A la demande d'Amelia, le docteur Black sortit du cabinet, ce qui gêna un peu la jeune femme. Ses envies de thé glacé n'avaient pas besoin d'être satisfaites à ce point, même si elle trouvait le geste aimable, presque galant. Aloysius semblait savoir y faire en société. Il ne se contentait pas de paraitre classe. Il était aussi serviable et semblait sincèrement intéressé par le petit monde d'Amelia. Evidemment, elle ne pouvait pas se douter quelles véritables raisons se cachaient derrière cet intérêt, d'autant qu'elle avait tendance à voir le bien partout, mais elle commençait à considérer le psychologue comme un ami potentiel et plus simplement un docteur pour les fous et les dépressifs.
Amy se faisait justement cette réflexion lorsque le docteur revint avec du thé glacé, fait maison, de surcroît. La jeune femme sourit de plus belle.
- Ce sera parfait, approuva t-elle avec un léger signe de tête. Je fais également mon thé glacé moi même, c'est toujours meilleur.
Amelia attrapa le verre qui lui tendit bientôt et le regarda se rassoir, armé également d'un verre. La conversation reprit alors tandis que l'heure de consultation touchait à sa fin, à en juger par la montre bracelet que la jeune femme avait brièvement consulté pendant son absence. Elle imaginait - à raison - qu'il ne lui restait qu'à lui donner un conseil ou un avis final avant de lui serrer la main en guise d'au revoir.
Même si elle ne comptait effectivement pas revenir toutes les semaines, la ville étant petite, ils seraient surement amenés à se recroiser. D'autant qu'il était ami avec April, son aînée, et qu'Amelia espérait qu'il franchirait un jour le seuil de sa boutique. Elle savait aussi, et il le lui confirma, qu'il serait ravi qu'elle revienne, si le besoin se faisait sentir. Sachant que c'était sa profession d'écouter les gens, c'était bien normal. Pourtant, Amelia se sentait différente aux yeux d'Aloysius et ce sentiment lui donnait envie de le revoir, un jour. Sirotant le thé délicieux, elle l'écoutait donc attentivement.
- Je n'hésiterai pas, conclut-elle selon les désirs du médecin.
Sur ces mots, l'entretien prit effectivement fin. Aloysius la débarrassa de son verre avant de la raccompagner à la porte, tel un gentleman. Ils se saluèrent poliment puis Amelia retrouva l'air frais de la ville, se sentant soulagée par cette heure passée. Finalement, pensait-elle, April n'avait pas eu tort de lui conseiller de se confier à son psy et ami car elle ne s'était pas sentie aussi écoutée depuis longtemps.