« Storybrooke, la ville de tous les possibles :boob: »

"Ellie est... partie ?"

J'avais vu Lily revenir vers moi, serrant ses bras autour d'elle en sanglotant en silence. J'avais séché mes larmes depuis longtemps, mais la voir pleurer avec toute cette retenue me fit serrer les poings. C'était si douloureux de voir souffrir quelqu'un qu'on aime.

Un grand vide avait remplacé l'espace que prenait Ellie dans mon esprit. Lorsqu'elle ne fut plus là, je pris pleinement conscience de toute la place qu'elle avait auparavant. Je me rendis compte qu'elle avait toujours été là, quelque part, et que son absence me pesait bien plus que sa présence. J'avais l'impression qu'on venait de m'amputer de la meilleure partie de moi-même, et qu'on venait de le faire sans sédatif. La plaie était ouverte, à vif, et la douleur s'en échappait en vagues successives. Je me mordis les lèvres, le souffle court. Je cherchai aussitôt à appeler mentalement Ellie pour la convaincre de revenir, mais le vide était là pour signifier qu'elle avait rompu tout contact avec moi. Je ne savais pas la chose possible. C'était abominable. C'était exactement ce que je souhaitais depuis que nous étions dédoublés, pouvoir être affranchi d'elle. Elle avait réussi là où j'avais échoué, mais c'était trop inhumain comme sensation. Ca faisait mal. C'était trop... vide.

Ne trouvant rien à dire à Lily, je fis quelques pas vers elle et la pris dans mes bras. Le temps était venu de partir. Je saisis la main qu'on me tendait sans vérifier à qui elle appartenait. Je m'en moquais un peu. Je voulais seulement que tout s’arrête.

Retour à Storybrooke, devant la tour de l'horloge. Je me détachai légèrement de Lily et tentai un sourire qui s'affaissa très vite. Avec douceur, je sortis un mouchoir de ma poche et essuyai ses larmes qui roulaient sur ses joues. Ensuite, je plaçai le mouchoir sur son nez.

"Souffle." commandai-je.

Son nez émit un bruit de trompette. J'eus un léger rire mais une fois avec le contenu du mouchoir en main, je ne sus pas trop quoi faire avec. Pas de poubelle à l'horizon. Je décidai de le donner à Lily.

"Merci." balbutiai-je à Wilson en voyant les porte-clés qui se balançaient au bout de ses doigts.

Il n'avait pas l'air d’être un mauvais gars, tout compte fait. C'était dingue comme on pouvait se tromper sur les gens. J'avais toujours dénigré François tout en le mettant sur un piédestal, car il avait été le père dont j'avais besoin, mais maintenant que je le revoyais, plus jeune, plus nigaud, et que je me rendais compte qu'il s'était complètement fichu de moi, je sentais la rage former un noeud dans ma gorge. Et à coté de ça, j'avais Wilson qui m'offrait des porte-clés en forme de Tour Eiffel, gage de souvenir de la Grèce. Je les pris et lui adressai un faible sourire, avant de les mettre en poche.

Une détonation me fit tourner la tête vers l'horloge. Je vis un truc rouge filer comme une fusée droit sur nous, avant de rebondir plusieurs fois et de se stopper. Il s'agissait d'un... bébé dragon ? Je clignai des yeux, à la fois surexcité et anxieux. Daenerys se trouvait-elle dans les parages ? Venait-elle du monde des contes ? Non Elliot, calme-toi. C'est pas le moment de faire ton geek.

Je tentai de rester zen, me plaçant devant Lily au cas où la bébête se montrerait hostile. Elle se changea instantanément en une créature de rêve à la chevelure cuivrée, qui était... totalement nue.

Mes yeux s'écarquillèrent et ma mâchoire tomba. Quand on habite Storybrooke, on est habitué à ce genre de phénomènes, mais tout de même ! Ca choque toujours autant.

Je continuai d’empêcher Lily d'approcher, la bloquant avec mes bras tandis que je fixais la jeune femme. Je la connaissais en plus. Il s'agissait de...

"M... Mu... Mumumu... Mure ?" fis-je d'un ton aigu.

Lève les yeux. Lèèèève les yeux !

Louise fut la plus réactive et donna de quoi se vêtir à la charmante apparition. Désormais, dans le pull rouge qui la couvrait jusqu'en haut des cuisses, elle était encore plus... sexy. Je déglutis avec peine et sentis qu'on me collait une tape à l'arrière du crane. Un peu sonné -plus par la vision que par la claque- je me retournai et reconnus Lily.

"Euh ouais... on s'en va. Mais attends, avant il faut quand même que..."

Je m'approchai de Mure d'un pas prudent et lui dis :

"Si tu veux en parler, tu peux m'appeler. Je sais ce que je c'est de se retrouver à poils en pleine rue. Au début, quand je n'arrivais pas encore à contrôler le feu, tous mes vêtements ont cramé d'un seul coup. Je savais pas que tu faisais de la magie. C'est cool !"

Je levai les pouces en l'air et ajoutai en vitesse à l'adresse de Lily :

"Elle a besoin de mon aide ! Ca se voit !"

Ah oui ?

Je passai une main sur mon front. J'étais vraiment au bout de ma vie. Il me fallait de toute urgence un chocolat chaud, un bon bain et un jeu vidéo. Et revoir Cassandre aussi.

Je retournai vers Lily et lui pris les mains.

"Laisse tomber. On va passer du temps rien que tous les deux. On va laisser tout le reste de coté. On a besoin d’être ensemble, rien que toi, Cassy et moi. Comme avant."

Je levai une main pour mettre une mèche de cheveux derrière son oreille et lui sourire tendrement. Y avait-il un moment dans notre vie où tout avait été normal ? Je me le demandais.

"Hip ?" dis-je en tournant la tête vers ma cousine. "On se tient au courant pour le Comic-Con, ok ?"

Je saluai tous les autres et prenant Lily dans mes bras, je nous téléportai dans l'atmosphère rassurante de notre maison. Ce n'est qu'une fois dans le salon que je me rendis compte que j'avais oublié Emma.