« Hey baby I think I wanna marry you »

Lily me faisait carrément peur. Je ne l'avais jamais vue aussi ivre. Et bien entendu, il avait fallu qu'elle me confonde avec Apollon ! Comme par hasard... Je m'étais fait violence pour rester de marbre, et finalement j'avais ramené ma femme vers moi après avoir décoché un regard noir au dieu de la lumière. Espèce de grand blond trop... trop grand !

Je faillis lever les pouces en l'air quand Albert voulut le manger. Bien fait pour lui ! On pouvait saluer l'inefficacité des gardes olympiens. Sérieusement, ils étaient payés à rien faire ? D'ailleurs, étaient-ils payés ? Je remis ces questions à plus tard et applaudis Alexis qui venait de calmer la bête. Bon, on avait perdu la table dans l'histoire mais mieux valait ça plutôt que la mort d'un dieu, même s'il s'agissait du blond. Etant donné à quel point Lily louchait sur lui, je ne l'aurais pas beaucoup regretté.

Robyn apparut subitement au milieu de tout ceci, grâce à... mon père. Pas Judah, l'autre. Celui qui m'avait élevé et qui avait fait le mort. Je lui en voulais terriblement de ne pas m'avoir prévenu de son retour. Il avait toujours été mon image paternelle un peu bancale, ce dentiste adepte de bon vin et de gros mots. Avant d'apprendre qu'il était un dieu, j'avais été profondément peiné par sa mort. J'avais appris par hasard qu'en réalité, il se portait très bien. Il avait troqué son apparence de vieil acteur français contre celle d'un type qui faisait des pubs pour Haägen Dazs. Il se moquait de tout le monde. Ca fait mal de s'apercevoir que l'on a pas d'importance aux yeux de quelqu'un qu'on aime vraiment.

Heureusement, il avait eu le bon ton de ne pas rester. Autrement, je lui aurais indiqué moi-même la sortie. Hors de question qu'il bousille mon mariage. Nos regards s'étaient brièvement croisés quand qu'il ne se volatilise.

Lily comatait à moitié dans mes bras. Je baissai les yeux vers elle avant de planter un regard féroce sur Robyn qui me l'enleva. Non mais ça va bien ? Est-ce qu'il y avait un club pour plomber l'ambiance ? En plus, elle avait emmené sa batte de base-ball avec elle. Une mauvaise copie de Lucille, si vous voulez mon avis. Dans le comics, les barbelés sont entourés autour de la batte dans l'autre sens. J'avais l'oeil pour ce genre de détails, mais je n'allais pas le dire à voix haute. Elle tenait la femme de ma vie contre elle et je craignais qu'elle ne me l'abîme en cherchant à m'étrangler. On sait jamais avec cette folle...

Robyn s'éloigna avec la mariée, alors qu'Albert semblait s'exciter de nouveau. Je posai les yeux sur Astrid et l'interpellai :

"Tu peux t'arranger pour qu'il n'essaie pas de manger quelqu'un d'autre ?"

C'était un peu son boulot de gérer le dinosaure. Elle hocha la tête d'un air embarrassé et proposa avec un grand sourire :

"Je vais lui apprendre à danser !"

Je fermai les yeux et laissai ma tête tomber en avant. Là, je la secouai lentement de gauche à droite et me redressant, je pris un verre de champagne pour l'engloutir d'une traite. Il faudrait encore beaucoup d'alcool pour supporter cette soirée. Lily avait tout compris, en fait. En parlant d'elle, je surveillais Robyn du coin de l'oeil, je n'avais aucune confiance en elle. Il existait une drôle de connexion entre elles. Subitement, j'aperçus Alexis qui me faisait signe, un peu plus loin. Je m'approchai d'elle, tout en lorgnant de temps à autre du côté de Lily et Robyn.

"Si c’est sa première cuite, tu vas avoir du boulot demain, je te le dis, moi !"

"Oh non ! Ca lui arrive souvent !" fis-je, désinvolte. "Enfin... je ne veux pas dire qu'elle l'est tout le temps, c'est juste qu'elle a l'a déjà été ! Mais je dois dire que je ne l'ai encore jamais vue dans un tel état..."

Anxieux, je la vis de loin chanceler sur elle-même et marcher sur sa robe en riant comme un âne... Vision charmante. Je reposai les yeux sur Alexis qui était en train de m'ouvrir son coeur. Oui, on peut le faire même quand on n'est pas amoureux. Emu, je l'écoutais. Merde, j'avais de nouveau les larmes aux yeux. Ca faisait un peu beaucoup d'utilisation des glandes lacrymales en une seule journée. Soudain, elle me sauta dans les bras et piqua un baiser sur ma joue. Surpris, je restai transi, à la fois perplexe et chamboulé. Elle se recula vite et essuya ses larmes naissantes, les cachant très mal derrière un sourire. J'eus besoin de chasser une petite poussière dans mes yeux, moi aussi. En mec super virile, je fis la technique du doigt qui se gratte le haut de la joue d'un air détaché.

"Tu n'as pas besoin de me remercier. C'est... nan quoi !"

Oui, j'étais à court de mots. Heureusement, Alexis coupa court au silence embarrassé qui s'installait. Elle me fit signe de rejoindre Lily. Dans le même temps, Robyn me ramena ma femme en bon état. Elle tenait un morceau de papier griffonné dans la main. L'autre lui avait-elle noté une recette de gâteau ? Bizarre... ça ne pouvait pas attendre un autre jour ?

"Elliot. Je te préviens, si tu prends pas soin d'elle, si il lui arrive encore un truc pas cool, je te jure que je te défoncerais avec ma batte. Compris ? Pour une fois je vais te faire confiance, me fais pas regretter. "

Je plissai des yeux, cherchant où était l'arnaque. Puis, je fus bien obligé de constater qu'en réalité, elle capitulait. De toutes façons, elle n'avait pas le choix. Lily m'avait épousé, moi ! Le gâteau à la cacahuète n'avait pas gagné, nananère ! C'était qui le plus fort ?

Lily tenait à peine debout. Je la gardai serrée contre moi et fis glisser ma main le long de son bras nu pour attraper sa main et la serrer. Puis, je bougeai doucement en rythme avec le slow que Taylor Swift avait débuté.

"Que dirais-tu de partir ?" lui murmurai-je à l'oreille.

Nouveau rire d'âne. J'inspirai à fond, les lèvres pincées. C'était normal de ne pas trouver sa femme désirable le soir de son mariage ? Physiquement, elle était parfaite si on omettait son oeil vitreux, mais dès qu'elle ouvrait la bouche... Comment dire ? Son haleine de phoque éméché était vraiment peu inspirante. Malgré tout, je l'aimais. Et puis, c'était pour le meilleur et pour le pire. Si on commençait par le pire, le meilleur serait à venir !

La fête battait toujours son plein lorsque nous décidâmes de partir. Maman insista pour que nous fassions une séance photo avant. Lily et moi posâmes devant Albert qui rugissait. Le cliché était du plus bel effet. Il faudrait le faire encadrer. Ca allait tout déchirer dans le salon. On fit également une photo globale, avec tout le monde -et Astrid sur le dos d'Albert, immortalisé avec une botte de radis dans le museau.

Avant de m'en aller, je me rendis jusqu'à Emma avec qui je n'avais pas réussi à parler jusqu'à maintenant. Quand on dit que l'on est beaucoup sollicité à son mariage, ce ne sont pas des mots dans le vent. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas vue. Elle était toujours fidèle à elle-même.

"Epatant ton sprint face à Albert." dis-je, ne sachant par quoi commencer.

J'hésitai encore un instant et l'étreignis quelques instants. Qu'importe ce que pouvait en penser Lily -de toutes façons ses neurones étaient autant de bulles de champagne- Emma était une amie très chère.

"Merci d'être venue."

Je me détachai d'elle et lui souris, lui promettant que l'on se reverrait bientôt. Puis je retournai auprès de Lily qui dansait un drôle de truc avec Maman. Apparemment, elle n'avait pas encore totalement décuvé. Ma mère la tenait du mieux qu'elle pouvait et riait aux éclats. Lorsque je pris Lily dans mes bras, prêt à me téléporter, Maman passa son bras autour du mien et esquissa un sourire ému. Euh... elle ne voulait quand même pas venir avec nous pour la nuit de noces ? Je déglutis avec peine, subitement anxieux. Mais elle s'éloigna de suite en riant et me tapota la joue.

"Tu es tellement grand." murmura-t-elle.

"Mouais..." fis-je, pas tellement convaincu.

Dans ses yeux, j'avais l'impression que j'avais pris trente ans d'un coup. Ca m'angoissa un peu. En somme, rien n'avait changé.

Je serrai davantage Lily contre moi et disparus. A peine arrivés dans notre chambre, elle s'écroula sur moi et j'étouffais un grognement car... nous avions atterri à dix bons centimètres du lit. Elle avait très mal calculé son coup. Ce qui ne l'empêcha pas de commencer à déboutonner ma chemise. J'écarquillai les yeux avant d'esquisser un sourire. Finalement, on allait commencer par le meilleur, tout compte fait...

FIN CENSUREE