Mission casse-cou, en avant !

Anita & Amelia

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On pouvait toujours compte sur Amelia pour aller au bout des choses, même quand ça n’était pas nécessaire. Ceci dit, depuis le temps, Anita avait compris et au lieu de râler comme certaines des sœurs de la pâtissière, la blonde laissait faire et acceptait les choses telles qu’elles étaient présentées. Depuis le temps franchement, personne ne changerait Amelia et pour la plus âgée, c’était très bien ainsi.

Le seul truc qu’elle espérait changer, c’était cette espèce de confiance aveugle que la lionne semblait porter à Aloysius. Sarafina l’avait connu enfant, ils avaient été amis mais elle avait vu déjà à l’époque la noirceur dans les yeux de celui qui deviendrait Scar… À l’époque elle avait prévenu Sarabi qui ne l’avait pas tellement écouté, aujourd’hui elle voulait prévenir Diku. En espérant que celle-ci n’ait pas la même réaction que sa sœur, mais là-dessus, Anita doutait vraiment. Car si April était devenue méfiante avec le temps, Amelia était beaucoup plus sociale et gentille et au fond, c’était surtout ça qui inquiétait la blonde. Alors elle balança tout, préférant être honnête avec son amie plutôt que de la prendre pour une conne à continuer ainsi.

- Sincèrement Amelia… J’espère pour toi que c’est bien ça. Parce que… Comment te dire… Quand on était de jeunes lionnes, j’ai vu le béguin de Sarabi pour lui. Mais j’avais compris aussi qu’il n’était pas tel qu’il paraissait, qu’il était plus sombre. J’avais prévenu Sarabi de se méfier de lui, mais elle ne m’a pas assez écouté et on a tous vu où ça nous a conduit. Raconta-t-elle. Je ne veux juste pas qu’il fasse la même chose avec toi. Qu’il se montre gentil avec toi pour juste ensuite de poignarder dans le dos, métaphoriquement parlant ou non. Tu es mon amie, c’est juste ça.

L’inquiétude pour une amie et l’éventualité des conséquences pour la tribu si ce connard s’en prenait à Amelia. Ceci dit, même si c’était le cas, il ne s’en tirerait pas aussi facilement que sur la Terre des Lions. Ici, mine de rien, les femelles du clan avait noué des liens avec pas mal de personnes : Amelia et l’ancien Maire, April avec les autorités vu son boulot, elle-même avec son amitié avec Anastasia et le fait qu’elle connaissait la déesse de la guerre… Clairement, s’il ne s’était pas rendu compte qu’elles n’étaient pas aussi démunies qu’à l’époque, le retour de bâton serait violent. Et au fond, peut-être que c’était ça la solution…

- Je suis bien placée pour savoir que parfois, on ne s’aperçoit pas des choses les plus évidentes pour d’autres. Sinon, tu crois que j’aurais laissé le père de mes gosses me courtiser la première fois si j’avais su qu’il se ferait la malle dès qu’il a appris que j’étais enceinte ? Lui répondit-elle avant de se faire pensive. Quoi que… Si j’avais eu connaissance des conséquences, je crois que je n’aurais rien changé en fait. Mauvais exemple donc. Soupira-t-elle. Tout ça pour dire que c’est juste parce qu’on t’aime et qu’on se méfie de lui, peut-être trop, j’en sais rien. Mais il a déjà fait tellement de mal qu’on ne veut pas qu’il t’en fasse à toi. Et tout le monde sait que tu es la plus gentille de nous toutes parmi les mômes. T’es la tata gentille, je suis la tata cool, April est la chef, on a toute nos rôles à jouer. Et pour tout te dire, je trouve que ton rôle te va bien et que c’est ça qui aurait dû être fait à l’époque pour que tu sois moins mise à l’écart…

Anita se mordit la lèvre. Avec tout ce stratagème, c’était ce qu’elle avait craint, qu’Amelia le prenne vachement mal et se remette en cause. Le prendre mal, la blonde le comprenait parce qu’elle-même l’aurait mal pris. Mais elle ne voulait pas du tout que la pâtissière doute d’elle, parce qu’au fond, Anita avait seulement agi avec maladresse.

- Personne ne te croit idiote. J’ai fait preuve de maladresse, parce que je ne voulais pas non plus que tu te sentes agresser. Avoua-t-elle. Je suis désolée, mais je t’assure que ce n’est pas que tu es stupide ou quoi que ce soit, c’est juste que je ne voulais pas débouler avec mes grands sabots pour te dire de ne pas voir Aloysius ou un truc du genre. Expliqua-t-elle. Bien sûr que tu es futée. Juste… Si ça tourne mal, viens me voir ou April. Ne reste pas de ton côté. C’est tout. On est là pour toi, comme on sait que tu es là pour nous quand ça ne va pas. Conclut-elle. April m’a laissé carte blanche, mais bon, je ne suis pas très douée pour les missions d’infiltration je crois. Plaisanta-t-elle. Bah, moi je trouve ça normal que t’essaye de la caser. Je le fais aussi. Et un jour on y arrivera. Regarde, April et moi avons enfin réussi avec nos gosses, le cas d’April nous prendra juste du temps.

Et sûr, sa meilleure amie allait lever les yeux au ciel si elle apprenait que l’opération « Amelia » se transformait en opération « Cœur d’April ». Mais peut-être que ça ne serait qu’un juste retour des choses en réalité…

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by Wiise

Amelia possédait un sens accru de l'empathie, ce qui lui permettait de ressentir non seulement ses propres émotions mais aussi celles des autres. La plupart du temps, elle considérait que c'était un véritable don du ciel qui la rapprochait de ses semblables mais parfois elle regrettait de ne pas être davantage imperméable aux ressentis des uns et des autres. Ou à ses propres ressentis, comme par exemple quand elle pleurait à la fin (voire au début) d'un film.
Ce jour-là, Amelia ne regretta pas de ressentir l'inquiétude sincère d'Anita même si elle se retrouvait démunie pour la rassurer, ce qui ne l'empêcha pas d'écouter avec attention ce que la meilleure amie de sa sœur avait à lui dire. Elle était touchée d'être, l'espace d'un instant, le réceptacle de ses confidences sur une période révolue de leur vie, une période qu'elle n'aurait jamais oser imaginer. Sarabi, sa chère grande sœur, qui ne se méfiait pas de Scar ? C'était presque une idée saugrenue tant elle s'escrimait à instiller de la méfiance dans l'esprit confiant de sa cadette. Et pourtant, Anita la connaissait et l'avait connue sans doute mieux que personne (en dehors de Mufasa, sans doute), aussi ses propos ne pouvaient pas être mis en doute et privaient presque la lionne bavarde de ses habituelles réparties si spontanées et digressantes.
- Je... eh bien... Toi aussi tu es mon amie, Anita, se décida-t-elle à confier en souriant. Je suis un peu surprise par ce que tu me racontes, avoua-t-elle ensuite, toujours décontenancée. J'ai l'impression d'avoir toujours connu une Sarabi différente de celle que, toi, tu connais mais c'est sans doute le cas : vous êtes amis et nous sommes sœurs. Tu ne la vois pas comme je la vois. Je vais faire attention à ce qui se passe entre nous si ça peut te rassurer, finit par soupirer la commerçante qui ne savait plus trop quoi dire ni quoi penser de tout ça mais qui était certaine d'une chose : elle n'avait pas envie de se faire poignarder dans le dos - métaphoriquement ou littéralement.
Anita venait-elle d'obtenir la méfiance qu'April demandait de la part d'Amelia depuis des années ? Quand on connaissait Amelia, on ne pouvait ignorer qu'elle parlait toujours avec sincérité. Pourtant, ses intentions pouvaient parfois (souvent ?) surprendre. Dans le cas présent, la jeune femme espérait avant tout que sa vigilance accrue (si tant est qu'elle soit capable d'une telle chose) rassurerait Anita ce qui, à son tour, rassurerait April (à qui sa meilleure amie ne manquerait pas de faire un rapport, tel Zazu et son rapport du matin de l'époque). Pour le reste, elle ne pouvait rien promettre, surtout concernant son naturel avenant qui reviendrait inévitablement au galop, qu'il s'agisse d'Aloysius ou d'une autre personne jugée indigne de confiance par le clan des lions.
Au moins l'approche d'Anita était-elle moins tranchante et plus empathique que celle d'April qui donnait parfois l'impression d'agir avant tout en tant que reine au lieu d'agir en tant que sœur (ou qui gérait moins bien son inquiétude qu'Anita, allez donc savoir !). Sensible qu'elle était, Amelia ne pouvait qu'être touchée de s'entendre rappeler les mésaventures amoureuses de la jeune femme et lui adressa une moue contrite comme si elle entendait cette histoire pour la première fois (ce qui était évidemment faux). C'était aussi malin de la part de la jolie blonde de se placer à son niveau, de ne pas la prendre de haut en se présentant comme celle qui savait tout mieux que la pâtissière ignare à qui elle s'adressait. Oui, Anita aussi avait pu se faire avoir, c'était donc que tout le monde pouvait se faire berner. L'argument était imparable.
Amelia lui rendit son sourire, touchée par le mauvais exemple - dans les deux sens du terme - qu'était son ancien compagnon. Forcément, l'une comme l'autre adorait ses enfants et ne les aurait échangés pour rien au monde. A cette idée, la pâtissière soupira d'aise, se trouvant chanceuse malgré sa vie loin d'être parfaite.
- Oui, ça aurait pu être bien que les choses soient comme elles sont maintenant déjà à l'époque, approuva Amelia, rendue pensive à son tour par l'évocation de tous ces souvenirs ainsi que des rôles que les femmes de la tribu continuaient d'occuper sous leur forme humaine. Mais bon, c'est comme ça, inutile de trop ressasser. Ca va mieux pour moi maintenant vis-à-vis de tout ça, assura Amelia. J'ai trouvé ma place depuis le Sort Noir. On a tous trouvé une place - même Samuel, plaisanta la jolie brune qui avait toujours été fière de son boulet de neveu.
Elle ne doutait pas des intentions sincères d'Anita (d'ailleurs, il me semble que je dis ça depuis le début) mais fut touchée des excuses d'Anita quant à sa maladresse. Des excuses, Amelia n'en avait pas toujours eues quand elles étaient justifiées, ce qui avait sans doute contribuer à la mauvaise estime et aux doutes fréquents auxquels elle était toujours sujette.
- Oui, ne t'en fais pas, je comprends. Je suis touchée que tu prennes ma petite vie autant à cœur, même si April t'a missionnée en partie. Je ne suis pas vexée ou fâchée, assura la jeune femme. Je suis juste moi, avec mes doutes et mon imagination trop fertile... Rien de neuf sous le soleil, quoi ! J'aurais bien aimé être la tatie gentille ET badass qui ne doute jamais de rien mais manifestement c'est pas le cas. On fait avec ce qu'on ait, pas vrai ? conclut Amelia en haussant les épaules.
Amelia aurait aimé être tout un tas de choses, peut-être même actrice et avait en effet une imagination plus que fertile. Elle ne s'en servait toutefois pas pour imaginer les pires scénarios (contrairement aux autres membres de la tribu, en tout cas, c'était l'impression qu'elle avait, parfois) mais les meilleurs ou les plus abracadabrantesques. En revanche, il y avait des choses qu'elle n'avait pas besoin d'imaginer et la présence d'Anita ou d'April dans sa vie en faisait partie. Forcément, Amelia ne put que promettre d'aller les voir en cas de besoin et c'est ce qu'elle ne tarda pas à faire, à grand renfort de tête qui opine avec véhémence. Puis elle arrêta pour adresser un sourire conspirateur à Anita.
L'évocation de la vie sentimentale d'April attisait toujours son intérêt car il s'agissait d'un de ses sujets de conversation préféré, au grand damne de l'intéressée. Elle était heureuse de trouver en Anita une alliée, en quelque sorte, sur cette mission de longue haleine particulièrement périlleuse.
- C'est vrai, tu as bien raison ! s'écria la pâtissière remise totalement d'aplomb par cette allusion. Faut voir le verre à moitié plein : c'est pas parce que quelque chose prend du temps que ce quelque chose ne finira pas par se produire ! Du coup, tu as des prétendants en vue pour April ? Peut-être que si ça vient de toi ça passera mieux que si ça vient de moi puisqu'elle se sent harcelée, enfin je pense, quand c'est moi qui fait des suggestions. Alors que je suggère toujours des hommes très bien ! se défendit Amelia, outrée à l'idée qu'on puisse penser différemment.

Mission casse-cou, en avant !

Anita & Amelia

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S’il y avait bien quelque chose qui différencier les êtres, c’était leur façon de réagir. Et si Anita était plutôt du genre à sortir les griffes quand on lui faisait des trucs pas très honnête, ce n’était clairement pas le cas d’Amelia. Sans être stupide, l’autre lionne préférait pardonner et c’était ce trait de caractère, entre autres, qui faisait qu’elle était clairement la confidente de toute la tribu. Ce n’était pas pour rien si les petits allaient la voir pour lui avouer des trucs qu’ils n’osaient pas avoir à April ou à elle-même…

Et parce que la blonde était capable de se mettre à la place des autres, elle avait préféré tout avouer à Amelia, tout en lui précisant bien que la partie sur faire du sport ensemble, c’était complètement sincère. Heureusement, la pâtissière sembla la comprendre et même si clairement, elles ne seraient sans aucun doute jamais d’accord sur le cas de Scar, elles restaient amies, c’était certain. Et cela soulageait grandement l’assistance sociale.

- C’est sûr. D’autant plus que c’est ta grande sœur, alors ça doit jouer aussi sur les relations que vous avez. Réfléchit-elle. C’est tout ce que je te demande. Faire attention. Dit-elle en souriant doucement.

On ne pouvait pas non plus demander à Amelia d’oublier qui elle était, le pardon faisait partie intégrante de sa vie, elle donnait des secondes chances à tous alors ouais, savoir qu’elle serait prudente lorsqu’elle croiserait l’autre imbécile, c’était tout ce qu’une amie était en droit de lui demander. Et maintenant que la blonde considérait qu’elle avait fait son job, elle se prit à raconter son histoire avec le père de ses enfants, histoire de rappeler que dans la vie, on pouvait tous se faire avoir. La remontée des souvenirs lui permis aussi de se rendre compte du calvaire que ça avait dû être pour Diku sur la Terre des Lions. Bon, à l’époque elle s’en était aperçue mais ça avait été compliqué de le faire remarquer à Sarabi…

- C’est vrai. C’est juste dommage qu’on ait dû subir le sort noir pour que tu la trouves finalement cette place… De même pour Samuel. Ce petit couillon a mis le temps pour se rendre compte que sa place était auprès de ma fille ! Soupira-t-elle.

Mais finalement oui, tout le monde avait trouvé sa place dans ce nouveau monde. Et au fond, le sort noir était peut-être une bénédiction de ce point de vue là. Anita était heureuse de sa vie, mis à part ce petit vide niveau sentimental, mais à part ça, elle ne pouvait pas vraiment se plaindre.

- Merci de ne pas être fâchée contre moi. Dit-elle doucement, ayant parfaitement conscience qu’elle était quand même en tort dans toute cette histoire. Bah, tu ne peux pas tout avoir ! T’imagine, si t’étais la tante badass et gentille, qu’est-ce qu’il me resterait ? La questionna-t-elle, faussement inquiète. Ceci dit, ton imagination, tu pourrais t’en servir d’une façon particulière tu sais… Genre dans un courrier du cœur ou quelque chose du genre. Suggéra-t-elle.

Tout comme Amelia était du genre à intriguer pour que sa sœur se trouve quelqu’un, Anita était aussi un peu dans le même genre, surtout qu’il était temps qu’April se permette d’être à nouveau heureuse. Alors sans aucun état d’âme, la mission qui était à la base centrée sur Amelia dériva très rapidement sur April, avec la complicité des deux femmes cette fois.

- Franchement, les hommes dans mon entourage sont assez stupides… Non, il faut qu’on lui trouve un mec qui ait quelques points communs avec Mufasa mais qui soit différent. Voire même quelqu’un qui remette en cause ce qu’elle tient pour acquis, histoire qu’elle ait toujours matière à découvrir sur ce mec… T’aurais pas ça en magasin des fois ?

Bien évidemment elle plaisantait, mais mine de rien, ça aurait été sympa de pouvoir se cuire l’homme parfait à partir de pâte à cookie…

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by Wiise

Faire attention, c'était plus ou moins dans les cordes d'Amelia qui savait se montrer particulièrement maladroite quand elle le voulait. Même quand elle ne le voulait pas, d'ailleurs. En tout cas, elle pouvait s'imaginer en train d'appliquer ce conseil vis-à-vis de Scar, ce qui, en soi, était déjà une petite victoire. Anita semblait en avoir conscience, ou accepter les limites de sa force de persuasion plus rapidement qu'April et ça aussi c'était une espèce de victoire pour Amelia.
- Mieux vaut tard que jamais, lui répondit-elle avec philosophie.
Maintenant qu'elle avait trouvé sa place au sein du clan, c'était facile pour Amelia de parler de la sorte. Elle avait pu prendre des années de recul par rapport à la Terre des Lions où elle savait qu'elle ne remettrait jamais les pieds sous forme animale et pouvait, en quelque sorte, considérer que ces moments appartenaient à une ancienne vie. Tant qu'ils ne revenaient pas en pleine figure quand elle s'y attendait le moins, en tout cas. C'était toujours le risque quand on changeait de vie mais pas d'entourage et Samuel aussi en faisait parfois la douloureuse expérience.
- J'essaye de ne plus y penser et de me concentrer sur le présent. Je crois que c'est la meilleure chose à faire, pour Samuel aussi. Il ne faut pas lui rappeler sans cesse qu'il a mis des années à devenir un jeune homme dégourdi auprès des filles mais se concentrer sur le fait que maintenant c'est le cas, qu'il est avec la tienne, de fille.
Amelia ne disait pas cela uniquement pour soutenir son neveu préféré, celui qui lui ressemblait le plus même si la génétique n'était pas totalement de cet avis. Elle croyait toujours dans les belles paroles qu'elle égrenait, tout comme elle croyait dans le pouvoir de la gentillesse, la sienne et celle des autres. A ce titre, elle donnait parfois l'impression d'avoir été un Bisounours dans sa vie antérieure et c'était en fin de compte pas plus mal qu'elle ait seulement hérité du rôle de tata gâteau pour laisser celui de tatie badass à une autre plus qualifiée. Anita avait raison et son trait d'humour reçu un éclat de rire de la pâtissière.
- Oui, je devrais sans doute faire fructifier mon imagination autrement qu'en faisant des gâteaux et des gentillesses pour les gens. Et autrement qu'en essayant de caser April contre son gré, enfin, ça c'est ce qu'elle dirait si elle était là, supposa Amelia, amusée à cette idée. En fait j'ai déjà une boite, juste ici, indiqua la jeune femme en se déplaçant pour montrer (attention les yeux) une boite aux lettres joliment décorée dans laquelle les clients étaient invités à déposer (de façon anonyme ou pas) leurs questions et leurs maux de cœur s'ils avaient besoin de conseils à côté de laquelle se trouvait plusieurs casiers dans lesquels Amelia pouvait glisser des enveloppes adressées aux demandeurs de conseils. C'est un peu mon courrier du cœur à moi, façon rustique. J'avais eu un message de Samuel, d'ailleurs, confia-t-elle avec nostalgie. La plupart des gens choisissent un pseudo, c'est pourquoi je mets mes réponses dans les petits casiers ici, dans des enveloppes adressées à leurs pseudos, mais j'avais reconnu son écriture... Bah oui, il m'écrit des cartes de vœux tous les ans, forcément, je l'ai reconnu ! Enfin, ça l'avait bien aidé, à l'époque, et je pourrais peut-être faire quelque chose de moins artisanal dans le journal de la ville, tu as raison. Et écrire des contes pour enfants si j'ai encore le temps parce que, je sais pas si tu te souviens, mais j'aimais bien inventer des histoires pour les enfants quand ils étaient petits. Ca marcherait peut-être encore aujourd'hui. En fait, c'est avant tout une affaire d'organisation et de gestion du temps, commenta Amelia qui n'avait pas son pareil pour être au four et au moulin en même temps sans perdre le nord. Je vais réfléchir à tout ça, merci Anita ! Tu me donnes de belles perspectives pour occuper mes soirées, ajouta-t-elle avec un sourire ravi.
Ce sourire perdit quelque peu de son ravissement quand Anita lui apprit qu'elle était surtout entourée d'hommes stupides qui n'étaient donc pas du niveau d'April, leur intérêt commun. Mazette ! songea-t-elle. A croire que le destin se mettait toujours du côté d'April et de sa volonté de rester célibataire à vie. Y avait de quoi maudire le destin, des fois.
- Je suis d'accord, faudrait quelqu'un comme ce que t'as décrit. Là c'est sûr elle nous remercierait de nous être occupées de sa vie sentimentale mais... Non, regretta Amelia, j'ai pas ça en magasin, moi je vends des gâteaux et des pâtisseries, pas des hommes idéaux, sinon je serais probablement plus riche que ce que je ne suis actuellement.
La quête de l'homme ou de la femme idéale avait toujours fait recette. Depuis la nuit des temps on essayait de percer les mystères de l'amour. On en parlait, on écrivait à son sujet, on faisait même des films et quantité de chansons à ce propos. L'amour passionnait tout le monde, même ceux qui prétendaient le contraire. Parfois surtout eux, d'ailleurs. Si quelqu'un, alors, avait pu inventer la recette du bonheur, de la personne idéale, de l'âme sœur, ou d'une douceur dans ce goût-là, il ou elle aurait été couvert d'or plus vite qu'il n'en faut pour le dire. Malheureusement, à moins de savoir faire de la magie, ce n'était pas possible.
- Peut-être qu'une des sorcières de la ville a une recette qui fonctionne, dans laquelle on définit les qualités qu'on veut, on rajoute quelques herbes ou ingrédients bizarres, on remue deux trois fois, on dit "abracadabra" et paf ! le tour est joué, supposa Amelia, songeuse. Mais j'ai comme l'impression que le prince charmant pourrait très vite se changer en nid à problèmes et qu'April trouverait une autre sorcière pour nous maudire sur cinq siècles de générations. Alors vaut peut-être mieux pas tenter, se résolut la jeune femme. Tant pis. Tu vois autre chose ? Ou tu préfères qu'on refasse le point plus tard ?
Aux yeux d'Amelia l'amour revêtait des airs de missions presque divines. Elle n'allait pas lâcher le morceau si facilement, pas maintenant qu'elle avait une alliée. Mais elle savait aussi qu'il fallait du temps avant d'établir la recette parfaite et ne comptait pas sur sa nouvelle alliance pour tout résoudre en moins de 24 heures.

Mission casse-cou, en avant !

Anita & Amelia

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C’était vrai. Mieux valait trouver sa voie tard que jamais, Anita en avait parfaitement conscience, parce que c’était ce qui lui était arrivé. Chasseresse dans la savane, elle avait enchaîné les petits boulots pendant le Sort Noir – du moins en avait-elle eu l’impression – puis après… Elle avait galéré à trouver sa voie, mais c’était chose faite aujourd’hui, comme pour Amelia. Alors comme elle n’avait rien à ajouter à cela, elle hocha la tête, parfaitement d’accord.

Mouais. Ça par contre, la blonde ne pouvait pas le garantir. Elle risquait de taquiner un moment Samuel, il la connaissait assez pour s’en douter d’ailleurs. Car Anita comme April n’avait jamais douté que les gosses finiraient ensemble et elles avaient sacrément eu du mal toutes les deux à les soutenir et à les pousser doucement l’un vers l’autre au cours des ans. Alors oui, tous les efforts fournis vaudraient bien quelques taquineries, durant un temps seulement, l’assistante sociale n’était pas assez méchante pour s’acharner sur le gamin.

- J’ai le droit pendant au moins un mois de l’embêter avec ça. On a vraiment galéré avec April, ça n’a pas été facile pour nous alors on va en profiter un peu. Plus moi qu’April sans doute, mais voilà. Après j’arrêterai, je ne suis pas là pour le harceler non plus. Confia-t-elle à la pâtissière.

Elles partirent sur un autre sujet d’efforts : April. Pour le moment, c’était surtout les sœurs qui s’étaient occupées d’essayer de caser leur souveraine, Anita n’y avait pas mis son grain de sel, préférant rester à part pour consoler April et la pousser à s’ouvrir un peu de façon plus subtile. Mais vu que ça n’avait jamais vraiment marché, elle était plus que prête à entrer dans la danse également. D’autant qu’Amelia était une experte du cœur et que ça serait dommage de ne pas combiner sa roublardise et l’expérience de la pâtissière.

- Sérieux ? S’exclama-t-elle, étonnée. Mais pourquoi je n’avais jamais vu cette boite avant ? Demanda-t-elle en s’avançant pour regarder la boite du cœur avec un léger sourire. Je vois que Cupimelia a déjà commencé son véritable job. Sourit-elle avec malice.

C’était certain qu’avec Amelia, les gens pouvaient s’épancher sans risque de l’ennuyer, elle adorait les histoires romantiques.

- Eh bien, on a la preuve que t’es une maîtresse de l’Amour si tu as réussi à aider Sam ! Lança-t-elle en riant légèrement. C’est bon, t’es engagée pour la mission April !

Pas très original comme nom, mais bon, elle n’avait pas eu le temps de réfléchir au projet. Elle savait juste ce qui pourrait plaire à sa meilleure amie et franchement, ça allait être compliqué à trouver. Même Amelia n’en avait pas dans ses tiroirs, c’était dire !

- C’est peut-être le moment de songer à élargir ta gamme. Répliqua-t-elle avec les yeux pétillants de malice.

Après tout, des hommes gâteaux, ça ferait sans doute malheur chez les célibataires…

- Mouais. Je suis pas très fan de la magie, je t’avoue. Grimaça-t-elle. Cela dit, on pourrait toujours prendre des renseignements, ça n’engage à rien. Concéda-t-elle.

Il leur faudrait juste choisir avec soin la personne qu’elles iraient voir, parce que nul doute que certaines personnes ne rechigneraient pas à les arnaquer ou à leur jouer un mauvais tour.

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by Wiise

Un mois seulement de taquineries amplement méritées c'était en fin de compte assez peu cher payé pour avoir été si sentimentalement maladroit pendant autant d'années. Mais on reconnaissait bien là la bonté d'Anita et ce ne serait certainement pas Amelia qui l'encouragerait à faire autrement, bien au contraire ! S'il y avait une lionne qui pouvait prétendre en titre de guimauve en chef, c'était probablement elle ! La pâtissière ne put qu'approuver en silence, mais sur le sujet de l'absence de vie sentimentale d'April, elle n'avait clairement pas la langue dans sa poche ! Amelia prenait à cœur (une expression fort à propos vu le sujet) les amours de son aînée et n'était jamais plus contente que lorsqu'elle se découvrait une nouvelle alliée - qui plus est une alliée de taille comme Anita, dont la subtilité n'avait (contrairement à celle d'Amelia) plus à être prouvée. Pour un peu, elle aurait trépigné.
Heureusement, l'intérêt d'Anita pour son système de courrier du cœur la détourna de cette envie folle de trépigner comme une enfant. A son tour, Amelia s'approcha de la boîte aux lettres, pas peu fière de son système ingénieux et délicat.
- Cupimelia..., répéta-t-elle doucement d'un air songeur. J'aime bien, déclara-t-elle après un temps en gratifiant Anita d'un sourire complice. Oh tu sais, reprit-elle sur un ton plus conversationnel et nonchalant, en triturant sa boite, y a tellement de choses à voir dans cette ville - et dans cette boutique - qu'on voit sans doute seulement ce qu'on a envie de voir. Ou besoin, en l'occurrence, nuança Amelia. C'est aussi un peu le but, la discrétion. Sinon personne ne mettrait de messages anonymes dedans.
La logique de la réflexion était imparable, en tout cas selon Amelia, même si, en ville, la logique de certaines personnes n'étaient parfois pas tout à faire claire. Mais ça n'avait pas empêché Amelia de décorer sa boite dans de jolis tons pastels et d'y coller toutes sortes de symboles de l'amour car la discrétion n'empêchait pas de bien faire les choses, d'aller au bout du concept. En fin de compte, si elle n'avait pas été aussi humble, elle aurait trouvé aussi parfaitement logique qu'Anita l'embauche pour la "mission April". Au lieu de ça, ses joues rosirent de plaisir et elle adressa un large sourire à la meilleure amie de sa sœur, pressée de commencer cette association un peu mesquine (du point de vue d'April) mais absolument pas méchante.
Et horriblement difficile, comme elles ne tardèrent pas à s'en rappeler.
Amelia se mordit la lèvre, songeuse. La nouvelle gamme de gâteaux pourrait faire fureur au moment de la St Valentin auprès des célibataires mais la fête des amoureux était encore loin et ce n'était peut-être pas le moment de s'y consacrer pleinement. De la même façon, dans une ville aussi catastrophique que Storybrooke, ce n'était peut-être pas judicieux de faire confiance à la magie, qu'aucune ne pratiquait, pour les aider.
- Ou alors, proposa-t-elle en même temps que l'idée naissant dans son esprit, il faut trouver une façon subtile d'organiser des speed datings sans que ça ait l'air de speed datings, tu vois ? Des soirées ou des activités avec April, toi, moi, d'autres lions mais aussi, l'air de rien, des hommes célibataires susceptibles de lui plaire. Des pas speed datings, en fait, mais qui auraient la même finalité avec des activités ou un bon repas ou un truc du genre. Tu vois ? demanda Amelia, incertaine de bien formuler son idée naissante. Le problème, c'est qu'apparemment je suis pas trop douée en subtilité... Ou sinon, dit-elle encore après un instant, faut l'emmener en croisière ou en voyage prépayé. Y aura forcément des hommes célibataires et intéressants et en plus ils viendront pas de chez nous donc si on arrive à la mettre avec quelqu'un elle pourra pas dire que c'était prévu. Le seul souci avec cette idée c'est qu'on contrôle pas qui seront les autres passagers. Mais le point positif c'est que ça devrait pas être trop compliqué de l'emmener en vacances parce que la dernière fois que je suis partie en croisière j'ai rien dit à personne - en dehors de Velma et Declan - et elle m'a engueulée comme si j'avais six ans. Alors si je lui propose un voyage elle sera ravie d'assurer mes arrières pendant qu'on assurera sa vie sentimentale ! conclut Amelia avec conviction.
Elle essayait de plus repenser à la façon vexante dont April pouvait encore l'infantiliser par crainte qu'il lui arrive quelque chose et tâchait, à la place, de penser aux raisons qui la poussait à adopter ce genre de comportement. En fait, c'était beaucoup plus agréable de songer à commencer retourner ce travers d'April contre elle pour régenter, un peu, sa vie amoureuse.