« Ok ok ok ok… »

J’allais le dire. Je détestais mentir. Et on en était arrivé à un point de non retour. Seulement c’était pas moi le chef de la Magic League et je ne pouvais pas divulguer ouvertement un secret comme ça. J’avais juste à donner quelques informations, et Aloïs ferait ensuite lui-même les déductions.

« Alors. On s’est connu au travail. Dans un truc secret qu’on fait tous les deux. Que je faisais depuis longtemps. Je m’appelle Robert Parr, Aloïs. Tu feras une recherche sur Internet. Quand on y pense, n’importe qui peut savoir qui je suis et personne n’y a jamais pensé ! »

C’était vrai ça. Qu’on était des indestructibles, c’était sensé être secret. Mais… On avait tous gardés nos noms respectifs et une simple recherche internet suffisait à savoir qui on était. Avec un léger sourire, je les observais tous les deux. Quelque chose semblait m’échapper.

« Vous semblez aussi mal à l’aise que quand j’ai rencontré Helen pour la première fois ! C’est marrant ! C’est… »

Il y eut un blanc. Un vrai. J’avais donné une bonne tape sur leurs deux épaules. Mon sourire s’effaça. Oh ! Je venais de comprendre. J’étais une masse de muscule, mais je savais quand même réfléchir. J’avais éduqué deux adolescents, alors les trucs de l’amour, ça commençait à me connaître. J’avais toujours mes deux énormes mains sur leur dos. Surpris, je me mis à ricaner, assez gêné.

« Ok… Bon… Je crois que j’ai gaffé… Euh… Ca fait longtemps que vous êtes ensemble ? »

J’avais aucun problème avec les liaisons hommes/hommes. On était en 2021. Et même si j’étais le stéréotype du père de famille américain, j’étais quand même assez éclairé pour voir ça d’un œil tout à fait normal. Un soda arriva devant ma table, que je n’avais pas commandé, mais que je m’empressais de boire quand même pour combler le vide.

« Moi qui pensait que tu allais te marier avec Violette. Je dois commencer à me faire une raison. Mais ce garçon est vraiment super pour toi. Tu as ma bénédiction Dyson. »

J’hochais la tête de manière affirmative et énergique. J’étais bien content de ne plus être devenu le centre de l’attention. J’avais créé une gêne, et grâce à elle, on ne parlait plus du tout de ma situation. C’était un sacrifice, comme on disait. Ou un mal pour un bien. Dans un léger soupire, je continuais à boire le soda comme si c’était le miens.

« Et Aloïs, il faut que tu en prennes soin ! C’est quelqu’un d’extrêmement gentil. De très timide. Qui a un grand cœur. D’ailleurs, c’est comme mon fils. Et maintenant, ça va l’être. Maintenant que je suis sur que tu te marieras pas avec Violette, il faut qu’on t’adopte Helen et moi. Et Aloïs fera aussi parti de la famille ! On va former une super famille. Ca va être grandiose ! Tout le monde va nous jalouser et… et… »

Et, au vu du regard que tout le monde me lançait, je pus voir que je m’étais encore emballé. Mais j’étais comme ça. J’aimais bien. J’avais toujours rêvé d’une immense famille. Pour l’instant elle n’était que grande, et je l’a voulais immense ! Si Violette pouvait me faire des petits enfants ! Et maintenant Dyson aussi ! On pouvait même adopter ensemble ! Il pouvait adopter quelqu’un pendant que je l’adoptais lui ! Ca allait être énorme. Enfin, selon mon point de vu. Car, visiblement, vu leurs regards et leur gênence…

« Vous en êtes peut être pas encore là… Hm. Ce soda est vraiment bon. Vous savez si il est artisanal ? On parlait de quoi déjà ? Des conditions de vie des surveillants de cantine non ? »

Je haussais les sourcils, un peu gêné. Gêne que j’avais encore moi-même créé. J’étais bien content que Violette ou Helen ne soit pas là. Violette aurait certainement ricané et Helen m’aurait sûrement tapé. C’était bien mieux comme ça.