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 A la poursuite de l'Ile au Trésor... Alexis & Erwin

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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


Alexis E. Child

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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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________________________________________ 2022-01-09, 23:32 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




A la poursuite de l'Île au Trésor


Comme à chaque fois que nous subissions un désaccord, Erwin n’avait pas flanché ou chercher à fuir la discussion. Il s’était imposé, la tête haute, prêt à en découdre de ses propres convictions, même dans le cas où il se trouvait misérable, comme là, couvert de son sang et blessé par un ultime affront. C’était quelque chose que j’aimais chez lui. Si je désapprouvais bien souvent sa façon de penser, j’avais toujours détesté la mauvaise fois où ceux qui fuyaient le dialogue dès que celui-ci se trouvait proche d’un affrontement. Une communication entre deux être n’était pas toujours sans heurts, c’était aussi ça qui faisait tout le sel et la beauté de la communication à mon sens, même si je pouvais y être blessée ou énervée. C’était une façon pour moi de voir et de comprendre à quel point nous pouvions tous être différents et que c’était quand nos unicités s’entrechoquaient qu’il pouvait se trouver un moment magique, une communion ou excommunions qui nous permettait de savoir d’autant plus où était notre place. Je connaissais pourtant bien plus de personnes qui fuyait la discussion, qui se fuyaient eux-mêmes en refusant d’affirmer et de confronter leur point de vue mais Erwin ne faisait pas partie de ces gens. Peut-être que c’était son orgueil qui lui donnait ce courage, peut-être étais-je moi-même orgueilleuse pour pouvoir m’affirmer dans de tels moment sans chercher à fuir mais une chose était certaine, c’était qu’à chaque fois, j’avais l’impression que nous avancions. Dans la même direction ou dans des directions opposées mais toujours dans le même but : se comprendre.

Il m’avait donc répondu posément, expliquant ce qui semblait m’échapper sans détour, avec une franchise qui ne se voulait pas recouverte du velours qu’il gratifiait nombre de personnes pour paraître plus aimable, sympathique et faire passer plus facilement son idée. Ma mâchoire s’était crispée malgré moi lorsque j’avais entendu sa première raison. L'appartenance de notre fils. C'était quelque chose que j’avais déjà remarqué à plusieurs reprises auprès de lui, la façon désarmante avec laquelle il s’arrogeait propriétaire de bien des choses et des êtres. Parfois, j’avais moi-même l’impression de ne faire partie que de ses biens, ses possessions ou ses “trésors”, surnom plutôt à propos quand on décelait cette partie-là de lui. C’était bien sûr quelque chose que je détestais, que j’aimais combattre dès que cela m’était possible de le faire. Je le lui avais déjà fait remarquer lors des visites de ma future maison que je n’estimais pas lui appartenir mais j’avais bien vu qu’il avait balayé mon point de vue d’un revers de main. La plupart du temps, je me fichais qu’il puisse le penser car Erwin me laissait tout de même toute la liberté que je méritais. Je ne me sentais pas épiée, obligée d’être d’une certaine façon ou d’être constamment à sa disposition. J’allais et venais au gré de mes désirs, il me demandait toujours mon avis ou mon emploi du temps avant d’organiser quelque chose pour nous et de ce fait, j’avais l’impression que la possession ne vivait que dans sa tête sans jamais vraiment en sortir. Je savais que si un jour, je devais être amené à ne plus être avec lui, ce que je n’espérai pas, je saurai lui démontrer qu’il avait tort. Pour Isaac en revanche, c’était bien différent.

Je l’avais su à la seconde où j’avais compris ma grossesse et cela s’était accentué dans cette cuisine lorsque je le lui avais annoncé : c’était SON fils. De toutes les façons possibles. Qu’il le veuille ou non, c’était pourtant le cas. Que je le veuille ou non aussi d’ailleurs. Il avait beau ne pas avoir la fibre paternelle et aucune envie de le couvrir de cet amour qu’il ne semblait pas comprendre, son côté possessif n’en était qu’exacerber et je ne pouvais vraiment le contrer. Qu’il décide d’être pleinement présent pour lui ou non, je ne pouvais nier qu’il serait toujours “à lui” d’une certaine façon : il avait la moitié de ses gênes, il venait de son engeance et je savais que pour quelqu’un qui pensait tout posséder, cet enfant était une possession bien plus forte que personne d’autre alors. Est-ce que ça m’effrayait ? Par moment, spécialement quand il était ainsi. Au fond de moi, je savais que mon fils n’appartenait à personne, pas même à moi, qu’il était une personne à part entière, faite de ses sentiments, ses envies, ses souvenirs, ses peurs et ses malheurs. Mais si une personne “normale” avait déjà des difficultés à comprendre que son enfant ne lui appartenait pas dans ses choix, qu’en serait-il d’Erwin ? Il souhaitait le posséder pour de mauvaises raisons, pour asseoir contrôle et pouvoir et voyant comment son lui Futur avait déjà agi une première fois, je ne pouvais que me battre contre cette idée.

La suite m’avait laissé encore plus silencieuse parce que je ne savais pas comment réagir à l’encontre de la nouvelle. Il avait décidé de le garder pour moi. Pas comme un chiot qu’on offre dans un joli papier emballé à Noël mais parce que je lui avais laissé le choix de le refuser et de mettre un terme à ce que nous étions, ce qu’il avait refusé. Il n’avait pas envie de me perdre et il était vrai que dans cette idée, celle de passer à côté de son fils chaque jour comme un étranger aurait été grotesque, sans doute insurmontable à ma santé mentale même si ça faisait partie des choix que je lui accordais par peur de le perdre parce que moi aussi je n’en avais aucune envie. Mais c’était la première fois qu’il l’avouait aussi crûment, avec une telle sincérité. S’il m’avait déjà montré à maintes reprises le désir qu’il pouvait avoir pour moins, les moments de bonheur qu’il ressentait lorsque nous étions ensemble, il n’avait jamais vraiment avoué à mes yeux que je pouvais compter. Je m’en étais certes un peu douté, car on ne restait sans doute pas presque un an avec une personne dont on se fichait éperdument mais de là à envisager que l’idée de me perdre avait été moins acceptable que le fait d’accepter une paternité était pour moi une véritable surprise. Une surprise sur laquelle j’avais tâché de ne pas trop réagir, beaucoup trop en colère et dégoûtée de ce que je comprenais alors pour me réjouir du sens de ses phrases. Je m’étais contenté d’humidifier mes lèvres pincées en y passant ma langue rapidement, détournant le regard, les mains sur les hanches. Je me contentais de l’entendre m’expliquer ses raisons, tâchant de ne pas y mettre trop d’affect, d’enregistrer uniquement ses raisons pour les digérer de mon côté, bien plus tard, quand je serai seule. Il parlait d’un cadeau, d’un sacrifice que j’avais fait et je ne l’avais pas senti ainsi. Je m’étais contenté, selon moi, de tenter de trouver le meilleur terrain d’entente pour nous, en fonction de nos désirs et de nos peurs mutuelles mais si cela avait voulu dire plus pour lui, alors je ne pouvais que m’en réjouir.

Quant aux confidences... j’avais senti mon cœur battre un peu plus fort, de stress à n’en pas douter, lorsqu’il m’avait avoué que ce que j’entrevoyais de lui était parfois en deçà de la réalité. Il m’arrivait pourtant d’avoir une image peu glorieuse de ce qu’il était, en témoignait mes précédentes pensées et pourtant il était capable d’évaluer que je continuais à me fourvoyer. Pouvais-je prendre cela comme un aveu ? Le méchant de son histoire... plus j’y pensais et plus je ne pouvais pas revenir sur cette pensée, c’était évident à présent qu’il ne pouvait être autre chose mais à quel point avait-il était mauvais ? Était-il bien pire que ce que je m’imaginais. Il se disait aussi parfois en deçà de ce que j’imaginais, que je pouvais exagérer, n’était-ce pas finalement une bonne nouvelle ? Ne devais-je pas plus me concentrer sur cette partie ? Car après tout, il y avait peut-être du bon à trop dramatiser, l’homme se révélait sans aucun doute meilleur que je ne le voyais... Et voilà que je ne savais plus où j’en étais car finalement, je réalisais à quel point il avait raison sur certains de ses mots. Moi aussi je cachais des choses, se pouvait-il qu’il me voie en deçà de ce que j’étais ? On avait toujours pris les cavaliers pour des mauvais, de dangereux personnages qu’il fallait arrêter à tout prix et j’avais longuement cru que c’était mon rôle. Lui n’avait sans doute qu’une très vague idée de tout cela mais se pouvait-il qu’il me figure du côté des gentils ? Je pouvais le percevoir dans sa façon de me cerner par moment, mais pouvait-il alors ne serait-ce qu’imaginer que je ferai bien pire un jour ? Pouvais-je lui en vouloir de continuer à me cacher des choses alors que je faisais la même chose ? Bien sûr, ce n’était pas le propos de ma colère actuelle, mais cela me ramenait aussi à ce que j’avais commencé à lui dire. Il disait attendre le bon moment... lui avouer tout cela n’était peut-être pas le bon moment, ni pour lui, ni pour moi, parce que je ne savais pas encore ce que renfermait cet océan de secrets qu’il gardait avec lui et que l’onde de choc que je pouvais créer risquait aussi de me faire faire une bêtise. Hyperion m’avait dit de le préciser avec parcimonie et avec confiance, se pouvait-il qu’Erwin ne méritât pas la confiance que je lui offrais petit à petit ? J'’avais relevé les yeux vers lui, il était désormais assez proche de moi bien que toujours à distance respectueuse. Je le voyais avec son air convaincu, son visage défait par les blessures et le sang. Réduire l’influence de ce qui ne pouvait pas être dit tout de suite... nous devions sortir d’ici, restés concentrés... j’avais alors dégluti, la gorge sèche, tout en hochant la tête d’un air entendu, bien que rigide. Humidifiant une nouvelle fois mes lèvres, je me détournais de lui et de son regard tout en précisant :

— Nous devrions nous préparer, si nous sommes en retard, cela va paraître louche. Je passe à la salle de bain, si tu as besoin de te désinfecter, tu peux entrer, je suppose qu’il y a une trousse à pharmacie par là.

J’avais pourtant refermé la porte de la salle de bain derrière moi. Pas par envie de me moquer mais plus pour lui faire comprendre que j’avais besoin d’un moment seul, celui au moins de me déshabiller et de passer sous l’eau chaude pour détendre mes muscles. Je ne l’avais pas verrouillée, il pouvait entrer par la suite, cela ne me dérangeait pas, il ne fallait que quelques minutes de répits. J’avais bien pris soin de garder la prothèse, ignorant si elle passait sous l’eau ou non mais il sembla que oui. Lavant mes cheveux et tout mon être, j’avais pris cette onde de chaleur comme une bénédiction. Est-ce qu’Erwin était passé dans la salle de bain, je n’en avais eu aucune idée, bien trop perdue dans mes pensées et ma colère pour tenter de m’en soucier ou d’entendre quelque chose. Une fois lavée, je m’étais maquillée rapidement, constatant qu’il n’y avait pas grand-chose dans mon arsenal de maquillage hormis des teintes nude ou de quoi faire un smoky, sans aucun doute reliés aux soirs de gala, comme ce soir. J’avais orné mes lèvres d’un Bordeau lumineux quoique soutenu et avait récupéré une robe qui me semblait faite pour ce genre de soirée. Elle restait sobre de par sa couleur noire bien que festive par les touches de doré. Je revoyais le côté militaire et rigide par les épaulettes prononcées ainsi que par la forme de la coupe qui laissait percevoir mon corps tout en prenant garde d’en gommer toute sensualité. Je m’étais alors retournée, entendant Erwin sortir de la salle de bain après sa douche, déjà changé d’un costume plus sobre que le précédent, mais s’alliant de fait parfaitement à ma tenue. Une fois de plus, il déclama deux trois phrases qui ne venait clairement pas de lui et bien que plus calme, j’avais gardé le silence, prenant son bras, comme il me l’était sans aucun doute demandé. Je m’étais dirigée vers la porte, posant ma main sur la poignée mais stoppant mon geste pour l’observer :

— Le mieux est de rester concentré sur ce que nous avons à faire pour ce soir, pour le reste... nous verrons quand nous serons sortis de là...

Je n’avais pas spécialement attendu de sa part plus que le premier hochement de tête que j’avais vu, coupant toute tentative de parole en ouvrant alors la porte pour nous inviter à plonger dans le couloir et dans ce monde démoniaque...
Et le démon n’avait pas pris bien longtemps avant de sortir de sa tanière... Aussitôt sortis, Ursule s’était élancée à notre rencontre avec une hâte et surtout une bienveillance qui ne lui était pas habituelle. Ma gorge s’était immédiatement nouée, comme pour me prévenir d’un danger que je ne comprenais pourtant pas. Il avait accroché au cou de son père une écharpe de soie magnifique que je semblais avoir un jour offerte à Erwin, suscitant la jalousie de mon deuxième enfant ce qui eût le don de me faire grincer des dents encore plus fortement que la première fois. Quant à l’allusion de son anniversaire, mon cœur avait tout simplement loupé un battement. J'avais l’impression d’être plongé dans un énorme traquenard tant les sous-entendus étaient à peine dissimulés. Ursule voulait la couronne, à n’en pas douter une seconde, mais pourquoi alors se concentrer sur Erwin à ce point ? C’était moi qui la portais sur ma tête, s’acharner autant sur lui n’avait absolument aucun sens. Le gamin me donnait l’impression de vouloir prendre sa place, ce qui n’était pas étonnant si on considérait que cela était ce qu’Erwin semblait imaginer de toute engeance qu’il pouvait faire mais pourquoi alors ce monde ne l’avait-il tout simplement pas sacré roi de l’univers pour aller avec la suite de ce cauchemar ? J’avais observé la joute verbale se tenir entre les deux, me donnant presque le tournis tant les sous-entendus et les faux semblants fusaient quand Erwin pouvait se le permettre. Le reste du temps, j’avais juste l’impression de voir la version la plus désagréable de lui, celle qu’il n’était jamais en ma compagnie mais que par nos conversations, je doutais de moins en moins qu’il puisse être capable de l’être. J'avais ouvert la bouche pour accorder une trêve à cette lutte acharnée mais mon “mari” avait su trouver les mots parfaits pour parvenir à ses fins avant que je n’intervienne et je devais avouer que même si j’avais bien pris garde à ne pas croiser son regard et observer bien loin devant moi en marchant, je n’avais pas empêché un sourire de satisfaction poindre sur mes lèvres de voir cette petite ordure ramenée à la place qu’il chérissait quitter.

Comme dans un geste de réconfort, j’avais senti sa main soulever la mienne en direction de ses lèvres et je l’avais laissé faire. Si j’avais hoché la tête d’un air un peu rigide sous l’effet du stress à sa première promesse, sa façon de me mettre en garde m’avait plutôt fait tourner la tête franchement vers lui, mes yeux sondant les siens. C’était comme s’il avait répondu à mon questionnement interne sans même s’en rendre compte. Lui aussi semblait penser qu’Ursule pouvait s’en prendre à moi, et qu’il était en tout cas le plus dangereux des deux puisque Gaspard semblait être sorti de l’équation par sa phrase. Dans la mesure où Ursule semblait être parfaitement en adéquation avec ce que pouvait imaginer Erwin de son engeance et des peurs qu’elle engendrait, il m’était encore plus facile de penser qu’effectivement, Erwin avait plus visé la couronne qu’il me l’avait dit mais le fait qu’il puisse m’affirmer avec certitude que le gamin était dangereux me poussait à me poser encore plus fortement une question pourtant bien présente dans ma tête : jusqu’où avait-il été capable d’aller pour atteindre son but ? Mais ce n’était plus tant le moment d’y penser, déjà alors nous étions prêts des grandes portes qu’Ursule avait demandé d’ouvrir avec un ton impérieux qui me rappelait alors Erwin, dans ce futur que nous avions vu.

— Nous ne chuterons pas, ma souveraine. Ce soir, nous allons les éblouir.

Une fois de plus j’avais hoché la tête avec une légère rigidité, tentant tout de même un sourire en sa direction. Oui. Que je le veuille ou non, ce soir, ils auraient tous les yeux rivés sur nous et nous allions les éblouir. Au moment où les premiers avaient détourné leurs regards d’Ursule pour se plonger dans notre observation, j’avais senti un mal étrange me prendre au ventre, celui qui me disait de m’enfuir à toutes jambes. J’avais l’impression d’être mise à nue, que tout le monde pouvait voir qui j’étais alors que je ne le désirais pas. Le souvenir de ce soir dans la salle de bal me revint alors en mémoire avec la même pression et brusquement, une scène venue de plus loin, avec plus de tension, celle où mon père avait annoncé à ses équipes mon arrivée à la Maison Blanche. Je revoyais l‘éclat de ses yeux, la surprise dans ceux des autres, la curiosité aussi tout en me dévisageant de haut en bas et le regard glacial et impassible de Sophia qui m’avait instantanément rappelé que ma place n’était pas là...

— Mère, vous êtes belle à ravir !

J’avais presque eu un sursaut en l’entendant et en le sentant envahir mon espace vital, tandis que je clignais des yeux pour m’ancrer de nouveau dans le moment. La révérence de Gaspard était soignée, travaillée et il se mouvait avec une grâce qui n’était non sans rappeler son père.

— Merci Gaspard, tu es très élégant aussi.

Je m’étais forcée à sourire. Ne pas le complimenter aurait sans doute paru étrange mais j’avais fait de mon mieux pour que le compliment n’outrepasse pas la stricte sphère de la politesse. Cela ne l’avait pourtant pas empêché de s’en gorger avec un sourire plutôt gourmand, ses yeux brillants plongés dans les miens.

— J’ai pris la liberté de t'amener une coupe, j'ai pensé que nous pourrions trinquer à la santé de Mère...

C’était sans aucun doute la première fois que j’étais si soulagée d’entendre Ursule à nos côtés, profitant de ses mots pour me détourner de Gaspard. Mes yeux s’étaient alors posés sur les deux hommes qui se faisaient face avec une certaine tension qui en devenait plutôt palpable. Là où je voyais de l’excitation malsaine chez Ursule, Erwin semblait nettement plus tendu. Mon regard se fit happer par les deux verres que tenait l’un de mes fils dans ses mains et dont l’un était destiné à son père. Et en un instant je ne vis plus que la main d’Ursule, cette main fine, ornée de bagues... elle me ramena un instant à un souvenir flou que je ne parvenais pas à comprendre mais qui m’étais désagréable. Pourquoi cela me rappelait quelque chose ? Erwin portait également ce genre de bague mais ce n’était pas ça, ce n’était pas lui... c’était autre chose... quelque chose qui me prenait aux tripes et me donnait envie de fuir face au danger...

— Ma Souveraine Mère, me ferez-vous l’honneur de m’accorder votre première danse ?

— Deux secondes, je te prie.

Je n’avais pas vu son visage s’assombrir franchement, un éclat haineux tourné vers son père tandis que je portais tout mon attention sur la joute verbale qui se passait à côté de nous. J'avais réagi par instinct, en un instant, ne me souciant pas de comment le “vrai” Erwin pourrait le vivre. Lorsque sa mère s’était rapprochée dangereusement du verre malgré toute la lutte interne qu’il s’infligeait, ma main était venue claquer contre la sienne avec une force certaine, faisant raisonner le bruit entre nous, créant une légère rougeur sur celle-ci qui se colorait à vue d’œil. La tape eu pour effet de faire sursauter Ursule et faire se baisser la main d’Erwin. Il fallait expliquer maintenant. Gardant ma direction, j’avais ajouté d’un air sévère :

— Non. Tu ne boiras rien ce soir à moi que je t’y autorise expressément. A la vue de tes récentes folies, il semble clair que tu n’es apte à boire une goutte de quoi que ce soit, même tes propres fils ont vu ton trouble. Alors à présent reste tranquille et contente-toi de fêter leur anniversaire dignement, uniquement avec quelques paroles plutôt qu’avec des boissons ou de la nourriture.

J’avais plongé mon regard dans le sien, ne me détournant pas de mon air mécontent mais avec plus de force dans le regard, comme pour tenter de lui faire comprendre que je n’avais que tenter de lui venir en aide. Je ne doutais pas qu’il l’aie compris mais par cet échange, c’était aussi comme si je m’excusais de mon action et de mes mots, que je trouvais infantilisants et désobligeants. Mais si ce monde était fait pour mes désirs, alors c’était normalement la façon la plus sûre pour que le corps l’empêche de boire ou de manger... du moins je l’espérais.

— Mère ? Je pense qu’une danse vous ferez le plus grand bien et vous décompresser...

Gaspard venait de glisser sa main dans la mienne avec une douceur proche d’une sensualité qui m’avait donné envie de la retirer immédiatement. Pourtant, je n’en avais rien fait, me contentant de lui prendre la main comme à un petit garçon pour lui rappeler notre supposé lien et arrêter ses caresses sournoises. Avant de le suivre, mon regard s’était pourtant posé sur Ursule et mon cœur avait loupé un battement. Quelque chose clochait. Il aurait dû paraître terriblement embêté de mon ordre et si sa tête le laissait penser, son regard brillait de cette lueur vorace que je lui connaissais déjà, sournoise, comme si en réalité, rien de ce que je n’avais dit n’avait changé quelque chose à son plan. Déglutissant, j’avais relevé la tête vers Erwin mais Gaspard m’avait déjà emporté au loin, m’obligeant à tourner le regard vers lui. J’avais senti sa main gauche serrer plus fortement ma droite, comme pour nous ancrer l’un avec l’autre tandis que son autre main était venue se loger au milieu de mon dos, de façon adéquate pour tout garçon dansant avec sa mère. Je réalisais alors que plusieurs personnes avaient tourné les yeux vers nous, un sourire attendrit, me laissant le doute affreux de savoir si Gaspard avait bien agi uniquement à cause de ses regards. Puis l’orchestre s’était lancé dans une valse entraînante bien qu’empreinte qu’une grande mélancolie. J’avais l’impression de la connaître sans pourtant pouvoir remettre le doigt dessus et je m’étais laissée emportée par Gaspard qui dansait... aussi bien que le faisait son père si tant est qu’Erwin ai pu en être le père un jour. J’avais l’impression d’être de retour au milieu de nos danses où je ne pouvais que lui faire confiance tant sa dextérité dépassait la mienne et j’avais l’impression que le jeune homme me faisait tournoyer plus que de raison de façon volontaire.

— Ne vous en faîtes pas, je vous tiens, je ne vous lâcherai pas.

J’avais baissé le regard sur lui, surprise de l’entendre utiliser une phrase empruntée à Erwin. Il avait dû sentir mon état chancelant et tandis que je suivais la cadence, je tentais de rester digne et concentrée :

— Mais je n’en doute pas. Tu as toujours été à mes côtés de toute façon, n’est-ce pas ?

— Toujours, Mère...

Il en avait presque rosi de plaisir à me l’entendre dire tandis que je sentais sa main glisser sur mon dos petit à petit. La rattrapant au vol, je tentais de la remonter :

— Gaspard, ce n’est pas convenable... Je suis ta mère...

— Vous êtes bien plus que cela... et je ne suis plus un petit garçon.

Il l’avait dit avec une telle certitude, appuyant ses mots pas sa main qui avait glissée de plus belle, comme si tout ce qu’il disait avait du sens, était normal et que je n’avais aucun consentement à y donner.

— De toute façon, après ce soir, vous ne pourrez plus en douter. Nous serons ensemble, pour toujours, comme nous l’avons toujours été, vous et moi. QUE vous et moi... sans lui.

Il l’avait précisé avec un véritable dédain, une mine de dégoût sur ses lèvres, ses paroles me glaçant si fortement le sang que je sentais mon cœur remonter dans ma poitrine jusqu’à se loger dans ma gorge pour m’étouffer.

— Tu n’es pas très gentil avec ton père, il a toujours été là pour toi...

Il avait alors eu un ricanement des plus sombres et des plus cyniques tandis que sa main se logeait désormais bien franchement sur mes reins.

— Vous plaisantez ? Il n’a jamais été là pour moi. Il n’a jamais été présent. Il n’était là que pour VOUS. A faire ses allers et retours quand bon lui semblait juste pour le plaisir de vous voir ou... de plus...

— Je t’interdis de parler comme...

— C’était à peine s’il posait un regard sur moi et je m’en fichais. Parce que pour moi, il n’a jamais rien été qu’un parasite dans notre vie. C’était Nous avant tout. Vous et moi. Que nous deux. Toujours. Tout le temps et il brisait notre équilibre par son égoïsme.

J'avais détourné le regard pour l’observer dans la foule. Il n’était qu’une tâche floue tant nous dansions de façon soutenue mais j’avais pu le percevoir un instant. Rien n’avait de sens. Gaspard était le jumeau d’Ursule et ce dernier soutenait que son père avait toujours tout fait pour eux, je pouvais même en être sûr par les façons d’agir d’Erwin, son histoire ici, alors pourquoi diable le second précisait tout à fait le contraire ? De quels allers-retours pouvait-il parler ? Il en oubliait même son jumeau, il ne pouvait y avoir eu que nous deux. Nous étions à minima trois et je ne semblais pas être la plus à même d’élever deux enfants seuls dans ce monde. Sentant que mon regard était resté bien trop longtemps loin de lui, Gaspard avait donné une impulsion plus forte dans notre dernier visage, m’obligeant à l’observer de nouveau tandis que sa main droite au creux de mes reins se faisait plus impérieuse pour me coller à lui :

— Is... Gaspard arrête !

Je l’avais repoussé avec le plus de force que j’avais pu mais il avait tenu bond, ne desserrant que sa prise sur moi en réalisant que je l’avais appelé par un autre prénom, un prénom qui m’avait pris comme un électrochoc, de la même façon qu’il m’avait prise la première fois mais pour une raison radicalement différente. Ce n’était plus d’Erwin que j’avais peur. C’était de moi. Les quelques danseurs à nos côtés nous avaient observés un peu perplexe et j’avais passé ma main sur mes lèvres bouleversée, tandis que le jeune garçon me dévisageait, perplexe. Voyant l’énorme baie vitrée de la salle de bal entrouverte, j’y avais vu une opportunité de m’enfuir et après m’être excusée auprès des invités, j’avais filé tout droit vers l’extérieur. Empoignant le balcon à pleines mains, je m’étais mise à respirer aussi fort que je le pouvais pour me calmer. Si Ursule était la parfaite représentation de ce que craignait Erwin, je comprenais à présent que Gaspard était la mienne. Voilà pourquoi nous avions des jumeaux, parce que les deux représentaient un Isaac fantasmé, cauchemardé, qui n’était en rien la réalité. Si Erwin avait eu peur qu’il prenne sa place, j’avais de mon côté peur que je prenne beaucoup trop de place dans la vie de mon fils. Au point de trop le couver peut-être. Je n’avais jamais pensé à cette façon de voir les choses mais récemment, je m’étais mis dans la tête l’idée stupide de revoir quelques bons films que j’avais apprécié comme Psychose d’Alfred Hitchcock et lorsque je m’étais couchée, la voix d’Isaac m’était revenue en mémoire “Père a horreur de perdre votre attention au profit de la mienne...” Se pouvait-il seulement qu’à chercher à trop protéger mon fils, je ferai naître une relation aussi malsaine entre nous ?

J’avais entendu les pas se rapprocher et j’avais presque eu un soupir de soulagement en sentant ses mains se poser sur mes épaules. Malgré tous les cauchemars que nous vivions, que nous nous causions parfois l’un à l’autre, nous restions unis. Sentir Erwin à mes côtés à ce moment m’avait paradoxalement soulagée, me ramenant à cette idée que je pensais parfois trop et trop loin. Il m’avait suffi de sentir son parfum pour me rappeler cette nuit, cet orage, qu’il avait réussi à faire taire en moi :

— Je sais à quel point vous aimez cette odeur.

Je m’étais retournée brusquement, tétanisée, faisant face à un Gaspard au sourire triomphant. Il en était venu à prendre le parfum de son père et rien que sa vision m’avait soulevé le cœur.

— Il faut que tu ARRÊTES, c’est MALSAIN Gaspard !

— Bien sûr que non ce n’est pas malsain, c’est de l’Amour ! Ne voyez-vous pas ? Il nous gâche nos moments !! Sans lui, nous serions ensemble depuis si longtemps à présent ! Vous avez toujours été là pour moi et je serais toujours là pour vous, je vous aime et vous m’aimez. N’est-ce pas que vous m’AIMEZ ?

Il serrait à présent si fort mes mains dans les siennes que ça en était douloureux.

— Je t’aime mais pas comme ça ! LÂCHE-MOI !

— NON ! Je ne vous lâcherai pas tant que vous n’ouvrirez pas les yeux ! Il vous faudra peut-être du temps mais ça va aller, Ursule et moi nous feront en sorte que tout aille bien pour nous.

— Mais... de quoi tu parles ?

— De nous ! De notre Amour. Il commence ce soir ! Ce soir tout change ! Pour que vous soyez libérez de lui, il n’y avait pas d’autre choix... on DEVAIT le faire. On vous laissera faire votre période de deuil et vous donnerez les pleins pouvoirs à Ursule et ainsi nous pourrons vivre heureux, TOUT LES DEUX.

Il s’était approché de moi, mes mains toujours dans les siennes, son visage si proche du mien. Il avait les yeux pleins d’espoir, un espoir fou et malsain et je comprenais enfin l’ampleur de l’horreur. “Vous êtes belle à ravir” avait-il dit... et il comptait bien me ravir à un autre, coûte que coûte.

— Ce n’est que là que vous comprendrez pleinement parce que pour comprendre...

— Il faut vivre.

Ce n’était pas un hasard si la phrase me revenait de plein fouet. Elle était là, la clé, quelque part. Peu importe où nous étions, j’étais persuadée que le type tentait de me donner la clé à travers la voix de Gaspard. Ok nous avions vécu notre peur, nous la voyions se réaliser, on l’avait comprise. Il fallait que je me calme sur mes idées irraisonnées, nous avions parlé avec Erwin de sa peur alors maintenant quoi ? Maintenant qu’on avait compris notre peur, il fallait la combattre. Et le combat passait par l’acceptation. Si on résumait... Ursule voulait tuer Erwin pour prendre le pouvoir et sa place d’une certaine façon, de mon côté Gaspard était amoureux de moi au point de commettre le pire des incestes. Il fallait stopper tout ça, mais si on se contentait d’arrêter la machine, on n’acceptait pas tant notre peur... il fallait...

SCHLACK !

Le coup était parti tout seul. J'y avais mis toute ma force, beaucoup trop révulsée par le contact pour comprendre ce que j’étais en train de faire. Gaspard venait de déposer ses lèvres sur les miennes avec une telle puissance que j’avais réagi sur l’instant, lui assénant une gifle assourdissante qui avait eu le don de faire chauffer ma main instantanément. Nous nous observions choquer, l’un et l’autre, tandis qu’il avait posé sa main sur sa joue.

— Vous allez le regretter.

Je l’avais alors repoussé, me mettant à courir vers l’intérieur vers mon “mari”, une lumière s’allumant enfin en moi : ils voulaient tuer Erwin. Et Ursule n’avait pas semblé si triste de savoir que son père ne boirait ou ne mangerait de la soirée... c’était peut-être déjà trop tard... et c’était peut-être la meilleure chose qui pouvait lui arriver.

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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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________________________________________ 2022-01-21, 23:54 « If the crown should fit, then how can I refuse? »


“Chaque Homme est sa propre île déserte.”
Erwin & Alexis


A la poursuite de l'Ile au Trésor



S’il ne parvenait pas à prendre le contrôle rapidement, il risquait de mourir empoisonné. Mourir… Empoisonné. Les deux mots, atroces, définitifs ne pouvaient sobrement s’appliquer à lui. Il ne le permettrait pas… pourtant c’était bien ce à quoi tendaient ses sens. Face à l’imminence de la coupe qui se présentait à lui, comme un gigantesque calice terrible et inarrêtable, que pouvait-il faire ? Cette fois encore, son corps se défendait contre lui. Sa souffrance interne faisait bouillir ses entrailles, oppressant sa respiration plus il tentait de s’y soustraire. Il savait ce que son corps criait. Cet Erwin là, cet être qui n’avait de lui que son nom et son physique pour le moins éraflé par la décadence de la vie qu’il avait mené….cet être là, aimait profondément ses enfants. Une moindre méfiance à leur égard ne pouvait seulement profiler une ombre sur le tableau familial parfait qu’il semblait vivre. Cet être là semblait être amené à vivre une trahison dont son esprit sot ne semblait être prémuni. Qu’il allait tomber de haut ! Presque aurait-il pu en ricaner s’il ne s’était agit de LUI. Le blessant dans son orgueil et sa soif de vivre. Sa vie, si prometteuse, ne pouvait avoir pour destinée de se flétrir au pied d’un fils-miroir ! Quel en aurait été le sens ? Si ce n’était que de constituer son plus horrifiant cauchemar ? La coupe s’approchait… L’échéance. L’effluve si indistincte de l’alcool lui entrait violemment dans les poumons. Il lui paraissait qu’il pouvait en ressentir chaque note jusqu’à la plus rance et répugnante odeur de poison qui stagnait dans le breuvage… Non… Non. Il allait céder. La crampe qu’il s’infligeait à la main se fragilisait. Pouvait-il seulement espérer le renverser ensuite ? S’il forçait son corps à se jeter en avant ? S’il forçait l’alcool à se répandre ? Possédait-il la moindre chance de réussir ? Il n’allait pas tarder à le savoir… Il...devait...croire…
Ses doigts frôlaient le verre, prêts à s’enrouler autour, félons serpents trahissant jusqu’à son âme.

TINC

Il avait sursauté dans un soubresaut douloureux, sentant sa main cuisante retomber… Sa tête, dans un seul mouvement s’était relevé vers son agresseur. Certes, la douleur n’avait été qu’instantanée et vite dissipée. Il n’en ressentait plus le moindre stigmate si ce n’était son orgueil amoché qui ne demandait qu’à faire payer l’individu qui avait osé ne serait-ce que poser la main sur Lui !
Pour quoi ? Pour ajouter sévices à la préparation de son empoisonnement ?
Mais son visage s’était modifié alors qu’il reconnaissait la main qui d’un geste sec s’était abaissée « violemment » sur la sienne et la personne entière qui s’exprimait à présent, d’une voix courroucée et réprobatrice. C’était Alexis. Il avait battit des cils, désarçonné par l’outrage, presque enclin à songer que son tendre trésor venait d’être remplacée par l’exemplaire froid et sec qu’elle semblait être devenue dans ce royaume à ses ordres.
Néanmoins...son esprit avait saisi, rejetant sa vanité vexée dans les méandres sombres où elle s’époumoneraient de ce choc, ce qui dépassait l’action de la jeune femme. Alexis, agissant ainsi, venait ni plus ni moins de lui sauver la vie… Et non temporairement mais durablement. Les interdictions de la jeune femme prenaient forme en lui, s’inscrivant dans son corps comme une règle d’or. Cette réalité obéissait au désir d’Alexis sur son comportement. Cet ordre prononçait s’avérait sûrement le plus intelligent que la jeune femme pouvait effectuer. Lui déniant le droit de manger ou boire sans son consentement, elle le soustrayait à toute tentative d’assassinat discernable. Il leva les yeux vers elle, une dose sincère de contentement reconnaissant transparaissant dans ses yeux ambrés, se diffusant dans les siens. Evidemment, elle en rajoutait un peu trop… Une part de lui-même n’aurait pu que demander à s’offusquer de ce jugement indécent. Pour autant, aussi humiliant que pouvait être cette posture, elle ne le toucha pas, surprenamment. Il ne s’agissait pas de lui. Il était dans un corps dont l’esprit lui était si étranger qu’il ne ressentait presque qu’une dose de mépris tranché à l’égard de ce qu’il était dans ce cauchemar. Une loque humaine bien différenciée de sa superbe qui n’avait que pour similitude avec lui que son physique…
S’il avait pu pleinement être maître de son être, un sourire aurait perlé au coin de sa bouche, dans une ironie complice de la tentative brillante de la jeune femme. Mais il ne put seulement en effectuer une ébauche… A quoi s’attendre d’une coquille dont il ne parvenait pas à dévier seul d’une envie d’accepter un verre ?
Tout juste la fixa-t-il intensément, répondant à son appel muet, comprenant les sensations qu’elle tentait d’exprimer et qui coulaient entre eux, par le jeu de leurs simples regards et sa parfaite compréhension de sa nature. Elle cherchait à vérifier qu’il comprenait son intention, s’excusait aussi de sa méthode, du ton et des mots employés. Il espéra qu’elle puisse lire dans le fond de son âme à quel point cela lui était égal. Bien au contraire, il s’en et l’en félicitait. Une des raisons pour laquelle la jeune femme se trouvait à présent à cette place. Non, pas la place de reine guerrière de ce monde qu’elle détestait tant, mais à ses côtés quotidiennement sans provoquer une quelconque lassitude...bien au contraire. Elle agissait avec intelligence. Une réelle vive intelligence.
Il ouvrit la bouche, sachant déjà que les mots qu’il prononcerait ne refléterait guère sa prose mais permettraient au moins de confirmer ses espoirs quant à l’ancrage de l’ordre implicite d’Alexis sur son corps. Il les laissa alors filer, comme une mélodie inconnue, dont il découvrait le sens au fur et à mesure qu’elle franchissait ses lèvres.

- « Je vous prie de m’excuser, ma Reine. Il est vrai que j’ai eu tendance à bien trop d’emportement ses derniers Temps. La dernière chose que je souhaite est bien de nuire à votre image ou vous faire honte. Pardonnez mon comportement, il était inapproprié ».

Tout ce simagrée détestable mais ô combien exceptionnellement rassurant, pour qu’Alexis en soit privée. Au moins, le Destin le protégeait encore du déshonneur total en ce lieu ! En effet, à peine avait-il ouvert la bouche, que l’attention de la jeune femme s’était retrouvée détournée de force par son deuxième fils… Le moins offensif des deux, ce qui ne l’excluait pas de plusieurs sévices mentaux considérables… Cet odieux Œdipe non soigné… Tout le mal qu’il se donnait pour traîner sa mère sur la piste de danse… répugnant… Pour bien des choses, cet enfant pouvait se féliciter de son apathie forcée. Quant à l’autre...Lui, il semblait être demeuré figé, ramenant vers lui la coupe, sans piper mot… Preminger tourna la tête vivement, constatant que ce dernier n’avait cessé de l’observer. Et si sa mine semblait s’être défaite...il y avait en lui…encore...cet éclat brillant dans ses yeux. « Il jubile » réalisa Preminger. Cette révélation lui coupa le souffle, comme un mauvais pressentiment s’infusant en lui. Pourquoi ? Pourquoi diantre, parvenait-il à conserver une contenance ? Pourquoi ses yeux s’allumaient-ils encore d’une condescendance rogue ? Rien ne le justifiait. Sa main tenait encore le calice qu’Alexis avait éloigné de ses lèvres… Sûrement, n’avait-il pas compris les règles de ce monde, puisqu’il y évoluait comme un parfait automate inconscient de la réalité extérieure ? Ursule ignorait sûrement que l’ordre dicté par la jeune femme possédait sur lui bien plus de poids qu’un simple commandement royal qu’il jugeait sûrement comme bien aisé à contourner. Sûrement, réfléchissait-il au moyen de le lui faire ingérer de manière détournée. La manière dont Alexis avait agit était suffisamment habile pour que ce petit sot ne comprenne pas que sa mère avait été bien plus lucide sur ses ambitions, qu’il l’escomptait…
- « Puisque tu ne veux pas de cette coupe, Papa… »

La voix d’Ursule s’était élevée à son intention, guillerette… La main du jeune homme avait esquissé un geste, portant le verre à son visage comme pour y déposer les lèvres, à la bordure de son sourire, figeant Preminger, les sens en alerte. Allait-il … Il bluffait… Ou peut-être jaugeait-il les sens, la peur, à l’instar d’un animal cruel, savourant son pouvoir… L’Instant se prolongea entre eux, leurs yeux se connectant ensemble dans une tension muette. Puis, le jeune homme éloigna le contenant de lui, interpelant une servante :

- Pouvez-vous jeter ceci ? Je crains qu’il ne soit bouchonné.

La jeune femme obtempéra, rapidement, vidant la scène de son élément de tension, sans l’apaiser. S’il sentait ses nerfs s’autoriser un relâchement, l’ancien ministre demeurait sur ses gardes. Alexis s’était vue emportée au loin, alors que l’orchestre scindait leur éloignement temporaire, au bras de Gaspard. Elle portait sa propre croix désagréable. Bien que ce dernier au moins, ne tentait pas d’intenter à sa vie… Mais à bien autre chose… Au final, l’horreur était égale. Le regard d’Erwin s’était accroché à leurs silhouettes voguant au gré des notes au cœur de la salle, charmantes figures gracieuses où pourtant ne se dégageait pas la joie. Mais le malaise.

- « Il ne faut pas être vexé, Papa… »

La main mielleuse d’Ursule effleura le bord de son costume, mimant la compassion avec bien trop d’ardeur pour qu’un soubresaut de ce sentiment soit exact. Une sollicitude affectée dominait son visage, un merveilleux masque à offrir aux mines curieuses qui avaient entraperçues la scène… Et qui les observaient encore.

- Ce n’est rien… Je ne suis pas VEXE »

Il avait haussé le ton, volontairement, cherchant à feindre l’emportement involontaire, délogeant par la même occasion la main traîtresse de son « fils » aux yeux de tous. Un sourire vint à pondre sur ses lèvres, curiosité sur ce visage qui aurait du transpirer la honte… En dépit de tout calme apparent, de toute moquerie dansant dans ses yeux, Ursule se voyait pour le moment déjoué. En réagissant ainsi, Erwin avait complété l’oeuvre initiée sans le vouloir par Alexis, provoquant ainsi ce qu’il appelait en permanence. Son trait inné… Le regard des autres sur LUI. Il s’était fait rabroué publiquement… Un bon nombre de personnes avaient du surprendre un trait de la scène. Par sa réaction, il donnait corps à la rumeur. Les murmures et les regards convergeant qui se glissaient vers eux, immobilisant Ursule et ses rêves parricides. Ce dernier le remarqua, cessant de l’observer pour glisser un regard vers les autres.

- « Tu te couvres de ridicule. C’est déplorable à quel point tu peux être...piteux… »

Preminger avait entendu la fin de la phrase avant même qu’Ursule ne le formule. Prévisible que cet enfant était. Il le regarda en face, cette représentation, cette hantise qui, à croire ce monde, formait sa plus grande crainte… Puis haussa les épaules. Il n’avait que faire de se ridiculiser, ici, si cela amenait à la clef de la vie. Qui plus est, il méprisait cette enveloppe charnelle si piteuse. Presque, il comprenait Ursule de le penser si lamentablement geignard et vide d’intérêt. A sa place, forcément, il n’aurait pas demandé mieux que l’opportunité que son clone sans personnalité lui offrait. A la différence qu’il l’aurait fait avec BIEN davantage de subtilité. Mais au moins bénéficiait-il peut-être de ce masque d’idiotie romantique et faible le temps qu’il parvienne à l’y contrer.

- « Je te fais honte ? » croassa-t-il maîtrisant son dégoût, laissant à l’Autre, les commandes, « Mais je suis ton père, Ursule…Je t’ai donné tout ce que tu pouvais toujours désirer... »
- «  Hum… Oui. C’est vrai. Les générations passent, l’Héritage se transmet»

Preminger se détourna, la tête quelque peu chavirante… Une sorte de picotements lui parcourait le corps, désagréablement. Pourtant… Il n’éprouvait rien. Aussi presque familière cette scène pouvait se présenter à son esprit, il ne ressentait nul remords. C’était...une sorte de simple état. Trop d’émotions sûrement. Il tourna la tête, observant Alexis tournoyer au bras entreprenant du double. Lequel était-ce qu’il avait surnommé Teedle-Dee… ou Dum ? Il ne s’en rappelait pas. Elle tournoyait élégamment mais sans passion. Cette danse était faite pour EUX, en revanche, cette valse était superbe. Si seulement, il avait pu suivre son instinct, déloger l’inopportun et le remplacer ! Ursule l’avait soudainement dépassé, la tête haute, pour rejoindre un groupe avec une aisance naturelle, non sans lui dédier un nouveau regard rempli de… Preminger connaissait bien ce sentiment, il l’avait reconnu avec une facilité aisée, comme s’il s’était contemplé dans un miroir. Le pauvre enfant… Il se noyait dans le triomphe. Se supposant sûrement mieux armé que lui. Quelle grossière Erreur.
Il l’ignora, préféra davantage se concentrer sur le « couple » qui dansait devant lui, bien qu’il répugna à le qualifier comme tel. Même s’il devait l’admettre, Gaspard, tout aussi bon danseur qu’il pouvait être, ne parvenait pas à dominer ses pulsions aussi bien qu’Ursule ordinairement… Quoique ce soir d’Anniversaire et d’avènement, il devait admettre que les deux jumeaux se surpassaient dans leur aplomb de conquérants… Détestables petits gnomes miroir. Entre les griffes entreprenantes de Gaspard, Alexis semblait agitée, sa bouche formulait des mots vivement, son visage reflétant alternativement dégoût, inquiétude, colère, incompréhension. Pour une majorité, cela serait sûrement indiscernable… Mais Enora, la Sienne, possédait une flamme pure et spontanée qui irradiait ses sentiments vivement. Elle, qui savait si aisément enfiler un costume étranger, était parallèlement rarement capable de trahir sa nature profonde… L’envie le reprit de déloger l’inopportun, avec l’aisance gracieuse qui surplombait tous les danseurs ici présents. Valser avec elle, sentir les regards de tous sur eux… Mais ne put effectuer le moindre pas. Évidemment… Personne ne pouvait gêner la prestation de la Souveraine, aucun bon époux ne le ferait. Encore moins, lorsque la jeune femme dansait avec l’un de leurs fils. Ses talons se soudaient au sol, ses pieds, ses jambes se raidissant pour l’empêcher d’esquisser le moindre geste « non protocolaire »… S’il le faisait, s’il sortait du jeu, il ne manquerait pas de trébucher, projeté… Attirant les rumeurs d’alcoolisme ou que savait-il encore…
Tout ce que son corps rêvait restait d’applaudir joyeusement à l’attention de ce déchet qu’il appelait « Fils »..et son épouse. Pitoyable. Il lutta pour en réprimer le mouvement, se détournant à regret vers un autre point de vue… Il haïssait, se sentait impuissant. Preminger ne pouvait pas l’être.. C’était contraire à sa nature, une force surpuissante pourtant qui le clouait cruellement en lui-même. Soi-même… La prison dont aucun ne pouvait se défaire si ce n’était de manière irrémédiable.
Le buffet lui faisait face, lui donnant subitement une faim qu’il ne pourrait épancher. Là était le mauvais pendant de l’affirmation d’Alexis, énoncée et salvatrice sur le moment, mais porteuse de ses propres risques…Néanmoins…
Il songea à la jeune femme et son air révulsé, ses membres raides, son sourire terni et forcés, ses appels à l’aide muets envoyés à tous, sans qu’aucun ne les perçoivent… Mais lui, les percevait. Il observa la table jonchée de mets appétissants, les couteaux et le reste de l’argenterie non loin des gâteaux, les verres remplis de vins coûteux.. l’esprit tressaillant d’une idée. Elle lui avait défendu de manger… Tout comme son corps lui interdisait de se projeter en plein milieu de la foule… Néanmoins, s’il le faisait, s’attirant alors assurément, rien de moins qu’une chute, si ce n’est plus violent...cela ne manquerait pas d’attirer Alexis. Elle cesserait la danse. La question restait de savoir si elle se débrouillait suffisamment bien toute seule pour ne pas nécessiter cette action pour le moins désagréable…
Alors qu’il cherchait Alexis des yeux, dans une tentative de jauger sa gestion de la danse, il ne l’aperçut pas. Chercha des yeux, sans succès la forme noire et élégante qu’elle revêtait en cette soirée… Elle semblait s’être volatilisée subitement… Malédiction ! Où pouvait-elle bien être à présent ? Qu’avait fait ce gnome ? Il chercha les jumeaux des yeux en trouva un, bien trop pavanant pour s’assimiler à l’autre. Les deux danseurs semblaient s’être volatilisés… Où ? Il regarda les portes… Non, elles étaient bien trop lointaines pour que les deux aient pu les gagner avant qu’il ne se retourne. En revanche, les portes vitrées donnant sur l’extérieur étaient ouvertes, non loin de la piste… Cela semblait être une situation de repli évidente. Oui. L’esprit savant du ministre se figurait facilement la scène. Enora qui quittait la piste, écœurée, cherchant de l’air, ne LE distinguant pas dans la foule et souhaitant promptement s’extraire du fruit de ses entrailles… Elle n’avait pu que se précipiter dehors là où le vent de la nuit tempêtait sûrement aussi vivement que les émotions qui la brouillaient. L’odieux rejeton avait du la suivre, éconduit et honteux, vexé et humilié sur la piste de danse. Quel dommage qu’il ait raté cela… Ne manquait qu’à les rejoindre. Autant de temps passerait-il auprès de la souveraine, autant de temps assurait-il ses arrières, quand bien même le visqueux enfant serait présent également…

- « Tension familiale peut-être ? » interrogea une voix, glissée jusqu’à lui. « Les jeunes hommes aussi brillants qu’ils soient restes ce qu’ils sont, de jeunes gens seulement sortis de l’adolescence… »

Erwin pivota jusqu’à son interlocuteur, reconnaissant l’un des individus à lunettes avec lequel il avait échangé plus tôt, après le discours d’Enora et d’Ursule. Visiblement, puisque cet être insignifiant prenait plaisir à le suivre à la trace, c’était qu’il devait éprouver pour « lui », une sorte d’amitié. Cela restait utile et sécurisant… Et visiblement, l’empêchait, pour l’occasion, de le négliger pour s’empresser de quitter la salle et gagner la moiteur agréable du dehors.

- « Ce sont des gosses avec ce qu’ils ont d’ardeur et de trop plein de rêves, oui » se laissa-t-il soupirer de sa voix morne « Et c’est leur anniversaire. Parfois, je ne reconnais pas mes deux adorables bambins. Je suppose que c’est parce que je vieillis et parce qu’ils sont devenus grands, plein de rêves, d’ambition, parfois trop…. J’ai peur que parfois le succès leur monte à la tête et qu’ils se laissent goinfrer par leur soif de mieux… La vie est si belle déjà, qu’elle nous contente naturellement de ses bienfaits non ?  »

Ce qu’il pouvait être...idiot. S’entendre raisonner avec une telle mièvrerie écœurante lui donner envie de se gifler. Comment pouvait-il vivre dans ce corps ? S’il ne s’occupait pas réellement de trouver une sortie, il ne manquerait pas d’en dépérir. Prisonnier.

- Je me demande toujours comment tu fais. On peut dire que tu es une sorte de modèle, et un homme bon et aimant. J’ai entendu ta conversation avec Ursule, tu sais, effectivement, il est grisé dans son âge, son jour, il n’est pas conscient qu’il ne te mérite pas. Un jour il s’en apercevra… »

Amusant comme personne ne le méritait… Dans la réalité fictive comme dans la vraie… Si évidement, il prenait la peine d’accorder du crédit à un compliment si ODIEUSEMENT ridicule. Qui pouvait se gausser et se satisfaire d’une vie aussi misérable ? D’une telle renonciation ? Vide d’ambition, vide d’intérêt, vide de LUI-MÊME. L’homme se contentait d’énumérer des principes, des « bonnes valeurs » où l’autre Erwin s’était visiblement plus que baigné, noyé même…. La morale, l’honnêteté irréprochable tout ce qu’il prêchait et enfreignait avec désinvolte, la minute écoulée.

- « Il ne le fera pas. » répliqua-t-il maussadement.

Cette fois, c’était lui, Erwin Dorian Preminger qui avait pu prendre le dessus, sans réelle difficulté. S’il se bornait à énoncer une vérité, il parvenait à s’exprimer. Et cette vérité là, se trouvait inscrite dans sa certitude propre. Il connaissait Ursule. Le voyait bien plus précisément que ce que ses yeux pouvaient discerner. Il savait de quoi il était fait, ce qui le faisait se mouvoir, ce qui dictait ses pas, sa conduite, d’une manière bien plus intime et entière que ce lui en carton ne l’avait jamais fait. Puisqu’il était fait de cela. D’une projection de ses peurs, de lui-même. Le jeune homme du sentir leurs regards sur lui, puisqu’il pivota le cou, le Temps de les dévisager. Un sourire mesquin au creux des lèvres, il leva son verre à l’intention de son père, lui portant un toast silencieux et sinistre. « Il fête ma mort, l’imbécile... ». Erwin sentait la colère pondre des pieds à la tête, augmentant le tremblement de son corps. Cet état de transe, presque fourmillante qui prenait à présent l’entièreté de son corps...
Indifférent à son malaise, son « ami » proférait encore des propos inconstants :

- « Hum, ne sois pas si défaitiste, Erwin. Il lui faudra juste du Temps. Pour comprendre…. »
- « Il faut vivre…. » compléta-t-il mécaniquement.

Elle revenait… LA phrase prononcée par l’homme en blanc. Si lointaine et pourtant si vivement engoncée dans son esprit. Mais quoi rimait-elle en définitive ? Il comprenait déjà ses inquiétudes, ses peurs. Ne luttait-il pas déjà pour combattre ? Sa tête fracassée, ses souffrances ne témoignaient-elles pas suffisamment de son combat ? Il comprenait ! Il avait compris déjà. Ce que signifiait son état lamentable, son combat contre Ursule… Il avait compris, évidement, puisque ce monde atroce ne lui avait guère volé son si cinglant esprit… Il se prit à sourire à Ursule, en miroir. Ce n’était qu’un imbécile. Un vulgaire petit avorton qui se pensait malin, haut dessus de la mêlée. Comment aurait-il faire autrement avec le modèle si pitoyablement avilissant qu’il avait donné ? Mais il n’avait jamais éprouvé la vraie intelligence… Oh, il avait été pour le moins intelligent, mais siiii tragiquement attendu. Oh pour un charmant naïf, évidement, que le piège était destiné à fonctionner… Mais il avait bien évidement sous-estimé l’être qu’il était, ne visant que son père. Il déplia un peu ses doigts, pour les tirer de l’engourdissement qui les prenait, inspirant pour extérioriser sa tension. Il aurait pu gifler cet enfant à distance, mais le mépris restait la meilleure des attaques. Il ne rompait point. L’envoyer au tapis était impensable. Aaaah on pouvait se croire roi et au dessus des autres, néanmoins, lorsqu’on l’on manquait de cran, on ne pouvait que rester clouer au sol à contempler le Soleil. Un poison dans un verre, quel déplorable choix. Basique, banal sans aucune originalité, sans aucune grandeur, sans aucun sadisme. La mort non interprétée. Pour son Père, Ursule aurait tout de même pu faire un effort, il était aussi insignifiant que possible mais tout de même… Cela dénotait une très maigre imagination semblable au commun des mortels… Bien loin de la sienne si magnifiquement tordue.  Oui...moi je n’aurais pas fait ça… J’aurais fait MIEUX » En cela, Preminger se savait avoir un sens particulier de la cruauté. Aloysius magnifiait ses crimes, son terrain de prédilection à lui résidait en ses pièges. Manipuler l’âme humaine, oeuvrer, tirer les ficelles, duper la confiance et attirer autrui dans ses pièges, les mettre en position d’impuissance, y avait-il pu puissant ? Là, résidait son sadisme. Il plaçait les autres, dans des dilemmes moraux ou physiques, dans lesquels ces derniers ne pouvaient pas refuser la direction qu’il souhaitait leur donner. Le secret d’une mise à mort pour un individu aussi symbolique, n’aurait, GRANDS CIEUX, jamais été aussi primitive. Sûrement le secret d’un empoisonnement public devait suffire à satisfaire l’égo d’Ursule. Et pourtant, il aurait pu en tirer tellement plus ! Ooooh s’il s’était agit de LUI. S’il avait été aux manettes, il aurait diffusé le poison dans les veines de ce misérable avec une torture aussi douce qu’insidieuse, l’aurait contemplé vivre, se méfier, se noyer publiquement en pensant surnager. Un sourire cruel tordit ses lèvres, alors que ses yeux s’illuminaient simultanément perdus dans son imagination. Qu’il aurait été plaisant… « Oui...moi je n’aurais pas fait ça… J’aurais fait MIEUX » Quitte à user du poison, qu’il préférait de loin aux armes blanches…quel dommage cela aurait été de se priver des vertus si particulières de celui qu’il avait décrit plus tôt… Après tout, Ursule n’avait-il pas indiqué que ce dernier « s’inoculait par imprégnation, tissus en tout genre », également ? Ah s’il l’avait possédé, il aurait usé de cette charmante vertu… Que cela aurait été chaaaarmant en tout point ! Quelques gouttes à peine dans le creux des gants qu’arborait, il y a peu encore son engeance … Les enfilant, il aurait enfilé la Mort… Et progressivement, cette dernière se serait agrippée à lui, l’aurait enlacé dans sa définitive embrassade… Le scénario dans son esprit, ses yeux tombèrent sur les mains blanches et garnies de bagues de son fils, visualisant la morsure félonne du cuir s’infuser sur sa peau… Visualisant à nouveau ces mains alors qu’il les avait tendues vers lui pour glisser son foulard à son cou… Alors… qu’il… les avait… tendues vers lui. Tendues vers lui… Pour. Non. Pour… glisser… non.. Impossible. Glisser le foulard à son cou. Sa main remonta nerveusement, s’accrochant à son cou…

- « Moi…  Oui...moi je n’aurais pas fait ça… J’aurais fait MIEUX » ... »

Infime, le murmure avait franchi ses lèvres, constat qui reflétait son effroi, alors que tout se brouillait, dans un vide sans fin. « Te voilà apprêté Papa, pour le Grand Soir. Le Flambeau s’éteint pour renaître... »
Les mots lui revenaient, incandescents. Il revoyait l’expression de l’Autre…sa manière de jauger son œuvre, la jouissance moqueuse qu’il avait manifesté devant son effroi du rêve… son estomac tournoyant dans son corps, au fur et à mesure que l’horreur prenait enfin sens. « Moi…  Oui...moi je n’aurais pas fait ça… J’aurais fait MIEUX » ... » MOI. MOI, MOI… Il… Comment… Il inspira fortement, reculant brutalement dans le vide, manquant de tomber. Sentit, dans le lointain, la poigne de la sorte de créature dévouée qu’il avait récoltée par « l’amitié et la bonté » le retenir, penchant sa tête vers lui. Perché vers lui, il ressemblait à une chouette perdue et inquiète :

- « Erwin ? Tout...tout va bien… ? »

Les mots glissaient, étouffés par la révélation, comme d’une dimension étrangère, dont il ne discernait que les échos… Ses sens étaient ailleurs. Autour de son cou, dans son corps tangent, dans sa poitrine dont le coeur bondissait, tambourinant en panique, affolant le reste de ses sens. Non.. Cela ne se pouvait… « Apprêté pour le Grand Soir »… Apprêté pour la Mort… Il avait noué à son cou ce qui l’étranglerait… « Le Flambeau s’éteint pour renaître.. » Tout le reste n’avait été qu’une scène, un petit spectacle cruel d’arène… Comment avait-il pu le manquer ? Comment avait-il pu oublier…. « Moi…  Oui...moi je n’aurais pas fait ça… J’aurais fait MIEUX » ... » Il ne se battait pas contre un vulgaire héritier envieux, il se battait contre une autre version de LUI-MÊME… C’était l’essence de LUI-MÊME dissocié. Comment avait-il pu ne serait-ce que perdre cela de vue une seule seconde ? Comment avait-il pu ne pas voir… Aveuglé par sa certitude, il avait oublié cette révélation à la minute où il avait croisé Ursule. Un autre LUI dans un autre corps, lui semblait à nouveau impossible. Son corps étant demeuré en apnée dans cette sidération glacée, il relâcha progressivement ses doigts de son cou, inspirant brutalement une gorgée d’air. Horrifiant… Le poison coûlait dans ses veines. Il s’était condamné… Condamné...à … mort ?! Non… Il ne pouvait pas mourir. C’était impossible ! Inconcevable… Il ne le laisserait pas fouler aux pieds.

- « Je… Oui. Évidemment. Je vais juste prendre...l’air… . »

Il avait marmonné le dernier mot, reculant brutalement pour se dégager vivement de l’étreinte amicale de l’individu, ignorant les regards pesant sur sa personne. Peu importait… Il n’avait pas le Temps. Il devait faire quelque chose…. Il ne pouvait pas mourir ainsi. Aussi… vulgairement. Il fallait… Chercha Ursule des yeux, devisant avec la jeune servante qu’il avait croisé plus tôt, à l’aise, parfaitement détendu. Triomphant. Une bouffée de haine naquit en lui, brûlante et dévorante, enflammant son corps. N’était pas né celui qui le tuerait. Personne ne le tuerait. Il y avait forcément un remède… Il suffisait de le trouver… il disposait d’au plus quatre heures, s’il partait du principe que son double ne lui avait pas administré une dose bien plus conséquente…. Il fallait donc, pour ne pas reproduire la même heure, miser sur moins…


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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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________________________________________ 2022-01-22, 00:06 « If the crown should fit, then how can I refuse? »


“Chaque Homme est sa propre île déserte.”
Erwin & Alexis


A la poursuite de l'Ile au Trésor



Ce fut à cet instant qu’il LA vit. Surgir du dehors, le regard bouleversé, la tête cherchant parmi la foule, fouillant du regard la masse. Après LUI. Délaissant Ursule subitement, il se précipita vers elle, mué par une impulsion irrémédiable. Il fallait qu’il la voit. Il fallait qu’elle sache. C’était la panique qu’il tentait de refouler, il le savait, qui prenait le dessus. L’envie de laisser exploser son angoisse, la formuler. Il pouvait gérer ce risque, il ne mourrait pas. Alexis… Il devait en informer sans délai, Alexis. MAINTENANT. La vengeance attendrait bien une minute.
Alors qu’elle fonçait sur lui, il lui saisit les épaules bras, dans un sentiment d’urgence, la maintenant à distance de son corps, réprimant toute étreinte. Peu importait la salle, le peuple, le monde. Il ne fallait pas qu’elle puisse esquisser le moindre geste qu’elle regretterait ensuite. La jeune femme le fixa, désorientée de sa mise à distance. Elle le considérait, inquiète, scrutant sa mine… Il ne voulait même pas savoir ce dont il avait l’air… L’air d’un mourant. Le choc lui décrocha un frisson désagréable. Non. Pas de temps à perdre avec ça. Il y avait une solution. Preminger trouvait toujours une solution.

- « Trésor… » murmura-t-il à voix basse, tentant d’outrepasser le tremblotement aiguë de sa voix « Je… j’ai été...ursule m’a…. empoisonné. C’est le foulard.
- « Oh mon Dieu » s’exclama-t-elle en panique.

Bien que maîtrisant sa voix, cette dernière avait repris les mêmes intonations désespérées que la sienne… Ses mains s’étaient levé, dans un instinct qu’il avait anticipé préalablement, pour tenter d’ôter, toucher le foulard qui se trouvait encore à son cou. Il la maintint plus fermement par les épaules, l’en empêchant le temps que cela fasse sens et que ses esprits l’en dissuadent. Elle finit par se raviser, à la dernière seconde, ayant malgré tout tenté de lutter, puis s’immobilisant. Elle réfléchissait…

- « Calme-toi, je me calme, tu te calmes, tout le monde se calme, on va trouver une solution !"

Ses mains vinrent tirer ses cheveux en arrière, dans un geste familier qu’elle reproduisait souvent, lorsque le Temps manquait, et qu’il appréciait particulièrement, puis se mis à énoncer, d’un ton plus rapide, presque pour elle-même, au gré de sa réflexion :

- "Ursule et Gaspard sont de mèche, ils essayent de te tuer pour que je puisse ensuite vivre mon deuil, donner les pleins pouvoir à Ursule et il nous unira, Gaspard et moi..."
- « Les misérables… Doubles et sombres... » il l’avait articulé avec difficulté, faisant fi de la douleur croissante dans son corps. On ne le ferait pas taire pour cela… Sa colère se révélait bien trop forte pour se préoccuper de sa souffrance. Il devait le dire… Ses yeux pourtant fixés sur Alexis, avaient vu au-delà d’elle, portés par sa malveillance… « Je ne vais pas mourir… Je vais faire payer ce….misérable. Il a forcément l'antidote entre ses mains. Si je l'empoisonne... Ou si je l'utilise sur quelqu'un qu'il apprécie, il filera peut-être...là où il se trouve.. »

BAM, sa propre main était venue s’abattre sur sa joue. Il sursauta à peine pour la douleur que pour l’effet de surprise. Elle commençait à devenir un pis-aller. Non pas pourtant que Preminger se trouvait particulièrement insensible à la douleur mais parce que sa hargne grandissait à chaque souffrance inscrite dans sa chair. Inspirant vivement, il précisa :

- « Il faut que nous mettions hors d’état de nuire, rapidement… Nous gagnerons, trésor… Il le faut... »

Alexis avait observé une partie de son monologue sans mot dire, gardant une attitude impassible, semblant digérer ce qu’il disait comme une donnée de ce qu’il était… Il n’y avait pas prêté attention, trop à sa rage désespérée. Une fois l’ivresse passée, il y songerait… Pour le moment, il pouvait le voir, ne pouvait l’assimiler. Elle avait tressailli d’effroi lorsqu’il s’était giflé, réfléchissant à son tour, dans l’urgence. S’humidifiant les lèvres nerveusement, elle remonta ses mains jusqu’à celle de l’ancien ministre, les serrant dans les siennes, dans une empreinte câline. Il baissa la tête, posant son attention sur leurs mains liées. Cela faisait du bien. C’était comme une présence enracinée autour de lui, un roc qui contrairement à son propre être ne le blesserait pas, ni ne fléchirait. Un socle. Il fallait qu’il s’en sorte… Qu’ils s’en sortent.

- « Je...je crois avoir trouvé la façon dont nous pourrions les vaincre... » énonça-t-elle avec lenteur et calme, alors qu’il relevait son regard sur elle, elle marqua une pause puis enchaîna « si je ne me trompe pas...ce que je ne crois pas...ça ne va pas te plaire. »
« Pour comprendre, il faut vivre »
.


Un coup puissant ébranla le coeur de ministre, alors que l’entièreté de son être se tendait. Peu importait ce qu’Alexis comptait énoncer. Il...Il comprenait la conclusion à laquelle, elle en était venue… Cette voie qu’elle comptait emprunter. Et en ce qui le concernait...

- "Quel est-ce? Dis-le moi…" demanda-t-il d’une voix douce.

Ses yeux s’étaient fait inquisiteurs. La tension se cristallisait, alors qu’il fouillait dans son regard la confirmation de ce qu’il pensait. L’horrible ombre qui se matérialisait entre eux, fulminante comme le poison s’incrustant dans ses veines. Dans un geste doux, les pouces d’Alexis massaient ses poignets, dans une volonté d’apaisement. Leur toucher doux créait un point de douceur sur son coeur. L’unique. Le reste continuait de bouillir. De souhaiter vengeance. La jeune femme déglutit sous ses yeux, cherchant ses mots, la manière, le ton…

- «  Nous sommes arriver sur cette île pour... vivre et comprendre, d'accord ? Je crois que... on doit comprendre nos peurs avant tout. Tout est liés à nos peurs et nos rêves biaisés... Je l'ai compris quand j'ai parlé avec Gaspard. Gaspard est lié à moi et Ursule à toi. C'est pour ça que ce sont des jumeaux. Je crois... qu'ils représentent chacun la peur qu'on mets sur Isaac d'une certaine façon et sur notre façon de nous voir... ensemble... tu... tu vois ce que je veux dire ?"

Elle était là, nette, à présent. Cette ombre effrayante dont la pression l’étranglait. Cette masse noire et sinistre… Il considéra Alexis, un bref instant, sans mot dire, ne prêtant pas garde à l’engourdissement croissant de son corps. Pinça ses lèvres, réduisant leurs contours pleins et charnus en un trait barré et froid. Il s’endurcissait, rigide. Non. Non… ce qu’elle proposait ne pouvait advenir….

- « Le meilleur moyen de combattre une peur n'est-elle pas de l'affronter? de l'envoyer paître... On ne gagne pas contre elle en la laissant nous ronger et nous dissoudre... Dis-moi pourquoi mon cas serait différent"

Ses yeux ambrés s’étaient assombris. Alexis inspira :

- « Le meilleur moyen est bien de l'affronter mais affronter sa peur se fait de bien des manières... on doit parfois aussi s'y confronter et pas juste tenter de la détruire mais l'accepter pour qu'elle nous fasse de moins en moins peur. Je pense que c'est le principe ici, "pour comprendre, il faut vivre", tu te souviens. Tu as peur qu'Isaac prenne ta place et te tue, en acceptant que ce Ursule le fasse tu te rendras compte qu'il n'a rien d'Isaac... quant à moi... moi c'est plus compliqué je suis pas encore sûre... enfin compliqué de comprendre je veux dire pas que mon truc soit plus compliqué à faire…"

Il balaya son explication, dans un froncement de sourcils. Mourir ? Mourir de peur qu’Isaac ne le tue ? Il n’avait jamais cru cela possible. Cet avorton, jamais n’y parviendrait… Être son clone ? Jamais cela ne se ferait. Il avait vu ses peurs se matérialiser devant lui, en comprenait le ridicule, alors quoi ? Il fallait ENCORE qu’il en meure ? Quel était ce monde qui tirait le plus atroce de chacun ? JAMAIS il ne s’ôterait la vie ! Elle était bien trop précieuse pour être gaspillée. Même en souffrance, il restait de l’Espoir, puisqu’il restait le Destin. Il restait LUI. Néanmoins, son attention s’était focalisée sur les paroles d’Alexis… Gaspard était le fruit vicié, pourri jusqu’à la moelle d’un Œdipe inguérissable. Épouser sa mère, quelle idée...ridicule. Et atroce… D’où lui venait cette tare ? Des angoisses de cette dernière, sûrement. Ses peurs dont il était exclu mais qui existaient pourtant… Il réalisa soudainement ce que cela signifiait… L’échéance à laquelle la jeune femme devrait irrémédiablement faire face.. L’avait-elle réalisé ? Non… il ne pensait pas. Il réfléchit à la manière de le lui dire, finissant par se lancer :

- « Si tu penses dans ta peur... que cette tare est issue de ton comportement envers lui, il n’y a que toi qui possède le pouvoir de changer les choses et y mettre fin, puisque cela est intrinsèquement lié à votre lien… » énonça-t-il avec douceur… Les mots pouvaient être doux, la vérité resterait ignoble aux yeux de la jeune femme. Aussi s’était-elle figée livide. Il ajouta plus sévèrement : « Mais je pense qu’en ce qui me concerne… j’ai déjà compris qu’il ne s’agit pas d’Isaac, je n’ai donc pas besoin de mourir. Ne t’en fais pas, trésor… Je vais trouver une solution…rapidement…»

Sa bouche s’était penchée, embrassant ses lèvres délicates. Pourtant, l’étreinte ne fut guère douce, elle fut aussi empressée que son effroi croissant. Une urgence faite caresse, une saveur qu’il craignait de perdre et pour laquelle il devait combattre. Il vivrait….
Lorsqu'il rompit ce corps à corps, elle recula, toujours pâle. A l’effroi de le savoir mourant s’ajoutait le poids qu’il venait de lui ajouter. La mort…

- "Et si jamais tu y arrives pas ? Il se passera quoi ? Et si y a pas d'antidote ? Et si... tu te bloques ici à jamais en faisant ça ?"

Et si… Le monde était peuplé de « Et si... » des éventualités. D’autres. Certaines advenaient. D’autres non. Le Monde de Preminger se révélait différent. Il l’avait toujours vu comme une sorte de défi, des obstacles qu’il surmontait toujours. Et si… Non. Il ne devait pas. Il refusait de se laisser happer par ces craintes… Mourir ? Se laisser mourir ? Ce n’était guère dans ses préceptes. Preminger ne se laissait pas tuer par ses adversaires. Il les déchiquetait.

- «  Je ne vais pas prendre le risque de me tuer définitivement avant d’essayer. Il y a forcément un antidote… Tuer ou être tué… »

Il avait choisi. Depuis longtemps déjà. Sans la moindre hésitation, le moindre remord. Son doigt caressa le visage d’Alexis, se glissant sur le creux de sa pommette, le velouté de sa peau

- « Nous allons vaincre. Je ne me bloquerai pas ici à jamais. Si quelque chose tourne mal, tu reviendras me chercher. »

Elle secoua la tête de gauche à droite très vite sous l'effet du stress

- "je peux pas faire ça Erwin... je... j'en suis incapable... je peux pas faire ça... "

De quoi parlait-elle ? Il le sut d’instinct. Il n’était pas question de leur éventuel retour, la jeune femme ne l’avait peut-être qu’à peine écoutée. Elle s’était centrée sur son effroi, sur cette perspective qu’il lui avait révélé… La mise à mort. Le sang. Avait-elle déjà ôté la vie ? Il savait que oui. Mais elle ne l’avait jamais fait… « volontairement ». Cette fois c’était différent. Alexis était une femme multiple, débrouillarde et audacieuse, aventureuse même. Dotée d’un sens moral unique. Mais elle demeurait pure. Honnête. Intacte à la méchanceté. Il avait toujours pensé qu’il la convertirait à ses convictions. Qu’il lui ferait voir, comprendre. Sans la noircir, qu’il l’entacherait jusqu’à lui faire voir le monde à sa manière. Incroyable comme cette circonstance pouvait lui servir. Et comme pourtant, il ne parvenait pas à s’en réjouir… Pour autant, il lui saisit le visage à pleines mains, laissant ses paumes réchauffer la douceur de ses joues, plongeant son regard fiévreux dans le sien. Elle honnirait ôter la vie. Et pourtant...elle devait le faire.
Et cela faisant, ne faisait-il pas son bien ? Apposant son front contre le sien, réduisant l’écart qui les séparait, il proféra, entrant dans sa proximité pour diffuser son opinion… Il devait la convaincre. Ses mots… Elle les porterait en elle. Qu’elle les accepte maintenant ou les rejettent, ils entreraient dans son esprit. Ne la quitteraient pas. Ils persisteraient soignant sa blessure, tempérant le geste qu’elle s’apprêtait à commettre, qu’elle devait commettre :

- « Tu le feras… » proféra-t-il lentement d’une voix douce, dans un venin semblable à celui qui coulait au sein de ses veines « Il n’est pas réel. Ce n’est qu’une chimère, Enora. Une monstrueuse chimère qui n’adviendra jamais. Tu ne feras jamais cela, alors fais-le ! Détruis cette peur, comme tu raturerai une erreur. Il n’existe pas, il n’existera jamais. Sa mort est ta catharsis... »

C’était l’option la plus idéale. Le présenter ainsi. Un pantin désincarné. Un être qui bien qu’ayant l’allure vivante n’existait pas réellement. Il ne pouvait être réel, et puisqu’il ne pouvait l’être, appuyer sur la détente ne se révélait-elle pas chose aisée ? Il supposait. Rien ne l’avait jamais dérangé de toute manière.. Prendre une vie...qu’importait… Que valait une vie ? Mais il ne pouvait décemment le lui affirmer, elle ne voyait pas les choses à sa manière. Il voyait les êtres humains comme des pions, elles les voyaient comme des Hommes.
Ce fut sûrement ce qui l’incita à reculer brusquement son front du sien :

- « Facile à dire ! S'ils sont pas réel vas-y toi ! Pourquoi tu meurs pas ? Ta destruction est ta catharsis !"
Ses bras s’élancèrent, dans le vide, mimant le dépit… "Après toi pour aller à la mort !" criait sa démarche… Les yeux du ministre s’allumèrent d’une braise d’irritation. «S’ils ne sont pas réel vas-y toi »… Même réels, il y serait allé. Mais « Pourquoi tu meurs pas ? »… Elle considérait réellement cela comparable ? Se tuer LUI-MÊME et tuer ? Tuer cela se surmontait. Surtout celle-ci Une vie insignifiante, méprisante même. Ce n’était que l’histoire d’un geste. D’une seconde. Ensuite, la vie, la SIENNE continuait… Cela passait aussi aisément qu’une goutte dans l’immensité de la pluie… Presque aurait-il cru qu’elle l’enviait de ne devoir que se « ôter la vie », dans sa propre situation. Sa propre vie valait-elle moins que la vie d’un fils obscène qu’elle n’aimait pas et qu’elle ne connaissait que depuis quelques heures? Et la sienne ? Ce n’était que la culpabilité d’ôter la vie qui parlait… Tuer ou être tué. Son choix était fait…
Pour autant… il la voyait pour ce qu’elle était. Une jeune femme acculée, effrayée par l’échéance. Terrifiée. Cela le calma, malgré la tension qui croissait en lui…

- « Je ne dis pas que cela est chose aisée. Tu n’es pas une tueuse, je le sais. » affirma-t-il sans dévier son attention d’elle, articulant lentement «  Mais, s’il n’y a qu’une voie… cette décision, malheureusement, tu vas devoir la prendre… Je pourrais porter le point de cette culpabilité sur mes épaules, pour te l’épargner, mais ça ne fonctionnera pas. » Il s’arrêta, un bref instant, suspendant son souffle, pour mieux lui asséner : « C’est toi ou lui. Je refuse que tu puisses rester ici, il ne mérite pas ce sacrifice… »

C’était vrai… Et la situation l’inquiétait d’autant qu’il ne pourrait être présent… S’il devait affronter Ursule, cette confrontation ne pouvait s’exécuter qu’en simultanée. Ils ne pourraient pas s’aider. Ne pouvait que compter sur elle pour faire le bon choix. Pour elle. Pour eux. Il devait la revoir… Ailleurs. Mais le choix était sien. Il fallait qu’elle aille au bout… Et il ne pourrait s’en assurer. Il ne pouvait que tenter de la rassurer sur ce qu’il adviendrait ensuite… effleurant son visage qu’il n’avait pas lâché, il ajouta :

- L’après ne sera pas simple, mais je t’y aiderai. Tu surmonteras ce traumatisme, je te le promets… Pour mon cas… je suis persuadé que je n’ai pas à me sacrifier. Si je meurs...je risque de mourir. Vraiment. Eux n’existent que dans nos cauchemars… Ce sont eux, notre catharsis, pas nous-même…»
- "Erwin... si on est vraiment dans un cauchemar... te tuer te réveilleras... mais je peux aussi me tromper et je comprends que tu ne veux pas prendre le risque, je ne le veux pas non plus même si je suis sûre de ce que j'avance. C'est comme dans un jeu vidéo, le boss final est toujours le plus dur. J'ai aucune envie de le tuer, je voudrais trouver des milliers de solutions pour le raisonner et c'est pour ça que c'est mon boss... Pour toi, c'est EVIDENT que tu ferais tout pour essayer de survivre, c'est ce que TOUT LE MONDE ferait... c'est pour ça que ce n'est pas la bonne solution. Et si... et si j'y arrive et que je pars sans toi ?"
« Si c’est le cas...Pourquoi n’est-ce pas la solution commune ? Pourquoi devrions-nous pas, alors, mourir ensemble ? » Après tout...elle était coupable du devenir de son fils. Pourquoi aurait-il du être seul à porter atteinte à sa vie. Il ne le dit pas. Il savait bien entendu que cette solution n’avait aucun sens… Ce n’était que son orgueil qui parlait. Mourir certes, mais que le Monde entier meure donc avec lui et son sort, alors, lui semblait moins désagréable…
Mais cette perspective n’était pas envisageable… Il se contenta d’égrainer à la jeune femme, le terreau qui permettrait à l’idée de prendre racine, avec douceur :

- « Aussi dur que cela soit, essaye de ne pas penser ainsi, à ce que tu aurais pu faire pour lui… Lorsque tu lui feras face, essaye de garder cela en tête : tu ne peux le raisonner, il est programmé pour être ce qu’il est. C’est trop tard pour lui… Pas pour toi. »

Elle ne pouvait pas se permettre d’éprouver de la pitié pour lui. Lorsque le fruit se trouvait pourri, rien n’empêchait la pourriture de croître. Le mal ne se rachetait pas, la racine du vice s’enfonçait bien trop profondément pour s’en arracher. Tout le temps où elle le pleurerait n’offrirait à Gaspard qu’une chose : du Temps et l’occasion de la contrer. Il le savait. Le mal savait se faire pertinent et parfaitement contrit lorsqu’il percevait l’opportunité derrière… Il fallait espérer, croire que de la bonté d’Alexis n’émanerait pas sa perte.
Erwin, quant à lui, n’en n’aurait aucune. IL enfoncerait l’arme au plus près du coeur de l’Autre, regagnant son âme et son être.

- « Le « boss final », comme tu dis est le plus dur à vaincre c’est vrai… Mais Ursule est bien plus dangereux que tu ne l’imagines… Il ne m’a pas empoisonné ordinairement, il m’a empoisonné par un foulard... Le tuer revient à… » Erwin marqua une pause, s’arrêtant net.
Me tuer… Tuer son autre lui… En affrontant Ursule, il affrontait bien une autre version de lui-même, bien plus qu’affronter une version d’Isaac. Cette terrible vérité, Alexis l’ignorait. Et il convenait qu’il resta ainsi. Il reprit constance, s’humidifiant les lèvres :
- « Cela ne sera en rien évident. C’est un digne « boss final » pour moi. Je... »

Elle l’avait redemandé. « et si j'y arrive et que je pars sans toi ? » Il lui avait déjà répondu. La réponse était tracée. Alors pourquoi ces mots si simples se bloquaient dans sa trachée, coincés dans l’appréhension. Reviendrait-il ? Reviendrait-elle ? Reviendraient-ils ? Entiers, pleins, saufs ? Sa réussite ne faisait-elle pas sens ? Qui mieux que lui pouvait triompher de Lui-même ? S’il...occultait sa faiblesse..
S’il ne revenait pas…. Rester ici ? S’il se trompait, tuait alors qu’il ne le fallait pas… Qu’adviendrait-il ? Le monde se reconfigurerait-il pour lui offrir une seconde chance, sur la base de ces divertissements informatiques dont Alexis raffolait ? Ou ferait-il définitivement corps dans ce monde ? Que devenaient ceux qui s’y trouvaient à jamais piégés d’ailleurs ? Leur trépas survenait-il après des années d’errance ?

-« Alors, Tu reviendras me chercher… »

C’était bien plus qu’une certitude, c’était une demande. Si quelque chose tournait mal, si ce monde, quand même il vaincrait, s’avérait mauvais joueur, il convenait qu’elle revienne. Il lui faisait confiance sur ce point. Sauver l’Homme qu’elle aimait, un lourd défi mais n’était-ce pas à la hauteur de ceux qui prétendaient l’éprouver ? Elle le ferait ! Mais de toute manière...

- «  Mais cela n’arrivera pas, trésor… Tu ne partiras pas sans moi.  »

Il l’avait affirmé avec une certitude viscérale. Elle ne partirait pas sans lui. Il sortirait… S’il ne sortait pas… Il la garderait avec lui. « Mais tu ne le peux…sauf... ». Il ne possédait pas un moyen de l’empêcher de se présenter devant Gaspard. Il ne possédait aucun moyen de décider de l’issue du duel qui se jouerait… Il ne désirait pas qu’elle échoua face à cette détestable saleté. Mais il ne désirait pas finir ici, seul… Une nuance sombre avait traversé son regard… Preminger secoua la tête, reculant d’un pas vif… A quoi bon s’angoisser pour des chimères ? Il ne perdait jamais. Il réglerait son compte à l’Autre et ils se rejoindraient ailleurs…

- « Je...Nous devrions y aller... »
« Si je regarde en arrière s’en est fait de moi ». Sa décision était prise. « Je sais ce qui me reste à faire… Toi aussi… »
Il avait commencé à se détourner, rapidement. Il ne fuyait pas...il se pressait seulement. Ce qui était peut-être pareil, en définitive… Mais il ne devait pas songer. A ce qu’il perdait, décidait, abandonnait. Les choix lumineux et sombres qui lui avaient traversé l’esprit… et le hantaient encore.
Il avait deviné les contours de sa silhouette sombre derrière, son port de tête droit, ses yeux, son désarroi, sa peine, sa peur, sa beauté, son coeur qui lui était sien. Sûrement était-elle restée figée, dans les premiers moments. Peut-être à présent recouvrait-elle les esprits… Elle le fixait, à présent, observant sa silhouette qui bientôt se fondrait dans la masse des invités…

- « Attends...embrasse-moi ».

Il s’était arrêté au premier mot, se retourna au deuxième. A son appel. Les notes de sa voix ne parvenaient pas à masquer son désespoir. Elle avait peur de la suite. De ce qui les attendaient. Dans ses yeux se reflétaient l’interrogation qu’aucun n’osait réellement formuler. Et si… S’ils ne se revoyaient pas. Il avait fait un pas vers elle, portant la main à son foulard sur lequel son regard était brièvement tombé. Le dénouant. L’appréhension de la jeune femme à l’approche du tissu fit vriller son regard… Ses mains le dénouèrent lentement, alors qu’il ramenait son regard sur elle. Contemplant son visage délicat, le reflet de son regard… La soie glissa jusque dans sa main gauche. « Et si j'y arrive et que je pars sans toi ?"… Il s’approcha, rompant la distance entre leurs corps.

- « Il mio delizioso tesore » soupira-t-il.

Le soupir s’échappait de lui-même, dépassant Preminger. A quoi soupirait-il ? A cette situation de tension dans laquelle ils se trouvaient tous deux. A la mort qui gagnait en lui. A l’Amour qu’elle lui portait. Au lien qui les unissait. A ce qu’ils s’apprêtaient à vivre séparément. Un peu de tout cela. Il l’avait scrutée avec intensité, au fur et à mesure de ses pas lents puis sa main libre s’était levée. Dans un geste tendre, il avait caressé le creux de sa joue délicatement… Etait-ce là que la chair avait laissé place à une prothèse ? Il ne le savait pas, mais il s’en moquait. Ce n’était pas la peau de la « Reine » qu’il effleurait mais celle d’Enora. Celle dont il connaissait la saveur, la texture, la douceur et les contours. Il se taisait. Tout semblait avoir été dit. Et le reste attendrait suspendu aux épreuves qu’ils devraient affronter.
Il l’embrassa alors, goûtant le velouté de ses lèvres, alors que ses mains se refermait sur elle, pressant son corps sur le sien. Il prit son temps au départ, comme dégustant une source d’eau inespérée au milieu d’un désert aride. Puis le rythme de son baiser s’intensifia de lui-même, s’abreuvant dans la douleur du moment, du manque qui s’en suivrait. Il se mourrait. Ne le désirait pas. Il ne le ferait pas. Sa main valide était remontée jusqu’aux cheveux de la jeune femme, ses doigts s’y perdant alors que l’autre demeurait en équilibre, à mi-dos, chargée du voile traître qui causait son actuelle perte… Il aurait pu le laisser choir. Il ne l’avait guère fait. Leurs baisers avaient l’intensité du Doute… La tentation avait ressurgit alors. Revenue, sourde, au rythme de ses sens, au rythme de ses angoisses, coulant entre ses doigts. Il semblait que le foulard se muait serpent, oscillant entre ses phalanges, lui glissant des envies... « Tu ne partiras pas sans moi. »[/i]… Sa main remontait aussi… Craignait-il à ce point pour sa vie ? Craignait-il de ne pas être dans le vrai ? Sa bouche pendant ce Temps scellait encore leurs êtres, leurs âme, passionnément. Il ne désirait pas mourir. Il désirait régner. Et il convenait qu’ils se retrouvent, libérés de ce monde, quoiqu’il en coûte. Il eut un moment de déséquilibre. Sentit le tissu lui glisser des doigts, lui ôtant le dilemme qui s’y trouvait. Les dés s’en trouvaient jetés.
De toute manière, il savait ce qu’il avait à faire. Il suffisait d’espérer que son corps puisse le lui permettre. Depuis quelque temps, une douleur irradiante saisissait son coeur, outre la peur et la tension qui l’enveloppait. Il lui semblait que l’organe aurait pu brûler dans la souffrance… Seul ce moment, insensé, inutile s’il l’évaluait en temps utile à sa survie, désespéré et passionné, le rattachait à sa vie… Le distanciait de l’inévitable tout en lui surlignant son imminence. Bientôt… bientôt, il le sentirait plus. Le goût de ses lèvres, son corps posé contre le sien, son essence, tout ce qui la composait… Bientôt, ils rejoindraient leurs enjeux réciproques, l’esprit conscient que dans le même trait de Temps, l’autre l’affrontait aussi. Il ne devait guère se laisser déconcentrer. L’unique moyen de lui permettre de le lui revenir était leur réussite commune.
Dans un souffle, il avait posé son autre main sur le buste de la jeune femme, les tirant doucement hors de leur étreinte passionnée, dans un soupir. Ses yeux incandescents malgré la douleur, l’avait dévorée du regard capturant à jamais son âme, l’inscrivant en lui… Lui venaient ces mots qu’il lui proférait, soudainement galvanisé par la caresse de son regard… par l’unité qu’ils formaient, par son triomphe prochain :
- [i]« Ne te plains pas d’hier ; laisse venir l’Aurore : Mon âme est immortelle, et le Temps va s’enfuir »
Nous nous reverrons, Enora. Pense juste à ça, concentre-toi sur ça. Pense au soleil, la mer qui s'étend au loin, le pont du bateau...la croisière nous attend. Représente-toi cette scène. Je serai là.”

Il recula. Au loin, une forme familière les observait depuis un moment, les yeux brillants. Preminger le distingua mais n’y pris guère attention. Il proférait une promesse, une sentence à destination du Destin. L’hésitation et l’effroi s’étaient effacés. Seuls régnaient en lui l’Absolue certitude de sa Victoire et la profonde Haine qui hurlait à sa Vengeance prochaine. S’il parvenait à l’infuser en Enora, elle vaincrait à son tour. Et elle le ferait. Elle en possédait la force. Elle en possédait le cran. Deux sangs jumeaux couleraient ce soir.
Il s’était éloigné, se laissant couler dans la foule. Alexis avait à son tour disparu, rassérénée, songeait-il par sa certitude.
A présent fallait-il trouver la cible et l’attirer à lui, d’une manière efficace et rapide. Surtout rapide. Il évita un couple, saluait brièvement ceux qui semblaient se diriger vers lui pour prendre finalement la direction opposée, sans le trouver… Oh diable pouvait-il…

- « Que lui as-tu fait ?! »

Il avait jailli devant lui, soudainement, une crispation contrôlée sur son air policé, les yeux fulminants. Sa voix ne s’était élevée plus lourde qu’un murmure, mais son timbre trahissait une nervosité réelle. Preminger le fixa avec une répulsion glacée qui ne pouvait encore se muer en haine franche. Ursule… Il sembla soudain au ministre que ses membres entiers se tordaient sous l’effet du poison qu’il avait introduit en lui. Battant des cils, il avait éteint le monstre en lui pour laisser le naïf s’exprimer :

- « Je...de quoi parles-tu ? » sa voix posée sonnait encore plus efficacement que la majorité de ses faux-semblants.

L’Erwin de ce monde ne se méfiait de rien…
Mais Preminger, tapit dans l’ombre, avait fait le rapprochement. Il savait pertinemment ce qui mouvait le courroux de son engeance. L’effroi qui grimpait autant que la satisfaction perlait en lui. La première étape de sa revanche commençait à se dérouler devant lui. Ursule ne s’en crispa que davantage, pinçant la bouche pour tenter de se maîtriser :

- « Le foulard… Pourquoi… L’as-tu… L’as-tu mis à Mère ? Pourquoi »

Une satisfaction vicieuse avait sourit en lui. Il n’avait pas vu le début de leurs étreintes, juste sa main descendant, perdant le foulard. En avait déduit qu’il l’avait passé au cou de sa femme, avant que celle-ci, probablement en colère de son attitude au cours de la soirée, ne l’en dissuade et le fasse choir d’un geste.

- « Ce présent nous lie…Tu trouves que cela est mal ? Ursule… ai-je enfreint le protocole ? »

Preminger avait senti son être interne entier frémir de dégoût lorsque sa propre main avait effleuré le bras de son « fils ». L’autre, gracieusement, avait tressailli, se reculant à son tour, dans un dégoût masqué :

- « Non… non. Profite donc bien. On dit qu’on ne profite jamais assez du jour présent, n’est-ce pas ».

Il avait ricané dans une exultation qui cependant n’avait rien de satisfait. Il rageait, paniquait sûrement même. Il l’avait vu jouer avec le foulard avant qu’il ne lui glisse des doigts, comme Preminger l’avait espéré… A présent, il croyait à l’éventuel empoisonnement de sa mère. De la Reine… S’il songeait que les sentiments d’Ursule à l’égard de sa mère devaient se trouver proche de tout l’Amour qu’il lui portait...il n’était guère conclu dans l’accord avec son frère qu’Alexis puisse être sacrifiée. Cette dissidence rompait le pacte qu’avaient conclu les jumeaux. Ursule ne manquerait ainsi pas de courir prestement là où se trouverait l’antidote… Si antidote, il y avait… Mais, il y avait forcément. Il l’avait laissé prendre de l’avance. Se mêler à la foule, se rayer un chemin. En attendant, il en avait profité pour subtiliser avec difficulté un long couteau à gâteau qui traînait sur l’étalage des pâtisseries en tout genre. On n’avait pas prêté attention à lui. Si indivisible… Si quelconque… Lorsqu’Ursule avait passé, en revanche le pas de la porte, Preminger avait lancé sa filature. Se fondant aisément dans la masse, il avait louvoyé entre les danseurs, les ivrognes, les rieurs et courtisans pour atteindre la porte d’entrée… Tout à sa propre habitude, Ursule ne se sachant pas suivi ne se pressait pas. Il empruntait, à l’inverse, un pas tranquille, bien que preste, qui n’appelait pas l’intérêt des personnes qui le croisaient. Tous le saluèrent et bien qu’il pris la peine de leur répondre dans un sourire, il ne s’arrêta pas… Preminger à présent le jaugeait différemment. S’il désirait survivre, il n’était guère question de reproduire les erreurs précédentes. A présent, il convenait de le traiter comme un égal. C’était ce qu’il était. Un double de son cerveau possédant la même malice cruelle, les mêmes raisonnements… Au-delà des inconvénients, il possédait au moins l’avantage de la surprise. Coincé dans ce corps indolent, Ursule ne pouvait s’attendre à se mesurer à un adversaire à sa hauteur… L’effet de surprise était à son avantage. Pour le reste… Il suffirait d’œuvrer de Talent.
Son fils remonta un long couloir, tourna à droite, puis à gauche, s’éloignant du sentier initial qui le mènerait à ses appartements. Il rejoignit à l’inverse, une zone bien plus déserte du bâtiment. Preminger s’arrêta au couloir, le voyant se stopper à quelques mètres plus loin devant une porte d’entrée. Il se plaqua contre le mur, en profitant pour reprendre difficilement son souffle. Chaque bouffée devenait un supplice supplémentaire, témoignant du poison… Il fallait agir vite. Lorsqu’il s’autorisa un regard, Ursule avait disparu. Sur la pointe des pieds, il avança dans le couloir. Ce dernier desservait nombre de portes, dont il ignorait tout des pièces cloisonnées derrière… Fort heureusement, il avait mémorisé l’emplacement où Ursule avait disparu. Cela éviterait de donner l’alarme en déclenchant une alarme ou qu’est-ce… Ne restait juste qu’à espérer que ce dernier n’ait pas verrouillé derrière lui. Sûrement non… Le sentiment d’urgence pouvait l’avoir suffisamment paralysé pour qu’il n’y songe pas, se pensant d’ailleurs forcément bien supérieur à tout esprit des environs. La poignée s’abaissa, confirmant son raisonnement. Il ôta la clef laissée sur la porte, puis ouvrit doucement, veillant à ne pas provoquer un grincement désordonné. Passant sa tête à l’intérieur de la pièce, il le trouva. Dans une sorte de grand bureau, Ursule fouillait attentivement une sorte d’armoire à portes battantes, dos tourné. Il n’avait pu l’entendre. Un grand miroir en pied était déposé non loin d’un secrétaire, l’informant immédiatement de l’identité de la personne qui occupait régulièrement les lieux. C’était Lui. Enfin...Ursule.
Il observa sa silhouette affairée un instant, dans le silence… Alexis au même instant faisait-elle face à Gaspard ? L’observait-elle ainsi encore, le jaugeant, sans qu’il ne s’aperçoive de sa présence ? Une once de pitié la traversait-elle ?
Dans sa poche, il crispa ses doigts sur le manche du couteau. Il aurait pu se faufiler jusqu’à Ursule, tenter de lui planter le couteau dans l’échine… Mais, le jeune homme se retournerait sûrement avant… Parerait son couteau si son corps ne se rebellait pas au point de le trahir une nouvelle fois… Valait mieux procéder d’une toute autre manière… Après avoir rapidement vérouillé, la porte, il avança :

- « Looking for something ? » interrogea-t-il doucement…

Le grain de sa voix ne suivait pas. Il ne s’en formalisa pas. Quoique son timbre tentait de dire, son âme le trahirait. De toute manière, il n’était pas ennuyeux que sa voix taise son intention.
Un long sursaut avait agité la colonne vertébrale de l’Autre, mais ce dernier avait tempéré son saisissement se tournant glacial vers lui, le toisant avec mépris :

- « Que fais-tu ici ?.. »

Sa main détenait une fiole entre ses doigts, même si Erwin avait feint de ne pas le remarquer. C’était comme si tout son corps s’était contenu de ne pas fondre sur lui… L’éclair. La lumière à sa longue agonie. A portée de main. Il convenait d’y parvenir. D’ignorer la douleur diffuse qui brûlait chaque organe.

- « Je...te cherchais… Ce que tu m’as dit...m’a contrarié. Je voulais...te voir… »
-  «Bien évidemment...tu ne pouvais pas m’attendre ?  »

Ursule avait caché subrepticement le flacon dans la poche de sa veste, se posant non loin de l’armoire. Ses mains s’étaient refermées, se croisant sur son buste, tandis que son regard se faisait méprisant. Il connaissait ce regard, pour l’avoir observé longuement dans son propre miroir… Ursule n’était pas idiot. Il ne l’était pas, parce qu’il était LUI. Son esprit flairait le danger, sentait le vent tourner. Le jeune homme le scrutait foncièrement, les yeux brulant sur lui, observant sa démarche, sa manière de se mouvoir progressivement jusqu’à lui. Il fallait agir vite pour se rapprocher au maximum de sa cible…

- «  Pourquoi es-tu ici..Père ? »
- « Je veux… Tu sais très bien ce que je veux. » minauda-t-il, s’arrêtant la main soudainement suspendue sur le coeur.

Ca n’avait pas été l’étrange malédiction qui pesait sur son corps, le forçant à se mutiler… Cela avait été bien autre chose. Quelque chose de bien plus désagréable… Une souffrance qui le clouait, lui coupant le souffle subitement, l’affaiblissant davantage chaque seconde que le Temps écoulait. Il avait surpris l’oeil gourmand d’Ursule à cette vue, saisissante, y retrouvant le goût qu’il prenait à ses manigances, le regard du maître jouant avec ses proies. Son estomac se tordit douloureusement à cette pensée, excitant sa colère. La pointe du couteau ferait des étincelles… Il mordrait sa chair, coupant sa jugulaire…
En face de lui, Ursule réprima un rire mesquin, haussant les épaules, avec indifférence :

- « Des excuses ? Que je me pende à ton cou en m’excusant de mon honteuse conduite à mon pauuuuvre Papa ? Mais tu as fait un siii long chemin et aujourd'hui est un jour si spécial alors… Comment... »
- « Refuser .. » coupa-t-il sèchement.

Il était encore trop loin pour l’atteindre d’un seul coup. Mais sa colère avait brillé dans ses yeux, les illuminant franchement d’une haine dorée. Il avait su que prononcer sa phrase serait difficile. Bien davantage que toutes les précédentes, mais qu’importait. Elle lui appartenait. Elle était à lui. C’était son credo, sa devise.

- « Que... »

Les prunelles d’Ursule s’étaient illuminées de la même manière, subissant la même humiliation, dans une stupeur rageuse. Dans un seul geste, il avait repoussé l’épaule de son père dans un geste de colère, manquant de le renverser. S’il s’était agit de la pauvre loque dont il empruntait le corps, peut-être aurait-il chu au sol. Mais Preminger s’étant attendu à ce débordement de colère, se déporta d’un pas, retenant le jeune homme par l’épaule :

- « Tu n’iras nul part… Pas encore » déclama-t-il doucement, grimaçant néanmoins sentant ses poumons se contracter, se ployer sous l’effort.
Ursule ne se dégagea pas. Il scrutait choqué la poigne qui l’empêchait de se déporter… Au vu de son expression, jamais son père n’avait fait preuve de la moindre autorité sur lui, rejoignant l’Histoire personnelle d’Erwin.
- « Lâche-moi. Immédiatement... » articula le jeune homme dans un souffle.

Pourtant, il ne le serrait qu’à peine. Cette simple manière de l’effleurer lui causait un vertige. Sa tête menaçait d’exploser. Comment parviendrait-il seulement à lui enfoncer le poignard jusqu’au coeur ? Une frayeur le saisit à cette pensée… Trasnporta son esprit quelques pièces plus loin…. Alexis y parvenait-elle ? Ou Gaspard la culpabilisait-elle ? Et s’il prenait l’avantage sur elle ? S’il portait ne serait-ce que la main sur… Une bouffée d’horreur le submergeant « Il le faut trésor ». Il tint bon. Ne relâcha pas. Pas encore…

- « Enlève...tes sales pattes de MOIIIII »

Ursule l’avait hurlé, brisant sa tempérance soignée dans un excès de violence, tandis que sa main fendait l’air, s’abattant sur Erwin, le repoussant cette fois avec une force plus conséquente. Il en tomba à la renverse, aidé par son corps fêlon, sentant le sol heurter son corps avec violence… Le rire d’Ursule avait accompagné sa chute, se prolongeant au-delà, camoufla son propre gémissement de douleur.

- « Tu es tellement pathétique… » cracha l’Autre penché au dessus de lui. L’envie de l’en torturer ne l’en démangeait que plus… Erwin le savait. Ursule tout comme lui, appréciait les humiliations…Il se sentait puissant, dévisageait autrui avec la certitude de sa supériorité. « Tors-toi… pleure. Rampe maintenant… Ramper… C’est ta seconde nature, tu sais ? »
- « C’est la tienne aussi... » coupa-t-il dans une quinte de toux, son visage tuméfié déformé par un sourire haineux le lui offrant.

S’il se mettait à geindre, plus la colère et la peur s’amplifiaient et plus le sadisme se ressentirait. Mais il ne présentait rien de cela. Seulement cette connaissance pleine de celui qui lui faisait face :

- « Semblable à un serpent… Il faut s’abaisser, s’humilier, pour obtenir ce que l’on veut. Tu vois, même le plus dangereux des animaux rampe pour mieux étouffer… »

Il ricana… La comparaison était venue toute seule. Elle leur correspondait de manière égale. Mais évidement, Ursule n’avait pu le comprendre. Il ne connaissait pas Preminger. Il ne connaissait que l’homme qu’il appelait Papa. Aussi, sa remarque sembla le saisir bien plus que toutes les gifles.

- « Je n’ai rien de comparable à toi... » déclama son Miroir dans une moue dégoûtée hautaine «  Je suis peut-être un serpent, oui… toi tu n’es rien de plus qu’un... moucheron… tu es écoeurant de bons sentiments et d’inutilité et de bêtises… Such pity… Prodigual Father...Tu me fais honte»

Ca ne s’adressait pas lui. C’était à celui qui l’incarnait… Cet individu qui pliait… Cet individu qu’il n’était pas, même si cette réalité lui refusait cette vérité. Et il pouvait le prouver… Glissant un genou vers lui, tentant de relever, malgré le risque de l’Autre l’en empêche, il répliqua :

- « Si tu le dis… C’est tout en réalité...qui se trouve être pathétique… my prodigual son… Tu n’es qu’un reflet de Mieux. De moi. Pire… » il sentit sa tête se fracasser sur le sol. Serra les dents. Il devait terminer. Ursule avait besoin de l’entendre... « Ca doit être frustrant… Se croire la Perfection incarnée et de vivre avec un double de soi-même. Pourquoi ne l’as-tu pas tué ? Comment peux-tu seulement supporter sa présence ? Surtout empreint de siiii basses pulsions...Et même si tu le faisais…Tu ne serais pas unique. Puisque nous sommes pareils... »

Il inspira, toussotant, crachotant...un filet de sang constellant ses mains… Le poison. Il lui fallait l’antidote… Sa main glissa dans le long de sa poche, se crispant sur le manche du poignard. De lui-même dépendait son salut.
Ursule s’était accroupit, ivre de rage, le saisissant par les cheveux. Il ne le frappa pas, pour autant, le sonda :

- « Tu es fou… Ma parole, tu es fou…. »

Malgré sa haine, son air restait hébété. Et il ne pouvait que croire en sa folie. Dans cette réalité, il n’avait que connu celui qui réprimait ses mouvements… A présent que voyait-il ? Un homme qui oscillait, entre la carpette et quelque chose d’étranger pourtant bien plus familier que ce qu’il avait connu. Ce devait être effrayant. Aussi effrayant qu’il le ressentait, alors qu’ils se faisaient face, bien plus proches que jusqu'alors… Au-delà de leurs différences, cette similarité qu’Ursule n’avait jamais éprouvé...il la vivait. Il ne pouvait que le faire, Preminger le savait. C’était cette force qui avait excité sa haine, ces dernières heures. Ces joutes verbales dont il n’avait pas l’habitude. Cette hâte et cette excitation à le faire taire...

- « Le foulard...c’était un coup de maître… » souffla-t-il les yeux cruels « Peu de personnes en serraient capables… A vrai dire, je n’en connaît qu’une. »

A moitié accroupit, il avait observé l’Autre blêmir, accusant le coup. Il devinait la chute… Les questions qui tourbillonnaient dans sa tête… Comment avait-il su… Depuis quand… A CET instant, savait-il ? S’essuyant la bouche, ignorant les palpitations de l’intégralité de ses membres, il laissa un rire aigrelet s’échapper de ses lèvres. Semblable à celui que l’autre avait laissé rebondir sur les parois de la salle lorsqu’il était tombé :

- « Oui. Tu as bien entendu… Alors, my prodigual son… donne moi l’antidote… Sinon...Tu sais ce qui arrivera....j’ai pris la liberté de verrouiller la porte… »

Le teint de l’Autre devenait verdâtre. Il le toisait à présent vide d’animosité, sonné et aux aguets, les pensées grouillants dans son esprit, en alerte, jaugeant les risques, les scènes…

- « NON... Tu ne lui aurais jamais fait ça… Non. Non. Tu es bien trop faible…trop amoureux  Tu mens… Tu l’aimes...tu ne la sacrifierai pas. Tu n’en n’as pas le cran. Tu n’as pas le cran de prendre ton rang !»

Ursula secoua sa tête frénétiquement. Preminger savait qu’il visualisait néanmoins la scène, le foulard dans ses mains. Il n’avait pu voir… qu’il n’avait pas effleuré la peau d’Alexis. Il n’en n’avait pas eu besoin. L’autre avait surpris la fin de son geste, le vêtement tombant sur le sol.

- « Allons, enfant, vraiment ? Pourquoi être venu ici alors chercher l’antidote… Ursule...you know the truth.. Quand à mon rang...Je vais le prendre MAINTENANT. C’est MA COUR...
- C’est MA COURONNE !

Il avait senti les mains d’Ursule se glisser autour de son cou, familièrement. Il connaissait ce geste. Cet instinct qui le mouvait sous l’éclat de l’ardeur sourde et mortelle. Mais il l’attendait. Alors que l’autre l’étouffait, il en profita pour saisir le poignard le levant pour tenter de lui asséner le coup fatal. Il lui érafla le bras, dévié par son propre corps tandis qu’Ursule tressaillait, grimaçant sous la douleur qu’il n’attendait pas. Son « fils » considéra l’arme avec un effroi sidéré.

- Donne-moi l’antidote !!! Ou je te le prendrais..de force... »

L’instant d’après ne fut que lutte et chaos. Il tentait de s’en dépêtrer. Chaque blessure infligée à ursule, provoquait une nouvelle entaille dans la chair de sa peau, alors que le poison pire s’infusait incandescent en lui, le crispant sous la douleur. Le sang coulait. La mort rôdait, gourmande. Il ne voyait plus rien.. Que l’oeil rougeoyant d’Ursule. Ses forces s’amenuisaient au fur et à mesure de son corps s’affaissait. Il glissa, sentant la main de l’Autre s’incruster dans le creux de son cou, lui coupant le souffle. Il battit des jambes, inspirant dans le vide, essayant de maintenir son arme dans la direction de son ennemi. Le souffle d’Ursule pesait sur sa peau, glissait sur lui, dans un grondement rageur. Il le gifla sentit le poignard lui retourner le coup aussi vivement, lui arrachant un hurlement. Sa main battit l’air vide, désespérée. Il avait lâché l’arme. Et son éclat d’argent bientôt luisit devant lui. Il la saisit avec désespoir, sentant le sang creuser ses deux paumes… Peu importait.. Il retenait le coup mortel qu’Ursule approchait de son cœur, la peau à vif, les paumes écarlates… L’autre ricana follement, un éclair de folie brûlant dans ses prunelles :

- « Tu as beau te débaaaattre, tu n’auras rien…. Si seulement tu pouvais te voir… Tu verrais la mort sur ton visage. Je ne sais même si je dois t’achever… Je n’ai qu’à attendre patiemment que tu meures. Il n’y en a plus pour très longtemps… »
Ursule ne fit cependant pas un geste pour abaisser le couteau, continuant de l’enfoncer, contemplant le sang qui s’échappait des paumes de son père dans un intérêt illuminé, poursuivant :
- « C’est même meilleur de contempler ton insignifiance au profit...de ma grand.. »
- « Grandeur. Parce que je suis né pour plus grand... »

Preminger l’avait observé soudainement. Les mots s’étaient entrechoqués, en même temps que la phrase sortait de la bouche d’Ursule. Il avait prononcé ces mots des années auparavant à son propre père. Il ne l’avait pas tué. Il était insignifiant comme lui, à présent… Et pauvre. Mais il l’aurait fait s’il avait été Roi, sûrement… Assurément, vu ce qui était en train de se produire. C’était un miroir de sa vie et Ursule n’était pas l’autre. C’était Lui. Et lui, n’était que l’Autre. Ce qu’il avait craint de se voir devenir. Ce qu’il avait rejeté en choisissant de croire avant tout en lui-même… Devant, cette vérité, Ursule continuait de s’époumoner d’arrogance :

- « Tu es né pour me donner la vie. Tous les deux ! Je me suis toujours demandé ce que vous vous trouviez...Mutuellement. Je suppose que la réponse était simplement qu’il fallait une cause à ma venue au monde… Peu importe la folie qui t’anime à présent ! Tu ne changeras pas ce que tu es ! Un misérable faible ! Un individu misérable ! Qui n’a rien obtenu dans cette vie comme l’autre ! Craintif, inutile. C’est tout ce que tu as toujours été… Un misérable BOUFFON ! Tu as sacrifié tes ambitions par la crainte de mieux. Tu es resté dans les rangs ! J’ai pensé que peut-être tu avais eu l’intelligence de te rapprocher de Mère pour obtenir son pouvoir.. C’est ce que j’aurais fait à ta place… Mais non. Tu l’as fait par amour. Pire, tu n’as même pas profité de l’opportunité. Tu étais intelligent qu’ils disaient… Tu n’en n’as jamais usé, pourtant. La belle affaire ! Tu n’as jamais su ce qui était réellement important L’amour t’a rendu faible. Tu es une carpette… Un Mais MOI je suis au dessus de ça ! Je sais ce qu’il faut sacrifier ! Je sais QUI choisir !

C’était ça… Il pouvait encore lutter, il le faisait encore, en dépit de tout… Mais...la vérité lui sautait aux yeux, inévitable, comme la voix d’Alexis. Il n’y avait pas d’issues pour lui, autre que celle que la jeune femme lui avait confirmé. Il l’avait toujours su. Il l’avait su depuis la réalisation. Il avait seulement fuit…. Parce qu’il refusait … la crainte qu’il refusait d’admettre et qu’Ursule lui crachait aussi. Qu’Isaac soit comme lui, qu’il lui vole sa vie, sa gloire son Destin. Enora… Que l’attention qu’il portait à la jeune femme ne le détourne de lui-même… Qu’il s’empatte qu’il s’attendrisse.
C’était cette version de lui-même qu’il avait vu, vécu. Ce qu’il pensait que l’affection pouvait faire sur autrui, ce qu’elle faisait sur autrui appliqué à lui-même. Cette version pitoyable qu’il HAISSAIT autant qu’Ursule en cet instant précis. Cette version qui n’adviendrait pas… Il était ce qu’il était. Peu importe qui il appréciait. Il resterait lui-même. Il resterait Erwin Preminger. Et son Destin, sa Destinée était glorieuse. Dans ce monde, il n’était plus lui-même. C’était un imposteur. Dans ce monde, il s’associait à la quête d’Ursule. Dans l’Autre, il regagnerait son être. Il fallait que cet Erwin meure. Pour qu’Il puisse vivre.
Il fondit ses yeux dans ses yeux dans ceux de son double. Maîtrisant toutes ses forces autour de la lame, la retenant davantage pour que l’impact final n’en soit que décuplé. Songea à Alexis… L’imaginant sur le pont, les cheveux dans le vent, souriante, libre… Elle l’attendait. La vie l’attendait. Sa Couronne l’attendait. Il s’attendait. Dans la Mort. Il pouvait le faire. Il le fallait. Il le devait. « Que cela ne fasse pas trop mal…Pitiié.. ». Inspira profondément….

- « Tu as raison… Il faut faire un choix… Et je me choisis Moi. Après tout…. comment refuser ? »

Il lâcha la lame. Relâcha son geste. Libérée, la force d’Ursule n’en fut que plus vive, figeant le couteau. Net. Droit dans son coeur.
Son buste se tendit en avant, sous l’impact, alors que sa bouche exhalait un cri silencieux, les yeux écarquillés. Ursule avait suivi le mouvement presque involontairement. Qu’importait… La souffrance s’en trouvait presque inhalée par l’engourdissement total de ses membres causé par le poison. Le sang s’écoulait de sa poitrine, de l’arme qui s’y trouvait figé, telle une épée mortelle placée en son sein… Le rouge glissait, coulait… Il préférait le violet. Il papillonna des yeux, tâchant de ne pas paniquer. Tel était le choix. Telle était la Destinée. Une lueur s’allumait autour d’eux. Elle n’était pas réelle...ne naissait que de ses yeux… Il avait froid… ou était-ce Le souffle d’une brise… Sur le bateau… Pourvu qu’Enora… Ursule s’était penché sur lui. Cela ne pouvait être que lui même si son visage s’en trouvait brouillé. Il marmonnait quelque chose d’indistinct. Il avait gagné… Erwin remonta sa main sur le bras de ce dernier… Un sourire tordu gagna ses lèvres narquoises et il articula :
- «  Le Roi est mort, Vive le Roi. »

Ses yeux incandescent se fermèrent totalement. Il imagina le soleil, l’eau la brise, le pont. Enora. Et son souffle s’éteignit dans sa lumière.

Le Roi était mort.

« Ne te plains pas d’hier ; laisse venir l’Aurore : Mon âme est immortelle, et le Temps va s’enfuir »
Nous nous reverrons, Enora. Pense juste à ça, concentre-toi sur ça. Pense au soleil, la mer qui s'étend au loin, le pont du bateau...la croisière nous attend. Représente-toi cette scène. Je serai là.”Je serai là ».



Vive le Roi.



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Alexis E. Child
« Allez dans la Lumière.
C'est au détour d'une Ombre
que nous attends le Mal. »


Alexis E. Child

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Tu es comme tu es... mais malgré les erreurs, tu me rends parfois la vie de maman célibataire plus douce...


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Edition Octobre-Novembre 2020

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________________________________________ 2022-02-06, 21:31 « Allez dans la Lumière. C'est au détour d'une Ombre que nous attends le Mal. »




A la poursuite de l'Île au Trésor


Je m’étais détournée sans un dernier regard, celui-ci me semblant insurmontable. L’absence d’Erwin créa alors en moi un puissant sentiment de vide et d’urgence. La musique qui me parvenait toujours semblait si lointaine, en écho, comme si je la percevais d’un autre monde, de la vitre épaisse d’un aquarium ou sous l’eau. J’étais submergée, sans savoir par où commencer. Il fallait que j’affronte Gaspard, je le savais, il le FALLAIT mais cela me semblait au-delà de mes capacités. Quant au sort d’Erwin... il semblait pourtant si sûr de lui et je ne l’étais absolument pas. Devais-je le laisser faire cette immense bêtise ? N’aurais-je pas dû être plus combattive ? Et s’il ne revenait jamais ? Était-ce seulement possible ? Qu’est-ce que je devais faire ? M’occuper de Gaspard ? Courir après Erwin ? Pouvais-je seulement revenir le chercher ? Et si jamais je me trompais sur toute la ligne ? Tant sur Erwin que sur moi ? Et si je tentais de tuer Gaspard et que rien ne changeait ? Je tuais quelqu’un pour rien... Et je m’enfonçais de plus en plus dans ces noirceurs qui me terrifiaient. Je n’avais jamais ôté la vie de gaité de cœur mais je ne pouvais pourtant plus dire que je ne l’avais jamais fait. A chaque fois sur le moment, cela m’avait sembler être la chose à faire parce que nous étions face à un danger que nous devions arrêter mais le sentiment que je vivais continuais à me hanter encore et encore des jours, des semaines, des mois après... Jusqu’à ce moment présent. A chaque fois que je prenais la décision d’aller jusqu’au bout, je me transformais. Je le sentais et c’était loin de me plaire. J’avais l’impression de devenir cette machine de guerre, ce bulldozer sûr de faire ce qu’il fallait pour le mieux et qui ne reculait plus face à sa décision et il m’arrivait de me demander au creux de la nuit si cela signifiait que j’étais à ma façon une sanguinaire, pire, si j’aimais tuer.

Je me rassurais toujours en me disant que si j’avais à ce point du mal à trouver le sommeil, c’est que je n’étais pas si prompt à faire couler le sang et pourtant à chaque fois mes vieux démons me revenaient. Et pourtant ce soir, je devais me rendre à l’évidence, plus que de craindre cette partie de moins, il fallait que je la recherche car elle seule m’empêcherait de flancher et me permettrait d’aller jusqu’au bout, de faire ce qui devait être fait. Et s’il me restait du temps, peut-être aurais-je le temps de sauver Erwin ou du moins, de le ramener à la raison, bien qu’il n’en fît très souvent qu’à sa tête...

— Vous êtes revenue ?

J’avais légèrement sursauté en entendant sa voix. J’étais retournée sur la terrasse presque malgré moi, plus par recherche d’air que par volonté de le confronter. J’étais d’ailleurs presque sûre de mettre retrouvée seule à ce moment-là et cette version était plus que corroborée par le fait que Gaspard se tenait dans l’encadrure. Il avait dû me voir faire marche arrière et, plein d’espoir, était revenu sur ses pas. Il avait sur le visage une expression étrange où ce mêlait l’espoir de voir son rêve devenu réalité et une méfiance froide, sans aucun doute liée à la colère qu’avait laissé dans son cœur ma gifle qui lui avait d’ailleurs bien colorée la joue. Je ne l’avais pas loupé. Je ne contrôlais plus vraiment ma force lorsque j’avais peur. Déglutissant, je m’étais redressée pour lui faire face, essayant de préciser calmement :

— Je voulais voir comment tu allais... Je n’aurai pas dû te gifler.

— Vous ne le referrez plus, n’est-ce pas ?

Il y avait dans sa question un arrière-goût de menace qui me glaça le sang tandis qu’il faisait un pas dans ma direction. Tentant de garder mon calme, je précisais :

— Je n’aurai plus à le faire si tu ne dépasses pas les bornes... mais tu es allé trop loin tout à l’heure, Gaspard...

— Vous n’avez jamais refusé mes baisers avant...

C’était sans aucun doute sa façon de me dire que normalement ce n’était pas quelque chose qui me dérangeait et cela me laissa sans voix. Un affreux doute s’empara de mon esprit. Était-il en train de me faire comprendre que cette situation était déjà arrivée ? Que celle que j’étais dans ce monde l’avait même encouragée ? Que je trompais mon mari avec … mon fils ? Rien que cette pensée me retourna l’estomac, c’était impossible, j’étais incapable d’une chose pareille. Sous l’effet de l’annonce, j’avais reculé d’un pas tandis qu’il avançait toujours.

— Est-ce que c’était vraiment le même type de baiser que celui que tu m’as donné ce soir, Gaspard ?

— Non, concéda-t-il, mais c’était des baisers quand même. Vous m’avez toujours couvert de votre amour, vous m’avez toujours laissé vous prendre dans mes bras, vous embrasser sur la joue, c’était inévitable que nous ayons plus...

— Tu te trompes...

— Bien sûr que non ! Je n’étais qu’un petit garçon, mais je suis devenu un homme à présent. Et je peux enfin vous donner l’amour que vous méritez, celui que Père ne vous a jamais donné.

J’avais senti une douleur poindre en moi, une douleur à laquelle je n’avais pas encore songé, qui s’était enfoui au fond de moi, tout au fond, malgré le fait qu’elle s’était toujours révélée bien visible jusqu’à présent. La fin du puzzle, ce qui complétait ma peur finale. Ce n’était pas tant que je couvre Isaac d’amour qui m’inquiétait... c’était tout ce qui se reliait à son père d’une certaine façon. Le fait qu’il ne soit jamais là pour lui et que je doive compenser d’un côté... mais qu’il Isaac compense aussi le manque qu’Erwin créait parfois dans mon cœur, par ses absences, ses manquements, son égoïsme, son égocentrisme et sa vision si particulière de l’amour... malgré moi, j’avais senti ma mâchoire se serrer sous la douleur et j’avais dégluti en secouant la tête de gauche à droite, détournant le regard, refusant que nous partions sur ce terrain.

— Tu as tort...

— Oh vraiment ? Vous a-t-il seulement dit un jour qu’il vous aimait ?

— Ce n’est pas parce qu’il ne le dit pas...

— … Qu’il ne le pense pas ? Aaah alors un seul geste de véritable amour ? Dénué de tout sentiment uniquement relié à lui ?

— Il a accepté ta venue au monde...

Je ne savais plus vraiment si je parlais à Gaspard ou à Isaac mais ça ne faisait rien puisque le premier n’était pas réel et le second pas encore né. Gaspard n’était qu’une projection de ma peur la plus profonde de le voir devenir cet être dérangé par ma faute, par tout ce que je pourrais faire de mal par mes doutes et mes craintes au sujet de mon couple, de mon enfant. Mon argument avait pourtant fusé mais parce que je n’avais pas été le chercher bien loin... Nous avions fini cette discussion quelques heures auparavant, j’avais pu comprendre pourquoi il l’avait fait. Il avait dit l’avoir fait pour moi et j’avais perçu dans son regard à quel point c’était sincère et pourtant, cela ne m’empêchait pas de voir naître d’autres peurs que Gaspard traduisait à voix haute. Il avait eu un rire moqueur, cynique :

— Accepter ma venue au monde... la belle affaire ! Pourquoi l’a-t-il fait déjà ? Aaah oui, parce que vous souhaitiez cet enfant mais surtout parce qu’il s’était rendu compte à que point VOUS l’aviez compris LUI. VOUS avez fait un geste d’amour ce jour-là, Mère, pas lui ! Il s’est contenté de vous en remercier en vous permettant ce cadeau et vous le savez ! Il n’en a rien à faire de moi, il sait juste que je ne serai pas un problème. Il n'en a rien à faire de vous, il vous couvre de cadeaux dont il ne comprend pas même le sens uniquement pour vous tenir tranquille dans sa main comme une loutre apprivoisée.

— ça suffit...

— Aaah ça suffit ? Vous en avez peut-être assez de vous confronter à la réalité ? Parce qu’elle vous fait peut-être trop mal ? C'est peut-être pour cela que vous détestez l’entendre minauder comme il le fait ? Parce que ce sont des choses que vous ADORERIEZ qu’il vous dise en vrai mais que vous avez parfaitement conscience qu’il ne le fera JAMAIS !

— CA SUFFIT !

S’en était trop. Je m’étais précipité par la porte toujours ouverte pour rejoindre la salle que j’avais traversé au pas de course, me faufilant entre les gens sans prêter une seule seconde attention aux regards surpris et interrogateurs qui se trouvaient sur ma route. Qu’ils aillent au diable, j’étais reine après tout, j’avais bien le droit de faire ce que je voulais ! J’avais remonté les couloirs à la recherche d’Erwin sans pour autant savoir pourquoi je le cherchais. Ça n’avait aucun sens. Je devais tuer Gaspard, ça n’était pas plus compliqué que ça et pourtant je faisais présentement tout le contraire. Non seulement ce n’était toujours pas fait mais je cherchais aussi mon “mari” qui devait être occupé à sa tâche et qui avait autre chose à faire que de se soucier de ce que je ressentais... mais s’en souciait-il vraiment ? Je réalisais alors à quel point j’étais en train de pleurer. Depuis combien de temps les larmes roulaient sur mes joues blanches ? Était-ce la raison des regards posés sur moi ? Comment quelque chose qui n’était pourtant pas réel pouvait me faire autant de mal ? Pourquoi mes peurs me faisaient-elles autant de mal ? Ne disait-on pas qu’il n’y avait que la vérité qui blessait ? Et ne cherchais-je pas Erwin juste pour me rassurer et me mentir encore un peu plus à moi-même ? Une chose était-sûre, c’est que je ne l’avais pas trouvé sur mon chemin, juste notre chambre, vide, sur laquelle je m’étais effondré, en pleurs, pendant plusieurs minutes, ne cherchant plus à comprends le pourquoi du comment, cherchant juste à me défouler de cette épine dans le cœur que je refusais de déloger et qui avait tellement grossi que je ne savais pas plus l’enlever risquait de m’apaiser ou au contraire de me tuer. J’avais fini par m’apaiser, la tête toujours sur mon oreiller que j’avais récupérer, mon bras enroulé dessus, l’ongle du pouce de ma seconde main dans la bouche, tandis que j’hoquetais, à la recherche d’un calme et d’une paix aussi interne qu’externe. Le regard figé sur le mur, je ne pensais plus à rien, beaucoup trop perdue, ne cherchais qu’à m’apaiser en espérant que la solution viendrait d’elle-même. Et comme pour réponse à mon appel... quelques coups furent frappés à la porte de la chambre. Je n’avais pas bougé, pas répondu, alors la porte s’était ouverte :

— Mère ?

Gaspard avait passé la tête par l’entrebâillement de la porte. Je l’avais entendu même si je ne l’observais pas. Je ne lui répondais toujours pas alors il décida de prendre les devants, entrant dans la pièce, refermant la porte derrière lui. Il resta un instant ainsi, sans rien dire ni bouger avant de finalement dire dans une voix qui trahissait toute la vérité de son ton désolé :

— Je ne voulais pas vous faire de mal...

— Je sais...

— Je voulais juste que vous ouvriez les yeux. Vous méritez mieux. Je peux être mieux.

— Non Gaspard, tu ne le peux pas.

Je m’étais redressée pour m’asseoir au bord du lit, l’observant. Il avait le regard dur de celui qui n’était pas redescendu de sa colère mais je voyais dans ses yeux que mon état le faisait souffrir. Après un instant d’hésitation, j’avais tapoté le lit à côté de moi pour l’inviter à s’asseoir. Il avait dégluti et s’était assis, les mains entre ses jambes, m’observant toujours gravement. Après avoir pris une profonde inspiration, je lui avais précisé :

— Tu ne le peux pas parce que tu es mon fils. Et l’amour que je te porte est puissant, profond mais il n’est pas amoureux. Et l’amour que tu dois me porter doit être le même que je te porte et rien d’autre.

— Il n’a aucune conscience de ce que vous êtes. Il pense vous faire une fleur en vous accordant d’être avec lui parce qu’il n’aime personne d’autre que lui-même et qu’il pense être le cadeau suprême. Pas une seule seconde il se pose la question de s’il vous mérite et il ne vous mérite clairement pas. Il ne voie pas votre beauté, il ne la soulève que dans l’ombre de la sienne. Il ne voit pas l’or qui se cache au fond de vous pour ce que vous êtes et faites aux autres, il ne voit que ce qu’il peut en tirer... Un homme qui est incapable de voir le trésor qu’il a à ses côtés tout en lui donnant pourtant ce surnom ne mérite même pas l’attention de qui que ce soit. Mais moi, Mère, moi je vous vois. Je vous vois pour VOUS parce que c’est ce que vous méritez. Vous méritez de vous voir vous-même pour ce que vous êtes, pas pour ce qu’on voudrait que vous soyez et cela, vous ne pourrez l’obtenir que par des personnes pleines de bonté et de sincérité.

— Ton père m’aime à sa façon...

— Peut-être... mais ça ne vous satisfera jamais. Parce que personne ne mérite d’être aimé à la façon de l’autre. Tout le monde mérite d’être aimé à sa propre façon, celle à la hauteur de votre amour et celle dont vous avez besoin. Il ne vous mérite pas, il faut que vous ouvriez les yeux, par pitié.

— Mais j’ai les yeux ouverts...

— Vous vous contentez de ce qu’on vous donne et acceptez ce que vous ne devriez pas accepter, je n’appelle pas ça avoir les yeux ouverts.

— Mais c’est MA décision Gaspard. Je fais ce que je veux. Il ne m’apporte peut-être pas l’amour que j’espèrerai qu’il m’apporte mais il m’apporte d’autres choses qui me conviennent pour le moment... Il me rend heureuse et à son contact je grandis aussi sur certaines choses. Que pense-tu pouvoir m’apporter, toi ?

— Ce que vous m’avez apporté toutes ces années. Vous avez toujours été à mes côtés. Vous m’avez défendu envers et contre tous. Même envers lui. Vous m’avez appris le respect, celui des autres et celui de soi. Vous m’avez appris la gratitude et la patience. La prudence et l’observation. L’écoute. Et vous avez aussi grandi à mes côtés, vous avez appris à vous inquiéter différemment de tout ce que vous vous étiez inquiété juste là, l’incertitude, mais aussi ce que c’était d’être tout aux yeux de quelqu’un, son rempart contre la vie, sa protection mais parfois aussi son ennemie ou celle qui ne me comprenait pas. On a fait tout ce chemin ensemble. Nous n’étions que tous les deux, pour chacune de ces étapes. On a évolué l’un avec l’autre, oscillant entre douceur et colère, récompenses et punition, mais toujours dans l’Amour, un Amour inconditionnel...

— Mais qui ne devient jamais amoureux...

Je l’avais plus murmuré pour moi que pour lui, parce que je comprenais à présent ce qu’il était en train de me montrer. Certes, j’avais peur qu’Erwin ne soit pas présent pour lui. Que je le couvre doublement d’amour pour parvenir à ce qu’il ne manque de rien. Mais en agissant ainsi, je jouais les deux rôles, ceux des deux parents, à ma façon. J'aurai sans doute plus aucun temps libre ou difficilement, il n’aurait peut-être pas deux façons d’interagir et une éducation un peu différée de celle de l’autre parent, mais je saurais me montrer forte pour nous deux, même si Erwin ne donnerait que peu. Et en faisant ce chemin, je lui montrerais l’amour de la maternité. Ce n’était pas lui qui s’était égaré en chemin, c’était moi. J’avais peur de le détraquer à trop le couvert mais l’amour que Norman Bates éprouvait pour sa mère n’avait rien du fait qu’il n’avait été élevé que par elle, il était juste lié à une déficience de sa normalité. Je ne pouvais pas pousser mon fils à croire qu'une histoire d’amour était possible entre nous dans les barrières de l’éduction, même si j’étais seule avec lui.

Quant à mon manque d’amour que pouvait me donner son père... Ce n’était pas à lui de le gérer ni même de s’en mêler. Jamais je ne pourrais tenter de noyer mon manque d’amour en récupérant celui de mon fils, la preuve à peine arrivée dans ce monde que je l’avais trouvé malsain, c’était impossible d’imaginer alors que je puisse déraper à ce point. Ce que je ressentais, je devrais en parler avec Erwin ou prendre une décision face à cela mais en aucun cas lier Isaac à tout cela et je n’avais aucune envie de le faire, je le comprenais à présent : ma peur n’avait absolument aucun sens. Je l’avais vécu... et je le comprenais à présent. Avec douceur, pensant plus à Isaac que je ne pouvais penser à Gaspard, j’avais posé ma main sur sa joue avec douceur, m’excusant presque mentalement d’avoir pu imaginer une seule seconde que mon fils pourrait devenir comme lui. Il n’avait rien de mon fils. Il ne lui ressemblait pas physiquement d’ailleurs, peut-être parce qu’au fond de moi, je savais déjà que tout ceci était stupide. Soulagée de le comprendre, j’avais eu un léger sourire tandis que je le soufflais, presque comme une prière :

— Excuse-moi.

— Mais vous êtes toute pardonnée.

Il avait posé sa main sur la mienne, avec douceur, la caressant tandis que sa joue réclamait plus de caresse. Prenant mon poignet, il avait glissé la paume de ma main jusqu’à ses lèvres pour l’embrasser tendrement. Pour la première fois, je ne frissonnais pas, parce que je n’y voyais plus un quelconque fils, juste un inconnu qui me menaçait de m’enfermer dans ses fantasmes desquels je ne souhaitais que sortir.

— Vous êtes magnifique.

— Tu trouves ?

— Je l’ai toujours pensé.

Maîtrisant ma répulsion pour l’être en face de moi, je m’étais approchée, enjôleuse, tandis qu’il lâchait ma main. Il avait posé à son tour ses mains sur mes joues, les encadrant un instant avant de les glisser dans mes cheveux et j’avais fondu sur lui avant qu’il ne me réclame un baiser, posant mon visage contre son cou, sentant l’odeur d’Erwin qui me donna étrangement pour la première fois la nausée. Je ne l’associais pas à un moment de calme et d’apaisement, je le liais totalement à la situation présente où je me sentais prisonnière de ses bras, de son emprise, du pouvoir que Gaspard exerçait sur moi avec une certaine force tandis que ses lèvres se posaient sur mon cou, avec lenteur et langueur. Il avait déposé plusieurs baiser, remontant légèrement jusqu’à la naissance de ma mâchoire et je m’étais retirée pour l’empêcher d’aller plus haut, l’observant pourtant avec un sourire en coin. Il fallait que j’en finisse, que tout s’arrête et vite.

— Je ne te pensais pas si entreprenant... Tu t’es entraîné longtemps pour parfaire un tel numéro ? Presque tout une vie, depuis que je suis en mesure de connaître ce genre de choses.

Il l’avait dit avec un amusement fier et j’avais posé mes mains sur son torse. Comprenant que je cherchais à le basculer sur le dos, il s’était laissé faire, un peu appréhendé par la démarche, comme un garçon découvrant le sexe pour la première fois mais avec un certain soupire d’aise. Ses mains étaient venues se posées sur mes hanches de façon expertes pourtant, m’invitant à le chevauché, ce que j’avais fait. Là, au-dessus de lui, mes cheveux tombaient légèrement sur son visage. Avec douceur, il en avait écarté quelques mèches, m’observant comme s’il me découvrait pour la première fois, chaque ligne, charque parcelle de peau, comme une merveille à découvrir. Il avait précisé dans un souffle légèrement rauque.

— Tu es sublime... je t’aime tellement. Pour ta douceur, ta patience, ta force, ton amour, pour ta beauté, ta sensualité...

C’étaient des choses qui étaient censées me faire plaisir, j’aurai sans doute aimé que Erwin me les dise mais comme tout ce qui venait d’ici, tout sonnait faut. Je ne le connaissais pas, il n’était plus mon fils, ni mon amant, juste un étranger qui cherchait à me nuire... et ma porte de sortie. Je sentais son autre main se pressait sur ma taille, s’aventurer sur mes reins. De mon côté, tandis que mes yeux et mon visage parvenaient à captiver ses yeux et toute son attention, ma main s’était approchée de mon oreiller, jusqu’à m’en saisir. Sentant que je tenais alors en respect, je m’étais redressée sur lui, en amazone, le laissant observer mes cambrures, ce qui me permit de le faire alors. J’aurai sans doute pu choisir plus rapide, moins difficile, mais c’était tout ce que j’avais sous la main et surtout j’avais senti que c’était le bon moment. Peut-être était-ce aussi une punition envers moi, une punition bienfaitrice, qui me permettait de voir dans la lenteur de l’acte à quel point je tuais enfin ma peur, je lui disais adieu. J’abattis avec force l’oreiller sur le visage de Gaspard et pressais mes deux mains dessus pour être certaine qu’il ne parvienne pas à l’enlever. Sur le coup de la surprise, il n’avait pas agi tout de suite. Ses mains s’étaient d’abord crispées à mes hanches avant de les quitter pour toucher l’oreiller et tenter de s’en débarrasser. Tout son corps se débattait mais mes entraînements au sein de l’ordre m’avaient appris à maîtriser une lutte au corps à corps. Il ne pouvait rien faire que je ne savais contrer. Ses jambes étaient bloquées, son dos solidement scellé au matelas. Je l’entendais hurler sa peur et son agonie et j’en avais laissé échapper un sanglot. C’était horrible. La pire des morts à laquelle j’avais assister. Le voir souffrir et se débattre ainsi, la peur au ventre me brisait le cœur. Il aurait pu être mon fils. Il l’avait été d’une certaine façon. Je l’entendais vociférer, la peur au fond de la gorge. Je pouvais presque entendre distinctement ses “MAMAN” hurlé contre le tissu tandis que ses mains s’étaient agrippées à mes poignets dans une tentative désespérée. Je sentais ses ongles qui griffaient mes poignets mais je tenais bon, pleurant toujours face à l’horreur de la situation, les yeux fermés pour tenter de la dissoudre et garder le courage d’aller jusqu’au bout. Ça me sembla interminable. Pourtant au bout d’un moment je sentis que ses plaintes se firent plus basses et finirent par se taire. Son corps commença à faire des gestes désordonnés et sans logiques, ses griffures deviennent de plus en plus faibles jusqu’à presque me caresser les plaies qu’il m’avait provoqué et au bout d’un moment ce fut le silence. Un silence lourd et pesant, tandis que ses bras retombaient lourdement sur le matelas. C’était fini. Je venais de le tuer.

Prenant conscience de ce que je venais de faire, je laisser échapper un hurlement de mes lèvres pourtant rester closes pour étouffer le bruit. Mes mains tremblantes avaient quitté le coussin pour rejoindre mes yeux, tentant d’oublier les images de ce que je venais de faire. Je relevais la jambe par-delà le corps sans vie de Gaspard, cherchant à fuir le lit par tous les moyens, les larmes se déversant toujours plus sur les joues. Se perdit alors l’équilibre tombant à la renverse en dehors du lit, encore et encore et encore et encore... dans une chute interminable et sombre. Une fois me parvint alors de très loin, une voix que je connaissais, bien qu’elle fût floue et si lointaine. Je cherchais à la rejoindre, à sortir de ce cauchemar. Erwin. C’était la voix d’Erwin, j’en étais sûre.

— HHHHH !

Je m’étais relevée d’un bond complétement paniquée manquant de tomber à la reverse de mon transat. Erwin était assis à mes côtés, il avait retenu mon geste de ses mains et mon dos s’était rappelé à mes bonds souvenir de douleur tant je m’étais redressée beaucoup trop brusquement pour la femme enceinte que j’étais... enceinte... Mes mains avaient rejoint mon ventre avec une rapidité fulgurante pour retrouver la rondeur de celui-ci, digne d’une gestation de presque 7 mois. J’avais alors laissé exploser une joie incontrôlable, mêlée au stress de ce que j’avais encore bien en mémoire, tandis qu’un rire de triomphe nerveux s’échappait de mes lèvres.

— ON EST REVENU !

Je réalisais alors que les mains d’Erwin me tenaient toujours fermement. Mon regard croisa alors le sien.

— ON EST REVEN...

Je n’avais pas eu le temps de finir ma phrase pour la seconde fois que mes lèvres s’étaient écrasés contre les siennes de soulagement. Il était là, lui aussi. Il y était parvenu. Nous y étions parvenus. Nous nous en étions sortis, sains et sauf.

— Madame, Monsieur, le commandant de bord vous annonce que nous serons de retour à Storybrooke d’ici une heure. N'hésitez pas à profiter quelque peu encore des commodités vous étant proposés pour la fin de ce voyage.

Je n’avais même pas répondu au même de l’équipage qui déjà s’éloignait pour annoncer sa nouvelle aux autres passagers. Je réalisais alors que j’avais les yeux humides, que je pleurais encore et que j’ignorais si c’était de la joie, du soulagement ou bien des larmes de tristesses que j’avais versées pendant mon sommeil. Les ressuyant rapidement de mes joues, je ne quittais pas Erwin de regard, posant de nouveau mes mains sur sa mâchoire. Mon front vint se poser contre le sien dans un instant de soulagement et de plénitude bien mérité. Les discussions que nous devions peut-être avoir viendraient sans doute, mais pour le moment, le temps était au soulagement et au bonheur. J’avais de nouveau posé mes lèvres sur les siennes, trop heureuse de les retrouver et de pouvoir célébrer à ses côtés puis après un ultime rire, je lui avais alors demandé :

— Comment tu as fait pour t’en sortir ? Tu devais finalement le tuer, toi aussi ?

Le temps était peut-être venu pour certaines explications moins faciles que je ne m’y attendais.

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Erwin Dorian
« If the crown should fit, then how can I refuse? »

Erwin Dorian

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- Pour ma victoire? C'est adorable, trésor... Même si en toute modestie, je dois admettre, qu'au-delà de cela, je suis un prestigieux modèle pour mes concitoyens"
(Alexis pense-t-elle qu'il est parti trop loin? Sûrement! On approuve)

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________________________________________ 2022-02-13, 23:10 « If the crown should fit, then how can I refuse? »


“Chaque Homme est sa propre île déserte.”
Erwin & Alexis


A la poursuite de l'Ile au Trésor



And I started to hear it again
But this time it wasn't the end


Le souffle du vent chaud, l’empreinte du soleil caressante sur une joue. Ce furent les premières sensations qu’il ressenti, sans en avoir réellement le temps de les apprécier, lorsqu’il émergea dans une longue inspiration. Les yeux grands ouverts, dévorants, il se retrouva le buste ployé en avant, assis sur un transat. Ses mains pressaient son buste là où l’instant précédent l’instrument d’argent luisait encore, planté en plein ventre. Il n’y toucha rien d’autre que sa chemise légère du plus meilleur tissu qu’il avait pu utiliser pour la faire confectionner. Ses doigts touchaient peut-être, mais il demeurait pourtant là, figé, à scruter des yeux le paysage sans le voir. Il l’avait fait. IL était revenu. Vraiment revenu… Une mouette passa dans le ciel, coupant le calme ahuri du réveil de son cri caractéristique. Il était revenu. Entier. Indemne. Intact. Lentement, ses mains dessérèrent leur prise pour remonter à tâtons, touchant, prenant mesure de ce qu’elles retrouvaient, sans lien ni souffrance. Son visage parfait, si familier qu’il ne pouvait contempler mais dont il reconnaissait si aisément les contours dans son seul toucher. Il s’était retrouvé. De mort, il était aussi ressuscité. Progressivement, sa respiration s’apaisait et ses yeux acceptaient d’élargir leur compréhension de l’horizon. Tout semblait exactement à ce qu’il avait décrit. La force de son ambition faisait pour cela des merveilles ! Un rire mesquin monta dans sa gorge, s’amplifiant au fur et à mesure qu’il prenait conscience de son retour… Explosant aux alentours. Fou. De sa réussite. Il était revenu. Il était là. Enfin lui-même. Puissant ! Gagnant ! Il savourait sa victoire, son retour ! Au delà de la rembarre, l’horizon s’étendait, bleu sur bleu. Le ciel et la mer ne se différenciant qu’à peine par la fine barre qui les dissociait, là bas. Le Soleil quant à lui, luisait au dessus de sa tête… Il la leva vers lui, levant les bras vers lui, savourant la chaleur moite qu’il procurait, sa victoire. Il luisait hilare aussi brillant que l’Astre.
Puis, son rire et sa frénésie s’atténuant, il abaissa son visage vers le transat dans lequel il se trouvait, découvrant Alexis qui reposait encore dans le voisin. Son visage ordinairement paisible alternait les émotions, se débattant, alors que ces bras s’agitaient dans le vide, tâchant de l’étreindre. Le rire du ministre s’était entièrement tut, alors qu’il se redressait davantage, se penchant pour l’observer, tâchant d’interpréter les mouvements effectués par la jeune femme. Y avait-il lutte ? Et dans cette option, qui gagnait alors ? Il songea à Ursule subitement, son visage bondissant à travers son esprit pour se superposer à la réalité. La sensation d’horreur et de souffrance. Le froid qui l’avait gagné. Qu’il avait haït cette expérience. Mais il ne pouvait nier en avoir appris. S’être rassuré et être vu averti de ce qui aurait pu advenir. Même si toutes les voies les plus odieuses menaient irrésistiblement à son triomphe.

- « Allons, allons trésor. Finis-en avec lui »

Ce n’était qu’un murmure chantant dont il doutait qu’elle pouvait prendre conscience et pourtant… Qui ne tentait rien ne possédait rien. Sinon comment aurait-il s’élever aussi haut qu’il se trouvait aujourd'hui ? Au moins, d’une certaine manière assistait-il au combat d’Alexis, bien que privé d’une particulière force de contrôle. La lutte n’en demeurait pas moins passionnante avec cette fascination odieuse de l’expectative. Reviendrait-elle ? Il le fallait. Elle devait triompher… Scrutant les moindres infimes détails, Preminger aperçu, alors que ses bras s’abaissaient soudainement, que ses paupières s’agiter. Enfin. Il se recula doucement dans le transat, dans un soupir d’aise. Il avait vaincu. Et elle aussi. A présent, qu’ils étaient indemnes, la Voie pouvait reprendre. Restait le temps de l’émergement.

- « Why hello, treasure… Quelles plaisantes retrouvailles ! »

Ce fut aussi brutal que lui. Soudainement, son corps s’était ployé en avant, avec autant de vigeur que le sien. Manquant presque de tomber s’il ne l’avait pas précédemment retenue opportunément, de ses deux mains. La pression qu’il exerça la retint, faisant prendre conscience au notaire du retour de sa force. Mécaniquement, alors que le reste de ses sens reprenaient progressivement leur droit et leurs habitudes, les mains d’Alexis étaient venues entourer d’un geste protecteur la rondeur de son ventre retrouvée. Un rire triomphal s’était progressivement emparé d’elle, relâchant par la même occasion l’intégralité de son stress et de ses émotions. Son corps s’agitait encore sous les doigts du notaire, du frémissement tendu et nerveux qui découlait de son calvaire. L’ivresse de la vie dépassait tout ce qu’elle venait de vivre. Mieux, elle la savourait davantage. Malgré la mort qu’elle venait de distiller. La voyant hilare, saisie dans le transport du soulagement et de la joie, il s’en trouva hautement satisfait. Cela faisait, elle goûtait à la joie égoïste de sa survie aux dépends de la mort. Cela faisant, elle se rapprochait de lui-même, à ses yeux.

ON EST REVENUS…
- « Oui. Nous sommes revenus » proféra-t-il en hochant la tête, les mains toujours en alerte d’un geste malheureux mais l’oeil flamboyant.

Le regard d’Alexis avait fondu dans le sien, prenant compte de la réalité de sa présence à ses côtés. S’y était mêlé toutes sortes d’émotions diverses et complémentaires, joie, soulagement, bonheur…

ON EST REVEN...

Elle l’avait alors embrassée, fougueusement, muée par une impulsion vive et impétueuse qui n’était en rien mué par un quelconque désir ressentit pour lui. C’était bien plus que cela. C’était l’impulsion de la vie qui fondait en elle, impérative, désireuse de se heurter à lui, de le retrouver. Leur baiser la raccrochait à la réalité, son existence, ce qui leur avait manqué. Et cela faisant, il finit par y céder à son tour, tout heureux de ressentir à nouveau, dans la force de son attraction et la puissance irradiante de leur embrassade, la certitude de son plein retour. Il était là. Ils étaient là. Chaque ballet de leurs bouches unies, chaque souffle rappelait cette vérité, les enracinait dans leur monde. Ils vivaient leur survie, leurs retrouvailles, tout ce qui les raccrochait à la vie, à leur attraction, leur lien. Ils fondaient l’un dans l’autre comme l’évidente conclusion de ces éprouvants moments, complets, sains et saufs.
Au mépris de ce qui pouvait les entourer, dans les premiers temps, jusqu’à ce qu’une voix électronique vienne à leurs oreilles :

Madame, Monsieur, le commandant de bord vous annonce que nous serons de retour à Storybrooke d’ici une heure. N'hésitez pas à profiter quelque peu encore des commodités vous étant proposés pour la fin de ce voyage.

Cela avait eu pour effet de le tirer de sa rêverie des sens, pour le ramener à la raison, se retirant du baiser vivement pour mieux couler un regard aux environs.

- « A Storybrooke ?... »

Ce murmure franchissait ses lèvres, mais le personnel ne semblait pas disposer à le renseigner, s’éloignant déjà fugacement. Les souvenirs précédant leur folle balade lui revenait en mémoire. Où s’était arrêté le rêve ? Ou avait commencé la réalité ? Le naufrage n’avait-il été qu’une vue de l’esprit ? Un mirage provoqué par...des éventuels somnifères placés dans leur verre la nuit précédent ce délire collectif ? Leurs corps n’avaient visiblement jamais quitté le bateau. Cela possédait un sens puisqu’ils s’étaient modifié lorsqu’ils étaient entrés dans le bugalow qui leur avait été attribué… Mais pas tout de suite. Il y avait dans ce lieu quelque chose de mystérieux qu’il désirait comprendre… Tout comme l’étonnant homme qu’ils avaient rencontré au début de leur périple sur l’île, avant que tout commence… Ce n’était pas normal. Cet homme, leur avait donné les instructions, et le vœu s’était produit devant lui, lorsqu’il l’avait initié… Fallait-il conclure que l’île avait été d’une certaine mesure...réelle ? Il posa un regard sur les environs, sans nécessairement se détacher complètement d’Alexis, contemplant les divers transats un peu plus éloignés où revenaient des individus hagards, se congratulant avec la même ferveur désespérée dont ils avaient fait preuve. Se pouvait-il que chacun aient traversé un sort pour le moins similaire ? Une telle menace aux abords de la ville ne pouvait se reproduire ainsi… et survivre ici… Même si prendre la parole pour s’en prendre à l’équipage aurait été une attitude des plus dangereusement suicidaire… Après tout, ils se trouvaient encore en haute mer, non loin de Storybrooke certes mais dans une étendue où seuls les oiseaux portaient trace de vie environnante…
Si l’attention de l’ancien ministre se focalisait déjà sur ces interrogations, Alexis elle semblait se focaliser sur ses émotions et notamment sur la joie d’être rentrée. Elle ne cherchait pas querelle, savourait seulement le présent de la vie, là où l’égo d’Erwin réclamait déjà vengeance et explications. Son regard bleuté n’avait pas quitté le sien et lorsque l’or de ses yeux avaient retrouvé l’azur limpide qui ourlait ses pupilles, elle avait porté ses mains sur sa mâchoire, avançant la tête jusqu’à déposer son front sur le sien, pour savourer la plénitude sereine de ce moment. Il aurait pu l’en dissuader.. Ne le fit pas. Autour d’eux et éloignés, les mêmes victimes semblaient s’accorder ce même temps, se recentrant sur eux et ceux qui leur étaient chers, sans prendre le temps de visualiser les alentours… Ils pouvaient s’accorder ces quelques secondes, ce contact de leur peau leur rappelant la présence de l’autre et leur triomphe. Ils étaient revenus. Elle avait tué pour le rejoindre. Et bien qu’il n’était pas l’unique motivation de ce geste, la certitude que la jeune femme s’en trouvait quelque part changée… Qu’avait-il pu advenir dans cette confrontation ? Y avait-il eu lutte ? Par quels moyens, le dernier souffle de cet abject individu avait été rendu ? Il était désireux de savoir mais ne posa pour autant pas la question, devinant que la jeune femme ne souhaiterait pas forcément évoquer le sujet aussi promptement. Elle vivait l’instant présent et lui faire retourner aux actions dont elle s’extrayait avec franc succès, n’aurait pas causé l’effet escompté. Loin de la libérer de son geste, il l’aurait fait de facto basculer vers son souvenir hantant créant une dose de culpabilité.
Il la laissa dans son allégresse, au contraire. Ricana à son tour, soulageant par ce dernier l’effusion et l’effroi qui quittaient progressivement son corps.
Puis leurs bouches s’étaient quittées, rassasiées. Alexis avait alors demandé, soudainement, comme si la question revenait subitement hanter son esprit :

Comment tu as fait pour t’en sortir ? Tu devais finalement le tuer, toi aussi ?

Ses lèvres avaient esquissées le début d’un rictus, alors que ses yeux demeuraient sur les siens. Comment pouvait-il décemment formuler cela ? Les tenants et les aboutissants étaient bien davantage complexes qu’il avait pu le percevoir de prime abord.

- « J’ai...fini par tuer celui qu’il convenait d ‘abattre… » articula-t-il laissant planer un silence sur cette déclaration.

Sa vision le renvoya à Ursule. Seul à présent dans son palais, s’il existait seulement dans une autre dimension et si cet univers n’avait pas vocation à s’anéantir à la minute où ils en étaient sorti. Seul, Ursule possédait au moins, dans la mémoire du Roi, le pouvoir absolu qu’il avait tant recherché. Sans partage. Son but ultime se trouvait atteint. La perte de son jumeau provoquerait un vide certain mais le pouvoir valait le sacrifice.
Il cherchait néanmoins, la meilleure des manières de le proférer. De l’expliquer sans révéler plus qu’il ne l’avait dit, afin de garder caché ce qu’il avait veillé à ne pas lui révéler, la nature divergente d’Ursule.

- « Je me suis… Mon enveloppe charnelle est morte. »

Elle le verrait sûrement comme une manière gênée d’avoir s’être laissé mourir. Parce que l’idée de formuler de s’être tué le ramenait à des souvenirs trop atroces.

- « Du poison et poignardée. Parce qu'ici comme ailleurs, je ne pouvais pas vivre tant que l’autre survivait. » ajouta-t-il dans un sourire.

A présent que le pire s’étendait derrière lui, il contemplait cette expérience avec un curieux détachement. La souffrance vécue avait bien été sienne, mais elle semblait lui être destinée. Elle s’était immiscée lorsqu’il avait varié du chemin initialement prévu pour l’homme dont il avait partagé le corps. Si bien que le couteau planté dans son buste bien que profondément impactant ne l’avait pas aussi terrifié que cela. Cela jouait sûrement car la douleur causée par le poison régnait sur l’intégralité de son être à l’instant où l’arme blanche s’était plantée en lui, le poignardant. Il se souvenait l’avoir regardée avec une sorte d’incrédulité mêlée de déterminisme, alors que le sang s’écoulait à flot de lui. Il le fallait. Il lui avait fallu le faire pour revenir jusque ici. Parce que Preminger ne pouvait pas mourir. Il était destiné à plus grand. Et il convenait de goûter enfin à ce plus grand, de cesser ces attentes et ces prudences excessives pour avancer davantage.
Il n’avait pas quitté Alexis des yeux, l’observait avec une intensité différente. Elle avait elle-même vécu des traumatismes conséquents lors de cette aventure. Avait-elle aussi découvert quelque chose lors de cet affrontement qui avait renversé sa perception des choses ? Elle avait tué Gaspard, néanmoins. Sa formulation ne laissait place à aucun doute. Ainsi avait été sa mission. Combattre cet Oedipe né de ses démons et de sa vision du futur. Et elle retrouvait son enfant bien réel et à naître innocent et préservé à l’intérieur de son ventre. Gaspard et Ursule n’étaient pas destinés à advenir. Ursule ne pouvait pas vivre. En cela, faisait-il la paix avec ce que la naissance de cet enfant pouvait amener.
Il ne se renierait pas, cela ne changerait rien. Avoir un enfant ne signifiait pas s’affaiblir. Il ne perdait pas cette ambition pour le confort de ce que tout à chacun cherchait, il n’était pas ainsi. Ses mains étaient restées sur les épaules d’Alexis. Il attendit un bref instant, laissant l’instant s’écouler, avant de déclamer lentement :

- « Si cela peut te rassurer, car je pense que tu as besoin de l’entendre, je dissocie, à présent, tout à fait Ursule d’Isaac…je sais que ce dernier n’a rien d’Isaac et qu’Isaac…ne sera pas un problème pour moi, comme je te l’avais laissé entendre antérieurement durant ces péripéties… Cela a du t’inquiéter pour lui. Tu n’as pas à le faire

Alexis lui avait écouté avant d’esquisser un faible sourire :

- « Si tu as compris au moins ça...c’est bien...je suis contente et...soulagée aussi... »

De la honte avait teinté ses propos. Elle n’avait pu la retenir, elle s’était échappée de ses paroles aussi promptement et sincèrement que le reste du discours tenu par la libraire. En cela, Erwin n’en fut pas piqué. Il savait très bien que ce point avait fait l’objet d’une vive contrariété chez elle. Telle était aussi la raison pour laquelle il prenait la peine de réfuter à présent cette crainte qu’il avait lui-même verbalisé. Qui n’eut pas été soulagé de l’entendre s’effacer.
Ses mains avaient quitté ses épaules pour venir envelopper le dos de la jeune, alors qu’il penchait la tête vers elle pour lui voler ses lèvres, avec lenteur. Par ce baiser, il gommait ses craintes, la rassurait et lui transmettait sa sérénité nouvelle. Du moins essayait-il. Leurs baisers étaient souvent ainsi… Ils parlaient à leur manière. Ils transmettaient ce qu’ils taisaient parfois, voir même avouaient ce que l’esprit n’admettait pas. Là, ils chantaient le réconfort et la paix retrouvée, leur oasis privée. Alors qu’il éloignait ses lèvres des siennes, après un long moment d’errance, il avoua :

- « Étrangement, j’avais juste besoin de me remémorer et de me voir confronté à ce que je sais. Non pas que je l’oublie, mais il est impressionnant de voir les étranges idées qui polluent notre charmante tête, trésor, sans que l’on y prenne gare. Et à quel point, une situation peut amplifier ces pensées… Mais j’ai repris la main. Et nous voici à nouveau réunis. Je suis ravi que tu n’aies rien et de te retrouver... et que nous soyons là où nous devons être. »

Le reste pouvait être abordé, plus tard, ailleurs, progressivement, à son rythme, Erwin avait le Temps pour lui. Il l'attendrait. Il voyait le Futur avancer, le guettait avec moins d’ombres qu’alors. Toute aussi intense qu’avait pu être cette expérience, elle n’avait effectivement pas été source de seuls désagréments. Cela l’avait alerté, mais rassuré. Il lui avait sourit tout en se levant, lui tendant la main pour l’encourager à le suivre. Alors qu’elle se levait, il l’avait enveloppé de ses bras à nouveau, profitant encore de l’anonymat pour l’embrasser avec davantage de fougue que jusqu’alors. La passion, la fureur de vivre reprenait le dessus, avide et flamboyante. Puisqu’il la pressait contre lui, il l’avait soudainement senti bouger sur son ventre. Isaac. L’Erreur. S’était reculé si légèrement qu’elle n’avait pu en prendre conscience, sans cesser l’ardeur de leur effusion. Il viendrait, qu’il vienne. Il ne le craignait pas. Le Monde était sien et il rayonnait d’une lueur retrouvée.

FIN


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