’une certaine manière… merci pour vos réponses Pandora »
Elle va hocher la tête d'un air entendu et précisa
- "Nous sommes humaines."

Il eut alors un brusque changement de décor, déstabilisant. La voix d Ashwini devança même la matérialisation du nouveau lieu, annonçant d'un ton formel et solennel :
- "Je vous envoie un mois plus tard. La situation s'est encore dégradé, il y a des morts, les filles continuent de se comporter de plus en plus étrangement et ont fait de nouvelles accusations. Plusieurs enfants sont morts à présent et il n'y a pas qu'eux... Tituba a perdu son procès. Elle a été jugée coupable de sorcellerie et sa sentence a été la mort. Nous observons une scène le soir de la mort de Tituba".
Preminger s’était retrouvé dans une petite pièce inconnue…mais identifiable. Pour une fois, il n’avait pas besoin des souvenirs de Connor pour deviner l’endroit où il se trouvait. Des livres juridiques tapissaient un bureau et une bibliothèque miteuse. C’était l’office d’Albert. Et ce dernier s’y trouvait, profondément agité, touché et surtout furieux.
- « C'est une injustice, Connor, une INJUSTICE ! » finit-il par exploser en levant les bras « Elle était innocente ! Et si elle était innocente alors nous avons commis un meurtre !! »
Erwin le regarda, il sentait Connor attristé mais différent. Son sentiment était néanmoins identifiable par les sentiments qui lui vrillaient l’esprit: il était peiné, mais pas révolté. Et sa principale inquiétude reposait sur l'agitation désespérée de son frère. A l'observer déambuler dans son cabinet, il s'interrogeait sur comment le calmer. Lui, si sensible si attristé… La Défense qu’il avait pourtant livrée avec brio et passion n’avait servi à rien. Tituba était condamnée par avance.
Quelle cause représentait Tituba aux yeux de leurs concitoyens ? Une esclave indigène que chacun considérait comme un objet sans importance. Qu'elle vive ou qu'elle meurt, quelle importance ?
Elle n'avait pas eu droit à un vrai procès et n'avait que servi à faire un exemple. Qu'était Tituba sinon le symbole des représailles aux assauts des indiens? Un rappel de la puissance des colons… Intrinsèquement, ils espéraient que "cela" leur serve de message ou d'avertissement.
Mais, ces vérités, Connor les retenait à grand peine, au bout de ses lèvres, de crainte que son frère n'en soit que plus agressif. Il convenait surtout de le tempérer. La tempête peinait à s'éteindre et la moindre étincelle déclenchait un ouragan… Connor n'avait sûrement pas tort de tenter de tempérer son frère, songea Erwin, en contemplant de par les yeux d'un autre, ce dernier. Il se demandait ce que ressentait Alexis, coincée à l'intérieur. La colère d'Albert l'étouffait-elle presque, de la même manière que les doutes de Connor assaillait son esprit, comme à l'assaut d'un corps étranger?
Il ne pouvait le savoir. Il ne la distinguait pas à travers ce pauvre homme colérique qui arpentait à grands pas le modeste bureau étroit qui lui servait de lieu de travail.
Après un instant d'attente, Connor se mit cependant en mouvement, levant les mains, pour signifier son impuissance. Si son corps s'était, au départ, presque penché en avant, pour initier un mouvement vers son frère, la colère qu'il sentait irradier de ce dernier, le décida à rester immobile:
- "Nous avons fait tout notre possible, Albert… En réalité tout était déjà joué d'avance".
Les derniers mots s'étaient échappés de lui, presque malgré ses volontés.. Il avait tenté de ne pas le dire… Au moins avait-il eu la chance d'arriver à le formuler simplement, sans trop de précisions. De toute manière, et Preminger était d'accord avec son hôte, Albert était sensible mais il n'était pas idiot. Il ne pouvait que partager les conclusions de Connor.. Et sa réaction à ces mots en fut significative:
- "Bien sûr que c'était joué d'avance!" ne s'offusqua-t-il plus davantage "Ces traîtres ne l'ont punie que parce qu'elle est indigène! Etait"
Une immense tristesse gagna ses traits, emplit sa voix… Ce n'était que lorsque l'on le disait que l'on le réalisait vraiment et telle était l'expérience qu'Albert effectuait à présent. Cette réalisation eut au moins le mérite de le clouer sur place, Erwin s'agaçant à devoir le suivre des yeux, jusqu'à le faire choir sur sa chaise, dans un mouvement de dépit
- "Nous n'avons pas trouvé la solution Connor… Mais je te jure qu'elle était innocente…je le sentais, je le savais…"
Au fond de son hôte, Preminger sentait que Connor se trouvait aussi peiné de la mort de Tituba… Mais, force était de constater qu'il ne l'envisageait pas avec autant de force et de passion que son frère, mais davantage comme un grand regret. Connor était et demeurerait pragmatique. Il savait aussi que l'impact personnel de la défaite gangrénait son frère de par l'investissement personnel qu'il avait pu mettre. En tant qu'avocat, il se sentait responsable de sa mort, observait la mort de Tituba avec le poids de la culpabilité que Connor connaissait bien: il le portait depuis le début de l'épidémie. Et cette douleur lui était insupportable… Avançant jusqu'à la chaise de son petit frère, il le regarda de haut, la mine défaite, les cheveux en bataille, sa petite brindille forte et sensible à la fois.
- "Tu n'as pas à t'en vouloir, tu as fait du mieux que tu pouvais. Tu l'as défendue jusqu'au bout. Sa mort aura, au moins été digne, là où ceux qui l'ont condamnée ne le seront jamais" énonça-t-il doucement, sans douter une moindre seconde que ses mots n'auraient qu'un effet léger dans l'immédiat sur la tristesse de son frère. Mais, il l'espérait le Temps finirait par faire son œuvre… Doucement, Connor déposa une min sur l'épaule de son frère "Tu sais…ce ne sera pas facile à entendre mais Tituba était esclave et malheureuse… Aussi tragique que fut sa fin, elle n'en n'est sûrement que plus heureuse. Jamais elle n'aurait connu le bonheur ici…loin des siens, de sa famille, parmi nous… Personne ne la traitait en égale".
C'était là l'intime conviction de Connor, Erwin le percevait très bien et la raison qui le poussait à prendre avec davantage de recul la mort de Tituba. Si la condamnation était une honte, sa mort devait être pour elle une bénédiction. Il n'avait pas vu maints épisodes de sa vie auprès des Parris, mais leur conciliabule avant l'arrestation de Tituba en disait long… Tout comme ce que leur enseignait l'Ordre, tout comme leur enseignait la vie quotidienne à contempler leurs querelles contre les indiens. Sa vie auprès d'eux n'était pas source de joie, c'était un gâchis. Tituba ne vivait pas, elle survivait… Il valait encore mieux mourir que vivre en esclave, surtout pour qui avait, jadis, goûté la liberté.
Albert avait relevé la tête vers lui, lentement:
- "Alors tu penses qu'il vaut mieux mourir en esclave que de vivre en esclave?" demanda-t-il à mi-voix.
- "Je pense qu'il vaut mieux mourir libre que de vivre esclave. Cela ne peut être une vraie vie" énonça Connor après un temps de réflexion "Ils ont peut-être condamnés Tituba, mais cela faisant et sans le vouloir…ils lui ont rendu sa liberté. Elle ne leur appartient plus désormais. Elle n'appartient plus à quiconque.
Les larmes aux yeux, son frère avait fini émettre d'une voix brisée:
- "On aurait du lui redonner différemment".
C'était vrai.

Une énième fois le décor s'estompa à nouveau. Preminger commençait à en avoir une folle habitude, au point qu'il n'en cillait presque plus…
Le fait qu'il se trouva, transporté dans le lit de Connor dans la pénombre aidait peut-être. Visiblement, ce dernier se trouvait réveillé par des bruits sourds qu'il finit par parvenir à identifier: quelqu'un tambourinait à sa porte de toutes ses forces… Ouvrit les yeux. C'était visiblement le matin… A côté de lui, la femme de Connor grogna dans un demi-sommeil. Non sans étirer ses muscles raides, Connor se leva et finit par ouvrir au visiteur inattendu.
C'était Albert, comme il convenait de s'en douter. Il était hors d' haleine et dément. A peine Connor entreouvrit la porte qu'il sentit la poigne de son frère l'attraper par les épaules, pour le repousser à l'intérieur en le suivant, refermant la porte rapidement.
Et sans que son frère n'ait le temps de parler, sans qu'il ne puisse intervenir ou l'interroger, Albert ouvrit la bouche pour déclamer une nouvelle, qui rabattrait les cartes de ce jeu, définitivement:
- "Tituba avait vraiment fait de la sorcellerie. Mais le soir là, le soir où tu as vu les gamines…elles en faisaient avec elle. Les gamines ont fait de la sorcellerie! Ann Putnam vient de me l'avouer!"

crackle bones
http://www.ouat-storybrooke-rpg.com/t80427-how-can-i-refuse-erwi


Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


Alexis E. Child

| Avatar : Kaya Scodelario

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Oflm
Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Da6n

Edition Octobre-Novembre 2020

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 21op

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 Badge_10


| Conte : Aucun
"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 378254admin

| Cadavres : 4069



"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 _



________________________________________ 2024-03-24, 20:58 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




I put a Spell on you

J’avais les bronches en feu. Je détestais cette sensation et je pense qu’elle était d’autant plus détestable quand on était même pas dans son propre corps. J’avais la désagréable sensation de ne pas la vivre réellement. Mon corps était posé, bien au calme dans une salle, allongé, ventilé, ce n’était pas moi qui souffrais. Mais comme tout le reste de ce qu’on vivait, le souvenir était si vivace, si réel que je partageais pourtant tout avec Albert. Ses poumons étaient pourtant partis en fumée depuis bien des années... mais ils étaient de nouveau en souffrance, à ce moment précis, grâce à l’Animus.

Vivre en Albert devenait de plus en plus épuisant. Je ne savais pas comment Erwin vivait tout ça mais Connor avait l’air plus calme, plus posé, peut-être plus facile à manier aussi. Albert était tout le contraire, il était un peu comme moi, énergique et à fleur de peau. Combattant pour ses idées, décidé à changer le monde et déprimé à l’idée de penser qu’il ne changera peut-être jamais. Je ne savais pas comment les rôles avaient été attribués, si cela avait été du hasard ou une volonté de la part de mes frères et sœurs, plus enclins à connaître le sujet, mais je devais admettre que j’avais reçu le frère qui me ressemblait le plus. Pourtant, si cela aurait logiquement semblé plus facile à gérer, cela m’épuisait au contraire fortement. J'étais une personne sensible, très sensible, aux sons et aux odeurs, à la douleur et à la joie des gens. Ça avait toujours été ainsi. Mais je réalisais que cela était peut-être génétique, mon ancêtre étant doté du même don ou du même fléau. Tout ce que nous vivions je le ressentais en double, au quadruple peut-être pour une personne normale, c’était si dur et ça n’allait qu’en s’empirant. La mort de Tituba, je l’avais ressenti dans la chair d’Albert, sur chaque parcelle et aussi comme le choc profond de la nouvelle que j’avais dû encaisser en me laisser porter par la colère du plus jeune des deux frères. J’avais mal au cœur pour lui en même temps qu’il se sentait trahit par son modèle, son aîné. J’avais ressenti le même dégoût que lui pour la société dans laquelle il évoluait, jusqu’à ce que cela devienne un mélange de nos deux émotions, un poison qui m’en avait presque donné la nausée.

Alors lorsque la simulation nous avait fait voir un nouveau décor, j’avais peiné pendant quelques secondes à m’habituer à cette course effrénée, à cette douleur pulmonaire et à ce coeur battant, jusqu’à arriver devant la porte de “notre” “frère” que nous avions pris soin d’enfoncer petit à petit jusqu’à ce que Connor vienne nous offrir. Le flot de ses pensées étaient si rapide que j’avais presque lâcher prise, espérant secrètement que je comprendrais bien mieux lorsqu’il tâcherait d’être explicite auprès de son frère, non sans le bousculer à l’intérieur même de sa propre maison :

— Tituba avait vraiment fait de la sorcellerie. Mais le soir-là, le soir où tu as vu les gamines…elles en faisaient avec elle. Les gamines ont fait de la sorcellerie ! Ann Putnam vient de me l'avouer !

— Quoi ?! Tu veux dire que…. C’était cela leur..fameux secret ?!

Les yeux de Connor étaient si écarquillés qu’ils semblaient lui sortir de la tête. De son côté, hors d’haleine, Albert hochait frénétiquement la tête. Nous prîmes un instant pour nous remettre de cette course avant de poursuivre :

— J’amenais le petit à l’école et Ann semblait triste, toute seule dans son coin. J’ai laissé Abe rejoindre ses copains et j’ai décidé d’aller lui parler. Ça n’a pas été simple mais elle a fini par cracher le morceau. Si elles n’ont pas parlé, c’est parce qu’elles sont terrorisées. Le soir où elles ont dormi ensemble, elles ont demandé à Tituba de leur raconter des histoires d’indiens. La bonne leur a raconté que dans les croyances de son peuple, les esprits ne partent jamais, ils retournent à la Nature et nous guident. Elles étaient amusées, elles ont demandé à Tituba de leur montrer un esprit. La jeune femme s’est soumise à la demande des enfants et il y a eu ce grand éclair vert... Elles sont persuadées que ce sont elles qui l’ont provoqué. C’est pour cela qu’elles observaient au dehors Connor ! Elles voulaient s’assurer que personne n’avait rien vu, mais quand elles t’ont vu, elles ont eu peur et se sont enfuit. Puis les enfants ont commencé à tomber malades et quelques adultes aussi. Abigail et Betty ont expliqué à Ann que leur père disait que cela devait forcément venir du malin, d’un démon alors elles ont demandé comment les démons pouvaient venir parmi nous. Le révérend leur a expliqué qu’ils venaient quand il y avait une brèche, ils s’invitaient ou ils étaient invités. Et lorsqu’ils étaient invités, cela s’appelait de la sorcellerie. Les petites ont alors compris qu’elles avaient fait aux yeux du Révérend une ENORME bêtise, punissable par la loi. Ann voulait tout avouer pour expier le péché mais Abigail a dit alors avoir une meilleure idée : dénoncer Tituba. En la dénonçant, elles faisaient pénitence et avouer à moitié leur faute et tout rentrerait dans l’ordre... Mais Tituba est morte et rien n’est rentré dans l’ordre... Ann est désespérée, elle commence à déprimer et c’est ainsi qu’elle s’est confiée à moi.

— Tout est une véritable catastrophe… Quelle tragédie…

Connor soupira longuement en secouant la tête.

— Cette affaire va de mal en pis! Les retombées ne font que s’agglutiner sans amener de résultats… Si Ann parle, elle ramènera l’attention vers la lumière verte…et vers Pandora. Et le Révérend n’acceptera jamais que ses filles soient punies... Quant à la maladie… nous ne savons pas si cela est lié à ce sortilège.

J’avais senti une émotion monter brusquement en Albert, avec une certaine violence, me faisant comprendre que le ressentiment qu’il avait envers son frère n’était pas tout à fait terminer. Je pouvais le comprendre, il avait l’impression que Connor arrivait enfin à la conclusion qu’il avait eu bien plus tôt que lui et que c’était désormais trop tard pour l’avoir. Pire ! Il continuait à supposer que Tituba pouvait tout de même être coupable tout en réalisant que finalement les choses n’étaient peut-être pas si simples. Pourtant, rien d’aussi puissant n’était sorti de la bouche du cadet, lorsqu’il précisa :

— Je t’ai un peu devancé là-dessus... je... je suis allé voir les Indiens.

Voyant le regard moitié offusqué, moitié apeuré de son frère, il avait levé les mains dans sa direction pour l’inviter au calme :

— Tout va bien ! Je sais que je n’avais pas le droit et encore moins seul mais je ne voulais pas leur donner l’impression que nous débarquions à 15 pour leur faire la guerre. J’ai défendu l’une des leur dans un procès de mise à mort, je me suis dit que s’il y avait un visage pâle à qui ils accepteraient de parler c’était moi. Et ça a fonctionné ! Ils ne voulaient pas que l’on parle maintenant, craignant sans doute un piège de ma part. Ils m’ont donné rendez-vous ce soir, à la tombée du jour ET ...

Il avait haussé le ton en voyant que son frère souhaitait prendre la parole :

— ... ET j’ai demandé si tu pouvais venir avec moi. Ils ne sont pas enchantés mais ils ont accepté. Connor, si on veut comprendre ce qu’il se passe et écarter définitivement la piste indienne, il faut qu’on voie ce qu’il s’y passe. Pandora dit qu’il n’y a pas de magie là-bas, Tituba a certes fait un rite avec les filles mais l’arrivée de Pandora n’est pas liée à elles toutes, ce n’était qu’un concours de circonstance ! Il est possible, FORT possible que la maladie qui nous ronge également, mais si tu ne veux pas croire Pandora sur parole ALORS il faut qu’on aille vérifier à la source.

— Sans besoin d’être 15 nous aurions pu les voir tous les deux.

Il s’était renfrogné et Albert en avait fait de même.

— J’ai voulu aller au plus vite... et j’étais sûre que vu mon statut ça se passerait mieux que si nous étions deux... je ne suis pas fait de sucre, tu sais ?

— Je parle pour ta sécurité brindille, même si tu l’as défendue il aurait suffit qu’un seul considère que tout ce procès n’ait été que joué d’avance avec ta complicité et tu aurais pu y laisser la vie … mais puisque cela est fait… et couronné de succès au moins nous y verrons plus clairs. Espérons le !…

Il faisait brusquement nuit noire. Le chemin était uniquement éclairé par la lampe qu’Albert tenait à la main, la bougie luttant furieusement pour sa vie. C’était étrange, tout était silencieux, parfois quelques brindilles craquaient mais la fin de l’hiver et le printemps naissant laissait largement plus de place à l’humidité qu’à la sécheresse. Je sentais nos chaussures patauger dans la boue, se remplir d’eau de façon très désagréable, sans que cela n’arrête pour autant les deux frères. La tension montait dans le corps du plus petit, mais l’idée d’avoir son aîné qui suivait son sillage le rassurait. Il n’avait pas peur des Indiens, je pouvais le sentir, ils leur faisaient confiance. Il avait largement plus peur de la confrontation qu’ils auraient avec son gendarme de frère.

— Bon, Connor, tu me laisses parler d’accord ? Je te rappelle que de base ils m’ont invité moi, ils ont consenti que tu viennes parce que je leur ai dit que tu étais mon frère et un visage pâle moins buté qu’ils le pensaient malgré ton statut alors on va essayer d’installer un climat paisible, d’accord ?

Il avait chuchoté, poursuivant e chemin mais espérant que les indigènes qui ne devaient pas se trouvaient bien loin ne puissent les entendre. Je pouvais sentir qu’il était gêné. Prendre les décisions et les rennes de leurs aventures, cela n’avait jamais été son rôle. Il n’était pas l’aîné, l’héritier, il était juste le “petit frère”. Pourtant il savait que c’était à lui de mener cette discussion, déjà parce que les autochtones le lui avaient formellement demandé, ensuite parce que son frère pouvait se montrer parfois plus buté et moins diplomates que lui. Ils venaient chercher des réponses... pas trouver la mort. Connor, sans doute un peu vexé, leva les mains en signe de paix :

— Très bien… je me tairais s’il le faut. Même si je te rappelle que les interrogatoires restent mon domaine je te fais confiance !

— Ne t’en fais pas, je sais que tu n’as pas ton pareil pour mener les enquêtes.

Il lui avait souri. Je sentais que c’était sincère, mais il y avait autre chose. Albert semblait considérer que l’idée même que Connor puisse voir cela comme un interrogatoire était mal parti. Pour le cadet, c’était bien plus l’occasion d’approcher une culture inconnue et incomprise, de rassembler les ennemis pour les faire avancer mains dans la main, en ami. Il n’y avait aucune hostilité dans sa démarche, aucune nécessité de mener un interrogatoire : ils n’étaient ni coupables, ni suspects mais il ne pouvait pas diriger la façon de penser son frère... ni même celle des indigènes.

De leur côté non plus, la chaleur n’était pas spécialement au rendez-vous. Après une marche de quelques minutes dans les bois, à presque tâtonner, tournant parfois la tête aux bruits de la forêt environnant, ils étaient arrivés non loin du campement où deux hommes, solidement battis, les toisaient les bras croisés sur leur torse musclé. Leur visage était si fermé que leur mâchoire lui paraissait crisper, mais Albert ne se laissa pas démonter et j’entendis bientôt sa voix s’élever bien malgré moi.

— Bon... Bonsoir, nous venons voir le Grand Chef Metacomet, un rendez-vous nous a été offert à propos de ce qu’il s’est passé dans Salem.

— Euh... Alors, j’ai beau cherché mais le seul Metacomet que je retrouve était le chef des Wampanoag, tribu qui vivait dans le Massachussets. En revanche il est mort en 1676, il serait anachronique de penser que c’est lui que vous allez rencontrer. Sa fin est déplorable, elle a été un véritable massacre, décimant vraisemblablement le reste de sa tribu. Je suppose que la tribu implantée près de Salem est liée à celle des Wampanoag et que le Chef a décidé de lui rendre un hommage, pour rappeler aux visages pâles leurs crimes.

La voix de Russel était tellement apparue sans prévenir dans ma tête que j’en avais sursauté de panique, peu à l’aise face à la situation des deux frères. L’indien m’avait d’ailleurs observé bizarrement mais j’avais tenté de reprendre mon rôle tandis que l’historien finissait de m’expliquer la situation. Sans un mot, l’homme en face de moi fini par me montrer le chemin de son énorme main, m’invitant à poursuivre sans pour autant m’accompagner : ils devaient sans aucun doute penser que certains visages pâles se tenaient prêt à l’attaque dans le but de leur tendre un piège. J’étais d’ailleurs prête à parier que les bois regorgeaient également d’indiens en embuscade prêts à défendre leurs terres au besoin. Nous finîmes par entrer dans le village, protégé dans les murs de rondins de bois. A l’intérieur, tout semblait paisible, la vie, bien différente de celle d’Albert et Connor et encore plus de la mienne, semblait s’écoulait comme si aucun danger ne les menaçait. Des enfants jouaient dans un coin tandis que des femmes et des hommes étaient réunis devant un grand feu et une marmite, finissant le festin qu’ils s’étaient préparé. A notre arrivée, tous levèrent la tête vers nous, nous toisant en silence, avec hostilité. Deux enfants, curieux sans aucun doute, avaient voulu s’élancer vers nous, tout sourire, mais leur mère leur en avait empêché, les forçant à s’asseoir devant elle. Cherchant à ne pas trop croiser leur regard, j’avais pressé le pas, suivant désormais un homme qui nous avait intimé de nous suivre à notre entrée, jusqu’à la tante de leur chef. Il avait fini par tendre le tissu pour nous inviter à entrer sans le faire lui-même et après un dernier regard pour cet être fermé, j’avais inspiré avec force, en même temps qu’Albert tout en me baissant pour entrer. Et si c’était un piège ? Si on attendait juste que je passe la tête pour que celle-ci me soit coupée ? Je réalisais que plus que ma pensée, celle-ci était celle d’Albert qui, bien que croyant dur comme fer à la paix et la cohabitation, ne pouvait pas nier que la situation était si tendue que cela était une possibilité. Mais aucune offense n’était venue nous heurtée, à l’intérieur, une pénombre profonde et une odeur capiteuse m’avaient saisie tandis que je cherchais à m’orientais. Le sol était recouvert de tapis et de coussins, plusieurs hommes étaient présents en arc de cercle et semblaient nous attendre et en son centre... Le chef Macomet. C’était un homme qui ne devait pas avoir plus de 40 ans, il semblait pourtant bien plus vieux que son âge, celui-ci étant d’ailleurs plutôt avancé pour l’époque. Il avait un corps musclé bien que vieillissant mais semblait petit de ce que je pouvais en voir. Ses longs cheveux noirs tombaient en cascade sur sa peau brune et ses prunelles sombres m’observaient avec l’acuité d’un aigle.

— Prenez place.

Il nous montra de la main deux places en face de lui, au sol afin que nous puissions nous asseoir en tailleur, comme le reste des hommes présents. Sans me faire prier, je m’exécutais, suivis de Connor tandis que je le remerciais d’ores et déjà :

— Merci de votre hospitalité, Grand Chef, cette rencontre est précieuse pour nous.

— Pour... “Vous” ? Ou pour toi ? Lui qu'a-t-il pour l’une des nôtres ?

C’était un jeune homme assis à la droite du chef qui avait parlé. Il lui ressemblait drôlement. Peut-être était-il son fils ? Il lançait un regard hargneux, plein de haine, en direction de “mon” “frère”. Tentant de calmer le jeu au plus vite, Albert avait repris précipitamment :

— Pour nous, je peux vous l’assurer. Mon frère Connor est aussi concerné par votre condition que moi. Il a cherché à trouver une solution pour comprendre ce qui se passait réellement et pour sauver Tituba.

— Il n’a visiblement pas cherché assez.

Les rires qui avaient suivis étaient acides. La tension était plus que palpable et je me disais qu’il faisait brusquement chaud dans cette tente.

— Grand Chef, je regrette profondément si mon enquête a enrayé le décès de Tituba… Mais je puis vous assurer que les motivations de mon frère et moi n’ont pour but que de faire la lumière sur ces événements et faire cesser cette tragédie.

— Très bien. Alors que faîtes-vous ici ?

— Comme je vous l’ai expliqué, je pense que votre témoignage pourrait nous êtres très précieux pour comprendre les choses que nous ne comprenons pas encore. Nous souhaitons mieux comprendre votre culture et vos... rites.

— Nos rites ?

— Oui, une des petites filles qui a accusé Tituba nous a avoué avoir fait ce qu’elles appellent de la “sorcellerie” avec elle, un soir. Je ne nie pas que mes congénères peuvent parfois se montrer obtus et considérer tout ce qui leur est étranger comme nocif ou sorcellerie. Nous voudrions savoir en quoi cela consiste... Elles ont parlé de faire brûler du thym....

— Ah je vois. Un rituel de purification. Lorsque nous parlons aux esprits ou que nous les apaisons, nous commençons par purifier l’atmosphère en brûlant des feuilles de thym séchées. La fumée et l’odeur qui se dissipent permettent de faire disparaître les ténèbres et le mal, pour ne garder que les énergies positives, afin de travailler en sérénité sans risque de se faire tromper par le mal.

— Je vois... Cela doit les tenir éloignés, si je comprends bien... Est-ce que malgré tout, la fiabilité de ce rituel éloigne tout risque ? Le mal pourrait-il y résister s'il est fort ?

Il y avait eu un long silence durant lequel le chef avait regardé mon “frère” droit dans les yeux, profondément. Si profondément que j’avais senti à quel point cela avait mis mal à l’aise Albert : Connor avait-il était trop loin ? Pourtant la bouche de Metacomet se fendit d’un sourire amusé et mystérieux, à la limite narquois :

— Les visages pâles ont la fâcheuse tendance à tout vouloir contrôler, même ce qui ne leur appartient pas de contrôler. Le risque est dans la Vie, homme pâle. Vouloir l’éradiquer est pure folie, surtout quand nous ne pouvons pas le toucher.

Comme pour illustrer ses propos, il avait levé la main pour la refermer dans les airs, comme s’il se saisissait de l’invisible. Lentement, il abaissa la main, le sourire toujours présent, le regard nous toisant toujours :

— Le monde des esprits ne nous appartient pas. Nous pouvons purifier par les connaissances de nos chamans mais pas éradiquer. Ce qui vous arrive n’est peut-être pas l’œuvre du Mal... mais celui du bien.

— Des enfants souffrent et meurs...

Albert l’avait précisé précipitamment et un peu durement. Je pouvais ressentir qu’il marquait un désaccord profond avec le chef : il n’y avait rien de bon à voir de enfants mourir mais il y avait plus que ça... il avait senti le corps de Connor se contracter à côté du sien, il avait voulu parler le plus rapidement possible afin que son frère ne le fasse pas. Connor était sans doute le plus perspicace mais Albert était le plus diplomate. L’affront que venait de proférer le Chef ne passerait pas auprès de son aîné, mais il ne devait pas lui permettre de l’exprimer comme il le souhaitait. Des vies étaient en jeu, les leurs dans un premier temps mais tout ce qui composait l’écosystème géopolitique environnant également. Pourtant, Metacomet ne reculait pas, affirmait même sa position, avec la même tranquillité que celle qui l’avait caractérisé jusqu’alors :

— Oui... chez nous aussi les enfants meurent. Pas sous les coups du sort qui vous frappe mais sous les coups des armes de vous autres visages pâles. La Terre sur laquelle vous êtes tente peut-être de vous enseigner quelque chose... nous ne sommes pas les seuls à croire aux forces de la Nature... elle y croit aussi.

J’avais eu un léger mouvement de recul, ma surprise transparaissait. C’était étrange comme sentiment. Il n’avait pas appuyé sur le “elle”, avait parlé simplement, mais à l’instant où le pronom avait été prononcé, j’avais su de qui il parlait, tout comme Albert et sans aucun doute Connor. Abasourdi, je bredouillais :

— Pandora est venue ici ?!

— Votre amie a souhaité s’entretenir avec nous, tout comme vous aujourd’hui, en effet.

— Et... que vous a-t-elle dit ?

— Oh... il est très impoli de demander le motif des conversations des autres, n’est-ce pas le cas dans votre culture ?

— Ahem... si...

Albert était embarrassé.

— Mais disons... que ça pourrait être important.

— Votre conversation aussi semble importante, pourtant nous n’irions pas la dévoiler à autrui s’il venait à s’aventurer jusqu’ici...

— Mais nous n’avons rien à cacher !

— Elle non plus.

Il avait souri, le visage fermé, me prouvant que je n’aurai pas l’occasion d’en savoir plus. Connor sembla s’activer à côté de moi, prêt à en découdre, mais le Chef le prit de vitesse :

— Tallulah, ou Tituba comme vous autres l’avez ignoblement renommée n’a rien fait à ses petites filles ni aux restes de vos enfants et de leurs parents visages pâles. Elle n’a fait que leur transmettre nos rites, en espérant peut-être ouvrir les petites filles à notre culture. Jamais ce rite n’a causé le moindre tort à quiconque, c’est un moment de connexion avec la Nature, avec les Esprits l’ayant déjà rejoint et ceux encore sur cette Terre.

— Si nos rites nous permettaient de faire ce dont vous avez accusé Tallulah, vous seriez déjà tous MORTS.

Le jeune homme à la droite du Chef avait de nouveau parlé et il semblait plus amère que jamais. Le dernier mot était sorti de sa bouche comme un crachat et il avait esquissé un mouvement pour se relever, sans doute venir à notre rencontre. D’un même geste, le Chef et Connor avaient agi. Le Chef, pour retenir le jeune homme de se lever, Connor pour me protéger et se préparer à la bataille. Pendant quelques secondes, tout le monde se toisa dans une ambiance à couper au couteau. Je réalisais seulement lorsque le Chef reprit la parole, faisant redescendre la pression, que j’avais cessé de respirer durant ce moment de tension.

— Pardonnez notre jeunesse... seule la Sagesse sait qu’une main tendue vaut mieux qu’une main fendant l’air... mais pourtant il dit bien vrai. Nombre d’entre nous abhorrent les visages pâles. Si nos rites nous permettaient de telles prouesses, alors il y aurait bien eu d’autres cas. Je vous donne ma parole de Chef que Tallulah n’était pas une sorcière comme vous l’entendez...

— Alors pourquoi les petites filles l’ont-elles accusée ?

Comme surpris de ma candeur, le chef avait eu un regard tendre et un sourire pour moi :

— Ne vous ai-je pas dit que la Jeunesse ne comprend pas encore le pouvoir de la main tendue ? Les petites ont mélangé... peut-être ont-elles étaient aidées ? Après tout, Tallulah n’a-t-elle pas elle-même avoué avant de se rétracter ?

Il y avait eu un silence, je réfléchissais. C’était vrai, Tallulah avait parlé sous la contrainte, peut-être les enfants avaient-elle eu aussi une certaine contrainte ? Je n’avais pas vécu ce moment mais je sentais qu’Albert avait une confirmation plus forte que moi à ce sujet : son frère lui avait raconté de l’entretien qu’il avait eu avec Abigail, la façon dont le Révérend avait suivi l’audition et s’était comporté... il n’était pas à exclure qu’elle ait pu être effectivement intimidée ou influencée dans son choix. Le Chef voyant que je commençais à comprendre, il reprit avec douceur :

— N’a-t-elle d’ailleurs pas accusée elle-même d’autres personnes de sorcellerie ?

C’était vrai... alors qu’elle savait que c’était faux, pour elle, sans doute pour les autres aussi. Pour l’instant, cela avait été un non-lieu, la parole d’une indienne n’ayant que peu de valeur. Mais si cela venait à se reproduire ? Je sentis alors le corps d’Albert se glacer d’effroi à mesure qu’il arrivait à cette conclusion.

— Je pense que vous avez tous les éléments qu’il vous faut, je ne vous retiens pas.

C’était la fin de l’entretien, cela ne faisait aucun doute. Tout le monde autour du Chef s’était levé pour nous inviter à partir, à contre-cœur, nous nous étions donc levés. Albert avait pris le temps de bien mettre les formes dans les remerciements et dans l’énorme potentiel qu’avait eu cette hospitalité, Connor avait lui-même bredouillé un court remerciement et nous nous étions remis en route. Les frères avaient été profondément silencieux sur le retour, Albert parce que je le sentais perdu dans ses pensées, Connor sans doute parce qu’il n’était pas à l’aise. Je le voyais regarder autour de nous avec une certaine discrétion mais l’oreille aux aguets. Il pensait peut-être que les Indiens suivaient notre progression de retour et ne souhaitait rien leur dévoiler de compromettant. Ma théorie se révéla juste lorsque nous arrivâmes aux frontières de notre village. Il s’arrêta brusquement pour ouvrir la bouge, prêt à dire quelque chose mais au même moment nous entendîmes un hurlement qui me déchira l’âme :

— CONNOR !!!!

Melinda apparu dans notre champ de vision : elle se ruait sur nous, courant de manière désorganisé, le visage en proie à la panique, la respiration courte. Elle se jeta dans les bras de son mari et je remarquais alors qu’elle pleurait de manière incontrôlable.

— Il faut que tu viennes, pitié ! C’est... C’est Mary !

Il n’en avait pas fallu plus. Je me doutais que cette annonce n’avait sans doute rien éveillé en Erwin, lui-même peu enclin à se battre pour son fils, comme j’avais pu l’observer avec l’assaillant de notre fils. Mais pour Connor, c’était une tout autre affaire. A peine avait-il entendu le nom de sa fille qu’il avait repoussé sa femme, se mettant à courir comme un dératé en direction de sa maison, Melinda sur les talons. Il me planta là, pantois avant qu’Albert décide que ce soit suffisamment grave pour se mettre à courir à son tour. Arrivé devant la maison, j’ignorais si c’était le plus jeune des deux frères ou la mère que j’étais qui réagit le plus violemment mais ce que j’aperçu me sidéra. Je me senti reculer jusqu’à ce que mon dos heurte un des murs, la main sur la bouche, tandis que Connor se jetait à genoux à côté de sa fille, allongée au sol. La petite convulsait, pâle comme la mort, bavant à gros bouillons, ses frères tentaient de la calmer en la maintenant au sol, chacun par un bras tout en pleurant. Melinda s’effondra à côté du reste de sa famille tandis que Connor tentait de maintenir la tête de sa fille, tout en hurlant son prénom au désespoir, comme si cela pouvait arranger les choses. Il tourna alors un regard féroce vers moi, à la limite de la folie tandis qu’il beuglait :

— FAIS QUELQUE CHOSE !!!! VITE !!!!

Alors sans vraiment savoir ce que j’étais censé faire, je m’élançais dans la nuit dans le village, à la recherche de la Providence.

Changement de décor, initialisation en cours. Même si cela devient habituel et que ça me donne moins la nausée qu’auparavant, en cet instant j’ai envie de jurer. D’hurler. Peut-être même que mon corps à réagit pour moi, de cette frustration que je subis à ne pas voir la suite, à ne pas agir, comme si j’avais pu la sauver, comme si je pouvais changer le passé. Russel avait dû le sentir ou le voir sur ses capteurs, puisqu’il avait décidé de reprendre la parole à cet instant :

— Tu t’en sors bien la miss ! Reste calme, n’oublie pas que le passé est le passé, c’est qu’une simulation, tu peux rien pour eux. Je me suis permis de changer de lieu maintenant parce que je sentais que ton cœur était en train de s’emballer et pour être honnête, on a ce qu’il nous faut de ce côté. Je vais te balancer un peu plus tard. On était en Avril, vous passez en Août. Les procès se sont bien multipliés, comme le craignais Albert. Il continue à défendre toutes ces femmes et s’épuise à la tâche. Nous savons plus ou moins déjà ce qu’il se passe dans cette séquence par les écris que nous avons pu trouver, mais je pense qu’il serait intéressant que tu le vives quand même.

C’était sans aucun doute la chose la plus bizarre que j’avais eu alors à vivre. J'étais seule. Je reconnaissais le lieu, j’étais dans l’office de droit d’Albert. J’avais eu un court instant pour me demander ce qui arrivait à Erwin et Isaac pendant cette séquence. En vivaient-ils une autre ? Attendaient-ils dans le noir et le silence comme s’ils étaient dans un purgatoire ? Voyaient-ils ce que je voyais comme des fantômes ? Avant même que mon cerveau ne finisse de formuler la dernière question un flot de pensées étrangères m’avaient atteinte. Si présentes et si puissantes que je m'y abandonnais tout entière pour éviter de risquer une migraine monstrueuse... ou pire. Albert était en train de relire de ce que j’en voyais différents dossiers des affaires. Je percevais que certaines étaient déjà closes, d’autres encore en cours, certaines de ces femmes étaient déjà mortes, d’autres avaient encore un espoir de voir le jeune Evans les libérer de leur triste sort. Je ressentais toute la pression sur les épaules du cadet mais je sentais aussi sa détermination. Il était certain qu’il y avait une autre explication possible, que si tel n’était pas le cas, alors Pandora aurait pu le sentir ou même les aider. Il n’essayait même plus d’en parler avec son frère. Connor n’était plus lui-même depuis que Mary était tombée malade. Les rares fois où Albert parlait de Pandora, il pouvait voir son aîné s’énerver jusqu’à en devenir violent. Il la portait pour responsable, cette idée s’insinuait dans son esprit comme du poison dans les veines, le juriste pouvait le voir, mais il ne pouvait pas lui en tenir rigueur. Le policier était démuni et malheureux... ces sentiments pouvaient parfois pousser à l’irraisonné.

Alors le cadet se battait seul, il était persuadé que la preuve était juste là, sous ses yeux et qu’à la mesure où il la verrait, alors le monde entier s’en porterait mieux. Il sauverait ces femmes, un antidote serait trouvé pour Mary et tous les autres enfants et parents, Pandora serait innocentée et son frère serait heureux à nouveau, soulagé de tous ses poids. Albert relisait alors les différents témoignages, les dépositions des accusées qui se juraient innocente, celui des petites filles qui étaient à l’origine de tous ces procès. Pourquoi elles plutôt que d’autres ? Nombreux avaient été les enfants qui avaient été touchées, mais seules Abigail, Betty et Ann semblaient détenir tous les secrets. Pour Tituba, même si Albert continuait à la savoir innocente, cela avait eu une certaine logique contre laquelle il ne pouvait revenir : les petites étaient avec elles quand elle avait réalisé son rite. Mais les autres ? Aucune autre femme n’avait pratiqué de rite en présente des petites filles et aucun autre enfant n’avait confirmé leurs dires...

— Parce qu’ils sont incapables de parler !

Une Evidence avec un grand “E” majuscule ne venait pourtant de le frapper qu’à l’instant. Cherchant fébrilement dans ses feuillets, il avait repris les notes du médecin qui avait été chargés d’ausculter les enfants. Tous étaient si malades et si faibles qu’ils se muraient dans le silence. Ceux qui faisait encore porter leur voix avaient des paroles incompréhensibles et bien plus souvent des hurlements terrifiants que tout mot pouvant être utiles aux adultes. Et pourtant, Abigail, Ann et Betty avaient subi le même mal que les autres mais elles en revenaient à chaque fois pour témoigner.

J’avais senti les sourcils d’Albert se froncer tandis qu’il suivait sur sa feuille avec son doigt la description de la mousse qui sortait de la bouche des enfants. Quelque chose de blanc et d’épais, de visqueux, mélangé à une bave épaisse dont quelques petites bulles s’échappaient, là où la bave retrouvée sur les trois fillettes moussait beaucoup, avec beaucoup de bulles, formant un liquide aérien qui ressemblait à...

— ... de la mousse de savon !

C’était écrit là, noir sur blanc, mais tout le monde avaient pris ces mots pour ce qu’ils étaient, comme ils avaient été utilisés : un simple comparatif pour que toute personne qui lirait ses archives puisses s’imaginer la chose. A présent, il semblait bien plus évident que le médecin, sans le savoir, décrivait réellement ce que c’était : des bulles de savon savamment placées aux commissures des lèvres des petites. On pouvait aussi lire que lorsque les enfants se mettaient à baver, ils ne s’arrêtaient plus de le faire jusqu’à leur mort, c’était un stade plutôt avancé de leur mal et je sentis le cœur d’Albert se serrer dans sa poitrine à la lecture de ces mots : Mary bavait à présent depuis plusieurs jours sinon semaines. Pourtant les dénonçeuses bavaient de façon périodique, recouvrant miraculeusement la santé avant de baver à nouveau. Leur poids restait stable également. Et il en venait à présent à toutes ces femmes accusées. C’était tellement plus difficile pour moi à tenir car il ne s’appuyait plus tellement sur des faits papiers mais sur des choses qu’il savait, des connaissances acquises durant ses années de vie dans ce village. Les femmes qui étaient accusées avaient toutes de prêt ou de loin offensé ce qu’on appelait “le clan Parrish” entre citoyen, les Parrish et leurs amis qui avaient le pouvoir de faire la pluie et le beau temps sur le village. Toutes les personnes qui avaient tenté d’assombrir leur moment de pouvoirs étaient tous de près ou de loin relié à au moins une des accusées... Il ne restait qu’une conclusion possible et celle-ci était en train de choquer profondément Albert :

— C’est... un coup monté.

Il en avait la certitude. Le mal des enfants du village était réel tout comme celui des adultes atteints mais les Parrish utilisaient les 3 petites comme instrument de leur machination. Ils se servaient du malheur et de la peur des gens pour faire disparaître tous ceux qui étaient contre eux et asseoir un peu plus leur pouvoir “divin” sur le reste de la population. C’était pour cela que Tituba avait été la première, sans doute pour la punir de ses origines et envoyer un message fort aux indigènes qui avaient renforcé l’état de siège juste avant les premiers actes de sorcellerie. C’était pour cela aussi qu’elle avait fini par accuser d’autres femmes avant qu’elle ne soit définitivement puni : Parrish lui avait rendu visite dans les derniers instants de son procès. Il lui avait sans doute promis que si elle s’avouait coupable et qu’elle désignait d’autres femmes, elle aurait la vie sauve. Mais les hommes de Dieu sont parfois bien moins sains que les paroles qu’ils prêchent et il l’avait laissé à son triste sort. Albert était écœuré, littéralement, je sentais une nausée monter en lui tandis qu’il se reculait dans son fauteuil, impuissant. Même s’il tenait une piste et même s’il parvenait à la démontrer, qui serait là pour l’écouter, plus que le Révérend Parrish ? Il n’était qu’Albert Evans, un petit juriste chétif, homme gentil avec les enfants mais peu virile, incapable d’engrosser une nouvelle fois sa femme. Il les entendait les quolibets, savait qu’il n’était pas populaire, on le prenait pour un inventif, un original et sa côte de popularité n’avait fait que baisser depuis qu’il défendait les sorcières... S’il allait au combat, qu’est-ce qui lui affirmait que la prochaine sorcière qu’il défendrait sur sa liste n’était pas sa propre femme ? Pouvait-il vraiment courir ce risque ? Assurément pas seul. Il fallait quelqu’un d’au moins aussi populaire que Parrish pour rallier des gens à leur cause... et cette personne... il était famille avec elle.

D'un seul geste, Albert s’était redressé sur son siège, comme suspendu au milieu du Temps en même temps qu’il l’était dans sa réflexion. Devait-il vraiment mêler Connor à cela ? Il avait déjà suffisamment de choses terribles à gérer. Pourtant, s’ils parvenaient tous les deux à prouver que tout cela n’était qu’une machination, alors peut-être que les scientifiques de ce monde et les médecins de ce village tenteraient de trouver une solution avec un peu plus de sérieux. Personne ne voulait tenter de trouver un remède à la magie, la médecine n’avait pas ces compétences... mais elle en avait face à une maladie. Ils pourraient sauver tout le monde. Ils pourraient sauver Mary. D’un seul bond, il s’était levé, rassemblant à la va-vite tous les dossiers qu’il avait étalé sur son bureau et il s’était précipité dehors avec ses papiers sous le bras, courant dans la moiteur du soir d’Août en direction de la maison de son frère. Les derniers rayons du soleil étaient encore présent, cela lui permettait de bien voire où il allait...

Et cela lui permit aussi de voir parfaitement le visage de son frère lorsqu’il lui ouvrit la porte. Ses yeux étaient si bouffis qu’ils n’étaient plus que deux fentes, ses larmes se mélangeaient à sa morve dans sa barbe, il ne semblait plus capable de tenir sur ses jambes, peut-être que c’est ce qui le poussa à s’effondrer de tout son poids dans les bras de son frère. Je sentais le corps d’Albert vaciller et lutter pour trouver l’équilibre et la force de les soutenir tous les deux. C’est alors que son regard se dirigea derrière Connor, à l’intérieur de la maison et que je vis l’inévitable. Les deux enfants et la mère autour du petit lit, inconsolable et l’enfant, immobile et pâle comme la mort. Elle semblait si apaisée à présent qu’elle ne convulsait plus. Il n’y avait plus respiration difficile, il n’y avait d’ailleurs plus de respiration du tout. Aussi certainement qu’Albert su en cet instant que rien ne pourrait plus jamais sauver Salem, j’eu ma réponse à une de mes questions qui avait démarré cette séquence : pendant que je trouvais des preuves, Erwin et Isaac pleuraient la mort de Mary.



[/color]
http://www.ouat-storybrooke-rpg.com/t19802-n-oublie-pas-qui-tu-e http://www.ouat-storybrooke-rpg.com/t20958-once-upon-a-time-alexis-stories


Contenu sponsorisé




"I put a spell on you" - Alexis & Erwin - Page 2 _



________________________________________

 Page 2 sur 2
Aller à la page : Précédent  1, 2

"I put a spell on you" - Alexis & Erwin





Disney Asylum Rpg :: ➸ Monde des Contes et Monde Réel :: ✐ Le monde réel :: ➹ Amérique



Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser